o synonymes en botanique,
o synonymes en mycologie.
La notion de synonymie apparaît rarement dans les textes de Gustave Guillaume,
ouvrages, articles ou cours à l’EPHE. Si une place pour la synonymie lexicale paraît de
faible probabilité dans un corpus abordant rarement la dimension lexicologique de la
langue, en revanche il paraît intéressant d’examiner quelle place pourrait être réservée à
la synonymie grammaticale et quelle forme de théorisation elle pourrait autoriser dans le
cadre d’une sémantique grammaticale, centrale, quant à elle, dans la réflexion de
Guillaume et de ceux qui se réclament, de près ou de loin, de son héritage.
Selon nous, on gagne pour cela à s’appuyer sur le schéma de visualisation-formalisation
que constitue le tenseur binaire radical . Celui-ci, on le sait, est pourvu dans la théorie du
statut d’ « opérateur structural » à portée universelle, avec, notamment, la capacité de
synthétiser l’entier sémantique d’un paradigme (paradigme modo-temporel, paradigme
casuel, etc.). A partir de là, on peut considérer d’abord que la relation synonymique va
pouvoir caractériser deux grammèmes en contiguïté directe dans le mécanisme psychique
constructeur du paradigme considéré. Un bon exemple est fourni par le cas de que et de
quoi qui, sous conditions restrictives d’emploi, sont interchangeables dans les
interrogatives à verbe à l’infinitif (que faire ? // quoi faire ?). Toutefois à cette
« synonymie par contiguité » on doit ajouter ce que, faute de mieux et provisoirement ,
on appellera une « synonymie par équivalence des opposés ». Il s’agit de ceci. Dans les
Prolégomènes à une linguistique structurale (Québec, 2003, 92-93), Guillaume,
cherchant à théoriser le tenseur binaire radical, l’ordonne à trois principes organisateurs ;
nous ne retiendrons ici que le troisième, dit principe de dissimilitude des isomorphes
terminaux, et ainsi formulé : « [�] dans le tenseur binaire radical, la parité des extrêmes,
si approchée soit-elle, est déficiente, la relation du terme final et du terme initial étant
celle d’une égalité sous tous les rapports, moins un excepté. » Le micro-système de
l’article illustre, selon nous, très bien ce phénomène. Il est constitué d’un double
mouvement, d’abord celui de un, conduisant du général au particulier, puis celui de le,
conduisant du particulier au général. Le terminus a quo et le terminus ad quem sont donc
constitués, respectivement, par la saisie initiale de un, conférant au SN qu’il introduit une
extensité générique, et par la saisie terminale de le, conférant au SN qu’il introduit une
extensité générique. Suit de là l’équivalence quasi parfaite de deux phrases telles que Un
soldat courageux ne recule pas devant l’ennemi et Le soldat courageux ne recule pas
devant l’ennemi. Il resterait, dans un cas de ce genre, à évaluer l’écart existant entre les
deux tournures, qui permettrait de donner tout son sens à la formule de Guillaume, « [�]
une égalité sous tous les rapports moins un excepté ».