L`histoire cent dates

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2. Ce livre s’adresse autant aux passionnés d’histoire qu’aux
lycéens ou collégiens : y figurent notamment les cinquante-deux
dates que tout élève de troisième doit connaître à sa sortie du
collège.
3. Chaque date est traitée sous forme d’une fiche de synthèse
claire, précisant les données essentielles de l’événement présenté,
ainsi que son contexte ou ses causes profondes.
4. Ce livre fourmille d’anecdotes peu connues : par exemple,
savez-vous que 1515, une des dates que tout le monde connaît, fut
avant tout une création médiatique du XIXe siècle ?
LES
AUTEURS
Dominique LE PORS, professeur agrégé, après avoir animé plusieurs
classes du Patrimoine, a en charge l’enseignement d’histoire et de
géographie dans la section européenne d’un lycée d’Angers.
Jean-Christophe TEMPLÉRAUD enseigne l’histoire et la géographie dans
un collège de zone d’éducation prioritaire (ZEP). Il est membre de l’association des Amis de la Fondation pour la mémoire de la Déportation.
Dix mille ans d’histoire dans la poche !
9
782909
couv-histoire.pmd
ISBN 2-909051-28-5
Prix : 8 €
0512 8 4
1
D. Le Pors - J.-C. Templéraud
1. Ce livre présente les principales dates de l’histoire de France
et du monde, de l’apparition de l’agriculture (au VIIIe millénaire
avant J.-C.) à l’élargissement de l’Europe en 2004.
D. Le Pors - J.-C. Templéraud
L’histoire
cent
dates
L’histoire cent dates
L’histoire cent dates
Le Polygraphe, éditeur
4
bonnes raisons de consulter
Illustrations :
Pascal Jousselin
le Polygraphe, éditeur
14/02/2005, 11:40
2. Ce livre s’adresse autant aux passionnés d’histoire qu’aux
lycéens ou collégiens : y figurent notamment les cinquante-deux
dates que tout élève de troisième doit connaître à sa sortie du
collège.
3. Chaque date est traitée sous forme d’une fiche de synthèse
claire, précisant les données essentielles de l’événement présenté,
ainsi que son contexte ou ses causes profondes.
4. Ce livre fourmille d’anecdotes peu connues : par exemple,
savez-vous que 1515, une des dates que tout le monde connaît, fut
avant tout une création médiatique du XIXe siècle ?
LES
AUTEURS
Dominique LE PORS, professeur agrégé, après avoir animé plusieurs
classes du Patrimoine, a en charge l’enseignement d’histoire et de
géographie dans la section européenne d’un lycée d’Angers.
Jean-Christophe TEMPLÉRAUD enseigne l’histoire et la géographie dans
un collège de zone d’éducation prioritaire (ZEP). Il est membre de l’association des Amis de la Fondation pour la mémoire de la Déportation.
Dix mille ans d’histoire dans la poche !
9
782909
couv-histoire.pmd
ISBN 2-909051-28-5
Prix : 8 €
0512 8 4
1
D. Le Pors - J.-C. Templéraud
1. Ce livre présente les principales dates de l’histoire de France
et du monde, de l’apparition de l’agriculture (au VIIIe millénaire
avant J.-C.) à l’élargissement de l’Europe en 2004.
D. Le Pors - J.-C. Templéraud
L’histoire
cent
dates
L’histoire cent dates
L’histoire cent dates
Le Polygraphe, éditeur
4
bonnes raisons de consulter
Illustrations :
Pascal Jousselin
le Polygraphe, éditeur
14/02/2005, 11:40
Jean-Christophe Templéraud
Dominique Le Pors
L’Histoire
cent
dates
Illustrations :
Pascal Jousselin
Le Polygraphe, éditeur
8
Les historiens ont l’habitude
d’utiliser des chiffres romains
pour distinguer les rois et les
siècles. Par exemple : Louis XIV
est le 14e roi du nom de Louis.
Pour nommer les siècles, on
ajoute « 1 » au nombre de siècles
d’une date. Par exemple : 802
(8 siècles + 1) appartient au
IXe siècle et 1492 (14 siècles + 1)
appartient au XVe siècle.
Le XVIIIe siècle comprend les
années de 1701 à 1800.
De même pour les millénaires :
nous sommes entrés dans le
IIIe millénaire depuis le 1er janvier 2001.
Les chiffres romains, de 1 à 20
1 ............................ I
2 ........................... II
3 .......................... III
4 .......................... IV
5 .......................... V
6 .......................... VI
7 ......................... VII
8 ........................ VIII
9 .......................... IX
10 ........................ X
L’année 0 n’existe pas !
En 532, il fut décidé de prendre
comme repère chronologique l’année de naissance du Christ. Un
moine, Denys Le Petit, calcula que
l’an 1 commençait le huitième jour
avant les calendes (premier jour
du mois) de janvier de l’an 753 du
calendrier romain. On sait aujourd’hui qu’il s’est trompé de quel-
11 ........................ XI
12 ....................... XII
13 ...................... XIII
14 ..................... XIV
15 ...................... XV
16 ..................... XVI
17 ..................... XVII
18 .................... XVIII
19 ..................... XIX
20 ...................... XX
ques années : le Christ est né sans
doute plus tôt (voir : Ier siècle,
début du christianisme).
Le zéro n’a pas été utilisé comme
point de départ car il était inconnu en Occident au VIe siècle :
les musulmans nous l’ont transmis plus tard avec les chiffres dits
« arabes » (ceux que nous utilisons), empruntés aux Indiens.
Notre calendrier :
de Jules à Grégoire
En 46 av. J.-C., César fit venir
d’Alexandrie l’astronome grec
Sosigène pour réformer le calendrier romain (355 jours).
L’astronome suggéra d’utiliser le
système égyptien (365 jours) et
d’y ajouter une journée tous les
quatre ans (une année : 365,25
jours) placée le sixième jour
(sextus) avant les calendes de
mars (le 24 février). Ce jour devint le sixième jour bis. C’est
pourquoi, aujourd’hui encore,
cette année de 366 jours est appelée « bis-sextile ».
En réalité, une année solaire correspond à 365,2422 jours (soit
un jour de plus tous les 128 ans).
Au cours des siècles, cette petite
erreur a créé un vrai décalage.
Pour le rectifier, en 1582, le pape
Grégoire XIII décida de supprimer dix jours : c’est pourquoi
Thérèse d’Avila mourut dans la
nuit du 4 au 15 octobre 1482 !
L’Angleterre n’appliqua cette réforme qu’en 1752, ce qui provoqua des manifestations de colère :
les gens pensaient que le gouvernement voulait leur voler des
jours de salaire. La Russie a
adopté ce calendrier en 1918.
Dans le système grégorien,
aucune année de fin de siècle
n’est bissextile, sauf si elle est divisible par 400. Ainsi, 1900 ne
l’était pas, mais 2000 le fut. Dorénavant, on ne perd un jour que
tous les 3 333,33 ans, ce qui affecte peu le cours de l’Histoire !
9
Fin de la Préhistoire, début de l’Histoire
IVe millénaire av. J.-C. : naissance de l’écriture
Vers 3500-3000 av. J.-C.,
naissance de l’écriture en Mésopotamie
Mésopotamie
Tigre
Mer
Méditerranée
Ourouk
Euphrate
Nil
e
ug
Ro
er
M
Égypte
12
Le développement de l’agriculture, de l’élevage et des villes
engendre une société plus complexe. Sur des tablettes d’argile,
les comptables tracent des dessins symbolisant un animal ou
une marchandise (pictogrammes)
et des encoches afin de recenser
de manière précise tous les biens.
Ce système de signes aurait
donné naissance à l’écriture. Le
document le plus ancien, retrouvé à Ourouk dans le pays de
Sumer, daterait de 3300 av. J.-C.
L’évolution de l’écriture cunéiforme
Pour son travail, le scribe sumérien utilisait une tige de roseau :
un calame. Pour gagner du temps, la tige fut taillée en biseau afin
de l’enfoncer dans l’argile. L’empreinte ainsi obtenue, en forme de
coin ou de clou (cuneus en latin), a donné son nom à la première
écriture connue : l’écriture cunéiforme (plus de 1 500 pictogrammes
primitifs, puis environ 2 000 signes). L’apprentissage, long et difficile, était réservé aux enfants de familles riches.
Les Mésopotamiens nous ont
transmis de nombreux textes. Un
des épisodes de l’Épopée de Gilgamesh, celui du Déluge, a été
évoqué dans la Bible deux mille
ans plus tard (voir : IIe-Ier millénaires av. J.-C., le temps de la
Bible).
Fin de la Préhistoire, début de l’Histoire
Vers 3000 av. J.-C. en Égypte, les hiéroglyphes
(du grec hieros, « sacré », et gluphein, « graver »)
Les Égyptiens qualifiaient les hiéroglyphes de Medou Neter,
« paroles sacrées » ou « divines » : selon la tradition, c’est Thot (dieulune à tête d’ibis) qui en fit don aux hommes. Seuls les scribes et les
prêtres les utilisaient. La majorité de la population était analphabète. D’environ 700 signes au début du IIIe millénaire, on passe à
plus de 5 000 sous l’occupation romaine. Sur le papyrus, les scribes
utilisent une écriture cursive,
plus rapide à tracer, dite hiéraLe texte de la pierre de Rosette,
tique. Vers 650 av. J.-C., se dévequi permit à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes en 1822,
loppe une écriture cursive plus
est gravé en hiéroglyphes, en siclaire, où les lettres sont liées
gnes démotiques et en grec.
entre elles : l’écriture démotique (ou populaire).
Les premiers alphabets
Aux XIVe-XIIIe siècles av. J.-C., des alphabets cunéiformes (environ 30 signes)
sont attestés à Ougarit (Syrie actuelle).
Puis apparaissent des alphabets linéaires, plus simples à tracer. Au XIIe siècle,
un alphabet de 22 lettres est utilisé dans
plusieurs villes de Phénicie. Vers le
IXe siècle, les Grecs adoptent ces signes,
consonantiques, et créent le premier
véritable alphabet, en y ajoutant des
signes pour les voyelles. Repris vers 700
av. J.-C. par les Étrusques, l’alphabet
grec donne naissance au VIIe siècle à l’alphabet latin, le nôtre.
Cartouche du pharaon Ramsès II,
temple de Louxor.
Le cartouche symbolise l’Univers,
sur lequel règne le pharaon
dont le nom est inscrit à l’intérieur.
13
Antiquité
334 av. J.-C. : le début des conquêtes
d’Alexandre le Grand
Macédoine
Thèbes
Issos
Babylone
Alexandrie
L‘Indus
24
Alexandre III à la conquête de l’Orient
Son père, Philippe II de Macédoine, assassiné en 336, rêvait d’unir
les Grecs contre les Perses. Alexandre devient roi à 20 ans. Des cités
grecques, alors sous contrôle macédonien, tentent de se soulever ; il
rase Thèbes en guise d’avertissement. Dès 334, il mène Grecs et
Macédoniens à l’assaut de l’empire perse. Il « libère » les cités grecques d’Asie mineure et oblige en 333, dans la plaine d’Issos, le Grand
Roi Darius III à fuir, malgré un rapport de forces favorable aux
Perses : 30 000 Macédoniens contre plusieurs centaines de milliers de
soldats perses ! Alexandre conquiert un immense empire, de l’Égypte
à l’Inde. Son armée, exténuée par huit ans de conquêtes, réclame le retour : pour laisser trace de
son passage, Alexandre fait construire des autels
gigantesques sur les rives de l’Hyphase, un
affluent de l’Indus. Le 10 juin 323, il meurt à
33 ans, terrassé par la fièvre (peut-être la malaria), à Babylone, toujours invaincu.
Antiquité
Alexandre III de Macédoine dit
« le Grand » (356-323 av. J.-C.)
La famille de son père prétend
descendre d’Héraclès et celle de
sa mère d’Achille. Le philosophe
Aristote dirige son éducation.
À 13 ans, Alexandre dompte
Bucéphale, le fougueux cheval
qui le suivit dans toutes ses campagnes. Adepte des orgies, il se
laisse parfois submerger par la
colère (il tuera son ami Cleitos).
De ses amours, on lui connaît
trois épouses et surtout son ami
Héphaïstion.
En Égypte, il prend le titre de
pharaon. De Mésopotamie, il
adopte la proscynèse (les gens se
prosternent devant lui), acte
d’allégeance et d’adoration.
Un immense mais fragile empire
Pour administrer son empire, Alexandre fidélise les élites des pays
conquis en conservant les administrations existantes, les divinités
locales et les temples. Mais il place des Macédoniens aux postes clés.
Par des mariages, il crée des alliances. Son armée s’orientalise mais
demeure dirigée par des généraux grecs ou macédoniens. Selon Plutarque, il a fondé plus de 70 villes. On en connaît une trentaine, et 25
se nomment Alexandrie. Il unit culture grecque et culture orientale ;
l’hellénisme se développe, mais son empire ne lui survit pas.
Alexandrie d’Égypte
Fondée par Alexandre en 331 av.
J.-C., elle devient la ville la plus
peuplée du monde antique moins
de deux siècles après, avec un
million d’habitants.
Cosmopolite, elle attire et
rayonne, avec son phare (l’île de
Pharos), son musée, sa bibliothèque… On y calcule pour la première fois la circonférence de la
Terre.
25
Antiquité
52 av. J.-C. : victoire de César
sur Vercingétorix à Alésia
La guerre des Gaules
26
En 58 av. J.-C., César entre en Gaule à
l’appel des Éduens, un peuple gaulois de la
région d’Autun allié de Rome, qui subissent
Alésia?
Avaricum
les migrations helvètes. Il utilise cette camBibracte
pagne militaire pour accroître son prestige
Gergovie
en conquérant de nouveaux territoires.
Génie militaire et diplomate, il se sert des
discordes et des rancœurs entre les tribus.
Début 52, estimant la Gaule pacifiée, il rentre en Italie. Les Carnutes
(Gaulois établis entre la Seine et la Loire) se soulèvent et déclenchent
une insurrection générale qui voit l’émergence d’un jeune chef, Vercingétorix. César reprend les villes du centre et Avaricum (Bourges).
Vercingétorix se replie en Auvergne. Les légions romaines sont victorieuses dans le Bassin parisien mais César est vaincu à Gergovie (près
de Clermont-Ferrand). Il reprend l’avantage et contraint le chef
arverne à se réfugier à Alésia.
Le siège d’Alésia
César entoure la place forte gauloise, l’oppidum, d’un double
mur (fortifications de 40 km) renforcé de pièges. Affamés, les Gaulois attendent l’armée de secours, qui tarde à venir. Après un long
siège et de nombreux combats, Vercingétorix se rend. Un an plus
tard, les dernières oppositions gauloises sont réduites, la Gaule est
devenue romaine.
Nos ancêtres les Gaulois ?
La Gaule, riche et largement cultivée, s’étend du Rhin jusqu’au
nord de l’Italie. Le travail des
métaux y est très répandu. Les
peuples celtiques assimilés aux
peuplades issues du néolithique
forment le peuple gaulois, composé de nombreuses tribus. Dans
ce monde brillant qui souffre de
dissensions internes, les cavaliers
et les druides forment l’élite. Il
s’est romanisé rapidement pour
former un territoire gallo-romain.
Antiquité
Vercingétorix, un personnage symbolique
Son nom signifierait en celte « roi des grands guerriers ». Né vers
75 av. J.-C., il appartient à l’aristocratie arverne. À partir de 57, il
s’engage dans l’armée puis s’enrôle dans la cavalerie auxiliaire gauloise qui appuie César. Début 52, il rejoint les tribus révoltées avant
d’être élu chef des armées gauloises à Bibracte, la capitale des
Éduens. Il pratique la tactique de la terre brûlée afin d’empêcher les
Romains de s’approvisionner. Pris au piège à Alésia, il se rend seul à
César qui le ramène à Rome pour son triomphe. En 46 av. J.-C., il est
étranglé en prison.
Vercingétorix entre dans l’histoire de France au XIXe siècle : son
sacrifice et son échec à Alésia le transforment en martyr, victime de
la désunion et de la discorde. Napoléon III fait ériger en 1865 une
statue de sept mètres de haut sur le site présumé d’Alésia.
Jules César, fondateur de l’Empire ?
Caius Julius Caesar est né à Rome sans doute en 101 av. J.-C., dans
une famille patricienne prétendant descendre d’Énée. Habile politique, il gravit les échelons vers le pouvoir en veillant toujours à se
concilier le peuple. Vers 50 av. J.-C., il franchit le Rubicon – une
rivière marquant la frontière entre l’Italie et la Gaule cisalpine – en
disant « Alea jacta est » (« Le sort en est jeté »), et marche sur Rome,
déclenchant quatre ans de guerre civile. Il poursuit son rival, Pompée, jusqu’en Égypte où il donne le trône à Cléopâtre. Maître du
monde méditerranéen, il gouverne en souverain absolu sans jamais
sortir du cadre des institutions républicaines. César entreprend de
vastes et ambitieuses réformes. Nommé dictateur et censeur à vie, il
est soupçonné d’aspirer à la royauté ; quelques sénateurs le font assassiner : Brutus, que César estimait, fervent républicain, fut de ceux
qui le poignardèrent en mars 44 av. J.-C.
Mémorialiste et propagandiste, César laisse une œuvre littéraire
sobre et pure par son style. Son petit-neveu, Octave, qu’il avait
adopté, en s’appuyant sur ses réformes, devient en 27 av. J.-C. le premier princeps romain (empereur) et prend le titre d’Augustus.
27
Moyen Âge
1337-1453 : la guerre de Cent Ans
Un problème de succession chez les rois de France
L‘Écluse
Azincourt
Calais
Rouen
Crécy
Brétigny
Orléans
Domrémy
Bourges
Poitiers
Charles IV le Bel meurt en 1328, sans descendance mâle. Sa sœur, Isabelle, réclame le trône
pour son fils Édouard III, roi d’Angleterre. Les
barons français choisissent Philippe de Valois, cousin germain du roi défunt, en vertu de la loi dite
« salique » (attribuée aux lointains Francs Saliens),
qui transmet la couronne au premier-né des garçons. Les Anglais n’acceptent pas cette décision.
La guerre
– 24 mai 1337 : Philippe VI de Valois confisque le duché de
Guyenne à Édouard.
58
– 7 octobre 1337 : Édouard revendique publiquement la couronne
de France. Des chevauchées anglaises (expéditions de pillage)
sèment le désordre dans le nord de la France.
– 24 juin 1340 : bataille de l’Écluse. La flotte française est
détruite dans l’avant-port de Bruges (territoire dépendant d’un
vassal du roi de France). Les Anglais sont maîtres de la mer.
– 26 août 1346 : Crécy. Édouard, soucieux de préserver ses intérêts économiques en Flandre (débouchés anglais pour la vente de
laine), intervient dans le Nord. Le roi de France cherche à empêcher sa retraite. Les chevaliers français, qui méprisent l’infanterie
anglaise et ses archers, subissent une lourde défaite à Crécy. Les
Anglais utilisent le canon.
– 1347 : Calais. Édouard, stimulé par sa récente victoire, assiège
Calais en 1346. Il prend la ville et son port le 4 août 1347 ; six
bourgeois remettent les clés de la ville et implorent la grâce du
roi.
– 19 septembre 1356 : Poitiers. Le roi de France, Jean II le Bon,
successeur de Philippe, est fait prisonnier alors qu’il tente d’arrêter l’armée du Prince noir (fils d’Édouard). Encore une fois, la
chevalerie française est décimée par les archers.
Moyen Âge
– 1360 : traité de Brétigny. Ratifié à Calais, il prévoit la libération
du roi de France contre une très forte rançon et ampute le
royaume de plus du tiers de son territoire. Fort de ses gains territoriaux, le roi d’Angleterre renonce à la couronne de France.
– 1364-1380 : règne de Charles V. Le nouveau roi de France,
excellent administrateur, met sur pied une armée permanente
qu’il finance à l’aide de nouveaux impôts, comme la gabelle
(impôt sur le sel). Aidé de son connétable (commandant en chef)
Bertrand Du Guesclin, il reprend l’essentiel du royaume.
– 1380-1422 : règne de Charles VI. La folie du roi de France,
devenu le jouet des grands seigneurs, amène de nouveaux désastres, aggravés par la défaite d’Azincourt.
25 octobre 1415 : Azincourt,
la noblesse de France saignée
Le maréchal Boucicaut, qui
commande une immense troupe
comprenant la fine fleur de la noblesse française, cherche à écraser les Anglais qui se replient sur
Calais. La rencontre s’effectue
dans l’étroite vallée d’Azincourt
(1 km de large sur 4 km de long),
sous une pluie battante. Les destriers caparaçonnés et leurs cavaliers lourdement armés s’embourbent. Les chevaliers doivent
combattre à pied.
Les Anglais, qui ont placé en première ligne leurs archers abrités
derrière des écrans de bois mobiles, prennent rapidement l’avantage. Les Français, trop nombreux dans cet espace étroit, ne
peuvent manœuvrer. Dans cette
sanglante cohue, 1 500 Anglais
trouvent la mort, tandis que plus
de 5 000 Français sont tués, dont
l’élite politique et sociale du
royaume. De plus, le paiement des
rançons aux vainqueurs ruinera
de nombreuses familles aristocratiques.
Durant la démence de Charles VI, Bourguignons
(partisans du duc de Bourgogne) et Armagnacs (partisans du duc d’Orléans) se livrent une terrible guerre
civile qui favorise l’expansion anglaise. En 1422, les
Anglais occupent Paris et une partie de la France. Le
royaume de Charles VI se limite à quelques terres
dans les Pays de la Loire et à sa capitale, Bourges.
59
Époque moderne
13-14 septembre 1515 : Marignan
La victoire d’un jeune roi de 21 ans
70
François Ier (règne : 1515-1547), neveu
de Louis XII, doit assurer sa place sur le
Lombardie
trône de France. Il revendique ses droits sur
le Milanais et entraîne avec lui des nobles
français, des Gascons, des Navarrais et des
Marignan
mercenaires – dont les lansquenets (fantassins allemands). Il franchit les Alpes par le
difficile col de Vars et entre en Lombardie.
Naples
Le 13 septembre 1515, la garnison suisse de
Milan quitte la ville pour engager le combat dans la plaine de Marignan (Melegnano). Le 14, les canons français provoquent des ravages chez les Suisses, mais seule l’arrivée
opportune des alliés vénitiens permet à François Ier de remporter la
victoire.
Une bataille célèbre grâce à la propagande
Marignan aurait sans doute disparu de la mémoire collective s’il
n’avait été nécessaire de restaurer l’image du roi de France, vaincu
et captif à l’issue de la bataille de Pavie (1525). Les chroniqueurs, en
glorifiant Pierre du Terrail, seigneur de Bayard – le chevalier « sans
peur et sans reproche » –, ont ancré l’image d’un souverain plein de
noblesse demandant à Bayard, au soir de la bataille, de le faire chevalier. Cette invention, exploitée de 1525 à 1527, aurait dû sombrer
dans l’oubli. Mais, au XIXe siècle, le mythe du roi guerrier et de son
vaillant capitaine sert la propagande de Louis XVIII puis celle de
Louis-Philippe, qui cherchent à renforcer l’image de la royauté.
Les Suisses
Avec un service militaire obligatoire depuis le milieu du XVe siècle, les Suisses sont des combattants réputés. Plus de 13 000
trouvent la mort à Marignan, ce
qui marque la fin de leurs visées
expansionnistes. Un traité de
« paix perpétuelle » est signé
avec la France, le 29 novembre
1515. C’est le prélude à une neutralité qui perdure.
Époque moderne
Ils commandent donc de nombreuses toiles représentant l’adoubement de François Ier. C’est ainsi que 1515 est une des rares dates dont
se souviennent tous les Français !
Les guerres d’Italie et la Renaissance française
Au XVIe siècle, l’Italie est l’un des territoires les plus développés et
les plus peuplés d’Europe. Composée d’une vingtaine d’États rivaux,
elle attire les convoitises de grandes puissances comme le Saint
Empire germanique, l’Espagne et la France. En 1494, Charles VIII (roi
de France de 1483 à 1498) revendique un vieil héritage italien et entame une série de campagnes militaires qui s’achèveront en 1559
sous Henri II (1447-1559) par la paix du Cateau-Cambrésis, traité
signé avec Philippe II (roi d’Espagne).
François Ier, comme Charles VIII et Louis XII (1498-1515), découvre, lors de ces guerres, les merveilles de la Renaissance italienne. Il
cherche à attirer à sa cour les artistes italiens (dont Léonard de Vinci)
et fait construire de magnifiques châteaux dans le Val de Loire et en
Ile-de-France, où se mêlent style italien et tradition architecturale
française du Moyen Âge. Ce mélange de styles confère son caractère
particulier à la Renaissance française.
71
Époque contemporaine
1804-1815 : Premier Empire (Napoléon Ier)
L’ascension de Napoléon Bonaparte
86
Fils d’un notable d’Ajaccio, Napoléon
Bonaparte naît en Corse (française depuis
1768) le 15 août 1769. Il fait ses études d’ofWaterloo
ficier dans des écoles militaires royales. En
Arcole
1789, il retourne en Corse pour soutenir la
Rivoli
Révolution et tenter d’y jouer un rôle. Contraint de se réfugier sur le continent, BonaCorse
parte prend parti pour les Montagnards. Il
se voit confier un commandement avec la
charge de mater la révolte de Toulon aux
mains des contre-révolutionnaires et des Anglais. Bénéficiant du soutien de Robespierre, il rêve de combattre les Autrichiens en Italie, mais
la chute de celui-ci le conduit en prison. Rapidement libéré, il monte
à Paris où il mène une vie amère. Le 11 vendémiaire 1795, la Convention est menacée. Barras sollicite Bonaparte, qui assure la défense de
celle-ci et qui fait vite figure de sauveur. Le « général vendémiaire »,
qui commande désormais une division, convainc de l’intérêt à frapper
l’Autriche. Une armée doit avancer par la vallée du Main, une autre
par la vallée du Danube et celle de Bonaparte par la vallée du Pô.
Les campagnes du général Bonaparte
La campagne d’Italie commence. Les troupes françaises en Allemagne sont battues tandis que Bonaparte vainc à Lodi, à Arcole, à Rivoli,
puis à Mantoue. Il impose aux Autrichiens le traité de Campoformio
(1797). Instrumentant sa propre publicité, il fait publier ses exploits
dans un journal. Son armée, chargée de gloire et de butin, lui est entièrement dévouée. En attendant que le Directoire se déconsidère un
peu plus, il entreprend, en 1798, la conquête de l’Égypte, pour menacer les Anglais. Après des succès contre les Mamelouks, la flotte française est détruite en rade d’Aboukir par les Anglais (amiral Nelson).
Les tensions grandissent en France, l’Égypte est un échec militaire
mais, à la faveur d’une victoire contre les Turcs, toujours à Aboukir,
Époque contemporaine
La bataille des Pyramides
Cette bataille, qui opposa les
Mamelouks – qui dirigeaient
l’Égypte au nom du sultan d’Istanbul – à l’armée française, est
restée célèbre grâce à la phrase
de Bonaparte : « Soldats, songez
que du haut de ces pyramides,
quarante siècles vous contemplent ! » En fait, la bataille dura
à peine deux heures, l’armée
égyptienne étant mise en déroute
par la mitraille républicaine. Bonaparte sut amplifier cette victoire pour renforcer son prestige
personnel.
Bonaparte parvient à rentrer en vainqueur à Paris. Le Directoire a fait
son temps ; ses adversaires sont prêts à le renverser. On fait répandre
le bruit d’un complot afin de présenter le général comme la seule
solution garante de la stabilité. Les 18 et 19 brumaire (9 et 10 novembre 1799), Bonaparte met fin au Directoire (voir : 1789-1799, la
Révolution française) par un coup d’État, et prend le titre rassurant
de consul (il fait allusion à la République romaine).
1799-1804 : le Consulat
La Constitution de l’an VIII met en place un régime autoritaire,
qui conserve cependant les principaux acquis de 1789. Bonaparte
poursuit l’œuvre administrative de la Révolution en renforçant la
centralisation du pays ; des préfets sont placés à la tête des départements. Il veut réorganiser la société et lui donner des bases solides :
– 1800 : fondation de la Banque de France, qui reçoit le monopole
de l’émission des billets en 1803 ;
– 1802 : création des lycées publics réservés aux garçons (baccalauréat créé en 1808) et de la Légion d’honneur, pour récompenser
les militaires et les civils les plus méritants ;
– 1803 : création du franc germinal, dont la valeur est fixée par rapport à l’or et l’argent. Il conservera sa valeur jusqu’en 1914 ;
– 1804 : le Code civil unifie le droit civil français et réaffirme le droit
de propriété. Il donne au père de famille une autorité considérable. Adopté ou imposé en Europe, ce « code Napoléon » a inspiré le droit civil de la Belgique, de la Hollande, de la Suisse et
même du Japon. D’autres codes l’ont complété sous l’Empire
(Codes de commerce, pénal…).
87
Époque contemporaine
1898 : l’Affaire Dreyfus
96
En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, seul officier juif de l’étatmajor, est accusé d’avoir livré des renseignements militaires à l’Allemagne. Condamné à la dégradation et à la déportation au cours
d’un procès qui s’appuie sur une enquête bâclée, il a, sans cesse,
clamé son innocence. En mars 1896, le nouveau chef du service de
renseignements, le commandant Picquart, découvre que le traître est
Esterhàzy, un officier dévoyé. Picquart est aussitôt muté en Tunisie.
Une campagne de presse débute pour obtenir la révision du procès.
Le 13 janvier 1898, l’écrivain Émile Zola interpelle le président de la
République, Félix Faure, dans le journal l’Aurore. « J’accuse… ! »,
écrit-il. L’opinion saisie, l’affaire Dreyfus divise les Français en deux
camps : les dreyfusards, défenseurs de la vérité et de la justice, qui
s’opposent aux « antidreyfusards », aux discours parfois violemment
antisémites, pour qui l’intérêt de la nation passe avant tout (il faut
donc couvrir les erreurs de l’armée). Esterhàzy est acquitté, Zola
inculpé et condamné, Picquart arrêté ; des falsifications effectuées
par le colonel Henri, qui se suicide, sont découvertes. Les scandales
se multiplient. En août 1899, Alfred Dreyfus est de nouveau
condamné, mais avec des circonstances atténuantes. Il est gracié en
septembre 1899, et n’est réhabilité qu’en 1906.
De la « machine à courir » à la « petite reine »
En 1813, l’Allemand Karl Drais von Saverbronn invente une étrange
« machine à courir » à deux roues, propulsée par les jambes : la draisienne. En 1861, des pédales sont ajoutées sur la roue avant. Faire du
vélocipède, ou du bicycle comme « le Grand Bi », avec sa roue avant
démesurée et sa roue arrière minuscule, requiert habileté et courage,
car ces engins n’ont pas de frein ! Le tricycle, très en vogue, est décidément plus stable. En 1885, les perfectionnements apportés au Safety
(petit bicycle, plus sûr, doté d’une roue arrière motrice grâce à une chaîne)
par l’Anglais Starley préfigurent la bicyclette moderne. Les sportifs sont
ravis, et les compétitions se multiplient (Paris-Roubaix, dès 1896).
Henri Desgrange crée le premier Tour de France cycliste en 1903.
Époque contemporaine
1905 : la loi de séparation
des Églises et de l’État
Le 9 décembre 1905, les radicaux au pouvoir sous la IIIe République
votent la loi de séparation des Églises et de l’État, point d’orgue d’une
politique anticléricale qui entraîne l’abolition du Concordat de 1801,
signé par Napoléon Ier avec la papauté. Cette loi garantit le libre exercice des cultes dans le pays, mais précise que la République ne reconnaît
Cas particulier
aucune Église officielle, ne subvenL’Alsace et la Moselle, allemandes entre 1871 et 1918, n’ont pas
tionne aucun culte.
été concernées par cette loi. Elles
L’Église catholique, religion de la
restent régies, aujourd’hui engrande majorité des Français, est
core, par le Concordat de 1801.
principalement visée. Le pape Pie X
condamne la loi, et son application entraîne des affrontements entre
les forces de l’ordre et les catholiques, en 1906, lors de l’inventaire
des biens de l’Église dans les édifices religieux – qui appartiennent à
97
l’État depuis la Révolution.
Cette loi constitue une étape essentielle dans la définition d’une
République laïque, qui entend cantonner la religion dans la sphère
privée et limiter son influence. Déjà, en 1904, Émile Combes avait
interdit l’enseignement à toutes les congrégations religieuses, complétant l’œuvre des républicains modérés qui, dans les années 1880,
avaient entrepris la laïcisation de la société : les emblèmes religieux
avaient été retirés des lieux publics (hôpitaux…), le divorce avait été
rétabli, l’école obligatoire gratuite et laïque de 6 à 13 ans instituée
par Jules Ferry.
Époque contemporaine
blicains du Front populaire sont aidés par l’URSS et des volontaires
venus de toute l’Europe, qui forment les « Brigades internationales », mais pas par la France ni la Grande-Bretagne, qui redoutent
une internationalisation du conflit. Les nationalistes reçoivent une
aide de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie.
La victoire des nationalistes
Avec un lourd bilan, évalué selon les sources entre 400 000 et
900 000 morts, et après de nombreuses atrocités, dénoncées en particulier par le peintre Picasso dans son œuvre Guernica, la guerre
civile espagnole s’achève le 28 mars 1939 lorsque les troupes de
Franco pénètrent dans Madrid.
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1939-1945 : la Deuxième Guerre mondiale
114
Les origines de la guerre
Les idéologies fascistes, au pouvoir en Allemagne, en Italie et au
Japon, ont toutes une ambition expansionniste, qui s’exprime dans
les années 30. Les trois pays remettent alors en cause l’ordre mondial mis en place à l’issue de la Première Guerre mondiale – en remilitarisant dans le cas de l’Allemagne, et en menant des politiques
d’agression, vers l’Europe centrale pour Hitler, vers la Méditerranée
pour l’Italie, en Asie orientale pour le Japon. Les démocraties, enlisées dans la dépression des années 30, et marquées par le souvenir
des horreurs de la Grande Guerre (14-18), restent passives dans un
premier temps.
1939-1942 : les victoires de l’Axe
Le 1er septembre 1939, l’attaque allemande contre la Pologne
provoque cependant l’entrée en guerre de la France et de la GrandeBretagne contre le IIIe Reich. Le 17 septembre, Staline, qui a signé
avec Hitler un pacte de non-agression le 23 août, envoie l’Armée
rouge envahir l’est de la Pologne, conformément aux accords signés
avec l’Allemagne.
Époque contemporaine
URSS
Allemagne
Grande-Bretagne
Japon
États-Unis
Italie
Puissances de l’Axe
Les 3 principaux alliés
La stratégie de la Wehrmacht, la guerre éclair (Blitzkrieg), assure
aux forces allemandes une victoire rapide dans de nombreux pays :
après la Pologne en 1939, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, la
Belgique, la France enfin sont vaincus entre avril et juin 1940. L’Italie attaque la Grèce en octobre 1940, et obtient le renfort de son
allié allemand ; au printemps 1941, la Grèce et la Yougoslavie sont
battues. En Europe, seule la Grande-Bretagne est encore en guerre
contre les forces de l’Axe (Allemagne et Italie), avant qu’Hitler ne
décide de lancer l’offensive à l’Est contre l’URSS, à partir du 22 juin
1941, dans le cadre de l’opération Barberousse.
En Asie, le Japon poursuit la conquête de la façade pacifique du
continent, entamée dans la première moitié des années 30. Les
forces aéronavales du Japon attaquent la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor, dans les îles Hawaï, le 7 décembre 1941,
provoquant l’entrée en guerre des États-Unis. La dimension
mondiale du conflit s’affirme avec l’attaque de l’Égypte, contrôlée
par la Grande-Bretagne, par les troupes germano-italiennes depuis
la Libye.
115
Époque contemporaine
1942-1945 : les victoires alliées
Avec l’entrée en guerre des États-Unis et de l’URSS en 1941, le
rapport de force entre les deux camps change, à l’avantage de la
Grande Alliance (les Alliés), qui reprend l’initiative et retrouve
l’espoir à l’issue de plusieurs victoires dans des batailles décisives
considérées comme des tournants de la guerre :
– En Europe, les Soviétiques gagnent la bataille de Stalingrad
(aujourd’hui Volgograd, sur les rives de la Volga) en février 1943,
après six mois de combats acharnés. Le 2 février, le général allemand Paulus doit capituler.
– En Asie et dans le Pacifique, les Américains réussissent à mettre
les Japonais en échec en juin 1942, lors de la bataille de Midway.
– En Afrique du Nord, enfin, l’Afrikakorps de Rommel est vaincu par
les troupes anglaises commandées par le général Montgomery à
El Alamein, en Égypte.
116
Les Alliés gardent ensuite l’initiative jusqu’à la victoire, en 1945.
Le 8 mai 1945, l’Allemagne envahie capitule, prise en tenaille entre
les Alliés occidentaux – qui ont débarqué en Normandie le 6 juin 1944
(le « D-day » ou « jour J »), et en Provence en août – et les Soviétiques,
qui libèrent peu à peu les pays d’Europe centrale ou orientale. En
Asie, la guerre menée par les Américains et les bombes atomiques,
lâchées sur Hiroshima le 6 août et Nagasaki le 9, ont raison de la
résistance acharnée des Japonais, qui capitulent le 2 septembre.
La bombe atomique
En 1942, le président américain
Roosevelt, alerté par une lettre
d’Einstein sur l’avancée des recherches allemandes sur la fission
de l’atome, met sur pied le projet
Manhattan – dont il confie la direction au physicien Oppenheimer
– dans le but de fabriquer la
bombe atomique avant les Allemands. Le 16 juillet 1945 a lieu la
première explosion atomique dans
le désert du Nouveau-Mexique,
près de Los Alamos. Le projet
Manhattan, qui a coûté 2 milliards
de dollars, a permis de construire
3 bombes : Trinity, la bombe test ;
Little Boy (Hiroshima) et Fat Man
(Nagasaki). L’explosion qui rasa
Hiroshima coûta la vie à 200 000
personnes ; celle de Nagasaki, à
100 000 environ.
Époque contemporaine
Un manuel de conversation à l’usage du soldat
américain
Le War Department publie en 1943 un French
Language Guide à l’intention des troupes qui vont
débarquer en France, afin qu’elles puissent
converser avec les autochtones :
Hello or Good day: bawn-JOOR (Bonjour)
Good evening: bawn-SWAR (Bonsoir)
How are you? Kaw-MAHN-T/ah-lay VOO?
(Comment allez-vous ?)
Yes: WEE (Oui). No: NAWNG (Non)
Do you understand? KAWM-pruh-nay VOO?
(Comprenez-vous ?)
I don’t understand: juh nuh KAWM-prahng PA
(Je ne comprends pas)
Speak slowly, please: par-lay LAHNT-mahng,
seel voo PLAY (Parlez lentement, s’il vous plaît)
What’s that? Kess kuh say kuh SA?
(Qu’est-ce que c’est que ça ?)
I want to eat: juh voo-DRAY mahn-JAY
(Je voudrais manger)
It is not good: suh nay pa BAWNG
(Ce n’est pas bon)
Where is the toilet? oo AY luh la-va-BO?
(Où est le lavabo ?)
Where are the American soldiers?
oo SAWNG lay sawl-DA-Z/ah-may-ree-KANG?
(Où sont les soldats américains ?)
Take me to a doctor: kawn-dwee-zay-MWA shayz/ung dawk-TUR (Conduisez-moi chez un docteur)
You will be rewarded: voo suh-RAY ray-kawnpahn-SAY (Vous serez récompensé)
117
Époque contemporaine
1942-1945 : la Shoah
L’antisémitisme nazi
L’antisémitisme est un phénomène ancien en Europe : les juifs
furent souvent victimes de « pogroms » (mot d’origine russe, donné
aux émeutes antisémites qui causèrent la mort de nombreux juifs en
Russie à la fin du XIXe siècle et au début du XXe). La haine des juifs
s’est aussi manifestée en France, lors de l’affaire Dreyfus par exemple
(voir : 1898, l’Affaire Dreyfus). Les nazis ont poussé cet antisémitisme à son paroxysme, en l’inscrivant, avec le racisme, au cœur de
leur idéologie et de leur projet. Avant la guerre déjà, les juifs ont
été victimes de persécutions et mis au ban de la société, notamment
à travers les lois de Nuremberg de septembre 1935, qui les ont
déchus de la nationalité allemande.
120
Le 9 novembre 1938, lors d’un pogrom connu sous le nom de
« Nuit de cristal » – dont le but est de dissuader les juifs de rester en
Allemagne –, des synagogues, de nombreux biens juifs ont été
détruits et pillés, une centaine de juifs assassinés et près de 30 000
internés dans des camps de concentration. En 1938-1939, près de la
moitié de la communauté juive d’Allemagne quitte le pays, pour la
France, les États-Unis ou la Palestine.
L’évolution de la politique nazie vers la « solution finale »
Cependant, la guerre et la conquête de territoires à l’Est ont multiplié le nombre de juifs sous contrôle allemand, notamment en
Pologne et en URSS (voir : 1939-1945, la Deuxième Guerre mondiale). Diverses politiques sont envisagées ou mises en œuvre : la
concentration dans des ghettos, où la population est réduite à une
mort lente, comme à Varsovie (le soulèvement du ghetto, du 19 avril
au 16 mai 1943, conduit à une répression terrible) ; la déportation
en camps de concentration et de travail est également organisée ;
après la défaite de la France en juin 1940 (voir : 1940, l’armistice
et l’appel du 18 juin), une autre solution est restée à l’état de projet, le transfert des juifs d’Europe vers l’île de Madagascar.
Époque contemporaine
La conquête de l’URSS a constitué le tournant décisif, à partir de
l’été 1941 : après les massacres systématiques de juifs et de résistants,
qui ont fait d’après les estimations
plus d’un million de victimes, hommes, femmes et enfants, la « solution finale » est décidée et planifiée
lors de la conférence de Wansee, le
20 janvier 1942 : la déportation et
l’extermination totale des juifs, à
l’échelle de l’Europe, dans des
camps construits à cet effet.
6
3
5
4
1
2
Camps d’extermination ouverts de 1941
à 1945 : 1. Auschwitz ; 2. Belzec ;
3. Chelmno ; 4. Maïdanek ; 5. Sobibor ;
6. Treblinka.
2 700 000 juifs ont péri dans ces camps, ce qui porte le bilan des
victimes juives du nazisme à un total compris entre 5 100 000 et
5 800 000 personnes. Pour désigner ce génocide, les historiens
s’accordent aujourd’hui sur le terme de Shoah, mot hébreu signifiant
« catastrophe » ou « destruction ». Entre 54 et 64 % de la population juive vivant en Europe en 1939 a ainsi disparu entre le début de
la guerre et 1945.
Les autres victimes du nazisme
Parmi les nombreuses autres victimes du nazisme, il faut souligner
le sort des Tsiganes, les 240 000
morts de cette communauté représentant 34 % de sa population totale ; les prisonniers soviétiques
(3 500 000 morts, 67 % du total) ;
les détenus des camps de concentration (1 100 000 morts, hors
camps d’extermination) ; et les
victimes de fusillades en dehors
des camps, dont le total est estimé
à 1 300 000 personnes.
121
Époque contemporaine
1947-1962 : les principales crises
de la Guerre froide
(Voir : 1947, les débuts de la Guerre froide.)
Berlin
URSS
Moscou
États-Unis
Washington
Cuba
Corée du Nord
Chine
Corée du Sud
132
1948-1949 : le blocus de Berlin
À la fin de la Deuxième Guerre mondiale (voir : 1939-1945, la
Deuxième Guerre mondiale), l’Allemagne vaincue a été divisée en
quatre zones d’occupation : une zone soviétique à l’est ; une zone
américaine, une britannique et une française à l’ouest. La capitale,
Berlin, située dans la zone d’occupation soviétique, a elle-même été
divisée en quatre secteurs. En 1948, les Soviétiques, déjà mécontents
de la présence des Occidentaux à Berlin-Ouest et de leur relative clémence à l’égard des vaincus, rejettent le projet d’unification de leurs
zones par les Occidentaux, qui créent un nouveau mark. Pour faire
pression sur le bloc de l’Ouest, Staline décide le blocus de BerlinOuest, en juin 1948. Les Américains réagissent en organisant un pont
aérien qui ravitaille Berlin-Ouest. L’URSS renonce finalement au
blocus, devant son inefficacité, en mai 1949. À la suite de cette crise,
deux États allemands sont créés : la République fédérale d’Allemagne, à l’Ouest ; la République démocratique allemande, à l’Est.
Époque contemporaine
1950-1953 : la guerre de Corée
En 1950, la Corée du Nord, communiste
depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
envahit la Corée du Sud, alliée des États-Unis.
Conformément à la doctrine Truman énoncée
trois ans plus tôt, les Américains réagissent, sous
couvert de l’ONU. Alors que presque toute la
péninsule est aux mains des agresseurs, les forces des Nations unies repoussent leurs adversaires au nord de la frontière initiale, constituée par le 38e parallèle. La Chine, devenue communiste en 1949, décide d’intervenir pour aider la Corée du Nord.
Intervention de l’ONU
Le droit de veto, dont dispose
chacun des cinq membres permanents du Conseil de sécurité
(Chine, États-Unis, France,
Royaume-Uni, URSS), a paralysé
l’organisation des Nations unies
dans la plupart des conflits de la
Guerre froide. La guerre de
Corée fait exception car, pour
protester contre le refus d’attribuer le siège de la Chine à la
jeune Chine populaire de Mao Zedong, l’URSS boycottait le Conseil de sécurité en 1950. Elle n’a
donc pas pu user de son droit de
veto contre le projet d’intervention proposé par les États-Unis.
Les forces américaines sont repoussées vers le
Sud. Le général Mac Arthur envisage alors de
bombarder la Chine, mais l’URSS menace d’intervenir si la Chine est attaquée directement. Le projet du général américain est abandonné ; le front
se stabilise en 1951, approximativement au
niveau de la frontière initiale. En juillet 1953, un
armistice a été signé entre les deux Corées, après
la mort de Staline. Le conflit a fait 3 millions de
morts ; la paix n ‘a toujours pas été signée.
133
Époque contemporaine
1969 : le premier homme sur la Lune
142
« C’est un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour
l’humanité. » Cette phrase célèbre, prononcée par l’astronaute américain Neil Armstrong le 21 juillet 1969, accompagne le geste historique qu’il vient alors d’accomplir, en étant le premier homme à
poser le pied sur la Lune. Il a quitté la Terre le 16 juillet, avec deux
autres membres de l’expédition, Edwin Aldrin et Michael Collins, à
bord de la capsule Apollo XI. Le 20 juillet, alors que la capsule reste
en orbite autour de la Lune avec Michael Collins, il a embarqué à
bord du LEM (module d’exploration lunaire) Eagle, avec Edwin
Aldrin, pour se poser sur la « mer de la Tranquillité ». Les deux
hommes sont restés 22 heures sur la Lune, dont 2 hors du LEM. En
souvenir de l’événement, suivi par plus de 500 millions de téléspectateurs dans le monde, les deux astronautes ont laissé sur la surface lunaire le drapeau américain et une plaque commémorative
avec l’inscription suivante : « C’est ici que des êtres humains de la
planète Terre posèrent pour la première fois le pied sur la Lune, en
1969 après Jésus-Christ. Nous sommes venus en paix pour toute
l’humanité. Neil A. Armstrong, astronaute ; Edwin E. Aldrin, astronaute ; Michael Collins, astronaute ; Richard Nixon, président des
États-Unis d’Amérique. »
La mission s’achève le 24 juillet, lorsque la capsule Apollo XI
rejoint la Terre dans le Pacifique. Dans la compétition qui les oppose
aux Soviétiques dans le domaine de la conquête spatiale, les Américains viennent de remporter un succès important.
Iouri Gagarine
La mission Apollo se déroule
dans un contexte de concurrence
acharnée entre les USA et l’URSS
pour la domination de l’espace.
Le 12 avril 1961, le cosmonaute
soviétique
Iouri
Gagarine
(27 ans) accomplit le tour de la
Terre en 108 minutes, à 327 km
d’altitude. Quatre ans après le
lancement d’un premier satellite,
les Russes présentent son exploit
comme une preuve de la supériorité du système soviétique. En réponse, le 25 mai 1961, le président Kennedy promet qu’un
Américain marchera sur la Lune
avant la fin de la décennie.
Époque contemporaine
1973 : le premier choc pétrolier
et la fin des « Trente Glorieuses »
En octobre 1973, lors de la guerre du
Kippour entre Israël et les pays arabes voisins (Égypte et Syrie), les pays du MoyenSyrie
Orient exportateurs de pétrole utilisent
Israël
MOYENl’« or noir » comme une arme, en décréORIENT
Égypte
tant l’embargo contre les amis d’Israël, en
particulier les grandes puissances occidentales. En trois mois, le prix du pétrole quadruple. Les États-Unis et l’Europe prennent
conscience de leur dépendance en matière énergétique vis-à-vis du
Moyen-Orient. La maîtrise de la consommation d’énergie et des
sources d’approvisionnement devient une priorité, de même que la
paix au Moyen-Orient, dont l’importance stratégique est confirmée.
Ce premier choc pétrolier coïncide également avec l’entrée du
monde capitaliste dans la crise économique du dernier quart du
XXe siècle, qui fait suite à une période de croissance sans précédent,
les « Trente Glorieuses » selon l’expression de l’économiste J. Fourastié.
143
Époque contemporaine
1999 : la naissance de l’euro
Décidée lors de la signature du traité de Maastricht
en 1992, l’union monétaire, à
travers la création d’une
monnaie unique, intervient le
Pays-Bas
1er janvier 1999, après une
Belgique
phase de préparation au
Allemagne
cours de laquelle les États
Luxembourg
concernés ont fait « converAutriche
France
ger » leurs économies en faItalie
vorisant la stabilité des prix,
des taux d’intérêt faibles, en
Espagne
limitant les déficits publics et
Grèce
leur endettement. Onze pays,
bientôt rejoints par la Grèce,
ont ainsi créé cette Union économique et monétaire (UEM). Dans
l’Union européenne de 1999, trois pays cependant ont conservé leur
monnaie nationale : le Danemark, la Grande-Bretagne et la Suède.
La création de l’euro constitue une étape importante dans la construction européenne, car elle dépasse le domaine économique en
intervenant dans le champ politique, le droit de battre monnaie
relevant traditionnellement de la souveraineté des États.
Finlande
Portugal
148
1992 : Traité de Maastricht
Signé le 7 février 1992 à Maastricht (Pays-Bas), le traité donne
une vocation politique à la construction européenne.
Entré en vigueur le 1er novembre
1993, il institue une Union européenne entre les États membres
de la Communauté.
Il comprend trois piliers principaux : la Communauté européenne, qui remplace la CEE
(Communauté économique européenne), avec des compétences
supranationales étendues (citoyenneté européenne, union économique et monétaire, nouvelles
politiques communautaires dans
l’éducation, la santé, les transports…) ; la coopération en matière de politique étrangère et de
sécurité commune ; la coopération en matière d’affaires intérieures et de justice.
Époque contemporaine
La monnaie unique est entrée en circulation
dans tous les États de l’UEM le 1er janvier 2002,
avec des pièces comportant une face commune
à tous les pays, et une face spécifique à chacun,
les billets étant identiques pour tous. Le symbole de l’euro est la lettre grecque epsilon, avec
deux barres horizontales au milieu. Une Banque
centrale européenne (BCE), dont le siège est établi à Francfort, en
Allemagne, indépendante des gouvernements, définit la politique
monétaire commune.
L’écu avant l’euro
Sous ce nom fleurant bon l’Ancien
Régime se cache la première monnaie
européenne, créée en 1979 : l’European
Currency Unit (ECU), une monnaie
fictive dont le cours correspond à un
« panier » de devises européennes.
Si l’écu n’a jamais existé réellement,
il a préparé le terrain à l’euro, chaque
monnaie nationale ayant un cours officiel
par rapport à une unité de compte de
référence. Lors du lancement de la
monnaie commune, le mot « euro »
a été retenu, notamment parce que,
en allemand, ECU évoque plutôt…
la vache (eine Kuhe) !
149
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