Le Luxembourg se présente ı Le Luxembourg à travers les siècles

Le Luxembourg se présente ı Le Luxembourg à travers les siècles
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Le poids de L’histoire
Les origines du Luxembourg moderne remontent à de grands traités internationaux, le
congrès de Vienne (1815) et le traité de Londres, dit des XXIV articles (1831), renouvelé
par un autre traité de Londres en 1839 et enfin un dernier traité de Londres en 1867.
On le devine, le Luxembourg est une création des puissances européennes, une création
qui, faisant preuve d’une vitalité étonnante, pourra se maintenir sur une longue durée.
Le congrès de Vienne avait élevé l’ancien duché de Luxembourg, annexé en 1795 à
la France révolutionnaire sous le nom de département des Forêts, au rang de Grand-
Duché et lui avait donné le statut d’un État souverain, lié au nouveau Royaume des
Pays-Bas (anciens Pays-Bas autrichiens, principauté de Liège et Provinces-Unies) en
union personnelle: Guillaume Ier d’Orange-Nassau était roi des Pays-Bas et Grand-Duc
du Luxembourg. Le nouveau Grand-Duché de Luxembourg avait été attribué aux
Orange-Nassau comme patrimoine en compensation de biens familiaux en Rhénanie,
cédés à la Prusse. En même temps, le Grand-Duché devient membre de la nouvelle
Confédération germanique, une ligue d’une quarantaine d’États qui pouvaient faire
barrage à la France. La ville de Luxembourg devient une forteresse fédérale avec une
garnison prussienne.
Le statut international de ce Grand-Duché est donc bien complexe et cette complexité
même prouve que ce nouvel État échappe aux calculs de la diplomatie européenne. Il
est bilingue, car la frontière linguistique le coupe en deux selon une ligne est-ouest, la
partie occidentale étant francophone et la partie orientale germanophone. En fait, on y
parle des dialectes, c’est-à-dire le wallon et le luxembourgeois (Lëtzebuergesch). Dans
l’administration locale, on utilise le français ou l’allemand selon l’appartenance linguis-
tique, alors que dans l’administration centrale (gouvernement, assemblée, justice),
établie dans la capitale, elle-même située dans le quartier germanophone, la préférence
est accordée au français. Avec le mouvement des nationalités aux XIXe et XXe siècles, les
questions linguistiques vont prendre une grande importance.
Tant la création de l’État que l’élaboration de son statut sont octroyées aux Luxem-
bourgeois qui laissent faire. L’État précède la formation de la nation. Voilà qui explique
que les Luxembourgeois acceptent sans broncher que leur souverain, le roi grand-duc
Guillaume Ier, traite son Grand-Duché comme une simple province de son Royaume
des Pays-Bas. Les conséquences en seront graves. Les provinces du sud, c’est-à-dire
belges et catholiques, supportent mal la domination de celles du nord, hollandaises et
protestantes, et se soulèvent en 1830. Les Luxembourgeois se joignent à la Révolution
belge, car ils n’ont aucune raison d’être attachés à leur souverain. Les puissances
européennes, réunies à Londres, tranchent dans le vif en séparant Belges et Hollandais
Le LUXeMBoUrg se présente
1 // En 963, le comte Sigefroi érige un château féodal et pose la
première pierre de la future ville et du nouveau comté
2 // Autrefois appelée «Gibraltar du Nord», la forteresse de la
ville de Luxembourg, avec son réseau souterrain de casemates,
fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco
3 // Les fortifications de la ville de Luxembourg en 1868, peu
avant leur démantèlement. Les Prussiens furent les derniers
à entreprendre d’importants travaux d’agrandissement.
4 // Départ de la garnison prussienne de Luxembourg,
après le traité de Londres en 1867
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Le LUXeMBoUrg à travers Les siècLes
(traité des XXIV articles, 1831). Que faire du Luxembourg? C’est la première, mais pas la
dernière fois qu’elles se trouvent devant une «question luxembourgeoise». La Belgique
le revendique, s’appuyant sur la volonté des intéressés. Guillaume Ier, se rappelant un
peu tard que le Grand-Duché est un État à part, entend le garder. La conférence
de Londres décide de couper le Luxembourg en deux. La partie occidentale franco-
phone ira à la Belgique, tandis que la partie orientale continuera à former le Grand-
Duché, c’est-à-dire ce qui en reste: 2 586 km² avec 170 000 habitants. L’obstruction de
Guillaume Ier empêche l’application de cette partie du traité de 1831 jusqu’en 1839
(nouveau traité de Londres).
La grande question en 1839 tourne autour de la viabilité de ce très petit État. Les puis-
sances n’y croient guère, ne voyant dans la solution de la question luxembourgeoise
qu’un simple expédient. Les Luxembourgeois n’y croient pas non plus. Ils ont du mal à
s’imaginer un véritable État, c’est-à-dire sépades autres, réduit à lui-même. L’expérience
du passé ne les y a pas préparés.
Depuis la fin du Moyen Âge, le duché de Luxembourg était incorporé dans la confédé-
ration des Pays-Bas (espagnols d’abord, autrichiens ensuite) avec deux annexions passa-
gères à la France de Louis XIV (de 1684 à 1697) et à celle de la Révolution et de l’Empire
(de 1795 à 1814). De 1815 à 1830, il était de fait intégré dans le Royaume des Pays-Bas et
de 1830 à 1839 dans celui de la Belgique. En 1839, les Luxembourgeois protestent contre
le partage de leur pays. Les yeux braqués sur cet horizon des (anciens) Pays-Bas auquel
ils sont habitués, ils auraient préféré rester unis à la Belgique.
Les défis à reLever
Ce sont, en fait, les puissances européennes qui mettent les Luxembourgeois au pied du
mur en leur imposant cet État. Ils y prennent goût assez rapidement et s’y attacheront.
Si en 1839, la séparation d’avec la Belgique les avait chagrinés, vingt ans plus tard, ils
feront du refrain d’un chant de circonstances, le Feierwon composé pour l’inaugura-
tion de la gare de Luxembourg en 1859 –, leur devise nationale: Mir wëlle bleiwen, wat
mir sinn («nous voulons rester ce que nous sommes»).
Passons en revue les facteurs favorables et défavorables à la naissance d’un sentiment
national et à la survie de leur État.
>>
Le bâtiment qui abrite l’actuel ministère des Affaires étrangères
a été construit à l’époque de la domination autrichienne
Double page suivante // Entourée des vestiges de la
forteresse de la ville de Luxembourg, l’ancienne abbaye
Neumünster abrite un centre culturel de rencontre
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