L`imparfait de politesse en français et en roumain - DOCT-US

L’imparfait de politesse en français et en roumain
(illustré dans le discours journalistique)
Liliana MOISII RADULESCU
Université « Ştefan cel Mare»
Suceava, Romania
Abstract:
The imperfect tense has been studied for a long time by a vast literature. It is a verbal tense,
which lends itself to a multitude of uses, therefore being difficult for the majority of the previous studies to
explain globally all of its usages. There is an abundance of nuances, yet we shall refer to only one of the
numerous values of this temporal form, namely the imperfect tense “of politeness”. Politeness is a courteous
manner that respects accepted social usage, and the interest in politeness as a social norm dates from the
ancient rhetoric. Each era had its norms of politeness, which had their own characteristics in every community.
Conversation is where territoriality manifests itself, territoriality where a social subject is supposed to apply a set
of strategies in order to preserve his image and/or to spare his interlocutor’s. The attitude of the dialogue
partners depends on the relationship among them: among parents and children, work colleagues, employer and
employees, heads of institutions, or among teachers and students. The imperfect tense is not always able to
express politeness by itself: there is a strong connection between the imperfect, the situation of communication
where it occurs and the relationship among the dialogue partners. However, the discussions on the pallet of
usages of the imperfect tense are far from being exhausted
.
Keywords:
imperfect tense, politeness, modesty, communication, interlocutor.
1. Introduction
L’imparfait est étudié depuis longtemps par
une vaste littérature. C’est un temps verbal qui
se prête « à un florilège d’exploitations » (M.
Wilmet, 1998 : 389) de manière qu’il est difficile
pour la plupart des études antérieures
d’expliquer globalement tous ses emplois.
V. Dospinescu (2000 :293) affirme que la
multitude d’emplois de cette forme temporelle
est due à l’association entre les catégories du
temps et de l’aspect : « C’est cet alliage de
temps et d’aspect – de subtils amalgames de ces
deux catégories, interagissant avec toutes les
données verbales textuelles et extra-textuelles
qui va engendrer les multiples emplois de cette
forme verbale ». Il y a une abondance de
nuances et nous croyons que les discussions sur
la palette d’utilisations de l’imparfait sont loin
d’être épuies. Nous nous arrêterons sur une
des nombreuses valeurs de cette forme
temporelle, à savoir, l’imparfait dit «de
politesse».
2. L’imparfait de politesse en
français
Dans une proposition principale qui contient
un verbe de volonté ou de mouvement utilisé à
la première personne, l’imparfait peut exprimer
une demande polie, discrète. Il rend un fait situé
dans le présent de la parole, mais par l’emploi de
l’imparfait le locuteur se place dans le passé, il se
montre réservé envers son interlocuteur, il
« prend de la distance, considère de loin et
comme étrangère la chose [la demande] qui,
cependant, constitue bien son actualité » (R. L.
Wagner et J. Pinchon, 1970 : 358). C’est
l’imparfait « de politesse », « de discrétion » ou
« atténuatif » (P. Imbs, 1968 : 97), qui exprime
« une action présente que l’on semble se hâter
de rejeter dans le passé [pour atténuer ainsi] ce
que le présent aurait de trop catégorique ou de
brutal » (M. Grevisse, 1964 : 654).
La politesse représente le respect des bonnes
manières, des règles de la bienséance (cf.
Trésor
de la langue française
) et l’intérêt pour la
politesse en tant que norme sociale remonte à la
période de la rhétorique ancienne. Chaque
époque a eu ses normes de politesse, et ces
normes ont eu leur spécificité dans chaque
communauté. La conversation est le lieu où se
manifeste « la territorialité »1 dans laquelle un
sujet social est mis dans la situation de mettre
en place un ensemble de stratégies pour
conserver son image et/ou pour ménager celle
de son interlocuteur. De cette façon, une
interaction est un mélange d’actes qui menacent
l’image (FTA, face threatening acts) et d’actes de
flatterie de l’image (FFA, face ftlattering acts),
qui mettent en vedette l’image du partenaire du
dialogue. Les aspects théoriques de la politesse
et leur application dans le cas de la langue
française ont été exposés par C. Kerbrat-
Orecchioni (1996 : 50–54)2. Cette linguiste se
réfère notamment au caractère de norme sociale
de la politesse et à ses côtés positif (amabilité)
et négatif (respect du territoire et de la face de
l’autre).
Les dictionnaires proposent beaucoup de
synonymes pour le nom « politesse » : « civilité,
courtoisie, savoir-vivre, bienséance, urbanité,
tact, convenance, amabilité, galanterie,
délicatesse, décence, distinction, respect,
éducation, manières, honnêteté, correction,
déférence, usage, tenue, réserve, retenue,
cérémonie, affabilité, égards, complaisance,
compliment, sociabilité, servilité, hommage,
façon, cérémonial, salutation, salamalecs,
obséquiosité, gracieuseté, bonnes manières, bon
ton, aménité, ton » (cf.
Trésor de la langue
française
). Selon ces synonymes, quand il
manifeste la politesse, l’énonciateur peut être
affecté, appliqué, cérémonieux, distant, enjoué,
exagéré, exquis, glacé, glacial, parfait, suranné.
L’attitude des partenaires du dialogue dépend de
la relation qui les lie : relations entre jeunes,
entre parents et enfants, entre collègues de
travail, entre patron et employés, entre les chefs
des institutions, entre professeurs et
élèves/étudiants, etc.
1 Selon Goffman, les rapports des personnes qui se trouvent
mutuellement en présence sont perçus comme des
comportements « face à face ». La face représente « [la]
valeur sociale positive qu’une personne revendique
effectivement à travers la ligne d’action que les autres
supposent qu’elle a adopté au cours d’un contact particulier »
(1993 : 9).
2 La contribution Kerbrat-Orecchioni réside dans l’analyse
minutieuse des niveaux du comportement verbal et non
verbal où il est possible de retrouver des variations
culturelles. Selon sa classification, la variation touche au
niveau des comportements verbaux, paraverbaux et non
verbaux, au niveau du système des tours de parole, au
niveau des systèmes de l’adresse et du marquage de la
relation interpersonnelle, dans la formulation des actes de
langage, ainsi que dans le fonctionnement des échanges
rituels. « La variation est partout : loin de se restreindre,
comme on le croit encore trop communément, à quelques
comportements isolés et superficiels, elle peut affecter tous
les aspects, et se localiser à tous les niveaux du
fonctionnement des interactions » (1996 : 68).
Vu toutes ces remarques, nous considérons
que la dénomination d’imparfait « de politesse »
manque de précision et ne reflète pas en totalité
la réalité. D’ailleurs, les auteurs de la
Grammaire
de la langue roumaine
(2005 : 432), considèrent
que pour rendre une demande atténuée, on
emploie l’imparfait de modestie (l’imparfait de
politesse ou l’imparfait d’attitude). Bien que
quelques-uns des synonymes pour le nom
« modestie » se retrouvent parmi ceux proposés
pour « politesse » (réserve, retenue, tenue,
décence, honnêteté, cf.
Trésor de la langue
française
), nous croyons que ces deux termes ne
sont pas synonymes, donc, l’imparfait de
modestie et l’imparfait de politesse n’expriment
pas la même chose. En même temps, ces deux
types d’imparfait apparaissent dans des
situations de communication différentes.
L’extrait suivant contient une phrase
prononcée par François Ciolina, l’ancien directeur
général adjoint de l’Opac, qui a levé le voile sur
les étranges pratiques de l’office HLM de Paris. Il
se trouve devant le juge et il accuse le maire de
la capitale d’avoir été l’un des maillons d’un
dispositif frauduleux. Le début de sa déposition
est dépourvu de sincérité, il déclare qu’il voulait
rencontrer le juge, c’est-dire, il voulait lui
parler, mais il le fait assez tard, plus d’un an
après la mise en examen. Par l’emploi de
l’imparfait, l’inculpé manifeste son attitude
réservée, car il se trouve devant un magistrat
chargé de rendre la justice et il affiche un
discours qui le mette en infériorité par rapport au
représentant du tribunal. Nous croyons qu’il
serait préférable de nommer ce type dimparfait
« de réserve ». Selon nous, cet imparfait est de
plus en plus utilisé de nos jours, quand on est de
moins en moins polis, et pour obtenir quelque
chose on adoucit ses paroles, même si on ne
respecte pas le partenaire du dialogue.
Aujourd’hui, l’attaque est venue de l’intérieur.
François Ciolina a décidé de parler. Un an et six
jours après avoir été mis en examen par le juge
Halphen, il lève le voile sur les pratiques au sein
de l’Opac. Les premiers mots de sa déposition
sont révélateurs: « Je voulais vous
rencontrer pour parler des constructions
neuves, des Palulos [la rénovation d'immeubles
insalubres], des grosses réparations et de
l’exploitation [du parc HLM] », dit-il d’emblée au
juge.
(
HLM de Paris - Tiberi dans la tourmente
,
Le Point
, 8.06.1996).
Dans le dialogue suivant, les locuteurs sont
un ex-courreur de l’équipe cycliste Codifis et un
fournisseur de médicaments interdits. Même si
on lutte contre le dopage, vu la dangerosité des
substances et méthodes interdites, le dialogue
ci-dessous montre qu’on peut se soustraire aux
contles. L’approvisionneur fait des
recommandations à son client sur les doses à
prendre et la période la plus propice pour
l’administration des médicaments. On observe
que le fournisseur s’adresse à son client en
utilisant le pronom personnel de deuxième
personne du singulier, de cette manière il
manifeste son impolitesse et, en même temps,
sa supériorité, dans le sens que les sportifs ont
besoin de ses médicaments, c’est lui qui est à
même de les procurer, donc, il peut se permettre
de leur parler comme il le veut. Le client emploie
le pronom de politesse et l’imparfait du verbe
«vouloir» pour introduire le verbe « remercier »,
mais c’est plutôt la marque de la réserve: « »je
ne suis pas destres, entre nous il y a une
distance sociale, mais j’ai besoin de ces
médicaments, donc je dois parler avec respect ».
Les conversations entre soigneur et coureur
témoignent du sentiment d'impunité qui régnait
sur le dernier Tour de France, malgré les huit
contrôles antidopage quotidiens. On découvre
comment il est facile de passer entre les mailles
distendues du contrôle antidopage. Conversation
du 20 septembre 2003 entre Marek Rutkiewicz
[ex-courreur de l’équipe Codifis] un fournisseur
polonais: « Les doses que j'ai elles sont toutes à
prendre avant la course, ou tous les jours? -
Avant la course, environ une semaine, deux ou
trois fois, et les granulés, tu les prends pour te
maintenir. Tu as fait une analyse de sang ? -
Oui, tout va bien, 48 hématocrites, c'est en
hausse. - Justement, tu prends ça pour te
maintenir vers le haut, combien il t'en reste ? -
Cinq ou six. Dans deux ou trois semaines, j'ai les
Championnats du monde. - Pour l'instant, t'en
prends pas et deux semaines avant la course
que tu juges la plus importante, tu en prends
tous les trois jours. - Je voulais vous
remercier ».
(
Dopage - Des écoutes
accablantes
,
Le Point
, 18.01.2007)
3. L’imparfait de politesse en
roumain
En roumain, ce type d’imparfait est rarement
utilisé, on préfère l’emploi du conditionnel
présent. Nous avons consulté les archives du
journal
Clujeanul
et nous n’avons trouvé aucun
exemple d’imparfait qui exprime la politesse. I.
Iordan (1975 : 134) le nomme imparfait de
modestie („imperfectul modestiei“) et il
argumente cette appellation par le fait qu’au
moment où on a besoin d’aide, on déplace le
désir du présent au passé, même si on a besoin
d’aide au moment de la parole. Cela s’explique
par le fait que celui qui sollicite quelque chose se
trouve dans une position inférieure par rapport à
celui auquel on s’adresse. Et de cette conscience
de l’infériorité résultent la gêne, la peur, dans un
mot, la modestie3. Le
DEX’98
explique le terme
„modestie“ par „însuşirea de a fi modest; lipsă de
îngâmfare“, tandis que
Dicţionarul de sinonime
propose pour le même terme „1. (înv.) smerenie.
(Un om plin de ~
.
)
2. simplicitate, simplitate,
(înv.) prostie, prostime.
(~ condiţiei cuiva
.
)
3.
simplicitate, simplitate, sobrietate.
(~ în
îmbrăcăminte
.
)
“. Si „modestie“ n’est plus, à
l’époque actuelle, le synonyme de „smerenie“, il
serait préférable de nommer « imparfait
d’atténuation » l’imparfait employé dans le
fragment ci-dessous. C’est une conversation
téléphonique entre le médecin vétérinaire
Mariana Negură et son assistante, Corina
Enache, accusées de permettre la mise en vente
de tonnes de viande dont la garantie était depuis
longtemps expirée (le médecin a reconnu le
contenu de certaines conversations, mais il a nié
avoir reçu des récompenses de la part de Cezar
Lazurcă, l’homme d’affaires qui a mis en œuvre
les infractions). L’assistante manifeste son
infériorité, en employant trois fois l’imparfait („eu
voiam să vă întreb“, „aveam să vă mai dau
ceva“, „mă gândeam“) pour exprimer un fait
situé au moment de la parole. On remarque
aussi l’emploi du pronom de politesse dans les
phrases prononcées par l’assistante. Mais, il y a
aussi un aspect qui exprime le manque de
politesse de Corina Enache ou son désir de
mettre en évidence le fait que, au moment où
l’on commet des infractions, la relation de chef à
subordonnés établie par un organigramme
s’efface, les deux personnes ont la même
position hiérarchique, donc, on se permet
d’employer des formules familières telle que «
bine, drăguţă! ». Le médecin s’adresse à son
subalterne en termes familiers dès le début de la
conversation, „da iubita!“, et il n’emploie pas les
marques de politesse („ia zi-i“, „ia spune“, „tu
stai“).
Mariana Negură: Da iubita!
Corina Enache: Doamna doctor…
Mariana Negură: Ia zi-i
Corina Enache: Deci, eu voiam să vă
întrebdumneavoastră mai staţi mult?
3 I. Iordan (1975: 134) commente l’emploi de l’imparfait de
modestie de la manière suivante : „
Doream (vream) să vă
rog ceva (să mă ajutaţi în cutare chestiune, să-mi
împrumutaţi o carte, o sumă de bani etc.)
. Aşadar, deplasăm
dorinţa din prezent în trecut, deşi în momentul convorbirii
dorim, adică avem nevoie, să fim ajutaţi etc. Cum se explică
acest fapt ? Să nu uităm că, din punct de vedere psihologic,
orice solicitator se află într-o poziţie inferioară celui solicitat.
Din această conştiinţă a inferiorităţii noastre rezultă jena,
teama, într-un cuvânt modestia, care ne face să recurgem
(iarăşi fără să ne dăm seama) la imperfect“.
Mariana Negură: Nu, nu! Sunt pe drum de
întoarcere.
Corina Enache: Bine, drăguţă!
Mariana Negură: Ia spune!
Corina Enache: Că aveam să vă mai dau
ceva şi mă gândeam, veniţi să luaţi
dumneavoastră sau spun lui tanti Ioana să
coboare?
Mariana Negură: Nu, eu vin până la trei. Eu
ajung acolo! Tu stai până la trei, nu?
Corina Enache: Stau că...
(
Tone de carne
împuţită au ajuns în casele vasluienilor:
Interceptări cutremurătoare (II)
,
Ziarul de Iaşi
,
27.04.2009)
Dans l’extrait qui suit, l’imparfait de politesse
est employé par le journaliste qui réalise
l’interview. Le métier lui impose d’être poli, il
emploie la structure „voiam să vă întreb“,
accompagnée de l’adverbe „tocmai“, dont le
synonyme est „chiar“ (dans cette phrase) et qui
ne peut pas être analysé, c’est un adverbe non
analysable4. Cet adverbe a la même valeur dans
l’avant-dernière phrase, situation où il est placé à
côté de l’imparfait du verbe „a considera“.
D’habitude, l’adverbe „tocmai“ indique le fait
qu’une action s’est passée peu avant le moment
de la parole, comme dans la deuxième phrase du
texte, où cet adverbe accompagne le verbe „a
pleca“, employé au passé composé. Il transmet
une information de nature sémantique directe,
qui existe dans le corps phonétique de l’adverbe
et qui indique le temps (cf. C. Dimitriu, 2000 :
724)5. Dans ce cas, „tocmai“ peut être remplacé
par „adineauri“. Pour rendre cette structure en
français, on emploie le passé récent ; son sens
est plus exact que celui du passé composé, car le
passé récent transmet aussi la notion de
« récence » (Vetters, apud. M. Plénat et alii,
1999 :341)6.
– Cum vă simţiţi ca proaspăt consilier?
4 Les adverbes non analysables sont des mots
monomorphématiques, constitués d’une seule unité minimale
de signification (cf.
Trésor
de la langue française
).
5 Adverbele substitute de «nume»/adverbe […] transmit
simultan […] două informaţii de natură semantică :
- o informaţie semantică directă, existentă în corpul fonetic al
adverbului […], care constă în indicarea în general a modului
[…], a cantităţii […], a locului […] sau a timpului […] ;
- o altă informaţie semantică, indirectă, preluată în context
de la un element «nominal»/adverbial, principial în
concordanţă cu informaţia semantică existentă în corpul
fonetic al adverbului respectiv, care constă în precizarea,
delimitarea modului, a cantităţii, a locului şi a timpului“ (C.
Dimitriu, 2000 : 724).
6 Selon Vetters (apud. M. Plénat et alii, 1999 : 341), « […] le
sens du passé récent est plus précis que celui du passé
composé : le passé récent ajoute au sens du passé composé
la notion de récence ».
– Trist şi cu greutate, pentru că preiau un
mandat al unui prieten de-al meu care tocmai a
plecat dintre noi.
Tocmai voiam să vă întreb cum
consideraţi intrarea dumneavoastră în Consiliu în
urma unui astfel de eveniment?
– Foarte grea. Pentru că domnul Miclăuş, mai
departe decât prieten, mi-a fost ca un părinte
spiritual. Şi modul în care am intrat în Consiliul
local mă obligă cu atât mai mult să preiau o
ştachetă şi să o duc mai departe.
Tocmai consideram că nu ar trebui să fie
un impediment, ci o motivare în activitate...
– Este adevărat, dar relaţiile care se stabilesc
între oameni nu pot trece aşa de uşor şi nu
putem trece peste nişte astfel de lucruri care se
petrec, din păcate.
(
Florin Bugnar : „Voi încerca
să mă capacitez să fiu numărul 1“
,
Ziarul 21
,
8.05.2009)
La même structure,voiam să vă întreb“, est
utilisée par un autre reporter pour exprimer sa
politesse même si, parfois, l’interlocuteur
manifeste son impolitesse en raccrochant au
moment où il a entendu la question. Dès le
début de la conversation, le représentant de la
presse fait preuve d’éducation : il salue, il
s’excuse pour le dérange provoqué à son
interlocuteur, il se présente. On observe aussi le
fait que le partenaire de dialogue est aimable au
début, quand il ne connaît pas le but du coup de
fil reçu. Il change brusquement d’attitude quand
le reporter lui pose une question embarrassante.
G. Guillaume (1971 : 132) voit dans ce type
d’imparfait une expression particulière du
mouvement psychique de « décadence »
commun à tous les imparfaits, correspondant au
fait que le locuteur se place « en dessous » de
l’interlocuteur.
Deşi a susţinut că nu va mai organiza
conferinţe de presă, pentru nu fi acuzaţi că nu i-
am dat dreptul şi de data aceasta să se apere, l-
am contactat telefonic pe directorul Mihai Pavel
[şeful Direcţiei Agricole Botoşani], ridicându-i
mingea la fileu. Serviciul a fost jalnic. Pentru că
ştia că nu ne poate induce în eroare şi pe noi, a
închis telefonul în momentul în care am pus
degetul pe rană. Reporter: Bună ziua. Mihai
Pavel: Bună ziua. Rep.: Toată stima, domnul
director Pavel, da? M. P.: Da! Rep.: Domnule
director, îmi cer scuze că vă deranjez. Marian
Moroşan sunt, de la Jurnalul. M. P.: Poftiţi, vă
ascult... Rep.: Voiam să vă întreb dacă aţi
primit şi dumneavoastră răspunsul comisiei de
disciplină de la minister? M. P.: Domnul
Moroşanu, la revedere
(
Verdict ministerial
,
Jurnalul de Botoşani
, 19.05.2009).
4. Conclusions
Comme nous venons de voir, l’imparfait n’est
pas toujours capable d’exprimer par lui-même la
politesse. En examinant des extraits de textes
journalistiques, en français et en roumain, nous
avons observé qu’il y avait une étroite liaison
entre l’imparfait, la situation de communication
où il apparaît et la relation entre les partenaires
du dialogue. En même temps, nous devons
souligner le fait que l’imparfait de politesse est
plus utilisé en français qu’en roumain (langue qui
préfère l’utilisation du conditionnel présent). En
tout cas, nous croyons que les discussions sur
les valeurs particulières de l’imparfait, qui
s’expliquent «non par le morphème verbal, mais
par le contexte, par les sémantèmes de la
phrase» (les auteurs de la
Grammaire Grevisse
,
apud. M.-H. Pérennec et J.-F. Chaléat, 2002:
97), sont loin d’être achevées. Et nous disons
avec V. Dospinescu (2000 : 321) que l’imparfait
« n’en finit pas d’attiser la passion du chercheur,
toujours tenté d’en sonder les curieux effets
sémantiques et stylistiques ».
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Ziarul 21
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Florin Bugnar: „Voi încerca să mă capacitez
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http://www.ziarul21.ro/new/index.php?option
=com_content&view=article&id=1152:florin-
bugnar-voi-incerca-s-m-capacitez-s-fiu-numrul-
1&catid=57:interviu&Itemid=81
Liliana (MOISII) RADULESCU
Doctorante à l’Université « Ştefan cel Mare»
Suceava, domaine Philologie, Titre de la thèse de
doctorat :
Emploi des temps de l’indicatif dans le
discours
/
le récit en français et en roumain
contemporains,
coordinateur scientifique: prof.
univ. dr. Vasile DOSPINESCU.
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