Priorités Santé -
n°40 Mai/Juin/Juillet/Août 2014
– 5 –
Dossier
Priorités Santé -
n°40 Mai/Juin/Juillet/Août 2014
– 5 –
Les facteurs de risque
T
abagisme, consommation d’alcool, sédentarité et
obésité sont les facteurs de risque communs à bien des
cancers, dont celui du sein et du côlon. Certains autres
facteurs représentent pour les femmes le risque de développer
un cancer du sein (même si la grande majorité de ces cancers
surviennent chez des femmes ne présentant pas ou peu de
facteurs de risque) : une première grossesse tardive ou pas de
grossesse, des règles précoces (avant 12 ans), une ménopause
tardive (après 55 ans), et une prédisposition familiale. Le
cancer colorectal quant à lui voit sa prévalence augmenter à
partir de 50 ans. L’âge devient donc un facteur de risque pour
cette maladie, de même qu’une alimentation trop calorique,
notamment en graisses animales, une consommation
importante de viande rouge. Ainsi que la présence de polypes
dans l’appareil digestif, des antécédents familiaux de cancers
colorectaux et les maladies inflammatoires du côlon.
Le test Hémoccult, bientôt remplacé par le test immunologique pour dépister le cancer colorectal.
Dans le Var, le taux est actuel-
lement de 44,6 %. “Outre que
certaines femmes ne se sentent
pas concernées parce qu’elles
sont suivies par un médecin,
celles qui se trouvent en situa-
tion de précarité ne font pas
de leur santé une question de
priorité, déplore le Dr Ma-
rie-Dominique Harmel de la
structure de gestion ISIS 83.
C’est pourquoi nous menons
des actions d’information au-
près des généralistes et de com-
munication vers la population
en organisant conférences et
forums en lien avec les villes ou
des mutuelles par exemple. Et
avec diverses associations de
terrain pour les publics défavo-
risés, en situation de handicap,
voire en prison”.
Le Vaucluse atteint près de
58 % de participation pour le
dépistage du sein, grâce, selon
le Dr Claude-Pierre Gautier
de l’ADCA 84, à une bonne
information auprès des méde-
cins et de la population, de-
puis une douzaine d’années.
Dans les Hautes-Alpes, “la
participation des femmes a
augmenté d’environ 10% ces
dernières années, creusant par-
fois des écarts très importants
avec d’autres départements.
Ces résultats sont le fruit
d’une motivation renforcée
des femmes du département,
d’une implication intense des
équipes, et d’une recherche de
subventions supplémentaires
(via le programme transfron-
talier Alcotra) pour renouve-
ler une communication qui a
été basée sur l’événementiel et
des partenariats, et qui a été
très bien relayée par la presse
locale, se réjouit Guy Clé-
ment, président de l’Adoc 05.
Le dépistage organisé nécessite
une forte promotion”.
Cancer colorectal
Le dépistage organisé du can-
cer du côlon (voir « 3 ques-
tions à »), un peu plus récent,
s’adresse aux personnes entre
50 et 74 ans. Proposé par
courrier tous les deux ans, il
ne recueille pas encore d’ad-
hésion massive. Il implique
de passer par son médecin
généraliste, qui délivre le test
et en explique le mode d’em-
ploi (prélèvements de selles à
trois reprises). En cas de non
participation, une relance
est adressée à l’assuré social,
accompagnée du test, à ren-
voyer par courrier, pour un
résultat délivré une semaine
plus tard. Selon tous les mé-
decins-coordinateurs de la
Région Paca, les freins à ce
dépistage restent nombreux
et expliquent les faibles taux
obtenus (autour de 30 % en
moyenne).
“Les médecins n’ont pas le
même raisonnement que les
épidémiologistes ou les profes-
sionnels de santé publique. Ils
sont plus formés à un diagnos-
tic positif qu’à l’idée de la pré-
vention et à l’élimination du
risque de maladie que permet
ce dépistage”, avance Claire
Granon. Or “ils représentent
un élément prescripteur essen-
tiel auprès de la population”,
confirme Marie-Dominique
Harmel, c’est pourquoi il faut
multiplier les actions d’infor-
mation en leur direction”.
La population non plus n’est
pas suffisamment réceptive
aux bénéfices du dépistage.
Par manque d’information
sur la maladie elle-même
et sur la simplicité du test.
“Pour chacune de nos actions
de communication, l’enjeu est
de désacraliser le dépistage,
de lever les peurs et les réti-
cences, de rendre la population
actrice de sa santé”, insiste
Guy Clément. Par ailleurs, la
plupart des départements de
la région sont marqués par
la précarité, qui éloigne de la
préoccupation de prévention,
et certains, par des situations
géographiques peu favorables.
“Il faut mieux cibler les popu-
lations rurales, les personnes
isolées, qui ont des difficul-
tés à se déplacer, les y aider
même”. Reste la sempiternelle
question des moyens alloués,
tant à la formation des méde-
cins, qu’à la communication
efficace vis-à-vis des publics,
dans les conditions d’équité
requises par la santé publique.
Au niveau national, le Plan
cancer 2014-2019 prévoit de
renforcer l’efficience des pro-
grammes de dépistages orga-
nisés existants, en les éten-
dant à toutes les personnes
avec des modalités adaptées
à chaque niveau de risque de
cancer, et en intensifiant la
lutte contre les inégalités d’ac-
cès et de recours à ces dépis-
tages qui doivent bénéficier à
tous. Renforcer l’information
des professionnels et des per-
sonnes reste donc l’enjeu prio-
ritaire. -
Région