L’amour invente une façon différente de durer dans la vie.
Nous voulons bien nous vanter, mettre en avant la qualité du travail déployé ici depuis plus d’un
quart de siècle, mais soyons directs, c’est bien l’adhésion et la fidélité de nos usagers qui conduisent
l’ensemble des collectivités publiques à soutenir ainsi, sans ambiguïté, la Scène nationale, votre Maison.
Ceci nous renforce dans notre mission d’élargissement des publics, notre obsession quotidienne étant
que cette Maison soit celle de tous.
Un amour, c’est avant tout une construction durable, une aventure obstinée.
Notre fidélité à nous se tourne aussi vers les artistes, ainsi la moitié de ceux présentés ici ont déjà été
accueillis dans cette Maison, de Wajdi Mouawad à Hélène Cathala, de Catherine Zambon à Denis Plassard,
de Johanne Saunier à Aurélien Bory, de Kader Attou à Philippe Dorin, de Pascal Rambert à Turak…
Mais le monde est rempli de nouveautés et l’amour doit aussi être pris dans cette novation.
Cela signifie aussi que vous aurez beaucoup à découvrir… Cyril Teste, Antoine Defort, Nathalie Pernette,
Emmanuel Demarcy-Mota, Lina Saneh & Rabih Mroué, David Lescot, Benjamin Dupé, Lia Rodrigues…
Parfois, voire souvent, des passerelles avec « l’histoire » de la Scène nationale se réalisent malgré nous ;
ainsi Yolande Padilla, première maîtresse de cette maison, avait en son temps soutenu Grand Magasin,
et mon prédécesseur Bernard Montagne avait fait d’Olivier Py un intime de la Maison.
Il faut réinventer le risque et l’aventure, contre la sécurité et le confort.
La musique, une dimension renforcée du projet de la Scène nationale, traverse de manière essentielle
ce programme, puisqu’un spectacle sur deux accueille des musiciens sur le plateau de la Maison.
Les technologies d’aujourd’hui seront aussi très présentes, pas seulement parce qu’une Scène nationale
a pour mission d’accompagner la création contemporaine, mais aussi parce que des « jeunes gens »
comme Julien Bouffier, Hélène Cathala, Cyril Teste ou Johanne Saunier et Jim Clayburgh n’imaginent
pas « écrire » autrement, et que le monde qu’ils interrogent est à la fois celui dans lequel nous vivons
aujourd’hui et celui du théâtre de demain.
Enfin, pourquoi l’amour, cet étrange aussi indispensable que l’art et la culture, est-il ainsi obsession-
nellement présent ? Alain Badiou a encore la réponse :
Le théâtre, c’est le collectif, c’est la forme esthétique de la fraternité.
Alain Badiou, philosophe
extraits de « Éloge de l’amour », avec Nicolas Truong
au Théâtre des Idées, Avignon 2008, Flammarion)
&
Jean-Michel Gremillet, directeur de la Maison