son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la croix au long des siècles, jusqu'à ce
qu'il vienne, et en outre pour confier à l'Eglise, son Epouse bien-aimée, le mémorial de sa
mort et de sa résurrection: sacrement de l'amour, signe de l'unité, lien de la charité(36),
banquet pascal dans lequel le Christ est mangé, l'âme est comblée de grâce, et le gage de la
gloire future nous est donné(37) » (SC 47).
En effet, dans l'Eucharistie, par la transformation du pain et du vin en corps et sang du
Seigneur, elle jouit de cette présence avec une intensité unique. Depuis que, à la Pentecôte,
l'Église, peuple de la Nouvelle Alliance, a commencé son pèlerinage vers la patrie céleste, le
divin Sacrement a continué à marquer ses journées, les remplissant d'espérance confiante »
(EdE 1).
« Tout, dans l’Eucharistie, provient d’un maximum d’amour. Tout résulte d’une volonté
illimitée du don. C’est l’amour divin qui, pour avantager les hommes et leur assurer la
destinée la plus haute, s’est fait inventif de la manière la plus insurpassable dans les gestes et
les paroles de Jésus qui ont institué l’Eucharistie lors de la dernière cène. Comme notre
surprise est considérable, nous devons faire sans cesse effort pour mieux saisir les intentions
de cet amour ».
1. L’Eucharistie commence avec le repas de la dernière scène
Comprendre la présence de Jésus dans l’Eucharistie, et ce qu’il a voulu ainsi nous donner
nous demande de revivre avec lui le dernier repas pris avec ses disciples. Trois gestes
successifs nous introduisent dans ce mystère.
a. Jésus a voulu, avant de mourir, « manger la Pâque » avec ses disciples. Manger la Pâques
est un rituel juif unique, vécu chaque année au début du printemps. C’est un rituel familial,
présidé par le Père. J’ai eu la chance de participer une fois à ce repas pascal, « Pessah »,
comme l’appellent nos frères aînés, les Juifs. Ce repas commémore la libération des esclaves
hébreux, leur sortie d’Egypte sous la conduite de Moïse. Ce soir là, ils prirent leur repas à la
hâte, avant que le pain n’ait eu le temps de lever. Ce soir là ils ont bu le vin de la joie, car ils
recouvraient la liberté. Ils ont mangé l’agneau pascal, dont le sang, répandu sur les linteaux de
leur porte avait éloigné l’ange exterminateur chargé de frapper les premiers nés des
Egyptiens. Au cours de ce repas, la famille juive partage tous ces aliments, avec des herbes
amères qui rappellent la dureté de l’esclavage, des herbes trempées dans l’eau salée pour
commémorer le passage de la mer Rouge. En bref, ils revivent la sortie d’Egypte. C’est pour
eux le moment fondateur de leur peuple, celui où Dieu s’est révélé à eux comme le Dieu
sauveur, Yahweh, le Dieu de Moïse.
En revivant le repas de Pâque avec ses disciples, Jésus assume la libération commencée à la
sortie d’Egypte, et s’inscrit dans l’espérance de son peuple.
b. Mais voilà qu’au terme du repas, il quitte la table, et, prenant la position du serviteur, il se
met à laver les pieds de ses disciples. Il accomplit, se faisant, ce que nous appelons un geste
prophétique, un symbole qui annonce une réalité plus haute. Il annonce le sens de sa mort :
comme l’accomplissement de son amour pour nous, donnant sa vie pour nous rendre la vie.
Prenant sur lui la mort pour la retirer de nos épaules. Il invite à l’avance ses disciples à
donner, comme lui, leur vie pour leurs frères :
« Vous m'appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé