AD ASTRA M57, la nébuleuse annulaire de la Lyre Repérage et découverte Une fois passées les dernières lueurs du crépuscule, regardez au zénith. Une étoile bien brillante s'y trouve. Il s'agit de Deneb, principale étoile du Cygne. En laissant votre regard descendre un peu vers l'Ouest, vous arriverez à une autre étoile très brillante : Véga. Autour d'elle se dessine la constellation de la Lyre. C'est entre les étoiles Gamma et Bêta de cette constellation que se trouve la nébuleuse de la Lyre, enregistrée au numéro 57 du catalogue de Messier. Malheureusement, il ne vous sera pas possible de voir cet objet sans utiliser un télescope ou une lunette astronomique. Un tel appareil, en revanche, révèle rapidement sa présence, sous la forme d'une petite tâche « grosse comme Jupiter, et semblable à une planète qui s'évapore », pour reprendre les mots mêmes de son découvreur, le français Antoine Darquier de Pellepoix. C'est d'ailleurs en 1779, alors qu'il recherchait des comètes en pointant sa lunette de 60 mm au hasard sur le ciel, que ce dernier découvrit la nébuleuse de la Lyre. L'instrument tout comme la méthode alors utilisés laissent songeur lorsque l'on sait les moyens mis en œuvre actuellement par l'astronomie... Forme et nature La découverte de l'objet n'amena pas immédiatement à sa compréhension. Sa nature fut pendant longtemps l'objet de débats pour le moins houleux: était-elle constituée de multiples étoiles, non résolues parce que trop proches les unes des autres, et formant de fait une sorte de disque vaporeux, ou était-elle vraiment, comme on pouvait le supposer de prime abord, un simple nuage de gaz ? De façon surprenante à nos yeux d'aujourd'hui, la réponse vint d'un amateur, l'anglais William Huggins, qui trancha la question en observant, en 1864, que le spectre de l'objet était constitué de raies d'émission, preuve qu'il s'agissait d'un nuage de gaz et de poussières. Ah ! Belle époque que celle où les amateurs pouvaient encore apporter leur pierre au glorieux édifice de l'Astronomie ! Une fois la nature réelle de l'objet comprise, on lui trouva assez rapidement une place dans les modèles d'évolution stellaire. M57 n'est rien d'autre que le vestige d'une étoile qui jadis devait rayonner comme notre Soleil. Ayant tour à tour brûlé son hydrogène et son hélium, elle a vu son cœur s'affaisser, et ses couches extérieures se disperser dans le vide spatial pour former cette magnifique volute maintenant visible dans la constellation de la Lyre. L'étoile résiduelle, petite et peu lumineuse, se trouve encore au centre de la nébuleuse, mais est difficile à observer avec un instrument amateur. La question de la forme de l'objet, elle, demanda beaucoup de temps et d'efforts avant d'être résolue, si tant est que l'on puisse même considérer qu'elle l'est vraiment... En pointant sur M57 un instrument un peu plus sérieux que celui utilisé par de Pellepoix, on remarque rapidement que le nuage de la nébuleuse n'est pas homogène, mais qu'il est en forme d'anneau. La matière semble se concentrer sur le pourtour. On le voit d'ailleurs très nettement sur la photographie faite avec le télescope de 150 mm du club. Cependant, il est difficile de déterminer s'il s'agit vraiment d'un anneau, ou s'il s'agit plutôt d'une sorte de coquille sphérique, que nous verrions comme un tore par simple effet de perspective. Une récente étude semble tout de même confirmer qu'il s'agirait bien d'un anneau entourant la naine blanche centrale. S'il s'agit donc bien d'un anneau flottant au milieu du cosmos, il reste à savoir à qui il appartient... Trônant à plus de 2000 années-lumières de la Terre, patrie des hommes, il semble exclu qu'il s'agisse là de l'un des 9. Mais bien malin qui pourra dire s'il fait partie des trois donnés jadis aux Rois Elfes, ou des sept donnés aux Seigneurs Nains... A moins que M57 ne soit finalement que l'un des ronds de fumée du Magicien Gris, qui, par un miracle inexpliqué, serait venu se fixer sur le firmament... M57, la nébuleuse annulaire de la Lyre, photographiée à gauche avec le télescope spatial Hubble, et à droite avec le télescope du club (les images sont en négatif). Mathias, pour le club Astro