Docteur Wauty Jean-Philippe,
Vétérinaire généraliste en médecine aviaire
Rue du parc, 58
7160 Chapelle- lez -Herlaimont Belgique
0032.64.44.45.11.
www.vetoiseaux.be
Médication des perroquets et des psittacidés.
La médication des perroquets est difficile. En effet, ce sont des animaux très suspicieux sur les
aliments qui leur sont présentés. Une variation de goût dans l’eau ou les aliments proposés et
l’animal refusera de prendre sa médication.
Le meilleur médicament pour un perroquet doit, pour bien faire, être inodore, incolore et insipide,
ce qui est rarement le cas.
D’autre part, les médicaments vétérinaires ne sont pratiquement pas préparés dans l’optique d’être
administrés à des oiseaux. Il y a peu de médications spécifiques, des antibiotiques pour la plupart et
quelques antiparasitaires. La majorité des médications sont donnés par l’eau de boisson, ce qui peut
être une cause d’échec thérapeutique comme nous le verrons ci-après.
Comment donner un médicament ?
a) Par l’eau.
La prise du médicament par l’eau de boisson s’effectue en diluant le produit dans une certaine
quantité d’eau tout en se basant sur la consommation moyenne de l’oiseau. C’est la méthode
thérapeutique la plus fréquente et, pourtant, la moins fiable. En effet, l’eau peut parfois prendre un
goût désagréable qui repoussera l’oiseau. D’autre part, la prise d’eau est soumise à une fluctuation
constante, notamment par la consommation de fruits et de légumes, source d’hydratation, qui fera
diminuer d’autant l’abreuvement. Enfin, le rôle de la température ambiante est important dans la
consommation d’eau. Par temps froid, le perroquet de ne boit pas.
Les perruches sont également capables d’une forte fluctuation dans la prise d’eau d’un individu à
l’autre. A titre d’exemple, la perruche callopsitte prendra 100 à 150 ml d’eau par jour et par individu
alors qu’un perroquet gris du Gabon prendra en moyenne 60 ml par kilo de poids vif toute source
confondue.
Par ailleurs, la stabilité du produit peut être sujette à caution, particulièrement si le produit n’est pas
conditionné pour être utilisé dans l’eau (ce qui est régulièrement le cas en médecine aviaire vu la
rareté des traitements disponibles). Des interactions négatives peuvent avoir lieu entre les molécules
si on place plusieurs produits en même temps dans l’eau. Il est alors recommandé, tant que possible,
de procéder aux différents traitements les uns à la suite des autres pour minimiser cet effet.
Pour que la médication soit efficace, il est primordial que le médicament dans l’organisme soit à
concentration efficiente. Les erreurs de conversion entre les kilos de poids vif et le volume d’eau prit
par un oiseau sont légion. Une moindre prise d’eau de boisson pourra donc expliquer un échec de
traitement. À l’inverse, si l’oiseau boit trop, il faudra minimiser la toxicité des médicaments en cas de
sur-médication (par exemple pour les doxycyclines).
L’eau, technique la plus simple, n’est donc pas la meilleure.
b) Par l’aliment en vrac (les graines).
La prise de traitements chez les psittacidés par l’aliment en vrac (autrement dit les graines et les
extrudés) est encore une moins bonne solution. Car, outre les problèmes décriés dans la partie sur
l’eau (qui sont largement applicables), il ne faut pas oublier les difficultés d’adhérence du produit aux
graines ainsi que le fait que les psittacidés décortiquent les graines. Ce n’est donc pas une méthode
de choix.
c) Directement par injection.
L’injection est une méthode de choix pour un début de traitement, chez le vétérinaire. C’est avec
certitude que l’oiseau prendra une « dose d’attaque » du médicament cibet ce, dans de bonnes
conditions. Les chances de succès thérapeutique sont donc augmentées.
Cependant, pour la suite du traitement, les injections ne sont pas la panacée. En effet, encore une
fois, les dosages des traitements qui sont à la disposition du vétérinaire sont adaptés aux
mammifères et non aux oiseaux. Les volumes à injecter sont parfois multipliés par 10 ! En outre, les
oiseaux font rapidement des hémorragies en intramusculaire. Il n’est pas rare d’en retrouver à
l’autopsie même après à une seule injection. La multiplication des injections dans le bréchet risque
de provoquer à terme plus de mal que de bien.
L’injection est donc une voie à privilégier uniquement en début de traitement.
d) La voie « per os ».
L’administration directe à la bouche est la bonne méthode pour des traitements de moyen ou de
long terme.
Elle permet la prise d’une dose mesurée du traitement, ce qui limite les risques soit d’échec par
manque, soit de toxicité.
Néanmoins, aussi, les difficultés sont nombreuses. Elle pourrait être considérée comme la voie la
plus délicate. Effectivement, les perruches et perroquets sont souvent réticents à l’idée de prendre
quelque chose d’inconnu à la bouche, spécialement lorsqu’ils ne sont pas manipulés régulièrement
ou si les médicaments ont « un goût » qui ne leur convienne pas. Cette réticence est plus marquée
chez les perroquets élevés naturellement que chez les animaux élevés à la main.
Règles pour une bonne administration Per Os.
Voici quelques techniques « trucs » pour donner un traitement à la bouche et minimiser les risques
de refus.
Comme toujours chez les psittacidés, tout doit se faire avec le maximum de douceur ! Il faut à tout
prix éviter de stresser l’oiseau ce qui accentuerait le refus voir briserait à terme le lien entre le
propriétaire et l’oiseau.
La meilleure technique est la prévention ! C’est le concept du « cliquage » bien connu dans les parcs
zoologiques par laquelle les animaux sont, préventivement, conditionnés par renforcement positif.
1) On habitue l’oiseau à un son qui lui est propre (une clochette, un petit bip, ou autre, évitez
les GSM car ils se changent avec le temps et on en perd les musiques). Au même moment, on
lui donne une cacahuète (ou tout autre récompense dans le respect de son alimentation
normale). Au fur et à mesure du temps, l’oiseau associe le son à la cacahuète.
2) Dès que l’association est bien réalisée. On fournit le son à l’oiseau mais on remplace la
cacahuète par un embout de seringue vide et, lorsque l’oiseau l’a pris en bouche, on lui
fournit la cacahuète.
3) Lorsque le concept de présentation de la seringue est intégré, on remplit celle-ci avec une
solution légèrement sucrée et on lui apprend à progressivement la boire avant de recevoir la
cacahuète.
4) Outre la seringue, on peut tenter aussi avec de toutes petites gélules contenant un composé
sucré en plus du traitement que le perroquet écrasera dans sa bouche voir avalera.
La patience est de mise mais en 15 jours à un mois, le psittacidé a rapidement compris l’association
et, le jour un traitement est à donner, la prise sera beaucoup plus simple. Les traitements plus
amers pourront être sucrés légèrement en général sans risque. On pourra également préparer une
solution de nourrissage type pâtée de gavage pour jeunes qui masquera le goût.
Le « cliquage » doit s’entretenir, en moyenne une fois par semaine.
Si l’animal n’est pas conditionné, ce qui est hélas souvent le cas, voici malgré tout quelques
techniques qui ont fait leurs preuves.
On peut donner le produit à la seringue en appliquant l’embout dans du miel qui incitera l’oiseau à
absorber le traitement. Il faut essayer de privilégier de petits volumes.
En cas de gros volumes, on peut adjoindre le traitement à de la pâtée de gavage.
Dans les deux cas précités, il faut bien entendu qu’il n’y ait pas de contre-indication à la prise
alimentaire de substances riches en énergie. Par exemple, la pâtée n’est pas utilisable en cas de foie
gras. Par ailleurs, sur des traitements chroniques (1 mois et plus) l’apport énergétique non
négligeable doit entrer en compte dans la prise alimentaire globale sous peine d’obésité.
Il se peut que les psittacidés ne prennent malgré tout pas le produit à la seringue car ils sont trop
méfiants ou parce que le goût est trop désagréable. On peut encore tenter une approche via les
fruits qui peuvent ainsi masquer ce goût. Par exemple, on saupoudre une demi-banane avec le
médicament à donner (un coup classique en cas d’utilisation d’antidépresseurs). encore, il faudra
veiller à ne pas surcharger l’animal avec une quantité trop importante de calories.
Conclusions.
Force est de constater qu’à l’heure actuelle, peu de médications sont spécifiquement produites pour
les oiseaux et, à fortiori, pour les psittacidés. Les traitements par l’eau ou l’alimentation en vrac sont,
hélas, les moins concluants. Les autres formulations sont souvent mal adaptées à la prise alimentaire.
Il faut donc ruser pour administrer les traitements. La meilleure méthode reste aujourd’hui celle du
conditionnement préventif de votre oiseau avant qu’il n’ait réellement besoin d’un traitement.
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