FEMMES ENCEINTES ET NOUVELLES CONSOMMATIONS
17ème Journée MAT’AB – Lyon, le 12 juin 2014 5/51
INTRODUCTION
Jean-Louis
TOURAINE
Professeur de
médecine
Député du Rhône
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Je voudrais d’abord remercier l’Institut Rhône-Alpes
Auvergne de Tabacologie pour l’invitation et
l’organisation de cette importante journée. Comme l’a
indiqué Mme Anne-Sophie RONNAUX-BARON, la
fusion des régions Rhône-Alpes et Auvergne est une
anticipation sur l’évolution territoriale pour cette cause
prioritaire qu’est la lutte contre le tabagisme, en
particulier chez les femmes enceintes. C’est une cause
majeure, la première de santé publique en France.
Comme vous devez le savoir, dans notre pays, le
tabagisme est la première cause de décès évitable
avec 73 000 morts par an, soit 20 fois plus que les
accidents de la route. Le sujet est donc d’importance
même si on en parle beaucoup moins.
En France, la cause du tabagisme est née durant le
XXe siècle. Auparavant, le nombre de fumeurs était si
faible que le tabagisme ne représentait pas un
problème de santé publique mais, dès la deuxième
moitié du XXe siècle, le tabagisme et ses méfaits se
sont développés à un niveau considérable. Dans un
certain nombre de décennies, le monde parviendra
sûrement à s’exonérer de ce poison plus grave que
tous les autres, puisqu’un fumeur sur deux meurt de
son tabagisme.
Lorsque le monde se sera libéré de ce grave poison,
on ne comprendra certainement pas pourquoi il a été si
difficile, si long et si laborieux d’arriver à en sortir. On
accusera peut-être les autorités de notre temps de ne
pas avoir déployé tous les moyens, l’énergie et les
efforts possibles pour atteindre un objectif évident :
protéger les humains de cette cause de mortalité et de
morbidité considérable.
Aujourd’hui, nous allons parler du sujet le plus
important, de priorité absolue : le tabagisme chez la
femme enceinte. La France doit rougir, avoir honte,
d’être la lanterne rouge de l’Europe puisque c’est la
France qui enregistre le taux le plus élevé de femmes
enceintes fumeuses. Je n’ai pas besoin de vous en
décrire les conséquences pour l’enfant, la mère et tout
ce qui entoure la grossesse, vous les connaissez aussi
bien que moi.
Malgré tous les efforts déployés, je tiens à louer celles
et ceux d’entre vous qui, au quotidien, essaient de faire
reculer ce grave fléau. J’ai conscience de toute
l’énergie que vous déployez et des difficultés que vous
rencontrez pour ce faire. C’est grâce à vous que la
malédiction du tabagisme chez la femme enceinte
commence légèrement à reculer en France qui, je le
répète, est le pays européen le plus en retard dans
cette évolution.
Depuis quelques décennies, un effort d’analyse, de
réflexion et de recherche a été entrepris mais il
demande à être complété car faire arrêter de fumer
une femme enceinte n’est pas toujours facile. La
démarche est différente pour une jeune femme de 18-
19 ans et une femme de 38 ans ; la démarche est
différente pour une personne dont les conditions socio-
économiques sont favorisées et une personne en
situation de précarité ; la démarche est différente si le
mari ou le compagnon est fumeur ou non-fumeur. Pour
appréhender la problématique du tabagisme chez la
femme enceinte, il faut connaître et étudier ces
différents paramètres, y compris les aspects
psychologiques. Parce que nous sommes tous
responsables à des degrés différents, nous devons
développer des moyens supplémentaires pour
atteindre cet objectif. C’est précisément le sujet que
vous allez étudier au cours de cette journée.
Bien que je n’aie pas la prétention d’en
savoir autant que beaucoup d’entre vous
qui êtes chaque jour sur le
terrain et même si nul
n’est besoin de vous en
convaincre, je veux
évoquer ici la nécessaire
détermination que nous
devons tous avoir ; je tiens
à vous transmettre le
besoin de faire rayonner
cette cause autour de
vous comme une priorité
au sein de la société. Pour
ce faire, il faut associer à
la démarche :
Evaluation globale du tabagisme actuel entre 1975 et 2010
Source CFES puis INPES