Chapitre 2.3.13. — Maladie de Marek
Manuel terrestre de l’OIE 2008 619
associée aux cellules. Il existe également des vaccins trivalents, associant les sérotypes 1, 2 et 3.
Les vaccins bivalents (sérotypes 1 et 3) ou les vaccins trivalents (sérotypes 1, 2 et 3) sont aussi
utilisés. Les vaccins bi- et trivalents ont été mis sur le marché pour lutter contre les souches
hypervirulentes de MDV pour lesquelles la vaccination monovalente était relativement inefficace.
La vaccination réduit fortement la sévérité des signes cliniques associés au MDV, mais n’empêche
pas l’infection persistante. Les virus vaccinaux s’installent par ailleurs à l’état latent chez les
volailles vaccinées et sont excrétés, ce qui se traduit par la présence permanente du MDV.
A. INTRODUCTION
La maladie de Marek (MD) est une maladie de la volaille domestique (poulet) causée par un herpèsvirus
(14, 25, 33). Les oiseaux s’infectent par inhalation de poussières infectées dans les poulaillers et, après un cycle
viral complexe, le virus est excrété au niveau des follicules plumeux des oiseaux infectés (4). La MD peut se
produire dès l’âge de 3 à 4 semaines, mais apparaît le plus souvent vers 12 à 30 semaines. La MD est associée
à plusieurs syndromes différents, parmi lesquels les syndromes lymphoprolifératifs sont les plus fréquents. Dans
la forme classique, la MD se caractérise par une atteinte principalement nerveuse. La mortalité n’excède que
rarement 10 à 15 % et survient au bout de quelques semaines à quelques mois. Dans la forme aiguë, la maladie
aboutit à la formation de lymphomes viscéraux. L’incidence au sein d’un groupe de volailles est alors de 10 à
30 %. Des épisodes impliquant jusqu’à 70 % des animaux peuvent survenir. La mortalité peut se maintenir de
façon enzootique pendant des mois. La forme la plus prévalente actuellement est l’atteinte aiguë avec des
lymphomes viscéraux étendus. Le signe clinique le plus fréquent de la forme chronique est la paralysie partielle
ou complète des pattes et des ailes. Dans la forme aiguë, les oiseaux sont souvent apathiques et il n’est pas rare
d’observer une mortalité sans aucun signe précurseur. Une maladie sans tumeur mais avec un œdème du
cerveau entraînant une paralysie temporaire est de plus en plus associée à une MD due aux souches les plus
virulentes.
Dans la forme classique, la lésion caractéristique est l’épaississement d’un ou de plusieurs nerfs. Les plus
fréquemment atteints, et les plus aisément repérés à l’autopsie, sont les plexus brachiaux et sciatiques, le plexus
cœliaque, le nerf vague abdominal et les nerfs intercostaux. Les nerfs atteints ont une épaisseur 2 à 3 fois
supérieure à la normale ; leur apparence normale striée disparaît et leur couleur vire au gris ou au jaune ; ils sont
parfois œdématiés. Des lymphomes peuvent apparaître dans la forme classique de la MD. Ils prennent le plus
souvent l’aspect de petites tumeurs ovariennes molles et grises (parfois aussi dans les poumons, les reins, le
cœur, le foie ou d’autres tissus). L’œil gris, fréquemment observé chez les oiseaux âgés (16 à 18 semaines)
causé par une iridocyclitite, est parfois le seul signe de la forme classique. Cette affection entrave le réflexe
d’accommodation de l’iris en face d’un stimulus lumineux. Cela peut également entraîner une torsion de la pupille.
Dans la forme aiguë, la lésion classique consiste en un lymphome disséminé, diffus atteignant le foie, les
gonades, la rate, les reins, les poumons, le proventricule et le cœur. Des lymphomes peuvent atteindre soit la
peau autour des follicules plumeux, soit les muscles squelettiques. Les oiseaux atteints présentent généralement
des nerfs périphériques épais tels que rencontrés dans la forme classique. Chez les jeunes volailles,
l’hépatomégalie est souvent modérée, alors que les adultes auront une hépatomégalie manifeste dont
l’apparence macroscopique est identique à celle rencontrée dans la leucose lymphoïde. Les lésions nerveuses
sont souvent absentes chez les adultes.
Dans les formes classique et aiguë de la MD, la maladie débute par une prolifération de cellules lymphoïdes qui
progresse dans certains cas et régresse dans d’autres. Les nerfs périphériques peuvent présenter trois types
d’atteintes, soit proliférative, soit inflammatoire, soit légèrement infiltrante. Les lésions sont dénommées
respectivement de types A, B et C. Les lésions du type A consistent en une infiltration par des lymphoblastes
prolifératifs, des lymphocytes grands, moyens et petits et des macrophages. Ces lésions A ont un aspect
néoplasique manifeste. Les lésions de type B sont caractérisées par un œdème interneural, une infiltration
principalement de petits lymphocytes et de cellules sanguines, et une prolifération des cellules de Schwann. Leur
aspect est inflammatoire. Les lésions de type C consistent en une légère infiltration par des petits lymphocytes.
Ces lésions sont observées sur les oiseaux sans lésions macroscopiques ni signes cliniques ; elles pourraient
être une lésion inflammatoire régressive. La démyélinisation se produit fréquemment dans les nerfs atteints par
les lésions A et B et est responsable de la paralysie clinique.
Les lymphomes qui se développent au niveau des viscères et des autres tissus ont une cytologie similaire aux
lésions lympho-prolifératives et de type A nerveuses. Les cellules lymphoïdes sont souvent de plusieurs types à
prédominance de lymphocytes moyens et petits. Il arrive que des grands lymphocytes et des lymphoblastes
soient prédominants dans des formes aiguës des MD chez les adultes.
La population hétérogène des cellules lymphoïdes rencontrées dans les lymphomes de la MD révélée sur des
coupes colorées à l’hématoxyline-éosine ou des frottis colorés par le May-Grünwald Giemsa est un élément