De quoi parle-t-on ? des agricultures Aperçu des différents types d’agriculture développés actuellement Des agricultures Agrobiologie (agriculture biologique) Origine et mouvement 1918, Albert HOWARD, Rudolf STEINER. Ce mouvement propose une critique radicale des modèles scientifiques, économiques et sociaux qui fondent l’agronomie scientifique et l’entrée dans la modernité de l’agriculture occidentale. Il est en quelque sorte, la combinaison des agricultures « organic » (britannique), « biodynamique » (autrichienne et allemande), « organobiologique » (helvète) ou « naturelles » (japonaise) qui se développent à différentes périodes et dans différentes régions du monde. Pratiques Concerne toutes les productions. Techniques agricoles respectueuses de l’environnement, de la santé humaine et du bien-être animal (interdiction de l’usage de produits chimiques de synthèse, associations de cultures, polyculture et polyculture-élevage, rotations culturales longues, gestion de la matière organique). Mode commercialisation originellement en circuit-court, se fait également en circuit plus long avec l’appropriation progressive par l’industrie agroalimentaire, compte tenu de la demande sociale. Agriculture biodynamique Origine et mouvement Initié par Rudolf STEINER en 1924 en Allemagne et en Autriche. Pratiques Principes, méthodes et techniques de l’agrobiologie complétées par la prise en compte de l’influence des cycles lunaires et nycthéméral ainsi que l’utilisation de préparations (bouse de corne1, silice de corne2). Ces préparations semblent influencer l’évolution du compost qui sera ensuite épandu pour vivifier le sol, influencer les cultures et lutter contre les mauvaises herbes. La ferme et toutes ses composantes ainsi que les fermiers sont considérés comme n’étant qu’un seul et même « organisme », ou écosystème vivant, qu’il convient de faire évoluer pour une production de qualité et en quantité le plus naturellement et durablement possible. Réglementation Cahiers des charges gérés par des associations. Ex : certification par le label Demeter (ou Biodyn pour les domaines agricoles en reconversion). Réglementation Acteurs système de certification par un tiers (organisme indépendants tels que Qualité France, Ecocert) ; un cahier des charges précis sur le plan technique mais pas suffisamment exigeant (on trouve aujourd’hui de grandes monocultures certifiée « AB »). Le mouvement de l’agriculture biodynamique, Demeter Acteurs Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) et son réseau, Institut Technique de l’Agriculture Biologique, Agence Bio, Fédération Nationale des Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture en Milieu Rural (FRCIVAM), IFOAM (réseau européen)… 1. Bouse de corne : confectionné à base de bouse de vache de qualité qui est introduite dans une corne puis enterrée durant la période hivernale. La bouse subit un processus de fermentation et se transforme en humus naturel. Elle est ensuite pulvérisée sur le sol et les plantes. 2. Silice de corne : élaborée à partir de quartz finement réduit en poudre qui est introduit dans une corne de vache et passée en terre durant la période hivernale. Elle est ensuite pulvérisée sur les plantes durant la période végétative. 1 De quoi parle-t-on ? des agricultures Agriculture paysanne Agriculture durable Origine et mouvement Origine et mouvement Terme appliqué à certaines agricultures, notamment celles des fronts pionnier d’Amérique du Sud. En France, expression mise en valeur politiquement et syndicalement par le syndicat minoritaire La Confédération Paysanne ainsi que par la Fédération des Associations pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural (FADEAR). Institutionnalisation en 2008 lors du Grenelle de l’Environnement comme un « mode de production agricole économiquement viable, socialement équitable, et qui ne nuit ni à l’environnement ni à la santé ». Traduit l’application à l’agriculture des principes du développement durable. Elle doit favoriser la transmission des exploitations, répartir équitablement la valeur ajoutée du producteur au consommateur, agir sur la création d’activités en milieu rural et asseoir la solidarité entre producteurs. L’agriculture paysanne implique : • De permettre à un maximum de paysan répartis sur tout le territoire de vivre décemment de leur métier, en produisant sur une exploitation à taille humaine une alimentation de saine et de qualité sans compromettre les ressources naturelles de demain (économie d’énergie, d’autonomie du système, de biodiversité domestique…) • De participer, avec les citoyens, à rendre le milieu rural vivant dans un cadre de vie apprécié par tous. Pratiques Concerne toutes les productions. Autonomie en protéines, réduction d’intrants, rotations culturales longues, gestion des pâturages, produits fermiers, entretien de l’espace rural. Réglementation C’est une démarche de progrès, elle n’est donc pas régie par un cahier des charges. Toutefois, la création de la Charte de l’agriculture paysanne3 (1998) permet au paysan de se situer par rapport au projet d’agriculture paysanne et est à disposition des politiques pour orienter leurs choix. Certains paysans utilisent l’outil de Diagnostic Agriculture Paysanne4 des fermes pour expliquer leur engagement et leurs pratiques Acteurs la FADEAR, la Confédération paysanne, la Via Campesina, les AMAP, le Réseau d’accueil Paysan… 3. Charte de l’agriculture paysanne : http://www.agriculturepaysanne.org/la-charte-de-l-agriculture-paysanne 4. Diagnostic Agriculture Paysanne http://www.agriculturepaysanne.org/les-outils-de-l-agriculture-paysanne 2 Pratiques Diversification des cultures, protection intégrée, utilisation d’engrais organiques à la place d’engrais minéraux, simplification du travail du sol, promotion des systèmes de polyculture et polyculture élevage… Réglementation Pas de cahier des charge officiel mais diagnostic réalisé à partir d’indicateurs environnementaux, sociaux et économiques (méthode IDEA : Indicateur de Durabilité des Exploitations Agricoles). Peut faire l’objet d’une marque lorsqu’il existe un cahier des charges défini par les agriculteurs eux-mêmes sur un territoire en particulier et que ce cahier des charges est reconnu par les consommateurs. Ex : marque « agriculture durable » déposée par le Réseau d’Agriculture Biologique (RAD). Acteurs Réseau d’Agriculture Durable (RAD), Fédération Nationale des Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture en Milieu Rural (FRCIVAM), Réseau Cohérence, Projet de restauration collective « les bons repas de l’agriculture durable », Centre d’Étude pour un Développement Agricole Plus Autonome (CEDAPA)… De quoi parle-t-on ? des agricultures Permaculture était régie par une certification qui fut abrogée en 2013 par la Commission Nationale de la Certification Environnementale. Origine et mouvement Acteurs Terme issu de l’expression « permanent agriculture » employée par l’agronome américain Cyril G. HOPKINS en 1910 et employé pour la première fois par Bill MOLLISON et David HOLMGREN en 1978 au lendemain du premier choc pétrolier (1971). Réseau FARRE (Forum de l’Agriculture Raisonnée et de l’Ecologie). Ce réseau est soutenu par les partenaires de l’agriculture intensive : FNSEA, Monsanto, DuPont, Union des Industries de la Fertilisation, Badische Anilin und Soda Fabrik Pratiques : à la fois une philosophie et un ensemble de méthodes de conception des cultures, des lieux de vie et de systèmes agricoles humain, la permaculture utilise des principes d’écologie, les savoirs traditionnels et les découvertes de nos sociétés afin de reproduire la diversité, la stabilité et la résilience des écosystèmes et de maintenir la fertilité naturelle de la terre. (voir : http://www.farre.org/index.php?id=50) Réglementation Aucune. Acteurs Association française de permaculture « Brin de paille », l’Université populaire de permaculture, la ferme du Bec Hellouin (Eure, Haute-Normandie)… Agriculture intégrée ou raisonnée Origine et mouvement Terme mentionné pour la première fois en 1977 dans un article intitulé « Vers la production agricole intégrée, par la lutte intégrée » publié dans le bulletin de l’OILB (1) – Organisation Internationale de Lutte Biologique et Intégrée contre les animaux et les plantes nuisibles (1977/4). Minimiser le recours aux intrants extérieurs à l’exploitation, jugés polluants et coûteux. Pratiques Méthode de lutte biologique : lutte contre les nuisibles (ravageurs de cultures, maladies, mauvaises herbes) au moyen d’organismes vivants (prédateurs, agents pathogènes, herbivore) afin réduire au maximum l’utilisation des pesticides chimiques de synthèse. Réglementation Pas de cahier des charges officiel en France. Ce concept est règlementé par l’agriculture dite raisonnée. L’agriculture raisonnée Agriculture de conservation Origine et mouvement 1920-1930 aux USA, dans le Middle West, région très touchée par le Dust Bowl (séries de tempêtes de poussière responsables de la destruction des récoltes et d’une importante érosion des sols). Essor dans les années 1990 en Amérique du Sud où la généralisation du semis-direct était rendu possible par le développement des OGM résistants au glyphosates (désherbant). L’agriculture de conservation doit permettre une meilleure rentabilité économique à long terme en réduisant le besoin en intrants (engrais, produit phytosanitaire, carburant, eau) sans les interdire pour autant. Pratiques S’inspire des systèmes forestiers (maintien du sol par un système racinaire dense, taux de matière organique élevé, sol constamment couvert…). Repose sur trois principes agronomiques : rotation des cultures et des couverts végétaux, réduction progressive voire élimination du travail du sol et du trafic sur les parcelles, restitution intégrale des résidus de récoltes à la surface du sol. Techniques : techniques sans labour (TSL), semis-direct sous couvert végétal (SCV) sans travail du sol, technique culturale simplifiée, non-incorporation des résidus de récoltes en surface, couverts végétaux en sylviculture ou entre deux cultures annuelles successives. Réglementation Aucune. Acteurs PAD, ECAF, Réseau BASE, INRA, 3 De quoi parle-t-on ? des agricultures Agriculture de précision Réglementation Origine et mouvement Aucune. Il existe toutefois une charte de l’agriculture écologiquement intensive disponible sur : Années 1980 (USA). Apparition en France en 1997. L’objectif est de contrôler les impacts environnementaux et de rationaliser les coûts de production par une adaptation fine des pratiques aux conditions du milieu à une échelle infra-parcellaire. Elle s’appuie sur un système informatique expert dont la conception et le paramétrage échappent à l’utilisateur (dépendance technologique). Critiques : La technologie (et non les savoirs locaux) est aux commandes des actes techniques ; l’investissement nécessaire exclu l’immense majorité des agriculteurs. Réglementation aucune. Acteurs Cemagref (Centre national du machinisme agricole du génie rural, des eaux et des forêts), l’INRA, lycées agricoles, CFPPA, Institut Technique des Céréales et des Fourrages. http://www.aei-asso.org/fr/la-charte-de-laei/ Acteurs Cirad, Association Agriculture Ecologiquement Intensive, ESA d’Anger Agriculture intensive Origine et mouvement Fin 19ème début 20ème. Les premières références à une agriculture chimique remonte toutefois à la seconde moitié du 17ème siècle avec la découverte du rôle des éléments minéraux pour la nutrition des plantes (Bourde, 1962). Essor au 19ème siècle, lors de la production industrielle d’engrais chimique puis surtout après la Seconde Guerre Mondiale sous couvert d’un processus de modernisation de l’agriculture en vue de nourrir les européens. Pratiques Agriculture Écologiquement Intensive Origine et mouvement Expression diffusée par le Grenelle Environnement (2008), portée et définie par des agronomes du Cirad, notamment Michel GRIFFON comme « une agriculture intensive telle que nous la connaissons mais parée des vertus de l’écologie ». L’agriculture est avant tout perçue dans sa fonction de production, les services écosystémiques sont vus comme des ressources mais leur reproduction reste subordonnée à la fonction de production. L’échelle demeure l’exploitation agricole alors que la résolution des questions sociales, économiques et environnementales implique une réflexion à des niveaux d‘organisation plus englobant (tel que le paysage). Application des principes économiques et organisationnelles de l’industrie à l’agriculture. C’est une agriculture basée sur l’utilisation de produits chimiques : engrais puis produits phytosanitaires. Réglementation Pas de certification Acteurs Irmes agroalimentaires …. Pratiques Amplification des fonctionnalités écologiques, utilisation réfléchie des nouveautés technologiques telles que les OGM 4 Document réalisé par Auxane TERTRAIS dans le cadre de son stage de master 2 ARTSEO