rait de l’Allemagne de l’Est, à laquelle elle tient beaucoup – et nous aussi : il n’est pas
dans l’intérêt de l’Occident que la Pologne s’oppose à l’Union soviétique et à la RDA».
Ainsi, met-il Bush en garde contre cette politique très active que les États-Unis
lançaient en Europe de l’Est à ce moment-là. Pourtant, malgré ces déclarations, l’in-
quiétude monte chez les dirigeants français : en juillet 1989, Michel Rocard met en
garde Gorbatchev : « De même que nous devons agir avec précaution à l’égard des
pays d’Europe centrale en tenant compte de leurs liens avec l’URSS, de même l’URSS
doit faire preuve de prudence dans la question allemande, en évitant de rompre les
liens traditionnels. Autrement, l’Europe peut éclater. Ni vous ni nous n’y avons
intérêt… L’incertitude à propos de la question allemande nous inquiète. Les tenta-
tives de découpler l’Allemagne des trois puissances nucléaires seraient extrêmement
dangereuses ». En cela, l’attitude de François Mitterrand et des socialistes français est
très proche de celle de Margaret Thatcher. Le 1er septembre, Mitterrand essaie de
réconcilier le premier Ministre britannique qui s’alarme de la faiblesse de Gorbatchev
et lui dit que « jamais Gorbatchev n’acceptera une Allemagne unie dans l’Otan et que
jamais les Américains n’accepteront que la RFA sorte de l’Alliance. Alors ne nous
inquiétons pas. Disons que la réunification se fera quand les Allemands le décideront
mais en sachant que les deux grands nous en protégeront ». Mais quelques jours plus
tard, le 10 septembre 1989, Mitterrand commence à s’impatienter. Evoquant le
« désordre » dans le Pacte de Varsovie, il demande : « Combien de temps Gorbatchev
va-t-il tolérer cela ? Entre ce que Gorbatchev déclare et ce qu’il fait, le fossé se creuse.
À croire que son pouvoir est bien moindre que ce qu’il dit ». Les dirigeants français
commencent alors à s’apercevoir que Gorbatchev aussi est victime du Wishful thin-
king et qu’il surestime ses possibilités. Mitterrand est bien conscient que « la France
ne serait pas en mesure de s’opposer à la réunification si celle-ci se faisait » et il s’ac-
croche encore à l’espoir que Moscou y fera obstacle. Mais, malheureusement pour lui,
le 16 octobre, il apprend que Gorbatchev venait de faire savoir à la RFA que l’armée
soviétique n’interviendrait pas en cas de troubles. Mitterrand ne se résigne pourtant
pas : « Pour les Soviétiques le tabou, c’est l’appartenance au Pacte de Varsovie », dit-il
devant le Conseil des ministres du 18 octobre. C’est pendant cette période que Paris
revient à cette chimère de la diplomatie française : l’alliance franco-russe. Jacques
Attali proposa ainsi en ce mois d’octobre à Zagladine, l’expert auprès du Comité
central pour les affaires françaises, de recréer l’alliance franco-russe, y compris dans
sa dimension militaire, sous le camouflage de forces armées chargées de lutter contre
les catastrophes naturelles. Ce n’était pas des propos en l’air et on le trouve dans les
archives Gorbatchev, puisqu’un mois plus tard, le 29 novembre, François Mitterrand
avertit Gentscher : « Ou l’unité allemande se fait après l’unité européenne, ou vous
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