Le virus Zika est un Flavivirus transmis par les moustiques du genre

Zika
Le virus Zika est un Flavivirus transmis par les moustiques du genre Aedes. Il est répandu en
Asie et en Afrique, et a récemment émergé en Amérique centrale et en Amérique du Sud. La
maladie qu’il provoque se manifeste trois à douze jours après la piqûre de l’insecte vecteur,
par divers symptômes, évoquant ceux de la dengue ou du chikungunya, eux aussi véhiculés par
ce même moustique : fièvre, maux de tête, éruption cutanée, fatigue, douleurs musculaires et
articulaires … Silencieuse chez la plupart des personnes infectées, elle reste le plus souvent
bénigne, et peut durer jusqu’à une semaine. Chez le foetus, transmis à la femme enceinte, le
virus pourrait en revanche être à l'origine d'une malformation sévère, la microcéphalie,
responsable d'un retard mental irréversible. Il n’existe actuellement pas de vaccin, ni de
traitement spécifique de la virose Zika. Les seuls traitements disponibles sont
symptomatiques.
Causes
La fièvre Zika est due à un arbovirus (virus transmis par les insectes), appartenant à la
famille des Flaviviridae, du genre flavivirus, comme les virus de la dengue ou encore de la
fièvre jaune. L’insecte vecteur de la maladie est le moustique femelle du genre Aedes qui est
identifiable grâce à la présence de rayures noires et blanches sur ses pattes. L’espèce
actuellement capable de transmettre le virus Zika est l’Aedes aegypti, originaire d’Afrique.
L’Aedes albopictus (moustique tigre, originaire d’Asie) pourrait s’avérer également être un
vecteur du virus Zika, comme il l’est déjà pour la dengue et le chikungunya.
Le moustique est infecté par le virus lors d’un repas sanguin, quand il pique une personne
porteuse du Zika. Le virus se multiplie au sein du moustique sans conséquence pour l’insecte.
Puis, lors d’une prochaine piqûre, le moustique déverse le virus dans le sang d’une nouvelle
personne. Les symptômes apparaissent 3 à 12 jours après la piqûre, mais durant ce laps de
temps la personne peut être à l’origine de l’infection d’autres moustiques si elle se fait piquer
à nouveau. C'est pourquoi les malades atteints du Zika doivent éviter d’être piqués afin
d’interrompre le cycle de transmission virale.
Symptômes
La majorité des personnes infectées par le virus (on estime 70 à 80 % des cas) ne
développent aucun symptôme. Dans le reste de la population, les symptômes provoqués par le
virus Zika sont de type grippal : fatigue, fièvre (pas nécessairement forte), maux de tête,
douleurs musculaires et articulaires dans les membres. A ces symptômes s’ajoutent
différents types d’éruptions cutanées. Une conjonctivite, une douleur derrière les yeux, des
troubles digestifs ou encore des œdèmes des mains ou des pieds peuvent apparaitre. Dans la
plupart des cas, les troubles sont modérés et ne nécessitent pas d’hospitalisation.
Ces symptômes étant peu spécifiques, et le virus Zika se trouvant dans les mêmes régions que
ceux de la dengue et du chikungunya, rendent difficile le diagnostic exact.
Complications
Les complications sont peu fréquentes mais dans le cas d’une importante épidémie, elles ne
doivent être négligées. Certains cas de complications neurologiques post-infectieuses, de
type syndrome de Guillain-Barré, ont été constatés au Brésil et en Polynésie française. Ce
syndrome se caractérise par une paralysie ascendante progressive qui peut atteindre les
muscles respiratoires.
Les femmes enceintes risquent de transmettre le virus au fœtus, ce qui peut engendrer de
graves anomalies du développement cérébral chez l’enfant.
Moyens de lutte contre la maladie
Traitement
Actuellement il n’existe pas de vaccin pour prévenir l'infection par le virus Zika, ni de
médicament spécifique pour soigner la maladie.
Le traitement va consister à atténuer les symptômes douloureux, par la prise d’antalgiques.
Toutefois, la prise d’aspirine est à éviter tant que le diagnostic n’a pas clairement écarté la
possibilité d’une infection par le virus de la dengue, car dans ce cas l’action anticoagulante du
médicament pourrait induire des saignements.
Diagnostic
Dès l’apparition des symptômes, des prélèvements de sang et d’urine doivent être effectués
pour confirmer le diagnostic, grâce à une méthode de RT-PCR (Reverse Transcriptase -
Polymerase Chain Reaction) qui permet de détecter la présence de gènes du virus.
En cas de doute après un résultat négatif par RT-PCR, un dosage sérologique pourra
confirmer ou non la présence d’anticorps spécifiques du virus Zika.
Ces tests sont réalisés uniquement par les Centres nationaux de référence des arboviroses
(CNR).
Prévention
La seule façon de se protéger de la maladie Zika est de se protéger des piqûres de
moustiques de jour comme de nuit, en particulier en début et en fin de journée, périodes
d’activité maximale du moustique, par des moyens physiques et chimiques : porter des
vêtements couvrants (manches longues, pantalons), utiliser des produits répulsifs adaptés sur
les vêtements et sur les parties découvertes du corps, utiliser des moustiquaires imprégnées
d'insecticide et des diffuseurs électriques d’insecticides en intérieur.
Les femmes enceintes vivant dans les zones à risques doivent se protéger des piqûres de
moustique par tous ces moyens, particulièrement pendant les deux premiers trimestres de la
grossesse durant lesquels les risques de malformations fœtales sont les plus importants.
Elles respecteront les précautions d'emploi recommandées dans leur cas, concernant les
produits répulsifs.
Les femmes enceintes désirant se rendre dans une zone touchée par l’épidémie de Zika
doivent évaluer les risques au préalable avec leur médecin traitant.
En parallèle de ces mesures de protection individuelle, la prévention de la maladie passe par la
lutte contre la prolifération des moustiques. Pour cela, tous les gîtes potentiels pour le
développement des larves de moustiques, c’est-à-dire les eaux stagnantes, doivent être
éliminés : pots de fleurs, gouttières, pneus usagés, etc. Après chaque pluie notamment, il est
recommandé de vider les rétentions d’eau qui peuvent se trouver autour de son lieu
d'habitation.
A l’Institut Pasteur
Fort de son expertise historique dans le domaine des arboviroses, l’Institut Pasteur, ainsi que
plusieurs instituts du réseau international des Instituts Pasteur, sont mobilisés depuis
l’apparition des premiers cas pour lutter contre cette épidémie. Dès novembre 2015,
l’Institut Pasteur de la Guyane a confirmé la première détection du virus au Surinam, et le 18
décembre 2015, il a identifié le premier cas en Guyane française. Après la confirmation de
ces premiers cas cette même équipe a publié dans la revue The Lancet le séquençage complet
du génome du virus Zika responsable de cette épidémie ce qui a permis de mettre en évidence
l’homologie quasi complète avec les souches à l’origine de l’épidémie qui a sévi en 2013 et 2014
dans le Pacifique.
L’Institut Pasteur a mobilisé plusieurs de ses unités de recherche pour développer des tests
de diagnostic sérologique et moléculaire, travailler sur la conception de nouveaux vaccins et
fournir des conseils sur les différentes options en matière de lutte contre les vecteurs. Ses
équipes mènent également des études épidémiologiques, notamment afin de mieux
comprendre les symptômes neurologiques observés chez les patients, et en particulier chez
les femmes enceintes.
Développement d’outils de diagnostic moléculaire et sérologique
> La Cellule d'intervention biologique d'urgence (CIBU), dirigée par Jean-Claude
Manuguerra, fait partie du Centre Collaborateur de l'OMS de Référence et de Recherche
pour les Arbovirus et les Fièvres hémorragiques virales. Elle est impliquée dans le diagnostic
et la recherche sur le virus Zika au travers de plusieurs de ses équipes :
Le Pôle d'Identification Virale (PIV) de la CIBU a mis au point et validé une technique
de sérologie permettant de réaliser rapidement et à haut débit le diagnostic du virus
Zika et d'autres arbovirus. Cette technologie a été déployée dans le Pacifique, en Asie
et en Afrique, et est en cours de déploiement en Amérique du Sud, afin d'aider à lutter
contre l'épidémie. D'autre part, le PIV développe actuellement un test moléculaire
simple, rapide et peu coûteux permettant de gagner du temps et d'augmenter
l'efficacité de prise en charge des patients.
Le Pôle de Génotypage des Pathogènes (PGP) a quant à lui réalisé le séquençage de
souches du virus Zika de l’épidémie en Polynésie française en 2013 et ayant circulé dans
le Pacifique, en collaboration avec l’Institut Louis Malardé en Polynésie française. Par
ailleurs, le PGP est partenaire de l’Institut Pasteur de Nouvelle Calédonie pour le
séquençage des isolats circulants actuellement dans le Pacifique, en Asie et en Afrique.
> L’unité Génétique fonctionnelle des maladies infectieuses, dirigée par Anavaj
Sakuntabhai, travaille sur la susceptibilité génétique à l’infection au virus Zika chez l’homme.
En collaboration avec Amadou Sall (Institut Pasteur de Dakar), les chercheurs ont mesuré le
taux d’anticorps de plusieurs arboviroses au sein d’une population locale. Par l'étude des
gènes au sein des familles, ils cherchent à identifier une région du génome contenant un gène
de résistance au virus Zika. Pour cela, ils vont tester des gènes candidats se situant dans
cette région, grâce à des modèles d’infection in vitro. Ils étudient plusieurs modèles de
souris pour identifier le mieux adapté, en collaboration avec l’unité de Génétique
fonctionnelle de la souris.
> L’Institut Pasteur de la Guyane héberge au sein du laboratoire de virologie, dirigé par
Dominique Rousset, le Centre National de Référence des Arbovirus, laboratoire associé
pour la région Antilles-Guyane. Le laboratoire est donc légitimement sollicité pour toute
suspicion d’arbovirose et notamment les émergences dans les territoires français des
Amériques. C’est ainsi que les chercheurs ont pu confirmer début novembre 2015, par PCR en
temps réel, les 5 premiers cas au Surinam. C’est en décembre que le laboratoire a détecté de
façon assez rapprochée d’abord des cas d’infection importés du Surinam puis, des cas
autochtones.
Grâce à ces échantillons, les chercheurs de l’Institut Pasteur de la Guyane ont pu séquencer
l’intégralité du génome de ce virus. Le résultat publié dans The Lancet le 7 janvier 2016,
montre que le virus qui circule actuellement est très proche de celui qui circulait en Polynésie
française en 2013-2014.
> En 2014, suite à l’épidémie de virus Zika qui a concerné la Nouvelle-Calédonie, l’Institut
Pasteur de Nouvelle-Calédonie a faire face à un afflux important de demandes de
diagnostic. Dans ce contexte, les chercheurs de lunité de recherche et d’expertise Dengue
et autres Arboviroses, dirigée par Myrielle Dupont-Rouzeyrol, ont démontré que le virus
Zika était détecté beaucoup plus tardivement dans les urines par rapport au sang et que cela
pouvait permettre ainsi un meilleur diagnostic biologique des patients (Gourinat et al, 2015).
Dans la prolongation de ces résultats préliminaires, les chercheurs collaborent à un projet
avec l’Institut Scientifique de Santé Publique (Belgique), l’Institut Pasteur de la Guyane et
l’Institut Pasteur (Paris), qui vise à améliorer le diagnostic des arboviroses et plus
particulièrement celui du virus Zika, en comparant l’utilisation des prélèvements d’urine et
salive par rapport au prélèvement de sang. L’unité cordonne également avec l’Institut Pasteur
de Dakar (et impliquant l’Institut Pasteur du Cambodge, l’Institut Pasteur du Laos,
l’Institut Pasteur à Paris et l’Institut Louis Malardé) un projet visant à évaluer la capacité de
différents moustiques à transmettre le virus Zika lors d’une piqûre et à étudier la diversité
génétique du virus Zika en Afrique, Asie, Pacifique et Amériques.
Epidémiologie comprendre le lien entre le virus Zika et les complications neurologiques
> En collaboration avec le Bureau de Veille Sanitaire en Polynésie française, le Centre
Hospitalier de Polynésie française ainsi que l’institut Louis Malardé, l’unité Epidémiologie des
maladies émergentes (UEME), dirigée par Arnaud Fontanet à l’Institut Pasteur, travaille
depuis janvier 2014 sur l’épidémie de Zika ayant touché la Polynésie française d’octobre 2013
à avril 2014.
Le projet, financé en partie par le LaBex IBEID, vise à élucider le lien entre le virus Zika et
l’augmentation nette de manifestations neurologiques graves à type de paralysie, appelés
syndromes de Guillain-Barré (GBS), observée pendant la période épidémique du virus Zika. Ce
travail associe également les équipes de la Cellule d'intervention biologique d'urgence
(CIBU) et de l'unité Génétique fonctionnelle des maladies infectieuses à l’Institut
Pasteur.
Suite à l’augmentation suspecte de l’incidence des microcéphalies, l’UEME travaille également
sur une description de l’incidence de cette malformation congénitale avant et après l’épidémie
ainsi qu’à déterminer si l’infection par Zika de la femme au cours de la grossesse en est la
cause, d’estimer la période de grossesse la plus à risque en cas d’infection ainsi que la
probabilité de malformation chez l’enfant dont la mère aurait contracté le virus.
Recherche sur le moustique vecteur
> En collaboration avec l'Institut Oswaldo Cruz à Rio de Janeiro (Brésil), les chercheurs de
l’unité Arbovirus et insectes vecteurs, dirigée par Anna-Bella Failloux, ont testé la
réceptivité (la capacité à contracter le virus) des moustiques Aedes aegypti et Aedes
albopictus du Brésil et de Floride où ces deux espèces cohabitent. Par ailleurs, ils ont évalué
la compétence vectorielle (l’aptitude à transmettre le virus) d'Aedes aegypti de Guyane
française, de Martinique et de Guadeloupe, où cette espèce est présente seule.
Ces populations de moustiques récemment récoltées sur le terrain ont été infectées en
laboratoire de haute sécurité de niveau P3 avec le virus Zika de génotype asiatique qui
provient de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie. Ce virus est quasiment identique à
celui qui circule actuellement en Amérique centrale et en Amérique du Sud.
L'objectif de ces travaux actuellement en cours, est de déterminer la contribution des deux
espèces Aedes aegypti et Aedes albopictus dans la dynamique de l'épidémie de Zika dans les
Amériques. Ces données permettront d’évaluer l’étendue que pourrait prendre l’épidémie et
de savoir si elle serait comparable à celle du chikungunya qui a commencé en Amériques
(Caraïbes, île de Saint-Martin en octobre 2013) avec aujourd'hui plus de 45 pays atteints et
plus d'1.7 million de cas (source : CDC).
Afin d’anticiper l’éventuelle implantation du virus Zika en France et en Europe, à l'image de ce
qui s'est produit avec le chikungunya et la dengue (cas autochtones en France de chikungunya
en 2010, 2014 ; et de dengue en 2010, 2014, et 2015) avec une transmission par Aedes
albopictus, les chercheurs ont testé deux populations d'Aedes aegypti de l'île de Madère et
deux populations d'Aedes albopictus du Sud de la France (Nice et Bar-sur-Loup).
Ces deux projets ont été financés par le LaBex IBEID (dirigé par Pascale Cossart et Philippe
Sansonetti) et le projet européen DENFREE (coordonné par Anavaj Sakuntabhai).
> L’équipe de l’unité d’Entomologie médicale, dirigée par Romain Girod au sein de l’Institut
Pasteur de la Guyane, travaille à la mise au point de systèmes de piégeage couplés à des
appâts sucrés pour la détection précoce de la circulation du virus Zika en Guyane. Il s’agit
pour les chercheurs de tester, au laboratoire et sur le terrain, de nouveaux outils de
surveillance entomologique et virologique dont l’objectif est d’identifier les zones et les
périodes de transmission les plus propices au virus, afin de guider efficacement les actions
de prévention et de lutte antivectorielle. Des travaux antérieurs menés dans le cadre de
l’épidémie de chikungunya qui a touché la Guyane en 2014-2015, ont déjà montré les
potentialités des outils développés. C’est dans cette continuité que les travaux actuels se
poursuivent sur le virus Zika.
> Au sein de l’Institut Pasteur de la Guadeloupe, le laboratoire d’Entomologie médicale,
dirigé par Anubis Vega-Rua, a participé à l’évaluation de la compétence vectorielle des
populations de moustiques des Amériques vis-à-vis du virus Zika dans le cadre d'un projet
coordonnée par Anna-Bella Failloux à l’Institut Pasteur à Paris. Le laboratoire a également
été impliqué avec l’Agence Régionale de la Santé de Guadeloupe (ARS) dans des actions de
sensibilisation sur le risque que représente le virus Zika pour la population guadeloupéenne.
Actuellement le laboratoire et l’ARS sont en train de définir une nouvelle stratégie
d’intervention et d’investigation entomologique qui pourrait être déployée en cas de détection
de cas autochtones de Zika en Guadeloupe. Par ailleurs, le laboratoire de biologie médicale de
l’Institut Pasteur de Guadeloupe réalise le diagnostic moléculaire des infections par le virus
Zika.
> Le Groupe Arbovirus, au sein de la Cellule d’Intervention Biologique d’Urgence (Institut
Pasteur, Paris) s'intéresse à développer des modèles animaux afin de mieux comprendre les
effets pathologiques observés chez l’homme. Par ailleurs, il cherche à mieux définir
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