2. Ce livre s’adresse autant aux passionnés d’histoire qu’aux lycéens ou collégiens : y figurent notamment les cinquante-deux dates que tout élève de troisième doit connaître à sa sortie du collège. 3. Chaque date est traitée sous forme d’une fiche de synthèse claire, précisant les données essentielles de l’événement présenté, ainsi que son contexte ou ses causes profondes. 4. Ce livre fourmille d’anecdotes peu connues : par exemple, savez-vous que 1515, une des dates que tout le monde connaît, fut avant tout une création médiatique du XIXe siècle ? LES AUTEURS Dominique LE PORS, professeur agrégé, après avoir animé plusieurs classes du Patrimoine, a en charge l’enseignement d’histoire et de géographie dans la section européenne d’un lycée d’Angers. Jean-Christophe TEMPLÉRAUD enseigne l’histoire et la géographie dans un collège de zone d’éducation prioritaire (ZEP). Il est membre de l’association des Amis de la Fondation pour la mémoire de la Déportation. Dix mille ans d’histoire dans la poche ! 9 782909 couv-histoire.pmd ISBN 2-909051-28-5 Prix : 8 € 0512 8 4 1 D. Le Pors - J.-C. Templéraud 1. Ce livre présente les principales dates de l’histoire de France et du monde, de l’apparition de l’agriculture (au VIIIe millénaire avant J.-C.) à l’élargissement de l’Europe en 2004. D. Le Pors - J.-C. Templéraud L’histoire cent dates L’histoire cent dates L’histoire cent dates Le Polygraphe, éditeur 4 bonnes raisons de consulter Illustrations : Pascal Jousselin le Polygraphe, éditeur 14/02/2005, 11:40 2. Ce livre s’adresse autant aux passionnés d’histoire qu’aux lycéens ou collégiens : y figurent notamment les cinquante-deux dates que tout élève de troisième doit connaître à sa sortie du collège. 3. Chaque date est traitée sous forme d’une fiche de synthèse claire, précisant les données essentielles de l’événement présenté, ainsi que son contexte ou ses causes profondes. 4. Ce livre fourmille d’anecdotes peu connues : par exemple, savez-vous que 1515, une des dates que tout le monde connaît, fut avant tout une création médiatique du XIXe siècle ? LES AUTEURS Dominique LE PORS, professeur agrégé, après avoir animé plusieurs classes du Patrimoine, a en charge l’enseignement d’histoire et de géographie dans la section européenne d’un lycée d’Angers. Jean-Christophe TEMPLÉRAUD enseigne l’histoire et la géographie dans un collège de zone d’éducation prioritaire (ZEP). Il est membre de l’association des Amis de la Fondation pour la mémoire de la Déportation. Dix mille ans d’histoire dans la poche ! 9 782909 couv-histoire.pmd ISBN 2-909051-28-5 Prix : 8 € 0512 8 4 1 D. Le Pors - J.-C. Templéraud 1. Ce livre présente les principales dates de l’histoire de France et du monde, de l’apparition de l’agriculture (au VIIIe millénaire avant J.-C.) à l’élargissement de l’Europe en 2004. D. Le Pors - J.-C. Templéraud L’histoire cent dates L’histoire cent dates L’histoire cent dates Le Polygraphe, éditeur 4 bonnes raisons de consulter Illustrations : Pascal Jousselin le Polygraphe, éditeur 14/02/2005, 11:40 Jean-Christophe Templéraud Dominique Le Pors L’Histoire cent dates Illustrations : Pascal Jousselin Le Polygraphe, éditeur 8 Les historiens ont l’habitude d’utiliser des chiffres romains pour distinguer les rois et les siècles. Par exemple : Louis XIV est le 14e roi du nom de Louis. Pour nommer les siècles, on ajoute « 1 » au nombre de siècles d’une date. Par exemple : 802 (8 siècles + 1) appartient au IXe siècle et 1492 (14 siècles + 1) appartient au XVe siècle. Le XVIIIe siècle comprend les années de 1701 à 1800. De même pour les millénaires : nous sommes entrés dans le IIIe millénaire depuis le 1er janvier 2001. Les chiffres romains, de 1 à 20 1 ............................ I 2 ........................... II 3 .......................... III 4 .......................... IV 5 .......................... V 6 .......................... VI 7 ......................... VII 8 ........................ VIII 9 .......................... IX 10 ........................ X L’année 0 n’existe pas ! En 532, il fut décidé de prendre comme repère chronologique l’année de naissance du Christ. Un moine, Denys Le Petit, calcula que l’an 1 commençait le huitième jour avant les calendes (premier jour du mois) de janvier de l’an 753 du calendrier romain. On sait aujourd’hui qu’il s’est trompé de quel- 11 ........................ XI 12 ....................... XII 13 ...................... XIII 14 ..................... XIV 15 ...................... XV 16 ..................... XVI 17 ..................... XVII 18 .................... XVIII 19 ..................... XIX 20 ...................... XX ques années : le Christ est né sans doute plus tôt (voir : Ier siècle, début du christianisme). Le zéro n’a pas été utilisé comme point de départ car il était inconnu en Occident au VIe siècle : les musulmans nous l’ont transmis plus tard avec les chiffres dits « arabes » (ceux que nous utilisons), empruntés aux Indiens. Notre calendrier : de Jules à Grégoire En 46 av. J.-C., César fit venir d’Alexandrie l’astronome grec Sosigène pour réformer le calendrier romain (355 jours). L’astronome suggéra d’utiliser le système égyptien (365 jours) et d’y ajouter une journée tous les quatre ans (une année : 365,25 jours) placée le sixième jour (sextus) avant les calendes de mars (le 24 février). Ce jour devint le sixième jour bis. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, cette année de 366 jours est appelée « bis-sextile ». En réalité, une année solaire correspond à 365,2422 jours (soit un jour de plus tous les 128 ans). Au cours des siècles, cette petite erreur a créé un vrai décalage. Pour le rectifier, en 1582, le pape Grégoire XIII décida de supprimer dix jours : c’est pourquoi Thérèse d’Avila mourut dans la nuit du 4 au 15 octobre 1482 ! L’Angleterre n’appliqua cette réforme qu’en 1752, ce qui provoqua des manifestations de colère : les gens pensaient que le gouvernement voulait leur voler des jours de salaire. La Russie a adopté ce calendrier en 1918. Dans le système grégorien, aucune année de fin de siècle n’est bissextile, sauf si elle est divisible par 400. Ainsi, 1900 ne l’était pas, mais 2000 le fut. Dorénavant, on ne perd un jour que tous les 3 333,33 ans, ce qui affecte peu le cours de l’Histoire ! 9 Fin de la Préhistoire, début de l’Histoire IVe millénaire av. J.-C. : naissance de l’écriture Vers 3500-3000 av. J.-C., naissance de l’écriture en Mésopotamie Mésopotamie Tigre Mer Méditerranée Ourouk Euphrate Nil e ug Ro er M Égypte 12 Le développement de l’agriculture, de l’élevage et des villes engendre une société plus complexe. Sur des tablettes d’argile, les comptables tracent des dessins symbolisant un animal ou une marchandise (pictogrammes) et des encoches afin de recenser de manière précise tous les biens. Ce système de signes aurait donné naissance à l’écriture. Le document le plus ancien, retrouvé à Ourouk dans le pays de Sumer, daterait de 3300 av. J.-C. L’évolution de l’écriture cunéiforme Pour son travail, le scribe sumérien utilisait une tige de roseau : un calame. Pour gagner du temps, la tige fut taillée en biseau afin de l’enfoncer dans l’argile. L’empreinte ainsi obtenue, en forme de coin ou de clou (cuneus en latin), a donné son nom à la première écriture connue : l’écriture cunéiforme (plus de 1 500 pictogrammes primitifs, puis environ 2 000 signes). L’apprentissage, long et difficile, était réservé aux enfants de familles riches. Les Mésopotamiens nous ont transmis de nombreux textes. Un des épisodes de l’Épopée de Gilgamesh, celui du Déluge, a été évoqué dans la Bible deux mille ans plus tard (voir : IIe-Ier millénaires av. J.-C., le temps de la Bible). Fin de la Préhistoire, début de l’Histoire Vers 3000 av. J.-C. en Égypte, les hiéroglyphes (du grec hieros, « sacré », et gluphein, « graver ») Les Égyptiens qualifiaient les hiéroglyphes de Medou Neter, « paroles sacrées » ou « divines » : selon la tradition, c’est Thot (dieulune à tête d’ibis) qui en fit don aux hommes. Seuls les scribes et les prêtres les utilisaient. La majorité de la population était analphabète. D’environ 700 signes au début du IIIe millénaire, on passe à plus de 5 000 sous l’occupation romaine. Sur le papyrus, les scribes utilisent une écriture cursive, plus rapide à tracer, dite hiéraLe texte de la pierre de Rosette, tique. Vers 650 av. J.-C., se dévequi permit à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes en 1822, loppe une écriture cursive plus est gravé en hiéroglyphes, en siclaire, où les lettres sont liées gnes démotiques et en grec. entre elles : l’écriture démotique (ou populaire). Les premiers alphabets Aux XIVe-XIIIe siècles av. J.-C., des alphabets cunéiformes (environ 30 signes) sont attestés à Ougarit (Syrie actuelle). Puis apparaissent des alphabets linéaires, plus simples à tracer. Au XIIe siècle, un alphabet de 22 lettres est utilisé dans plusieurs villes de Phénicie. Vers le IXe siècle, les Grecs adoptent ces signes, consonantiques, et créent le premier véritable alphabet, en y ajoutant des signes pour les voyelles. Repris vers 700 av. J.-C. par les Étrusques, l’alphabet grec donne naissance au VIIe siècle à l’alphabet latin, le nôtre. Cartouche du pharaon Ramsès II, temple de Louxor. Le cartouche symbolise l’Univers, sur lequel règne le pharaon dont le nom est inscrit à l’intérieur. 13 Antiquité 334 av. J.-C. : le début des conquêtes d’Alexandre le Grand Macédoine Thèbes Issos Babylone Alexandrie L‘Indus 24 Alexandre III à la conquête de l’Orient Son père, Philippe II de Macédoine, assassiné en 336, rêvait d’unir les Grecs contre les Perses. Alexandre devient roi à 20 ans. Des cités grecques, alors sous contrôle macédonien, tentent de se soulever ; il rase Thèbes en guise d’avertissement. Dès 334, il mène Grecs et Macédoniens à l’assaut de l’empire perse. Il « libère » les cités grecques d’Asie mineure et oblige en 333, dans la plaine d’Issos, le Grand Roi Darius III à fuir, malgré un rapport de forces favorable aux Perses : 30 000 Macédoniens contre plusieurs centaines de milliers de soldats perses ! Alexandre conquiert un immense empire, de l’Égypte à l’Inde. Son armée, exténuée par huit ans de conquêtes, réclame le retour : pour laisser trace de son passage, Alexandre fait construire des autels gigantesques sur les rives de l’Hyphase, un affluent de l’Indus. Le 10 juin 323, il meurt à 33 ans, terrassé par la fièvre (peut-être la malaria), à Babylone, toujours invaincu. Antiquité Alexandre III de Macédoine dit « le Grand » (356-323 av. J.-C.) La famille de son père prétend descendre d’Héraclès et celle de sa mère d’Achille. Le philosophe Aristote dirige son éducation. À 13 ans, Alexandre dompte Bucéphale, le fougueux cheval qui le suivit dans toutes ses campagnes. Adepte des orgies, il se laisse parfois submerger par la colère (il tuera son ami Cleitos). De ses amours, on lui connaît trois épouses et surtout son ami Héphaïstion. En Égypte, il prend le titre de pharaon. De Mésopotamie, il adopte la proscynèse (les gens se prosternent devant lui), acte d’allégeance et d’adoration. Un immense mais fragile empire Pour administrer son empire, Alexandre fidélise les élites des pays conquis en conservant les administrations existantes, les divinités locales et les temples. Mais il place des Macédoniens aux postes clés. Par des mariages, il crée des alliances. Son armée s’orientalise mais demeure dirigée par des généraux grecs ou macédoniens. Selon Plutarque, il a fondé plus de 70 villes. On en connaît une trentaine, et 25 se nomment Alexandrie. Il unit culture grecque et culture orientale ; l’hellénisme se développe, mais son empire ne lui survit pas. Alexandrie d’Égypte Fondée par Alexandre en 331 av. J.-C., elle devient la ville la plus peuplée du monde antique moins de deux siècles après, avec un million d’habitants. Cosmopolite, elle attire et rayonne, avec son phare (l’île de Pharos), son musée, sa bibliothèque… On y calcule pour la première fois la circonférence de la Terre. 25 Antiquité 52 av. J.-C. : victoire de César sur Vercingétorix à Alésia La guerre des Gaules 26 En 58 av. J.-C., César entre en Gaule à l’appel des Éduens, un peuple gaulois de la région d’Autun allié de Rome, qui subissent Alésia? Avaricum les migrations helvètes. Il utilise cette camBibracte pagne militaire pour accroître son prestige Gergovie en conquérant de nouveaux territoires. Génie militaire et diplomate, il se sert des discordes et des rancœurs entre les tribus. Début 52, estimant la Gaule pacifiée, il rentre en Italie. Les Carnutes (Gaulois établis entre la Seine et la Loire) se soulèvent et déclenchent une insurrection générale qui voit l’émergence d’un jeune chef, Vercingétorix. César reprend les villes du centre et Avaricum (Bourges). Vercingétorix se replie en Auvergne. Les légions romaines sont victorieuses dans le Bassin parisien mais César est vaincu à Gergovie (près de Clermont-Ferrand). Il reprend l’avantage et contraint le chef arverne à se réfugier à Alésia. Le siège d’Alésia César entoure la place forte gauloise, l’oppidum, d’un double mur (fortifications de 40 km) renforcé de pièges. Affamés, les Gaulois attendent l’armée de secours, qui tarde à venir. Après un long siège et de nombreux combats, Vercingétorix se rend. Un an plus tard, les dernières oppositions gauloises sont réduites, la Gaule est devenue romaine. Nos ancêtres les Gaulois ? La Gaule, riche et largement cultivée, s’étend du Rhin jusqu’au nord de l’Italie. Le travail des métaux y est très répandu. Les peuples celtiques assimilés aux peuplades issues du néolithique forment le peuple gaulois, composé de nombreuses tribus. Dans ce monde brillant qui souffre de dissensions internes, les cavaliers et les druides forment l’élite. Il s’est romanisé rapidement pour former un territoire gallo-romain. Antiquité Vercingétorix, un personnage symbolique Son nom signifierait en celte « roi des grands guerriers ». Né vers 75 av. J.-C., il appartient à l’aristocratie arverne. À partir de 57, il s’engage dans l’armée puis s’enrôle dans la cavalerie auxiliaire gauloise qui appuie César. Début 52, il rejoint les tribus révoltées avant d’être élu chef des armées gauloises à Bibracte, la capitale des Éduens. Il pratique la tactique de la terre brûlée afin d’empêcher les Romains de s’approvisionner. Pris au piège à Alésia, il se rend seul à César qui le ramène à Rome pour son triomphe. En 46 av. J.-C., il est étranglé en prison. Vercingétorix entre dans l’histoire de France au XIXe siècle : son sacrifice et son échec à Alésia le transforment en martyr, victime de la désunion et de la discorde. Napoléon III fait ériger en 1865 une statue de sept mètres de haut sur le site présumé d’Alésia. Jules César, fondateur de l’Empire ? Caius Julius Caesar est né à Rome sans doute en 101 av. J.-C., dans une famille patricienne prétendant descendre d’Énée. Habile politique, il gravit les échelons vers le pouvoir en veillant toujours à se concilier le peuple. Vers 50 av. J.-C., il franchit le Rubicon – une rivière marquant la frontière entre l’Italie et la Gaule cisalpine – en disant « Alea jacta est » (« Le sort en est jeté »), et marche sur Rome, déclenchant quatre ans de guerre civile. Il poursuit son rival, Pompée, jusqu’en Égypte où il donne le trône à Cléopâtre. Maître du monde méditerranéen, il gouverne en souverain absolu sans jamais sortir du cadre des institutions républicaines. César entreprend de vastes et ambitieuses réformes. Nommé dictateur et censeur à vie, il est soupçonné d’aspirer à la royauté ; quelques sénateurs le font assassiner : Brutus, que César estimait, fervent républicain, fut de ceux qui le poignardèrent en mars 44 av. J.-C. Mémorialiste et propagandiste, César laisse une œuvre littéraire sobre et pure par son style. Son petit-neveu, Octave, qu’il avait adopté, en s’appuyant sur ses réformes, devient en 27 av. J.-C. le premier princeps romain (empereur) et prend le titre d’Augustus. 27 Moyen Âge 1337-1453 : la guerre de Cent Ans Un problème de succession chez les rois de France L‘Écluse Azincourt Calais Rouen Crécy Brétigny Orléans Domrémy Bourges Poitiers Charles IV le Bel meurt en 1328, sans descendance mâle. Sa sœur, Isabelle, réclame le trône pour son fils Édouard III, roi d’Angleterre. Les barons français choisissent Philippe de Valois, cousin germain du roi défunt, en vertu de la loi dite « salique » (attribuée aux lointains Francs Saliens), qui transmet la couronne au premier-né des garçons. Les Anglais n’acceptent pas cette décision. La guerre – 24 mai 1337 : Philippe VI de Valois confisque le duché de Guyenne à Édouard. 58 – 7 octobre 1337 : Édouard revendique publiquement la couronne de France. Des chevauchées anglaises (expéditions de pillage) sèment le désordre dans le nord de la France. – 24 juin 1340 : bataille de l’Écluse. La flotte française est détruite dans l’avant-port de Bruges (territoire dépendant d’un vassal du roi de France). Les Anglais sont maîtres de la mer. – 26 août 1346 : Crécy. Édouard, soucieux de préserver ses intérêts économiques en Flandre (débouchés anglais pour la vente de laine), intervient dans le Nord. Le roi de France cherche à empêcher sa retraite. Les chevaliers français, qui méprisent l’infanterie anglaise et ses archers, subissent une lourde défaite à Crécy. Les Anglais utilisent le canon. – 1347 : Calais. Édouard, stimulé par sa récente victoire, assiège Calais en 1346. Il prend la ville et son port le 4 août 1347 ; six bourgeois remettent les clés de la ville et implorent la grâce du roi. – 19 septembre 1356 : Poitiers. Le roi de France, Jean II le Bon, successeur de Philippe, est fait prisonnier alors qu’il tente d’arrêter l’armée du Prince noir (fils d’Édouard). Encore une fois, la chevalerie française est décimée par les archers. Moyen Âge – 1360 : traité de Brétigny. Ratifié à Calais, il prévoit la libération du roi de France contre une très forte rançon et ampute le royaume de plus du tiers de son territoire. Fort de ses gains territoriaux, le roi d’Angleterre renonce à la couronne de France. – 1364-1380 : règne de Charles V. Le nouveau roi de France, excellent administrateur, met sur pied une armée permanente qu’il finance à l’aide de nouveaux impôts, comme la gabelle (impôt sur le sel). Aidé de son connétable (commandant en chef) Bertrand Du Guesclin, il reprend l’essentiel du royaume. – 1380-1422 : règne de Charles VI. La folie du roi de France, devenu le jouet des grands seigneurs, amène de nouveaux désastres, aggravés par la défaite d’Azincourt. 25 octobre 1415 : Azincourt, la noblesse de France saignée Le maréchal Boucicaut, qui commande une immense troupe comprenant la fine fleur de la noblesse française, cherche à écraser les Anglais qui se replient sur Calais. La rencontre s’effectue dans l’étroite vallée d’Azincourt (1 km de large sur 4 km de long), sous une pluie battante. Les destriers caparaçonnés et leurs cavaliers lourdement armés s’embourbent. Les chevaliers doivent combattre à pied. Les Anglais, qui ont placé en première ligne leurs archers abrités derrière des écrans de bois mobiles, prennent rapidement l’avantage. Les Français, trop nombreux dans cet espace étroit, ne peuvent manœuvrer. Dans cette sanglante cohue, 1 500 Anglais trouvent la mort, tandis que plus de 5 000 Français sont tués, dont l’élite politique et sociale du royaume. De plus, le paiement des rançons aux vainqueurs ruinera de nombreuses familles aristocratiques. Durant la démence de Charles VI, Bourguignons (partisans du duc de Bourgogne) et Armagnacs (partisans du duc d’Orléans) se livrent une terrible guerre civile qui favorise l’expansion anglaise. En 1422, les Anglais occupent Paris et une partie de la France. Le royaume de Charles VI se limite à quelques terres dans les Pays de la Loire et à sa capitale, Bourges. 59 Époque moderne 13-14 septembre 1515 : Marignan La victoire d’un jeune roi de 21 ans 70 François Ier (règne : 1515-1547), neveu de Louis XII, doit assurer sa place sur le Lombardie trône de France. Il revendique ses droits sur le Milanais et entraîne avec lui des nobles français, des Gascons, des Navarrais et des Marignan mercenaires – dont les lansquenets (fantassins allemands). Il franchit les Alpes par le difficile col de Vars et entre en Lombardie. Naples Le 13 septembre 1515, la garnison suisse de Milan quitte la ville pour engager le combat dans la plaine de Marignan (Melegnano). Le 14, les canons français provoquent des ravages chez les Suisses, mais seule l’arrivée opportune des alliés vénitiens permet à François Ier de remporter la victoire. Une bataille célèbre grâce à la propagande Marignan aurait sans doute disparu de la mémoire collective s’il n’avait été nécessaire de restaurer l’image du roi de France, vaincu et captif à l’issue de la bataille de Pavie (1525). Les chroniqueurs, en glorifiant Pierre du Terrail, seigneur de Bayard – le chevalier « sans peur et sans reproche » –, ont ancré l’image d’un souverain plein de noblesse demandant à Bayard, au soir de la bataille, de le faire chevalier. Cette invention, exploitée de 1525 à 1527, aurait dû sombrer dans l’oubli. Mais, au XIXe siècle, le mythe du roi guerrier et de son vaillant capitaine sert la propagande de Louis XVIII puis celle de Louis-Philippe, qui cherchent à renforcer l’image de la royauté. Les Suisses Avec un service militaire obligatoire depuis le milieu du XVe siècle, les Suisses sont des combattants réputés. Plus de 13 000 trouvent la mort à Marignan, ce qui marque la fin de leurs visées expansionnistes. Un traité de « paix perpétuelle » est signé avec la France, le 29 novembre 1515. C’est le prélude à une neutralité qui perdure. Époque moderne Ils commandent donc de nombreuses toiles représentant l’adoubement de François Ier. C’est ainsi que 1515 est une des rares dates dont se souviennent tous les Français ! Les guerres d’Italie et la Renaissance française Au XVIe siècle, l’Italie est l’un des territoires les plus développés et les plus peuplés d’Europe. Composée d’une vingtaine d’États rivaux, elle attire les convoitises de grandes puissances comme le Saint Empire germanique, l’Espagne et la France. En 1494, Charles VIII (roi de France de 1483 à 1498) revendique un vieil héritage italien et entame une série de campagnes militaires qui s’achèveront en 1559 sous Henri II (1447-1559) par la paix du Cateau-Cambrésis, traité signé avec Philippe II (roi d’Espagne). François Ier, comme Charles VIII et Louis XII (1498-1515), découvre, lors de ces guerres, les merveilles de la Renaissance italienne. Il cherche à attirer à sa cour les artistes italiens (dont Léonard de Vinci) et fait construire de magnifiques châteaux dans le Val de Loire et en Ile-de-France, où se mêlent style italien et tradition architecturale française du Moyen Âge. Ce mélange de styles confère son caractère particulier à la Renaissance française. 71 Époque contemporaine 1804-1815 : Premier Empire (Napoléon Ier) L’ascension de Napoléon Bonaparte 86 Fils d’un notable d’Ajaccio, Napoléon Bonaparte naît en Corse (française depuis 1768) le 15 août 1769. Il fait ses études d’ofWaterloo ficier dans des écoles militaires royales. En Arcole 1789, il retourne en Corse pour soutenir la Rivoli Révolution et tenter d’y jouer un rôle. Contraint de se réfugier sur le continent, BonaCorse parte prend parti pour les Montagnards. Il se voit confier un commandement avec la charge de mater la révolte de Toulon aux mains des contre-révolutionnaires et des Anglais. Bénéficiant du soutien de Robespierre, il rêve de combattre les Autrichiens en Italie, mais la chute de celui-ci le conduit en prison. Rapidement libéré, il monte à Paris où il mène une vie amère. Le 11 vendémiaire 1795, la Convention est menacée. Barras sollicite Bonaparte, qui assure la défense de celle-ci et qui fait vite figure de sauveur. Le « général vendémiaire », qui commande désormais une division, convainc de l’intérêt à frapper l’Autriche. Une armée doit avancer par la vallée du Main, une autre par la vallée du Danube et celle de Bonaparte par la vallée du Pô. Les campagnes du général Bonaparte La campagne d’Italie commence. Les troupes françaises en Allemagne sont battues tandis que Bonaparte vainc à Lodi, à Arcole, à Rivoli, puis à Mantoue. Il impose aux Autrichiens le traité de Campoformio (1797). Instrumentant sa propre publicité, il fait publier ses exploits dans un journal. Son armée, chargée de gloire et de butin, lui est entièrement dévouée. En attendant que le Directoire se déconsidère un peu plus, il entreprend, en 1798, la conquête de l’Égypte, pour menacer les Anglais. Après des succès contre les Mamelouks, la flotte française est détruite en rade d’Aboukir par les Anglais (amiral Nelson). Les tensions grandissent en France, l’Égypte est un échec militaire mais, à la faveur d’une victoire contre les Turcs, toujours à Aboukir, Époque contemporaine La bataille des Pyramides Cette bataille, qui opposa les Mamelouks – qui dirigeaient l’Égypte au nom du sultan d’Istanbul – à l’armée française, est restée célèbre grâce à la phrase de Bonaparte : « Soldats, songez que du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! » En fait, la bataille dura à peine deux heures, l’armée égyptienne étant mise en déroute par la mitraille républicaine. Bonaparte sut amplifier cette victoire pour renforcer son prestige personnel. Bonaparte parvient à rentrer en vainqueur à Paris. Le Directoire a fait son temps ; ses adversaires sont prêts à le renverser. On fait répandre le bruit d’un complot afin de présenter le général comme la seule solution garante de la stabilité. Les 18 et 19 brumaire (9 et 10 novembre 1799), Bonaparte met fin au Directoire (voir : 1789-1799, la Révolution française) par un coup d’État, et prend le titre rassurant de consul (il fait allusion à la République romaine). 1799-1804 : le Consulat La Constitution de l’an VIII met en place un régime autoritaire, qui conserve cependant les principaux acquis de 1789. Bonaparte poursuit l’œuvre administrative de la Révolution en renforçant la centralisation du pays ; des préfets sont placés à la tête des départements. Il veut réorganiser la société et lui donner des bases solides : – 1800 : fondation de la Banque de France, qui reçoit le monopole de l’émission des billets en 1803 ; – 1802 : création des lycées publics réservés aux garçons (baccalauréat créé en 1808) et de la Légion d’honneur, pour récompenser les militaires et les civils les plus méritants ; – 1803 : création du franc germinal, dont la valeur est fixée par rapport à l’or et l’argent. Il conservera sa valeur jusqu’en 1914 ; – 1804 : le Code civil unifie le droit civil français et réaffirme le droit de propriété. Il donne au père de famille une autorité considérable. Adopté ou imposé en Europe, ce « code Napoléon » a inspiré le droit civil de la Belgique, de la Hollande, de la Suisse et même du Japon. D’autres codes l’ont complété sous l’Empire (Codes de commerce, pénal…). 87 Époque contemporaine 1898 : l’Affaire Dreyfus 96 En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, seul officier juif de l’étatmajor, est accusé d’avoir livré des renseignements militaires à l’Allemagne. Condamné à la dégradation et à la déportation au cours d’un procès qui s’appuie sur une enquête bâclée, il a, sans cesse, clamé son innocence. En mars 1896, le nouveau chef du service de renseignements, le commandant Picquart, découvre que le traître est Esterhàzy, un officier dévoyé. Picquart est aussitôt muté en Tunisie. Une campagne de presse débute pour obtenir la révision du procès. Le 13 janvier 1898, l’écrivain Émile Zola interpelle le président de la République, Félix Faure, dans le journal l’Aurore. « J’accuse… ! », écrit-il. L’opinion saisie, l’affaire Dreyfus divise les Français en deux camps : les dreyfusards, défenseurs de la vérité et de la justice, qui s’opposent aux « antidreyfusards », aux discours parfois violemment antisémites, pour qui l’intérêt de la nation passe avant tout (il faut donc couvrir les erreurs de l’armée). Esterhàzy est acquitté, Zola inculpé et condamné, Picquart arrêté ; des falsifications effectuées par le colonel Henri, qui se suicide, sont découvertes. Les scandales se multiplient. En août 1899, Alfred Dreyfus est de nouveau condamné, mais avec des circonstances atténuantes. Il est gracié en septembre 1899, et n’est réhabilité qu’en 1906. De la « machine à courir » à la « petite reine » En 1813, l’Allemand Karl Drais von Saverbronn invente une étrange « machine à courir » à deux roues, propulsée par les jambes : la draisienne. En 1861, des pédales sont ajoutées sur la roue avant. Faire du vélocipède, ou du bicycle comme « le Grand Bi », avec sa roue avant démesurée et sa roue arrière minuscule, requiert habileté et courage, car ces engins n’ont pas de frein ! Le tricycle, très en vogue, est décidément plus stable. En 1885, les perfectionnements apportés au Safety (petit bicycle, plus sûr, doté d’une roue arrière motrice grâce à une chaîne) par l’Anglais Starley préfigurent la bicyclette moderne. Les sportifs sont ravis, et les compétitions se multiplient (Paris-Roubaix, dès 1896). Henri Desgrange crée le premier Tour de France cycliste en 1903. Époque contemporaine 1905 : la loi de séparation des Églises et de l’État Le 9 décembre 1905, les radicaux au pouvoir sous la IIIe République votent la loi de séparation des Églises et de l’État, point d’orgue d’une politique anticléricale qui entraîne l’abolition du Concordat de 1801, signé par Napoléon Ier avec la papauté. Cette loi garantit le libre exercice des cultes dans le pays, mais précise que la République ne reconnaît Cas particulier aucune Église officielle, ne subvenL’Alsace et la Moselle, allemandes entre 1871 et 1918, n’ont pas tionne aucun culte. été concernées par cette loi. Elles L’Église catholique, religion de la restent régies, aujourd’hui engrande majorité des Français, est core, par le Concordat de 1801. principalement visée. Le pape Pie X condamne la loi, et son application entraîne des affrontements entre les forces de l’ordre et les catholiques, en 1906, lors de l’inventaire des biens de l’Église dans les édifices religieux – qui appartiennent à 97 l’État depuis la Révolution. Cette loi constitue une étape essentielle dans la définition d’une République laïque, qui entend cantonner la religion dans la sphère privée et limiter son influence. Déjà, en 1904, Émile Combes avait interdit l’enseignement à toutes les congrégations religieuses, complétant l’œuvre des républicains modérés qui, dans les années 1880, avaient entrepris la laïcisation de la société : les emblèmes religieux avaient été retirés des lieux publics (hôpitaux…), le divorce avait été rétabli, l’école obligatoire gratuite et laïque de 6 à 13 ans instituée par Jules Ferry. Époque contemporaine blicains du Front populaire sont aidés par l’URSS et des volontaires venus de toute l’Europe, qui forment les « Brigades internationales », mais pas par la France ni la Grande-Bretagne, qui redoutent une internationalisation du conflit. Les nationalistes reçoivent une aide de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie. La victoire des nationalistes Avec un lourd bilan, évalué selon les sources entre 400 000 et 900 000 morts, et après de nombreuses atrocités, dénoncées en particulier par le peintre Picasso dans son œuvre Guernica, la guerre civile espagnole s’achève le 28 mars 1939 lorsque les troupes de Franco pénètrent dans Madrid. ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ 1939-1945 : la Deuxième Guerre mondiale 114 Les origines de la guerre Les idéologies fascistes, au pouvoir en Allemagne, en Italie et au Japon, ont toutes une ambition expansionniste, qui s’exprime dans les années 30. Les trois pays remettent alors en cause l’ordre mondial mis en place à l’issue de la Première Guerre mondiale – en remilitarisant dans le cas de l’Allemagne, et en menant des politiques d’agression, vers l’Europe centrale pour Hitler, vers la Méditerranée pour l’Italie, en Asie orientale pour le Japon. Les démocraties, enlisées dans la dépression des années 30, et marquées par le souvenir des horreurs de la Grande Guerre (14-18), restent passives dans un premier temps. 1939-1942 : les victoires de l’Axe Le 1er septembre 1939, l’attaque allemande contre la Pologne provoque cependant l’entrée en guerre de la France et de la GrandeBretagne contre le IIIe Reich. Le 17 septembre, Staline, qui a signé avec Hitler un pacte de non-agression le 23 août, envoie l’Armée rouge envahir l’est de la Pologne, conformément aux accords signés avec l’Allemagne. Époque contemporaine URSS Allemagne Grande-Bretagne Japon États-Unis Italie Puissances de l’Axe Les 3 principaux alliés La stratégie de la Wehrmacht, la guerre éclair (Blitzkrieg), assure aux forces allemandes une victoire rapide dans de nombreux pays : après la Pologne en 1939, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique, la France enfin sont vaincus entre avril et juin 1940. L’Italie attaque la Grèce en octobre 1940, et obtient le renfort de son allié allemand ; au printemps 1941, la Grèce et la Yougoslavie sont battues. En Europe, seule la Grande-Bretagne est encore en guerre contre les forces de l’Axe (Allemagne et Italie), avant qu’Hitler ne décide de lancer l’offensive à l’Est contre l’URSS, à partir du 22 juin 1941, dans le cadre de l’opération Barberousse. En Asie, le Japon poursuit la conquête de la façade pacifique du continent, entamée dans la première moitié des années 30. Les forces aéronavales du Japon attaquent la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor, dans les îles Hawaï, le 7 décembre 1941, provoquant l’entrée en guerre des États-Unis. La dimension mondiale du conflit s’affirme avec l’attaque de l’Égypte, contrôlée par la Grande-Bretagne, par les troupes germano-italiennes depuis la Libye. 115 Époque contemporaine 1942-1945 : les victoires alliées Avec l’entrée en guerre des États-Unis et de l’URSS en 1941, le rapport de force entre les deux camps change, à l’avantage de la Grande Alliance (les Alliés), qui reprend l’initiative et retrouve l’espoir à l’issue de plusieurs victoires dans des batailles décisives considérées comme des tournants de la guerre : – En Europe, les Soviétiques gagnent la bataille de Stalingrad (aujourd’hui Volgograd, sur les rives de la Volga) en février 1943, après six mois de combats acharnés. Le 2 février, le général allemand Paulus doit capituler. – En Asie et dans le Pacifique, les Américains réussissent à mettre les Japonais en échec en juin 1942, lors de la bataille de Midway. – En Afrique du Nord, enfin, l’Afrikakorps de Rommel est vaincu par les troupes anglaises commandées par le général Montgomery à El Alamein, en Égypte. 116 Les Alliés gardent ensuite l’initiative jusqu’à la victoire, en 1945. Le 8 mai 1945, l’Allemagne envahie capitule, prise en tenaille entre les Alliés occidentaux – qui ont débarqué en Normandie le 6 juin 1944 (le « D-day » ou « jour J »), et en Provence en août – et les Soviétiques, qui libèrent peu à peu les pays d’Europe centrale ou orientale. En Asie, la guerre menée par les Américains et les bombes atomiques, lâchées sur Hiroshima le 6 août et Nagasaki le 9, ont raison de la résistance acharnée des Japonais, qui capitulent le 2 septembre. La bombe atomique En 1942, le président américain Roosevelt, alerté par une lettre d’Einstein sur l’avancée des recherches allemandes sur la fission de l’atome, met sur pied le projet Manhattan – dont il confie la direction au physicien Oppenheimer – dans le but de fabriquer la bombe atomique avant les Allemands. Le 16 juillet 1945 a lieu la première explosion atomique dans le désert du Nouveau-Mexique, près de Los Alamos. Le projet Manhattan, qui a coûté 2 milliards de dollars, a permis de construire 3 bombes : Trinity, la bombe test ; Little Boy (Hiroshima) et Fat Man (Nagasaki). L’explosion qui rasa Hiroshima coûta la vie à 200 000 personnes ; celle de Nagasaki, à 100 000 environ. Époque contemporaine Un manuel de conversation à l’usage du soldat américain Le War Department publie en 1943 un French Language Guide à l’intention des troupes qui vont débarquer en France, afin qu’elles puissent converser avec les autochtones : Hello or Good day: bawn-JOOR (Bonjour) Good evening: bawn-SWAR (Bonsoir) How are you? Kaw-MAHN-T/ah-lay VOO? (Comment allez-vous ?) Yes: WEE (Oui). No: NAWNG (Non) Do you understand? KAWM-pruh-nay VOO? (Comprenez-vous ?) I don’t understand: juh nuh KAWM-prahng PA (Je ne comprends pas) Speak slowly, please: par-lay LAHNT-mahng, seel voo PLAY (Parlez lentement, s’il vous plaît) What’s that? Kess kuh say kuh SA? (Qu’est-ce que c’est que ça ?) I want to eat: juh voo-DRAY mahn-JAY (Je voudrais manger) It is not good: suh nay pa BAWNG (Ce n’est pas bon) Where is the toilet? oo AY luh la-va-BO? (Où est le lavabo ?) Where are the American soldiers? oo SAWNG lay sawl-DA-Z/ah-may-ree-KANG? (Où sont les soldats américains ?) Take me to a doctor: kawn-dwee-zay-MWA shayz/ung dawk-TUR (Conduisez-moi chez un docteur) You will be rewarded: voo suh-RAY ray-kawnpahn-SAY (Vous serez récompensé) 117 Époque contemporaine 1942-1945 : la Shoah L’antisémitisme nazi L’antisémitisme est un phénomène ancien en Europe : les juifs furent souvent victimes de « pogroms » (mot d’origine russe, donné aux émeutes antisémites qui causèrent la mort de nombreux juifs en Russie à la fin du XIXe siècle et au début du XXe). La haine des juifs s’est aussi manifestée en France, lors de l’affaire Dreyfus par exemple (voir : 1898, l’Affaire Dreyfus). Les nazis ont poussé cet antisémitisme à son paroxysme, en l’inscrivant, avec le racisme, au cœur de leur idéologie et de leur projet. Avant la guerre déjà, les juifs ont été victimes de persécutions et mis au ban de la société, notamment à travers les lois de Nuremberg de septembre 1935, qui les ont déchus de la nationalité allemande. 120 Le 9 novembre 1938, lors d’un pogrom connu sous le nom de « Nuit de cristal » – dont le but est de dissuader les juifs de rester en Allemagne –, des synagogues, de nombreux biens juifs ont été détruits et pillés, une centaine de juifs assassinés et près de 30 000 internés dans des camps de concentration. En 1938-1939, près de la moitié de la communauté juive d’Allemagne quitte le pays, pour la France, les États-Unis ou la Palestine. L’évolution de la politique nazie vers la « solution finale » Cependant, la guerre et la conquête de territoires à l’Est ont multiplié le nombre de juifs sous contrôle allemand, notamment en Pologne et en URSS (voir : 1939-1945, la Deuxième Guerre mondiale). Diverses politiques sont envisagées ou mises en œuvre : la concentration dans des ghettos, où la population est réduite à une mort lente, comme à Varsovie (le soulèvement du ghetto, du 19 avril au 16 mai 1943, conduit à une répression terrible) ; la déportation en camps de concentration et de travail est également organisée ; après la défaite de la France en juin 1940 (voir : 1940, l’armistice et l’appel du 18 juin), une autre solution est restée à l’état de projet, le transfert des juifs d’Europe vers l’île de Madagascar. Époque contemporaine La conquête de l’URSS a constitué le tournant décisif, à partir de l’été 1941 : après les massacres systématiques de juifs et de résistants, qui ont fait d’après les estimations plus d’un million de victimes, hommes, femmes et enfants, la « solution finale » est décidée et planifiée lors de la conférence de Wansee, le 20 janvier 1942 : la déportation et l’extermination totale des juifs, à l’échelle de l’Europe, dans des camps construits à cet effet. 6 3 5 4 1 2 Camps d’extermination ouverts de 1941 à 1945 : 1. Auschwitz ; 2. Belzec ; 3. Chelmno ; 4. Maïdanek ; 5. Sobibor ; 6. Treblinka. 2 700 000 juifs ont péri dans ces camps, ce qui porte le bilan des victimes juives du nazisme à un total compris entre 5 100 000 et 5 800 000 personnes. Pour désigner ce génocide, les historiens s’accordent aujourd’hui sur le terme de Shoah, mot hébreu signifiant « catastrophe » ou « destruction ». Entre 54 et 64 % de la population juive vivant en Europe en 1939 a ainsi disparu entre le début de la guerre et 1945. Les autres victimes du nazisme Parmi les nombreuses autres victimes du nazisme, il faut souligner le sort des Tsiganes, les 240 000 morts de cette communauté représentant 34 % de sa population totale ; les prisonniers soviétiques (3 500 000 morts, 67 % du total) ; les détenus des camps de concentration (1 100 000 morts, hors camps d’extermination) ; et les victimes de fusillades en dehors des camps, dont le total est estimé à 1 300 000 personnes. 121 Époque contemporaine 1947-1962 : les principales crises de la Guerre froide (Voir : 1947, les débuts de la Guerre froide.) Berlin URSS Moscou États-Unis Washington Cuba Corée du Nord Chine Corée du Sud 132 1948-1949 : le blocus de Berlin À la fin de la Deuxième Guerre mondiale (voir : 1939-1945, la Deuxième Guerre mondiale), l’Allemagne vaincue a été divisée en quatre zones d’occupation : une zone soviétique à l’est ; une zone américaine, une britannique et une française à l’ouest. La capitale, Berlin, située dans la zone d’occupation soviétique, a elle-même été divisée en quatre secteurs. En 1948, les Soviétiques, déjà mécontents de la présence des Occidentaux à Berlin-Ouest et de leur relative clémence à l’égard des vaincus, rejettent le projet d’unification de leurs zones par les Occidentaux, qui créent un nouveau mark. Pour faire pression sur le bloc de l’Ouest, Staline décide le blocus de BerlinOuest, en juin 1948. Les Américains réagissent en organisant un pont aérien qui ravitaille Berlin-Ouest. L’URSS renonce finalement au blocus, devant son inefficacité, en mai 1949. À la suite de cette crise, deux États allemands sont créés : la République fédérale d’Allemagne, à l’Ouest ; la République démocratique allemande, à l’Est. Époque contemporaine 1950-1953 : la guerre de Corée En 1950, la Corée du Nord, communiste depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, envahit la Corée du Sud, alliée des États-Unis. Conformément à la doctrine Truman énoncée trois ans plus tôt, les Américains réagissent, sous couvert de l’ONU. Alors que presque toute la péninsule est aux mains des agresseurs, les forces des Nations unies repoussent leurs adversaires au nord de la frontière initiale, constituée par le 38e parallèle. La Chine, devenue communiste en 1949, décide d’intervenir pour aider la Corée du Nord. Intervention de l’ONU Le droit de veto, dont dispose chacun des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, URSS), a paralysé l’organisation des Nations unies dans la plupart des conflits de la Guerre froide. La guerre de Corée fait exception car, pour protester contre le refus d’attribuer le siège de la Chine à la jeune Chine populaire de Mao Zedong, l’URSS boycottait le Conseil de sécurité en 1950. Elle n’a donc pas pu user de son droit de veto contre le projet d’intervention proposé par les États-Unis. Les forces américaines sont repoussées vers le Sud. Le général Mac Arthur envisage alors de bombarder la Chine, mais l’URSS menace d’intervenir si la Chine est attaquée directement. Le projet du général américain est abandonné ; le front se stabilise en 1951, approximativement au niveau de la frontière initiale. En juillet 1953, un armistice a été signé entre les deux Corées, après la mort de Staline. Le conflit a fait 3 millions de morts ; la paix n ‘a toujours pas été signée. 133 Époque contemporaine 1969 : le premier homme sur la Lune 142 « C’est un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité. » Cette phrase célèbre, prononcée par l’astronaute américain Neil Armstrong le 21 juillet 1969, accompagne le geste historique qu’il vient alors d’accomplir, en étant le premier homme à poser le pied sur la Lune. Il a quitté la Terre le 16 juillet, avec deux autres membres de l’expédition, Edwin Aldrin et Michael Collins, à bord de la capsule Apollo XI. Le 20 juillet, alors que la capsule reste en orbite autour de la Lune avec Michael Collins, il a embarqué à bord du LEM (module d’exploration lunaire) Eagle, avec Edwin Aldrin, pour se poser sur la « mer de la Tranquillité ». Les deux hommes sont restés 22 heures sur la Lune, dont 2 hors du LEM. En souvenir de l’événement, suivi par plus de 500 millions de téléspectateurs dans le monde, les deux astronautes ont laissé sur la surface lunaire le drapeau américain et une plaque commémorative avec l’inscription suivante : « C’est ici que des êtres humains de la planète Terre posèrent pour la première fois le pied sur la Lune, en 1969 après Jésus-Christ. Nous sommes venus en paix pour toute l’humanité. Neil A. Armstrong, astronaute ; Edwin E. Aldrin, astronaute ; Michael Collins, astronaute ; Richard Nixon, président des États-Unis d’Amérique. » La mission s’achève le 24 juillet, lorsque la capsule Apollo XI rejoint la Terre dans le Pacifique. Dans la compétition qui les oppose aux Soviétiques dans le domaine de la conquête spatiale, les Américains viennent de remporter un succès important. Iouri Gagarine La mission Apollo se déroule dans un contexte de concurrence acharnée entre les USA et l’URSS pour la domination de l’espace. Le 12 avril 1961, le cosmonaute soviétique Iouri Gagarine (27 ans) accomplit le tour de la Terre en 108 minutes, à 327 km d’altitude. Quatre ans après le lancement d’un premier satellite, les Russes présentent son exploit comme une preuve de la supériorité du système soviétique. En réponse, le 25 mai 1961, le président Kennedy promet qu’un Américain marchera sur la Lune avant la fin de la décennie. Époque contemporaine 1973 : le premier choc pétrolier et la fin des « Trente Glorieuses » En octobre 1973, lors de la guerre du Kippour entre Israël et les pays arabes voisins (Égypte et Syrie), les pays du MoyenSyrie Orient exportateurs de pétrole utilisent Israël MOYENl’« or noir » comme une arme, en décréORIENT Égypte tant l’embargo contre les amis d’Israël, en particulier les grandes puissances occidentales. En trois mois, le prix du pétrole quadruple. Les États-Unis et l’Europe prennent conscience de leur dépendance en matière énergétique vis-à-vis du Moyen-Orient. La maîtrise de la consommation d’énergie et des sources d’approvisionnement devient une priorité, de même que la paix au Moyen-Orient, dont l’importance stratégique est confirmée. Ce premier choc pétrolier coïncide également avec l’entrée du monde capitaliste dans la crise économique du dernier quart du XXe siècle, qui fait suite à une période de croissance sans précédent, les « Trente Glorieuses » selon l’expression de l’économiste J. Fourastié. 143 Époque contemporaine 1999 : la naissance de l’euro Décidée lors de la signature du traité de Maastricht en 1992, l’union monétaire, à travers la création d’une monnaie unique, intervient le Pays-Bas 1er janvier 1999, après une Belgique phase de préparation au Allemagne cours de laquelle les États Luxembourg concernés ont fait « converAutriche France ger » leurs économies en faItalie vorisant la stabilité des prix, des taux d’intérêt faibles, en Espagne limitant les déficits publics et Grèce leur endettement. Onze pays, bientôt rejoints par la Grèce, ont ainsi créé cette Union économique et monétaire (UEM). Dans l’Union européenne de 1999, trois pays cependant ont conservé leur monnaie nationale : le Danemark, la Grande-Bretagne et la Suède. La création de l’euro constitue une étape importante dans la construction européenne, car elle dépasse le domaine économique en intervenant dans le champ politique, le droit de battre monnaie relevant traditionnellement de la souveraineté des États. Finlande Portugal 148 1992 : Traité de Maastricht Signé le 7 février 1992 à Maastricht (Pays-Bas), le traité donne une vocation politique à la construction européenne. Entré en vigueur le 1er novembre 1993, il institue une Union européenne entre les États membres de la Communauté. Il comprend trois piliers principaux : la Communauté européenne, qui remplace la CEE (Communauté économique européenne), avec des compétences supranationales étendues (citoyenneté européenne, union économique et monétaire, nouvelles politiques communautaires dans l’éducation, la santé, les transports…) ; la coopération en matière de politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération en matière d’affaires intérieures et de justice. Époque contemporaine La monnaie unique est entrée en circulation dans tous les États de l’UEM le 1er janvier 2002, avec des pièces comportant une face commune à tous les pays, et une face spécifique à chacun, les billets étant identiques pour tous. Le symbole de l’euro est la lettre grecque epsilon, avec deux barres horizontales au milieu. Une Banque centrale européenne (BCE), dont le siège est établi à Francfort, en Allemagne, indépendante des gouvernements, définit la politique monétaire commune. L’écu avant l’euro Sous ce nom fleurant bon l’Ancien Régime se cache la première monnaie européenne, créée en 1979 : l’European Currency Unit (ECU), une monnaie fictive dont le cours correspond à un « panier » de devises européennes. Si l’écu n’a jamais existé réellement, il a préparé le terrain à l’euro, chaque monnaie nationale ayant un cours officiel par rapport à une unité de compte de référence. Lors du lancement de la monnaie commune, le mot « euro » a été retenu, notamment parce que, en allemand, ECU évoque plutôt… la vache (eine Kuhe) ! 149