ÉDITORIAL
WWW.PROFESSIONSANTE.CA JUIN 2010 VOL. 57 N° 3 QUÉBEC PHARMACIE 3
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On a parfois de la gêne, on a assurément tou-
jours des gènes et c’est pourquoi il faut parler
de génomique. Si la génomique est une
science un peu obscure pour le commun des
mortels, elle a évolué quand même significa-
tivement depuis une dizaine d’années, et
maintenant, tant en médecine qu’en pharma-
cie, on a vu des changements dans la pratique
et on verra des innovations de pratique. On
s’est repu des nombreuses familles de cyto-
chromes, en y voyant l’univers ultime de
métabolisation. Mais on est encore bien igno-
rant quant à la réelle diversité métabolique et
génomique. On ne peut plus être certain de
rien quand on fournit un médicament à un
patient.
Si la pharmacothérapie a grandement évo-
lué dans le sens d’une multiplication des
molécules actives, elle commence à peine à
tenir compte des aspects génomiques propres
à des patients. Comment arriver à mieux
identifier les risques d’une pharmacothéra-
pie, ou encore mieux, la nécessité d’une phar-
macothérapie chez des patients dont on ne
voit que la barrière externe (la peau) ? Si des
tests urinaires ou sanguins existent pour
mesurer certains indices biochimiques, la
commercialisation de plus en plus impor-
tante de tests visant à détecter des polymor-
phismes modifiera assurément la pratique
des médecins et des pharmaciens. La phar-
macothérapie devra s’adapter au patient, et
non l’inverse. Actuellement, parce que les
médicaments généralement utilisés le sont en
vertu de données probantes qui établissent
leur efficacité, les résultats de leur utilisation
sont mesurés sur de larges groupes de
patients. À l’intérieur de ces groupes, on sait
peu de choses sur les individus, autrement
que par l’identification statistique de certains,
puisqu’ils perçoivent des effets indésirables.
On peut parler alors d’une pratique phar-
maceutique personnalisée qui tient compte à
la fois des besoins exprimés par le patient, du
diagnostic et du plan de traitement faits par le
médecin et d’une individualisation de la
pharmacothérapie et de son suivi. Fini le suivi
universalisé basé sur une ligne directrice qui
n’évolue que très lentement parce que basée
sur des populations très larges. C’est évident
que chaque humain porte son propre génome
qui l’individualise complètement. C’est tout
aussi évident que la « pharmacogénothéra-
pie » prendra de plus en plus de place. Des
exemples de grande spécificité de la cible exis-
tent déjà, spécificité qui tient compte des
mutations exprimées dans le génome de cer-
tains patients. Bien sûr, on ne s’attendra pas à
ce que le pharmacien de pratique privée
puisse identifier quel exon est défectueux
chez sa patiente et, en conséquence, qu’il
puisse rédiger une opinion pharmaceutique
visant à modifier la dose d’un médicament.
Cependant, on pourra s’attendre à ce que, à la
suite de résultats obtenus dans un laboratoire
ou même en autodiagnostic, la posologie
d’un médicament qu’un patient doit prendre
doive être ajustée. Bien sûr, même si la science
avance, les coûts des nouvelles technologies
peuvent être un frein à leur utilisation, mais le
patient/client nous amènera à devoir les
utiliser.
En même temps qu’on aura l’éclairage de la
génomique dans nos décisions thérapeuti-
ques, on aura aussi des patients mieux infor-
més. Paradoxalement, à la découverte de
concepts scientifiques de plus en plus pous-
sés, la démocratisation de l’information
scientifique fournit au patient les instru-
ments de sa propre prise en charge, et c’est
lui qui sera l’entrepreneur innovateur qui
cherchera à obtenir les services des fournis-
seurs qu’il aura choisis. C’est le patient inno-
vateur qui s’en vient. C’est l’impulsion que le
patient fournit au système de santé qui va
faire que l’excellence sera atteinte. Le patient/
client ne se contentera plus de services de
moindre qualité, de délais impensables ou de
faux-semblants politiques. Il est probable
que cela conduira à un système à deux vites-
ses, dans le sens où ce ne sont pas tous les
patients qui voudront savoir si leur polymor-
phisme est important dans le traitement
pharmacologique prescrit. Est-ce qu’on doit
s’en surprendre ? Non. Dans tous les cas, le
centre du système de soins sera encore plus
véritablement le patient/client que ses pro-
fessionnels de la santé. Certains patients s’ex-
primeront sur leurs nécessités individuelles
avec moins de gêne.
La pharmacogénomique n’est donc que le
début d’une ère nouvelle en pharmacie. Je ne
crois pas me tromper en pensant que le phar-
macien de demain, comme son collègue
médecin de demain, sera beaucoup plus pré-
occupé par ce que son patient est et peut être,
au point où les conseils écrits qu’on peut
remettre ne seront plus du tout pertinents ni
universels.
Gène