progrès en Prévention au quotidien Maladies cardiovasculaires et aptitude au travail Régis de Gaudemaris* Les progrès de la thérapie de noter, chez les patients cardiovasculaire (par es maladies cardiovasculaires (MCV) apparais- qui n’ont pas de séquelle exemple : fibrinolyse, sent généralement avant l’âge de la retraite, et d’angine de poitrine, que ni angioplastie coronarienne, leur état cardiovasculaire pontage coronarien, tech- une partie de ceux qui sont atteints d’une attaque (qu’il y ait ou pas d’infarnologie des stimulateurs cardiaque travaillent toujours normalement à temps cissement), ni la nature du cardiaques, “défibrillateurs (qu’il comporte plein. En vertu de leur âge, de tels sujets sont très traitement cardiaques automatiques seulement un traitement implantables” et médica- expérimentés et occupent souvent des postes à res- médicamenteux ou égalements) font que la fonction ponsabilité. Les coûts indirects associés aux congés ment un pontage) n’ont cardiovasculaire de nomd’importance lorsqu’il breux patients est restaurée de maladie peuvent être élevés. Ainsi, la reprise du s’agit de décider de la reprià tel point que la reprise du travail est un élément important pour le patient lui- se du travail. La possibilité travail est possible. même et pour l’employeur. À titre d’exemple, en d’une ischémie du myocarToutefois, les MCV peude silencieuse doit être vent entraîner toute une Angleterre en 1983, la prévalence des maladies aussi prise en compte, série de problèmes médi- coronaires cardiaques parmi les travailleurs de l’in- déterminant l’importance caux : nécessité de réédu- dustrie était de 10,4 cas pour 1 000 individus, et du pronostic et le test d’efcation physique ; comment fort maximal systématique évaluer la capacité fonc- cette maladie était responsable de 13 % des et/ou un Holter cardiaque tionnelle résiduelle ; le pro- retraites anticipées pour raison de santé. (ECG) doivent être recomnostic de la maladie à court mandés chez les patients à et moyen terme ; le risque d’une attaque carrisque, spécialement chez les diabétiques. diaque mettant en danger la vie des patients Bien que les patients tendent à reprendre le et de leurs collègues ; être sûr de l’innocuité travail trop tôt, tant après une angioplastie du traitement administré vis-à-vis des perforcoronarienne qu’après un pontage, les mances du sujet au travail. Il faut tenir compchiffres démontrent que les perspectives Les études sur la reprise du travail ont te que, même avec un traitement idéal, beaud’emploi à long terme sont les mêmes. montré qu’un grand nombre d’éléments coup de sujets ne peuvent reprendre le travail sont à prendre en compte : L’hypertension artérielle non traitée pour nombre de raisons, psychologiques ou peut rendre la reprise du travail difficile, Nature exacte de l’événement cardiosociales. Le travail ne peut être repris en partie à cause des symptômes (maux de vasculaire initial qui a entraîné l’arrêt qu’avec la coopération de différentes parties, tête, vertiges, sensation de mal être) qui du travail telles que le médecin du patient, le cardiopeuvent diminuer les performances, mais La raison la plus commune est la coronarologue et l’employeur (des aménagements de surtout parce que le fait de travailler a tentravail pouvant être nécessaires par la suite). pathie qui peut aller de l’infarctus du myodance à augmenter l’hypertension. Les Par conséquent, en termes techniques, la carde à l’angine de poitrine traitée par pontaefforts statiques et dynamiques peuvent décision de reprendre ou non le travail ge, angioplastie ou simplement par accroître d’une manière significative la implique non seulement de soupeser les médicaments. Dans les coronaropathies, pression artérielle, et les facteurs psychoconsidérations médicales mais aussi le profil quelle qu’en soit la forme, certains éléments logiques peuvent rompre l’équilibre des psychologique du patient et les facteurs liés à cliniques dominent toujours : le patient est-il mécanismes essentiels, perturbant de ce la spécificité de son travail. encore sujet ou non à des crises d’angor d’effait le niveau de la pression artérielle, non fort ? y a-t-il un risque d’arythmie ? quelle seulement pendant le travail mais égaleest l’efficacité de la fonction ventriculaire ment tout au long du cycle circadien. gauche ? tous éléments pouvant limiter sa Les sensations de malaise ou de syncope * Service de pathologie professionnelle, CHR de Grenoble. cardiaque sont des indicateurs de risque capacité d’exercice physique. Il est important L Évaluation médicale et profil psychosocial Act. Méd. Int. - Hypertension (12), n°12, décembre 2000 - (13), n° 1, janvier 2001 15 progrès en Prévention au quotidien important de rechute avec toutes leurs conséquences vis-à-vis de l’environnement de travail. Différentes normes ont été arrêtées concernant les examens physiques et les tests fonctionnels, mais remettre un patient au travail ne doit pas être envisagé sans avoir réalisé une totale évaluation et avoir établi une stratégie stable et définitive. Les améliorations des médicaments disponibles pour le traitement des défaillances cardiaques (IEC, bêtabloquants spécifiques) et les techniques de rééducation ont significativement augmenté le nombre de patients capables de reprendre leur vie professionnelle. Le point le plus important sur le plan clinique dans ce cas est de savoir comment est géré le problème cardiaque qui a causé la crise initiale. Étendue de la perte fonctionnelle La reprise du travail suscite des efforts physiques supplémentaires pour des actions de routine comme le trajet pour s’y rendre et les déplacements sur le lieu de travail, et il en est de même des efforts physiques liés au travail proprement dit. Pendant un examen cardiaque standard, la capacité fonctionnelle d’un patient peut être évaluée par un test d’effort (pour l’HTA et la maladie coronarienne) ou par un test d’effort avec mesure de la consommation d’oxygène. Bien que ne faisant pas partie de l’examen cardiologique habituel, quelques-unes des nuisances tant physiques que psychologiques liées au lieu de travail peuvent être simulées en laboratoire tout en mesurant l’effet cardiovasculaire. Les capacités fonctionnelles pouvant être augmentées avec de la rééducation cardiaque, on considère qu’il faudrait adresser les patients à un centre de rééducation avant la reprise du travail. Ces centres proposent des programmes spécialement adaptés pour préparer les patients à une variété de différents types de conditions de travail – par exemple, transporter progressivement des charges de plus en plus lourdes ou solliciter de plus en plus de manipulations avec les bras. Quand le patient a repris le travail, on peut évaluer le stress physique en utilisant un Holter cardiaque (ECG) ou un intégrateur des pulsions cardiaques étalonné avec des indices spécifiques et validés. Dans beaucoup de lieux de travail, il est possible aussi de se faire prendre la TA ambulatoire. Une surveillance ambulatoire (idéalement par Holter cardiaque et Holter tensionnel) est d’une grande utilité pour mesurer l’impact d’autres facteurs de stress dus au travail (par exemple : physique, chimique, psychosocial, ergonométrique) – particulièrement la part qu’ils représentent – sur les paramètres cardiovasculaires cliniquement pertinents. Avec l’aide de telles techniques, les médecins peuvent moduler leur décision pour autoriser le patient à reprendre le travail. Pronostic et facteurs de risque associés à un trouble cardiaque Une reprise du travail n’en vaut la peine que si elle s’étale sur une période suffisamment longue. Donc il est important d’évaluer la probabilité qu’un sujet puisse continuer son activité professionnelle pour une moyenne, voire une longue période. Cette estimation du pronostic doit inclure : la probabilité des conditions de détérioration ; l’importance des facteurs de risque professionnels (stress, pressions physiques importantes) ; tout autre facteur de risque iatrogène (tabac, taux de cholestérol, TA) ; la capacité d’investissement du patient. Facteurs personnels entrant dans la décision de reprise du travail Les facteurs psychologiques et sociaux sont plus importants que les considérations médicales quand il s’agit d’une décision de reprise du travail. Cela implique que le patient devra adhérer au plan décidé ci-dessus, surtout si un changement de poste ou une reconversion professionnelle sont nécessaires. Plusieurs études ont utilisé différentes méthodes d’analyse pour identifier les facteurs clés qui déterminent ou modifient la décision de reprise du travail. Ces critères peuvent être classés dans de nombreux groupes différents : Act. Méd. Int. - Hypertension (12), n°12, décembre 2000 - (13), n° 1, janvier 2001 16 – la probabilité de reprise est inversement proportionnelle à la durée d’arrêt de travail, quel que soit le pronostic de l’accident cardiaque ; – les retombées psychologiques de l’accident cardiaque qui a provoqué l’arrêt du travail se révèlent particulièrement sensibles si le malaise cardiaque ou la perte de connaissance s’est produit sur le lieu de travail (au milieu d’autres personnes), ou si le patient a subi une intervention chirurgicale et souffert de complications de sternotomie (par exemple : si la cicatrisation de la plaie l’a fait souffrir) ; – l’âge du patient et le taux de pension de retraite sont intimement liés : les plus âgés (par exemple : les plus proches de la retraite), ceux qui peuvent prétendre à une retraite anticipée et ceux qui préfèrent arrêter de travailler avant l’âge statutaire de la retraite ; – la reprise du travail est subordonnée à la motivation quotidienne pour se lever et aller travailler. Les patients sont moins enthousiastes pour retourner à un travail monotone ou de routine ou qui ne fait pas appel à leurs talents personnels ou à leurs compétences ; – le niveau d’éducation ou de formation des patients et leur aptitude à une reconversion est un facteur important. Quand c’est nécessaire, un reclassement peut être perçu comme un changement vers un travail moins physique ; certains en seront demandeurs (par exemple : en informatique). Un tel changement n’est pas toujours compatible avec la formation initiale du patient ou de ses conséquences. Motivations du médecin Les médecins sont souvent réticents à faire reprendre le travail à leurs patients, même en présence de tests non ischémiques, en fondant leur inquiétude sur le pronostic. Le travail et son environnement Toute information intéressante peut normalement être obtenue au cours d’un entretien approfondi avec le patient, mais progrès en Prévention au quotidien une visite sur le lieu de travail s’avère parfois aussi nécessaire. Il est essentiel de travailler de concert avec les services de médecine du travail et de sécurité de l’employeur. L’entretien doit envisager toutes les composantes du travail susceptibles d’intervenir dans la décision de reprise et mettre en lumière toutes les situations qui peuvent perturber l’état physique du patient. Aspects du travail à prendre en considération Certains travaux combinent, à des niveaux différents, une activité physique (travail statique et dynamique) à un stress psychosensoriel. L’argument le plus fréquent contre une reprise est que le travail implique des efforts physiques soutenus (tant statiques que dynamiques). Cependant, un travail qui demande un effort physique modéré prévient certainement mieux une rechute de coronaropathie qu’un travail totalement sédentaire. Dans le contexte de l’insuffisance coronarienne, il est également nécessaire d’identifier les facteurs qui pourraient réactiver quelques séquelles d’ischémie coronarienne, par exemple le travail en altitude ou à des températures extrêmes (chaudes ou froides), ou la possibilité que le patient soit exposé au monoxyde de carbone (d’autant plus si le patient est toujours fumeur). Il est particulièrement important d’identifier les patients qui ont un travail à haut risque – travail pour lequel l’opérateur, dans le cas où un problème cardiaque soudain (syncope cardiaque, arythmie sérieuse) peut induire un risque ou mettre en danger la vie d’autres personnes. Postes de travail potentiellement nuisibles Le travail en équipe peut aggraver la maladie cardiaque (HTA et insuffisance coronarienne ou cardiaque) par le changement de rythme circadien qui régule la TA et le pouls. Le travail de nuit ou débutant tôt le matin (4-5 heures) coïncide avec le moment où le système cardiovasculaire est normale- ment au repos (où le taux des catécholamines est le plus bas). D’autant plus que, si les horaires journaliers de travail changent constamment, il est difficile de planifier les prises de médicaments pour couvrir efficacement une période de 24 heures. Le stress psychologique lié au travail, tel qu’il est défini par Karasek et Siegrist, peut exacerber l’HTA et la MCV. Si les conditions de travail sont mauvaises, l’équilibre thérapeutique peut être déréglé et de nouveaux symptômes peuvent apparaître. Même quand on ne peut pas prouver un lien direct, les patients mettent en avant ces conditions de travail pour expliquer leur état, et il faut en tenir compte en cas de refus de reprise du travail. Dans la plupart des études sur la reprise du travail, la qualité psychosociale de l’environnement du travail n’a pas été étudiée ni incluse dans les critères du pronostic. De plus, ces études sur le pronostic n’ont pas été menées sur un temps assez long. Sur la base de ces données, et en y ajoutant de nombreuses autres études qui démontrent un risque excessif de morbidité des MCV parmi les travailleurs soumis au stress et à d’autres conditions psychosociales du travail défavorables, Theorell et Karasek se sont demandé si les patients atteints de crise cardiaque devraient reprendre un travail stressant. Décision du retour au travail Il n’est possible de remettre un patient au travail qu’avec son accord. Des problèmes apparaissent, à cause de capacités fonctionnelles diminuées quand il est nécessaire, de modifier les conditions de travail ou de changer complètement de travail. La décision définitive de savoir si le patient doit reprendre le travail est du ressort, dans le meilleur des cas, du cardiologue en liaison avec le spécialiste de médecine du travail. Tous les pays (chaque État pour les ÉtatsUnis) ont leurs propres règlements. En Europe, tout particulièrement en France et en Allemagne où la médecine du travail est traitée par des spécialistes, le retour au travail est plus facilement organisé avec l’entière participation de l’entreprise, car elle est au cou- 17 rant de toutes les conditions particulières du travail et des possibilités de recyclage au sein de l’entreprise. L’approche est nécessairement plus compliquée dans les pays où la médecine du travail est moins réglementée et fondée surtout sur des questions de sécurité. Questions de sécurité Une activité est considérée à haut risque si le travailleur met en jeu la vie des autres à l’occasion d’une perte soudaine de capacité dans l’exercice de son travail. De tels accidents peuvent survenir lors d’un malaise profond, d’une syncope, voire d’une mort subite. Du point de vue cardiologique, une perte soudaine de conscience est normalement due à une arythmie aggravée par un problème cardiaque préexistant. Bien que l’arythmie ventriculaire ait été considérée traditionnellement comme le risque majeur, certaines variétés d’arythmie supraventriculaire qui ont jusqu’à présent été considérées comme relativement bénignes ainsi que des bradyarythmies peuvent également entraîner une syncope ou une mort subite. Il est difficile d’estimer avec précision le risque de syncope, et il n’est pas toujours possible de prévoir son apparition même quand un examen cardiologique complet a été effectué. Type de travail La plupart des emplois qui présentent des problèmes de sécurité publique sont ceux qui concernent la conduite de véhicule (par exemple : camion, véhicule de transport publique, engin de travaux publics, voiture, avion et train). Néanmoins, d’autres emplois (grutier, manipulation de produits industriels dangereux) sont aussi concernés. De plus, bien que peut-être pas directement associée au travail, la conduite d’une voiture, mode de transport courant pour se rendre au travail, peut avoir un effet sur la sécurité publique. L’estimation du risque pour la conduite d’une voiture reste compliquée, mais des statistiques ont été faites pour les conducteurs professionnels sur la route : des progrès en Prévention au quotidien études américaines et canadiennes démontrent que moins de 0,1 % des accidents de la route sont attribuables à un problème de santé, et que seulement 10 à 25 % de ceux-ci sont associés à un événement cardiaque. Dans une étude du réseau des transports publics de Londres, 6 accidents seulement sur une période de 20 ans ont été attribués à un accident cardiaque du conducteur ; pendant cette période, 6,8 millions de miles ont été parcourus, ce qui correspond à 334 000 heures de conduite. Il est raisonnable de conclure que les conducteurs asymptomatiques, qui répondent aux critères actuels établis par les cardiologues, peuvent reprendre le travail sans se mettre de manière significative en danger, ni leurs passagers, ni les autres usagers. Pour les accidents d’avion des lignes commerciales, il est rare qu’ils soient associés à des problèmes de santé. Bien qu’un tiers des pilotes aient été victimes d’une incapacité passagère en vol (généralement gastro-intestinale), il y a eu dans chaque cas suffisamment de temps pour que le copilote prenne les commandes. En Europe, on estime le nombre des accidents d’aviation commerciale mortels à un pour 100 millions d’heures de vol et dont seulement 1 % peut être attribué à des problèmes médicaux. Epstein et al. déclarent : “Une étude de l’association internationale du transport aérien (IATA), sur 36 000 pilotes à risque sur 10 ans, n’a établi que 26 cas d’événements cardiovasculaires ou neurologiques qui auraient pu mettre en danger la sécurité s’ils avaient eu lieu à un moment critique (c’est-à-dire au décollage ou à l’atterrissage).” Il n’existe pas de chiffre pour d’autres métiers à haut risque. Risque de perte de conscience L’évaluation du risque individuel de syncope peut se faire par l’approche diagnostique fondée sur les paramètres récemment établis par l’American College of Physicians. Ceuxci prennent en compte l’historique clinique du patient et les résultats d’une série d’examens, par exemple, ECG, électrophysiologie, Holter ou télémétrie. La décision de reprendre ou non un poste à haut risque dépend de la nature précise du trouble cardiaque et de la possibilité qu’il déclenche une arythmie sérieuse. Du point de vue pratique, les principaux facteurs à prendre en compte sont : la probabilité que l’arythmie du patient réapparaisse malgré le traitement, la probabilité que cette arythmie puisse mener à la perte de contrôle par le patient de toute machine ou procédure dont il est responsable, et la probabilité que cette perte de contrôle engendre un accident. En ce qui concerne la conduite de véhicule, un modèle mathématique pour évaluer ce risque a été mis au point. Ce calcul prend en compte le type de véhicule, le nombre d’heures de conduite par an, le risque de syncope ou de mort subite au cours de l’année, et la possibilité que la perte de contrôle puisse mettre en danger d’autres usagers de la route. Suite à une estimation des divers risques, la déclaration médico-scientifique de l’American Heart Association estime que le risque d’accident est très faible mais souligne que c’est le risque d’arythmie qui devrait être pris en compte plus sérieusement au moment de prendre la décision de renvoyer ou non un patient dans un travail à haut risque. Bien que chaque cas soit à traiter individuellement, en tenant compte des particularités du travail et surtout de la période pendant laquelle il existe un vrai danger, les conditions spécifiques suivantes peuvent être prises en référence : • Ceux pour lesquels la possibilité de reprendre un travail à haut risque est complètement exclue : – patients de la classe II ou IV de l’arrêt cardiaque ; – patients qui ont récemment subi un infarctus du myocarde lié à une importante perte de la fonction ventriculaire, accompagné d’arythmie ventriculaire ou d’une diminution du rythme cardiaque ; – patients qui ont déjà subi un arrêt cardiaque et qui ont été ranimés. • Ceux qui devraient pouvoir reprendre le travail sans problème s’ils sont asymptomatiques. Les porteurs : Act. Méd. Int. - Hypertension (12), n°12, décembre 2000 - (13), n° 1, janvier 2001 18 – de bradycardie ou tachycardie sinusale ; – de tachycardies paroxystiques supraventriculaires ; – de bloc artérioventriculaire de type I au 1er ou 2e degré. • Pour tout autre type d’arythmie (dysrythmie ventriculaire, artérioventriculaire sans reflux, syndrome de Wolff Parkinson White, syndrome syncopal neural traité) : l’avis d’un cardiologue doit être demandé pour le diagnostic, la stratégie du traitement et les décisions à prendre quant au retour au travail. Stimulateurs cardiaques et produits cardiovasculaires pharmacologiques Le port d’un stimulateur cardiaque n’exclut pas automatiquement le travail en situation à haut risque, mais il faut prendre des mesures de sécurité particulières si ce travail s’effectue dans un environnement comportant des champs magnétiques importants (techniciens en électrolyse et électriciens). La décision de remettre ou non des patients porteurs de défibrillateurs implantés au travail ne dépend pas de cet appareillage mais plutôt de la raison pour laquelle cet appareillage a été implanté. Une étude européenne, réalisée auprès de 46 cardiologues spécialistes en stimulateurs cardiaques, concernant les conseils à donner pour la reprise de la conduite de véhicules aux patients porteurs de défibrillateurs cardiaques automatiques implantés a démontré que la moitié des patients auxquels leur médecin a déconseillé de conduire se sont mis à conduire dans les six mois suivant l’implantation et qu’aucun accident mortel n’a été enregistré suite à une arythmie. Parmi tous les médicaments qui peuvent être prescrits, il faut faire particulièrement attention aux bêtabloquants et aux antiarythmiques. Les premiers peuvent entraîner une diminution de la vigilance, une somnolence ou une dépression, le tout étant à prendre en compte lors de la prescription. Les antiarythmiques de classe I et III ne devraient pas être utilisés dans des cas d’arythmie bénigne car, progrès en Prévention au quotidien comme il est largement reconnu par les cardiologues, ils peuvent d’eux-mêmes déclencher une arythmie plus grave (effet proarythmique). Dans tous les cas d’arythmie, un suivi électrocardiographique continu doit être mis en place pour vérifier que les médicaments agissent avant de permettre au patient de reprendre le travail. Considérations éthiques Malgré le fait que beaucoup de patients bénéficient largement d’un traitement radical, il est possible qu’il leurs soit interdit de reprendre le travail à cause de réglementations spécifiques liées aux polices d’assurance, retrait du permis de conduire ou autres restrictions professionnelles. Le médecin traitant la maladie cardiaque est assujetti au secret médical, mais maintenir ces règlements peut entraîner des problèmes éthiques si le patient a décidé d’ignorer le risque engendré par le retour au travail, tout particulièrement s’il refuse de consentir à informer totalement le médecin qui sera responsable de la décision de reprise d’un travail à haut risque. Le médecin traitant peut être blâmé s’il refuse de garder le secret médical, alors qu’un sens personnel de la responsabilité exigerait que la confidentialité soit rompue. On est confronté à ce genre de problème éthique surtout lorsqu’il s’agit de conducteurs de poids lourds, pour lesquels vie professionnelle et vie sociale sont inséparables et qui sont souvent peu disposés à abandonner leur travail. De plus, la réglementation qui stipule les critères d’examens physiques qu’ils doivent subir pour maintenir leurs permis de conduire spéciaux poids lourd ou véhicule de travaux publics ne concerne pas toujours les patients avec des problèmes cardiaques. La réglementation ne prend pas en compte les erreurs des médecins, ni les conditions de travail (par exemple : conduite solitaire, longues heures de travail, stress associé à des délais de livraison, travail physique et lourd qu’implique le déchargement, grandes variations de température). Il est donc préférable d’initier une série d’entretiens – éventuellement avec la participation de la famille du patient ou d’un psychologue qualifié – pour essayer de raisonner le patient. C’est la seule option car rien n’interdit au patient de trouver un travail dans une autre entreprise de transports qui ne serait pas au courant de ses problèmes cardiaques. ✁ ABONNEZ-VOUS ABONNEZ-VOUS Tarif 2001 Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules ❏ Collectivité ................................................................................. à l’attention de .............................................................................. ❏ Particulier ou étudiant Dr, M., Mme, Mlle ........................................................................... Prénom .......................................................................................... 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