croissance, fluctuations et crises

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DÉBAT&CO
Le site des sciences
économiques et sociales
CROISSANCE,
FLUCTUATIONS ET CRISES
SELON LE DERNIER RAPPORT SUR LES PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES MONDIALES DE LA BANQUE
MONDIALE DE JANVIER 2016, LA CROISSANCE MONDIALE ATTEINDRA 2,9 % EN 2016, SOIT UN TAUX SUPÉRIEUR À CELUI DES ANNÉES PRÉCÉDENTES, MAIS
INFÉRIEUR À CE QUI AVAIT ÉTÉ ENVISAGÉ.
Si différents travaux ont été menés pour mesurer la croissance
économique à l’aide d’indicateurs alternatifs, le taux de croissance
du PIB demeure incontournable pour appréhender l’évolution de
l’activité économique. Tout en s’interrogeant sur l’intérêt et les limites du PIB, les programmes de sciences économiques et sociales
(SES) engagent à réfléchir sur les sources de la croissance économique et sur son caractère instable (partie « Croissance, fluctuations et crises » du programme de terminale ES). En effet, comme
l’écrivait Joseph Schumpeter en 1942 dans Capitalisme, Socialisme
et Démocratie, en rendant hommage à Karl Marx qui avait mis
cette vérité en lumière bien avant lui, « Le capitalisme, répétons-le,
constitue, de par sa nature, un type ou une méthode de transformation
économique et, non seulement il n’est jamais stationnaire, mais il ne
pourrait jamais le devenir ». Sur ce point, l’histoire économique
n’a pas pour le moment démenti ces grands auteurs, l’analyse de
la croissance économique, des fluctuations et des crises demeure
toujours d’une grande actualité.
En lien avec les programmes, il nous a semblé tout d’abord intéressant d’interroger Philippe Aghion, spécialiste de l’analyse du
processus de croissance mondialement reconnu, et de rappeler
quelques éléments théoriques et factuels essentiels. Ensuite, nous
avons choisi de vous présenter un débat contemporain en économie : la « stagnation séculaire », c’est-à-dire la fin de la croissance,
est-elle inéluctable? Pour certains économistes, le tarissement de
la croissance viendrait du fort ralentissement de l’augmentation
de la productivité globale des facteurs (PGF), alors que d’autres
économistes estiment que les nouvelles technologies constitueraient toujours un formidable réservoir de croissance. Enfin, les
entreprises constituent un des acteurs majeurs du processus de
croissance. Leurs choix sont des indicateurs importants pour expliquer les fluctuations de la croissance et l’existence de périodes
de crise. Nous avons voulu en savoir un peu plus en interrogeant
Vinci, une des plus grandes entreprises françaises, acteur mondial
de premier plan dans le domaine de la construction n
Taux de croissance du PIB réel (en % annuel)
Lecture : en 2015, le PIB réel en France a augmenté de
1,07 % ; il a augmenté de 2,43 % aux États-Unis et de
6,75 % en Chine.
Une grandeur économique évaluée en valeur s’exprime
au prix de l’année en cours, c’est-à-dire à prix courants
(tels qu’ils sont indiqués à une période donnée, c’est-àdire en valeur nominale). Une grandeur évaluée en volume s’exprime à prix constants (ou prix en valeur réelle),
ce qui revient à éliminer l’effet de variation des prix n
Source : Perspectives économiques de l’OCDE : statistiques et projections
Débat&Co / page 1
3 QUESTIONS
À PHILIPPE AGHION
Économiste,
Professeur au Collège
de France
POURQUOI LES PAYS
EN
DÉVELOPPEMENT
CONNAISSENT-ILS UNE
CROISSANCE ÉCONOMIQUE
EN MOYENNE PLUS ÉLEVÉE
QUE LES PAYS DÉVELOPPÉS ?
Les pays en développement
profitent du rattrapage technologique. Ils démarrent d’un
niveau de productivité plus
faible que le nôtre et peuvent,
en adoptant nos technologies,
se rapprocher de la frontière
technologique. Partant d’un
niveau de productivité très
faible, ces pays avancent à
pas de géant. Il est plus facile
de réinventer la roue que d’inventer la roue. En revanche,
les pays qui sont à la frontière technologique ne font
plus que de petits pas pour la
repousser (en adoptant des
technologies plus avancées).
Ainsi la Chine a connu jusqu’à
une période récente, un taux
de croissance annuel moyen
très élevé, au-delà de 10 %,
alors qu‘il est à ce jour inférieur à 7 % n
POURQUOI LA FRANCE
CONNAIT-ELLE UNE CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN
MOYENNE PLUS FAIBLE
QUE CELLE DES ÉTATS-UNIS
DEPUIS 30 ANS ?
Il y a deux types de raisons.
La France a connu une croissance forte pendant les Trente
Glorieuses, mais il s’agissait
essentiellement d’une croissance de rattrapage, bien
qu’elle fut innovante dans de
nombreux domaines.
Débat&Co / page 2
L’économie française n’a
pas su ensuite adapter ses
institutions et son mode d’organisation économique aux
nécessités de l’innovation,
c’est-à-dire une économie où,
sans arrêt, de nouvelles activités remplacent les anciennes.
Pour y parvenir, il faut un système flexible. Or le système
français est très rigide, très
corporatiste, ce qui l’empêche
de s’adapter et d’obtenir un
niveau de croissance plus
élevé n
COMMENT FAIRE POUR QUE
LA FRANCE AUGMENTE SA
CROISSANCE ÉCONOMIQUE
MOYENNE À LONG TERME ?
Il faut d’abord procéder à
des réformes profondes pour
rendre l’économie plus mobile.
En particulier, il faut une véritable flexibilité sur le marché
du travail. Il faut mettre en
place des institutions adaptées facilitant l’embauche
et le licenciement, mais en
donnant parallèlement des
garanties de salaires et une
formation professionnelle.
C’est donc une grande réforme
qui est à faire.
Il faut aussi une réforme de
l’État. Il y a beaucoup trop
d’argent public gâché, en
raison notamment d’un trop
grand nombre de communes
ou de départements ; une
partie de leurs fonctionnaires
pourrait servir à autre chose.
Il faut également une réforme
de la fiscalité ; la fiscalité
actuelle est pour l’instant trop
opaque. De manière générale, il faut partout simplifier,
rendre plus transparent et
plus simple. Par exemple, il
y a beaucoup trop de caisses
d’assurance maladie : ce qui
était adapté à une économie
dans laquelle chaque personne garde son job toute
sa vie, ne l’est plus dans un
monde où on en change souvent. Il faut par exemple des
régimes uniques d’assurance
maladie et de retraite.
Tout cela permettrait
d’avoir plus de réactivité
macroéconomique au niveau
européen, en mobilisant des
politiques contra-cycliques,
c’est-à-dire réactives aux
cycles économiques. Les
américains ont un système
mobile et flexible et adoptent des
politiques macroéconomiques
contra-cycliques. Tant qu’on
ne fait pas de réformes
structurelles en France, les
Allemands ne consentiront
pas à assouplir la politique
macroéconomique sur le plan
fiscal et monétaire n
L’ESSENTIEL SUR “CROISSANCE, FLUCTUATIONS ET CRISES”
• Définitions
• Repères historiques
CRISE ÉCONOMIQUE
Moment de retournement de la conjoncture à la baisse
(la conjoncture étant la situation de l’économie à un
moment donné, caractérisée par un certain nombre
d’indicateurs macroéconomiques).
1929
Krach à la bourse de Wall Street ; le fameux « jeudi noir »
(24 octobre).
PRODUIT INTÉRIEUR BRUT (PIB)
Indicateur de production au niveau national. Somme
des valeurs ajoutées + TVA + droits de douane - subventions sur les produits.
PRODUCTIVITÉ GLOBALE DES FACTEURS
Capacité d’un pays à créer des richesses autrement
qu’en accumulant du capital et du travail mais en les
combinant le plus efficacement possible. Elle reflète le
progrès technique et l’amélioration du capital humain.
PROGRÈS TECHNIQUE
Ensemble des changements résultant de l’effort d’innovation et de l’amélioration de la qualité des produits
et des processus de production.
Pour poursuivre http://www.melchior.fr/Glossaire-biographies.118.0.html
La Banque de France abaisse sa prévision de croissance économique à 0,3% (au lieu
de 0,4%) au quatrième trimestre de 2015 en raison des attentats. Cette moindre
croissance, qui correspond à une perte de 500 millions d’euros, s’explique par le repli
des activités de services aux ménages (hébergement, restauration, spectacle). L’institution maintient sa prévision de croissance à 1,2% pour l’ensemble de l’année 2015.
2000
Explosion de la bulle Internet aux États-Unis.
2008
La plus grande faillite de tous les temps aux États-Unis,
celle de Lehman Brothers le 15 septembre ; elle
marque le dé b ut de la diffusion mondiale de la
crise des « subprimes ».
2009
Chute de la croissance économique mondiale, de nombreux pays connaissent une croissance négative (par
exemple: -2,9 % en France ; -5,6 % en Allemagne ;
-2,8 % aux États-Unis).
Chiffres clés
FLUCTUATIONS ÉCONOMIQUES
Phénomène caractérisé par une alternance de mouvements de sens contraires, d’une ou plusieurs grandeurs choisies (souvent le PIB en volume).
PIB FRANÇAIS
2 132,4 milliards d’euros en 2014 (Insee) soit
2 829,2 milliards de dollars (Banque mondiale)
PIB MONDIAL
77 845,1 milliards de dollars en 2014
(Banque mondiale)
TAUX DE CROISSANCE ANNUEL
MOYEN FRANÇAIS (OCDE)
de 1950 à 1973 : 5 %
de 2000 à 2007: 1,9 %
POUR “FAIRE LE POINT ”
Pour produire davantage (croissance économique positive), il est possible d’utiliser plus de capital
physique grâce à l’investissement qui permet d’enclencher le processus d’accumulation du capital, et
d’accroître la quantité annuelle de travail, celle-ci étant égale au niveau de l’emploi (nombre d’actifs)
multiplié par la durée annuelle du travail par actif. Selon les économistes, sur la période 1996-2002,
la variation de la quantité de travail et de capital explique 60% de la croissance de l’Europe des 15. Il
existe donc un résidu qui justifie les 40 % restants, c’est-à-dire le progrès technique qui autorise une
hausse de la productivité globale des facteurs (PGF) […]. Une partie de la croissance économique ne
provient ainsi pas d’une hausse de la quantité de facteurs, mais de l’amélioration de leur utilisation
[…]. L’origine du progrès technique se trouve dans la capacité d’innovation de l’économie, la mobilisation du capital humain et l’accumulation du capital technologique. Selon l’économiste autrichien
Joseph Schumpeter (1883-1950), les fluctuations économiques sont inhérentes au capitalisme: en
effet, le processus d’apparition du progrès technique et des innovations technologiques est source de
croissance, mais la croissance est un phénomène irrégulier dans le temps, ce qui explique les fluctuations de l’activité économique, et le mécanisme de « destruction créatrice », « qui révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis
et en créant continuellement des éléments neufs» selon Joseph Schumpeter, est lié à la concurrence
comme processus dynamique. […] La croissance économique n’est pas un processus stable et continu
mais elle s’accompagne de crises ; durant lesquelles il y a alors un ralentissement de la production et
une montée du chômage.
La suite sur melchior.fr http://www.melchior.fr/Faisons-le-point.11592.0.html
Débat&Co / page 3
Testez vos connaissances
A) Quel pays a connu la croissance
économique la plus élevée depuis 2000 ?
1) L’Inde
2) La Chine
3) L’Allemagne
B) Quel pays produit le plus de richesses
par an (PIB courant) ?
1) L’Inde
2) La Chine
3) Les États-Unis
C) Quel pays crée le plus de richesses par
habitant (PIB par tête) ?
1) Les États-Unis
2) Le Qatar
3) Le Luxembourg
Réponses : A2 / B3 / C3
CROISSANCE ÉCONOMIQUE
Augmentation du PIB en volume généralement calculée sur un an pour une économie.
1973
Premier choc pétrolier, le prix du baril de pétrole passe
de 2 dollars en octobre 1973 à 12 dollars en décembre
1974 (un deuxième choc pétrolier se produit en 1979).
IDÉES ET DÉBATS
Débat scientifique en
classe: la croissance
est-elle finie?
Dans les principaux pays de l’OCDE, le sentier de croissance du
PIB n’est pas encore revenu à son niveau d’avant le début de la
La suite sur melchior.fr
http://www.melchior.fr/Croissance-zero.12627.0.html
Les sources de
la croissance
Et si la croissance ne revenait pas ? Telle
est la question centrale du livre de Patrick
Artus et Marie Paule Virard : assimilé au
progrès dans notre imaginaire collectif, le
retour de la croissance demeure l’objectif
prioritaire de la politique économique,
car elle est seule à même de garantir une
élévation des niveaux de vie, une couverture des besoins sociaux et une diminution du chômage de masse qui délite
notre cohésion sociale. Or, en raison du
ralentissement de la croissance de la productivité globale des facteurs (PGF), c’est-à-dire la partie de la croissance de la production
qui n’est expliquée ni par la croissance de l’emploi ni par celle du
stock de capital productif, il se pourrait bien que nous devions à
l’avenir nous habituer à des taux de croissance du PIB durablement faibles.
crise financière de 2008, tandis que le PIB cumulé des quatre plus
grandes économies avancées (États-Unis, Japon, Royaume-Uni et
zone euro) s’éloigne irrésistiblement de sa tendance de long terme
[…]. La faute notamment à un investissement anémié et à la dégradation de la situation financière des entreprises. Mais aussi à
l’essoufflement du progrès technique (effort d’innovation, qualité
des produits et organisation des processus de production) […].
Patrick Artus et Marie-Paule Virard rappellent les grandes raisons
pour lesquelles le progrès technique a tendance à ralentir dans nos
économies : la perte d’efficacité de la recherche-développement
(les investissements en R&D toujours plus coûteux – comme dans
l’industrie pharmaceutique ou l’extraction pétrolière – sont entrés
dans les rendements décroissants), l’augmentation de l’intensité
capitalistique (une quantité de capital toujours plus grande est nécessaire pour créer la même richesse, d’autant que les taux d’intérêt
faibles incitent à l’accumulation du capital), la réduction du poids
des secteurs où les gains de productivité sont élevés (comme l’industrie manufacturière dans le cadre d’une véritable « tertiarisation
de l’économie mondiale »), le niveau de qualification insuffisant
de la population active (l’amaigrissement du secteur industriel va
de pair avec la dégradation de la qualification des salariés), et les
délais importants entre l’apparition d’une innovation majeure
(comme Internet) et son impact sur la productivité globale des
facteurs (PGF) n
CROISSANCE
ÉCONOMQUE
Progrès
technique
Institutions
(droits de propriété,
droit commercial, etc)
Source : melchior.fr
Débat&Co / page 4
Accumulation du
capital productif
(investissement)
Ressources naturelles
(matières premières)
Capital humain
(éducation)
Ouverture internationale
et mondialisation
(débouchés extérieurs)
http://www.melchior.fr/Corriges-des-documents-de-l-et.11593.0.html
ERIK BRYNJOLFSSON
« LES MACHINES DIGITALES OUVRENT
UNE NOUVELLE ÈRE DE PROSPÉRITÉ »
Erik Brynjolfsson,
économiste
POUR L’ÉCONOMISTE AMÉRICAIN, QUI INSPIRE LA DIRECTRICE DU FMI, CHRISTINE
LAGARDE, L’ESSOR DES
TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ANNONCE LA
PROCHAINE RÉVOLUTION
INDUSTRIELLE NON PLUS
MÉCANIQUE, MAIS COGNITIVE. RETROUVEZ L’INTERVIEW DANS ENJEUX LES
ECHOS, MAI 2014.
SELON VOTRE LIVRE, NOUS
SERIONS ENTRÉS DANS UNE
DEUXIÈME PHASE DE MÉCANISATION DU TRAVAIL,
PLUS IMPRESSIONNANTE ET
BOULEVERSANTE ENCORE
QUE LA PREMIÈRE, AU XIXe
SIÈCLE. A QUOI LE VOYEZVOUS ?
Le titre, Le Deuxième âge de
la machine, est en effet un
clin d’œil à cette époque où
la machine, remplaçant les
muscles des chevaux et des
hommes, a permis la mécanisation du travail physique…
et un formidable décollage de
l’humanité, dont le niveau et
la qualité de vie étaient restés jusque-là relativement
inchangés. Aujourd’hui, la
puissance de calcul des ordinateurs couplée à la démultiplication des réseaux est en
train de produire un phénomène similaire, à une échelle
encore inédite : la mécanisation du travail cognitif. Ce qui
laisse augurer une nouvelle
ère de prospérité. On en voit
les balbutiements avec l’apparition de technologies qui, il
y a cinq ans encore, relevaient
Débat&Co / page 5
de la science-fiction : voiture
sans conducteur, commande
vocale de smartphones, télédiagnostic médical, autoremplissage de documents,
automates qui répondent aux
questions au téléphone ou en
ligne, logiciels capables de rédiger des articles simples de
résultats sportifs ou boursiers,
ou de battre nos meilleurs
étudiants au jeu « Jeopardy »
[équivalent de « Questions
pour un champion », NDLR] n
et adapter leur organisation
et leur process pour en tirer
profit. […]
Les machines excellent actuellement aux tâches routinières, qu’elles soient
physiques ou mentales. Mais
je ne sais pas de quoi elles
seront capables demain – il y
a dix ans, je ne les imaginais
pas conduire une voiture ! En
attendant, il y a au moins trois
domaines dans lesquels les
humains ont encore l’avantage. La créativité et l’esprit
LE PRIX NOBEL D’ÉCONOMIE d’entreprise, d’abord. Ces
ROBERT SOLOW DISAIT EN deux qualités vont devenir
1987 : « JE VOIS L’AVÈNEMENT d’autant plus précieuses que
DES ORDINATEURS PARTOUT la digitalisation en amplifiera
SAUF DANS LES CHIFFRES les retombées. Les relations
DE LA PRODUCTIVITÉ. » interpersonnelles, ensuite :
POURQUOI A-T-IL FALLU AT- vendre, éduquer, motiver, soiTENDRE TRENTE ANS POUR gner… tout cela requiert des
QUE S’OUVRE CETTE NOU- capacités empathiques qui
VELLE ÈRE ?
font encore largement défaut
C’est un des effets de ces lois aux machines. La dextérité,
exponentielles, comme celle enfin. Les robots sont très
de Moore qui veut que la puis- maladroits : coiffeurs, jardisance de calcul des ordina- niers, plombiers ont encore de
teurs double tous les dix-huit beaux jours devant eux n
mois. L’esprit humain appréhende mal ce phénomène
Propos recueillis par
Pascale-Marie-Deschamps
vertigineux […]. Jusqu’ici, la
pour Enjeux Les Echos
diffusion des technologies de
Le 30/05/14
l’information a été une révolution à bas bruit qui affectait
nos vies à la marge et qui, en
effet, dans le business, ne se
traduisait guère en gains de
productivité. Mais aux ÉtatsUnis, ceux-ci ont recommencé
à croître depuis les années
90. Comme l’ont montré nos
travaux, il faut cinq à sept ans
en moyenne aux entreprises
pour digérer la technologie
REGARD SUR L’ENTREPRISE ET SON ÉCOSYSTÈME
L’état de la conjoncture en France en décembre 2015
Indicateur de climat des affaires France
En décembre 2015, le climat des affaires en France s’infléchit légèrement. L’indicateur qui le synthétise, perd un point. Il se situe
à 101, un niveau un peu supérieur à sa moyenne de long terme
(100) atteinte à la mi-année. Le climat progresse d’un point dans
l’industrie et le bâtiment. Il perd deux points dans les services et
quatre dans le commerce de détail n
Source : insee.fr
COMMENT ÉVALUER LA SITUATION ÉCONOMIQUE À
UN MOMENT DONNÉ ?
Les décideurs publics et des grandes entreprises doivent être en
mesure de connaître le mieux possible l’état de la situation économique du pays afin de prendre les mesures les plus adéquates. En
France, afin de les renseigner, l’Institut national des statistiques et
études économiques (Insee) publie chaque mois la valeur d’indicateurs destinés à rendre compte au mieux de la conjoncture. Les
principaux sont l’indicateur de confiance des ménages et l’indicateur de climat des affaires. Le premier synthétise l’opinion des
ménages sur leur environnement économique à partir d’un questionnaire posé à environ 2 000 d’entre eux. L’Insee leur demande
par exemple si leur situation financière s’est améliorée récemment
et s’ils prévoient qu’elle va s’améliorer, ou s’ils pensent que c’est le
bon moment pour effectuer des achats importants. Le second fait
la synthèse de l’opinion des chefs d’entreprise des principaux secteurs de l’économie (industrie, service, commerce, construction)
à partir d’enquêtes dans lesquelles ils sont interrogés sur le niveau
de leur activité. Par exemple, dans le bâtiment, l’Insee interroge
les chefs d’entreprise sur l’évolution passée et prévue de l’activité,
le niveau des carnets de commande, l’évolution passée des effectifs ou le taux d’utilisation des capacités de production (Rapport :
Quantité produite / Quantité maximale que l’on pourrait produire
à partir des machines et équipements existants). Plus la valeur de
ces indicateurs est élevée, plus les ménages ou les chefs d’entreprise
considèrent que la conjoncture est favorable. Si c’est le cas, les pouvoirs publics pourront anticiper un niveau de production soutenu.
Il est indispensable de savoir ce que pensent les principaux acteurs
de l’économie, tels que les ménages (dont la fonction économique
principale est de consommer) et les entreprises (dont la fonction
économique principale est de produire) n
POUR “ALLER PLUS LOIN ”
Les vidéos de melchior.fr :
Trois questions à des économistes (A.Orléan, Y.Algan, Ph.Aghion…)
« Le PIB et la croissance en questions», Insee
http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/default.asp?page=video-croissance.htm
Les notes de lecture de melchior :
Daniel Cohen, Le monde est clos et le désir infini (2015)
Eloi Laurent et Jacques Le Cacheux, Un nouveau monde économique (2015)
Franklin D.Roosevelt, Comment j’ai vaincu la crise (2014)
etc.
Débat&Co / page 6
Vinci en 5 chiffres clés (2014)
Vinci autoroutes / crédit photo : Alain Montaufier
• 185 000 COLLABORATEURS
• 2 100 ENTREPRISES IMPLANTÉES
DANS PLUS DE 100 PAYS
• 38,7 MILLIARDS D’EUROS DE
CHIFFRE D’AFFAIRES
• 2,486 MILLIARDS D’EUROS DE
RÉSULTAT NET
• 260 000 CHANTIERS EN COURS
3 QUESTIONS
À PIERRE COPPEY
Pierre Coppey,
directeur général
délégué de VINCI
Crédit photo :
Stéphane Lavoué
Débat&Co / page 7
QUEL EST LE CŒUR DE VOTRE
MÉTIER ?
Le groupe VINCI est un acteur
mondial des métiers de la
construction et des concessions. Nous concevons finançons, construisons, et gérons
dans la durée, généralement
pour le compte des collectivités publiques, des infrastructures et des équipements qui
sont essentiels au bon fonctionnement des villes et au développement des territoires,
tels que des autoroutes, des
aéroports, des lignes ferroviaires (lignes à grandes vitesse, métros, tramways), des
grands ouvrages comme des
ponts, des barrages ou des
stades, ou encore des réseaux
d’éclairage public ou de télécommunications.
Nous avons dans nos gènes
un savoir-faire éprouvé en
matière de génie civil, propre
aux métiers de « bâtisseurs »,
couplé à une culture très développée du service public.
C’est l’originalité et la force
de notre modèle de conjuguer des branches de métiers complémentaires qui
travaillent ensemble sur des
projets complexes. Notre
activité combine ainsi des logiques de temps relativement
court – celle des métiers de
la construction (contracting)
qui dure de quelques mois à
quelques années suivant les
chantiers – à des logiques
d’exploitation de très longue
durée – jusqu’à plusieurs décennies – pour les ouvrages
dont nous sommes concessionnaires. C’est pourquoi
nous définissons notre mode
de fonctionnement en parlant
d’un modèle de « constructeur-concessionnaire intégré » n
DANS QUELLE MESURE
VOTRE ACTIVITÉ A-T-ELLE
ÉTÉ TOUCHÉE PAR LA CRISE
DE 2009 ? COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS CELA ?
La crise qui commence en
2009 en Europe – touchant
d’abord de plein fouet la
Grèce – suite à la crise financière qui a éclaté aux ÉtatsUnis en 2007-2008, est une
crise que l’on peut qualifier
à la fois de « crise économique », puisqu’elle a pour
symptôme des phénomènes
de stagnation de la croissance, voire de récession ; de
« crise sociale », puisqu’elle
s’accompagne d’une hausse
du chômage ; et enfin de
« crise budgétaire », dans la
mesure où elle est à la fois la
cause et la conséquence de
l’accroissement des déficits
et de l’explosion de la dette
publique à l’échelle internationale. Les politiques dites
« d’austérité » mises en place
par la plupart des États pour y
faire face passent notamment
par des baisses drastiques
de dépenses publiques. L’impact de telles politiques sur le
secteur des travaux publics –
donc de l’ensemble des métiers de la construction – est
direct puisque celui-ci dépend
pour une très large part des
commandes des collectivités
locales qui, dans ce contexte
de pénurie budgétaire, ont
considérablement reculé.
Toutefois, la baisse des dépenses publiques ouvre dans
le même temps des opportunités de croissance considérables pour les métiers des
concessions, les pays endettés
ayant de plus en plus recours
aux partenariats publics-privés. Une étude a montré qu’il
manquera ainsi aux États
1 000 milliards d’euros chaque
année d’ici 2030, à l’échelle
mondiale, pour répondre à
leurs besoins d’investissement dans les infrastructures
de transport, qui sont croissants du fait de l’explosion des
phénomènes de concentration
urbaine et de la demande de
mobilité n
LES INSTITUTS DE CONJONCTURE FONT AUJOURD’HUI
ÉTAT D’UN REDÉMARRAGE
DE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE.
AU NIVEAU DE VOTRE ENTREPRISE, RESSENTEZ-VOUS CE
REDÉMARRAGE ?
Nous percevons certains signaux encourageants, qui
certes sont encore des signaux faibles, mais qui
laissent entrevoir un possible
redémarrage de l’activité économique en France. Dans la
construction, les prises de
commandes ont marqué une
reprise au 3ème trimestre,
et dans les travaux routiers,
la tendance à la baisse d’activité devrait être moins marquée en 2016 qu’en 2015. Les
marchés européens suscitent
un regain d’intérêt de la part
des acteurs financiers. Ils
apparaissent à nouveau aujourd’hui comme une zone de
stabilité par rapport à certains
pays émergents qui suscitent
à leur tour l’inquiétude.
En outre, les indicateurs de
trafic, très corrélés à la croissance du PIB, sont au beau
fixe dans nos domaines d’activité, puisque nous avons
enregistré en 2015 une croissance de 3 % du trafic sur les
autoroutes françaises, et de
plus de 10 % du nombre des
passagers dans l’ensemble de
nos aéroports dans le monde n
A TÉLÉCHARGER
ÉTUDE
Décembre 2015
Transdev
La fraude dans les
transports publics
L’étude de cas sur la thématique « Transdev, la fraude dans les
transports publics ».
Cette étude de cas offre un éclairage directement utilisable
en classe avec les élèves pour illustrer des notions à enseigner ( défaillances de marché, discrimination par les prix,
etc. ) et propose de nombreuses activités pédagogiques :
QCM ; exercices type bac sur documents ; raisonnement
s’appuyant sur un dossier documentaire. Une nouvelle
façon d’éclairer les notions à enseigner ! RETROUVEZ CHAQUE MOIS, CES REGARDS CROISÉS
ENTRE L’ACTUALITÉ, LA THÉORIE ÉCONOMIQUE ET
LA RÉALITÉ DE L’ENTREPRISE SUR UNE THÉMATIQUE INSCRITE DANS LES PROGRAMMES DE SES
DU CYCLE TERMINAL. ADOSSÉ AU SITE HTTP://WWW.MELCHIOR.FR, CE
JOURNAL THÉMATIQUE MENSUEL EST LE FRUIT
DE LA COLLABORATION D’UNE ÉQUIPE DE PROFESSEURS DE SES.
LE MOIS PROCHAIN, DÉBAT&CO N°2 VOUS PROPOSE
LES CLÉS DE COMPRÉHENSION DE L’ÉCONOMIE DU
DÉVELOPPEMENT DURABLE.
CONTRIBUTEUR : VINCENT BAROU. RELECTEURS : DANIEL DIDIER ;
STÉPHANIE LE CLER ; AGATHE ROY;
CLAIRE VANHOVE.
AGENCE DE CRÉATION : RGB.
Débat&Co / page 8
LittleQuizz
Chaque publication est accompagnée
d’un petit quizz autocorrectif de 5
questions pour tester en ligne ce que
vous avez retenu de votre lecture.
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