Chapitre 12 : Le phénotype immunitaire au cours de la vie En plus de la réaction immunitaire innée, la réaction immunitaire adaptative prend place. Cette réaction est spécifique, c’est-­­à-­­dire que les cellules intervenant sont dirigées contre un antigène donné. Ainsi notre organisme est capable de reconnaître toutes les molécules antigènes potentiellement infectantes et il doit contenir un pool de lymphocytes très diversifiés pour être capable de réagir contre chaque antigène. I-­­ La genèse de la diversité du répertoire immunologique. Il existe des millions de clone de lymphocytes B qui reconnaissent chacun un antigène donné. On observe ici la variabilité des 100 premiers acides aminés des chaînes lourdes et légères des immunoglobulines. Au-delà des 100 premiers acides aminés, la séquence en acides aminés est constante quel que soit l’anticorps. Les gènes codant les chaînes légères et lourdes des anticorps sont des gènes morcelés constitués de nombreuses séquences variables et d’une constante. L’association aléatoire de ces séquences lors de l’épissage alternatif permet la fabrication d’un nombre de combinaisons possibles extraordinairement élevé. 1 Chaque jour, la moelle osseuse produits plusieurs dizaines de millions de lymphocytes B et T naïfs. Chacune de ces cellules porte à sa surface des récepteurs membranaires (anticorps pour les lymphocytes B ou récepteurs T pour les lymphocytes T) capable de reconnaître un antigène différent pour chaque lymphocyte. Lors d’une infection, seuls les lymphocytes naïfs ayant des récepteurs membranaires capables de se lier à l’antigène se multiplient et se différencient en clone de cellules effectrices : les plasmocytes et les lymphocytes auxiliaires et cytotoxiques. Les lymphocytes capables de reconnaître les molécules du soi sont éliminés. Seuls ceux pouvant reconnaître les molécules du non-­­soi deviennent immunocompétents. 2 II-­­ L’évolution du phénotype immunitaire. Le phénotype immunitaire peut être défini comme l’ensemble des spécificités des lymphocytes B et T à un moment donné de la vie d’un individu. Il résulte d’une interaction complexe entre le génotype et l’environnement. La population qui constitue chaque clone de lymphocytes T ou de lymphocytes B est restreinte. Lorsque l’organisme entre en contact avec un antigène (environnement modifié), certaines populations voient leurs effectifs augmenter (expansion clonale) et il apparaît des lymphocytes B et T4 mémoire, spécifiques de cet antigène. Le phénotype immunitaire d’un individu évolue donc en même temps qu’évolue son environnement antigénique. Le phénotype immunitaire, qui change sans cesse, s’adapte à l’environnement. L’évolution permanente du phénotype immunitaire permet le maintien de l’intégrité de l’organisme. A chaque contact avec un antigène différent, notre organisme se retrouve pourvu de lymphocytes capables de reconnaître cet antigène et devient alors capable de réagir de façon suffisamment efficace pour que l’on ne développe pas la maladie au second contact avec ce même antigène. Ainsi, certaines maladies infectieuses ne sont contractées qu’une seule fois au cours de notre vie. 3 III-­­ La mémoire immunitaire. Lors d’un premier contact avec un antigène, la réponse immunitaire encore appelée réponse primaire n’est pas toujours très efficace. Lors d’un second contact avec le même antigène ou réponse secondaire, la réponse est quasi immédiate. Le premier contact a été mémorisé. Tous les lymphocytes B et T résultant de l’expansion clonale au cours d’une réponse primaire ne se différencient pas en plasmocytes ou lymphocytes T cytotoxiques et auxiliaires. Un certain nombre d’entre eux deviennent des cellules mémoires capables de réagir rapidement lors d’un second contact avec le même antigène. Ces cellules mémoires sont beaucoup plus nombreuses que les lymphocytes naïfs qui leur ont donné naissance et elles ont une durée de vie très longue. IV-­­ Le principe de la vaccination. Le principe de la vaccination repose sur l’existence de la mémoire immunitaire et sur le caractère spécifique de cette mémoire. Les vaccins préparent le système immunitaire à neutraliser rapidement des virus, des bactéries ou des parasites dangereux avant qu’ils ne s’installent dans l’organisme. La vaccination augmente l’état immunitaire d’un sujet vis-­­à-­­vis d’un antigène donné. En effet le taux d’anticorps protecteurs ou le nombre de cellules à mémoire spécifiques de cet antigène étant accru, la réaction du sujet sera immédiate lors d’un éventuel contact ultérieur avec l’agent pathogène et ce dernier sera neutralisé. Un adjuvant immunologique (aussi appelé adjuvant vaccinal) est une substance qui, quand elle est administrée (avalée, inhalée, injectée, etc.) conjointement avec un antigène, stimule, active, prolonge, renforce le système immunitaire, bien que cette substance n’ait pas elle-­­même et en soi de vertu antigénique. 4