L`histoire du muguet En France, le muguet est la fleur d`un seul jour

L’histoire du muguet
En France, le muguet est la fleur d’un seul jour, celui de la fête du Travail. Vendre du
muguet, c’est la dernière activité commerciale que tout un chacun peut exercer dans la rue en
toute liberté. Les vertus de la Convallaria Majalis sont également utilisées en Médecine
comme tonique cardiaque et comme diurétique.
Il semble que le muguet aussi appelé lys des vallées, une plante originaire du Japon,
soit présent en Europe depuis le Moyen Âge. La plante à clochettes a toujours symbolisé le
printemps et les Celtes lui accordaient déjà des vertus porte-bonheur. Le 1er mai 1561, le roi
Charles IX officialisa les choses : ayant reçu à cette date un brin de muguet en guise de porte-
bonheur, il décida d’en offrir chaque année aux dames de la cour. La tradition était née.
La fleur est aussi celle des rencontres amoureuses. Longtemps, furent organisés en
Europe des « bals du muguet ». C’était d’ailleurs l’un des seuls bals de l’année les parents
n’avaient pas le droit de cité. Ce jour-là, les jeunes filles s’habillaient de blanc et les garçons
ornaient leur boutonnière d’un brin de muguet. Le 1
er
Mai 1895, le chansonnier Mayol qui
avait été accueilli par son amie Jenny Cook avec du muguet, arbora le soir même à sa
boutonnière du muguet à la place du camélia traditionnel…
C’est le 20 juin 1889 que le congrès de la IIème Internationale socialiste, réuni à Paris
pour le centenaire de la Révolution française, décide de faire du 1er mai un jour de lutte à
travers le monde, avec pour objectif la journée de huit heures. Cette date fut choisie en
mémoire du mouvement revendicatif pour la journée de 8 heures qui avait été lancé par les
syndicats américains le 1er mai 1886 de Chicago. Une grève, suivie par 400 000 salariés,
avait paralysé de nombreuses usines. Le mouvement s’était poursuivi et le 4 mai, lors d’une
manifestation, une bombe avait été jetée sur les policiers qui ripostèrent. En avait résulté une
dizaine de morts, dont 7 policiers et s’en était suivi la condamnation à mort de cinq
anarchistes.
Dès 1890, les manifestants arborent un triangle rouge symbolisant leur triple
revendication : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs. Cette marque est
progressivement remplacée par une fleur d’églantine, puis en 1907 par un brin de muguet, ce
qui annonce son grand retour... Et le 24 avril 1941, en pleine Occupation allemande, le 1er
mai est officiellement désigné comme la fête du Travail par le gouvernement de Vichy qui
espérait rallier les ouvriers. Le jour devient chômé. En avril 1947, la mesure est reprise par le
gouvernement issu de la Libération, mais celui-ci faisant du 1er mai un jour férié et payé.
Son arrivée sur Martillac
Il y a toujours eu du muguet à Martillac. Naguère, les brins poussaient naturellement
autour des maisons et les Martillacais n’hésitaient pas à les vendre au marché des Capucins ou
place de la Victoire. Des négociants parisiens l’achetaient et le revendaient aux Halles de
Paris, à l’exemple des producteurs Hollandais. Roger Duprat mis au courant monta à la
capitale pour s’apercevoir que la vente y était plus importante que sur Bordeaux. Il réalisa
aussi que les sols sablonneux de Martillac convenaient aux plantations de muguet. Cette
plante aime en effet les sols légers l’eau ne stagne pas, ce qui est le cas des terres de
graves. Vers 1962, avec un autre pionnier, Hervé Mourisset (son fils Alain a pris la relève à
la tête des Etablissements horticoles Mourisset), ils forment chacun une exploitation. D’abord
culture de complément, la culture du muguet est devenue une monoculture. Pour surmonter
la crise du maraîchage dans les années 1970, sur leur exemple, de vastes serres fleuriront entre
les lotissements.
Puis la profession s’organise. En 1987, Roger Duprat crée un G.I.E. (Groupement
d’Intérêt Economique) qui sous la présidence actuelle de Marie-Claude Miailhe regroupe 10
exploitations locales qui font vivre 60 personnes sur la commune. Il apporte une
reconnaissance au niveau national du muguet labellisé Muguet de Bordeaux, mais les
exploitants restent autonomes pour vendre leur propre production. En 1996, la société de
gestion du M.I.N. (Marché d’Intérêt National) de Rungis, la SEMMARIS, a failli interdire
la vente directe aux producteurs de muguet bordelais qui voulaient attaquer en justice la
société. Ils ont adhéré en 1994 à Rungis Fleurs Production, association qui unit une centaine
d’horticulteurs français : ils disposent ainsi d’un emplacement de vente qu’ils financent à
l’année mais qu’ils n’utilisent que 3 jours par an. Ils vendent aux grossistes qui exercent à
Rungis qui revendent aux fleuristes ou aux vendeurs de rue. Mais ces derniers peuvent aussi
s’approvisionner directement auprès des producteurs.
En 1987, c’est la reconnaissance locale : un brin de muguet est inclus dans le blason
de la Commune au même titre que le pampre de la vigne. En 1993, un nouveau lotissement
prend le nom de « Hameau du Muguet ». Enfin, le 1
er
mai 2006 l’office municipal Sport
Loisirs Culture de Martillac organise la première fête du muguet.
Le travail d’exploitation du muguet
Le principal est qu’il faut être prêt pour le 1
er
mai, pas après et surtout pas avant. Il
s’agit donc d’une gestion tournante :
- Première année : plantation d’une griffe (nom donné au rhizome du muguet). Au bout de 12
mois, elle ne donne qu’une petite feuille. D’octobre à mars ou de novembre à février, afin de
multiplier les griffes, on les divise.
- Deuxième année : toujours pas d’arrachage. La fleur possède 2 ou 3 clochettes.
- Troisième année : c’est l’année de la production florale, sachant que la floraison se réalise
la nuit et pas le jour. La fleur arrive à maturité fin avril et est prête pour la cueillette.
Le trie est toujours un travail de dernière minute et demande des roulements par équipe.
Pendant qu’une équipe ramasse, l’autre est au hangar de trie pour la confection des bouquets.
Puis c’est le va-et-vient des camions frigorifiques qui viennent prendre livraison des pots et
des bouquets.
De mai à juin, on replante à la main les griffes.
Entre septembre et fin décembre, on pratique l’arrachage. Les gros yeux serviront aux
horticulteurs pour faire du muguet en pot vendu aux fleuristes. Ils sont gelés dans des
entrepôts frigorifiques à – 3° ou – 4° jusqu’à la livraison s’il le faut. A la demande, on sort les
griffes des frigos pour les réchauffer à une température moyenne de 20° pendant 3 ou 4 jours.
Les petits yeux serviront à la replante pour de nouvelles griffes.
- Dernière année : la 4
ème
ou 5
ème
année d’une griffe sert à tirer ses feuilles qui garniront
d’autres bouquets.
La culture a quelquefois lieu à champ ouvert mais plus généralement sous serre, afin
d’éviter les aléas des intempéries et des saisons. Quand il fait trop chaud, il faut ventiler les
plants en relevant la base plastifiée des serres. S’il fait froid, les tunnels sont arrosés pour
empêcher la température de descendre en-dessous de 0°. Cela permet également de surveiller
plus facilement les maladies cryptogamiques.
Il y a deux variétés de muguet : le muguet de Bordeaux de souche nantaise et le fortin de
souche allemande. Mais pour se démarquer de Nantes, les exigences du muguet bordelais se
basent sur la qualité de la fleur qui s’évalue au nombre de clochettes (17 au minimum), à la
robustesse de la tige de 20 cm et à la présence de quelques clochettes vertes. Le muguet de
Bordeaux est donc plus grand et plus costaud que celui de Nantes…
En 1996, les producteurs martillacais réalisaient un chiffre d’affaire global de 15
millions de francs en employant une centaine de salariés. La commune de Martillac produit
aujourd’hui 20 % de la production nationale, derrière la région de Nantes et ses 80 %. En
2002, on produisait seulement 10 % sur la capitale du muguet contre 90 % dans le pays
nantais. Annuellement, cela représente 5 millions de tiges de muguet en Gironde contre 60
millions en Loire-Atlantique.
En 2009, le brun de muguet premier prix part pour 20 centimes et peut se revendre entre 50
centimes et 2 euros. Une botte de 50 brins oscille entre 14 et 18 euros. Mais les prix
dépendent de l’importance de la production.
Les producteurs martillacais
- La S.C.E.A. de La Salle, entreprise Duprat et Miailhe (Claude Miailhe est le neveu de
Roger Duprat, il a commencé en cultivant du vin, des tomates et des pommes de terre, mais il
a préféré se tourner vers la monoculture du muguet), depuis 1958 environ par un frère et sa
sœur. En 2009, ce sont les frères Ghislain et Julien Miailhe qui la gèrent. La pousse est forcée
sous des tunnels de 5 mètres avec couverture blanche opaque et système d’arrosage. La
société dispose d’une chambre froide de 3000 m2 pour stocker sa production. Elle emploie 10
salariés à temps complet (40 saisonniers pour les 4 mois d’hiver) et embauche 300 personnes
saisonnières pour la préparation de la griffe, la cueillette et la préparation du muguet, ainsi
que la plantation des nouvelles cultures. Surface cultivée de 20 ha dans les communes de
Martillac et Saint-Médard d’Eyrans. On compte 1 million de plans par ha et on récolte entre
80 et 100 griffes au mètre. Ils alimentent les marchés internationaux tout au long de l’année
vers la Scandinavie, l’Allemagne, le Japon, etc.
- Exploitation Guillot vers 1992 : Sandrine et Pierre Guillot ont appris les techniques auprès
des autres producteurs.
- Jean-Louis Gomez et sa femme Christine : sa propriété marque la frontière entre les vignes
de Simth-Haut-Lafitte et de Haut-Brion. En 2000 : 45 tunnels produisent 500000 brins sur les
10000000 qui poussent annuellement sur Martillac. Une machine automatique de 100000 f
pour trier les brins (10000 brins par heure). Produit également des chrysanthèmes.
- Jean-Pierre Leymarie : ses arrières-grands-parents en cultivaient déjà, puis ses grands-
parents et ses parents. « Après mon service militaire, il y a une vingtaine d’années, j’ai
agrandi la propriété et je m’y suis mis aussi » (Sud-Ouest, 25 avril 1995). Il a repris
l’exploitation familiale, propriétaire-exploitant du Château Lafargue et du Château Haut de
Domy, premier adjoint de la Commune de Martillac. Sa particularité était qu’il continue à
côté de cultiver la vigne. Aujourd’hui, il a abandonné le muguet. 28 avril 2000 : « Au départ,
je ne faisait que du muguet et un peu de légumes. Mon père, lui, avait toujours été agriculteur.
Lorsqu’il eut des ennuis de santé, il arrêta son activité et je lui ait succédé. Mais à cette
époque-là, le vin ne rapportant pas autant qu’aujourd’hui, j’ai gardé la culture du muguet ». 6
employés à l’année et 40 saisonniers au mois d’avril, pour un peu plus d’1 ha.
10 juillet 2000 : Jean-Pierre Leymarie et Christian Pitangue constituent la société civile
S.C.E.A. Jeachris Muguet (5, impasse de Domy, Martillac) pour la culture et la
commercialisation du muguet.
Horticulteurs sur Martillac :
- Jacques Dubern (successeur de son père) : 05.56.72.76.61
- Louis Gomez : 05.56.72.70.69
- Sandrine Guillot : 05.56.72.77.83
- Michel Labouhume : 05.56.72.76.57
- Claude Miailhe : 05.56.72.71.23
- Hervé et Alain Mourisset (père de Chantal, sourd) : 05.56.72.71.51
- Michel Nouhaux : 05.56.72.74.49
Ailleurs : à Léognan, Guillaume Destang depuis 1975 environ, Monsieur Claverie
(suicidé) ; Muguet Castaing à Cadaujac (chemin de la Morelle).
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