Les concurrents du capitalisme libéral moderne

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Les concurrents
du capitalisme libéral moderne
Pour avoir le choix de son projet politique
Colloque de Génération République
tenu à Paris, le 24 avril 2004
ACTES DU COLLOQUE
Site Internet dédié : www.concurrents-capitalisme.net
Sommaire général :
1) Mot des organisateurs
2) Compte-rendu des interventions
3) Biographie des intervenants
4) Lexique
5) Bibliographie
1) Mot des organisateurs
Le capitalisme libéral constitue-t-il la forme incontournable d’organisation de l’activité économique ?
Dans des secteurs identifiés (infrastructures, agriculture, services, logiciels, etc.), d’autres modèles
existent et affichent eux aussi une capacité convaincante, voire supérieure, de création de richesses.
Les connaître, les mettre en œuvre, c’est élargir le champ des possibles pour améliorer le
fonctionnement de l’économie. C’est aussi redonner des marges de manœuvre au politique qui,
actuellement, subit, plus qu’il ne les régente, les contraintes du système économique.
C’est ce thème que les intervenants, chercheurs, syndicalistes, hommes politiques ont développé au
cours de cette après midi.
Nous remercions donc pour leur participation :
-Michèle Debonneuil, chef du service économique, financier et international au Commissariat général
au Plan ;
-François Dufour, exploitant agricole, porte-parole de la Confédération Paysanne ;
-Liêm Hoang-Ngoc, économiste, maître de conférences à l'
Université Paris-I-Panthéon Sorbonne ;
-Bernard Lang, chercheur à l'
INRIA (Institut National de Recherches en Informatique et
Automatique) ;
-Marie-Noëlle Lienemann, responsable du secteur Entreprises au Parti Socialiste.
Les interventions, telles que résumées dans le présent document, permettent d’affirmer la possibilité,
voire l’existence, de modèles économiques alternatifs, efficaces et solidaires.
Août 2004, les organisateurs
Ont assuré l’organisation du colloque et la rédaction des actes :
Pauline Cayatte, Pierre-Marie Debreuille, Julien Landfried, Nicolas Wojnarowski
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2) Compte-rendu des interventions
Face à la stagnation économique des pays développés, l’intérêt du recours à la puissance
publique
Liêm Hoang-Ngoc, économiste, maître de conférences à l'
Université Paris-I-Panthéon Sorbonne
Doit-on considérer que l’Etat atteignit l’apogée de son
rôle économique au cours de la période des trente
glorieuses, et qu’il doit maintenant se contenter
d’accompagner des évolutions qu’il ne maîtriserait
plus, face auxquelles il ne pèserait plus ?
A partir des années 70, sous la férule des néo-libéraux,
les marchés financiers prennent un pouvoir croissant
dans l’économie mondiale, et le désengagement de
l’Etat devient la voie économique dominante. De la
politique de Raymond Barre en France au
thatchérisme britannique, on abonde dans le sens des
actionnaires, on restaure la part des profits au
détriment de celle des salaires dans la valeur ajoutée.
Dans ce contexte, l’expérience socialiste française qui intervient entre 81 et 83 apparaît comme une
parenthèse, qui n’est en général pas présentée comme un succès, alors que l’analyse fine des
indicateurs usuels montre que c’est par manque de temps que la politique économique menée alors
n’a pas pu prouver son efficacité.
Quoi qu’il en soit, le tournant de 83 est fondamental, et la France tourne de nouveau le dos à une
politique économique qui, sous bien des aspects, rappelait celle du Conseil National de la Résistance,
mise en place au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Le pouvoir économique est réorienté vers les marchés financiers et le désengagement de l’Etat est
accéléré. Le mouvement s’amplifie encore dans les années 1990 : on assiste à un véritable transfert
du pouvoir économique vers la sphère privée. Ceci fut bien évidemment accompagné d'
un
remodelage complet des systèmes de propriété et de gouvernance des entreprises françaises, une
prépondérance accrue étant accordée à la rentabilité de court terme.
Face à ces évolutions, des inquiétudes n’ont pas manqué de s’élever, et la sphère politique dominante
tente aujourd’hui de trouver des réponses à ce qui s’annonce comme une menace fondamentale pour
le capitalisme français. Elle cherche des solutions qui permettraient d’accommoder « à la française »
le libéralisme économique et la souveraineté des marchés financiers, en réfléchissant par exemple à
l’actionnariat salarié. Elle ne remet cependant pas fondamentalement en cause la pertinence du
désengagement de l’état des activités stratégiques industrielles du pays.
Or, c’est ce modèle en lui-même qu’il convient de revoir. Partout à travers le monde, des exemples
nous montrent que la sphère du privé ne permet pas d’atteindre seule des situations satisfaisantes, et
par conséquent que la puissance publique se doit de garder un rôle prépondérant. Ceci apparaît
comme la traduction empirique du modèle keynésien : dans bien des domaines, notamment lorsqu’un
certain monopole est justifié économiquement, laisser la responsabilité des opérations au seul secteur
privé conduit à des situations non optimales, notamment en terme de quantités produites (et donc
d’emploi).
Ainsi, il est nécessaire de réaffirmer le caractère fondamental de la présence de l’Etat en tant
qu’acteur économique. Afin d’assurer un équilibre satisfaisant à moyen et long terme de
l’activité, le contrôle des activités industrielles stratégiques du pays doit, d’une manière ou
d’une autre, rester aux mains de la puissance publique.
3
Une nouvelle vision du développement agricole à travers le mouvement de paysans « Via
Campesina »
François Dufour, exploitant agricole, porte-parole de la Confédération
L’exemple le plus emblématique de l’échec du
libéralisme en tant qu’instrument de politique
économique et sociale, notamment dans les relations
internationales, est peut-être celui des relations
agricoles.
La façon dont l’agriculture est organisée au travers le
monde témoigne aujourd’hui d’un double échec. Echec
des relations Nord-Sud pour commencer : le
déséquilibre entre les deux zones est total. Moins de
100 millions d’exploitants agricoles concentrés dans
les pays du nord dirigent d’immenses exploitations
intensives, et produisent l’essentiel des richesses
agricoles mondiales. Dans les pays du sud, 1,4
milliards de paysans travaillent à une agriculture souvent locale, et dans les conditions les plus
démunies la plupart du temps.
Ce déséquilibre est encore amplifié par les subventions existantes dans les pays du nord, qui
permettent de protéger les agriculteurs locaux. Si on ajoute à cela un système de marché mondial
artificiel et spéculatif, qui ne ressemble aujourd’hui qu’à une autre façon de fixer les prix pour les
grandes firmes agroalimentaires et phytosanitaires, on comprend que les pays du sud n’ont en l’état
actuel aucune chance de développer leur agriculture dans des conditions d’équité avec les pays du
nord.
Mais cet échec est aussi patent dans les relations agricoles à l’intérieur des pays du nord.
L’agriculture dans ces pays s’est en effet transformée en une activité ultra-intensive, et les agriculteurs
sont devenus des fournisseurs de matière première, ayant perdu toute initiative, tout contrôle sur leur
action, au profit des grandes firmes qui sont aujourd’hui leur commanditaire.
Ce constat d’échec doit être fait par l’ensemble des organisations, nationales ou internationales, qui
travaillent sur ces questions. Malheureusement, un revirement de la politique agricole mondiale est
loin d’être à l’ordre du jour. Le constat d’appauvrissement de l’agriculture, et de ceux dont elle doit
assurer la subsistance dans les zones les plus défavorisées du globe, n’amène pour l’heure l’OMC
qu’à recommander toujours plus de libéralisme, persuadée que le seul remède possible ne peut être
que l’accélération de la « marchéisation ».
Se positionnant en force alternative, un certain nombre d’acteurs ont créé VIA CAMPESINA,
internationale paysanne réunissant plus de 800 millions paysans à travers le monde autour
d’un projet pour une agriculture différente. La charte de Via Campesina pose les droits que doit
avoir chaque paysan ou agriculteur : le droit à la subsistance, à l’égalité de traitement, mais
aussi à l’éducation, à la formation aux techniques modernes, à la qualité…
Via Campesina vise à changer les relations agricoles entre les acteurs, à les moderniser en
actant les profondes mutations qui ont marqué le monde agricole depuis 50 ans. En effet, si le
traité de Rome avait comme but de permettre à l’agriculture européenne d’assurer la fourniture de
produits agricoles sur le continent, il est évident que la situation a changé et que de tels objectifs ne
sont plus adaptés.
Enfin, et c’est certainement là le plus important, Via Campesina demande à ceux qui organisent
l’agriculture mondiale d’avoir le courage de prendre les décisions qui lui permettront de sortir
de la crise, de gérer la situation sur le long terme. Il est en effet aujourd’hui nécessaire de ne
plus protéger tel ou tel lobby politique poursuivant des motivations court-termistes, et
d’organiser les changements de règles qui permettront de restaurer une agriculture de qualité,
et surtout partagée justement à travers le monde.
4
Pour une meilleure utilisation des nouvelles technologies : le modèle alternatif des logiciels
libres
Bernard Lang, chercheur à l'
INRIA (Institut National de Recherches en Informatique et Automatique)
Il y a une dizaine d’années, le secteur des logiciels
informatiques était menacé car on tendait vers le
monopole de Microsoft et de son système
d'
exploitation
« Windows ».
Par
réaction,
la
communauté des chercheurs en informatique a
développé à l'
attention de l'
ensemble des utilisateurs
des logiciels concurrents dits « libres ».
L'
évolution vers un monopole est due à la
spécificité économique de ce secteur qui constitue
un cas de « monopole naturel »:
- le coût marginal d’un logiciel est nul car les
copies sont gratuites
- peu de capitaux sont nécessaires au
développement d’un logiciel
- il existe un effet de réseau physique ou logique qui conduit à un monopole naturel.
Sur le troisième point, il s’agit bien sûr du problème de compatibilité entre les applications mais aussi
du fait que dans les entreprises, lorsque le personnel est déjà formé à l’utilisation d’un logiciel, il est
alors logique de continuer à acheter le même. Le producteur dominant a ainsi tendance à devenir
universel. Nous retrouvons alors les effets dommageables du monopole : prix arbitraire, contrôle de
l’économie et manque d’innovation.
Il est à noter que l’activité d’édition de logiciels crée peu d’emplois mais rapporte une fortune comme
la comparaison entre l'
éditeur de logiciels Microsoft et la société de vente de service et de matériel
IBM le montre.
$ 14,5 milliards de CA $ 4,5 milliards de bénéfice
27 000 emplois
Microsoft :
IBM :
$ 81,7 milliards de CA $ 6,3 milliards de bénéfice
291 000 emplois
Par conséquent, quand on achète un logiciel « commercial », on n’a pas le droit de le modifier, ni de
l’installer sur un autre ordinateur. Le seul droit que l’on ait est celui de le « consommer ». Tout travail
de recherche et de développement dans ce domaine est implicitement propriété du monopole et, de
plus, est bridé par les freins techniques et légaux mis par l'
opérateur à l'
utilisation de son produit pour
des développements ultérieurs. Cet état de fait est venu heurter de manière quasi philosophiques
les fondements du fonctionnement du monde de la recherche, pourtant d’inspiration libérale.
Celui-ci a, en effet, un fonctionnement très particulier qui conjugue efficacité et liberté des acteurs. Les
chercheurs n’ont pas de souci d’ordre purement économique mais leur monde fonctionne quand
même comme une économie de marché. Ils fabriquent des modèles puis essaient de les mettre en
œuvre. Ils travaillent les uns avec les autres, ils communiquent ensemble pour avoir des informations.
Pour que la recherche avance, la coopération est indispensable. Mais il y a aussi de la concurrence
entre les différentes approches, qui sont évaluées par toute la communauté. L’évaluation est ainsi
réalisée par les pairs et évolue au cours du temps. La valeur marchande est la réputation qui se
traduit par des distinctions d'
ordre aussi bien académiques que pécuniaires. Sur la base de ces trois
caractéristiques, la coopération, la concurrence et l’évaluation par les pairs, ce système a prouvé son
efficacité depuis plus de 200 ans.
Parallèlement, les chercheurs sont totalement libres sur le choix de leur sujet et sur le contenu de leur
communication. Et c’est cette liberté que Microsoft est venue entraver. Par réaction, dans les années
80, un mouvement s'
est mis à développer bénévolement des logiciels plus transparents et moins
chers. Ces logiciels dits « libres » sont très différents du logiciel commercial car ils sont basés sur un
travail en collaboration pour créer un ensemble de ressources en logiciels. L'
utilisateur dispose à la
fois des moyens matériels et de l’autorisation légale de les modifier.
Ainsi, le modèle de développement du logiciel libre est très semblable à celui de la recherche : il y a
de la coopération, de la concurrence et du contrôle par les pairs. Il est de plus le seul modèle qui
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remette en cause le monopole actuel et qui soit capable d’apporter de la concurrence, qui ellemême est génératrice d’innovation et de baisse des prix. Le logiciel libre est donc créateur de
richesse.
Pour atteindre le plein emploi, la réorganisation du secteur des services
Michèle Debonneuil, chef du service économique, financier et international au Commissariat général
au Plan
Repenser l’organisation de l’activité économique dans le secteur des services permettrait d’atteindre
le plein emploi en France. La comparaison des taux d’emploi en France et aux USA montre que
ces derniers atteignent le plein emploi grâce au plus haut taux d’activité dans le domaine des
services de proximité et de restauration. Si la France égalait les USA dans ce domaine, le
chômage disparaîtrait.
Longtemps les services ont été un secteur de l’économie avec une faible productivité et des emplois
peu qualifiés. Mais, le développement des nouvelles technologies, comme dans de nombreux autres
secteurs peut changer ce paradigme. Par définition, un service est la mise à disposition temporaire
d’un savoir faire. Or, la mise en place de plate forme informatique de traitements de la demande va
permettre d’optimiser cette mise à disposition en termes de délais et de simplicité pour les utilisateurs
et en termes de rationalisation pour les entreprises de services. Il y a certes un coût fixe initial de mise
en place de ces plates-formes, mais si l’opération réussit, ce coût devient négligeable. Il est à noter
que la politique actuelle qui consiste à encourager la présence d’une multiplicité d’acteurs de petite
taille ne permettra pas de profiter de ces gains de productivité car aucun n’aura la taille critique pour
s’équiper d’une telle plate forme.
De plus, les services à domicile sont des emplois qui impliquent des relations humaines, de confiance,
ainsi que la prise d’initiative par l’employé. Les postes seront donc largement aussi valorisants et
valorisables que ceux proposés par les techniques d’automatisation de la production dans l’industrie.
La population est certes capable de se rendre la majeure partie des services proposés. Mais les
acheter permettrait d’avoir une prestation de meilleure qualité. Le temps ainsi libéré pourrait être
consacré à d’autres activités, familiales, associatives… et permettrait d’améliorer ainsi sa qualité de
vie. Nous devons en quelque sorte changer de mentalité et consommer non plus de la quantité mais
de la qualité.
De toute façon, la période de la croissance en quantité telle que nous avons connu au XIX° et au XX°
siècle n’est pas soutenable à long terme.
Le développement des services à domicile permet donc d’envisager une croissance forte en
emplois de qualité en répondant à une demande non encore exprimée d’amélioration de
certaines prestations.
6
L'
intérêt économique et politique d'un modèle d'économie mixte
Marie-Noëlle Lienemann, responsable du secteur Entreprises au Parti Socialiste.
Si la chute du communisme soviétique au début des années 90 a mis fin aux modèles d'
économie
planifiée et a précipité l’avènement du capitalisme libéral, ce dernier connaît désormais une crise, dont
l'
issue peut être la promotion pour la gauche d'
un modèle d'
économie mixte.
La crise actuelle est, certes, économique : la régulation par le marché est dans de nombreux
domaines inefficace. Ce sont les cas, désormais identifiés, de l’électricité, de l’éducation, etc. Mais il y
en a d'
autres où les enjeux sont très importants et où les modèles alternatifs restent à construire,
comme par exemple le logement. La population souhaite habiter le plus près possible des centres
d’emploi et de services. Les mécanismes de marché sans contrôle conduisent à une hausse des prix
et au développement de très fortes inégalités territoriales. La ville est en fait un espace complexe à
organiser qui nécessite l’intervention des pouvoirs publics. Cependant, l’action publique n’est pas
facile et certaines mesures peuvent avoir des effets pervers : l’aide au logement est un mécanisme
qui, en améliorant la solvabilité des ménages, favorise la hausse des loyers. Par ailleurs, l’achat de
terrains par les collectivités locales ne suffit pas pour lutter contre la spéculation foncière. Dans ce
domaine, il apparaît clairement que la solution passe par un organisation mêlant privé et
public.
Mais la crise a aussi des aspects politiques. Car, face à un problème économique, les réponses
diffèrent selon le projet de société. Dans la lutte contre les délocalisations industrielles, la France doit
rester un pays performant. Mais quelle vision de la performance doit-on défendre ? Celle de la baisse
du coût du travail et donc de l'
appauvrissement des classes salariales ? Ou celle de l'
entretien et de la
formation d'
une main d'
oeuvre qualifiée et d'
infrastructures de qualité ? Si la première solution
entraîne la mort de l'
Etat social, la seconde est précisément basée sur des services publics de qualité
dans le domaine de l'
éducation, de la recherche, de l'
aménagement du territoire. Dans ce cas, ce ne
sont pas des considérations économiques qui doivent décider des réformes à conduire mais la
vision politique du projet de société.
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3) Biographie des invités
Michèle Debonneuil
Michèle Debonneuil est chef du service économique, financier et international
au Commissariat général au Plan et membre du Conseil d’Analyse Économique
(depuis 1997).
Bibliographie sélective :
Rapports du Conseil d'
Analyse Economique (CAE), édités à la Documentation
Française :
-L’emploi dans les services (titre provisoire), avec Pierre Cahuc, 2004.
-Compétitivité, avec Lionel Fontagné, 2003.
-L’économie de la nouvelle économie, avec Daniel Cohen et Dominique Strauss-Kahn, 2002.
-Crises, recherche de rendements et comportements financiers : l’interactions des mécanismes microéconomiques et macro-économiques dans le rapport Architecture financière internationale, avec Fred
Bergsten, Olivier Davanne, Pierre Jacquet, Patrick Artus, Michel Aglietta et Christian de Boissieu,
1999.
-Services de proximité, État et marché dans le rapport Emplois de proximité, de Gilbert Cette, Pierre
Heritier, Dominique Taddei et Reza Lahidji, 1998.
-Annexe Capitalisation et tensions sur la répartition du rapport Démographie et économie de Michel
Aglietta, Didier Blanchet, François Heran, 2002.
Documents de travail du CAE :
-Vieillissement et capitalisation, 2002.
François Dufour
François Dufour est producteur de lait biologique dans la Manche, porteparole de la Confédération Paysanne et vice-président d'
ATTAC France.
Porte-parole de la Confédération Paysanne, syndicat en opposition
directe à la FNSEA, et au système agricole intensif et subventionné tel
qu'
impulsé par la PAC (Politique Agricole Commune) depuis sa création
en 1962, François Dufour et la Confédération paysanne défendent le
droits des peuples à se nourrir eux-mêmes, et le retour à une alimentation
de qualité et non productiviste, afin de concilier respect des paysans, des
consommateurs et de l'
environnement. Il s'
est notamment illustré dans la dénonciation des OGM
(Organismes Génétiquement Modifiées), lors des crises alimentaires de la fin du 20ème siècle, ou
encore lors du démontage du MC Donald de Millau (12 août 1999).
Bibliographie sélective :
-Le Monde n'
est pas une marchandise. Des paysans contre la malbouffe, José Bové et François
Dufour, La Découverte (coll. Cahiers libres), 2000.
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Liêm Hoang-Ngoc
Liêm Hoang-Ngoc est économiste, maître de conférences à
Paris-I, membre du courant Nouveau Monde du Parti Socialiste et
ancien initiateur de l'
Appel des économistes pour sortir de la
pensée unique, qui eut un certain succès à partir de 1996. Il est
membre du Conseil scientifique de l’association ATTAC.
Domaines de recherches :
-politiques macroéconomiques
-politiques de l’emploi
Bibliographie sélective :
-Les Politiques de l’emploi, Liêm Hoang-Ngoc, Seuil, 2002
-La Facture sociale, Liêm Hoang-Ngoc, Arléa, 1998
-Salaires et emploi : une critique de la pensée unique, Liêm Hoang-Ngoc, Syros-Alternatives
économiques, 1996
Lire aussi :
"Fondements macroéconomiques des transitions du capitalisme contemporain, analyse positive et
considérations normatives", Liêm Hoang-Ngoc, Communication aux 3° journées du LAME, avril 2004
Bernard Lang
Bernard Lang est chercheur à l'
INRIA (Institut National de Recherches en
Informatique et Automatique). Il est aussi secrétaire fondateur de l’AFUL
(Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres),
ainsi qu’administrateur de l’ISOC-France (Association de droit américain pour
promouvoir le réseau informatique dans le monde).
Bibliographie sélective :
-"Vers la privatisation totalitaire de l'
immatériel", Bernard Lang, Futura
Science.com, 09/05/2203
-"Liberté et barrières dans l'
univers des logiciels", Bernard Lang, Revue Specif (Société des
Personnels Enseignants et Chercheurs en Informatique de France), décembre 2003
-"Des logiciels libres à la disposition de tous", Bernard Lang, Le Monde diplomatique, janvier 1998
Marie-Noëlle Lienemann
Enseignant chercheur de formation, ancienne député (Parti Socialiste) de
l'
Essonne, ancienne vice-présidente du Parlement européen, elle est aujourd'
hui
première adjointe au Maire d'
Athis-Mons. Elle a été Secrétaire d'
Etat au Logement
dans le gouvernement de Lionel Jospin (2001-2002). Elle est enfin responsable du "secteur
Entreprises" au Parti Socialiste.
Bibliographie sélective :
-Ma part d'
inventaire, Marie-Noelle Lienemann, Éditions Ramsay, 2002
-7 jours dans la vie d'
Attika, en collaboration avec J. Dray, J.-L. Mélenchon, H. Désir et G. Filoche,
Éditions Ramsay, 2000
Lire aussi :
Le livre noir des attaques de la droite contre l'
Etat et la fonction publique, avec Bariza Khiari, Parti
socialiste, mars 2003
9
4) Lexique
Quelques définitions
Extrait de : Quel développement pour une société solidaire et économe ? Eléments pour un débat ;
Conseil Scientifique d’ATTAC, février 2004
Produit intérieur brut (PIB) : somme de toutes les valeurs monétaires ajoutées dans une
économie pendant une année. Prend en compte les productions non marchandes et
marchandes, que celles-ci soient sans nuisances ou avec.
Croissance économique : augmentation du PIB.
Développement : croissance et amélioration du bien-être. Le débat portera sur le point de
savoir s’il est possible de distinguer l’augmentation du PIB et l’amélioration du bien-être. Les
économistes libéraux pensent, quoiqu’ils en disent, que non. Les adversaires de toute
croissance et de tout développement disent aussi que ce n’est pas possible. Il nous restera à
refonder cette distinction.
Valeur d’usage : utilité d’un bien ou d’un service. Notion qualitative non mesurable,
irréductible à une valeur d’échange monétaire.
Valeur d’échange (souvent résumée par valeur) : rapport dans lequel deux marchandises
vont s’échanger entre elles par le biais de la monnaie. Dans le capitalisme, elle dépend des
conditions de production (quantité de travail « vivant » et « mort » nécessaire), de l’exigence
de rentabilité du capital et des fluctuations du marché.
Richesse : ensemble des biens et services disponibles représentant des valeurs d’usage,
provenant de la nature et de la production monétarisée ou non. Dans une acception large, on
peut même y inclure les solidarités sociales.
Capitalisme : système social fondé sur la propriété privée des moyens de production et
l’obligation pour ceux qui sont dépourvus de tout capital de vendre leur force de travail de
laquelle, comme l’a montré Karl Marx, les capitalistes tirent une plus-value qui vient accroître
leur capital dont la finalité est de se valoriser sans cesse.
Libéralisme : le terme désigne deux choses entretenant des rapports complexes entre elles
mais qui ne peuvent être amalgamées. C’est une philosophie politique affirmant la liberté de
l’individu et c’est aussi une doctrine économique exaltant la propriété privée comme un droit
soi-disant naturel et refusant une intervention publique qui viserait à satisfaire des besoins
collectifs, au prétexte que la recherche de l’intérêt privé conduirait spontanément à l’intérêt
général. Par extension, le libéralisme économique désigne les politiques qui agissent selon
ces préceptes.
Productivisme : poursuite sans fin d’une croissance de la production pour autant qu’elle
rapporte un profit ou qu’elle serve un groupe dominant comme ce fut le cas en URSS. A ne
pas confondre avec l’amélioration de la productivité du travail (augmentation de la quantité
produite par heure de travail) qui reste souhaitable à condition qu’elle soit obtenue sans
intensifier le travail et sans dégradation irréparable de l’environnement.
10
Figure 1
Les systèmes économiques modernes :
une typologie en deux dimensions
Axe 1
Mode de validation monétaire
Marché
Capitalisme
concurrentiel
Socialisme autogestionaire
Economie sociale
(coopératives, mutuelles, associations)
Appropriation
collective
Appropriation
privée
Axe 2
Mode d’appropriation du surplus
Cogestion
Capitalisme
actionnarial
Capitalisme managérial
(Fordisme, Toyotisme)
Capitalisme
d’Etat
Socialisme
Centralement Planifié
Plan
Extrait de : Fondements macroéconomiques, des transitions du capitalisme contemporain, Analyse
ème
positive et considérations normatives, Liêm HOANG-NGOC, Communication aux 3 journées du
LAME, avril 2004
11
4) Bibliographie générale indicative
Ouvrages de référence :
-Théorie générale de l'
intérêt, de l'
emploi et de la monnaie, John Maynard Keynes, 1936
-Le Débat interdit, Jean-Paul Fitoussi, Arléa, 1995
-Le Nouvel esprit du capitalisme, Luc Boltanski, Eve Chiapello, Gallimard, 1999
-Impasse Adam Smith, Jean-Claude Michéa, Editions Climats, 2002
-L'
Adieu au socialisme, Gérard Desportes et Laurent Mauduit, Editions Grasset, 2002
-Le libéralisme n'
a pas d'
avenir, Guillaume Duval, éd. La Découverte, 2003
Textes ou articles de référence :
-"La propriété intellectuelle, c'
est le vol", Daniel Cohen, Le Monde, 8 avril 2001
-"Des mesures alternatives au PIB", Florence Jany-Catrice, Revue DEES, octobre 2003
-"L’indice de bien-être économique et son application à divers pays de l’OCDE", séminaire de la
DARES, 15 octobre 2002
-"Pour une société de décroissance", Serge Latouche, Le Monde Diplomatique, novembre 2003
-"Des logiciels libres à la disposition de tous", Bernard Lang, Le Monde diplomatique, janvier 1998
-"Liberté et barrières dans l'
univers des logiciels", Bernard Lang, Revue Specif (Société des
Personnels Enseignants et Chercheurs en Informatique de France), décembre 2003
-"Régulation du nouveau capitalisme. Analyses positives et recommandations normatives
comparées", Liêm Hoang-Ngoc et Bruno Tinel, communication au Forum de la Régulation 2003,
Recherche & Régulation, Paris, Ecole Normale Supérieure, 9 et 10 octobre 2003
-"Les systèmes économiques modernes, une typologie en deux dimensions", Liem Hoang Ngoc, in
Fondements macroéconomiques des transitions du capitalisme contemporain, analyse positive et
considération normative, communication aux 3° journées du LAME, avril 2004
-"Soumettre l'
OMC aux droits fondamentaux de l'
homme", Confédération Paysanne, novembre 2001.
Sélection de sites Internet
-Alternatives Économiques
Site du mensuel spécialisé.
http://www.alternatives-economiques.fr
-Conseil d'
Analyse Economique (CAE)
Cercle d'
économistes travaillant pour le gouvernement.
http://www.cae.gouv.fr
-Fondation Copernic
Cercle de réflexion de gauche, piloté par Yves Salesse.
http://www.fondation-copernic.org
-Groupe d'
études « un socialisme pour demain »
Page de l'
économiste Michel Husson (LCR, ATTAC, etc.). De nombreux textes intéressants.
http://hussonet.free.fr/gesd.htm
-Observatoire des Inégalités
"Les inégalités fragilisent la démocratie, favorisent la montée de l'
extrême-droite et minent la cohésion
sociale" : cet observatoire propose de les décrypter.
http://www.inegalites.org
-Revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales)
Revue animée par Alain Caillé.
http://www.revuedumauss.com.fr
-Site de Dominique Lévy et Gérard Dumenil
Pages personnelles de deux économistes marxistes. Une mine d'
articles et d'
études passionnants.
http://www.cepremap.ens.fr/%7elevy
-Utopie critique
"Revue internationale pour l'
autogestion". Trimestrielle et de très haute tenue.
http://utopie_critique.site.voila.fr
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