Parc d’accueil Pierre Challandes 33, rte de Valavran 1293 Bellevue, GE - CH Tél : +41 (0)22 774 38 08 Fax : +41 (0)22 774 30 70 - CCP : 12-5328-7 www.parc-challandes.ch E-mail : [email protected] no 507 août / septembre / octobre 2010 À l’écoute des animaux Journal officiel de l’Association du Parc d’accueil Pierre Challandes Centre international de protection des animaux Perroquets Aras «Tout animal vivant doit rester libre, mais l’homme est responsable de tout animal qu’il a apprivoisé ou qui a perdu la possibilité de vivre libre.» Directeur - Rédacteur en chef : Pierre Challandes Illustrations : Anouk Tank (sauf si précisé) Photos : Pierre Challandes (sauf si précisé) Mise en page : Anouk Tank journal 507.indd 1 27.8.2010 11:36:24 Perroquets Aras En arrivant au parc pour la première fois, les visiteurs sont surpris d’une part par les avions qui survolent le parc en «rase-mottes», enfin quasiment, et d’autre part par les cris des perroquets qui rivalisent avec les vrombissements des avions. Ces bruits mécaniques ne me dérangent pas, et je crois qu’ils me manqueraient si je ne les entendais plus! Déjà à Vernier, je profitais du survol des avions, mais ils passaient dans l’autre sens, ce qui change tout… Bon! Quant aux perroquets, je me suis aussi habitué à leurs cris stridents, il suffit de se persuader qu’ils gazouillent. D’ailleurs ces cris déchirants sont souvent ponctués de sons plus doux, avec des phrasés imitant nos calmes paroles! Avions et perroquets ont fait partie de mon entourage depuis la reprise des volières de Vernier en 1974. Mais dans toute chose, il y a un bon côté: le bruit des avion comme les cris des perroquets me font rêver, et parfois l’espace de quelques secondes je quitte le Parc, je voyage dans mes pensées. Les avions Ara ararauna. m’émerveilleront toujours par leur possibilité de voler, et ils m’emmènent avec eux à la découverte de nouveaux pays, de nouvelles rencontres. Il en est de même pour les perroquets qui, à travers leurs cris, et à la vue de leur splendide plumage, me transportent dans des mondes exotiques, loin des soucis coutumiers. Revenons sur terre! Le titre de cet article est : les perroquets aras! Je n’avais pas beaucoup d’idée concernant le sujet de ce numéro, mais comme nous avions enfin terminé les nouvelles volières des perroquets aras, conformes aux exigences de la loi sur la protection des animaux, journal 507.indd 2 A l’écoute des animaux Ara militaire. j’ai décidé de vous narrer quelques anecdotes sur ces oiseaux. Ma première rencontre avec un ara se situe dans l’année où je venais de reprendre les volières de Vernier en 1974; volières reprises un peu par hasard sur la proposition d’une connaissance. Cette décision non seulement exauçait un de mes rêves d’enfant, mais elle marquait le tournant important de ma vie. Je pensais y élever spécialement des gallinacés : poules, faisans, paons... et des anatidés comme les canards et oies… lorsqu’un jour on me proposa d’acheter un splendide perroquet ara ararauna bleu au ventre jaune, un des plus représentatifs du monde des psittacidés. Les propriétaires, qui n’arrêtaient pas de faire des éloges sur la gentillesse de cet oiseau, semblaient néanmoins pressés de s’en défaire à un prix très raisonnable, ce qui m’étonna. Jusqu’alors, je n’avais jamais possédé de perroquet, et je ne pensais pas en devenir propriétaire, car à cette époque j’étais plutôt « fauché ». Cependant, il me revint en mémoire qu’un couple était à la recherche d’un ara. Il m’avait contacté quelques semaines auparavant dans ce but. Ce souvenir aiguillonna subitement en moi un côté commercial que j’ignorais : je pouvais faire une bonne affaire en achetant l’oiseau à un prix dérisoire, pour le revendre avec un certain bénéfice! Je ne prenais que peu de risque, si ce n’est celui de devoir garder l’oiseau, ce qui, dans le fond, ne me déplaisait pas! J’achetai le perroquet. L’affaire fut si vite conclue que j’en oubliai de demander son nom! A peine arrivé aux volières de Vernier, je téléphonai à mon futur client. Celui-ci, content, me dit que je pouvais tout de suite lui amener le perroquet. Durant le voyage en voiture, je me liai d’amitié avec le ara, qui, comme me l’avaient dit les anciens propriétaires, était très gentil et souhaitait avant tout l’amitié. A travers les barreaux de sa caisse de transport, il recherchait le contact, penchant la tête pour que je le caresse, et avec sa langue charnue il tâtait le doigt que finis par glisser entre les barreaux. Heureusement que je pouvais amener tout de suite l’oiseau chez son futur propriétaire, sinon j’aurais eu de la peine à m’en séparer. En pénétrant dans l’appartement du couple, dès que le ara sortit de sa caisse, il grimpa sur mon bras et se percha sur mon épaule pour me gratouiller l’oreille de son énorme bec. J’hésitais alors à le laisser, surtout lorsque je constatai que seul un perchoir, certes élégant, avec une mangeoire à chaque extrémité était placé dans un salon style empire, et que c’était la seule installation pour cet oiseau. Lorsque je m’en étonnai, le mari me répondit qu’il serait parfaitement bien dans cet intérieur, que cela faisait très distingué, et, qu’il connaissait parfaitement ces oiseaux, vu qu’il possédait déjà un perroquet amazone. Comme ce monsieur paraissait être un connaisseur et parlait comme un professeur (il l’était) je me laissai convaincre, et lui vendis le ara! Il faut dire qu’en dehors des perruches, je ne connaissais pas les grands psittacidés, et j’avais tendance à écouter les théoriciens qui m’en imposaient par leur savoir! C’est pourtant avec regrets que je lui laissai l’oiseau; mais avec le gain, je pouvais plus facilement voir venir la fin du mois! Il ne se passa pas quelques semaines, que le ara se rappela à mon bon souvenir par l’intermédiaire de son propriétaire. Celui-ci me signalait que Napoléon, c’était nom qu’il avait reçu, était certes gentil, mais impossible. Que je ne lui avais pas signalé que cet oiseau était un destructeur acharné, qu’il lui avait abimé deux fauteuils et une table empire, qu’il ne pouvait le faire rester sur son perchoir et qu’il avait dû, pour cette raison, acheter une volière, très chère pour qu’elle ne fasse pas tache dans son intérieur 27.8.2010 11:36:36 A l’écoute des animaux empire, et que lorsque le ara y était enfermé, il criait abominablement, ce qui lui causait des ennuis avec sa régie… Bref il voulait que je le rembourse et reprenne le perroquet dans les plus bref délais. Je tâchai de lui expliquer qu’un perroquet n’est ni un bibelot, ni un objet virtuel, si beau soit-il dans un intérieur empire! Comme n’importe quel animal, il a besoin de se défouler, il a besoin de présence, d’attention… il n’aime pas être seul; d’ailleurs aucun être vivant n’apprécie la solitude. Un perroquet a aussi besoin de s’exprimer et, pour s’exprimer, les aras sont maîtres dans cet art. Ce sont peut-être les moins doués pour l’imitation, ils se contentent de prononcer quelques mots d’une manière inarticulée et criarde, mais leur ramage limité est strident, tonitruant et les décibels sont élevés! Malgré mes arguments je ne réussis pas à faire descendre le prix qu’il l’avait payé. Mais j’avais déjà décidé de reprendre ce perroquet auquel je m’étais attaché dès le premier contact. J’avais eu des atomes crochus avec lui. J’avais été inquiet sur son avenir dans un appartement empire, perché sur un bâton empire avec une nourriture empire ou plutôt non empirique pour qu’il ne fasse pas trop de saleté en mangeant… Un jour plus tard, la somme nécessaire était empruntée, l’oiseau était racheté, et je repartais très fier avec mon perroquet sur le bras. Comme les anciens propriétaires avaient coupé quelques plumes à une aile, il ne risquait pas de s’envoler si par hasard quelque chose l’effrayait. Mais cet oiseau était confiant et il entra sans problème dans ma voiture, nullement effrayé par mes deux bouledogues, Babar et Pénélope. Il fit le voyage sur le dossier de ma citroën 2CV puis sur mon épaule, ce qui n’était pas très confortable, car les griffes du ara sont assez aiguës, surtout lorsqu’il doit se cramponner dans les virages ! Babar reniflait de temps en temps les plumes de la queue qui lui chatouillait le museau lorsque ce coquin de Zéphyr bougeait… Je lui avait trouvé un nouveau nom : dorénavant, il s’appellerait Zéphyr, par une analogie subconsciente avec un de mes livres d’enfance : Le Roi Babar, qui avait comme copain un singe, ce coquin de Zéphyr qui faisait mille bêtises ! journal 507.indd 3 C’est donc avec mon magnifique oiseau que je rentrai le soir à Carouge, pour faire une surprise à ma femme. Celle-ci ne fut pas aussi enthousiaste que moi de cette acquisition, mais elle fut tout de même séduite par la beauté de Zéphyr au corps bleu azur et au ventre jaune. Son regard malin souligné en pointillé par de petites plumes noires sur ses joues nues à la peau blanche, qui rosissaient lorsqu’il était content ou excité, puis sa gentillesse, estompèrent toute réserve à son égard. Pendant les premiers temps, Zéphyr m’accompagnait dans tous mes déplacements, car il redoutait la solitude d’une part, et d’autre part j’étais très fier de l’amitié que l’oiseau me témoignait! L’après-midi, Zéphyr et mes deux bouledogues rentraient normalement avec moi à Carouge où j’avais une galerie au rezde-chaussée de mon domicile, avec un petit jardin. Très vite, Babar et Zéphyr devinrent très copain. Zéphyr allait jusqu’à chaparder dans la gueule de Babar les os qu’il rongeait! Cependant, après une semaine, je renonçai d’amener Zéphyr à Carouge l’aprèsmidi, lorsque je devais y travailler, ou essayer d’y travailler! Si je le laissait à l’extérieur, perché sur la balustrade de la galerie ou dans un arbre de notre jardinet, pour attirer mon attention il se mettait à crier à tue-tête, et ses vocalises perçantes et rauques résonnaient dans les jardins et cours alentours, attirant tout le voisinage à la fenêtre. A l’intérieur, dès qu’on ne lui prêtait plus attention, ce coquin de Zéphyr faisait mille bêtises. Il vérifiait la solidité des dossiers des chaises, coupait le fil du téléphone… Je commençais de comprendre les anciens propriétaires de Zéphyr! Ainsi, pour ne pas habiter une ruine, progressivement, je laissai Zéphyr de plus en plus à Vernier. Le matin, alors que je m’occupais de mes pensionnaires, je le laissais se balader en dehors des volières. Il me suivait en marchant sur le toit de celles-ci ou grimpait dans un arbre. Lorsque je devais m’absenter l’aprèsmidi, je le mettais à l’intérieur des volières : comme il y avait beaucoup d’oiseaux, ainsi que de branches d’arbres à casser, il était assez occupé pour ne pas avoir trop l’ennui. Lorsque je l’appelais, il arrivait en se dandinant, marchant sur le sol ou en sautant d’une branche à l’autre. Ses plumes coupées n’avaient pas encore repoussé et durant les premiers mois il ne pouvait pas voler, ou que sur de courtes distances, ratant son but, déséquilibré par les plumes manquantes à une aile. Le soir, il rentrait avec moi à mon domicile de Carouge. Peu de temps après l’arrivée de Zéphyr, Pénélope la chienne bouledogue eut des petits, six. Chaque fois que nous arrivions à la maison, Babar, le mâle bouledogue, accompagné de Zéphyr, allait dire bonjour à Pénélope et à sa progéniture. Si au début, le perroquet se méfiait un peu des bébés nouveaux-nés, après un mois il prit plaisir à jouer avec les chiots, les saisissant même délicatement dans son gros bec noir, sans jamais les blesser! En contre-partie, il se laissait tirer les plumes bleues et jaunes de sa splendide queue de perroquet. S’il fut très délicat avec ses copains animaux, il n’en fut pas de même avec nos meubles, dont certains gardent encore des traces de son passage. Le bec d’un perroquet peut accomplir des taches délicates, comme dévisser un petit écrou, dessertir une pierre sur un bijou, sans l’abîmer. Ce bec peut aussi développer une force énorme, lui permettant de casser des noix, des pièces de bois ou de plier du métal. Ce bec est en quelque sorte une troisième main, pleine de délicatesse et de dextérité, qui peut aussi se transformer en terrible cisaille. J’en ai d’ailleurs gardé un souvenir cocasse... Un jour que j’ai occupé à soigner des souris que nous détenions dans un Domino et Zéphyr. 27.8.2010 11:36:45 petit local et dont j’avais fermé la porte, j’entendis tout à coup que la clé laissée à l’extérieur bougeait; quelqu’un essayait même de la tourner dans la serrure. Lorsque je décidai d’aller voir qui voulait entrer, clic clac, la clé tourna, et je me retrouvai enfermé dans le local! Lorsque je m’adressai au farceur, le cri rauque et puissant de Zéphyr me répondit. C’était lui le coupable, mais je n’étais guère plus avancé, car j’étais bel et bien enfermé, et il n’est pas évident de convaincre un perroquet d’ouvrir une porte! Heureusement, il y avait une pince à l’intérieur du local qui me permit de découper dans une partie grillagée une sortie. Zéphyr avait non seulement tourné la clé, mais il l’avait enlevée, et jouait avec elle dans un arbre voisin! Depuis son arrivée, les plumes de l’aile avaient repoussé et Zéphyr pouvait de nouveau voler. Comme il recherchait beaucoup ma compagnie et se montrait relativement obéissant lorsque je l’appelais, je le laissais voler librement à l’extérieur des grandes volières. Il lui arrivait d’aller faire un tour du grand parc privé auquel appartenaient les volières, pour le plus grand plaisir du propriétaire du domaine. Il faut dire que cette flèche bleue et jaune survolant les grands arbres de la propriété était un spectacle de toute beauté. Souvent, Zéphyr se perchait au haut d’un grand arbre et vociférait contre les corneilles. Normalement il revenait lorsque je l’appelais ou, si je faisais mine d’entrer dans ma voiture, il arrivait en deux coups d’ailes, car il adorait l’auto. Perché sur mon dossier, il invectivait toutes les voitures qui avaient l’outrecuidance de nous dépasser! Cependant, un jour que j’étais presser de me rendre à un rendez-vous, Zéphyr ne répondit pas à l’appel. Je quittai néanmoins le parc pour me rendre à ce rendez-vous, pensant retrouver Zéphyr et ses cris d’accueil à mon retour. Il n’en fut rien, nul cri strident ne m’accueillit, il avait disparu! Pendant trois jours je le cherchai lorsque, le quatrième matin, alors que je me rendais à mes volières de Vernier, j’entendis un cri de perroquet, un cri de Zéphyr! Je crus avoir des hallucinations, mais un autre puis un troisième cri effacèrent mes doutes et me firent lever le nez, Zéphyr survolait la voiture, qu’il journal 507.indd 4 A l’écoute des animaux De gauche à droite : ara militaire, ara ararauna, et deux aras chloroptères. avait reconnue dans la circulation. Je m’arrêtai sur le bas-côté de la route et Zéphyr vint se percher sur une barrière proche pour le plus grand étonnement des automobilistes qui passaient. A peine avais-je ouvert la portière que Zéphyr en un coup d’aile était venu prendre sa place favorite sur le dossier de mon siège. Il était content d’être là, à sa place, comme si rien ne s’était passé. De retour au parc il reprit ses habitudes comme à l’ordinaire, et jamais il ne me narra où sa fugue l’avait mené et les raisons de celle-ci! Quelques années après l’acquisition de Zéphyr, un horloger d’un certain âge vint me trouver, me demandant si je pouvais prendre son ara dans les volières de Vernier. C’était un ara Macao, rouge avec des plumes jaunes et bleues sur les ailes, nommé Domino. Il possédait cet oiseau depuis plus de vingt ans et y était très attaché, mais il craignait que l’oiseau soit placé ou revendu n’importe où si quelque chose lui arrivait. Domino pouvait aussi devenir un copain pour Zéphyr, bien que selon les dires de son propriétaire, Domino était un mâle. Mais, entre Zéphyr et Domino, ce ne fut jamais le grand amour : ils se toléraient, sans plus. Dans les volières ou sur le toit de celles-ci, ils se côtoyaient, mais le soir ils faisaient volières séparées! Très vite Domino s’éprit de ma personne, et me manifesta beaucoup d’amitié. Cela n’arrangea pas les choses, et cela fâcha plutôt Zéphyr, les perroquets étant très vite possessifs et jaloux. Son ancien propriétaire, lors de ses visites quasi quotidiennes, bien que content que Domino se soit si bien adapté à son nouveau domicile, était un peu décontenancé lorsque j’étais présent et que Domino l’ignorait! Dès qu’il m’apercevait, Domino volait sur mon épaule et délicatement saisissait dans son gros bec un de mes doigts qui le caressaient, et le parcourait de sa grosse langue charnue. Si au début, j’étais fier de cet amour, il devint vite envahissant, surtout lorsqu’il déglutinait de la nourriture, comme les oiseaux le font pour nourrir leur petits. tAprès quelques mois j’eus la surprise de trouver Domino au fond de sa cage en train de pondre un œuf; Domino était soit un transsexuel, soit une femelle qui s’ignorait! Il est très difficile de définir le sexe des psittacidés sans prendre leur ADN, car la plupart n’ont pas de dimorphisme sexuel, et deux perroquets de même sexe peuvent se comporter comme un couple. Les jours suivants trois autres œufs furent encore pondus, que Domino se mit à couver avec obstination. J’étais le seul à être toléré près de ses œufs pondus de nuit à même le sol de sa volière, se montrant même fort agressive avec son ancien propriétaire. Comme ces œufs n’étaient pas fécondés, et pour cause, ils furent retirés. Ma personne ne convenant pas comme reproducteur, Zéphyr n’étant pas son type, nous lui cherchâmes un autre mâle. En quelques années plusieurs soupirants lui furent présentés, et tous furent éconduits. Seules mes caresses la séduisaient, et elle continuait de pondre! Après six ou sept ans avec la perruche co et autant de pontes, je trouvais un beau matin Domino toute ébouriffée au fond de sa volière, s’évertuant à pondre un ixième œuf, trop gros, qui ne passait pas. Avec l’aide d’un vétérinaire nous essayâmes de la sauver, mais son cœur lâcha. Zéphyr ne manifesta pas la moindre tristesse, d’autant plus qu’une agréable femelle, de la même espèce que lui, lui tenait compagnie! 27.8.2010 11:36:54 A l’écoute des animaux Depuis cette période nous avons récupéré de nombreux aras de différentes espèces. La famille des aras comprend une vingtaine de représentants, parmi lesquels on trouve les plus grands et les plus colorés des représentants de la famille des psittacidés. Tous les aras sont originaires de l’Amérique du sud, du Mexique au Paraguay. Ils possèdent tous une longue queue et des couleurs chatoyantes. Le plus grand est le ara hyacinthe, d’un étincelant bleu cobalt, dont la peau glabre autour des yeux et du bec est colorée en jaune vif. Ce perroquet qui mesure un mètre de long est devenu très rare dans les forêts d’Amazonie en raison de sa beauté qui en a fait un animal très recherché, et surtout par la disparition de son habitat. Le plus petit est le ara noble, qui ne mesure que 30 cm. Son plumage est vert avec le front bleu, les épaules rouges et le dessous de la queue jaune. Une zone de peau nue blanche encercle les yeux dont les iris sont rouges. Au parc, nous avons hébergé plusieurs variétés de aras : le ara ararauna est un des plus aimables, bleu et jaune, dont Zéphyr était un parfait représentant! Domino était un ara macao, tout de rouge vêtu, avec des plumes jaunes et vertes sur le dos, bleues mélangées aux rouges sur les ailes et la queue. Le ara chloroptère est aussi tout de rouge vêtu, il est un peu plus grand que le macao, et n’a pas de jaune sur le dos; par contre, tout comme chez Zéphyr sa face est pourvue de petites plumes qui pointillent la peau blanche des joues, mais celle-ci sont rouges. Le ara militaire, légèrement plus petit que le chloroptère, est tout vert avec un front rouge. Ara noble Nous avons aussi un hyperruche conure nanday. bride de ara chloroptère et de ara militaire, multicolore. Un petit ara noble complète la collection. En 2008, nous avons voté en Suisse une nouvelle loi sur la protection des animaux. Dans les règlements, il est entre autre stipulé que pour un couple de aras, une volière de minimum 30 m3 est nécessaire, et que pour chaque individu supplémentaire il faut ajouter 3 m3. journal 507.indd 5 Pour être conforme aux lois, nous avons refait et agrandi la volière derrière la maison qui abritait entre autre différentes perruches et grandes perruches pour y placer nos aras. Comme nous avions des couples formés qui ne pouvaient pas cohabiter avec d’autres perroquets, nous les avons échangés avec un ami éleveurs contre de jeunes oiseaux, et maintenant, nous hébergeons 3 aras araraunas, un ara militaire et 4 aras chloroptères, qui cohabitent avec 7 perroquets amazones de différentes variétés. La volière mesure environ 75 m3, nous sommes dans les normes. Tous les oiseaux furent placés simultanément dans la volière afin d’éviter des batailles et des rivalités entre des premiers occupants et des nouveaux. Chez les perroquets araraunas, nous avons eu une surprise, nous avions trois mâles dont deux vivaient ensembles, filant le parfait amour, dans une volière 24m3, donc pas réglementaire, et j’hésitais à les mettre dans la volière avec les autres aras, de peur qu’ils ne soient agressifs avec ceux-ci et plus spécialement avec le troisième mâle ararauna. Mais ne sachant où les placer, je décidai de placer tous les aras simultanément. Et bien, il y eût changement de partenaire entre les trois mâles aras araraunas! Maintenant tous ces oiseaux vivent en parfaite harmonie. Les perroquets adorent les visites et, très cabotins, ils font mille facéties pour attirer l’attention. Ils gonflent leurs plumes en ouvrant grand leurs ailes, se perchent sur une petite branche et se laissent tomber en avant, se perchent la tête en bas en battant des ailes, ou arrivent du fond de la volière en volant pour s’accrocher contre le grillage, devant le nez des visiteurs, en poussant un cri strident qui fait reculer l’admirateur des beaux oiseaux! J’ai oublié de vous parler du dernier ara que nous hébergeons : le ara noble, le plus petit de la famille avec ses 30 cm, mais le plus dévergondé. Il n’a pas été installé avec les grands aras, car il ne peut se retenir de harceler ses copains, pas méchamment mais continuellement; et si un grand ara se fâche, il ne ferait pas le poids! Dans un premier temps, je l’avais mis avec les cacatoès dans la grande volière à l’entrée qui hébergeait aussi d’autres perroquets dont un amazone, un gris du Gabon et une grande perruche conure nanday. Avec cette dernière, se relayant, ils n’arrêtaient pas de harceler certains perroquets, et plus spécialement un perroquet amazone assez timide. Ce dernier ne savait plus où se mettre. De ce fait j’ai retiré le ara noble et son acolyte pour les placer seuls dans une autre volière, plus petite. Ils s’entendent à merveille et s’amusent parfaitement ensemble! Ara chloroptère. La perruche conure nanday est de la même taille que le ara noble, aussi de couleur verte et, de loin, se ressemble passablement, autant par leur aspect que par leur caractère enjoué et bruyant! Ces deux oiseaux sont très apprivoisés et accueillent chaque visiteur avec des cris de joie puissants. Les nouvelles lois sur la protection des animaux sont certes contraignantes, mais elles obligent tout acheteur de perroquet à réfléchir avant de prendre un animal. Plusieurs des aras que j’ai récupérés étaient détenus dans de sordides conditions, par exemple enfermés dans le noir presque 20 heures sur 24 afin qu’ils ne crient pas, ou dans une minuscule cage au fond d’un jardin… Quand on connaît le caractère enjoué, sociable, et le besoin de communiquer de ces oiseaux, on a honte de voir comment ils sont souvent traités par méconnaissance et négligence! Bellevue, le 26 juillet 2010 P. Challandes 27.8.2010 11:37:05 nouvelles du parc et de l’association photo : S. Dupanloup Les ouistitis à pinceaux ont agrandi la famille avec la naissance de deux nouveaux jumeaux. photo : S. Dupanloup Un nouveau petit chat du Bengale est né. Il est en pleine forme. La femelle a mis bas dans le parc des porcs-épics. Ainsi elle n’a pas été dérangée par le mâle. Ce printemps nous avons récupéré 14 bébés renards, 3 fouines, 6 écureuils et 1 levraut qui tous ont pu reprendre le chemin de la liberté. Ou presque; car les fouines reviennent toujours dans leur parc, ou dorment sous la bâche du toit de celui-ci. journal 507.indd 6 Renardeaux. Cris dans la nuit Il y a de cela environ deux semaines, à la mi-juillet, alors que les températures étaient très élevées, j’étais revenu au Parc le soir vers 22h30 pour distribuer la viande au carnivores. Alors que je donnais à manger aux ratons laveurs, j’entendis un des lynx sauter contre le grillage derrière moi, de l’autre côté du couloir, comme ils le font parfois pour essayer d’attraper un moineau. Aussitôt, des cris stridents retentirent. Ce n’était pas un moineau, et je reconnus tout de suite le cri de défense et de peur d’une fouine, que j’attribuai à la plus familière de nos trois mustélidés que nous avions relâchés dix jours auparavant. Jusque-là, les jeunes fouines restaient plutôt vers le parc en bas, de l’autre côté de la maison, et ne s’aventuraient guère trop loin. Lorsque nous leurs apportions à manger, l’une d’elle, plus imprégnée par l’homme, accourrait la première; pas uniquement pour manger, mais pour jouer! Ce devait être elle, qui en balade sur le toit des parcs des félins et autres, en entendant ma voix avait dû se glisser entre les grillages pour venir jouer et s’était retrouvée dans l’enclos des lynx! Comme il faisait absolument nuit, je ne pouvais rien distinguer, ni ne pouvais intervenir rapidement dans leur parc, l’entrée étant dans l’autre couloir. Je criai, tapai contre le grillage, les cris cessèrent un instant, mais reprirent dès que je m’éloignai un peu pour aller prendre le tuyau d’arrosage et ouvrir l’eau, afin de gicler dans l’enclos des lynx. Ce fut efficace, les bruits cessèrent! Laissant le tuyau d’arrosage gicler dans le parc, j’allai chercher une lampe de poche et essayai de percevoir quelque chose. Un lynx était tapi derrière des buissons, l’autre était réfugié sur un tronc; mais pas de corps de fouine. Il m’avait cependant semblé, à un moment donné, percevoir un bruit sur le toit. Cela me redonnait espoir que la fouine avait pu s’échapper. Le matin, je retournai dans le parc des lynx pour vérifier si une mauvaise surprise m’y attendait. Rien, tout était calme, les lynx décontractés dormaient sur leur planche! Puisque dans leur enclos je ne trouvais aucun cadavre ou pièce détachée de fouine, elle était certainement ressortie, mais je ne savais pas dans quel état. Je descendis donc chez les fouines, dans les volières au sud de la maison, mais personne ne bougea. Il faut dire que dans la matinée, les fouines n’ont jamais été très réveillées. Ce n’est que vers midi, lorsque Sarah ou Chantal leur apporte non seulement à manger, mais les incite à jouer avec elles, que les fouines mettent le nez dehors. Je patienterai jusque là, pour savoir si la fouine a pu rentrer et, dans quel état. Pour ne pas paniquer Sarah, je ne l’avais pas avertie de l’aventure de la veille et, ce n’est que vers 12h30 que Sarah revint me dire que la fouine ne posait plus une patte avant. Je lui narrai l’aventure de la veille. En fait la fouine n’avait eu qu’une lésion à la hauteur de l’épaule qui trois semaines plus tard, s’est complètement remise. Elle a eu de la chance et, espérons que l’aventure lui aura servi de leçon et qu’elle n’entrera plus dans les enclos, même chez les poules! Les trois fouines sont toujours là et se montrent assez casanières, pour le moment! Une des fouines voyageuses. photo : S. Dupanloup photo : S. Dupanloup photo : S. Dupanloup Naissances Les maras ont eu deux petits. A l’écoute des animaux 27.8.2010 11:37:29 A l’écoute des animaux photo : S. Dupanloup Décès Le mâle singe grivet est mort au mois de juillet. Il avait été placé en EMS au Parc en 1999, avec sa femelle, par le zoo de Bâle, car un mâle plus jeune avait pris la tête du groupe d’où il avait été exclu. Cet hiver il avait déjà eu une période vacillante, puis il avait repiqué du vif. Nous l’avons retrouvé mort un matin sous les arbustes de son parc. Il était âgé de 30 ans, ce qui est pas mal. photo : S. Dupanloup âgé de plus de 35 ans. Déjà à Vernier, dans les années 1987- 90, Balthazar venait régulièrement en pension, puis à Bellevue, jusqu’à ce que sa propriétaire quitte la Suisse en 1993, nous le laissant définitivement. Comme celle-ci était nipponne, Balthazar au début nous sortait de longues phrases en japonais, d’où mes grands progrès dans cette langue! J’ai dû aussi me résoudre à endormir le perroquet cacatoès à huppe orange, Balthazar, qui depuis ce printemps perdait de plus en plus le sens de l’équilibre, je pense en raison d’une hémorragie cérébrale, car suite aux examens aucune parasitose n’a été décelée, ni autre maladie. Il était vage pas apprivoisé, s’avère toujours difficile : pour chaque soin il faut une narcose; de plus, il risque d’arracher les fils. D’autre part la plupart des interventions chirurgicales sur des Animaux que j’ai connus ont plutôt accéléré le développement du cancer. Faire de la chimio ou des rayons sur un animal sauvage? Cela le traumatiserait plus que ne lui ferait du bien. C’est triste, mais c’est la Vie. La Vie est un long apprentissage de la séparation. Bellevue, le 30 juillet 2010 P. Challandes La femelle puma disparue, à droite. Demain sera aussi une triste journée, car nous avons décidé d’euthanasier la plus jeune des pumas qui, depuis trois ans, développe une tumeur sur la hanche. Depuis ce printemps, la tumeur a beaucoup grossi et, de la taille d’un melon, il y a une semaine elle s’est ouverte. La plaie ne se résorbe pas et commence à se nécroser. Il faut donc intervenir avant qu’elle ne souffre. Il y a deux ans, nous avions pensé l’opérer. Mais d’une part une telle opération, chez un animal sau- CLASSES DE JEU POUR CHIOTS Séances d’imprégnation par le jeu, éducation MOULINS AGRICOLES GENEVOIS 1283 LA PLAINE / GENEVE Vente d’aliments pour tout bétail Conditionnement de céréales fourragères Ouverture : 7h30-12h00 13h30-18h00 Samedi : 7h30-11h30 LIVRAISONS A DOMICILE TEL : 022 / 754 12 22 Corinne Chuit MEDAILLES POUR CHIENS ET CHATS 1297 FOUNEX Tél : 022 / 776 01 82 EN ALU ELOXE, COULEUR OR, ROUGE, VERT, BLEU LASSIE Genève 022 - 343 83 20 DETARTRAGE - DESOXYDATION - EBOUAGE HARBA s.a. 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Vous pouvez aussi venir nous donner un coup de main le vendredi dès 17h pour installer les tables et tentes ou le dimanche après 19h pour démonter et ranger les installations. Le vendredi et le dimanche soir un, voire… plusieurs verres vous redonneront des forces ! à l’écoute des animaux Les 25 et 26 septembre nous aurons nos portes ouvertes : août / septembre / octobre 2010 no 507 paraît 4 fois par an, cotisation annuelle y compris journal CHF 30.Directeur - Rédacteur en chef : P. Challandes tél : +41 (0)22 774 38 08 Mise en page : A. Tank Portes ouvertes les 25 et 26 septembre 2010 Et surtout, n’oubliez pas le calendrier 2011 qu’Anouk mijote avec amour et talent, et qui paraîtra à cette occasion ! Aras chloroptères. journal 507.indd 8 27.8.2010 11:38:14