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La lettre de l’AFSE, n° 57
ingénierie des affaires, management des affaires
internationales, par exemple). Ils peuvent, plus exception-
nellement, désigner des secteurs d’activité économique
(transports, environnement, santé, par exemple). Dans ce
contexte, la distinction entre filière recherche et filière
professionnelle, qui peut se situer au niveau de la mention
ou de la spécialité, devrait avoir une portée limitée,
d’autant que son maintien doit sans doute plus à des con-
sidérations financières qu’à un souci de se caler sur la
norme internationale. La formation requise reste, en effet,
dans les deux cas, une formation de base. D’une part, la
majeure partie des étudiants qui suivent une filière
recherche s’engage immédiatement après le master dans
la vie professionnelle (c’est-à-dire hors recherche et
enseignement supérieur). D’autre part, les étudiants qui
suivent une formation professionnelle doivent avoir accès
à des enseignements directement fondés sur la recherche.
L’objet de l’une et l’autre filière est un objectif
professionnel au sens large : il s’agit, en toute hypothèse,
de maîtriser des protocoles d’analyse propres à un champ
professionnel (la finance, l’économie d’entreprise,
l’économie des transports et des réseaux, l’économie de
l’environnement, par exemple).
Un dispositif global de cette nature a des implications qui
touchent au poids spécifique des formations, à la carte
universitaire, à la position de l’économie dans des filières
qui ont une vocation autre que celle de former des
économistes professionnels.
Des masters puissants et diversifiés
Les masters sont une formation lourde dédiée à faire
acquérir les savoirs fondamentaux. Partout, un corpus
théorique de base doit être maîtrisé (microéconomie,
macroéconomie et méthodes quantitatives). Cette maîtrise
n’a de sens que si elle s’appuie sur des volumes horaires,
en première et deuxième année, substantiels et sensible-
ment équivalents. L’alourdissement que cela implique
dans les masters recherche par rapport à la situation
actuelle des DEA en termes de charges horaires par
étudiant devrait être compensé par une diminution
sensible du nombre des diplômes et par une augmentation
du nombre des étudiants suivant chaque parcours. Le
choix de privilégier les parcours d’étudiants plutôt que
des parcours conçus en se référant à des objets restreints
de recherche devrait y contribuer. Par ailleurs, l’exercice
consistant à concevoir et à rédiger un mémoire de
recherche en deuxième année de master doit rester une
partie essentielle des parcours orientés vers la recherche,
car c’est à travers le mémoire que sont réellement appré-
ciées les capacités de chercheur des candidats. Mais
l’importance de cet exercice dans la notation ne doit pas
être excessif (et excéder 25 à 30% du total des notes) de
manière à ce que des écarts éventuels de jugement
ne viennent pas contredire les résultats obtenus dans
l’acquisition des savoirs fondamentaux.
Le poids des masters et leur adossement scientifique
nécessaire font que tout n’est pas possible partout,
particulièrement dans les domaines ou mentions à
dominante économique. Une carte universitaire devrait
nécessairement se dessiner. Le nombre des masters dédiés
à former des analystes en économie, c’est-à-dire des
cadres dont le métier est de faire de l’analyse économique
dans des organismes spécialisés publics ou privés, sera
forcément limité. Cela tient à la taille des débouchés
prévisibles pour ce genre d’activités ainsi qu’à la taille et
à la qualité de l’adossement scientifique requis. Très
concrètement, il est raisonnable d’envisager qu’au terme
de la procédure d’habilitation quatre ou cinq masters
d’économètres (ce vocable étant entendu au sens large et
recouvrant des compétences à la fois en économétrie et en
économie mathématique) seront reconnus. Ces formations
devront couvrir un large champ de la culture scientifique
(microéconomie, macroéconomie, économie monétaire,
économie internationale, économie publique, etc.) et
reposeront sur un encadrement diversifié. Dans le même
temps, un nombre significativement plus important, de
formations d’analystes plus spécialisées s’agissant
du champ couvert (monnaie et finance, microéconomie
appliquée, économie des choix publics, économie
des relations internationales, par exemple) sera reconnu.
Ces formations devront naturellement incorporer
des enseignements à l’utilisation des techniques
économétriques, correspondre à des débouchés avérés et
s’appuyer sur des équipes de recherche de taille certes
plus modeste, mais bénéficiant d’une forte reconnaissance
scientifique. Ces formations, comme les précédentes,
prépareront aux métiers de la recherche et de l’enseigne-
ment supérieur. Ce qui les distinguera, c’est uniquement
le champ des thèmes couverts, par définition plus réduit.
Les masters conçus pour former des administrateurs
d’entreprise ou des ingénieurs, dans les facultés ou les
écoles, seront les plus nombreux à raison de l’importance
des débouchés. Ces masters devront être directement
conçus pour préparer à l’exercice immédiat, ou plus
lointain s’agissant des ingénieurs, des métiers de gestion.
L’intérêt des étudiants, conforme en cela à ce qu’il faut
bien considérer comme la norme internationale, devrait
impliquer, cependant, de donner une place substantielle à
l’analyse économique. Peut-on par exemple demander
aux étudiants d’effectuer un travail sur les produits
dérivés sans qu’ils puissent bénéficier d’une formation sur
la théorie des taux d’intérêt ? Peut-on demander à des
étudiants de faire usage des outils de la comptabilité
analytique sans qu’ils puissent bénéficier d’une formation
en analyse économique de la production ? L’enjeu des
réponses à ces questions n’est pas du seul ressort de la
culture scientifique. Il a une incidence directement
opérationnelle.