34 Revue ABB 4/2009
L’innovation en action
Industries
étalonnages spécifiques, en fonction
du papier et du procédé de fabrica-
tion, ou d’autres compensations
peuvent également être nécessaires.
Certains capteurs laser doivent aussi
fonctionner en tandem avec un cap-
teur d’épaisseur à contact, utilisé
périodiquement, pour rafraîchir la
mesure du capteur laser, tant pour
l’étalonnage absolu que pour l’étalon-
nage de profil.
La pénétration de la lumière peut faci-
lement être démontrée en mesurant
l’épaisseur de cinq feuilles de papier
de différentes sortes (collées les unes
aux autres), à l’aide d’un capteur à
double contact et d’un capteur à trian-
gulation laser 2. Dans le cas des
papiers minces, les épaisseurs mesu-
rées par ces deux types de capteur
diffèrent de 1 à une dizaine de
microns. Souvent, les clients spécifient
des différences d’épaisseur ne dépas-
sant pas ±1 µm ; ces variations peu-
vent donc être problématiques quand
différentes sortes de papier sont pro-
duites par une même MAP ou lorsque
les conditions du procédé changent.
Les écarts se creusent lorsque les dif-
férences de qualité papier sont encore
plus importantes, la variation pouvant
aller de 30 à 50 µm, par exemple,
pour le papier cartonné et le kraft.
Sur certaines sortes de papier mince,
les erreurs de mesure du capteur laser
peuvent avoisiner 50 % de l’épaisseur
de la feuille1). Pour les compenser, il
les erreurs de régulation sont fréquen-
tes. Ces risques ont fait d’ABB le pion-
nier des capteurs à air sans contact, dès
la fin des années 1960. De construction
simple, ces capteurs pâtissaient néan-
moins d’une médiocre précision et de
faibles résolutions sur les machines à
haute vitesse de défilement.
Plus récemment, les fournisseurs de
systèmes de contrôle qualité se sont
intéressés aux capteurs d’épaisseur
optiques, basés généralement sur la
technique de triangulation laser. Cette
méthode, quoique prometteuse, est
entachée de nombreuses erreurs :
instabilité de la laize défilant à vive
allure, déséquilibre de la feuille dû à sa
non-planéité, défauts d’alignement des
capteurs et de l’état de surface, sans
oublier la pénétration du rayon laser
dans la masse du papier semi-translu-
cide (effet de « rougeoiement » 1b ).
ABB a donc opté pour une technique
optique sans laser, qui améliore gran-
dement la précision et la stabilité de la
mesure. Nouvel héritier d’une lignée
cinquantenaire de systèmes de mesure
en ligne, ce capteur dote les papetiers
d’un outil révolutionnaire pour mesu-
rer et contrôler l’épaisseur de la feuille
avec une précision inégalée, même sur
les qualités papier les plus exigeantes.
Limites de la triangulation laser
La triangulation laser est couramment
utilisée dans les secteurs de la métal-
lurgie, du caoutchouc et du plastique.
Elle repose sur une mesure de distance
optique par rapport à la surface de la
feuille. Concrètement, un faisceau laser
est projeté sur le papier dont on veut
mesurer la topologie 1a . Il se réfléchit
sur cette surface, puis est renvoyé à
travers une lentille vers le détecteur : la
position du spot lumineux sur ce der-
nier (distance optique) est directement
liée à la hauteur de la surface par
rapport au plan de référence.
La triangulation laser fonctionne à
merveille pour les surfaces ne posant
pas de problème d’absorption lumi-
neuse, comme les métaux. Toutefois,
si la lumière pénètre dans la masse
du matériau (cas du papier), cette
méthode peine à déterminer la posi-
tion réelle du faisceau lumineux sur la
surface de ce matériau et fausse ainsi
la mesure de distance optique. Des
On pourrait croire que le papier,
inventé il y a des milliers d’an-
nées, est l’un des produits les plus
simples à fabriquer au monde. Or la
production moderne de papier, même
d’une simple ramette pour photoco-
pieur, repose sur un impressionnant
arsenal de technologies et d’outils,
notamment en charge du contrôle de
la qualité du papier. ABB est d’ailleurs
l’un des principaux acteurs du
domaine.
Au cœur des opérations papetières,
le « cadre de balayage » est un passage
obligé. Celui-ci aligne une série de
capteurs qui scrutent les principales
propriétés de la feuille de papier
(humidité et masse surfacique ou
« grammage ») lors de son défilement ;
des algorithmes poussés fournissent
ensuite à la machine à papier (MAP)
les instructions de régulation du pro-
cédé.
A la mesure de l’humidité et du gram-
mage du papier s’ajoute impérative-
ment un contrôle précis de son épais-
seur pour définir la qualité du produit
final ; hélas, la fiabilité de cette mesure
n’est pas toujours au rendez-vous.
Aujourd’hui, la production
d’une simple feuille de
papier pour photocopieur
implique une incroyable
batterie de technologies.
Passé imparfait
Jusqu’à présent, la mesure de l’épais-
seur du papier était réalisée à l’aide
de capteurs à double face de contact,
qui balayent en continu la surface du
papier et enregistrent ses variations
d’épaisseur, au micron (µm) près. Le
papier est en effet rarement plan : au
microscope, sa surface a plutôt des
allures de montagnes russes ! C’est
pourquoi presque tous les papetiers
commencent par comprimer légère-
ment ces microreliefs ou « crêtes » pour
obtenir l’épaisseur résiduelle de la
feuille sur laquelle s’effectuera la
mesure.
Certaines sortes de papier posent de
redoutables défis aux éléments du cap-
teur à contact : la dégradation de la
feuille, les imprécisions de mesure et
1 Principe de la triangulation laser : la position
de la lumière réfléchie sur le récepteur varie
avec l’épaisseur de la feuille a. Pour certai-
nes sortes de papier, l’effet de rougeoiement
entraîne une incertitude de mesure b.
Détecteur
Lentille
Laser
Détecteur
Lentille
Laser
Effet de rougeoiement
Note
1) Ce constat est confirmé par d’autres spécialistes
[1,2,3].
a b