LA PENSÉE DE LABERTHONNIÈRE
l'affirmation de l'être, se trouvent impliqués non seulement le soi, mais le
soi dans son rapport immédiat à l'Absolu, et dans son rapport incontour-
nable aux autres sujets.
Point très important, la connaissance d'autrui dans son intériorité, est
le fruit d'un travail d'interprétation, qui met enjeu ce qu'on est, librement
et par volonté. C'est ce que Laberthonnière appelle "l'intuition laborieu-
se"', et qui lui apparaît "comme l'opération radicale de Vesprit", pour
l'intelligence de soi-même et de l'Absolu.
On sent bien que Laberthonnière est imprégné de la philosophie
moderne, dont il a perçu l'originalité par rapport aux philosophies
antérieures. "La connaissance de l'Etre, et des êtres, toujours inachevée, a
pour condition essentielle, bien que non suffisante, la "bonne volonté".
Impliquant toujours une reconnaissance de "l'autre", en son existence
propre, elle requiert un dépassement de soi, dans l'ordre de la générosité,
et une participation à l'Etre infini par l'amour, qui établit le sujet dans la
vérité de l'être éternel. C'est pourquoi on peut dire que la pensée de
Laberthonnière ne limite pas son horizon à l'unité d'un système de
concepts ; elle est en son fond, une vision de la communion des êtres".
Dans son ouvrage : le réalisme chrétien et l'idéalisme grec, paru en
1904,
Laberthonnière étudie le problème du rapport - qui apparaît si
souvent sous forme de conflit - entre la raison et la foi.
"Dans une réflexion sur la rencontre du Christianisme avec la philo-
sophie grecque, il souligne les oppositions entre les deux "philosophies" :
ici,
la préoccupation dominante de penser le monde - où l'individu demeu-
re inessentiel - en organisant des concepts selon l'idéal d'une sagesse
intellectualiste et là, une doctrine de vie qui, par essence, donne une place
fondamentale à la personne, à son intériorité, à son autonomie dans une
relation singulière et solidaire à un Dieu, créateur par Bonté absolue".
Il développe également dans ce livre une réflexion sur le problème de
la valeur de l'histoire dans la découverte et le développement du Christia-
nisme. Sont signalées, de ce point de vue, à la fois les insuffisances et la
nécessité de l'histoire pour comprendre la permanence de l'identité
chrétienne à travers les mutations historiques de l'Eglise.
Vient ensuite un livre intitulé "Etudes sur Descartes".
Très séduit par Descartes dès sa jeunesse, Laberthonnière
s'est
servi
de cette méthode rigoureuse pour élaborer sa propre pensée. Suivant en
cela son habitude, il a interrogé Descartes en recherchant systématique-
ment les intentions qui structurent sa recherche.
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