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Act. Méd. Int. - Hypertension (12), n°12, décembre 2000 - (13), n° 1, janvier 2001
progrès en
Prévention au quotidien
études américaines et canadiennes démon-
trent que moins de 0,1 % des accidents de la
route sont attribuables à un problème de
santé, et que seulement 10 à 25 % de ceux-ci
sont associés à un événement cardiaque.
Dans une étude du réseau des transports
publics de Londres, 6 accidents seulement
sur une période de 20 ans ont été attribués à
un accident cardiaque du conducteur ; pen-
dant cette période, 6,8 millions de miles ont
été parcourus, ce qui correspond à 334 000
heures de conduite. Il est raisonnable de
conclure que les conducteurs asymptoma-
tiques, qui répondent aux critères actuels éta-
blis par les cardiologues, peuvent reprendre
le travail sans se mettre de manière significa-
tive en danger, ni leurs passagers, ni les
autres usagers.
Pour les accidents d’avion des lignes com-
merciales, il est rare qu’ils soient associés à
des problèmes de santé. Bien qu’un tiers des
pilotes aient été victimes d’une incapacité
passagère en vol (généralement gastro-intes-
tinale), il y a eu dans chaque cas suffisam-
ment de temps pour que le copilote prenne
les commandes. En Europe, on estime le
nombre des accidents d’aviation commercia-
le mortels à un pour 100 millions d’heures de
vol et dont seulement 1 % peut être attribué
à des problèmes médicaux. Epstein et al.
déclarent : “Une étude de l’association inter-
nationale du transport aérien (IATA), sur
36 000 pilotes à risque sur 10 ans, n’a établi
que 26 cas d’événements cardiovasculaires
ou neurologiques qui auraient pu mettre en
danger la sécurité s’ils avaient eu lieu à un
moment critique (c’est-à-dire au décollage
ou à l’atterrissage).” Il n’existe pas de chiffre
pour d’autres métiers à haut risque.
Risque de perte de conscience
L’évaluation du risque individuel de syncope
peut se faire par l’approche diagnostique
fondée sur les paramètres récemment établis
par l’American College of Physicians. Ceux-
ci prennent en compte l’historique clinique
du patient et les résultats d’une série d’exa-
mens, par exemple, ECG, électrophysiolo-
gie, Holter ou télémétrie.
La décision de reprendre ou non un poste à
haut risque dépend de la nature précise du
trouble cardiaque et de la possibilité qu’il
déclenche une arythmie sérieuse. Du point
de vue pratique, les principaux facteurs à
prendre en compte sont : la probabilité que
l’arythmie du patient réapparaisse malgré le
traitement, la probabilité que cette arythmie
puisse mener à la perte de contrôle par le
patient de toute machine ou procédure dont il
est responsable, et la probabilité que cette
perte de contrôle engendre un accident. En
ce qui concerne la conduite de véhicule, un
modèle mathématique pour évaluer ce risque
a été mis au point. Ce calcul prend en comp-
te le type de véhicule, le nombre d’heures de
conduite par an, le risque de syncope ou de
mort subite au cours de l’année, et la possi-
bilité que la perte de contrôle puisse mettre
en danger d’autres usagers de la route.
Suite à une estimation des divers risques, la
déclaration médico-scientifique de
l’American Heart Association estime que le
risque d’accident est très faible mais sou-
ligne que c’est le risque d’arythmie qui
devrait être pris en compte plus sérieuse-
ment au moment de prendre la décision de
renvoyer ou non un patient dans un travail à
haut risque. Bien que chaque cas soit à trai-
ter individuellement, en tenant compte des
particularités du travail et surtout de la
période pendant laquelle il existe un vrai
danger, les conditions spécifiques suivantes
peuvent être prises en référence :
•Ceux pour lesquels la possibilité de
reprendre un travail à haut risque est com-
plètement exclue :
– patients de la classe II ou IV de l’arrêt
cardiaque ;
– patients qui ont récemment subi un
infarctus du myocarde lié à une importante
perte de la fonction ventriculaire, accom-
pagné d’arythmie ventriculaire ou d’une
diminution du rythme cardiaque ;
– patients qui ont déjà subi un arrêt car-
diaque et qui ont été ranimés.
•Ceux qui devraient pouvoir reprendre le
travail sans problème s’ils sont asympto-
matiques. Les porteurs :
– de bradycardie ou tachycardie sinusale ;
– de tachycardies paroxystiques supraven-
triculaires ;
– de bloc artérioventriculaire de type I au
1er ou 2edegré.
•Pour tout autre type d’arythmie (dys-
rythmie ventriculaire, artérioventriculaire
sans reflux, syndrome de Wolff Parkinson
White, syndrome syncopal neural traité) :
l’avis d’un cardiologue doit être demandé
pour le diagnostic, la stratégie du traite-
ment et les décisions à prendre quant au
retour au travail.
Stimulateurs cardiaques et produits
cardiovasculaires pharmacologiques
Le port d’un stimulateur cardiaque n’ex-
clut pas automatiquement le travail en
situation à haut risque, mais il faut
prendre des mesures de sécurité particu-
lières si ce travail s’effectue dans un envi-
ronnement comportant des champs
magnétiques importants (techniciens en
électrolyse et électriciens). La décision de
remettre ou non des patients porteurs de
défibrillateurs implantés au travail ne
dépend pas de cet appareillage mais plutôt
de la raison pour laquelle cet appareillage
a été implanté. Une étude européenne,
réalisée auprès de 46 cardiologues spécia-
listes en stimulateurs cardiaques, concer-
nant les conseils à donner pour la reprise
de la conduite de véhicules aux patients
porteurs de défibrillateurs cardiaques
automatiques implantés a démontré que la
moitié des patients auxquels leur médecin
a déconseillé de conduire se sont mis à
conduire dans les six mois suivant l’im-
plantation et qu’aucun accident mortel n’a
été enregistré suite à une arythmie.
Parmi tous les médicaments qui peuvent être
prescrits, il faut faire particulièrement atten-
tion aux bêtabloquants et aux antiaryth-
miques. Les premiers peuvent entraîner une
diminution de la vigilance, une somnolence
ou une dépression, le tout étant à prendre en
compte lors de la prescription. Les antiaryth-
miques de classe I et III ne devraient pas être
utilisés dans des cas d’arythmie bénigne car,