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actu fiscalité
RÉSIDENCE FISCALE
POURQUOI VIVRE À MONACO ?
L’
actualité récente a rappelé que de nombreux Belges sont résidents monégasques.
On ne doute pas que l’attrait du soleil
méditerranéen, la sécurité réputée très
enviable des lieux, et un cadre de vie souvent
luxueux font partie des motifs du succès de
Monaco auprès des résidents prospères.
On ne peut toutefois nier que, pour la plupart
de ces migrants en terre monégasque, le système
fiscal de la Principauté constitue très souvent
le motif primordial du choix de cette résidence.
Monaco ne connaît en effet aucun impôt sur
les revenus et aucun droit de succession. Les
finances de l’Etat princier se fondent essentiellement sur des recettes provenant de la TVA
(perçue pour la Principauté aux mêmes taux
qu’en France) et des droits d’enregistrement
immobiliers, au taux modeste de 2% perçus toutefois sur les prix de vente des biens qui, à Monaco
sont parmi les plus chers du monde.
Le choix d’une résidence à Monaco est néanmoins loin d’être une panacée universelle, même
pour ceux qui peuvent se payer le prix d’un
appartement en ce lieu très convoité. Sur le plan
international, la taxation des revenus du travail
salarié ou d’une fonction d’administrateur a lieu
en effet, non à l’endroit de la résidence, mais
bien là où le travail est presté. Un résident monégasque administrateur d’une société belge, et
qui exerce ses fonctions en Belgique, est donc
toujours taxé en Belgique et il ne lui sert à rien,
de ce point de vue, d’élire domicile à Monaco.
De même, un titulaire de profession libérale,
ou d’une autre activité indépendante, ne sera soumis au très avantageux régime monégasque, que
s’il exerce ses fonctions à Monaco, ou depuis
Monaco, ou en tout cas s’il ne dispose d’aucune
base fixe d’activité dans un autre lieu que Monaco.
C’est pourquoi le véritable avantage fiscal
d’une résidence monégasque est en général
réservé à ceux qui ont d’importants revenus de
leur fortune mobilière: ils bénéficient alors d’une
exonération totale des intérêts, redevances et
plus-values de leurs avoirs. En cas de décès, leurs
héritiers n’ont rien à payer; le fisc belge ne pourra
percevoir des droits de mutation par décès que
sur leurs éventuels biens immobiliers belges.
Il n’en est toutefois ainsi que si leur résidence
est réelle. Les autorités monégasques délivrent
des cartes de résidents aux personnes à qui le
droit de résider a été accordé. Cette carte, émise
avant l’arrivée de la personne à Monaco, ou
juste après son installation, ne prouve évidemment pas, à elle seule, que cette personne vit
effectivement à Monaco. Il s’agit d’une autorisation de résider et le fisc belge ne considère
pas un tel document comme probant, à lui seul,
de la résidence effective à Monaco.
Il sera par exemple très difficile, à une personne qui revendique la résidence fiscale à
Monaco, de convaincre le fisc si ses enfants en
âge scolaire vont à l’école en Belgique, sauf s’il
prouve qu’ils ne vivent pas avec lui. De même,
un dirigeant exerçant la gestion journalière
d’une société belge sera en général considéré
comme vivant en Belgique, parce qu’il est
peu crédible qu’il se déplace tous les jours
depuis Monaco pour diriger son entreprise
en Belgique.
La résidence fiscale est une question de fait,
qui ne dépend pas d’un document administratif, mais de l’endroit où la personne a placé,
effectivement, le centre de ses intérêts vitaux.
Ce choix de la résidence fiscale est entièrement
libre. Chacun a le droit de «voter avec ses pieds»
et de s’installer dans un autre pays, même si
c’est seulement parce que le système fiscal belge
est jugé trop lourd. C’est là un des éléments du
choix de la voie la moins imposée, qui n’est
pas susceptible d’abus, mais qui doit correspondre à la réalité : on peut s’installer à
Monaco pour des raisons fiscales, mais il faut
alors le faire réellement, et ne plus vivre principalement en Belgique. C’est d’ailleurs également logique sur le plan économique: celui
qui ne vit plus effectivement en Belgique, n’a
plus de raison de payer sa part des dépenses
publiques belges dont il ne profite plus.
Le fisc belge ne peut contester cette
« émigration fiscale » que si elle n’est pas
réelle, si on lui affirme qu’on habite
à Monaco, alors qu’en réalité
on passe l’essentiel de son
temps en Belgique. z
La résidence
fiscale est une
question de fait,
qui ne dépend pas
d’un document
administratif,
mais de l’endroit
où la personne
a placé, effectivement, le centre
de ses intérêts
vitaux.
THIERRY AFSCHRIFT
Professeur
ordinaire
à l’ULB
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