Priorites
SanteBulletin d’information
du Comité Régional d’Éducation pour la Santé
Provence-Alpes-Côte d’Azur
www.cres-paca.org
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Mai/Juin/Juillet/Août
2 0 1 4
DOSSIER
Dépistages des cancers en PACA :
peut mieux faire !
Le CHU de Nice lutte contre les punaises de lit
Lutter contre la cyberdépendance des enfants
L’ETP pour vivre mieux dans sa peau
©Arto - Fotolia.com
Sommaire
Espace CRES
1/ Actualités .......................................................................................................................... 15
2/ Pôle régional de compétences en éducation et promotion de la santé ............. 16
3/ Documentation ................................................................................................................. 17
Les Écrits
Bilan des activités du CRES en éducation thérapeutique du patient ....................... 18-19
Un article de Thibaud Bergmann, Pierre Sonnier, Benoit Saugeron, CRES PACA
Agenda ........................................................................................................................... 20
Alpes de Haute-Provence
Outiller le public pour moins de pollution ................... 10
Alpes-Maritimes
Le CHU de Nice lutte contre les punaises de lit .......... 11
PRSE santé environnement
Annie Palon ......................................................................... 14
Pharmacienne
Portrait
Bouches-du-Rhône
Atelier santé ville du Grand Sud Huveaune : ..................... 7
un cycle pour mobiliser sur la promotion à la santé
Personnes vulnérables
Dossier
Dépistages des cancers en PACA : peut mieux faire ........ 3 à 6
Priorités Santé -
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Bouches-du-Rhône
L’ETP pour vivre mieux dans sa peau ............................. 13
Maladies chroniques
Vaucluse
RHESO aide les enfants témoins-victimes ................... 12
de violence
Parentalité
Hautes-Alpes
« Agir contre le harcèlement » une action..................... 8
nécessaire à Embrun
Var
Lutter contre la cyberdépendance des enfants............ 9
Enfants, adolescents, jeunes
Un diagnostic plus précoce permet, pour la majorité des
cancers, un traitement plus efficace, avec un impact
positif avéré sur le pronostic de la maladie. La détec-
tion des cancers à un stade débutant permet aussi de réduire
la lourdeur et la durée des traitements et de diminuer l’impor-
tance des séquelles potentielles. Promouvoir des diagnostics
précoces est donc un levier majeur d’amélioration de la prise
en charge des patients atteints de cancer. Pour certains cancers,
un dépistage avant l’apparition de symptômes est possible ; il
permet même parfois de détecter et traiter des lésions précan-
céreuses. Pour ces cancers, des dépistages organisés sont pro-
posés à des populations cibles considérant que les bénéfices at-
tendus en termes de santé publique sont supérieurs aux limites
et aux risques. Cette balance bénéfice/risque est actuellement
jugée positive pour les dépistages du cancer du sein et du can-
cer colorectal, qui font déjà lobjet de programmes nationaux.
Elle l’est également pour le dépistage du cancer du col utérin
qui va être généralisé sur lensemble du territoire.
En région PACA, chaque année, près de 3.900 nouveaux cas de
cancers du sein sont enregistrés, et un peu plus de 900 décès.
Pour le cancer colorectal, les données sont de près de 2.900
nouveaux cas, et de 1.300 décès.
Dans le Schéma régional de prévention de lAgence régionale
Le dépistage organisé des cancers du sein (depuis 2004) et colorectal (depuis 2009)
représente l’un des axes prioritaires de la politique de prévention régionale. Mais
les actions menées nont pas encore obtenu de résultats vraiment satisfaisants.
Région
de santé, le dépistage des cancers est intégré dans deux plans
daction. Le plan daction « population générale », avec son
objectif visant à améliorer le dépistage organisé des cancers du
sein et du côlon chez les 50-74 ans (dont les taux de partici-
pation sélèvent respectivement à 44,6 % et 30 %) et d’inciter
et daccompagner la population au dépistage, notamment les
publics vulnérables ; et le plan daction « personnes vieillis-
santes et en situation de handicap », où l’objectif consiste à
améliorer la participation au dépistage des personnes en situa-
tion de handicap accueillies dans les établissements et services
médico-sociaux.
Les taux de participation aux dépistages organisés en PACA
sont variables, voire très différents selon les départements. Ils
sont fonction des situations sociologiques et géographiques des
populations ainsi que de la question de la démographie médi-
cale. La Haute-Provence détient peu de médecins radiologues par
exemple, indique Hervé Meur, chargé de mission en prévention
et promotion de la santé à lARS. Si des départements se situent
au-dessus et dautres très en dessous, la moyenne de la région
reste inférieure à la moyenne nationale. Des résultats décevants
qui ont incité à la création d’un comité de pilotage régional
mis en place en 2011. Depuis 2013, le rôle de coordination des
structures de gestion des dépistages a été renforcé pour ani-
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3 –
Les dépistages des cancers
en PACA : peut mieux faire !
Dossier
Photo : Pierre CIOT
Dossier
Région
mer un comité départemental
réunissant tous les acteurs à
loccasion des campagnes na-
tionales Octobre rose et Mars
bleu, de façon à mener de
nombreuses actions de com-
munication et dengager de
nouveaux partenariats (voir
encadré p.6). Quant au CRES,
qui coordonne et évalue au
niveau régional, il a égale-
ment pour mission de favo-
riser échanges et partenariats
entre les départements. Outre
des actions de communica-
tion visant les publics cibles,
des réunions d’information
de professionnels sont organi-
sées et la formation des géné-
ralistes assurée par l’URPS
(Union régionale des profes-
sionnels de santé). Les effets
de ces bases mises en place ne
seront néanmoins mesurables
quà partir de 2015.
Cancer du sein
Le dépistage organisé du
cancer du sein sadresse aux
femmes de 50 à 74 ans, assu-
rées sociales, qui sont invi-
tées par courrier, tous les
deux ans, à faire pratiquer
une mammographie dans un
centre de radiologie agréé. Les
clichés sont ensuite envoyés à
la structure de gestion dépar-
tementale, qui procède à une
seconde lecture par des radio-
logues spécialement formés.
“Cette relecture est une sécu-
rité supplémentaire, puisqu’elle
permet de détecter jusqu’à
15% de plus de cancers, sou-
ligne Claire Granon, méde-
cin coordinateur de lApre-
mas (structure de gestion des
Alpes-Maritimes et des Alpes
de Haute-Provence). Par ail-
leurs, nous assurons le suivi
des dossiers des patientes dé-
pistées positives, ce qui permet
un gain de temps pour entrer
dans le circuit de soins et de
vérifier, via des courriers à la
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4 –
Le dépistage du cancer du col utérin
Le cancer du col de lutérus provoque près de 1000 décès par an en France. Pourtant, il est
possible grâce au dépistage, de détecter des lésions précancéreuses et cancéreuses du col et
ainsi de prévenir lapparition d’un cancer ou de le soigner. Actuellement, le dépistage nest
pas encore organisé mais recommandé pour les femmes âgées de 25 à 65 ans. Il est donc
majoritairement individuel et repose sur l’initiative du gynécologue, du médecin traitant ou
d’une sage-femme.
Il existe, par ailleurs, une vaccination préventive. Les papillomavirus humains (HPV) sont
la principale cause du cancer du col de l’utérus. La vaccination lutte contre l’infection par
certains types de virus HPV, à l’origine de 70 % des cancers du col utérin. Cette vaccination ne
se substitue pas au dépistage par frottis mais constitue un moyen complémentaire d’agir face
au cancer du col de l’utérus. Elle est préconisée à 11 ans.
Des recommandations en faveur d’un dépistage organisé du cancer du col de l’utérus sur
lensemble du territoire ont été publiées par la Haute Autorité de santé en novembre 2010.
Aujourd’hui en effet, on constate que plus de 50 % des femmes ne sont pas ou sont trop
peu souvent dépistées, quenviron 40 % des femmes sont dépistées trop fréquemment, 10 %
seulement des femmes bénéficiant dun dépistage dans l’intervalle recommandé. Le dépistage
organisé imaginé par la HAS continue de sappuyer sur les acteurs actuels du dépistage
(gynécologues médicaux, gynécologues obstétriciens, médecins généralistes, sages-femmes,
anatomocyto-pathologistes). Le médecin traitant devra inciter systématiquement toutes ses
patientes au dépistage et sassurer de la bonne prise en charge en cas de résultat anormal. Pour
les femmes nayant pas de contact avec le système de santé, un courrier personnel pourrait
leur être directement adressé. La HAS recommande fortement la mise en place de démarches
dassurance qualité pour garantir le même niveau de qualité du dépistage en tout point du
territoire français.
Celui-ci restera fondé sur la réalisation d’un frottis cervico-utérin (FCU) tous les 3 ans (après
2 FCU normaux réalisés à 1 an d’intervalle) à partir de 25 ans et jusquà 65 ans chez les femmes
asymptomatiques ayant ou ayant eu une activité sexuelle. Elle précise que le rythme triennal
du FCU ne remet pas en cause le bien-fondé d’un examen clinique gynécologique régulier.
Selon le professeur Lucien Piana, président dArcades, structure de gestion de dépistage des
Bouches-du-Rhône, la situation est préoccupante. Dans le département, cinq campagnes
d’incitation ont été lancées en direction des femmes de milieu défavorisé, qui ont abouti à une
participation entre 2 et 6 %. Les inégalités médico-sociales se perpétuent. Les médecins, comme
la presse, devraient se faire le relais de la nécessité de ce dépistage auprès de toutes les femmes de
25 à 65 ans”.
femme et à son médecin trai-
tant, que les examens complé-
mentaires sont effectués”.
Dans les Bouches-du-Rhône,
département qui pratique le
dépistage depuis 15 ans, les
sultats sont de très bonne
qualité, indique Brigitte Séra-
dour, radiologue coordina-
teur dArcades. Nous procé-
dons régulièrement au contrôle
technique des appareils de
mammographie et nos relec-
teurs sont particulièrement
expérimentés. Malgré tout, la
participation ne dépasse pas
Photo : Pierre CIOT
40 % car les médecins prescri-
vent fréquemment des dépis-
tages individuels. Les femmes
ne sont pas suffisamment in-
formées des avantages du pro-
gramme organisé”.
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5 –
Dossier
Priorités Santé -
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5 –
Les facteurs de risque
T
abagisme, consommation d’alcool, sédentarité et
obésité sont les facteurs de risque communs à bien des
cancers, dont celui du sein et du côlon. Certains autres
facteurs représentent pour les femmes le risque de développer
un cancer du sein (même si la grande majorité de ces cancers
surviennent chez des femmes ne présentant pas ou peu de
facteurs de risque) : une première grossesse tardive ou pas de
grossesse, des règles précoces (avant 12 ans), une ménopause
tardive (après 55 ans), et une prédisposition familiale. Le
cancer colorectal quant à lui voit sa prévalence augmenter à
partir de 50 ans. Lâge devient donc un facteur de risque pour
cette maladie, de même qu’une alimentation trop calorique,
notamment en graisses animales, une consommation
importante de viande rouge. Ainsi que la présence de polypes
dans lappareil digestif, des antécédents familiaux de cancers
colorectaux et les maladies inflammatoires du côlon.
Le test Hémoccult, bientôt remplacé par le test immunologique pour dépister le cancer colorectal.
Dans le Var, le taux est actuel-
lement de 44,6 %. Outre que
certaines femmes ne se sentent
pas concernées parce quelles
sont suivies par un médecin,
celles qui se trouvent en situa-
tion de précarité ne font pas
de leur santé une question de
priorité, déplore le Dr Ma-
rie-Dominique Harmel de la
structure de gestion ISIS 83.
C’est pourquoi nous menons
des actions d’information au-
près des généralistes et de com-
munication vers la population
en organisant conférences et
forums en lien avec les villes ou
des mutuelles par exemple. Et
avec diverses associations de
terrain pour les publics défavo-
risés, en situation de handicap,
voire en prison”.
Le Vaucluse atteint près de
58 % de participation pour le
dépistage du sein, grâce, selon
le Dr Claude-Pierre Gautier
de lADCA 84, à une bonne
information auprès des méde-
cins et de la population, de-
puis une douzaine dannées.
Dans les Hautes-Alpes, la
participation des femmes a
augmenté denviron 10% ces
dernières années, creusant par-
fois des écarts très importants
avec d’autres départements.
Ces résultats sont le fruit
d’une motivation renforcée
des femmes du département,
dune implication intense des
équipes, et dune recherche de
subventions supplémentaires
(via le programme transfron-
talier Alcotra) pour renouve-
ler une communication qui a
été basée sur lévénementiel et
des partenariats, et qui a été
très bien relayée par la presse
locale, se réjouit Guy Clé-
ment, président de l’Adoc 05.
Le dépistage organisé nécessite
une forte promotion.
Cancer colorectal
Le dépistage organisé du can-
cer du côlon (voir « 3 ques-
tions à »), un peu plus récent,
sadresse aux personnes entre
50 et 74 ans. Proposé par
courrier tous les deux ans, il
ne recueille pas encore dad-
hésion massive. Il implique
de passer par son médecin
généraliste, qui délivre le test
et en explique le mode dem-
ploi (prélèvements de selles à
trois reprises). En cas de non
participation, une relance
est adressée à l’assuré social,
accompagnée du test, à ren-
voyer par courrier, pour un
résultat délivré une semaine
plus tard. Selon tous les mé-
decins-coordinateurs de la
Région Paca, les freins à ce
dépistage restent nombreux
et expliquent les faibles taux
obtenus (autour de 30 % en
moyenne).
“Les médecins nont pas le
même raisonnement que les
épidémiologistes ou les profes-
sionnels de santé publique. Ils
sont plus formés à un diagnos-
tic positif qu’à l’idée de la pré-
vention et à lélimination du
risque de maladie que permet
ce dépistage, avance Claire
Granon. Or ils représentent
un élément prescripteur essen-
tiel auprès de la population,
confirme Marie-Dominique
Harmel, c’est pourquoi il faut
multiplier les actions d’infor-
mation en leur direction”.
La population non plus nest
pas suffisamment réceptive
aux bénéfices du dépistage.
Par manque d’information
sur la maladie elle-même
et sur la simplicité du test.
“Pour chacune de nos actions
de communication, lenjeu est
de désacraliser le dépistage,
de lever les peurs et les réti-
cences, de rendre la population
actrice de sa santé, insiste
Guy Clément. Par ailleurs, la
plupart des départements de
la région sont marqués par
la précarité, qui éloigne de la
préoccupation de prévention,
et certains, par des situations
géographiques peu favorables.
“Il faut mieux cibler les popu-
lations rurales, les personnes
isolées, qui ont des difficul-
tés à se déplacer, les y aider
même”. Reste la sempiternelle
question des moyens alloués,
tant à la formation des méde-
cins, quà la communication
efficace vis-à-vis des publics,
dans les conditions déquité
requises par la santé publique.
Au niveau national, le Plan
cancer 2014-2019 prévoit de
renforcer lefficience des pro-
grammes de dépistages orga-
nisés existants, en les éten-
dant à toutes les personnes
avec des modalités adaptées
à chaque niveau de risque de
cancer, et en intensifiant la
lutte contre les inégalités dac-
cès et de recours à ces dépis-
tages qui doivent bénéficier à
tous. Renforcer l’information
des professionnels et des per-
sonnes reste donc lenjeu prio-
ritaire. -
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