B/ Les femmes sont des actrices insuffisamment reconnues de la lutte contre le dérèglement
climatique
Si les femmes ont toujours été en situation de vulnérabilité et perçues comme des protagonistes secondaires, elles
n’en sont pas moins des actrices incontournables de la lutte contre le dérèglement climatique.
Les femmes jouent un rôle essentiel dans la production de stratégies de prévention, d’adaptation et d’atténuation face au
dérèglement climatique.
Les stratégies d'adaptation utilisées par les femmes et les hommes diffèrent de façon significative : alors que ces
derniers se concentrent sur les interventions à grande échelle, l’irrigation par exemple, les femmes se concentrent
davantage sur des améliorations concrètes et communautaires. De fait, en mobilisant leurs savoir-faire traditionnels
et leurs connaissances environnementales locales, elles jouent un rôle majeur dans l'application de mesures
d’atténuation et d’adaptation au dérèglement climatique dans la vie quotidienne (économies d'énergie et d'eau,
recyclage, diversification et utilisation de produits biologiques).
La contribution des femmes est sous-estimée et peu valorisée dans la mise en place de politiques publiques nationales à
grande échelle.
La contribution effective des femmes dans les politiques liées au dérèglement climatique au niveau local est peu
visible. Elle n’est guère valorisée dans les plans d’action nationaux, à l’élaboration desquels les femmes ne sont d’ailleurs
que peu associées. Enfin, au niveau des négociations internationales sur le climat, les décisions visant à « élargir la
participation des femmes dans les délégations et dans les instances de décision », adoptées en 2001, 2012 et 2014,
ne sont guère contraignantes et n’ont permis que de très lents progrès.
Les femmes n’ont pas un accès égal aux financements consacrés à la lutte contre le dérèglement climatique
La question des financements consacrés à la lutte contre le dérèglement climatique est centrale pour accompagner
les efforts d’atténuation et d’adaptation menés par les pays en développement, aux niveaux national et local.
Au titre des aides bilatérales, seul un quart des projets à dimension climatique prenait en compte les inégalités
femmes-hommes en 2013, pour l’essentiel dans les domaines traditionnels d’implication des femmes (eau, agriculture,
très peu dans l’énergie et les transports). Les Fonds de la Convention Climat et du Protocole de Kyoto viennent
d’adopter des règles sur l’intégration du genre dans leurs projets, laissant espérer des améliorations.
C/ Renforcer l’égalité femmes-hommes et l’autonomisation des femmes, un axe prioritaire
de la lutte contre le dérèglement climatique
Investir en faveur de l’égalité femmes-hommes, un levier du développement durable
L’amélioration des Droits des femmes a des effets multiplicateurs sur les 3 piliers du développement durable :
économique, social et environnemental. En particulier, l’accès des femmes à la santé et aux droits sexuels et
reproductifs a un impact sur la réduction de la mortalité maternelle, la santé des femmes, l’éducation et la nutrition
des enfants ; il allège leurs charges et renforce leurs capacités à utiliser les innovations techniques et agir contre le
dérèglement climatique (foyers améliorés, pompes, énergies renouvelables...), réduisant les émissions de gaz à effet
de serre et leurs dépenses.
Soutenir l’autonomisation des femmes comme stratégie d’amélioration de la résilience des populations dans les politiques
de développement durable à l’échelle locale et nationale.
La stratégie proposée repose sur l’idée que la capacité d’autonomisation est liée aux institutions qui favorisent ou
non l’accès aux différentes ressources, telles que l’information, la mobilité, le savoir, la technologie, les ressources
économiques et financières.
Recommandations
Recommandation 1 : Inscrire la dimension des Droits humains et la promotion de l’égalité femmes-
hommes dans l’Accord de Paris, valoriser la contribution des femmes et renforcer leur participation aux
différents niveaux de la lutte contre le dérèglement climatique.
Recommandation 2 : Promouvoir et soutenir une véritable intégration du genre et de l’autonomisation
des femmes, dans toutes les politiques et tous les programmes d’adaptation, d’atténuation, d’accès et de
transferts de technologies.
Recommandation 3 : S’engager en faveur d’une allocation des financements climatiques promouvant
l’égalité femmes-hommes et l’autonomisation des femmes.