Catégoriser pour mieux mémoriser

GRF dyslexie IUFM d'Alsace 2004/06
F 26 Annexe Français, Béatrice Muller
Catégoriser pour mieux mémoriser
Des études cognitives ont établi que l’empan mnésique était de 7 unités (+ ou – 2), mais
ont montré également qu’on pouvait mémoriser davantage lorsqu’on catégorise ces
unités.
C’est une expérience que j’ai menée avec des élèves de 4e d’Aide et Soutien, c’est à
dire 15 élèves en difficultés scolaires, plusieurs d’entre eux en retard d’apprentissage et 3
dyslexiques.
L’objectif était d’utiliser le conditionnel présent, dans une production personnelle, en
l’écrivant sans erreurs.
Etape 1 : phase orale
Les élèves ont d’abord inventé des phrases oralement, simplement s’habituer à
«entendre » les sons du conditionnel qu’ils n’utilisent pas fréquemment et pour répéter le Si
+ imparfait si difficile à leur faire accepter. Nous étions en train d’étudier des extraits du
journal d’Anne Frank et que nous avions travaillé sur l’extrait où elle fait sa valise pour partir
le lendemain à l’Annexe. Je leur ai donc demandé de compléter les phrases suivantes :
Si je devais m’enfuir, j’(emporter)…
Si je devais m’enfuir, je mettrais dans ma valise……………………………..
Si je devais m’enfuir, je prendrais…………………………………………
Si je devais m’enfuir, je dirais au revoir à …………………………..
De nombreuses phrases ont été produites, les idées ne manquaient pas et la difficulté était
de passer le cap du «si je devais ».
Etape 2 : phase écrite
Je leur donne la conjugaison type du conditionnel qu’ils notent. Et ils écrivent quelques
phrases que nous avons énoncées précédemment. Pour varier la conjugaison, je leur dis
de faire des phrases comme s’ils s’adressaient à un autre élève de la classe (tu)… Toutes
les personnes sont passées en revue.
Etape 3 : phase écrite
Les élèves font des exercices, type exercices à trous. On apprend aussi l’emploi du
conditionnel, ce qu’il signifie.
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Académie de Strasbourg, Groupe recherche formation
Accompagner des élèves dyslexiques au sein d’une classe hétérogène
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Etape 4 : ajout d'autres verbes
Il faut ajouter une liste de verbes dont la conjugaison est difficile : pouvoir/ voir/ envoyer/
courir/ mourir/
A l’occasion de nouveaux exercices les élèves sont demandeurs pour ajouter à la liste des
verbes qui leur paraissent difficile. Ils ajoutent être/ avoir/ vouloir/ tenir/ venir/ faire /savoir.
La liste compte donc 12 verbes à apprendre par cœur. Je leur demande de les
apprendre pour la séance suivante.
Etape 5 : séance suivante
Je décide de les interroger à l’oral, c’est l’échec. Je n’obtiens pas de réponses ou très
peu. Soit ils ne s’en souviennent plus, soit ils n’ont pas réussi à les apprendre tels que je les
leur avais donnés.
Phase orale : Je demande à tour de rôle à chaque élève de me donner un verbe difficile
dans sa forme infinitive et dans sa forme conditionnelle. On retrouve la liste mais les élèves
se posent souvent le problème des « rr » ou « r » : « serait » ? ou « serrait » ?, « pourrait » ? ou
« pourait »?
Finalement, ils me proposent un classement pour les retenir. Dans la 1re colonne, ils rangent
les conditionnels avec « rr », dans la 2e colonne, ils rangent les conditionnels avec « r » et
dans la 3e colonne, les verbes difficiles comme « viendrait », « tiendrait »….
Rien n’est encore inscrit au tableau. Je demande alors à un élève de réciter la 1re colonne
en donnant d’abord l’infinitif du verbe. Il en trouve quelques uns. Pour l’aider je lui dis qu’il
y a des verbes dont l’infinitif se ressemble comme courir et mourir. J’écris au tableau et je
montre les similitudes. Les élèves trouvent les autres et le résultat est écrit au tableau :
« RR » « R » les autres
Courir → il courrait être → il serait Venir → il viendrait
mourir→ il mourrait avoir →- il aurait Tenir → il tiendrait
Voir → il verrait Savoir → il saurait Vouloir → il voudrait
Pouvoir → il pourrait Faire → il ferait
Envoyer → il enverrait
Etape 6
Je demande à plusieurs élèves de réciter, chacun leur tour, colonne par colonne d’abord
l’infinitif puis le conditionnel et l’infinitif et le conditionnel. Pendant toute cette phase, le
tableau était caché évidemment et les doigts se sont levés de plus en plus pour tenter de
réciter, les élèves se sont mobilisés et ont réussi. Ils ont tous expliqué que c’était plus facile
de retenir avec ce classement, cette catégorisation qu’ils ont élaborée. On pourrait sans
doute trouver d’autres possibilités l’intérêt ici c’est que c’est la leur.
Un petit test 24 heures après a donné les résultat suivants : 15/20 de moyenne.
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