Le changement climatique est un problème
d’actualité, de plus en plus central dans les
débats sur les transformations et la gestion
des territoires, en particulier des territoires
urbains.
Ces dernières années, de nombreuses
études et accords internationaux ont été mis
en place sur les répercussions du
changement climatique à l’échelle du globe,
mais peu d’éléments précis sont encore
disponibles pour en comprendre les impacts
dans différentes régions du monde comme
en Méditerranée.
Les villes commencent à agir pour tenter de
réduire leur contribution au changement
climatique, à se transformer pour s’adapter
et à réduire leur empreinte écologique en
tentant de maintenir ou d’améliorer les
conditions environnementales de vie
urbaine.

au changement climatique ?
Quelles sont les caractéristiques du
changement climatique en
Méditerranée ?
Comment les villes
méditerranéennes réagissent-elles,
se transforment-elles et se
projettent-elles dans le futur face

climatique ?
Cette exposition a pour but de donner
des éléments de repère sur les relations
entre climat et villes dans l’espace
méditerranéen et poser les questions
auxquelles nous aurons à répondre dans
un avenir très proche.
1
VILLES MÉDITERRANÉENNES
ET
CHANGEMENT CLIMATIQUE
ENJEUX DES VILLES
EN MÉDITERRANÉE :
entre héritages et
croissance urbaine
La région méditerranéenne n’échappe
pas au phénomène d’urbanisation
«galopante» qui touche l’ensemble de la
planète depuis plusieurs décennies. La
croissance naturelle de la population,
l’exode rural et la modernité incitent de
plus en plus de personnes à rejoindre
les villes qui grossissent et s’étalent.
Elles abritent aujourd’hui 70 % de la
population méditerranéenne.
Dans les 21 pays bordant la Méditerranée,
la plupart des villes de plus de 100 000
habitants se concentrent sur les zones littorales,
regroupant environ 160 millions d’habitants, dont
85 sur la rive sud et 75 sur la rive nord.
Depuis les années 1980, les villes situées
à l’est et au sud de la région ont la plus
forte croissance. C’est le cas du Caire ou
d’Istanbul dont l’expansion devient incontrôlée.
L’agglomération d’Istanbul accueillait 14 millions
d’habitants en 2014 (à peine plus d’un million en
2 (soit un

département des Bouches-du-Rhône).
Cette concentration urbaine a un caractère
historique allant bien au-delà de la tendance
contemporaine, et de l’imaginaire méditerranéen
de la belle villa isolée avec piscine et vue sur la
mer. Certaines agglomérations ont une présence
historique parfois antique et représentent un
patrimoine considérable.
Depuis les années 1990, la densité d’habitations sur les
côtes a augmenté de 60 %. Sur la base de cette croissance
observée, on estime que cette population, en très forte
expansion, pourrait atteindre 524 millions d’habitants en
2025. Dans un tel contexte, la demande de la ville en termes
d’énergie, de ressources, de services, d’emplois, etc. ne
cessera de s’accroître, contribuant ainsi chaque fois plus


environnementales sont fortes.
PROSPECTIVE
2
Le paysage urbain de la région méditerranéenne
est composé de plusieurs éléments :
de grandes métropoles de plus d’un million
d’habitants - une vingtaine en tout - ;
la proximité entre petites et moyennes
communes formant de grands chapelets urbains
qui peuvent presque être considérés comme une
seule grande « ville diffuse », surtout dans les
pays de la rive nord-ouest. Sur la côte italienne,

villes-;
des « quartiers informels » issus de processus
complexes d’urbanisation spontanée et construits
sans respect des règlements urbains, surtout sur
la rive sud-est et aux abords des grandes villes.
La couleur des cercles ainsi que leur taille représentent la densité de population dans les
agglomérations méditerranéennes de plus de 100 000 habitants. Les métropoles sont
représentées les cercles de plus grande taille et de couleur foncée. Les « villes diffuses »
s’observent lorsqu’il y a des zones de regroupement de points jaunes comme au nord de l’Italie.
(Source : MC3)
(Source : « Nice Panorama », Jonas Weckshmied)
Source des données : Maxmind - 2008
ENJEUX DES VILLES
EN MÉDITERRANÉE :
entre changement
climatique et
vulnérabilités
La région méditerranéenne est
considérée comme une « zone sensible »
au changement climatique pour ses
nombreux facteurs de vulnérabilité :
des activités humaines concentrées
sur les zones littorales, une forte
dépendance à la ressource en eau, un
climat favorisant les sécheresses et les
événements extrêmes comme les crues
éclairs – appelées également « épisodes
méditerranéens ».
Les caprices du climat auront des répercussions
sur le quotidien des populations urbaines
méditerranéennes. La forte variabilité spatiale
et temporelle des températures et des
précipitations pourrait entrainer des sécheresses
et des canicules en été, des orages violents
et des pluies intenses, etc. Ces extrêmes et
évolutions du climat provoqueraient des impacts
sur la ressource en eau, le confort thermique
dans les logements, et par conséquent, sur la
demande énergétique (climatiseur) ainsi que
sur la santé des populations, dans un contexte
d’habitats souvent précaires.
Même s’il reste de nombreuses incertitudes concernant
l’ampleur du changement climatique, l’évolution et la
variabilité du climat génèrent de nouvelles vulnérabilités,
exacerbées dans les milieux urbains, souvent localisés en
bordure littorale.
Estimer ces vulnérabilités, les anticiper, les gérer sont des

qui doivent proposer des solutions locales et adaptées pour
construire une ville plus soutenable.
PROSPECTIVE
C’est aussi une région complexe, organisée

s’organisent de multiples climats locaux dus à
des conditions météorologiques, climatiques et


Marseille, le sirocco sur les villes du Sud, les
brises thermiques;
des situations en cuvette pour la ville
d’Athènes, ou encore en milieu montagnard, etc.
Cette région constitue ainsi un 
fort, un « laboratoire » pour l’analyse du
changement climatique.
À l’horizon 2100, les modèles climatiques
régionaux prévoient que le climat
méditerranéen pourrait évoluer vers :
Sécheresse en
Méditerranée
Les zones rouges et
oranges soulignent
les endroits autour de
la Méditerranée qui
ont connu des hivers
nettement plus secs
durant la période 1971-
2010 en comparaison à
la période 1902-2010,
haute résolution.
(Source : NOAA) Millimètres
une hausse des températures maximales en
été avec également des périodes de canicule
plus longues et plus intenses ;
des nuits plus chaudes et des nuits froides plus
rares ;
une augmentation probable du niveau de la
mer etc.
3
(Source : « Nice Panorama », Jonas Weckshmied)
ACTIONS EN VILLE :
mesures
du climat urbain
Les scénarios du changement
climatique, issus des modèles établis par
les organismes internationaux tels que le
GIEC sont aujourd’hui trop approximatifs

pour apporter des réponses à l’échelle
des villes méditerranéennes.
Une approche intra-urbaine du climat est
nécessaire mais demande de réaliser des
mesures in situ complexes et onéreuses.
Distribuer une centaine de capteurs dans la ville,
en effectuer le suivi et modéliser ensuite les

multiples suppose la mise en place de protocoles
expérimentaux novateurs.

pour observer par exemple la variabilité spatiale
et temporelle de l’îlot de chaleur urbain.
Les principaux facteurs qui favorisent l’îlot de
chaleur urbain sont : un ciel peu nuageux, des
vents faibles et une forte stabilité atmosphérique.
Dans les villes des latitudes moyennes, l’îlot de
chaleur urbain peut être plus important lors des
nuits estivales, quand la chaleur emmagasinée
par les bâtiments pendant le jour est dissipée.
Les impacts de ces « bulles de chaleur » peuvent
être importants sur le confort thermique, sur la
santé et la mortalité, sur les risques de pollution.
4
On appelle « îlot de chaleur urbain » (ICU) la différence des
températures observées entre un site urbain et un site rural
environnant. Ces différences de températures, davantage
marquées la nuit, sont fortement corrélées à la variation
de la densité urbaine (conception urbaine, matériaux des
bâtiments, etc.). Les ICU sont principalement observés la nuit

les zones rurales plus végétalisées. C’est un phénomène local
qui peut varier d’une rue à l’autre avec une durée limitée
dans le temps.
L’ÎLOT DE CHALEUR URBAIN Répartition spatiale des
surfaces bâties et des
températures de surface à
Tunis observées en juillet
2013.
Les températures diminuent

dense, vers la périphérie.
L’écart thermique par rapport
au point le plus chaud varie
suivant la même logique, il est
d’autant plus faible que le bâti
est dense.
(Source : Salem Dahech)
À partir d’images Landsat TM À partir d’images NOAA-AVHRR à 1H
Températures de surface de l’atmosphère variant en
fonction des types d’occupation du sol.
Des temperatures plus élévées se produisent parce que
les concentrations denses de matériaux comme l’asphalte
et de bâtiments absorbent plus de chaleur pendant
la journée et la libérent plus lentement le nuit que la
couverture naturelle du sol telle que la végétation.
(Source : Environnemental Protection Agency)
En Méditerranée, des organismes publics
réalisent des modélisations (Grèce, France, Italie,
etc.) et des mesures en ville (à Sfax et Tunis en
Tunisie), mais les résultats de ces études restent
peu nombreux et ne sont pas systématiquement
utilisés par les concepteurs des villes et leurs
gestionnaires. Mesurer, comprendre et modéliser
 permet d’agir
transformer la ville en proposant des
implantations et des structures urbaines plus

(Source : « Cairo Panorama », Ciukes)
Les villes méditerranéennes subissent des fortes
chaleurs estivales caractéristiques du climat
méditerranéen, avec des températures parfois
supérieures à 40°C au sud. Les canicules seront
probablement plus fréquentes en Méditerranée
et par conséquent, le phénomène d’îlot de
maxima
d’intensité de cet îlot de chaleur peuvent aller
de 2°C pour une ville de 1 000 habitants
jusqu’à 12°C pour une ville de plusieurs millions
d’habitants et contribuent de façon importante
aux vulnérabilités urbaines.
Si le patrimoine urbain méditerranéen
est une richesse culturelle et
économique, sa gestion pose de
nombreux problèmes dans le cadre
des effets possibles du changement
climatique. Des solutions sont à trouver
dans les politiques globales, les accords
internationaux régulant la consommation
d’énergie ou d’espace, mais surtout dans
les actions locales.
Les maisons traditionnelles méditerranéennes
ont en commun, même dans leur diversité, d’être
adaptées aux contraintes climatiques du bassin.
Les habitats ont souvent des murs épais (avec
des ouvertures de petite taille) qui les isolent de
la chaleur pendant la journée puis la restituent
pendant la nuit. Si certaines de ces solutions
peuvent encore inspirer la construction des villes
aujourd’hui, elles ne sont plus adaptées à la
complexité des grandes villes contemporaines.
Les modes de construction mis en œuvre par
l’industrialisation massive depuis les années
1950, dont l’objectif a été de répondre à la
demande accrue de logements, ont produit, de
leur côté, un nouveau paysage urbain beaucoup
plus homogène et moins adapté aux conditions

contemporains.

et de mitigation des effets du changement
climatique, les municipalités agissent aujourd’hui
à travers plusieurs volets d’action :
la limitation de la « consommation du sol », par
une 
réduire l’étalement des agglomérations (moins
de maisons individuelles isolées, un usage plus
rationnel de l’espace) ;
une mixité plus importante des activités dans
la ville (équipements de proximité), associée à
des , et moins polluants
comme le tramway et les bus électriques, la
création de pistes cyclables, etc. ;
l’augmentation des espaces verts, des toits
verts et des façades végétalisées pour permettre
la réduction des effets de l’îlot de chaleur urbain
et limiter la consommation d’énergie ;
la mise en place de nouvelles formes
de gestion des transports, de l’énergie et
des déchets au moyen de l’utilisation des
technologies d’information et de communication
« participatives » ;
l’utilisation, dans les nouvelles constructions,
de matériaux et de formes capables
d’économiser l’usage de l’énergie (et d’améliorer
le confort thermique ;
la sensibilisation et l’éducation des citadins
aux comportements écologiques et leur inclusion
dans la prise de décision des municipalités.
Le projet d’éco-quartier « Sociopólis »
à Valence en Espagne
Le projet « Sociópolis », de l’agence d’architectes
Guallart, est un projet d’habitat social avec des
équipements multifonctionnels, intégrés dans
un environnement agricole inspiré du potager
Méditerranéen.
« Sociópolis » a reçu plusieurs prix d’art et
architecture. Aujourd’hui, à cause de la crise
économique, seulement 5 des 18 bâtiments
prévus dans le projet ont été construits et les
appartements peinent à être vendus.
(Source : à droite - image du projet, Guallart
Architectes ; à gauche - état d’avancement du
chantier en 2013, journal « las provincias »)
LES PROJETS
Ces volets d’action composent les réponses les plus
fréquentes face au changement climatique.


T

T

Ces éléments, dosés variablement, prennent la forme de
projets avec différents labels :
les éco-cités ou éco-quartiers (axés sur l’innovation architecturale et la création de
communautés basées sur les comportements écologiques),
les smart cities (basées sur l’utilisation des technologies d’information et de
communication),
les projets de villes résilientes (basées sur une combinaison des différents éléments

ACTIONS EN VILLE :
solutions locales
face au changement
climatique
5
(Source : « Cairo Panorama », Ciukes)
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