LA VIE, LA MORT, LA VIE
LOUIS PASTEUR
1822-1895
Erik ORSENNA
Editions Arthème Fayard
2015
Erik ORSENNA siège à l’Académie Française, il y occupe le fauteuil autrefois dévolu
à Louis PASTEUR. L’auteur avoue sa totale ignorance dans le domaine des sciences et il
confie alors à son voisin François JACOB, Prix Nobel de médecine qu’il connaît
approximativement les travaux de son illustre prédécesseur. François JACOB lui suggère
d’écrire un livre sur Pasteur . « Puisque par on ne sait quel désolant hasard, tu occupes le
fauteuil de Louis Pasteur plonge toi dans son existence, tu seras bien obligé d’apprendre
un peu »
Ce livre n’est guère une biographie, encore moins un ouvrage scientifique, c’est une
approche de la vie de ce grand savant, lauteur essaie de comprendre la destinée de cet homme
et ce qui l’a amené à la recherche scientifique qui a révolutionné les connaissances au cours
du XIXème siècle.
Louis Pasteur est en 1822 à Dôle dans le département du Doubs, son père était
tanneur, son exploitation jouxtait une rivière qui collectait les déchets de cette activité. Le
côté insalubre de cette situation a-t-il eu une influence sur la vie de Louis Pasteur ? Pas dans
l’immédiat, enfant, il se sent prédisposé à une carrière artistique ( dés l’âge de 13 ans), il aime
le dessin (passion qui cessera en 1843, il a 21 ans) « Brillant portraitiste, Louis PASTEUR
dessine des visages sans émotion, ils sont plus faits de vie que de chair, on sent la passion
pour l’observation »
Ses parents déménagent en 1827 (il a 15 ans) et emmènent leur petite famille à Arbois
, autre commune du département du Doubs Louis Pasteur y grandira, et vivra ici une grande
partie de son existence. Il suivra sa scolarité au collège d’Arbois, et manifeste déjà une
prédisposition pour l’étude des sciences « Tout au long du reste de sa vie il ne cessera de
croquer ce qu’il observe au travers du microscope »
Dés 1843, à l’âge de 21 ans, il intègre l’Ecole Normale Supérieure –rue d’Ulm à
Paris. Il entame des études de chimie, il mènera de front ses études à une activité d’enseignant
qui le conduira à Strasbourg, à Lille puis à Paris. A la fin de ses études à l’Ecole Normale
Supérieure ses maîtres avaient noté qu’il ferait un excellent professeur, mais Pasteur décida de
se tourner vers la recherche et d’approfondir ses connaissances scientifiques.
Il s’intéressa au « Vivant », le vivant est attaqué par ce qui est vivant et qui fait partie
de l’organisme : les microbes, les bactéries. Louis Pasteur chamboule la connaissance
scientifique en la forçant à ouvrir grand ses portes au vivant, il crée une nouvelle discipline :
la Microbiologie, il étudie le vivant, il ouvre la voie qui conduira plus tard à l’explication des
maladies infectieuses.. Grand travailleur, acharné, discipliné, doué de qualités telles que le
sens de l’ordre, de la rigueur et de l’observation qu’il mettra au service de la recherche et de
la connaissance. Ce travail de biologiste sera vécu comme un sacerdoce, au sein de son
laboratoire, avec la complicité de son microscope, les yeux observant la matière, Pasteur
mènera ses travaux avec passion.
Pasteur se marie en1849 (il a 27 ans), son épouse Marie devint pour lui une complice,
une organisatrice et une alliée de tous les combats, Pasteur disait à ce propos «Madame
Pasteur me gronde souvent, mais je lui promets de la rendre célèbre ». Ils donnèrent
naissance à cinq enfants Jeanne (1850), Cécile (1853), Marie-Louise (1858), Camille (1863)
et Jean-Baptiste (1851) 3 filles moururent très jeunes (2ans, 9ans et 12ans) « la mort n’aura
pas pardonné à Pasteur d’avoir tant fait progresser la vie ». Ces décès l’affecteront
profondément. Hormis sa passion pour les sciences, la vie familiale tenait une grande place
dans sa vie «Les deux grandes choses qui ont fait à la fois la passion et le charme de ma
vie : l’amour de la science et le culte du foyer paternel »
Ses compétences vont le rendre célèbre, on fera appel à ses services, « lors de son
récent tour des laboratoires européens à la recherche de l’acide racémique, il s’est forgé
une conviction : la science ne doit pas être une discipline quasi esthétique, une sorte
d’art pour l’art, il faut toujours trouver des applications concrètes aux progrès de la
connaissance »
Il visite des usines, il fait découvrir à ses étudiants cet univers, il leur apprend
qu’aimer la réussite économique n’est pas une maladie honteuse. Les industriels, séduits par
ce discours, n’hésitent pas à lui confier leurs difficultés et à lui demander conseil
En 1854 premières observations sur la bière
En 1857 recherches sur le lait, la fermentation alcoolique « Pasteur venait d’établir
que chaque fermentation était due à un agent minuscule et particulier : champignon ou
bactérie, un responsable vivant, trop petit pour l’apercevoir à l’œil nu ».
Les viticulteurs de la région d’Arbois l’interrogent quant à l’acidité du vin. Il fait des
recherches et explique « le vin est vivant. Et c’est justement parce qu’il est vivant que les
maladies le frappent,…..et si nous faisions subir à ces maudits animalcules un bon coup
de chaleur ?» Ainsi est née la Pasteurisation
En 1865 on fait appel à Pasteur au sujet des maladies des vers à soie, il se rend dans le
midi (Pont-Gisquet, dans le Gard)
En 1875 Etudes sur la maladie du charbon, sur la fièvre puerpérale, sur la paralysie
infantile.
En 1881 premières vaccinations contre la maladie du charbon
En 1883 Etudes sur la maladie des porcs (le rouget)
C’est aussi l’année les premiers cas de rage sont signalés , la première vaccination sur
l’homme aura lieu en 1885 (le petit alsacien Louis Meister), d’autres vaccinations suivront
Cette Aventure pour la Connaissance fut surtout le résultat du travail d’une équipe de
chercheurs travaillant avec et sous l’autorité de Pasteur : Docteur Roux, Docteur Yersin,
Docteur Calmette,Dumas, Bouley, Paul Bert, Vulpian….
C’est aussi le fruit d’un travail de collaboration (ou de concurrence) des laboratoires
étrangers, notamment allemands (par exemple celui du Docteur Koch)
Apparaît l’idée de créer une Grande Institution, apte à promouvoir la recherche, la
connaissance, pour enseigner et soigner, un appel à des fonds est lancé et en 1888 est
inauguré le premier Institut Pasteur à Paris Louis Pasteur, affaibli, ne put lire son discours,
son fils s’en chargea : « la voilà donc bâtie, cette grande maison dont on pourrait dire
qu’il n’y a pas une pierre qui ne soit le signe matériel d’une généreuse pensée. Toutes les
vertus se sont cotisées pour élever cette demeure du travail » et d’ajouter : »N’avancez
rien qui ne puisse être prouvé d’une façon simple et décisive .Ayez le culte de l’esprit
critique. Réduit à lui seul il n’est ni un éveilleur d’idées, ni un stimulant de grandes
choses. Sans lui tout est caduc. Il a toujours le dernier mot »
Louis Pasteur décède le 28 septembre 1895, il sera inhumé dans la crypte de l’Institut
Pasteur
Son œuvre continue par l’action de chercheurs oeuvrant au sein de divers Instituts
Pasteur répartis sur les cinq continents.
« Mais après tant d’efforts, on est enfin arrivé à la certitude, on éprouve une des plus
grandes joies que puisse ressentir l’âme humaine, et la pensée que l’on contribuera à
l’honneur de son pays rend cette joie plus profonde encore…mais ce que nous pouvons
assurer, c’est que la science française se sera efforcée, en obéissant à cette loi
d’humanité, de reculer les frontières de la vie »
C’est une grande œuvre collective sous l’égide d’un homme d’exception qui permit de
faire avancer la connaissance scientifique
L’auteur conclut en citant Pasteur : « l’accumulation des reconnaissances, le confort
de la gloire ne parviennent pas à faire taire une petite ritournelle, toujours la même,
toujours aussi désagréable : Et si je n’étais pas si grand que tout le monde le croit, et
moi le premier ? »
Gérard FEUTRIE
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