L’original de Lafontaine : Le Lion et l'Ane chassant
Le roi des animaux se mit un jour en tête
De giboyer. Il célébrait sa fête.
Le gibier du Lion, ce ne sont pas moineaux,
Mais beaux et bons Sangliers, Daims et Cerfs bons et beaux.
Pour réussir dans cette affaire,
Il se servit du ministère
De l'Ane à la voix de Stentor.
L'Ane à Messer Lion fit office de Cor.
Le Lion le posta, le couvrit de ramée,
Lui commanda de braire, assuré qu'à ce son
Les moins intimidés fuiraient de leur maison.
Leur troupe n'était pas encore accoutumée
À la tempête de sa voix ;
L'air en retentissait d'un bruit épouvantable ;
La frayeur saisissait les hôtes de ces bois.
Tous fuyaient, tous tombaient au piège inévitable
Où les attendait le Lion.
N'ai-je pas bien servi dans cette occasion ?
Dit l'Ane, en se donnant tout l'honneur de la chasse.
-Oui, reprit le Lion, c'est bravement crié :
Si je connaissais ta personne et ta race,
J'en serais moi-même effrayé.
L'Ane, s'il eût osé, se fût mis en colère,
Encor qu'on le raillât avec juste raison :
Car qui pourrait souffrir un Ane fanfaron ?
Ce n'est pas là leur caractère.
L’Ane et le Lion régnant
Le lion, du gouvernement, fit de l’âne le premier flic,
Car il savait, en gueulant, rameuter toute la clique.
Entre les deux bêtes, le marché était clair,
A l’Ane la grosse tête, et au Lion le salaire.
Mais un jour, celui des deux, qui avait de grandes oreilles,
Se dit qu’il serait sûrement mieux, d’être à la tête de l’appareil.
Il voulait la part du Lion, et asservir le carnivore,
Assouvir son ambition, et puis lui donner des ordres.
Les animaux de la forêt, craignaient l’Ane et son pouvoir,
Et le Lion, qui s’en doutait, finit par s’apercevoir,
Que par la manipulation, l’Ane voulait devenir roi,
Qu’il ignorait la sommation, qui lui fut faite la dernière fois.
L’Ane menaçait les animaux, afin qu’ils vivent dans la peur,
Acceptent ses idées de facho, et agrandissent sa demeure,
Mais nulle ambition personnelle, ne renverse l’ordre des choses,
La chaîne alimentaire, elle, ne peut-être remise en cause.
La vie est déjà assez dure, quand on est un animal,
A la hiérarchie de la nature, pas besoin d’ajouter le mal.
Le syndicat des animaux, finit par aller se plaindre au Lion,
Lui, en bon roi, entend les mots, qui dénoncent la rébellion.
Il fait à tous, la promesse, de remettre l’Ane à sa place,
De bien lui botter les fesses, comme le méritent ceux de sa race,
Ceux qui sont faibles et frustrés, et qui n’ont d’autre pour être bien,
Que de venir écraser, ceux qui pourtant sont les siens.
Le Lion va voir le méchant, qui se prélasse près d’une touffe,
Il le licencie sur le champ, et dans la foulée, le bouffe.
Monsieur Mouch
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«L’Ane et le lion régnant », de Pierre Combarnous (monsieur mouch), n°00485 88 18 94.