Contact : Département International et Tropical, < [email protected]>
1
Viroses Emergentes
Océanie-Asie du Sud
27 mars 2008
1. CONTEXTE
Depuis plusieurs décennies on observe des
modifications importantes de l’épidémiologie
de certaines viroses en Asie et en Océanie.
L’extension géographique des arboviroses,
notamment de la dengue ou de l’encéphalite
japonaise est en partie liée aux changements
climatiques qui contribuent à l’extension de
l’aire de répartition des vecteurs.
D’autres facteurs, comme l’augmentation de la
population et la pression écologique que fait
peser l’homme sur son environnement,
contribuent à l’émergence d’autres maladies.
2. FLAVIVRUS
2.1. DENGUE
La dengue est endémo-épidémique dans toute
la zone. En 2004, plus de 300 000 cas ont été
notifiés dans la zone Asie -Pacifique.
L’aire de répartition de la dengue et le nombre
de cas annuels rapportés sont en augmentation
depuis le début des années 1990, comme
l’illustre la situation en Indonésie (figure 1).
2.2. AUTRES FLAVIVIRUS
Depuis le milieu des années 1990, on observe :
9 Une extension de l’aire de répartition de
l’encéphalite japonaise (cf. note EJ )
9 L’apparition de « nouveaux virus » tels que
Murray Valley, Kujin ou Kyasanur (cf.
notes spécifiques)
Tableau 1 - Principaux virus émergents de la zone Asie
du Sud - Pacifique
Oui Non
Dengue Fièvre jaune
Enc. Japonaise FH Omsk
Kunjin West Nile
Kyasanur Alkhurma
Murray Valley etc.
Zika
Chikungunya O'Nyong-Nyong
Ross River Semliki
Barmah Forest Enc. américaines
Nipah
Hendra
Rhabdoviridae Lyssavirus
ABLV Rage
Reoviridae Orthoreovirus
Melaka,
Togaviridae Alphavirus
Paramyxo-
viridae Henipavirus
Famille genre Présent dans la Zone Asie du Sud-
Pacifi
q
ue
Flaviviridae Flavivirus
Figure 1 - Cas de dengue, Indonésie, 1970 -2005
0
20 000
40 000
60 000
80 000
100 000
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
Carte 1 - Distribution géographique des principaux
flavivirus de l’ancien monde (hors dengue)
Département
International &
Tro
p
ical
Département
International &
Tro
p
ical
Viroses
émergentes
3. ALPHAVIRUS
3.1. CHIKUNGUNYA
Le chikungunya est endémo-épidémique dans
de nombreux pays d’Asie du Sud-Est et du
sous-continent indien.
A ce jour, le virus n’a été identifié ni dans les
îles du Pacifique ni en Australie.
Contact : Département International et Tropical, < [email protected]>
2
3.2. AUTRES ALPHAVIRUS
Les virus Ross River et Barmah Forest sont
endémiques en Australie (cf. notes spécifiques)
Dans de nombreux pays de la région, la
surveillance des arboviroses est
essentiellement clinique. En l’absence de
signes cliniques spécifiques notamment avec la
dengue ou le chikungunya, l’incidence réelle et
l’écologie de ces virus reste mal connue.
Toutefois, les épidémies notamment de Ross
River qui ont déjà affectées les îles du
Pacifique illustrent le potentiel épidémique de
ces virus.
4. HENIPAVIRUS
Les virus Nipah et Hendra ont été identifiés
pour la première fois dans les années 1990.
Contrairement aux arbovirus mentionnés
précédemment, les virus Nipah et Hendra ne
sont par transmis par des insectes piqueurs.
A ce jour, 12 épidémies d’infection à virus
Nipah ont été décrites essentiellement dans le
sous continent indien (Cf. note Nipah).
Plus de 500 cas ont été décrits avec une létalité
de 50%.
Les cas humains surviennent principalement :
9 Au contact d’animaux infectés notamment
les porcs).
9 Par la consommation d’aliments souillés par
des excréta de chauves-souris.
9 Par transmission interhumaine (contact
rapprochés). Ce mode de transmission a été
décrit dans la plupart des épisodes survenus
au Bangladesh et en Inde.
La survenue des épidémies d’henipavirus est,
favorisée par les changements apportés par
l’homme dans son écosystème.
En raison de l’étendue de l’aire de répartition
géographique des chauves-souris frugivores
qui constituent le réservoir naturel de ces virus,
une extension géographique de ces deux
pathologies notamment vers les îles du
Pacifique et de l’océan Indien ne peut être
exclue.
Carte 2 – Répartition géographique du chikungunya
5. LYSSAVIRUS
La plupart des îles du Pacifique Sud (y
compris l’Australie et la Nouvelle Zélande)
sont considérées comme exemptes de rage.
Pour la 1ière fois en 1996, un lyssavirus
(Australian Bat lyssavirus, ABLV) a été isolé
chez une espèce résidente de chauves-souris
frugivore.
2 cas humains d’infection autochtone par un
ABLV ont été décrits en 1996 et en 1998 dans
le Queensland. Ces deux personnes, toute deux
décédées avaient été mordues ou griffées par
des chauves-souris.
6. AUTRES VIRUS
D’autres virus sont régulièrement identifiés
dans la région. Ainsi en 2006, en Malaisie, un
nouveau, baptisé virus Melaka, a été à l’origine
d’un épisode épidémique avec une suspicion
de transmission interhumaine.
9 Le cas index avait été en contact avec une
chauve-souris dans la semaine précédant
l’apparition des symptômes.
9 Sept jours après le début des symptômes de
ce premier cas, plusieurs membres de sa
famille (3 cas confirmés 4 cas cliniques) ont
présenté la même symptomatologie.
7. COMMENTAIRES
L’exemple récent de l’épidémie de chikungunya
dans l’Océan Indien illustre la nature des risques
posés par des viroses émergentes notamment pour
les territoires français du Pacifique et de l’Océan
Indien.
8. NOTES COMPLEMENTAIRES
Arboviroses Non vectorielle
Barmah Forest
Encéphalite japonaise
Kunjin
Kyasanur
Murray Valley
Ross River
Zika
Nipah
Hendra
Melaka
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3
Barmah Forest
Australie
27 mars 2008
1) VIRUS BARMAH FOREST
Le virus Barmah Forest porte le nom d’une forêt située
dans la vallée de la rivière Murray située entre les Etats
de Nelle Galles du Sud et de Victoria. Il a été identifié la
1ière fois chez des moustiques en 1974 et chez l’homme
en 1986.
Genre : Alphavirus.
Vecteur : Moustiques Culex spp, Aedes spp
Réservoir : Inconnu, probablement marsupiaux.
Répartition géographique :
9 Circulation documentée uniquement en Australie
9 Endémique dans le nord de l’Australie et certains
districts côtiers.
9 Des cas importés (2 en 2005, 1 en 2004) ont été
rapportés en Nelle Zélande (tous au retour d’un
séjour en Australie).
Période d’incubation : 7-10 jours.
Saisonnalité : la plupart des infections surviennent
durant l’été et l’automne australs (janvier-mai).
Clinique : Très proche des infections à virus Ross
River (cf note):
9 Les formes asymptomatiques sont fréquentes
9 Les signes les plus fréquents sont : arthralgies,
rash cutané, léthargie. Certains cas sont
apyrétiques.
9 Les arthralgies peuvent persister plus de 6 mois.
Immunité : L’infection procure une immunité
durable.
Létalité : Aucun cas mortel n’a été rapporté.
Diagnostic : Sérologie, PCR et isolement viral.
Réactions croisées avec les autres Alphavirus.
Traitement / Vaccin : Pas de traitement spécifique
ni de vaccin.
2) EPIDEMIOLOGIE
En 2006, 2 121 cas d’infection à virus Barmah
Forest ont été notifiés en Australie, soit 1,7 fois
plus que la moyenne des 5 années précédentes. Les
incidences les plus élevées ont été rapportées dans
le Northern Territory et le Queensland avec
respectivement 61 et 28 cas/100 000/an.
En 2008 : Du 1er janvier au 29 février, 484 cas
d’infection à virus Barmah Forest ont été notifiés
en Australie, soit une augmentation 48% par
rapport à la même période en 2007 et de 25% par
rapport à la même période en 2006. Le Queensland
et la Nelle Galles du Sud sont les Etats les plus
touchés avec respectivement 63% et 25% des cas
notifiés depuis le début 2008.
Figure 1 - cas annuels d’infection à virus Barmah Forest,
1995 – 2008, Australie
0
500
1000
1500
2000
2500
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008*
* Données au 17 mars 2008
Source : Ministère australien de la santé
Carte 1-Taux de notification des infections à virus Barmah
Forest, par lieu de résidence, 1er juillet 2005 - 30 juin 2006
Source : Ministère australien de la santé
Figure 2 - Cas cumulés d’infection à virus Barmah Forest
par mois de notification 1995-2007, Australie
0
500
1000
1500
2000
2500
Jan Feb Mar Apr May Jun Jul Aug Sep Oct Nov Dec
Source : Ministère australien de la santé
Département
International &
Tro
p
ical
Département
International &
Tro
p
ical
Barmah
Forest
Contact : Département International et Tropical, < [email protected]>
4
Ross River
Australie - Pacifique
27 mars 2008
1) VIRUS ROSS RIVER
Le virus Ross River porte le nom de la zone du
Queensland où il a été identifié la 1ière fois chez des
moustiques en 1959, puis chez l’homme en 1971.
Genre : Alphavirus.
Vecteur : Moustiques : Culex spp., Aedes spp.,
Réservoir : Marsupiaux (kangourous, wallabies,
opossums etc.) chauves-souris et rongeurs.
Répartition géographique :
9 Endémique en Australie, en Papouasie-Nelle
Guinée et aux îles Salomon.
9 Epidémique dans les îles du Pacifique. En 1979
1980 – une épidémie (50,000 cas) a touché le
Pacifique notamment les Iles Cook, Fiji, la Nelle
Calédonie, les Samoa et Wallis-et-Futuna. Le
virus aurait également circulé au Vanuatu.
9 Des cas importés (1 en 2005, 5 en 2004) ont été
rapportés en Nelle Zélande (tous au retour d’un
séjour en Australie).
Période d’incubation : 7-10 jours.
Saisonnalité : Principalement durant l’été et
l’automne australs (janvier-mai), mais peut
survenir toute l’année en fonction des zones.
Clinique : Proche des infections à virus Barmah
Forest:
9 Les formes asymptomatiques sont fréquentes;
9 Les signes les plus fréquents sont : arthralgies,
rash cutané;
9 La fièvre n’est pas toujours présente;
9 Les arthralgies peuvent persister jusqu’à un an.
Immunité : l’infection procure une immunité
durable
Létalité : aucun cas fatal n’a été rapporté.
Diagnostic : Sérologie, PCR et isolement viral.
Réactions croisées avec les autres Alphavirus
Traitement / Vaccin : Pas de traitement spécifique
ni vaccin.
2) EPIDEMIOLOGIE
Le Ross River est l’arbovirose la plus fréquente en
Australie où il représente en moyenne 70% des
notifications d’arboviroses.
En 2006, 5 492 cas d’infection à virus Ross River
ont été notifiés en Australie, soit 1,8 fois plus que
la moyenne des 5 années précédentes.
En 2008 Du 1er janvier au 29 février, 1 670 cas
d’infection à virus Ross River ont été notifiés soit
deux fois plus que pour la même période en 2007.
Les Etats les plus touchés sont le Queensland et la
Nelle Galles du Sud avec respectivement 56% et
22% des cas notifiés depuis le début 2008.
Figure 1 - Cas annuel d’infections à virus Ross River,
1993-2008, Australie
0
2 000
4 000
6 000
8 000
10 000
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008*
* données au 17 mars 2008
Source : Ministère australien de la santé
Carte 1- Taux de notification des infections à virus Ros
s
River, par Etat, 1er juillet 2005 au 30 juin 2006
Source Ministère australien de la santé
Figure 2- Cas cumulés d’infection à virus à Virus Ross
River, par mois de notification 1995-2006, Australie
0
4 000
8 000
12 000
16 000
Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Aou Sept Oct Nov Déc
Source Ministère de la santé
Département
International &
Tro
p
ical
Département
International &
Tro
p
ical
Ross
River
Murray Valley
Australie - Pacifique
27 mars 2008
Contact : Département International et Tropical, < [email protected]>
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1. VIRUS MURRAY VALLEY
Le virus Murray Valley a été identifié la 1ière fois
chez l’homme en 1951, dans la vallée de la rivière
Murray (Etats de Victoria et South Australia).
Genre : Flavivirus. Le virus Murray Valley
appartient au groupe antigénique de
l’encéphalite japonaise (comme les Virus West
Nile et Kunjin).
Vecteur : Moustiques principalement Culex (en
particulier C. Annulirostris), Aedes spp,
Réservoir : Oiseaux d’eau.
Répartition géographique :
9 Isolé uniquement en Australie et en Papouasie
Nelle Guinée.
9 Le virus pourrait également être présent en
Indonésie.
Période d’incubation : 5-28 jours.
Clinique :
9 La plupart des infections sont
asymptomatiques (1 forme clinique pour 500 à
1000 infections).
9 Les signes cliniques de l’encéphalite Murray
Valley sont : fièvre élevée d’apparition brutale,
céphalées raideur de la nuque pouvant évoluer
vers des convulsions, le coma, des paralysies
et le décès.
9 Les formes graves sont plus fréquentes chez
les enfants.
Létalité : Environ 25% des formes
symptomatiques.
Séquelles neurologiques : Chez 50% des
survivants.
Immunité : L’infection procure une immunité
durable.
Diagnostic : Sérologie, PCR et isolement viral.
Réactions croisées avec les autres flavivirus
(notamment Kunjin, West Nile et dengue).
Traitement / Vaccin : Pas de traitement
spécifique, ni de vaccin.
2. EPIDEMIOLOGIE
Depuis 1917, plusieurs épidémies attribuées au
virus Murray Valley ont été décrites (tableau 1).
Au cours de la dernière épidémie, survenue en
1974, des cas avaient été confirmés dans tous
les Etats australiens (sauf en Tasmanie).
Depuis 1974, des cas sont sporadiquement
identifiés en Australie.
Entre le 1er janvier 2001 et le 17 mars 2008, 12
cas humains d’encéphalite à Murray Valley ont
été notifiés en Australie (figure 1).
Depuis 1992, un système sentinelle de
surveillance (entomologique et poulets) a été
mis en place.
En février 2008, du virus Murray Valley a été
isolé en Nelle Galles du Sud chez des
moustiques.
Tableau 1 -Epidémies d'encéphalite Murray
Valley, 1917-1974 Australie
Cas décès Létalité
1917 114 -
1918 67 -
1925 10 - 68%
1951* 48 19 40%
1974* 58 13 22%
* cas confirmés biologiquement
Source Ministère Australien de la santé
Figure 1 - Infections à Virus Murray Valley,
2001 - 2008, Australie
0
1
2
3
4
5
6
7
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008*
* Données au 17 mars 2008
Département
International &
Tro
p
ical
Département
International &
Tro
p
ical
Murray
Valley
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