Les atteintes généralisées aux droits humains et au droit
international humanitaire sont monnaie courante dans les
conflits modernes. Les civils, en particulier les femmes et les
enfants, sont les principales victimes de ces guerres. Plusieurs
groupes armés terrorisent la population civile dans le but
d’affaiblir le soutien dont bénéficient leurs opposants. Dans
certains cas, les forces gouvernementales attaquent des civils
non armés en raison de leur origine ethnique ou de leur
affiliation politique. Dans d’autres situations, l’État est faible
et n’a plus l’autorité légale pour protéger les faibles. Dans de
tels conflits, les droits humains ne sont pratiquement jamais
respectés, même si le droit international appelle à leur
protection.
Depuis de nombreuses années, le Comité international de
la Croix Rouge (CICR) mène un rôle de premier plan dans la
promotion de l’application du droit humanitaire dans des
situations de conflit armé de nature internationale et non
internationale. De nos jours, un nombre croissant
d’organisations de défense des droits humains veillent aussi
au respect du droit humanitaire dans des situations de conflit
armé. De nombreuses agences de développement examinent
également quel devrait être leur rôle en ce domaine.
Enquêter sur une atteinte spécifique aux droits humains
1
dans le cadre d’un conflit armé n’est pas une tâche très
différente de celle qui consiste à mener une enquête de la
même sorte sur une violation commise dans d’autres
situations. Cependant, lorsque l’on cherche à surveiller et
enquêter des atteintes aux droits humains commises dans le
cadre d’un conflit armé, certains facteurs rendent ce travail
différent et souvent plus difficile. Il faut par exemple tenir
compte du contexte ambiant, du cadre dans lequel doivent
travailler les enquêteurs, des différentes parties au conflit et
du degré des exactions. Il existe également de nouveaux
domaines à surveiller, notamment l’utilisation d’enfants-
soldats et le recours à l’esclavage, l’importance accordée aux
droits humains dans les accords de paix et les opérations de
maintien de la paix, la vente des armes et le problème de la
sécurité et de l’impartialité de l’observateur. Afin d’examiner
toutes ces questions, le comité consultatif éditorial de
I. Introduction: Le rôle d’un défenseur des droits
humains dans un conflit armé
1
Tout au long de ce
texte, le terme de
« violation » est utilisé
dans le sens adopté
par Amnesty
International et les
Nations unies. Ce
terme fait
spécifiquement
référence à une
infraction évidente du
droit international
relatif aux droits
humains qui lie
formellement les
gouvernements. Le
terme d’« atteinte aux
droits humains » a
une portée plus
générale qui inclut le
non-respect du droit
international
humanitaire par toute
partie au conflit.