URGENCES
Entretiens de l’AFSE
Mars 2004
Adhésion
Adhérez,
et faites adhérer
votre laboratoire
Journées de l’AFSE 2004
Rennes, 25 et 26 mai
LIIIème Congrès
de l’AFSE
Septembre 2004
LE MOT DU PRÉSIDENT
Mon premier devoir en tant que nouveau président de l’AFSE consiste
naturellement à remercier mon prédécesseur pour le travail accompli durant l’année
écoulée. Cela m’est d’autant plus facile et agréable que chacun a pu mesurer ce qu’avait
apporté la présence de Roger Guesnerie à la tête de l’AFSE. Non seulement parce que
son aura scientifique a contribué à renforcer la légitimité et la visibilité
de l’Association, mais aussi parce qu’il a mis sa ténacité et sa rigueur au service
d’activités plus routinières pour garantir le bon fonctionnement de l’organisation.
Roger m’a assuré qu’il avait pris un vrai plaisir à assumer cet ensemble de tâches
qui ne sont pourtant pas toutes gratifiantes. Ce qui montre que même pour un chercheur
internationalement reconnu il n’est pas sans intérêt de s’impliquer dans une association
dont les activités sont plutôt hexagonales.
xxxx
Le succès du dernier Congrès de l’AFSE doit beaucoup à la supervision du
dispositif et aux orientations définies par Roger Guesnerie. Cela a permis d’accueillir
près de 300 participants venus présenter et/ou assister à la présentation d’environ 250
communications. Le nombre exceptionnellement élevé de soumissions a conduit à
augmenter le nombre de sessions, ce qui a stimulé la participation. De sorte que le
Congrès a pleinement joué son rôle de carrefour de rencontre et d’échanges scien-
tifiques autour de contributions souvent de très bonne qualité. La seule difficulté tient
à la dispersion géographique des sessions à laquelle on a été contraint, et cela demande
que l’on réfléchisse peut être à une nouvelle localisation du Congrès à l’avenir.
Il faut ajouter que l’expérience de “séance poster” (proposée et gérée par Maurice
Basle et Hubert Kempf) a rencontré un réel intérêt. Il faudra donc certainement pour-
suivre et développer cette idée qui permet à de jeunes docteurs ou doctorants d’exposer
de façon originale leurs travaux et de se faire connaître en vue d’éventuels recrutements.
Tout cela témoigne de la vitalité de la recherche économique française, qui se
manifeste aussi dans la qualité des recherches doctorales. Depuis une dizaine d’années
j’observe une amélioration régulière du niveau moyen des thèses candidates au Prix de
l’AFSE. C’est le reflet des progrès considérables qui ont été accomplis, me
semble-t-il, dans l’enseignement et l’encadrement doctoral en science économique
dans les universités françaises.
Cette année encore il nous a fallu discuter longtemps avant de fixer notre choix en
Comité Directeur. La difficulté de la décision s’est d’ailleurs traduite par le partage du
Prix entre deux thèses : celle d’Olivier Charlot (dirigée par Pierre Granier) intitulée
“Education et chômage dans les modèles d’appariement” et celle de Philippe Février
(dirigée par Bernard Salanie) intitulée “Enchères multi-unités : une approche théorique,
empirique et expérimentale”. De surcroît nous avons attribué un accessit à la thèse
d’Edouard Challe (dirigée par Michel Aglietta) intitulée “Prophéties auto-réalisatrices
et volatilité des cours boursiers”. xxxx
Au plan du fonctionnent courant de l’Association, Roger Guesnerie me lègue une
situation plutôt confortable : une réinstallation désormais achevée, un secrétariat com-
pétent (par la présence de Zuhal Gursel), une équipe de direction complétée et soudée.
Chaque année la fin du Congrès déclenche des transferts de responsabilités au sein
du bureau de l’Association. Cette année le mouvement a été perturbé par le départ de
François Bourguignon, devenu chef économiste de la Banque Mondiale. Nous nous
sommes bien sur réjouis de cette promotion, mais elle nous a contraints à lui trouver un
successeur à une date inhabituelle. C’est ainsi que lors de sa réunion de début
septembre le Comité Directeur a élu Pierre-Alain Muet pour le remplacer. Pierre-Alain
est donc désormais premier vice-président de l’Association, e qui l’amènera l’an
prochain à exercer la fonction à laquelle il avait du renoncer lorsqu’il avait été appelé
en 1997 auprès du Premier Ministre. C’est lui qui avait lancé l’idée des Entretiens qu’il
avait ensuite prolongée par la création du Conseil d’Analyse Economique. Ces
initiatives très heureuses ont permis aux économistes d’intervenir directement dans les
débats de politique économique pour substituer la rigueur de l’analyse à la “soupe
tiède” des rapports administratifs.
Quinze jours plus tard, lors de sa réunion durant le Congrès, le Comité Directeur a
élu Antoine d’Autume en tant que second vice-président de l’Association. C’est
également une décision naturelle, étant donné l’estime dont jouit Antoine dans
notre profession. Au-delà de l’amitié que je lui porte (depuis environ trente ans !),
La lettre de l’AFSE
57 Novembre 2003
SOMMAIRE
Débats et Opinions............................P. 1
Vie de l’AFSE......................................P. 5
Thèses ....................................................P. 15
Livres......................................................P. 16
Manifestations ..................................P. 21
(suite 2ème de couverture)
Président :
Jean-Paul Pollin
Université d’Orléans
Premier Vice-Président :
Pierre-Alain Muet
Inspection des Finances
Second Vice-Président :
Antoine d’Autume
Université Paris - I
Secrétaire Général :
Pierre Malgrange
CNRS - CEPREMAP et Direction de la Prévision
Secrétaire Général Adjoint :
Gilbert Venet
Chef de mission de Contrôle d’Etat
Trésorier :
Guy de Monchy
Chef de Mission de Contrôle d’Etat
Membres :
Wladimir Andreff (Université Paris - I)
Emmanuelle Auriol (Université de Toulouse)
Gérard Ballot (Université Paris - II)
Maurice Baslé (Université de Rennes)
Agnès Bénassy-Quéré (Université Paris - X et Cepii)
Didier Blanchet (INSEE)
Annie Cot (Université Paris - I)
Claude Crampes (Université de Toulouse)
Françoise Crouïgneau (Les Échos)
Gabrielle Demange (DELTA)
Etienne Farvaque (Université de Lille - I)
Roger Guesnerie (Collège de France et DELTA)
Hubert Kempf (Université Paris – I)
Jérôme Lallement (Université Paris – V)
Florence Legros (Cepii et Université Paris - IX)
Jules Nyssen (Université d’Aix-Marseille - II)
Jean Pisani-Ferry (Conseiller auprès du Directeur du Trésor)
Dominique Plihon (Université Paris – XIII)
Lise Rochaix (Université de la Méditerranée)
Christian Schmidt (Université Paris-Dauphine)
Henri Sterdyniak (Paris - IX et OFCE)
Marie-Claire Villeval (CNRS - GATE)
Directeur de la Publication
Jean-Paul Pollin
Responsable de la Lettre
Etienne Farvaque ([email protected])
AFSE :
Université PARIS II
5-7 Avenue Vavin - 75006 PARIS
Tél. 01 55 42 50 22 - Fax 01 55 42 50 25
ASSOCIATION FRANCAISE DE SCIENCE ECONOMIQUE
COMITÉ DIRECTEUR j’ai toujours eu beaucoup de respect pour sa production scientifique, mais
aussi pour la façon dont il remplit ses tâches d’universitaire : son
implication dans l’animation de la recherche, l’encadrement des
doctorants, la pédagogie et la réflexion sur l’enseignement de
l’économie aussi bien dans le secondaire que dans le supérieur.
Le bureau de l’Association est donc désormais composé de Antoine
d’Autume, Etienne Farvaque (Responsable de la Lettre), Roger Guesnerie,
Pierre Malgrange (Secrétaire Général), Guy de Monchy (Trésorier),
Pierre-Alain Muet, Gilbert Venet (Secrétaire Général Adjoint) et moi-
même. Je voudrais renouveler à Rodolphe Dos Santos qui quitte cette
instance, nos remerciements pour tout ce qu’il a fait pendant son année de
présidence et durant les trois autres années passées au bureau.
xxxx
Dans l’année qui vient la vie de l’Association restera rythmée par les
trois rendez-vous habituels : les Entretiens, les Journées et le Congrès.
- le thème retenu pour les Entretiens concerne le rôle possible
(et souhaitable?) de la concurrence dans l’assurance santé. On sait
qu’il s’agit d’une question sensible qui fait déjà l’objet d’un débat
public et sur laquelle la réflexion des économistes devrait être très utile.
L’organisation scientifique de ces Entretiens a été confiée à
Lise Rochaix. Ils devraient se tenir probablement en mars, avec la
collaboration du Collège des Economistes de la Santé.
- les Journées de l’AFSE se tiendront quant à elles les 25 et 26 mai à
Rennes. Elles auront pour thème général l’aide à la décision publique.
C’est Maurice Basle qui dirigera le comité d’organisation et c’est le
CREREG qui nous accueillera pour cette occasion. Vous trouverez dans ce
numéro de la Lettre l’appel à contributions qui précise les intentions des
organisateurs.
- enfin l’organisation du Congrès suivra le calendrier traditionnel. Le
Comité Directeur de l’AFSE se réunira vers la fin novembre pour,
notamment, constituer le Comité de Programme et commencer à
évoquer les thèmes des sessions invitées. Toutes les suggestions sur ce
point, et plus généralement sur l’organisation du Congrès sont
évidemment les bienvenues et seront discutées en Comité.
xxxxx
Si, pour conclure, je devais faire un vœu en forme de programme, je
souhaiterais naturellement que se renforce le rôle de l’AFSE et que
s’accroisse le nombre de ses adhérents. J’aimerais convaincre tous mes
collègues économistes (qu’ils soient à l’Université, dans les grands
organismes de recherche, dans l’administration ou les entreprises) qu’ils
doivent participer à la vie d’une Association qui n’a d’autre objectif que
d’être un lieu d’échanges et de refléter au mieux (et mettre en valeur) leurs
activités, quelle que soit leur orientation scientifique.
L’internationalisation des échanges scientifiques ne saurait être un
prétexte au désintérêt pour une institution dont les préoccupations sont en
partie hexagonales. Dans aucun pays à ma connaissance ce mouvement
très souhaitable n’a fait disparaître la nécessité d’associations nationales
qui ont pour vocation de renforcer des relations de proximité, mais aussi
de réfléchir sur la formation des économistes ou la structure de la
profession, dans un contexte donné. Ces différents points ne peuvent être
laissés aux hasards des rencontres ou des interventions individuelles, car
cela ne pourrait que fragiliser nos positions. L’AFSE a pour rôle d’y
apporter des réponses sinon plus consensuelles du moins plus globales ou
mieux délibérées.
C’est dans cet esprit que j’ai demandé à Jean-Luc Gaffard de nous
livrer son sentiment sur la réforme LMD. On livre ses réflexions dans les
pages qui suivent. Je lui suis reconnaissant d’avoir pris le soin de répon-
dre de façon plus riche et plus large que je l’imaginais. Au-delà des
transformations dans l’organisation de nos enseignements il évoque les
rapports entre l’économie et la gestion, la place et le contenu de la
formation à la recherche, le rôle de l’expertise…. Les collègues qui
travaillent à la construction de leurs maquettes de masters y trouveront des
informations utiles. Mais ce texte permettra peut être aussi d’ouvrir un
débat sur ces questions essentielles qui sont trop souvent discutées en
cercles restreints.
Pour ces raisons il serait logique que tout économiste professionnel se
fasse un devoir d’adhérer à l’AFSE. Nous nous efforcerons, dans les
semaines qui viennent, de chercher à en convaincre et de mieux faire
connaître les services que nous offrons. Les diverses manifestations que
nous organisons, mais aussi le site de l’Association, l’annuaire et la Lettre
sont des instruments précieux pour la structuration de notre profession.
Sans oublier qu’en la circonstance “l’effet de club” joue pleinement :
l’appartenance à l’AFSE sera d’autant plus utile que les adhérents seront
nombreux. Jean-Paul POLLIN
Président de l’Association Française de Science Economique
- 1 -
La lettre de l’AFSE, n° 57
DÉBATS ET OPINIONS - DÉBATS ET OPINIONS
L’enseignement supérieur et la
recherche en économie :
Les enjeux de la réforme LMD
Jean-Luc Gaffard*
La réforme des études supérieures concernant
l’ensemble des pays de l’Union Européenne et fondée sur
triptyque licence-maîtrise-doctorat (LMD) est un moment
privilégié de réflexion sur le futur des disciplines
scientifiques, s’agissant à la fois de leur implication dans
les dispositifs de formation et de leur capacité de
développement au sein des universités. L’économie
n’échappe pas à cette réflexion en un moment où
son importance dans les processus de décision et la
reconnaissance dont elle bénéficie dans les sphères du
pouvoir n’ont d’égal qu’une désaffection marquée des
étudiants qui, quoique variable suivant les endroits, n’en
est pas moins réelle en France comme à l’étranger.
L’enjeu est loin d’être mineur quand on sait que
la réforme mise en oeuvre ne peut qu’entraîner une
transformation profonde des parcours de formation et une
redéfinition de la carte universitaire. S’agissant de
l’économie, ou bien elle apparaîtra comme le pivot de
parcours de formation cohérents répondant à une exigence
sociale. Ou bien elle sera, plus ou moins délibérément,
sacrifiée comme discipline de formation et de recherche
aussi bien par ceux qui en nient la pertinence dans des
filières tournées vers les métiers de l’entreprise que par
ceux qui la réduisent à des enseignements spécialisés
uniquement conformes aux exigences d’une communauté
de chercheurs plus attachée aux modes intellectuelles du
moment qu’à la résolution de problèmes posés aux
décideurs publics ou privés.
Un objectif mobilisateur
L’objectif premier des projets formulés par les
économistes devrait être de proposer des formations
qui soient attractives pour les étudiants et répondent
clairement à une demande sociale qui est de disposer de
décideurs compétents en analyse économique aux niveaux
intermédiaire et supérieur de la hiérarchie dans les
entreprises et les administrations. Pour ce faire plusieurs
conditions doivent être réunies : le professionnalisme,
l’aptitude à s’interroger systématiquement sur la validité
des schémas de pensée existants, la motivation à exercer
un métier structuré par une discipline.
Ainsi, au niveau du master, il s’agit de former de bons
professionnels qui maîtrisent les protocoles d’analyse et
les outils méthodologiques propres à la discipline. Au
niveau des études doctorales, il s’agit de former des
décideurs qui disposent d’une capacité d’analyse que seul
confère le fait d’avoir été confronté aux difficultés et aléas
de la recherche scientifique. Au niveau de la licence, il
s’agit d’organiser un processus efficace d’orientation pour
de futurs cadres dont la motivation sera garantie par les
choix qui leur ont été offerts au début de leur parcours
universitaire. En bref, une forme maîtrisée de pluridisci-
plinarité dans le premier cycle, la professionnalisation
dans le deuxième cycle, la formation par et à la recherche
dans le troisième cycle, devraient constituer les règles
définissant l’organisation universitaire.
Des masters identifiables
Les masters sont la clé de voûte du dispositif. C’est à ce
stade de la formation que les étudiants parviennent à la
maîtrise des protocoles d’analyse et de réflexion qui
doivent structurer leurs métiers futurs. Les formations
correspondantes doivent nécessairement être conçues
pour permettre aux étudiants d’allier l’acquisition des
principaux éléments d’analyse économique à la maîtrise
de méthodes de travail et d’outils les rendant rapidement
opérationnels au moment de la première embauche.
La procédure mise en place par la Direction des
Enseignements Supérieurs décline les masters en
domaines, mentions et spécialités. Au terme des premières
négociations, les domaines font l’objet d’une identifica-
tion large, souvent commune à plusieurs universités. Ils
correspondent à des compétences universitaires et
désignent un champ large de recherche et de formation.
Les compétences plus directement requises dans les
métiers ou fonctions de référence, qui font la visibilité des
masters pour les étudiants et leurs employeurs potentiels,
devraient, alors, apparaître principalement au niveau des
intitulés de mention. Ces intitulés devraient ainsi désigner
des métiers d’économistes (d’analystes en économie) et
des métiers de la gestion et de l’administration impliquant
des compétences en analyse économique (finance,
*Institut Universitaire de France, OFCE et Université de
Nice Sophia Antipolis, Doyen honoraire de la Faculté des
Sciences Economiques et de Gestion de Strasbourg,
Directeur Scientifique Adjoint chargé de l’économie
(MSTP, DSTP 7). Cet article a bénéficié des commen-
taires et critiques de Jean-Pierre Machelon, Directeur
Scientifique et Jacques Rojot Directeur Scientifique
Adjoint, ainsi que d’experts en économie de la Mission
Scientifique. Qu’ils en soient ici remerciés. Je reste,
évidemment seul responsable des propos tenus qui ne
sauraient, en particulier, engager la Mission Scientifique,
Pédagogique et Technique du Ministère de l’Education
Nationale et de la Recherche.
- 2 -
La lettre de l’AFSE, n° 57
ingénierie des affaires, management des affaires
internationales, par exemple). Ils peuvent, plus exception-
nellement, désigner des secteurs d’activité économique
(transports, environnement, santé, par exemple). Dans ce
contexte, la distinction entre filière recherche et filière
professionnelle, qui peut se situer au niveau de la mention
ou de la spécialité, devrait avoir une portée limitée,
d’autant que son maintien doit sans doute plus à des con-
sidérations financières qu’à un souci de se caler sur la
norme internationale. La formation requise reste, en effet,
dans les deux cas, une formation de base. D’une part, la
majeure partie des étudiants qui suivent une filière
recherche s’engage immédiatement après le master dans
la vie professionnelle (c’est-à-dire hors recherche et
enseignement supérieur). D’autre part, les étudiants qui
suivent une formation professionnelle doivent avoir accès
à des enseignements directement fondés sur la recherche.
L’objet de l’une et l’autre filière est un objectif
professionnel au sens large : il s’agit, en toute hypothèse,
de maîtriser des protocoles d’analyse propres à un champ
professionnel (la finance, l’économie d’entreprise,
l’économie des transports et des réseaux, l’économie de
l’environnement, par exemple).
Un dispositif global de cette nature a des implications qui
touchent au poids spécifique des formations, à la carte
universitaire, à la position de l’économie dans des filières
qui ont une vocation autre que celle de former des
économistes professionnels.
Des masters puissants et diversifiés
Les masters sont une formation lourde dédiée à faire
acquérir les savoirs fondamentaux. Partout, un corpus
théorique de base doit être maîtrisé (microéconomie,
macroéconomie et méthodes quantitatives). Cette maîtrise
n’a de sens que si elle s’appuie sur des volumes horaires,
en première et deuxième année, substantiels et sensible-
ment équivalents. L’alourdissement que cela implique
dans les masters recherche par rapport à la situation
actuelle des DEA en termes de charges horaires par
étudiant devrait être compensé par une diminution
sensible du nombre des diplômes et par une augmentation
du nombre des étudiants suivant chaque parcours. Le
choix de privilégier les parcours d’étudiants plutôt que
des parcours conçus en se référant à des objets restreints
de recherche devrait y contribuer. Par ailleurs, l’exercice
consistant à concevoir et à rédiger un mémoire de
recherche en deuxième année de master doit rester une
partie essentielle des parcours orientés vers la recherche,
car c’est à travers le mémoire que sont réellement appré-
ciées les capacités de chercheur des candidats. Mais
l’importance de cet exercice dans la notation ne doit pas
être excessif (et excéder 25 à 30% du total des notes) de
manière à ce que des écarts éventuels de jugement
ne viennent pas contredire les résultats obtenus dans
l’acquisition des savoirs fondamentaux.
Le poids des masters et leur adossement scientifique
nécessaire font que tout n’est pas possible partout,
particulièrement dans les domaines ou mentions à
dominante économique. Une carte universitaire devrait
nécessairement se dessiner. Le nombre des masters dédiés
à former des analystes en économie, c’est-à-dire des
cadres dont le métier est de faire de l’analyse économique
dans des organismes spécialisés publics ou privés, sera
forcément limité. Cela tient à la taille des débouchés
prévisibles pour ce genre d’activités ainsi qu’à la taille et
à la qualité de l’adossement scientifique requis. Très
concrètement, il est raisonnable d’envisager qu’au terme
de la procédure d’habilitation quatre ou cinq masters
d’économètres (ce vocable étant entendu au sens large et
recouvrant des compétences à la fois en économétrie et en
économie mathématique) seront reconnus. Ces formations
devront couvrir un large champ de la culture scientifique
(microéconomie, macroéconomie, économie monétaire,
économie internationale, économie publique, etc.) et
reposeront sur un encadrement diversifié. Dans le même
temps, un nombre significativement plus important, de
formations d’analystes plus spécialisées s’agissant
du champ couvert (monnaie et finance, microéconomie
appliquée, économie des choix publics, économie
des relations internationales, par exemple) sera reconnu.
Ces formations devront naturellement incorporer
des enseignements à l’utilisation des techniques
économétriques, correspondre à des débouchés avérés et
s’appuyer sur des équipes de recherche de taille certes
plus modeste, mais bénéficiant d’une forte reconnaissance
scientifique. Ces formations, comme les précédentes,
prépareront aux métiers de la recherche et de l’enseigne-
ment supérieur. Ce qui les distinguera, c’est uniquement
le champ des thèmes couverts, par définition plus réduit.
Les masters conçus pour former des administrateurs
d’entreprise ou des ingénieurs, dans les facultés ou les
écoles, seront les plus nombreux à raison de l’importance
des débouchés. Ces masters devront être directement
conçus pour préparer à l’exercice immédiat, ou plus
lointain s’agissant des ingénieurs, des métiers de gestion.
L’intérêt des étudiants, conforme en cela à ce qu’il faut
bien considérer comme la norme internationale, devrait
impliquer, cependant, de donner une place substantielle à
l’analyse économique. Peut-on par exemple demander
aux étudiants d’effectuer un travail sur les produits
dérivés sans qu’ils puissent bénéficier d’une formation sur
la théorie des taux d’intérêt ? Peut-on demander à des
étudiants de faire usage des outils de la comptabilité
analytique sans qu’ils puissent bénéficier d’une formation
en analyse économique de la production ? L’enjeu des
réponses à ces questions n’est pas du seul ressort de la
culture scientifique. Il a une incidence directement
opérationnelle.
La lettre de l’AFSE, n° 57
La relation entre économie et gestion en question
Rien ne serait plus dommageable pour la formation à
l’économie des futurs décideurs que de proposer une carte
universitaire partagée entre une réserve d’économistes
dédiés à la reproduction d’un vivier de recherche par
ailleurs étroitement fermé sur lui-même sans prise sur le
débat public, et des filières de gestion voulant ignorer la
pertinence de l’analyse économique. Il appartient donc
aux disciplines de gestion et d’ingénierie de ne pas réduire
le champ des formations dont elles constituent la colonne
vertébrale. Il appartient aussi aux économistes de
reconnaître que leur intervention se situe de manière
relativement dominante dans ce type de formations qui
vont occuper ou occupent déjà une place centrale dans les
facultés et les écoles. La raison de cette association entre
économie et gestion, rarement mise en cause en dehors de
l’hexagone, est d’abord scientifique. Qui ne sait que la
stratégie des entreprises procède d’un jeu dans un
contexte de marchés imparfaits, qui ne sait que la gestion
de production est affaire de calcul économique et de
recherche opérationnelle, qui ne sait que la gestion des
organisations suppose la connaissance de l’impact des
asymétries d’information, de la forme des contrats et des
mécanismes incitatifs. Tous domaines qui relèvent de la
compétence de ceux qui font profession d’être des
économistes ou des gestionnaires. En fait, la séparation
entre l’économie et la gestion, si certains voudraient en
faire une exception culturelle, est aussi une hérésie sur le
plan scientifique. Non pas qu’il n’y ait pas de séparation
entre des formations ou des écoles dédiées d’un côté à
l’économie, de l’autre à la gestion aux Etats-Unis ou
ailleurs dans le monde. Non pas que la gestion ne trouve
pas ses sources aussi ailleurs que dans l’analyse
économique, nomment dans les domaines du droit, de la
sociologie ou de la psychologie. Mais en raison de la
nécessité pour les futurs managers de connaître l’analyse
économique, y compris macroéconomique, et de la
nécessité pour les économistes de connaître les problèmes
de gestion. La coupure, telle qu’elle est trop souvent
observée en France, reflète avant tout le dogmatisme et
souvent l’inculture de ceux qui ne pensent l’enseignement
de l’économie qu’à travers la litanie de modèles plus ou
moins robustes qui font la structure de cours désincarnés.
Quand elle ne reflète pas le confort douillet qu’offre la
position de rentiers à ceux qui ont trouvé commode de
s’approprier des diplômes ou des filières dont la seule
vertu est d’avoir l’avantage de reposer sur la sélection, en
économie comme en gestion.
L’enjeu sociétal de la recherche en économie
La recherche est bien sûr une activité orientée vers la
résolution de problèmes nouveaux et la réalisation de
découvertes. Mais, il y a plusieurs degrés dans cette
activité qui sont largement complémentaires les uns des
autres. La recherche consiste aussi à maintenir un niveau
scientifique élevé des enseignements. Ce faisant, elle
consiste à permettre aux étudiants d’accéder aux avancées
les plus récentes d’une discipline. Elle est ainsi largement
développée pour permettre de former des cadres
dirigeants qui doivent disposer d’une réelle capacité
scientifique et d’une ouverture d’esprit propre à des
études doctorales. Qui ne voit, en effet, la nécessité pour
ceux qui ont à prendre des décisions stratégiques dans leur
entreprise ou à définir les orientations de la politique
monétaire de connaître le sens de la démarche scientifique
et le doute qui la caractérise en l’ayant pratiqué au plus
haut niveau, c’est-à-dire en produisant et en rédigeant une
thèse de doctorat.
Les études doctorales doivent constituer, dans cet esprit,
le prolongement des masters pour un nombre plus large
d’étudiants que ceux qui se destinent à l’enseignement
supérieur et à la recherche. Elles doivent proposer un
ensemble structuré d’enseignements adaptés à des projets
scientifiques qui appellent inévitablement des cours
d’approfondissement, souvent à caractère disciplinaire,
plutôt que des cours que leur caractère transversal rendrait
par trop généraux.
Créer les conditions d’une orientation maîtrisée
Dans ce dispositif, les trois années de licence, devraient
évoluer pour favoriser une orientation choisie et pour
mieux préparer les étudiants à des métiers qui, pour la
plupart, requièrent des connaissances disciplinaires
multiples. Dans cette perspective, il est possible de
concevoir, comme cela est déjà le cas dans certains
établissements (Paris X et Toulouse, notamment) des
licences bi-disciplinaires (économie et mathématique,
économie et droit, économie et gestion, économie et
sociologie, économie et histoire, par exemple). Il est,
également, possible de concevoir des parcours à la carte
avec une discipline majeure. C’est ce que propose Jean-
Paul Fitoussi dans son rapport sur l’enseignement
supérieur commandé à la suite de la fronde des étudiants1.
Au cours de la première année de licence, les étudiants
auraient à choisir trois disciplines (par exemple,
économie, philosophie et biologie, ou plus prosaïquement
économie, droit, gestion) auxquelles seraient adjoints des
enseignements de ‘langages’ (informatique, statistiques,
langues étrangères). Puis au cours des deux années
suivantes, les étudiants choisiraient deux disciplines,
l’une majeure, l’autre mineure. Cette formule, au fond
assez proche des expériences mentionnées, aurait le
mérite de créer les conditions d’une orientation réfléchie
sans véritablement porter atteinte à la formation
disciplinaire.
Le choix de l’ouverture face aux difficultés de
gouvernance du système universitaire
Les difficultés auxquelles se heurte, inévitablement, la
réforme des études tiennent aux comportements et aux
1Jean-Paul Fitoussi (2001): L’enseignement supérieur de
l’économie en question, Paris, Fayard.
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