Evry, le 20 novembre 2006 COMMUNIQUE DE PRESSE Epidermolyse bulleuse jonctionnelle Un premier patient traité avec succès par thérapie génique Une équipe de chercheurs italiens, dirigée par Michele De Luca (Université de Modène et The Veneto Eye Bank Foundation) et financée par les Téléthon français et italien dans le cadre d’un appel d’offres conjoint, a réussi, pour la première fois, à traiter par thérapie génique un patient atteint d’une grave maladie génétique de la peau, l’épidermolyse bulleuse jonctionnelle. Dans cette maladie, la déficience du gène de la laminine 5 se traduit par une absence d’adhérence entre l’épiderme et le derme. Grâce à la greffe de cellules souches de la peau traitées par thérapie génique et qui expriment la laminine 5, les chercheurs ont pu reconstituer, chez ce patient, un épiderme qui adhère au derme, au niveau de deux plaies chroniques situées sur les cuisses. Une observation faîte dès le 8ème jour et pendant les douze mois de suivi. Cet essai pilote chez un premier patient devrait permettre, en France, le démarrage prochain d’un essai clinique pour la même maladie. Ces résultats sont publiés ce jour sur le site Internet de la revue Nature Medicine. Les épidermolyses bulleuses sont un groupe de pathologies rares et héréditaires au cours desquelles des bulles et des ampoules se forment à la surface de la peau et des muqueuses, spontanément ou à la suite de frottements minimes. Il existe 3 groupes d'épidermolyses bulleuses de gravité variable. La forme jonctionnelle de l’épidermolyse bulleuse (EBJ) peut être létale et est généralement due à des mutations d’une protéine d’adhérence, la laminine 5. Les EBJ sont caractérisées par des bulles qui se forment entre l'épiderme et le derme et se traduisent par de vastes décollements cutanés et muqueux, parfois hémorragiques, conduisant à la formation de croûtes et de lésions infectées. Les malades concernés peuvent également présenter un retard de croissance staturopondéral. Le patient inclus dans l’essai clinique italien, un homme de 36 ans, est porteur d’une mutation dans une des trois chaînes (la chaîne 3) constitutives de la laminine 5, une protéine essentielle de la membrane basale qui induit la formation des complexes d’adhérence qui assurent l’ancrage de l’épiderme au derme sous-jacent. Afin de « recréer » l’adhérence de l’épithélium et reconstituer un épiderme fonctionnel, les chercheurs ont effectué des biopsies cutanées sur différents endroits du corps du patient, identifiés le prélèvement le plus riche en cellules souches épithéliales, essentiellement en suivant une technique utilisée pour reconstituer l’épiderme des grands brûlés. Cette technique a été adaptée à ce cas précis, entre autre en introduisant dans ces cellules mises en culture un rétrovirus (Moloney Leukemia Virus) contenant le gène-médicament. Les chercheurs ont ainsi pu obtenir des greffons exprimant la protéine laminine 5, qu’ils ont transplantés sur la cuisse droite (4 greffons) et la cuisse gauche (5 greffons) du patient, des endroits présentant des ulcérations chroniques. Dès le 8ème jour, ils ont observé la prise de greffe, ainsi que la régénération complète de l’épiderme qui s’est auto-régénéré pendant les douze mois du suivi. Fait important : les frottements et même le pincement n’ont induit aucune cloque à la surface des endroits greffés, tandis que de larges ampoules se formaient spontanément sur les tissus adjacents. Le remplacement progressif de l’épiderme du patient à l’aide de cette technique est programmé dans les 2 à 3 prochaines années. Les différentes formes d’épidermolyse bulleuse affectent 500 000 personnes à travers le monde. Le succès de cette thérapie génique ouvre aujourd’hui le champ à la mise au point de thérapies géniques pour toutes les formes d’épidermolyse et d’autres maladies de la peau aussi très invalidantes. Les études précliniques concernant ces recherches sont soutenues par l’AFM et la CEE (projet européen Skintherapy, coordonné par le Dr. Guerrino Meneguzzi, directeur de recherche à l’Inserm). Un essai clinique, que souhaite financer l’AFM, est d’ores et déjà programmé en France. Cet essai de phase I/II sera mené par les Dr. Guerrino Meneguzzi et le Pr. Jean-Philippe Lacour (CHU de Nice) en collaboration avec l’équipe italienne. Les cellules souches de la peau prélevées chez les patients participant à l’essai seront envoyées à Venise pour la constitution d’un épiderme contenant le gène médicament, qui sera greffé aux malades à Nice. Des malades sont déjà identifiés par les responsables de l’essai, aujourd’hui en attente de l’accord de l’Afssaps. Pour en savoir plus : Correction of junctional epidermolysis bullosa by transplantation of genetically modified epidermal stem cells – Fluvio Mavilio, Graziella Pellegrini, Stefano Ferrari, Francesca Di Nunzio, Enzo Di Iorio, Alessandra Recchia, Giulietta Maruggi, Giuliana Ferrari, Elena Provasi, Chiara Bonini, Sergio Capurro, Andrea Conti, Cristina Magnoni, Alberto Giannetti and Michele De Luca. Nature Medicine (on line), 2006. Contacts chercheur : Michele De Luca / Department of Biomedical Sciences University of Modena and Reggio Emilia, Modena, Italy Tél. : +39 041 529 5824/5822 - Courriel : [email protected] Ou : The Veneto Eye Bank Foundation, Venezia-Mestre, Italy Courriel : [email protected] Guerrino Meneguzzi / Faculté de médecine de Nice Unité Inserm 634 Tél. : +33(0)493 37 77 79 – Courriel : [email protected] Contacts presse : AFM - Julie Audren, Mathilde Maufras, 01 69 47 28 28, [email protected] Généthon, laboratoire RAPPEL Les résultats de cette publication seront abordés lors de la conférence de presse, organisée à l’Institut de Myologie : « Téléthon, 20 ans d’actions pour un objectif majeur : guérir » Aujourd’hui, 20 novembre, à 14 heures