À l`écoute des animaux

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Parc d’accueil Pierre Challandes
33, rte de Valavran 1293 Bellevue, GE - CH
Tél : +41 (0)22 774 38 08
Fax : +41 (0)22 774 30 70 - CCP : 12-5328-7
www.parc-challandes.ch
E-mail : [email protected]
no 507
août / septembre / octobre 2010
À l’écoute des animaux
Journal officiel de l’Association du Parc d’accueil Pierre Challandes Centre international de protection des animaux
Perroquets Aras
«Tout animal vivant doit rester libre, mais l’homme est responsable
de tout animal qu’il a apprivoisé ou qui a perdu la possibilité de vivre libre.»
Directeur - Rédacteur en chef : Pierre Challandes
Illustrations : Anouk Tank (sauf si précisé) Photos : Pierre Challandes (sauf si précisé)
Mise en page : Anouk Tank
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Perroquets Aras
En arrivant au parc pour la première
fois, les visiteurs sont surpris d’une
part par les avions qui survolent le
parc en «rase-mottes», enfin quasiment, et d’autre part par les cris des
perroquets qui rivalisent avec les
vrombissements des avions. Ces bruits
mécaniques ne me dérangent pas, et
je crois qu’ils me manqueraient si je
ne les entendais plus! Déjà à Vernier,
je profitais du survol des avions, mais
ils passaient dans l’autre sens, ce qui
change tout… Bon! Quant aux perroquets, je me suis aussi habitué à leurs
cris stridents, il suffit de se persuader
qu’ils gazouillent. D’ailleurs ces cris
déchirants sont souvent ponctués
de sons plus doux, avec des phrasés
imitant nos calmes paroles! Avions et
perroquets ont fait partie de mon entourage depuis la reprise des volières
de Vernier en 1974. Mais dans toute
chose, il y a un bon côté: le bruit des
avion comme les cris des perroquets
me font rêver, et parfois l’espace de
quelques secondes je quitte le Parc, je
voyage dans mes pensées. Les avions
Ara ararauna.
m’émerveilleront toujours par leur
possibilité de voler, et ils m’emmènent avec eux à la découverte de nouveaux pays, de nouvelles rencontres.
Il en est de même pour les perroquets
qui, à travers leurs cris, et à la vue de
leur splendide plumage, me transportent dans des mondes exotiques, loin
des soucis coutumiers.
Revenons sur terre! Le titre de cet
article est : les perroquets aras! Je
n’avais pas beaucoup d’idée concernant le sujet de ce numéro, mais
comme nous avions enfin terminé
les nouvelles volières des perroquets
aras, conformes aux exigences de la
loi sur la protection des animaux,
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A l’écoute des animaux
Ara militaire.
j’ai décidé de vous narrer quelques
anecdotes sur ces oiseaux.
Ma première rencontre avec un ara
se situe dans l’année où je venais de
reprendre les volières de Vernier en
1974; volières reprises un peu par hasard sur la proposition d’une connaissance. Cette décision non seulement
exauçait un de mes rêves d’enfant,
mais elle marquait le tournant important de ma vie. Je pensais y élever
spécialement des gallinacés :
poules, faisans, paons... et des anatidés comme les canards et oies…
lorsqu’un jour on me proposa d’acheter un splendide perroquet ara
ararauna bleu au ventre jaune, un
des plus représentatifs du monde des
psittacidés.
Les propriétaires, qui n’arrêtaient pas
de faire des éloges sur la gentillesse
de cet oiseau, semblaient néanmoins
pressés de s’en défaire à un prix très
raisonnable, ce qui m’étonna. Jusqu’alors, je n’avais jamais possédé
de perroquet, et je ne pensais pas en
devenir propriétaire, car à cette époque j’étais plutôt « fauché ». Cependant, il me revint en mémoire qu’un
couple était à la recherche d’un ara. Il
m’avait contacté quelques semaines
auparavant dans ce but. Ce souvenir
aiguillonna subitement en moi un
côté commercial que j’ignorais : je
pouvais faire une bonne affaire en
achetant l’oiseau à un prix dérisoire,
pour le revendre avec un certain
bénéfice! Je ne prenais que peu de risque, si ce n’est celui de devoir garder
l’oiseau, ce qui, dans le fond, ne me
déplaisait pas!
J’achetai le perroquet. L’affaire fut
si vite conclue que j’en oubliai de
demander son nom! A peine arrivé
aux volières de Vernier, je téléphonai
à mon futur client. Celui-ci, content,
me dit que je pouvais tout de suite
lui amener le perroquet. Durant le
voyage en voiture, je me liai d’amitié
avec le ara, qui, comme me l’avaient
dit les anciens propriétaires, était
très gentil et souhaitait avant tout
l’amitié. A travers les barreaux de sa
caisse de transport, il recherchait le
contact, penchant la tête pour que je
le caresse, et avec sa langue charnue
il tâtait le doigt que finis par glisser
entre les barreaux. Heureusement
que je pouvais amener tout de suite
l’oiseau chez son futur propriétaire,
sinon j’aurais eu de la peine à m’en
séparer. En pénétrant dans l’appartement du couple, dès que le ara sortit
de sa caisse, il grimpa sur mon bras
et se percha sur mon épaule pour me
gratouiller l’oreille de son énorme
bec. J’hésitais alors à le laisser, surtout
lorsque je constatai que seul un
perchoir, certes élégant, avec une
mangeoire à chaque extrémité était
placé dans un salon style empire, et
que c’était la seule installation pour
cet oiseau. Lorsque je m’en étonnai, le
mari me répondit qu’il serait parfaitement bien dans cet intérieur, que cela
faisait très distingué, et, qu’il connaissait parfaitement ces oiseaux, vu qu’il
possédait déjà un perroquet amazone.
Comme ce monsieur paraissait être
un connaisseur et parlait comme un
professeur (il l’était) je me laissai
convaincre, et lui vendis le ara! Il faut
dire qu’en dehors des perruches, je ne
connaissais pas les grands psittacidés,
et j’avais tendance à écouter les théoriciens qui m’en imposaient par leur
savoir! C’est pourtant avec regrets
que je lui laissai l’oiseau; mais avec le
gain, je pouvais plus facilement voir
venir la fin du mois!
Il ne se passa pas quelques semaines, que le ara se rappela à mon bon
souvenir par l’intermédiaire de son
propriétaire. Celui-ci me signalait que
Napoléon, c’était nom qu’il avait reçu,
était certes gentil, mais impossible.
Que je ne lui avais pas signalé que cet
oiseau était un destructeur acharné,
qu’il lui avait abimé deux fauteuils et
une table empire, qu’il ne pouvait le
faire rester sur son perchoir et qu’il
avait dû, pour cette raison, acheter
une volière, très chère pour qu’elle
ne fasse pas tache dans son intérieur
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A l’écoute des animaux
empire, et que lorsque le ara y était
enfermé, il criait abominablement,
ce qui lui causait des ennuis avec
sa régie… Bref il voulait que je le
rembourse et reprenne le perroquet
dans les plus bref délais. Je tâchai de
lui expliquer qu’un perroquet n’est
ni un bibelot, ni un objet virtuel, si
beau soit-il dans un intérieur empire!
Comme n’importe quel animal, il a
besoin de se défouler, il a besoin de
présence, d’attention… il n’aime pas
être seul; d’ailleurs aucun être vivant
n’apprécie la solitude. Un perroquet
a aussi besoin de s’exprimer et, pour
s’exprimer, les aras sont maîtres dans
cet art. Ce sont peut-être les moins
doués pour l’imitation, ils se contentent de prononcer quelques mots
d’une manière inarticulée et criarde,
mais leur ramage limité est strident,
tonitruant et les décibels sont élevés!
Malgré mes arguments je ne réussis pas à faire descendre le prix qu’il
l’avait payé. Mais j’avais déjà décidé
de reprendre ce perroquet auquel
je m’étais attaché dès le premier
contact. J’avais eu des atomes crochus
avec lui. J’avais été inquiet sur son
avenir dans un appartement empire,
perché sur un bâton empire avec une
nourriture empire ou plutôt non empirique pour qu’il ne fasse pas trop de
saleté en mangeant…
Un jour plus tard, la somme nécessaire était empruntée, l’oiseau était
racheté, et je repartais très fier avec
mon perroquet sur le bras. Comme les
anciens propriétaires avaient coupé
quelques plumes à une aile, il ne
risquait pas de s’envoler si par hasard
quelque chose l’effrayait. Mais cet
oiseau était confiant et il entra sans
problème dans ma voiture, nullement
effrayé par mes deux bouledogues,
Babar et Pénélope. Il fit le voyage sur
le dossier de ma citroën 2CV puis sur
mon épaule, ce qui n’était pas très
confortable, car les griffes du ara sont
assez aiguës, surtout lorsqu’il doit se
cramponner dans les virages ! Babar
reniflait de temps en temps les plumes de la queue qui lui chatouillait le
museau lorsque ce coquin de Zéphyr
bougeait… Je lui avait trouvé un nouveau nom : dorénavant, il s’appellerait
Zéphyr, par une analogie subconsciente avec un de mes livres d’enfance : Le
Roi Babar, qui avait comme copain un
singe, ce coquin de Zéphyr qui faisait
mille bêtises !
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C’est donc avec mon magnifique
oiseau que je rentrai le soir à Carouge,
pour faire une surprise à ma femme.
Celle-ci ne fut pas aussi enthousiaste
que moi de cette acquisition, mais
elle fut tout de même séduite par la
beauté de Zéphyr au corps bleu azur
et au ventre jaune. Son regard malin
souligné en pointillé par de petites
plumes noires sur ses joues nues à la
peau blanche, qui rosissaient lorsqu’il
était content ou excité, puis sa gentillesse, estompèrent toute réserve
à son égard. Pendant les premiers
temps, Zéphyr m’accompagnait dans
tous mes déplacements, car il redoutait la solitude d’une part, et d’autre
part j’étais très fier de l’amitié que
l’oiseau me témoignait! L’après-midi,
Zéphyr et mes deux bouledogues
rentraient normalement avec moi à
Carouge où j’avais une galerie au rezde-chaussée de mon domicile, avec un
petit jardin. Très vite, Babar et Zéphyr
devinrent très copain. Zéphyr allait
jusqu’à chaparder dans la gueule de
Babar les os qu’il rongeait! Cependant, après une semaine, je renonçai
d’amener Zéphyr à Carouge l’aprèsmidi, lorsque je devais y travailler, ou
essayer d’y travailler! Si je le laissait à
l’extérieur, perché sur la balustrade de
la galerie ou dans un arbre de notre
jardinet, pour attirer mon attention
il se mettait à crier à tue-tête, et
ses vocalises perçantes et rauques
résonnaient dans les jardins et cours
alentours, attirant tout le voisinage à
la fenêtre. A l’intérieur, dès qu’on ne
lui prêtait plus attention, ce coquin de
Zéphyr faisait mille bêtises. Il vérifiait
la solidité des dossiers des chaises,
coupait le fil du téléphone… Je commençais de comprendre les anciens
propriétaires de Zéphyr! Ainsi, pour
ne pas habiter une ruine, progressivement, je laissai Zéphyr de plus en
plus à Vernier. Le matin, alors que je
m’occupais de mes
pensionnaires, je le
laissais se balader en
dehors des volières.
Il me suivait en
marchant sur le toit
de celles-ci ou grimpait dans un arbre.
Lorsque je devais
m’absenter l’aprèsmidi, je le mettais
à l’intérieur des
volières : comme il
y avait beaucoup
d’oiseaux, ainsi que de branches
d’arbres à casser, il était assez occupé pour ne pas avoir trop l’ennui.
Lorsque je l’appelais, il arrivait en se
dandinant, marchant sur le sol ou en
sautant d’une branche à l’autre. Ses
plumes coupées n’avaient pas encore
repoussé et durant les premiers mois
il ne pouvait pas voler, ou que sur de
courtes distances, ratant son but, déséquilibré par les plumes manquantes
à une aile. Le soir, il rentrait avec moi
à mon domicile de Carouge.
Peu de temps après l’arrivée de Zéphyr,
Pénélope la chienne bouledogue eut
des petits, six. Chaque fois que nous
arrivions à la maison, Babar, le mâle
bouledogue, accompagné de Zéphyr,
allait dire bonjour à Pénélope et à
sa progéniture. Si au début, le perroquet se méfiait un peu des bébés
nouveaux-nés, après un mois il prit
plaisir à jouer avec les chiots, les
saisissant même délicatement dans
son gros bec noir, sans jamais les
blesser! En contre-partie, il se laissait tirer les plumes bleues et jaunes
de sa splendide queue de perroquet.
S’il fut très délicat avec ses copains
animaux, il n’en fut pas de même avec
nos meubles, dont certains gardent
encore des traces de son passage. Le
bec d’un perroquet peut accomplir des
taches délicates, comme dévisser un
petit écrou, dessertir une pierre sur un
bijou, sans l’abîmer. Ce bec peut aussi
développer une force énorme, lui permettant de casser des noix, des pièces
de bois ou de plier du métal. Ce bec
est en quelque sorte une troisième
main, pleine de délicatesse et de dextérité, qui peut aussi se transformer
en terrible cisaille. J’en ai d’ailleurs
gardé un souvenir cocasse...
Un jour que j’ai occupé à soigner des
souris que nous détenions dans un
Domino et Zéphyr.
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petit local et dont j’avais fermé la
porte, j’entendis tout à coup que la clé
laissée à l’extérieur bougeait; quelqu’un essayait même de la tourner
dans la serrure. Lorsque je décidai
d’aller voir qui voulait entrer, clic
clac, la clé tourna, et je me retrouvai
enfermé dans le local! Lorsque je
m’adressai au farceur, le cri rauque
et puissant de Zéphyr me répondit.
C’était lui le coupable, mais je n’étais
guère plus avancé, car j’étais bel et
bien enfermé, et il n’est pas évident
de convaincre un perroquet d’ouvrir
une porte! Heureusement, il y avait
une pince à l’intérieur du local qui me
permit de découper dans une partie
grillagée une sortie. Zéphyr avait non
seulement tourné la clé, mais il l’avait
enlevée, et jouait avec elle dans un
arbre voisin!
Depuis son arrivée, les plumes de l’aile
avaient repoussé et Zéphyr pouvait de
nouveau voler. Comme il recherchait
beaucoup ma compagnie et se montrait relativement obéissant lorsque je
l’appelais, je le laissais voler librement
à l’extérieur des grandes volières. Il lui
arrivait d’aller faire un tour du grand
parc privé auquel appartenaient les
volières, pour le plus grand plaisir
du propriétaire du domaine. Il faut
dire que cette flèche bleue et jaune
survolant les grands arbres de la
propriété était un spectacle de toute
beauté. Souvent, Zéphyr se perchait
au haut d’un grand arbre et vociférait
contre les corneilles. Normalement
il revenait lorsque je l’appelais ou,
si je faisais mine d’entrer dans ma
voiture, il arrivait en deux coups
d’ailes, car il adorait l’auto. Perché sur
mon dossier, il invectivait toutes les
voitures qui avaient l’outrecuidance
de nous dépasser! Cependant, un jour
que j’étais presser de me rendre à un
rendez-vous, Zéphyr ne répondit pas
à l’appel. Je quittai néanmoins le parc
pour me rendre à ce rendez-vous,
pensant retrouver Zéphyr et ses cris
d’accueil à mon retour. Il n’en fut
rien, nul cri strident ne m’accueillit,
il avait disparu! Pendant trois jours
je le cherchai lorsque, le quatrième
matin, alors que je me rendais à mes
volières de Vernier, j’entendis un cri
de perroquet, un cri de Zéphyr! Je
crus avoir des hallucinations, mais
un autre puis un troisième cri effacèrent mes doutes et me firent lever le
nez, Zéphyr survolait la voiture, qu’il
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A l’écoute des animaux
De gauche à droite : ara militaire, ara ararauna, et deux aras chloroptères.
avait reconnue dans la circulation. Je
m’arrêtai sur le bas-côté de la route
et Zéphyr vint se percher sur une
barrière proche pour le plus grand
étonnement des automobilistes qui
passaient. A peine avais-je ouvert la
portière que Zéphyr en un coup d’aile
était venu prendre sa place favorite
sur le dossier de mon siège. Il était
content d’être là, à sa place, comme
si rien ne s’était passé. De retour au
parc il reprit ses habitudes comme à
l’ordinaire, et jamais il ne me narra où
sa fugue l’avait mené et les raisons de
celle-ci!
Quelques années après l’acquisition
de Zéphyr, un horloger d’un certain
âge vint me trouver, me demandant
si je pouvais prendre son ara dans les
volières de Vernier. C’était un ara Macao, rouge avec des plumes jaunes et
bleues sur les ailes, nommé Domino.
Il possédait cet oiseau depuis plus de
vingt ans et y était très attaché, mais
il craignait que l’oiseau soit placé ou
revendu n’importe où si quelque chose lui arrivait. Domino pouvait aussi
devenir un copain pour Zéphyr, bien
que selon les dires de son propriétaire,
Domino était un mâle. Mais, entre
Zéphyr et Domino, ce ne fut jamais le
grand amour : ils se toléraient, sans
plus. Dans les volières ou sur le toit de
celles-ci, ils se côtoyaient, mais le soir
ils faisaient volières séparées! Très
vite Domino s’éprit de ma personne,
et me manifesta beaucoup d’amitié.
Cela n’arrangea pas les choses, et cela
fâcha plutôt Zéphyr, les perroquets
étant très vite possessifs et jaloux.
Son ancien propriétaire, lors de ses
visites quasi quotidiennes, bien que
content que Domino se soit si bien
adapté à son nouveau domicile, était
un peu décontenancé lorsque j’étais
présent et que Domino l’ignorait! Dès
qu’il m’apercevait, Domino volait sur
mon épaule et délicatement saisissait
dans son gros bec un de mes doigts
qui le caressaient, et le parcourait de
sa grosse langue charnue. Si au début,
j’étais fier de cet amour, il devint
vite envahissant, surtout lorsqu’il
déglutinait de la nourriture, comme
les oiseaux le font pour nourrir leur
petits. tAprès quelques mois j’eus la
surprise de trouver Domino au fond
de sa cage en train de pondre un œuf;
Domino était soit un transsexuel, soit
une femelle qui s’ignorait! Il est très
difficile de définir le sexe des psittacidés sans prendre leur ADN, car la
plupart n’ont pas de dimorphisme
sexuel, et deux perroquets de même
sexe peuvent se comporter comme un
couple. Les jours suivants trois autres
œufs furent encore pondus, que
Domino se mit à couver avec obstination. J’étais le seul à être toléré près
de ses œufs pondus de nuit à même le
sol de sa volière, se montrant même
fort agressive avec son ancien propriétaire. Comme ces œufs n’étaient
pas fécondés, et pour cause, ils furent
retirés. Ma personne ne convenant
pas comme reproducteur, Zéphyr
n’étant pas son type, nous lui cherchâmes un autre mâle. En quelques
années plusieurs soupirants lui furent
présentés, et tous furent éconduits.
Seules mes caresses la séduisaient,
et elle continuait de pondre! Après six ou sept ans
avec la perruche co
et autant de pontes, je
trouvais un beau matin
Domino toute ébouriffée au fond de sa volière,
s’évertuant à pondre un
ixième œuf, trop gros, qui
ne passait pas. Avec l’aide
d’un vétérinaire nous essayâmes de la sauver, mais
son cœur lâcha. Zéphyr ne
manifesta pas la moindre
tristesse, d’autant plus
qu’une agréable femelle,
de la même espèce que lui,
lui tenait compagnie!
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A l’écoute des animaux
Depuis cette période nous avons récupéré de nombreux aras de différentes
espèces. La famille des aras comprend
une vingtaine de représentants, parmi
lesquels on trouve les plus grands et
les plus colorés des représentants de
la famille des psittacidés. Tous les aras
sont originaires de l’Amérique du sud,
du Mexique au Paraguay. Ils possèdent tous une longue queue et des
couleurs chatoyantes. Le plus grand
est le ara hyacinthe, d’un étincelant
bleu cobalt, dont la peau glabre
autour des yeux et du bec est colorée
en jaune vif. Ce perroquet qui mesure
un mètre de long est devenu très rare
dans les forêts d’Amazonie en raison
de sa beauté qui en a fait un animal
très recherché, et surtout par la disparition de son habitat. Le plus petit est
le ara noble, qui ne mesure que 30 cm.
Son plumage est vert avec le front
bleu, les épaules rouges et le dessous
de la queue jaune. Une zone de peau
nue blanche encercle les yeux dont les
iris sont rouges.
Au parc, nous avons hébergé plusieurs
variétés de aras : le ara ararauna est
un des plus aimables, bleu et jaune,
dont Zéphyr était un parfait représentant! Domino était un ara macao,
tout de rouge vêtu, avec des plumes
jaunes et vertes sur le dos, bleues
mélangées aux rouges sur les ailes et
la queue. Le ara chloroptère est aussi
tout de rouge vêtu, il est un peu plus
grand que le macao, et n’a pas de jaune sur le dos; par contre, tout comme
chez Zéphyr sa face est pourvue de
petites plumes qui pointillent la peau
blanche des joues, mais celle-ci sont
rouges. Le ara militaire, légèrement
plus petit que le chloroptère, est tout
vert avec un front rouge.
Ara noble Nous avons aussi un hyperruche conure nanday.
bride de ara chloroptère
et de ara militaire, multicolore. Un petit ara noble
complète la collection.
En 2008, nous avons voté
en Suisse une nouvelle
loi sur la protection des
animaux. Dans les règlements, il est entre autre
stipulé que pour un couple
de aras, une volière de
minimum 30 m3 est nécessaire, et que pour chaque
individu supplémentaire il
faut ajouter 3 m3.
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Pour être conforme aux lois, nous
avons refait et agrandi la volière derrière la maison qui abritait entre autre
différentes perruches et grandes perruches pour y placer nos aras. Comme
nous avions des couples formés qui ne
pouvaient pas cohabiter avec d’autres
perroquets, nous les avons échangés
avec un ami éleveurs contre de jeunes
oiseaux, et maintenant, nous hébergeons 3 aras araraunas, un ara militaire et 4 aras chloroptères, qui cohabitent avec 7 perroquets amazones de
différentes variétés. La volière mesure
environ 75 m3, nous sommes dans
les normes. Tous les oiseaux furent
placés simultanément dans
la volière afin d’éviter des
batailles et des rivalités entre des premiers occupants
et des nouveaux. Chez les
perroquets araraunas, nous
avons eu une surprise, nous
avions trois mâles dont
deux vivaient ensembles,
filant le parfait amour, dans
une volière 24m3, donc pas
réglementaire, et j’hésitais
à les mettre dans la volière
avec les autres aras, de peur
qu’ils ne soient agressifs
avec ceux-ci et plus spécialement avec le troisième
mâle ararauna. Mais ne sachant où
les placer, je décidai de placer tous les
aras simultanément. Et bien, il y eût
changement de partenaire entre les
trois mâles aras araraunas! Maintenant tous ces oiseaux vivent en
parfaite harmonie.
Les perroquets adorent les visites et,
très cabotins, ils font mille facéties
pour attirer l’attention. Ils gonflent
leurs plumes en ouvrant grand leurs
ailes, se perchent sur une petite branche et se laissent tomber en avant, se
perchent la tête en bas en battant des
ailes, ou arrivent du fond de la volière
en volant pour s’accrocher contre le
grillage, devant le nez des visiteurs,
en poussant un cri strident qui fait reculer l’admirateur des beaux oiseaux!
J’ai oublié de vous parler du dernier
ara que nous hébergeons : le ara noble, le plus petit de la famille avec ses
30 cm, mais le plus dévergondé. Il n’a
pas été installé avec les grands aras,
car il ne peut se retenir de harceler
ses copains, pas méchamment mais
continuellement; et si un grand ara se
fâche, il ne ferait pas le poids! Dans
un premier temps, je l’avais mis avec
les cacatoès dans la grande volière à
l’entrée qui hébergeait aussi d’autres
perroquets dont un amazone, un gris
du Gabon et une grande perruche
conure nanday. Avec cette dernière,
se relayant, ils n’arrêtaient pas de
harceler certains perroquets, et plus
spécialement un perroquet amazone
assez timide. Ce dernier ne savait
plus où se mettre. De ce fait j’ai retiré
le ara noble et son acolyte pour les
placer seuls dans une autre volière,
plus petite. Ils s’entendent à merveille
et s’amusent parfaitement ensemble!
Ara chloroptère.
La perruche conure nanday est de la
même taille que le ara noble, aussi de
couleur verte et, de loin, se ressemble
passablement, autant par leur aspect que par leur caractère enjoué et
bruyant! Ces deux oiseaux sont très
apprivoisés et accueillent chaque visiteur avec des cris de joie puissants.
Les nouvelles lois sur la protection des
animaux sont certes contraignantes,
mais elles obligent tout acheteur de
perroquet à réfléchir avant de prendre un animal. Plusieurs des aras que
j’ai récupérés étaient détenus dans
de sordides conditions, par exemple
enfermés dans le noir presque 20
heures sur 24 afin qu’ils ne crient pas,
ou dans une minuscule cage au fond
d’un jardin… Quand on connaît le
caractère enjoué, sociable, et le besoin
de communiquer de ces oiseaux, on
a honte de voir comment ils sont
souvent traités par méconnaissance et
négligence!
Bellevue, le 26 juillet 2010
P. Challandes
27.8.2010 11:37:05
nouvelles du parc et de l’association
photo : S. Dupanloup
Les ouistitis à pinceaux ont agrandi
la famille avec la naissance de deux
nouveaux jumeaux.
photo : S. Dupanloup
Un nouveau petit chat du Bengale est
né. Il est en pleine forme. La femelle
a mis bas dans le parc des porcs-épics.
Ainsi elle n’a pas été dérangée par le
mâle.
Ce printemps nous avons récupéré 14
bébés renards, 3 fouines, 6 écureuils
et 1 levraut qui tous ont pu reprendre
le chemin de la liberté. Ou presque;
car les fouines reviennent toujours
dans leur parc, ou dorment sous la
bâche du toit de celui-ci.
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Renardeaux.
Cris dans la nuit
Il y a de cela environ deux semaines,
à la mi-juillet, alors que les températures étaient très élevées, j’étais revenu au Parc le soir vers 22h30 pour
distribuer la viande au carnivores.
Alors que je donnais à manger aux
ratons laveurs, j’entendis un des lynx
sauter contre le grillage derrière moi,
de l’autre côté du couloir, comme ils
le font parfois pour essayer d’attraper
un moineau. Aussitôt, des cris stridents retentirent. Ce n’était pas un
moineau, et je reconnus tout de suite
le cri de défense et de peur d’une
fouine, que j’attribuai à la plus familière de nos trois mustélidés que nous
avions relâchés dix jours auparavant.
Jusque-là, les jeunes fouines restaient
plutôt vers le parc en bas, de l’autre
côté de la maison, et ne s’aventuraient guère trop loin. Lorsque nous
leurs apportions à manger, l’une
d’elle, plus imprégnée par l’homme,
accourrait la première; pas uniquement pour manger, mais pour jouer!
Ce devait être elle, qui en balade sur
le toit des parcs des félins et autres,
en entendant ma voix avait dû se glisser entre les grillages pour venir jouer
et s’était retrouvée dans l’enclos des
lynx! Comme il faisait absolument
nuit, je ne pouvais rien distinguer,
ni ne pouvais intervenir rapidement
dans leur parc, l’entrée étant dans
l’autre couloir. Je criai, tapai contre le
grillage, les cris cessèrent un instant,
mais reprirent dès que je m’éloignai
un peu pour aller prendre le tuyau
d’arrosage et ouvrir l’eau, afin de
gicler dans l’enclos des lynx. Ce fut
efficace, les bruits cessèrent! Laissant le tuyau d’arrosage gicler dans
le parc, j’allai chercher une lampe de
poche et essayai de percevoir quelque
chose. Un lynx était tapi derrière des
buissons, l’autre était réfugié sur un
tronc; mais pas de corps de fouine. Il
m’avait cependant semblé, à un moment donné, percevoir un bruit sur le
toit. Cela me redonnait espoir que la
fouine avait pu s’échapper.
Le matin, je retournai dans le parc
des lynx pour vérifier si une mauvaise
surprise m’y attendait. Rien, tout
était calme, les lynx décontractés
dormaient sur leur planche! Puisque
dans leur enclos je ne trouvais aucun
cadavre ou pièce détachée de fouine,
elle était certainement ressortie,
mais je ne savais pas dans quel état.
Je descendis donc chez les fouines,
dans les volières au sud de la maison,
mais personne ne bougea. Il faut
dire que dans la matinée, les fouines
n’ont jamais été très réveillées. Ce
n’est que vers midi, lorsque Sarah ou
Chantal leur apporte non seulement
à manger, mais les incite à jouer avec
elles, que les fouines mettent le nez
dehors. Je patienterai jusque là, pour
savoir si la fouine a pu rentrer et,
dans quel état. Pour ne pas paniquer Sarah, je ne l’avais pas avertie
de l’aventure de la veille et, ce n’est
que vers 12h30 que Sarah revint me
dire que la fouine ne posait plus une
patte avant. Je lui narrai l’aventure
de la veille. En fait la fouine n’avait
eu qu’une lésion à la hauteur de
l’épaule qui trois semaines plus tard,
s’est complètement remise. Elle a eu
de la chance et, espérons que l’aventure lui aura servi de leçon et qu’elle
n’entrera plus dans les enclos, même
chez les poules! Les trois fouines
sont toujours là et se montrent assez
casanières, pour le moment!
Une des fouines voyageuses.
photo : S. Dupanloup
photo : S. Dupanloup
photo : S. Dupanloup
Naissances
Les maras ont eu deux petits.
A l’écoute des animaux
27.8.2010 11:37:29
A l’écoute des animaux
photo : S. Dupanloup
Décès
Le mâle singe grivet est mort au mois
de juillet. Il avait été placé en EMS au
Parc en 1999, avec sa femelle, par le
zoo de Bâle, car un mâle plus jeune
avait pris la tête du groupe d’où il
avait été exclu. Cet hiver il avait déjà
eu une période vacillante, puis il avait
repiqué du vif. Nous l’avons retrouvé
mort un matin sous les arbustes de
son parc. Il était âgé de 30 ans, ce qui
est pas mal.
photo : S. Dupanloup
âgé de plus de 35 ans. Déjà à Vernier,
dans les années 1987- 90, Balthazar
venait régulièrement en pension, puis
à Bellevue, jusqu’à ce que sa propriétaire quitte la Suisse en 1993, nous
le laissant définitivement. Comme
celle-ci était nipponne, Balthazar au
début nous sortait de longues phrases
en japonais, d’où mes grands progrès
dans cette langue!
J’ai dû aussi me résoudre à endormir le perroquet cacatoès à huppe
orange, Balthazar, qui depuis ce
printemps perdait de plus en plus le
sens de l’équilibre, je pense en raison
d’une hémorragie cérébrale, car suite
aux examens aucune parasitose n’a
été décelée, ni autre maladie. Il était
vage pas apprivoisé, s’avère toujours
difficile : pour chaque soin il faut une
narcose; de plus, il risque d’arracher
les fils. D’autre part la plupart des
interventions chirurgicales sur des
Animaux que j’ai connus ont plutôt
accéléré le développement du cancer.
Faire de la chimio ou des rayons sur
un animal sauvage? Cela le traumatiserait plus que ne lui ferait du
bien. C’est triste, mais c’est la Vie. La
Vie est un long apprentissage de la
séparation.
Bellevue, le 30 juillet 2010
P. Challandes
La femelle puma disparue, à droite.
Demain sera aussi une triste journée,
car nous avons décidé d’euthanasier
la plus jeune des pumas qui, depuis
trois ans, développe une tumeur sur
la hanche. Depuis ce printemps, la tumeur a beaucoup grossi et, de la taille
d’un melon, il y a une semaine elle
s’est ouverte. La plaie ne se résorbe
pas et commence à se nécroser. Il
faut donc intervenir avant qu’elle ne
souffre. Il y a deux ans, nous avions
pensé l’opérer. Mais d’une part une
telle opération, chez un animal sau-
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Portes ouvertes
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mijote avec amour et talent, et qui paraîtra à cette
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