LES MODAUX
I INTRODUCTION
* Ils appartiennent à la catégorie plus large de la modalité, qui peut se définir
comme un jugement ou un commentaire de l’énonciateur vis-à-vis de l’idée qu’il ex-
prime et de son caractère probable, nécessaire, souhaitable etc. Elle s’exprime essen-
tiellement à l’aide des modaux.
*Pour employer d’autres termes plus culioliens, c’est une prise de position de l’énon-
ciateur sur la relation prédicative.
Rappel : la relation prédicative est le couple formé par le sujet de la phrase (ce dont
on parle) et le prédicat (ce qu’on en dit). Ex : you must go. Cette relation est parfois
appelée « contenu propositionnel » ou « dictum ».
*Les culioliens divisent la modalité en quatre rangs généraux :
1 : modalités de type assertif, qui concernent le caractère validé ou non (vrai ou faux)
de la relation, et qui inclut les assertions et les questions.
2 : modalités de type épistémique (du grec « science ») qui concernent les déductions
de l’énonciateur, qui évalue les probabilités de validation de la relation (entre 1 et 99
%).
3 : modalités de type appréciatif qui concernent le caractère bon ou mauvais, normal
ou anormal de la relation.
4 : modalités de type radical qui regroupe deux catégories :
a) dynamique (du grec « force », « pouvoir ») qui concerne les capacités du sujet
grammatical.
b) déontique (du grec « devoir »), parfois appelée « pragmatique » ou « intersubjec-
tive » car elle implique une pression exercée sur le sujet.
*Il ne faut pas confondre les modaux (par exemple R3) avec He likes fishing, qui est
une simple assertion où la relation he / like fishing est validée. Un modal, au contraire,
se loge entre le sujet et le prédicat (certains linguistes parlent de « soudure prédica-
tionnelle »).
*Les modaux (can, will, shall, must, may) ont la fonction grammaticale d’auxiliaires
(verbes outils qui aident d’autres verbes), et n’ont donc pas besoin de l’auxiliaire BE
ou DO pour former la négation ou l’interrogation : Can you shut the door, you may
not go. Ils ne prennent pas non plus la particule de l'infinitif TO. Ils ne peuvent pas
fonctionner au futur avec WILL (*you will can) ou au present perfect avec HAVE
(*You have can/could). En revanche, on peut trouver You could have died, you should
have died ou you might have died car HAVE soutient die et non le modal.
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*Rappel : BE et DO peuvent fonctionner de plusieurs manières. I think, therefore I
am (verbe lexical) Bryan is in the kitchen (copule) Bryan is cooking (auxiliaire).
Just do it (verbe) Yes, I do (reprise) do you smoke? (auxiliaire). Selon les em-
plois, le mot se vide donc d’une partie de son sens (ce phénomène est une désémanti-
sation, ou « subduction ésotérique »).
*Il faut distinguer les modaux d’autres formes telles que have to, ought to, had better,
would rather etc., qui sont composées et donc différentes. Ces dernières sont des
« semi modaux » ou des « quasi-modaux ».
II CAN
A. Possibilité, vraisemblance qui n’inclut pas une évaluation des probabilités: Whales
can’t fly. Elle peut être occasionnelle : He can be a pain sometimes.
B. Capacité physique, faculté intellectuelle :
Can you lift this trunk? Can you drive?
C. Permission: Can I use your pen? Le sens est alors très proche de be allowed to.
D. Valeur directive: Can you shut up please!
E. Can sert souvent d'auxiliaire pour conjuguer les verbes de perception involontaire :
Can you hear me?
*A la négation, on peut avoir cannot et can not, mais la deuxième forme peut impli-
quer une différence de sens et ne porte pas sur le modal :
You cannot come! = You’re not allowed to! / You can not come (not obliged to come)
II.2 COULD
C’est la forme de CAN au prétérit, qui peut avoir plusieurs valeurs.
A. Valeur temporelle de possibilité dans le passé: 10 years ago, I couldn’t swim.
B. Concordance des temps au discours indirect (backshift)
C. Valeur d’iréel du présent ou du passé (décalage avec la réalité)
I wish I could help you / He could have opened the door, but he didn’t.
D. Valeur de conditionnel présent: I could punch him if
E. Valeur d’atténuation d’une possibilité qui entraîne une nuance de doute. That
could be true. Dans une requête, le doute suscite une valeur de politesse : Could you
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open the door ? Dans un reproche, il prend une valeur d’ironie : You could say thank
you, moron !
II.3 BE ABLE TO
Ce pseudo-modal a un sens très proche (être capable de). Au futur et au present per-
fect, il remplace CAN, qui ne peut pas côtoyer l’auxiliaire WILL ou HAVE.
*Il y a cependant quelques différences de sens au présent comme au passé :
Can your son drive? (sait-il conduire?)
Is your son able to drive? (présuppose un problème physique)
*Pour indiquer qu’une action particulière a été réalisée, il faut l’employer, car could
ne fait qu’indiquer une capacité dans le passé :
I was able to see him yesterday (j’ai pu)
I could see dead people when I was a kid (je pouvais)
II.4 DARE
Son sens est « oser », il est proche de can. Dare est tantôt un verbe ordinaire (he
doesn’t dare, does he dare ?), tantôt un auxiliaire (he daren’t, dare he ?). Il n'est utili-
en tant qu'auxiliaire qu'aux formes interrogative et négative. L’emploi verbal est
plus fréquent, car plus familier.
Le prétérite de la forme modale est dared, parfois dare, et sa forme négative est da-
redn't ou daren't ou dared not. A la forme affirmative, on conjugue dare comme un
verbe ordinaire: I wonder how he dared to say such a thing
*dans la langue familière, I daresay (en un seul mot) est synonyme de I suppose.
III MAY
A la forme négative on ne trouve que la forme non contractée may not. Ce modal pos-
sède des valeurs très différentes, épistémiques et radicales.
A. Valeur d’incertitude, d’éventualité (may est accentué). On parle ici d’équipossibili-
té, les chances sont évaluées à environ 50%. Dans cet emploi épistémique, may ne se
construit pas à la forme interrogative : on se servira de l'expression to be likely to.
He may be ill / He may have seen you!
Parfois, on peut faire pencher la balance d’un côté : He may well be in england.
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B. Valeur de retour dans le domaine du possible. Ici pas de 50%, on ne fait que
contredire le préconstruit inverse, on se focalise sur la nouvelle possibilité ouverte.
C’est pourquoi on parle ici de « possible unilatéral ».
Everything is arranged, I may go to the party.
C. Valeur de permission (may pas accentué). Cet emploi est considéré comme plus
poli que can ou implique une autorité plus élevée que celle impliquée par can. May I
use your pen ?
Par conséquent, dans une réponse il peut servir à confirmer son autorité, même à l’af-
firmer : Can I go to the toilet ? Yes you may. Au contraire, on peut mettre la personne
à l’aise en répondant Of course you can.
D. Souhait dans un style solennel (may en début de phrase)
May the force be with you / May the lord have mercy on your soul!
* la négation peut porter soit sur le modal et être une interdiction, soit porter sur
l’évènement et signifier une permission : You may not stay = « vous ne pouvez pas
rester / vous pouvez ne pas rester ».
*Les linguistes utilisent deux théories différentes pour expliquer la différence entre
can et may. Certains disent que can implique un point de vue neutre (le jugement est
un constat) alors que may est subjectif : le jugement est l’opinion de l’énonciateur
(qui veut affirmer son autorité).
-D’autres disent que can implique un rapport de « congruence » car la relation entre S
et P se fait facilement, sans obstacle (of course you can !). En revanche, avec may, il y
a « non congruence » car elle se fait moins facilement. Dans You may not go, l’obs-
tacle est la volonté de celui qui parle.
III.2 MIGHT
C’est la forme de MAY au prétérit.
A. Valeur d’incertitude, les probabilités sont plus faibles qu’avec MAY.
He might be ill.
B. Suggestion ou reproche (forme affirmative seulement).
We might as well stay here
C. Permission. Might I…? est très poli, voire cérémonieux et donc peu usité.
*Au style indirect, seule l’accentuation peut indiquer s’il s’agit de la valeur d’incerti-
tude ou de permission.
-Pour une permission dans une époque qui est révolue, on utilise plutôt : I was not al-
lowed to smoke until I was 16.
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IV MUST
Il ne possède pas de forme au prétérit, et garde donc la même forme au style indirect.
Sa valeur de base est une forte nécessité.
A. Valeur épistémique de forte probabilité (nécessité logique). L’interrogation n’est
pas possible avec cette valeur, on peut utiliser be likely to.
He didn’t come, he must have missed his bus.
Red hair and a hand-me-down robe. You must be a Weasley.
B. Valeur radicale d’obligation: You must save the cheerleader
IV. 2 HAVE TO
Ce quasi-modal a un sens très proche de must, et possède également une valeur de né-
cessité logique et une valeur d’obligation.
She found the book, it had to be somewhere in the house! (il fallait bien)
You have to finish your work today.
Mais il implique une légère différence. Avec le modal, la source de la nécessité est
l’énonciateur, alors que le semi modal ne précise pas la source et implique souvent
une source extérieure et plus objective, comme un règlement, une norme morale, une
situation particulière.
You have to work harder (il faut que) / You must work harder (tu dois)
*Il remplace must pour une obligation apparue dans le futur, et dans un contexte
passé: You will have to find a new job in a few years
Yesterday, I had to buy a new bike
*La portée de la négation est également différente, car must implique une interdiction
alors que have to implique seulement une absence d’obligation :
You don’t have to do it / You must not do it
IV.3 BE TO
Cette forme est défective : on ne la trouve pas à l’infinitif, seulement au présent et au
prétérit. Elle est très présente dans les articles de journaux et implique un arrangement
ou quelque chose de programmé (voir CM futurité) : Obama to meet with Sarkozy
(rencontre prévue entre).
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