
RÉSUMÉ
L’économie sociale n’est pas une réalité nouvelle. Au Québec, cette notion est revenue
sur la place publique au cours de la dernière décennie, et de nombreux acteurs ont
contribué à édifier les infrastructures sociales que forme aujourd’hui l’économie sociale.
Le véritable point de départ de son développement récent fut la Marche des femmes
contre la pauvreté, en 1995. Par la suite, le gouvernement a mis en place plusieurs
politiques, mesures et programmes visant à soutenir l’économie sociale. Le Conseil du
statut de la femme (CSF) s’intègre donc au débat public dès 1995 en organisant un
colloque sur les politiques sociales et en publiant, l’année suivante, une recherche sur les
enjeux de cette économie pour les femmes. Le CSF veut aujourd’hui mesurer ce qu’il est
advenu des gisements d’emploi qui lui sont associés. Cette recherche constitue donc un
portrait du travail en économie sociale, en mettant en gros plan le secteur de l’aide
domestique où l’on retrouve majoritairement des femmes, à la fois comme travailleuses,
comme bénévoles et comme utilisatrices des services.
« L’économie sociale se révèle être une action collective, une mobilisation sociale,
inspirée par trois mobiles : les besoins socio-économiques de populations (la nécessité);
les aspirations de ces populations à une identité propre (l’identité); l’horizon partagé
d’une société démocratique et équitable (un projet de société) », énonce le sociologue
Louis Favreau. En voulant répondre à des besoins par la production et la vente de
produits ou de services, l’entreprise d’économie sociale (EÉS) poursuit l’objectif
économique d’efficacité. En associant des gens qui partagent une condition commune ou
la compréhension d’une problématique collective, l’entreprise endosse un objectif social.
Et en choisissant la façon de planifier son développement, l’entreprise se donne un
objectif politique.
Avec quelque 7 100 entreprises qui la concrétisent, le chiffre d’affaires de l’économie
sociale atteint aujourd’hui presque 4,4 milliards de dollars. Ces entreprises emploient
66 000 personnes, dont 50 000 femmes. Le secteur de l’économie sociale se compose de
trois familles d’organismes : les coopératives, les mutuelles et les associations au nombre
desquelles on retrouve les organisations communautaires autonomes et les organismes à
but non lucratif. Deux regroupements les représentent, à l’échelon national, auprès du
gouvernement. Il s’agit du Chantier de l’économie sociale et du Conseil québécois de la
coopération et de la mutualité, qui poursuivent des missions voisines, quoique
distinctes. Sur le plan régional, les coopératives de développement (CDR) regroupent, en
les soutenant, les coopératives actives sur le territoire. Quant au Chantier, il œuvre à
l’organisation d’un réseau d’antennes régionales pour relier les participants à l’économie
sociale.
Les 101 entreprises d’économie sociale en aide domestique (EÉSAD) du Québec offrent
des services d’entretien ménager légers ou lourds, d’entretien de vêtements, de
préparation des repas sans diète ou d’approvisionnement et autres courses. Ces services
prennent place en milieu résidentiel. Les usagers présentent une grande majorité des
femmes souffrant d’incapacité, âgées et vivant seules. La dimension relationnelle occupe
une place importante dans les tâches des proposées. Bien qu’elle ne soit nullement