Élasticité ELASTICITE Les corps solides sont considérés comme des milieux continus. La théorie de l'élasticité décrit les déformations réversibles de ces corps soumis à des contraintes extérieures. Si les déformations sont par contre permanentes, on parle alors de déformations plastiques (présentes par exemples dans les opérations de tréfilage, emboutissage, étirage) et au delà d'une certaine limite, on atteint le seuil de rupture. Le but de ce TP est de vous montrer l'existence de ces deux domaines, élastique et plastique, dans la déformation d'un matériau sous contrainte. C'est également d'introduire l'idée d'essai mécanique pour caractériser un matériau. Il existe en effet différents type d'essais mécaniques, qui peuvent être utilisés soit à des fins d'études physiques d'un matériau, soit à des fins de contrôle d'une produit en vue de son utilisation industrielle: - l'essai de dureté consiste à imprimer à la surface du matériau un pénétrateur (pyramide, cône ou bille) sous une certaine charge et à mesurer la taille de l'empreinte. - l'essai de résilience, caractérisant la fragilité, ou la résistance au choc d'un matériau, consiste à casser un échantillon de matériau avec un lourd pendule et à mesurer l'énergie absorbée lors de la rupture. - l'essai de traction, consiste à soumettre un échantillon de matériau à des contraintes longitudinales qui tendent à l'allonger voire le casser, son comportement étant alors caractérisé par un diagramme effort-déformation. Si on laisse de côté des corps exceptionnels comme le caoutchouc, pour se borner à des corps tels que les métaux ou les minéraux, les déformations élastiques que l'on peut observer sont toujours très faibles : dans les relations qui expriment les forces en fonction des déformations, on peut négliger les termes du second ordre. C'est ce qu'on appelle la loi de Hooke et on parle alors d'élasticié linéaire. Dans le domaine élastique, un matériau isotrope peut se caractériser par son module d'Young et son coefficient de Poisson, que vous allez déterminer dans deux situations de sollicitations différentes: en traction et en flexion. Dans une autre expérience de traction (d'un fil cette fois) vous allez mettre en évidence les domaines élastique puis plastique, jusqu'à la rupture. Dans cette expérience, vous caractériserez le matériau par sa limite élastique, ainsi que sa contrainte et son allongement à la rupture. I. EXPÉRIENCE DE TRACTION 1. Dispositif expérimental Le montage expérimental comporte : - une machine de traction (figure 1) permettant de fixer une éprouvette entre deux mors. Le mors supérieur est fixe tandis que le mors inférieur est mobile, relié à un bras de levier permettant d'appliquer une contrainte variable à l'aide de masses marquées. - une éprouvette métallique de D U R A L de 30 cm de long, 25 mm de large et 6 mm d'épaisseur. Sur l'une des faces est collée une jauge de déformation qui mesure la déformation longitudinale de l'échantillon (son allongement relatif dans le sens de la contrainte), et sur 68 Élasticité l'autre face une deuxième jauge mesure la déformation transversale (son allongement relatif dans le sens perpendiculaire à la la contrainte). Ces deux jauges de déformation sont noyées dans une résine souple les protégeant. Les jauges sont constituées d'un fil de Constantan (alliage cupro-nickel 55%-45%) sur un film flexible de polyimide. Leur résistance au repos est R = 120 W et le facteur de jauge K est de l'ordre de 2,080 (voir précisément l'indication portée sur chacune des jauges). - un pont d'extensométrie VISHAY - MICROMESURES P-3500 permettant de mesurer les déformations à partir des variations de résistance des jauges. Les déformations sont mesurées jusqu'à ±19 999 mm/m avec une résolution de 1 mm/m. La précision est de ±3 mm/m. A fil rouge fil gris fil gris éprouvette jauge de contrainte A jauge de contrainte B fil rouge B fil gris fil gris contrepoids marbre masses Figure 1: Dispositif de traction à contrainte imposée 2. Manipulation Mesure de l'éprouvette Mesurer la section S de l'éprouvette avec un pied à coulisse et évaluer les erreurs faites. Connexion de l'éprouvette au pont d'extensométrie Connecter une des jauges de l'éprouvette au pont d'extensométrie en montage 1/4 de pont : le fil rouge à la borne rouge P+, un des deux fils gris à la borne blanche S– et l'autre à la borne 69 Élasticité jaune D120 si la jauge a une résistance interne de 120 W (ou D350 si sa résistance interne est de 350 W). Réglage du pont d'extensométrie Réglage du zéro : Enfoncer le bouton ZERO AMP, et régler le zéro en agissant sur la vis ZERO AMP par simple rotation à l'aide de l'extrémité du doigt. Réglage du facteur de jauge : Appuyer sur le bouton FACTEUR DE JAUGE, et rentrer la valeur correspondante de la jauge avec les deux potentiomètres grossier et fin. Équilibrage : Appuyer sur le bouton MESURE , et faire le zéro avec les potentiomètres grossier et fin d'EQUILIBRAGE. Verrouiller le potentiomètre EQUILIBRAGE. Étalonnage : Cet étalonnage a pour but de compenser les résistances de ligne (i.e. des fils). A cet effet, le pont d'extensométrie contient une résistance d'étalonnage shunt qui est mise en parallèle sur la jauge lorsque le bouton CAL est enfoncé. Cette résistance simule une déformation de 5000 mm/m avec un facteur de jauge égal à 2,000. Calculer la valeur d'étalonnage : 2, 000 ¥ 5000 mm / m . Kconstructeur Ajuster alors le réglage du potentiomètre FACTEUR DE JAUGE pour afficher cette valeur. Verouiller le potentiomètre FACTEUR DE JAUGE. Mesures: appuyer sur le bouton mesure. La valeur affichée est la déformation en mm/m. Montée en traction Ajouter successivement les masses marquées, et mesurer la déformation en fonction en fonction de la charge imposée (entre 0 et 20 kg). Attention au facteur multiplicaif dû au bras de levier qu'on mesurera. Attention : il faut faire deux montées en traction pour chaque échantillon: l'une pour prendre les mesures correspondant à la déformation longitudinale et l'autre pour la déformation transversale. Entre les deux montées, les connexions doivent donc être changées. D'autre part, il faut s'arranger pour que les valeurs de contrainte lors les deux montées successives coïncident. 3. Calculs et Résultats Avec l'ensemble des résultats de mesures obtenus, dresser un tableau faisant apparaître les 4 colonnes suivantes : la masse m, la contrainte axiale s1 = F/S , la déformation axiale -e1 et la déformation relative radiale e2 . Tracer la courbe s1 = f(e1) et en déduire le module d'Young E du matériau. Commenter. Tracer la courbe e 2 = f(e 1) et en déduire le coefficient de Poisson n diu matériau. Commenter. II. EXPÉRIENCE DE FLEXION: LA POUTRE-CONSOLE Les applications pratiques de la poutre-console sont nombreuses: voilures d'avion, suspensions des automobiles, dents d'engrenages, ressorts, toits en auvent,… Les détails de fixation de l'extrêmité fixe peuvent être très différents. Il en est de même de la nature des 70 Élasticité charges appliquées, soit ponctuelles soit réparties. La section peut être constante ou variable. Tous ces exemples ont une caractéristique commune!: une pièce de forme allongée est rigidement fixée, encastrée à l'une de ses extrêmité. Dans le dispositif expérimental étudié, la section est constante et la charge est ponctuelle. 1. Dispositif expérimental Figure 2: Dispositif de flexion à contrainte imposée. Le montage expérimental comporte : - un dispositif de flexion (figure 2) permettant d'encastrer une éprouvette à l'une de ses extrémité, tandis que l'autre extrémité peut fléchir sous un poids variable. - une éprouvette métallique de D U R A L de 30 cm de long, 25 mm de large et 3 mm d'épaisseur. Sur l'une des faces sont disposées trois jauges de déformation mesurant la déformation longitunale de l'échantillon (son allongement relatif dans le sens de la contrainte) à trois distances différentes des points d'encastrement et de sollicitation. - un pont d'extensométrie Vishay-micromesures P-3500 permettant de mesurer les déformations à partir des variations de résistance des jauges. 2. Manipulation Le principe de la manipulation est le même que précédemment. Il s'agit ici de mesurer la déformation de l'éprouvette en deux positions que vous choisirez (sur les trois possibles) en fonction de la force de la charge imposée par des masses marquées (entre 0 et 2 kg). On mesurera également les distances x du centre de chaque jauge au point de charge. 71 Élasticité 3. Calculs et Résultats Avec l'ensemble des résultats de mesures obtenus, dresser un tableau faisant apparaître les 4 colonnes suivantes : la masse m, la contrainte s = F/S , les deux déformations axiales e aux deux positions considérées. Tracer les deux courbes s = f(e). Quel est le rapport des pentes ? Déterminer le module d'Young E. Commenter. II. EXPÉRIENCE DE TRACTION D'UN FIL 1. Dispositif expérimental. fixation du fil de cuivre sur la glissiére fil de cuivre Butée micro métrique potence Bati fixation du fil de cuivre masse vis de blocage Balance Cavalier de positionnement du fil Figure 3: Dispositif de traction d'un fil à déformation imposée Le montage expérimental comporte : - un dispositif de traction (figure 2) d'un fil à déformation imposée. Une extrémité d'un fil est fixée à une masse posée sur une balance à plateau "fixe" permettant la mesure de la force de traction. L'autre extrémité est fixée à une glissière coulissant dans un rail, son déplacement longitudinal étant imposé par une vis micrométrique disposant d'un vernier de lecture. - un fil de cuivre de diamètre d = 0,1 mm. 2. Manipulation Couper environ 40 cm de fil de cuivre. Fixer une extrémité à la masse posée sur la balance, puis l'autre extrémité à la glissière. Tendre très légèrement le fil passé dans la gorge de la poulie en jouant sur les deux emplacements réglables du porte glissière, du porte-vernier (vernier au voisinage de son minimum). Mesurer la longueur initiale l0 du fil. Tarer la balance, puis commencer l'essai de traction en imposant et en mesurant simultanément l'allongement à l'aide du vernier et la force à l'aide de la balance. 72 Élasticité 3. Calculs et Résultats Avec l'ensemble des résultats de mesures obtenus, dresser un tableau faisant apparaître les 4 colonnes suivantes : le masse m, la contrainte s = F /S , l'allongement l, la déformation e = (l - l0 ) / l0 . Tracer la courbe s = f(e ). En déduire le module d'Young E et son incertitude, la limite élastique se, la contrainte à la rupture sr et l'allongement à la rupture exprimée en pourcentA (%)= 100emax. Remerciements!: les deux dispositifs expérimentaux de flexion et de traction d'un fil ont été conçus et réalisés par Patrice Jenffer et Gilles Marteau. 73 Élasticité ANNEXE THÉORIQUE On ne traite ici que le cas des corps homogènes isotropes!: dans ce cas là, la relation entre contrainte et déformation est la même dans toutes les directions et on peut se contenter d'une seule relation scalaire ; dans le cas plus général des corps anisotropes, la relation contraintedéformation dépend de la direction et devient alors une relation tensorielle. 1. Déformation axiale sous contrainte et module d'Young. Considérons un corps cylindrique de longueur l0 et de section S et appliquons lui une force F parallèle aux génératrices du cylindre (figure 4); soit l la nouvelle longueur prise par le cylindre. La loi de Hooke traduit le fait que la déformation axiale du cylindre e1 = (l-l0)/l0 = Dl/l est proportionnel à la contrainte appliquée s = F/S : Dl 1 Dl ou = s s=E l E l où le coefficient de proportionnalité E s'appelle le module d'Young. Le paramètre e1 = Dl/l étant sans dimension, la dimension de E est celle d'une contrainte (exprimée en Pa, kPa, MPa ou GPa). La relation est une relation algébrique : e et s sont positifs pour une traction et négatifs pour une compression. Figure 4 2. Déformation transverse sous contrainte et coefficient de Poisson En même temps qu'un cylindre soumis à une traction s'allonge dans la direction longitudinale, il se rétrécit dans sa direction transversale. Si nous désignons par d0 le diamètre initial du cylindre qui est la dimension transversale du corps, cette dimension diminue et prend la valeur d0+Dd lorsqu'on applique la force de traction sur le corps, de telle sorte que la déformation transverse e2 = (d-d0)/d0 = Dd/d est proportionnelle à déformation axiale e1=Dl/l : Dd Dl = -n d l où n s'appelle le coefficient de Poisson. 74 Élasticité 3. Variation de volume et coefficient de compressibilité. Le volume du cylindre étant V=lS, la variation relative de volume D V/V est alors (par différentiation logarithmique) : DV Dl DS = + V l S 2 Mais S=(p/4)d entraîne : DS Dd Dl s =2 = -2n = -2 n S d l E La variation relative de volume est alors : DV Dl s = (1- 2 n ) = (1 - 2 n ) V l E L'expérience montre que le volume V du cylindre augmente généralement lors d'une traction. La valeur du coefficient de Poisson, dépendant du matériau considéré, est donc généralement comprise entre 0 et 0,5. On peut montrer que le coefficient de compressibilité k défini par 1 DV k=V DP s’écrit aussi : 3(1 - 2 n ) k= E le coefficient 3 venant du fait qu'il faut considérer une pression (ou contrainte) uniforme sur toute la surface du corps et donc dans 3 directions perpendiculaires. 4. La poutre-console Considérons une poutre chargée ponctuellement, d'épaisseur e, de largeur b, et dont la distance du point de charge P au point d'encastrement est L (figure 5). Figure 5 Le moment fléchissant pour une section d'abscisse x est le produit de la force P par sa distance à cette section: M = Px. Dans le cas présent, il varie donc linéairement de 0 au point de charge jusqu'à la valeur PL à l'extrémité encastrée. dM L'effort tranchant est la dérivée du moment fléchissant par rapport à la distance: T = . dx Dans le cas présent, il est constant et vaut P. 75 Élasticité Une autre caractéristique de la poutre considérée est que la contrainte est partout uniaxiale sauf au voisinage de l'encastrement et du point d'application de la force. La théorie de la résistance des matériaux donne comme valeur de la contrainte: s (x) = M(x)C , I où C est la distance de la ligne neutre1 (C = e/2) et I le moment d'inertie de la section de la be 3 poutre ( I = ). L'expresion de la contrainte est alors : 12 s (x) = 6Px be2 Pour une contrainte uniaxiale, la loi de Hooke étant e = s/E, la déformation longitudinale à la surface est 6Px e (x) = Ebe 2 La déformation est donc linéaire par rapport au point de charge. 5. Mesures des déformations par jauges de contraintes. Les résultats rappelés ci-dessus ont été utilisé dans la conception d'un dispositif, appelé "jauge de contrainte", étalonné pour la mesure des déformations. Cette jauge est collée sur la surface du corps que l'on veut étudié et la déformation solidaire de la jauge renseigne alors sur la déformation du corps soumis à une contrainte extérieure. La jauge est constituée principalement d'un fil dont on mesure la variation de résistance électrique en fonction de la déformation. Soit un fil de longueur l et de diamètre d. Une force de traction appliquée aux extrémités du fil provoque un allongement Dl. L'allongement relatif Dl/l et la variation relative du diamètre Dd/d sont alors relié par le coefficient de Poisson n : Dd Dl = -n d l l , s la variation relative de résistance est alors (par différentiation logarithmique) : La résistance R du fil de section s et de résistivité r étant : R = r dR dr dl ds = + R r l s Le premier terme est faible pour les métaux mais prépondérant pour les semi-conducteurs. Il est sensiblement proportionnel à la variation de volume à T constant, c'est-à-dire : 1 Dans le cas d'une poutre en flexion, une partie de la poutre est en étirement tandis que l'autre partie est en compression; la ligne qui sépare ces deux parties et qui est ni étirée ni comprimée, c'est-à-dire le siège d'aucune déformation, est appelée ligne neutre. Cette ligne se trouve dans le cas présent à la moitié de l'épaisseur. 76 Élasticité dr dl = C(1 - 2 n ) r l d'autre part : ds dl = -2 n s l On a en définitive : dR dl dl = [ C(1 - 2 n ) + 1 + 2 n ] = K R l l où K est le facteur de jauge. K est de l'ordre de 2 à 4 pour un fil métallique ; il peut atteindre 100 à 150 pour des dépôts semi-conducteurs. Ceux-ci sont intéressants lorsque le matériau étudié est très rigide et les déformations faibles. Malheureusement dans ce cas, la variation de résistance n'est plus vraiment linéaire ; un étalonnage est alors nécessaire. Une jauge de contrainte est en général constituée par un dépôt d'alliage résistant, en général du constantan, dont le coefficient de température est très faible, sur une feuille de polyamide, le motif semblable à la figure 6(a) étant obtenu par photogravure. L'élément ainsi obtenu est collé sur l'échantillon à tester avec une colle cyanacrylate avec catalyseur assurant une bonne cohésion sans risque de cassures. C'est en fait l'opération la plus délicate. Lorsqu'on désire mesurer les variations de dimensions d'une structure de grande dimension, par exemple un barrage, on utilise des fils résistants tendus. R Ro !!!!!!!!!!!Vo (excitation) R a) Jauge de contrainte b) Rosette de jauges perpendiculaires igure 6 Rx !!!!Vs (mesure) c) Montage en pont !!!!! de Wheatstone F La détection de la variation de résistance d'un élément est meilleure lorsque l'élément à mesurer est insérée dans un pont. Dans le montage en pont de Wheatstone (figure 6(c)), on utilise un potentiomètre constitué par deux résistances égales R (en fait une résistance réglable et une résistance fixe de valeurs voisines), une résistance de valeur R0 égale à la résistance de la jauge au repos et la jauge de valeur Rx. Si une tension d'excitation V0 est appliquée au pont (figure 6(c)), la tension de sortie Vs est donnée par : Ê Rx 1ˆ Vs = V0 Á - ˜ Ë Rx + R0 2 ¯ avec Rx = R0+DRx : Vs = V 0 Ê 2Rx - Rx - R0 ˆ V0 DRx Á ˜= 2 Ë Rx + R0 ¯ 2 Rx + R0 ce qui donne à l'ordre 1 : 77 Élasticité Vs ª V0 D Rx 4 R0 V0 D l 4 l La variation D R/R0 étant petite, la tension V s est sensiblement proportionnelle à l'allongement de la jauge. Le facteur de jauge variant avec la température, il est préférable de régler le courant d'excitation du pont de mesure à une valeur raisonnable, pour limiter cet effet. Pour s'en affranchir totalement, on peut monter deux jauges (l'une sollicitée l'autre pas) dans un même pont pour compenser l'effet thermique, ou encore prendre des résistances constituée du même matériau que la jauge. Vs ª et en faisant apparaître le facteur de jauge : 5. Le diagramme effort-déformation Si l'on représente en ordonnée la force appliquée F et en abscisse l'allongement de l'échantilon Dl = l - l0 , on obtient le diagramme force-allongement. En rapportant la force à la section initiale S0, s = F / S0 et l'allongement à la longueur initiale e = Dl / l0 , on obtient le diagramme contrainte-déformation. Au début de l'essai, on obtient une augmentation rapide de la force appliquée et proportionnelle à la contrainte. Dans ce domaine, si l'on diminue à nouveau la charge, on constate que la déformation diminue et peut disparaître pour une charge nulle. La déformation était élastique. Lorsque la contrainte dépasse une certaine valeur s e appelée limite élastique, la proportionnalité entre contrainte et déformation n'est plus respectée et il reste une déformation permanente pour une charge nulle: la déformation est dite plastique. Il est important de noter que si on réaugmente la contrainte, le domaine élastique est augmentée et la limite élastique également (figure 7b)!: cette limite élastique dépend donc en partie de l'histoire du matériau. Pour des matériaux fragiles, la rupture se produit rapidement avant que l'échantillon ne soit soumis à une grande déformation plastique (figure 7a). Pour des matériaux moins fragiles, dits ductiles, l'augmentation de contrainte pour un même allongement devient de plus en plus faible. Lorsque la capacité de déformation du matériau est dépassée, l'échantillon casse. La rupture peut se produire sur la branche montante contrainte-déformation (figure 7b), la force augmente alors jusqu'à la rupture. Mais la force peut aussi atteindre un maximum puit diminuer (figure 7c). Dans ce cas au moment d'atteindre le maximum de contrainte, il se produit un rétrécissement local de la section de l'échantillon, appelé striction, et seule cette partie participe ensuite à l'essai, ce qui explique la diminution de la force appliquée. Figure 7: Différents types de diagrammes contrainte-déformation. (a) pour un matériau fragile; (c) pour un matériau ductile. 78 Élasticité 6. Propriétés mécaniques de quelques matériaux. Le tableau ci-dessous donne les caractéristiques mécaniques de quelques matériaux. Aluminium Cuivre Fer Plomb Argent Zinc Laiton Acier (moyen) Verre (crown) E (109 Pa) 71 130 211 17 76 109 100 212 70 n 0,33 0,36 0,3 se (106 Pa) 35-150 35-50 150 0,35 0,3 0,25 60-600 800-1000 sr *(106 Pa) 100-450 300-500 400-600 10-15 300-350 100-150 300-900 1000-1200 30-100 A (%) 5-35 60-80 50-70 3-60 20-25 * Les contraintes à la rupture citées sont celles de spécimens sous forme de barreau ou fil. 79