CAHIER INDUSTRIES Les cahiers Industries sont disponibles en téléchargement sur Internet : www.industrie.gouv.fr/accueil.htm SUPERSTOCK COMMENT INVESTIR A L’ETRANGER L es entreprises françaises sont largement implantées hors de l’Hexagone. Les grands groupes mais aussi les PME. Comment doivent-elles se préparer à cette démarche ? A quelles difficultés doivent-elles s’attendre ? Quels sont les appuis institutionnels et financiers ? Pour y voir plus clair, Industries a choisi de présenter les témoignages d'entreprises ayant réussi leur implantation dans une sélection non exhaustive de quatre destinations phares : l’Australie, Singapour, le Maroc et la République tchèque. Autant de pays où les petites et moyennes entreprises peuvent raisonnablement espérer se développer, car elles y trouvent un environnement politique et juridique favorable, des coûts de production avantageux et des perspectives de développement sur des marchés plus larges. Ce dossier a été réalisé dans le courant de l’été, avant les récents événements internationaux. Par Laurence Alary-Grall, Florence Pijaudier-Cabot et Janine Toffin-Payne. • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 PAGE 11 CAHIER INDUSTRIES Les entreprises françaises sont aujourd’hui présentes dans 133 pays. Présentes sur la quasi-totalité du globe, les PME, à la suite des grands groupes, s’implantent dans les pays développés mais les opportunités des marchés émergents les attirent également. Tour d’hori- es entreprises françaises prennent pied partout dans le monde. Avec 47,9 milliards d’euros, la France était, en 2000, le second pays de l'OCDE à investir à l'étranger, derrière le Royaume-Uni et devant les Etats-Unis. Une position qu’elle occupe en couvrant la quasi-totalité du globe : selon les résultats 2000 du recensement effectué tous les deux ans par les postes d'expansion économique (PEE), les entreprises françaises étaient présentes dans 133 pays, à travers 19 177 filiales et employaient 3,5 millions de salariés. Des implantations en augmentation de 21 % depuis la précédente enquête. Ces investissements ne sont pas l’apanage des seuls grands groupes : les PME de 10 à 250 salariés développent, elles aussi, une stratégie dynamique à l’échelle mondiale. Elles représentent 32 % des implantations et 11 % des effectifs. La moitié d’entre elles a moins de 29 salariés. Où les entreprises préfèrent-elles s’installer ? Leurs zones de prédilection : les pays développés. EtatsUnis, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Belgique concentrent à eux seuls 50 % des effectifs. « L'Europe reste la destination privilégiée, constate Bertrand de Cordoue, sous-directeur Europe-Afrique-Moyen-Orient à la direction des Relations économiques extérieures D. MAILLAC/RÉA zon et zoom sur la Chine. L PAGE 12 (DREE). Logique : l'environnement juridique y est particulièrement rassurant. » Ainsi, les flux d'investissements directs français vers l'Union européenne ont doublé entre 1999 et 2000 (18 M€). En tête, le Royaume-Uni, suivi par l'Allemagne. Les entreprises françaises anticipent l’élargissement de l’UE. « Elles investissent en Europe centrale et orientale, à la faveur d'une plus grande stabilité politique et de bonnes conditions d'implantation, telle l'existence d'une main-d'œuvre qualifiée et bon marché », remarque Bertrand de Cordoue. La Pologne est le 7e pays d'implantation des filiales françaises, de plus en plus nombreuses aussi en Roumanie (49 000 personnes) et en République tchèque (35 000). Une progression notable est également enregistrée en Croatie, Slovaquie et dans les Pays baltes. La présence française s’affirme aussi hors Europe. Premier pays d'accueil : les Etats-Unis, avec 26 % des effectifs des filiales françaises. Au Japon, le nombre des filiales françaises a doublé entre 1992 et 2000, année pour laquelle on compte 50 nouvelles implantations. Avec deux opérations d'envergure (achat de Newbridge par Alcatel et de Seagram par Vivendi), la France devient le 2e investisseur étranger au Canada. Enfin, entre 1998 et 2000, les entreprises françaises ont accru leur présence en Australie et en Nouvelle Zélande, où elles emploient 55 000 personnes. Les marchés émergents (Asie, Amérique latine, MoyenOrient) représentent enfin de réelles opportunités. Les effectifs des filiales françaises progressent de 42 % dans ces zones. L'Amérique latine est la première En 2000, le Japon a accueilli 50 nouvelles implantations françaises. OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 • D. MAILLAC/RÉA Les entreprises françaises sur le CAHIER INDUSTRIES zone d'emploi dans les pays non industrialisés avec 400 000 personnes, soit 11 % de l'effectif total. Premiers bénéficiaires : le Brésil et l'Argentine suivis du Mexique et du Chili. La région est marquée toutefois par une légère désaffection, du fait de la crise économique. Dans la perspective de sa prochaine adhésion à l'OMC, la Chine a fortement attiré les implantations françaises dont le nombre a augmenté de 40 % par rapport à 1998. Globalement, l'Asie rassemble 9 % des salariés de filiales françaises à l'étranger, avec des évolutions contrastées. Contexte politique oblige, on enregistre un ralentissement en Malaisie, Indonésie et aux Philippines. Singapour reste un lieu très sûr pour les investissements étrangers. L'Inde, la Corée du Sud et le Viêt-Nam connaissent un afflux d'investissements. Toujours parmi les pays émergents, le Proche et Moyen-Orient sont en forte progression (2 % des effectifs totaux). La Turquie, notamment, a enregistré une augmentation des effectifs de 42 %. Le Liban, de retour à la stabilité politique, constitue également une destination attirante. L'Afrique est en diminution, mais l'implantation française y reste tout de même importante avec 260 000 personnes employées. Il y a peu de nouveaux entrants dans ce continent. Les PME en place y sont installées depuis longtemps. Ces données soulignent la poursuite du mouvement d’internationalisation des entreprises françaises. Pour Bertrand de Cordoue « elles démontrent leur capacité à faire évoluer leur implantation géographique en fonction de la dynamique des marchés. Et les PME, loin d’être en retrait, sont souvent les plus mobiles ». F. P.-C. A CONSULTER www.minefi.gouv.fr La Chine : des potentialités mais un marché difficile 'effet jeux Olympiques pourrait encore bien donner des points à la Chine, qui occupe désormais la 6e place des pays d'accueil des investissements français dans le monde. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 330 milliards de dollars d’investissements étrangers réalisés en 2000. Un marché aux potentialités gigantesques (1,25 milliard d’habitants), qui prend des allures de nouvel Eldorado pour les investisseurs du monde entier. La répartition sectorielle des investissements correspond à des industries à faible intensité capitalistique (textile, jouets…). Toutefois, un rééquilibrage au profit des produits à plus haute valeur ajoutée commence à se manifester (électronique, électroménager, automobile…), traduisant la montée en puissance de la Chine comme sous-traitant et futur concurrent des pays développés. Les entreprises françaises présentes, particulièrement dans les régions de Shanghaï et Canton, sont souvent de grands groupes aux reins solides, qui suivent une logique de consolidation de leurs implan- SIPA L Des secteurs comme l’électronique et l’électroménager se développent de plus en plus en Chine. Mission avec la CGPME a Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) et son antenne des Yvelines (78) participent, du 20 au 24 novembre prochain, à l’exposition France-Chine qui se tiendra à Pékin. Cette mission permettra de développer les liens avec les PME chinoises et de finaliser des protocoles d’accord conclus en 2000. Contact : CGPME 78 - Sandrine, tél. : 01 34 83 88 48. L • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 tations. Ils emploient actuellement 85 000 personnes. Peter Hook, directeur de la communication du groupe Accor Asie-Pacifique témoigne : « Accor est en Chine depuis 1985. Nous avons peiné, et beaucoup investi. Aujourd’hui, nous sommes récompensés de nos efforts, parce qu’être fort en Chine, c’est être fort partout dans le monde ». Les PME/PMI s'intéressent également au marché chinois, notamment dans les secteurs de la chimie, de la pharmacie, des transports et des nouvelles technologies. Elles s'implantent par le biais de bureaux de représentation et bénéficient du déploiement rapide de structures d'accueil qui leur sont dédiées par les collectivités territoriales et les fédérations professionnelles chinoises. Des opportunités pour approcher le marché chinois se développent. Parmi elles : le portage via Partenariat France proposé aux PME par 36 grands groupes français, les missions initiées par le réseau consulaire ou les fédérations professionnelles françaises. Mais attention, préviennent les experts : même si la Chine en entrant cette année dans l’Organisation mondiale du commerce a fait le choix de plus d’ouverture, de plus de transparence et de plus d’efficacité économique, elle reste marquée par un environnement difficile, où les codes culturels restent très présents. Un marché à, donc, aborder avec prudence, patience et humilité. F. P.-C. PAGE 13 ÉTAT DES LIEUX devant de la scène Quel pays d’implantation ? Investir à l’étranger, oui mais où ? Comment ? Et selon quel mode juridique ? Il faut bien connaître les atouts et les inconvénients du pays et adapter sa stratégie à chaque situation. Enquête dans Réduire les coûts de production quatre pays : Australie, Maroc, République tchèque et Singapour. ’identification de la zone géographique où investir est primordiale. La plupart des entreprises décident de s’implanter dans tel ou tel pays, en fonction d’une stratégie mondiale ou régionale de conquête de nouveaux marchés. Nombreuses sont les PME qui quadrillent ainsi systématiquement le monde. C’est le cas de FM Logistic, une entreprise de transport, trop à l’étroit en France, qui a créé une filiale en République tchèque pour trouver de nouveaux débouchés et une concurrence moins forte. Ou d’Imtec, un équipementier automobile de second rang spécialisé dans l’injection plastique et la découpe des métaux, qui s’est, lui aussi, implanté en Tchéquie pour se rapprocher de ses clients d’Europe de l’Est (Autriche, Hongrie, Pologne). Certains pays constituent par ailleurs une véritable tête de pont pour pénétrer des marchés réputés dif- ficiles. Singapour est une des portes d’entrée privilégiée vers l’Asie, notamment du Sud-Est. De même, si du fait de l’éloignement, l’Australie n’est pas un avantposte idéal pour pénétrer les marchés asiatiques, une entreprise qui aura réussi en Australie bénéficiera de préjugés favorables auprès de la clientèle asiatique. Idem pour la Pologne, qui, du fait de sa position géographique au cœur de l’Europe centrale et orientale, constitue une intéressante plate-forme régionale. « La réussite d’une entreprise étrangère en Pologne conforte souvent sa crédibilité dans les pays voisins : Biélorussie, Ukraine, Russie », indique Jean Mailly, directeur général d’Auchan Pologne-Russie. Réduire ses coûts de production est un autre motif tout aussi évident pour s’implanter à l’étranger. Exemple : Pellenc SA, équipementier de la viti et oléiculture. Implantée depuis une quinzaine d’années sur les principaux lieux de production vinicoles d’Europe, de Californie et d’Australie, la PME envisage de délocaliser une partie de sa production en Asie, coûts de production obligent. Autre exemple : la République tchèque ou encore la Pologne et le Maroc où l’écart des salaires explique la plupart des implantations. Mais, attention à bien faire ses calculs. A vérifier que les coûts de formation ne seront pas trop lourds. Et que les infrastructures du pays « tiennent la route ». C’est notamment un des points forts de la République tchèque, qui dispose d’une autoroute traversant tout le pays, ce qui n’est pas le cas de ses voisins Hongrie, Pologne, encore moins de la Roumanie. Ne pas oublier non plus que la maîtrise de la chaîne logistique est un élément déterminant dans la conquête des marchés. Surtout quand le pays est aussi vaste que l’Australie. Prendre soin de respecter la parole donnée avec les distributeurs, qui ne pardonnent aucun manquement. « Nous sommes très bons en France pour la fabrication industrielle mais il faut sans doute mettre davantage de matière grise sur la vente et tous les services annexes qui constituent à eux seuls, en dehors de la qualité des produits, 50 % d’une démarche réussie à l’exportation », remarque Louis-Michel Morris, à la tête du PEE de Sydney. D’une manière L Conquérir de nouveaux marchés Les salons professionnels à l’étranger (ici, le Salon Cebit 2000 à Hanovre) : un bon moyen d’appréhender un pays. LANGROCK-LAIF/RÉA CONSEILS CAHIER INDUSTRIES PAGE 14 OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 • générale, l’environnement économique, politique et juridique du pays pèse lourd dans les choix d’implantation. L’Australie est un des marchés les plus attractifs et les plus sûrs de la région AsiePacifique : un cadre politique et juridique anglosaxon particulièrement favorable, une conjoncture qui l’est également et la présence massive de ténors de l’économie française qui font que le stock d’investissements français est l’un des plus importants d’Asie. A Singapour, le gouvernement favorise activement les investissements étrangers : ici, on crée son entreprise en trois jours, et on peut obtenir d’importantes subventions selon le secteur et le type d’activité. « L’économie singapourienne est capable de monter en gamme et rebondir très rapidement suite à un choc. Ces atouts s’expliquent notamment par la politique économique très proactive du gouvernement, qui a une vision à long terme et des marges de manœuvre importantes, contrairement à d’autres pays de la région », observe Didier Janci, responsable du PEE à Singapour. Même constat pour la République tchèque : la situation politique et économique est stabilisée, la monnaie (couronne) tchèque se porte bien, l’inflation est maîtrisée et le pouvoir d’achat augmente. Pour sa part, la Pologne « a dû montrer patte blanche pour gagner son ticket d’entrée dans l’Union européenne, indique Michel Marbot, président de Danuta, leader des pâtes alimentaires en Pologne, elle allie désor- I. SIMON/SIPA PRESS CAHIER INDUSTRIES Choisir des pays stables Signe positif pour investir à l’étranger : l’augmentation du pouvoir d’achat. mais stabilité politico-économique et cadre juridique fiable ». Quant au Maroc, il bénéficie d’une action très forte du gouvernement français pour encourager les PME à investir sur place, saluant par là-même les efforts accomplis par le pays dans la modernisation de ses structures économiques et institutionnelles. Encore faut-il choisir le bon moment pour s’implanter. En République tchèque, les Français arrivent quelquefois un peu tard, après les Anglais, les Hollandais ou les Allemands. Résultat : beaucoup de places sont déjà prises. F. P.-C., L. A.-G. et J. T.-P Petit guide de la première approche Ne pas improviser son départ. Exemple : même si l’Australie est considérée comme une destination assez facile, il faut savoir que le taux de survie à la première année des « small » et « medium entreprises » (nos PME) est de 33,36 %, contre 50 % en France. Et dans le cas des franchises, ce chiffre peut atteindre 76,5 %. La clef de la réussite : des préparatifs très minutieux. S’entourer de conseils. Préparez soigneusement votre démarche depuis la France avec des partenaires tels que le CFCE, les DRCE, les CCI, les CCE (conseillers du commerce extérieur). Contactez également les services de l’ambassade du pays sélectionné ; l’Economic Developpement Board singapourien possède notamment un bureau à Paris. Avec le CFME-Actim (devenu Ubifrance depuis le 1er octobre), participez aux salons professionnels à l’étranger. Pour réaliser vos études de marché, vous ne manquerez pas d’utiliser les moyens mis à votre disposition par les PEE, spécialistes de la première approche, ainsi que les chambres franco-étrangères de commerce et d’industrie. A Sydney, ce dispositif, complété par l’action d’un consultant français, BMD, permet de pallier très efficacement les distances. N’oubliez pas de surfer sur internet avant d’attaquer le Pacifique. Pensez aussi au portage, toutefois réservé aux entreprises ayant déjà une première expérience à l’international. Partir en missions de prospection. Le moment est venu de vous rendre sur place. Contactez les organismes qui • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 peuvent vous fournir des études sectorielles approfondies (PEE, chambres de commerce, consultants, Medef international). Au besoin, partez avec eux dans le cadre de voyages organisés. « Les missions de prospection ne se résument plus à quelques déjeuners plantureux et soirées au théâtre. Aujourd’hui, on propose des missions de confirmation qui ont beaucoup plus d’impact », souligne Christophe Duday, à la French Australian Chamber of Commerce and Industry, qui développe des prestations intéressantes pour le compte des PME françaises : prospection, démonstration d’échantillons de produits… Faire preuve de patience. Prévoyez au moins six mois pour initier un courant d’affaires. Cela représente des frais, et suppose de choisir qui vous représentera sur place. Expatrier un salarié ? Embaucher un représentant local ? Toutes les solutions existent, et présentent avantages et inconvénients, selon les pays. A première vue, envoyer un Français peut paraître plus sûr mais choisir un local peut quelquefois faciliter les démarches. Reprendre une entreprise, s’associer à un partenaire dans le cadre d’une « joint-venture » peut s’avérer parfois plus judicieux que de créer sa propre entreprise. Un cédant ou un associé polonais vous ouvrira toujours des portes que vous n’auriez pu ouvrir seul. Autre avantage : il vous mettra en relation avec ses clients. Enfin, faut-il faire appel à un consultant ? La réponse sera souvent oui. PAGE 15 CAHIER INDUSTRIES Prononcer quelques mots dans la langue locale est toujours très apprécié. BROWN/SABA/RÉA CONSEILS Comment s’implanter ? L e site S’implanter, c’est d’abord trouver un bureau. Ou un terrain lorsqu’il s’agit de création d’entreprise. Dans certains pays, trouver quelques mètres carrés peut être un véritable casse-tête, et surtout, hors de prix. Comme à Singapour où l’immobilier est rare et cher et où le French Business Center, pépinière d’entreprises, peut être une solution avantageuse (lire encadré p.17). Autre souci : le permis de construire, une formalité qui, pour des raisons administratives, peut prendre plusieurs mois comme en Tchéquie, voire plus d’une année au Maroc où le régime foncier s’avère très complexe du fait notamment de l’imbrication de textes récents et d’usages issus du droit patrimonial traditionnel, basé sur le droit musulman, ainsi que de la multitude de services gouvernementaux. L a langue C’est souvent la difficulté majeure. En Australie, où les Français sont vite taxés d’arrogance, le minimum est de se mettre à la portée des « businessmen ». Partout, une excellente maîtrise de l’anglais est incontournable. A Singapour, où Malais, Chinois et Indiens cohabitent, le trait d’union est la langue anglaise. En Pologne, l’anglais est la langue commerciale la plus couramment utilisée mais une loi impose le polonais pour les contrats lorsque l’une des parties est polonaise. Plus généralement, il est du meilleur effet de prononcer quelques mots dans la langue locale lors d’une négociation. En République tchèque, la connaissance du tchèque est fortement recommandée. Le français est l’atout n°1 au Maroc. L es appuis Il est souvent difficile de démarrer sans l’aide d’un avocat et d’un expert-comptable. Notamment en Australie, où selon l’esprit anglo-saxon, c’est le contrat qui prévaut et en République tchèque où la réglementation change sans arrêt. En Pologne, c’est d’un fiscaliste dont on a besoin : le droit fiscal est très technique et sujet à interprétations multiples. D’autant qu’il n’existe souvent aucune jurisprudence et qu’aucune doctrine ne prévaut. Au Maroc, il vaut mieux suivre les conseils d’une société fiduciaire. Elles sont nombreuses et souvent de culture franco-marocaine. Elles permettent d’éviter les pièges de l’administration marocaine et servent d’entregent auprès des autorités locales. Ne pas oublier l’ambassade de France. Les services des PEE peuvent apporter une aide précieuse. PAGE 16 OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 • Le French Business Center ingapour cumule les atouts pour attirer les investisseurs étrangers : une situation géographique stratégique, des infrastructures de transport hors pair, le meilleur accueil réservé aux talents étrangers, une organisation des affaires très occidentalisée et une maind’œuvre qualifiée dans la plupart des secteurs. Seule ombre au tableau, le coût exorbitant de l’immobilier. Pour pallier cet inconvénient, le réseau des CCI a mis en place, depuis six ans, une structure d’accueil privilégiée, le French Business Center (FBC) pour accompagner le développement des PME françaises à Singapour et en Asie du Sud-Est, de la phase initiale de prospection jusqu’à leur implantation. Au cœur de Chinatown et du quartier des affaires, le FBC offre 1 500 m2 de bureaux équipés… et climatisés, avec secrétariat et salle de réunion, le tout avec une flexibilité totale dans la durée du bail. En tant que centre d’affaires, le FBC donne accès à son service de consultants, à l’assistance d’experts et aux service de l’ambassade de France, du PEE notamment. Alexandra Bouthelier, directrice du FBC souligne : « Notre but est de dégager les entreprises des contraintes logistiques de sorte qu’elles puissent se concentrer sur les opportunités d’affaires, et la conquête de nouveaux marchés ». Un « cocooning » très apprécié. Ainsi MDS Pharma Central Lab qui démarre, depuis son bureau de représentation au FBC, l’installation d’un laboratoire d’analyses biologiques en Asie. Chantal Raffy, la directrice générale explique : « Pour moi qui suis toujours entre deux avions, le FBC est la meilleure solution : il s’occupe de toutes mes démarches administratives, de mes visas, de mes problèmes logistiques, de logement ou de recrutement. Et grâce à lui, je rencontre tous les membres de la communauté d’affaires ». Des services qui ont eu, depuis leur création, les faveurs de plus de cent entreprises françaises. Contact : www.fbcsingapore.com BESSARD/RÉA CAHIER INDUSTRIES S D. R. Une bonne connaissance de la culture du pays choisi permet d’éviter certaines erreurs et maladresses. Il est inévitable. Alors autant s’y préparer pour le maîtriser au mieux. « Les Australiens sont très conviviaux, confie Roger Pellenc, équipementier de la viti et oléiculture. Le networking compte beaucoup : parties de golf, séjours linguistiques d’enfants pendant les vacances… Attention, ils vous appellent systématiquement par votre prénom, mais restent de redoutables hommes d’affaires. » Avec les Tchèques, c’est tout aussi subtil : « Il vous faut gagner leur confiance par l’humilité, c’est un peuple très fier. C’est aussi un peuple qui garde toujours ses distances par rapport aux étrangers, il faut le savoir et ne pas s’imaginer s’intégrer complètement », note Pierre-Alexis Messmer, vice-président d’Imtec délégué aux opérations internationales. Les Polonais, eux, fonctionnent à l’affectif : « En Pologne, le réseau est roi, le non-écrit primordial et la confiance, la clé de toute relation, explique Janus Przyklang, PDG du cabinet de conseil Hogart. Une négociation réussie est une négociation qui se déroule entre amis. Mais les Polonais n’obéissent pas à une logique cartésienne : ils peuvent très bien revenir le lendemain sur tout ce qu’il ont négocié la veille… ». En Asie, la vertu cardinale est la patience : « Les gens pressés perdent de l’argent. Il ne faut pas espérer réaliser rapidement de super profits. On peut réaliser une croissance très rapide, mais uniquement sur des produits nouveaux sans équivalents locaux », résume Etienne Chenevier, directeur AsiePacifique du groupe Luzenac, un familier du continent. Quant aux Marocains, ils sont d’un abord d’autant plus facile que la barrière de la langue n’existe pas. Mais ne pas trop se fier à cette proximité immédiate : « Les Marocains ont une culture des affaires différente de la nôtre : si la plupart des expériences de partenariat réussissent, certains projets ne résistent pas aux différences culturelles dont l’importance est parfois sous-estimée », prévient Michel Derrac, chef de la mission économique et financière de Rabat. PAGE 17 ▲ • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 L e « choc culturel » L e personnel es candidats français à l’implantation en Australie ont de la chance. A Sydney, ils bénéficient, en aval du PEE plutôt concentré sur l’aide à la première approche, d’un cabinet spécialisé dans le conseil, Bruno Mascart Distribution (BMD) qui travaille en partenariat avec son équipe française basée à Nantes. Ils évitent ainsi un obstacle majeur : les 18 000 kilomètres et 23 heures de vol qui séparent les deux pays. « Nous sommes sur place, c’est important pour les clients australiens », observe Jean Philippe Grange, un de ses animateurs, ancien du PEE. L D. R. Comment recruter et gérer la main-d’œuvre locale ? Sur ce plan-là, la République tchèque dispose d’un capital en or : une main-d’œuvre d’un niveau technique élevé, remarquablement formée par les écoles professionnelles tchèques et qui a soif d’apprendre et de progresser. Autre atout du pays : une situation de l’emploi encore favorable car la privatisation et la fermeture d’anciens secteurs industriels, notamment miniers, ont laissé beaucoup d’opérateurs de production sans emploi. Revers de la médaille : rompus depuis des années à l’obéissance passive, ils sont paniqués par la prise de responsabilités. D’où l’importance de la stratégie de communication de l’entreprise qui s’implante. « Les forces vives sont là, elles ne demandent qu’à être réveillées. A nous de donner sa chance à chacun », remarque Pierre-Alexis Messmer. Autre pays, autre histoire. A Singapour, Olivier Laurence, PDG de Mycosphère n’arrive pas à se développer autant qu’il le voudrait, bien qu’il double son chiffre d’affaires tous les ans, parce qu’il a du mal à trouver du personnel qualifié et stable dans son domaine, les biotechnologies : « La main-d’œuvre asiatique est très volatile. Elle saute de job en job, à la recherche du salaire le plus attractif, et n’hésite pas à changer dès lors qu’on lui propose un meilleur contrat ». Pour certains ingénieurs chinois et indiens, qui abondent dans le secteur des technologies de l’information, Singapour est considéré comme une porte d’entrée vers les EtatsUnis. Dès lors qu’ils obtiennent leur visa, ils émigrent sans attendre l’échéance de leur contrat… En Australie aussi, il est parfois difficile de re cru te r. Le ple in emploi est quasi atteint dans les grandes villes comme Sydney (moins de 5 % de chômage). Et l’agence de recrutement, un passage obligé. Le « casual staff » (travail intérimaire) est très développé de même que le travail à la semaine. Patrick Poireau, président Asie Pacifique de Sodhexo explique : « On ne peut pas soumettre les Australiens au même stress que les Français. Ici, le travail d’équipe est plus important, la hiérarchie moins marquée, et les horaires plus souples ». Au Maroc, le problème est totalement différent : la main-d’œuvre existe mais la grande difficulté, c’est le dialogue social. Des lois sur le travail obsolètes conduisent souvent à la confrontation. Ambiance sociale plus paisible en Pologne. « Le marché du travail est ouvert et le personnel compétent, indique Yves Rica, président d’Altadis, filiale de la Seita, le seul problème vient des seniors, peu enclins au changement et très attachés à leurs acquis. » L. A.-G., F. P.-C. et J. T.-P. BMD : un consultant français à Sydney Fillon Pichon (fabricant de mélangeurs de peintures industrielles), une des entreprises aidées par BMD. BESSARD/RÉA CONSEILS CAHIER INDUSTRIES PAGE 18 En République tchèque, les écoles professionnelles ont formé une main-d’œuvre très compétente. Le cabinet offre des prestations particulièrement utiles : étude et prospection, maîtrise des circuits de distribution, développement des ventes, domiciliation commerciale, implantation. « Les dirigeants ne se déplacent que pour les négociations finales avec leurs clients, partenaires, distributeurs potentiels », précise le consultant. En dix ans, BMD a aidé cent sociétés à démarrer. Il héberge, par exemple, France Fil, qui fabrique des containers de vieillissement du vin en bouteilles, et réalise pour son compte des études, rencontre des clients et gère la chaîne logistique (organisation des containers, dédouanement, etc.). De même avec Fillon Pichon (mélangeurs de peintures industrielles) pour qui les heures de vol commençaient à peser. « Nous avons créé Fillon Technologies Australia, une filiale domiciliée chez nous et pour laquelle nous nous occupons des relations avec le transitaire et les clients ainsi que de la gestion des stocks. » Des implantations qui peuvent à moyen ou à long terme, déboucher sur la création de filiales de production. C’est en tout cas le but du jeu. Pour en savoir plus • « Les implantations françaises à l’étranger », Enjeux économiques internationaux n°6 (dossiers gratuits de la DREE). Téléchargeable sur www.commerce-exterieur.gouv.fr/publication1/. Les guides d’implantation proposés par les postes d’expansion •économique. Librairie du commerce international, 10 av. d’Iéna ou BP 428-16, 75769 Paris Cedex 16, mél : [email protected]. OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 • CAHIER INDUSTRIES C’est un des moyens les plus souples pour s’implanter et générer un courant d’affaires en Australie. Il ne mène pas directement d’activités commerciales, il se limite à des activités de promotion, de publicité et d’animation des réseaux d’importation déjà en place. La convention fiscale franco-australienne considère qu’il s’agit d’activités annexes pour l’entreprise auquel le bureau est rattaché. Ces dispositions légales ont d’importantes conséquences : le bureau de représentation ne peut embaucher directement des Australiens, ni signer des contrats sur le sol australien. En revanche, il ne peut être imposé sur les revenus générés par son activité. Pour profiter des avantages de ce mode d’implantation, il faut donc veiller à ce que les factures et les contrats soient adressés à la maison mère en France. Des consultants spécialisés hébergent des entreprises dans ce cadre. L a filiale Une société qui s’implante à Singapour a toutes les chances de choisir la formule filiale (Private Limited Company), équivalent de la SARL française. « Créer une filiale à Singapour ? Rien de plus simple, ni de plus rapide, confirme Etienne Chenevier de Luzenac Asia. Le capital minimum libéré est de 2 dollars singapouriens (moins de 9 francs), et il suffit de deux actionnaires, personnes physiques, ou d’une personne morale. Ici, une entreprise peut être à 100 % actionnaire de sa filiale. » e rachat d’entreprise Lexistante En République tchèque, c’est une formule quelquefois employée par les grands groupes comme par les PME (Bertrand Faure à Zatec en 1992, par exemple) mais l’expérience ne se révèle pas toujours concluante car, qui dit rachat dit souvent entreprise en difficulté, sinon en faillite, et pour l’entreprise repreneuse, un héritage souvent lourd à assumer (locaux et matériels vétustes, personnel mal formé…). Même constat pour Thomson, en Pologne, qui a racheté, en 1991, Polkolor, une fabrique polonaise de téléviseurs et de magnétoscopes. « Il faut avoir les reins solides pour supporter les coûts de mise à niveau technologique », commente Jean-Marie Julien, PDG de Thomson Polkolor. A noter, toutefois, que la multiplication des programmes de privatisation lancés par l’Etat polonais offre aux sociétés françaises intéressées une manne d’entreprises à racheter. Lsociété a création d’une ex nihilo De loin la meilleure solution en République tchèque, en Pologne, au Maroc ou à Singapour. Exemple : Mycosphère, le laboratoire de recherche de molécules à partir des champignons et bactéries qui se développent en milieu tropical, qu’a créé Olivier Laurence, un ancien coopérant. Celui-ci a monté sa « Sole proprietorship » en 1996 « à une époque où l’immigration était compliquée » en désignant son épouse singapourienne comme « local manager », et en trouvant un « sponsor », une société singapourienne, pour le parrainer. Depuis février 2000, Mycosphère est devenue une « Private Limited Company » et son PDG envisage de créer une filiale en Europe pour se rapprocher de ses principaux clients. L a joint-venture C’est la solution que privilégient de plus en plus les PME françaises en quête de développement en Pologne. « Tout simplement parce qu’il est plus facile d’aborder ce marché avec un partenaire local qui connaît bien l’environnement économique polonais et apporte dans la corbeille ses contacts et ses clients », explique Henri Wrezesinski, à la tête du bureau de représentation de France Télécom en Pologne. F. P.-C. Une filiale du groupe FM Logistic en Pologne. • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 PAGE 19 D. R. Lreprésentation e bureau de CONSEILS Quel mode juridique d’implantation ? Elargissement de l’Europe : de nouvelles opportunités pour les PME François Huwart, secrétaire d’Etat au placée en position dominante en matière d’investissements directs étrangers dans de nombreux secteurs industriels : elle est ainsi le premier investisseur en Pologne et en Roumanie. Commerce extérieur, fait le point sur le développement des entreprises françaises à l’étranger. Industries : Les entreprises françaises ont-elles déjà commencé à bénéficier de l’élargissement du marché européen ? François Huwart : Oui, et au-delà, l’Europe, qui étire ses frontières à l’Est jusqu’aux anciens pays de l’Union des Républiques socialistes soviétiques, est un facteur qui structure la stabilité, la paix et, par conséquent, la prospérité au sein de la zone « Europe continentale ». Partager un territoire commun, un espace économique et commercial normalisé, une politique économique et financière coordonnée, la même monnaie (dans la zone Euro), enfin une politique étrangère de sécurité et de défense renforcée, – l’actualité témoigne de son intérêt fondamental –, sont les ferments d’une spirale vertueuse au profit de tous les citoyens européens. Les entreprises n’échappent pas à la règle et tirent déjà des dividendes d’un marché européen élargi. L’ouverture à l’économie de marché des pays de l’ancien Comecon(1) a généré de la nouvelle richesse, créé de nouveaux besoins, de nouveaux marchés et donc de nouveaux flux d’échanges et d’investissements. Depuis la chute du mur de Berlin, la physionomie des échanges commerciaux des pays candidats a connu de profondes mutations, leur commerce extérieur s’est fortement réorienté vers l’Union européenne. Désormais, deux tiers des importations des Peco(2) et de l’Est proviennent des Etats membres (jusqu’à 75 % dans le cas de la Pologne). J’ajoute que les crédits communautaires du type « Cards » de plusieurs milliards d’euros visant à la mise à niveau structurelle des Etats et de leurs infrastructures a très largement profité aux entreprises européennes. S’agissant de la France, l’accès facilité à ces nouvelles économies émergentes, se traduit par une augmentation de 700 % de ses exportations vers les pays candidats qui dépassent désormais les 8 milliards d’euros et génèrent un excédent commercial croissant de plus 1,5 milliard d’euros. La France s’est PAGE 20 “ Industries : L’Etat s’est engagé sur certaines campagnes pour promouvoir la France à l’étranger notamment au Japon. Va-t-on poursuivre dans cette voie compte tenu des premiers résultats, intéressants ? F. H. : Vous savez, le Japon, dans la pensée collective, est devenu possible pour la France le jour où Renault a pris le contrôle du constructeur japonais Nissan. Bien évidemment le partenariat France/ Japon, thème de la campagne que j’ai initiée au printemps dernier, existait déjà. Il convenait de le renforcer, de lui donner une valeur symbolique, on ne peut prétendre étendre sa présence économique à l’échelle de la planète, sans être significativement actif au pays de la deuxième économie mondiale et celui de la première richesse par habitant. Alors, bien évidemment, c’est un travail dans la durée, les mentalités sur la terre du Soleil levant imposent ténacité, audace et persévérance. Alors, oui, nous poursuivrons dans cette voie. Dree et Trésor s’unissent au sein des missions économiques C. WALTER INTERVIEW CAHIER INDUSTRIES ” Industries : Pourquoi la création de missions économiques et financières ? Qu’est-ce que cela change pour les entreprises ? F. H. : Le mouvement de construction de l’économie mondialisée, l’interdépendance des phénomènes structurels et conjoncturels, à l’échelle des Etats ou des régions du monde, supposait que le Minéfi accompagne ces mutations. Le rapprochement des réseaux à l’étranger au sein d’une mission économique répondait aux grands enjeux auxquels nous devons faire face : approfondissement des coopérations économiques et financières européennes, dans la perspective de l’élargissement, évaluation des risques macroéconomiques et financiers internationaux, analyse et définition de nos positions sur les grandes questions internationales enfin, accompagnement des opérateurs économiques et amélioration de la compétitivité du site France. La Dree et le Trésor répondront à ces défis en unissant leurs performances et leurs compétences et en offrant aux entreprises, par ce nouveau guichet unique, un service simple, cohérent et efficace. (1) Comecon (conseil d’assistance économique mutuel) : organisation créée en 1949 entre les pays socialistes d’Europe orientale, dissoute en 1991. (2) Peco : Pays d’europe centrale et orientale. OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 • BESSARD/RÉA S C Imtec Se rapprocher de ses clients Fournisseur des équipementiers de 1er rang, Imtec a trouvé sur place une main-d’œuvre qualifiée issue d’une forte culture industrielle mécanique. ’est à la demande de ses clients (Valeo, ArvinMeritor, TRW…) que l’équipementier Imtec a crée une première joint-venture en 1998 à côté de Pilsen et sa propre usine en 1999 à Jilhava, au carrefour de la Bohême et de la Moravie. « Le groupe Imtec poursuit une stratégie de développement global : se rapprocher, en Europe de l’Est, en Amérique et en Asie, de ses clients, équipementiers automobiles de premier rang et électrotechniciens pour devenir un fournisseur global dans l’injection de pièces plastiques, la découpe de pièces métalliques et tants Population : 10,3 millions d’habi F) le surmoulage, explique Pierre-Alexis Messmer, direce (CZK), 1 CZK = 0,03 € (0,19 teur de l’entreprise tchèque. Dans un contexte de Monnaie : la couronne tchèqu : 6 050 € concurrence mondiale exacerbée, la seule solution PIB : 57, 3 Md€ - PIB/habitant pour demeurer parmi les deux ou trois équipementiers t commercial : 2,58 Md€ mondiaux de second rang est de garder le savoirTaux de chômage : 9,1 % - Défici 0 M€ faire en France et de fabriquer les produits là où sont Investissements français : 83 les clients. » Une solution avantageuse également pour la clientèle : frais de transport réduits, sécurité financière et réactivité que seul un grand groupe peut offrir. a accès à internet, dispose d’une salle spécifique et Pourquoi Jilhava ? « Il y a un important bassin d’endu temps supplémentaire pour monter ses propres treprises de tous secteurs ainsi qu’une forte culture projets. « Le personnel a le sentiment d’être mis en industrielle et mécanique dans la région. Implantation : Jihlava valeur par la France », se réjouit Pierre-Alexis MessAvant l’arrivée des investisseurs étranEffectif : 60 personnes mer. gers, la République tchèque était déjà Siège social en France : Pour les cadres français, l’intégration s’opère par la capable de tout produire dans la mécaParis (75) langue. La connaissance du tchèque est l’une des nique », indique Pierre-Alexis Messmer www.imtec-net.net conditions d’embauche : il faut, soit le parler d’entrée, qui s’est occupé du démarrage du site en soit s’engager à le parler dans les République tchèque. Un contexte donc très favorable six mois. Les trois Français qui à l’emploi industriel qui a permis à l’entreprise de travaillent à Imtec Czech Republic recruter soixante opérateurs, outilleurs et régleurs, parlent tous le tchèque. tous avec un haut niveau de qualification. « C’est de Grâce à cette équipe ultra-perl’or pour toute entreprise étrangère », affirme le responsable français. Un des formante, l’entreprise tchèque Pierre-Alexis Messmer avait, quant à lui, le profil ateliers de fabrique aujourd’hui, en un idéal : jeune, connaissant bien la République tchèque l’usine de temps record, des pièces d’une et sa culture - il a été professeur d’économie en TchéJilhava créée technicité identique à celles proquie avant d’entrer à Imtec - et bien sûr parlant couen 1999. duites en France et cela, en maintenant les principes de qualité et de services enrichis ramment le tchèque : « L’Europe centrale m’a tou(services financiers inclus dans l’offre). Fort de ce jours fasciné. Pour moi qui suis du Jura, il n’y a pas succès, le groupe Imtec projette de s’implanter au eu de choc culturel, j’en ai davantage quand je vais Mexique et en Asie du Sud-Est. Pour réussir ses en Bretagne ! » Pour que tous apprennent rapidement implantations, Imtec a un principe empirique : ne à vivre ensemble, la direction d’Imtec a joué à fond pas compter sur une aide des autorités locales qui la carte de la communication. « Je m’efforce de proune l’accordent qu’aux grandes entreprises, mais pluver à chacun que son savoir-faire peut le faire protôt optimiser la synergie au sein de son propre groupe gresser. Les Français ne sont pas là pour acheter le en coopération avec ses clients stratégiques. pays, mais pour échanger des compétences. » Les J. T.-P. réunions sont faites en tchèque et chaque opérateur C D. R. République tchèque • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 PAGE 21 Sea Faurecia-Lecotek Un Tchèque à la tête d’une entreprise française Miroslav Bezecny a pu rapidement transformer l’usine textile grâce à sa parfaite connaissance de la réglementation du pays. l fait figure d’exception dans son pays : Miroslav Bezecny est un des rares Tchèques à diriger une entreprise française, Faurecia-Lecotek, installée à Tabor, au sud de la Bohême. « J’ai été débauché par un chasseur de têtes, explique Miroslav Bezecny, arrivé en 1995. Les Français sont de bons managers mais, pour ce poste, ils cherchaient quelqu’un qui présente des compétences techniques. Je travaillais dans une grande entreprise textile tchèque, j’avais un diplôme de forImplantation : Tabor mation continue dans la poche, et je Effectifs : 800 personnes parlais la langue des clients. » Les équiSiège social en France : pementiers français avaient un double Boulogne (92) intérêt à s’implanter en République www.tabor.faurecia.com tchèque : se rapprocher de leurs principaux clients de la « zone nord » que sont les constructeurs automobiles (BMW, Audi, Rover, Renault) ins- I D. R. REPORTAGES REPUBLIQUE TCHEQUE Atelier de fabrication de housses de sièges automobiles. tallés notamment en Allemagne et réduire le coût des salaires (moins élevés ici que dans l’Union européenne). Rachetée en mai 1992, par Bertrand Faure, à la société tchèque KGP menacée de faillite, l’entreprise a pris un nouveau départ avec son changement de propriétaire. Miroslav Bezecny poursuit la transformation de l’entreprise commencée par les Français. Il fait moderniser les bâtiments, forme le personnel, introduit les normes qualité, augmente la productivité. « Le fait de connaître toutes les facettes de la réglementation a évidemment facilité les choses, reconnaît le directeur tchèque. De même que les relations avec les opérateurs, tchèques pour la plupart. » Aujourd’hui, l’usine de Tabor fabrique housses et repose-tête pour sièges automobiles (1 700 housses et 6 000 repose-tête par jour) avec un score qualité de 0,1 % défaut. Toutefois, tant que la République tchèque ne fait pas partie de l’Union européenne, les entrées et sorties de marchandises restent soumises à la réglementation douanière tchèque. Ce qui freine quelque peu le réapprovisionnement continu des clients. J. T.-P. FM Logistic Une équipe responsabilisée adaptabilité du personnel tchèque. orsque le prestataire logistique FM Logistic décide, en 1996, de s’implanter à Tuchomerice, près de Prague, c’est pour créer une ligne de transport entre Moscou et Madrid avec des entrepôts sur le trajet (Allemagne, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Russie). Et apporter ainsi à sa clientèle d’Europe centrale, pour la plupart des grands groupes, la même qualité de service qu’en France. Implantation : Tuchomerice Spécialisée dans l’enEffectifs : 300 personnes treposage, le transSiège social en France : port et le conditionPhalsbourg (57) nement à façon, FM www.fmlogistic.cz Logistic se trouvait à l’étroit dans l’Union européenne. Le choix de s’implanter en Europe centrale et en particulier en Tchéquie change la donne. Aujourd’hui, onze L PAGE 22 Contrôle des étiquettes en fin de préparation des commandes. mille palettes arrivent quotidiennement par camions et trains à Tuchomerice pour être ensuite acheminées en République tchèque et en Slovaquie. Une réussite qui tient beaucoup à l’équipe et à l’implication de son directeur, Christophe de Korver, qui parle le tchèque couramment. « Le choix de recourir à des responsables locaux ou à des expatriés varie selon la stratégie de l’entreprise. Ce qui est avant tout indispensable c’est d’avoir quelqu’un capable de communiquer aisément avec les Tchèques », confie Christophe de Korver. Autre atout pour la filiale française : une main-d’oeuvre disponible (une aciérie voisine venait de fermer), déjà formée et stable. Les trois cents opérateurs sont tous tchèques et s’adaptent vite. « Si on fait confiance au personnel, il faut vite lui donner des responsabilités », recommande le directeur. Les Tchèques ont déjà pris la relève dans l’encadrement : les Français expatriés, huit au départ, ne sont plus que deux. J. T.-P. D. R. Atout majeur de la filiale : une bonne OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 • REPUBLIQUE TCHEQUE Promouvoir les arômes français clients et patience face aux tracas administratifs, la PME a introduit 60 nouvelles liqueurs dans le pays. ean Steiner est toujours sur la brèche. Cet ingénieur agronome suisse, rompu à la fabrication et la commercialisation des arômes alimentaires, partage son temps entre Metarom AS, l’unité de production du groupe Metarom France, implantée à Zatec près de Prague, qu’il dirige depuis 1990, l’unité suisse de Prilly où il occupe des fonctions de responsable commercial et le siège social du groupe en France, à Saint-Maur-des-Fossés. Une vie qu’il a choisi et qui lui plaît. C’est à la demande de ses supérieurs en 1990 qu’il fait sa valise pour Prague. « Nous voulons nous étendre dans les pays de l’Est, tenez-vous prêt à partir en Tchéco ! » D’accord, a-t-il répondu sans hésiter. « A l’époque, la Tchécoslovaquie avait une image très attirante. C’était le pays du Printemps de Prague et de la révolution de Velours », se souvient Jean Steiner. L’implantation a démarré dans la foulée du Salon de l’alimentation, Salima, qui s’est tenu à la fin des années 80 en Tchécoslovaquie. Le PDG raconte : « Nous y avions un petit stand de 2m2, mais, pour un premier contact, c’était très bien. Au bout de 24 heures, j’ai eu un énorme coup de foudre pour ce pays. Les gens étaient gentils et pleins d’espoir. J’ai senti que je pouvais leur apporter quelque chose, les aider et les aimer. Ici, les titres de directeur et d’ingénieur ouvrent toutes les portes, aussi ai-je pu facilement contacter des entreprises tchèques et me faire une idée de la situation ». Au retour du Salon, Jean Steiner avait pris sa décision. Son projet est clair : créer une entreprise 100 % tchèque. « La langue étant particulièrement difficile, j’ai choisi l’allemand, que nous parlions tous, pour communiquer », indique le directeur de Metarom J • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 AS. Mais avant de créer l’entreprise, Jean Steiner veut être sûr que ça marche. D’où ses efforts de démarchage auprès des clients potentiels. « Il faut choisir les bons secteurs et les bonnes cibles. » La persévérance, l’opiniâtreté - indispensables ici - ont fait le reste. Ainsi qu’une superbe devise : « La précision suisse au service de la gastronomie française » ! L’ingénieur fait tilt : quatre-vingt clients se déclarent partants avant même l’implantation de Metarom en République tchèque. Commencent alors les formalités administratives. Et avec elles, les soucis. « J’ai dû prendre contact avec les instances officielles tchèques et obtenir leur confiance car les arômes devaient être homologués par l’Etat avant leur mise sur le marché. Cela a pris entre trois mois et un an, car ici la législation est très carrée. » Autres tracas : le permis de séjour - il n’est valable qu’un an et il faut un ou deux jours de démarches pour le Implantation : Zatec renouveler - avoir un doEffectifs : 6 personnes micile fixe, les trois mois Siège social en France : d’attente pour le téléSaint-Maur-des-Fossés (94) phone… La gestion du perwww.metarom.fr sonnel n’est pas allée non plus sans difficultés. « Au début, les employés étaient paniqués par la liberté qu’ils découvraient. Ils étaient pleins de bonne volonté mais complètement… perdus. “ Oui, mais je fais comment ? ” me demandait-on sans arrêt. Il a fallu tout mettre par écrit. » Quant à la réglementation, difficile d’y voir clair : « Le Parlement vote bien les lois mais ce sont les instances locales qui les interprètent, avec des différences d’une commune à l’autre, et d’un jour à l’autre ! » Alors ? « On finit par apprendre la patience… » Aujourd’hui, et sans l’appui de personne, la réussite est là. Metarom AS importe des arômes alimentaires fabriqués Les compositions dans les unités françaises et espagnoles du groupe. d’arômes entrent Les arômes, après « packaging », sont ensuite disdans la tribués en République tchèque, en Slovaquie et fabrication en Hongrie. « En dix ans, nous avons introduit 60 de jus de fruits, nouvelles liqueurs sur le marché tchèque » se félicocktails, crèmes cite le directeur suisse. Et les mentalités évoluent : glacées, etc. « A Zatec, les employés commencent à prendre des initiatives. Ils sont heureux de travailler D. R. avec moi et moi avec eux ». J. T. -P. D. R. Avec opiniâtreté pour dépister les bons PAGE 23 REPORTAGES Metarom AS 0 40 A N MAROC 0 30 0 20 0 Gulf of Guinea Novaprim Une PME au cœur d’une économie en marche L’entreprise, spécialiste de la sous-traitance électronique, se développe à la croisée d’un dynamisme industriel naissant et de certains archaïsmes locaux. es enfants qui jouent sur des gravats. Des chiens errants au milieu des amas de ferrailles. Partout des camions, des grues, des pelleteuses. Et la poussière, sans cesse soulevée, qui dépose sur toute chose comme un voile de fumée… Témara n’est qu’à quelques kilomètres de Rabat mais on se croirait à l’autre bout du monde. On est loin des allées fleuries de bougainvilliers de la capitale marocaine. Les palImplantation : Massira I à Témara miers ont laissé la place aux Effectif : 220 personnes échafaudages. La Médina, Siège social en France : Polytech rose et grouillante, aux Montpellier (34) entrepôts. La zone induswww. [email protected] trielle de Massira I donne l’impression d’une ville en développement. « Oui, les choses bougent. Le Maroc, situé aux portes de l’Europe, s’éveille : il se bat pour son développement industriel. Le chaos qui règne ici, c’est celui d’une naissance. La naissance d’une économie », confirme Patrick Gaillard, directeur de Novaprim, filiale électronique de Polytech France, qui fait partie depuis le 1er juillet 2001 du groupe Gespac, constructeur équipementier, leader européen de l’électronique embarquée en environnement externe. Patrick Gaillard évolue au milieu de cet environnement comme un poisson dans l’eau. Novaprim, la PME qu’il dirige, s’est installée au Maroc en 1994. Elle réalise de la sous-traitance électronique et d’assemblage pour le secteur médical et de l’électroménager et une importante activité de câblage aéronautique. D’un geste large, généreux, Patrick Gaillard fait visiter la salle où sont assemblées et testées les cartes électroniques destinées aux grands groupes de l’électroménager. Une cinquantaine de femmes lèvent un regard noir de jais sur le visiteur. « Chez nous, 95 % du personnel est féminin. Au Maroc, les femmes sont très travailleuses et représentent un important potentiel : elles sont intelligentes, volontaires. Et elles ont de l’ambition », observe Patrick Gaillard. Novaprim, comme la plupart des entre- D PAGE 24 a Royaume abidtanuts -M Monnaie Population : 28,7 millions d’h oyenne sur dix ans PIB : 35,50 Md€ + 2,9 % (m € - Investissem Revenu par habitant : 1 165,66 Le personnel de Novaprim est à 95 % féminin. Ici, salle de câblage aéronautique. D. R. REPORTAGES 10 prises françaises implantées au Maroc, a choisi d’assouplir le régime de travail prévu par la réglementation marocaine. Les employés sont payés 48 heures pour un travail effectif de 45 heures, le salaire qui leur est versé est de 25 % supérieur au salaire minimum pratiqué au Maroc, sans compter la prime mensuelle de productivité et de qualité que leur octroie la société. Outre la Sécurité sociale, tous les salariés bénéficieront prochainement d’une mutuelle complémentaire. Un traitement de faveur au Maroc. « Tous nos approvisionnements proviennent de France et tous nos produits y repartent, poursuit le chef d’entreprise. Un camion effectue la navette une fois par semaine. » Le voilà justement, le camion. Patrick court à sa rencontre, serre la main du chauffeur, s’enquiert OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 • Assystem « Un peu de ténacité et beaucoup de bagout » L’aventure chevillée au corps, Amel Elhaïd, qui dirige Assystem Maroc, ne se laisse pas arrêter par les tracasseries administratives. lle est déterminée et sans complexes. Amel Elhaïd assure la direction d’Assystem Maroc, une entreprise née du rapprochement entre Snecma et Assystem, leader en France des services techniques pour l’industrie. Installée, depuis un an, au centre-ville de Casablanca, Assystem propose ses services de bureaux d’études dans le domaine des transports. Difficile d’être une femme chef d’entreprise au Maroc ? « Pas vraiment, assure Amel Elhaïd. Le Maroc est un pays musulman, à dominante masculine, mais les femmes y ont aussi leur place. Mes origines turco-libanaises m’ont sans doute facilité les choses, et aussi le fait que j’ai bourlingué dans beaucoup de Implantation : Casablanca pays avant d’atterrir ici. » Une expérience Effectif : 27 personnes multicarte qui a joué en sa faveur pour son Siège social en France : poste d’attaché de direction au Maroc. « Ce Paris - La Défense (75) www.assystem.com qui m’a plu, dans ce projet d’implantation ici, c’est le côté grande aventure. On en parlait, à Paris, dans les couloirs d’Assystem, sans trop y croire. Et puis c’est parti ! » A l’instar des chefs d’entreprise installés au Maroc, Amel Elhaïd souligne les tracasseries administratives : « Tout ce qui pourrait être facile devient compliqué, mais reste philosophe, avec un peu de ténacité et beaucoup de bagout, on s’en sort. Il faut aussi avoir une patience d’ange ! Taper du poing ne sert à rien, ici tout fonctionne à l’affectif. D’où l’avantage d’être une femme, le charme féminin marche encore plutôt bien ». Dans l’espace de travail (Assystem est installé dans un appartement), une vingtaine de jeunes ingénieurs marocains s’activent devant des micro-ordinateurs. Dans le local de l’imprimante, un tapis de prière est roulé dans un coin. « Au début, nous avons eu de fortes revendications pour un local de prière, explique la jeune femme. J’ai été obligée d’être ferme : Selon Amel nous sommes déjà trop à l’étroit ici ! » Elhaïd, au Maroc Assystem va d’ailleurs déménager et il n’est pas accroître ses effectifs de 27 à 90 pervraiment difficile sonnes. « L’entreprise entre dans une d’être une femme phase d’expansion, nous avons besoin de chef d’entreprise. nouveaux locaux pour investir dans un équipement plus performant et, peut-être, se servir de Casablanca comme tête de pont pour la Mauritanie ou le Sénégal. » Amel Elhaïd est prête pour une nouvelle aventure. R. L. A.-G. D. E roc € (0,67 F) : le dirham (DH), 1 DH = 0,10 ) - Taux de chômage : 13,7 % ents français : 127,5 M€ du bon déroulement du voyage. Une jeune femme l’aborde discrètement. Elle cherche du travail. « Pas maintenant, mais passe me voir plus tard à l’usine. » Novaprim a entamé la construction d’une nouvelle unité. De 220 personnes, l’effectif devrait passer à 300 et plus d’ici la fin de l’année : cette jeune femme devrait pouvoir obtenir satisfaction si elle réussit le test d’embauche. « Le Maroc n’est pas encore sorti de tous ses archaïsmes : si votre facture de téléphone a du retard, on vous le coupe mais on peut discuter, l’administration des impôts fait parfois des erreurs mais ça s’arrange. Acheter un terrain nécessite un peu d’entêtement mais on s’en sort toujours. On ne changera pas le Maroc mais on peut faire avec… » Mektoub (c’est écrit) ! L. A.-G. • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 PAGE 25 REPORTAGES STECHT/LAIF/RÉA MAROC 0 40 A N MAROC 0 30 0 20 0 D. R. REPORTAGES 10 Gu lf of Guinea Implantation : Bouskoura Effectif : 2 000 personnes Siège social en France : Saint-Genis-Pouilly (01) www.st.com STMicroelectronics Une oasis dans le désert Exemple d’une implantation réussie qui s’inscrit dans le développement économique du Maroc. itué à quelques encablures de l’aéroport de Casablanca, le village de Bouskoura s’étale sur quelques hectares de terre rouge semés de figuiers de barbarie. Au bord de la route, un char à bancs tiré par un âne. Les maisons sont blanchies à la chaux, l’herbe rare. Dans ce décor, l’usine de STMicroelectronics (ST), fabricant francoitalien de semi-conducteurs, fait figure d’oasis. L’immense bâtiment, entouré de gazon d’un vert saisissant et parcouru d’allées fraîchement goudronnées, semble avoir poussé là comme par magie. Avec ses 32 000 mètres carrés de salles blanches et ses 4 000 mètres carrés de magasins, Bouskoura donne l’impression d’un Maroc entré de plain-pied dans le 21e siècle. Dotée de lignes de fabrication entièrement automatisées, cette usine, qui emploiera, à terme, un peu plus de 2 000 personnes, est conçue pour assembler et tester jusqu’à 25 millions de circuits intégrés par jour. « En 1997, compte tenu des résultats enregistrés, ST qui a déjà deux usines au Maroc, une à Ain-Sebaa et une à Bouskoura, a décidé d’investir, dans une nouvelle unité et a signé en mars 1997 une convention d’investissement avec le gouvernement marocain pour accélérer le développement économique S PAGE 26 de la région », explique Mohamed Lasry, directeur général. Sa réussite, STMicroelectronics la doit à la disponibilité d’une main-d’œuvre bon marché et très qualifiée : « Environ 65 % de nos employés ont poursuivi leurs études à un niveau de baccalauréat ou d’études supérieures, précise le directeur général marocain. Nous avons également bénéficié de mesures fiscales favorables, comme par exemple la déduction de 50 % accordée aux entreprises qui exportent la totalité de leur production ». Autres avantages liés à l’implantation de l’entreprise au Maroc : l’exemption des droits de douane pour les pièces détachées et les matières premières et l’absence de TVA pour les investissements ainsi que pour les matières premières et les services. « L’important, poursuit le chef d’entreprise, c’est de bien choisir son lieu d’implantation. Il faut être sûr de disposer d’un potentiel de ressources, bien évaluer le risque, en terme d’infrastructures notamment et s’entourer de conseils. Ne pas hésiter non plus à s’adresser directement à ceux qui décident. » Mohamed Lasry sait de quoi il parle. Ou plutôt ce qu’il doit au soutien des autorités du Royaume qui désirent attirer des investisseurs étrangers. L. A.-G. Mesures fiscales pour les entreprises exportatrices OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 • MAROC DGM Pouvoir apporter des garanties Principale difficulté pour la PME : obtenir un prêt. L’aide est venue d’un « tuteur », l’entreprise DLM. ’implanter au Maroc, ça se mérite. Prenez Michaël Vergin, par exemple. Son parcours de chef d’entreprise, s’il ne relève pas du parcours de combattant, a tout de même quelque chose à voir avec le courage Implantation : Jorf Lasfar et le saut d’obstacles. Effectif : en cour de Tout commence, il y a trois ans, avec recrutement une mission de coopérant du service Siège social en France : national en entreprise (CSNE), organiCraywick (59) Tél. : 03 28 23 83 83 sée au profit de la Fédération des industries mécaniques (FIM) et d’une dizaine de PME mécaniciennes de la région Nord - Pas-deLa formation Calais qui cherchent à investir à l’étranger. L’une technique du d’elles, Société générale de mécanique (SGM), l’empersonnel bauche à l’issue de son CSNE et lui propose de dirigarantit la haute ger l’implantation d’une filiale à Jorf Lasfar, près de qualité des Casablanca. pièces fournies De ces deux années de coopération au Maroc, Michaël par DGM. Vergin a appris les rouages de l’économie marocaine. SGM choisit de s’associer à Delattre Levivier Maroc (DLM), une chaudronnerie industrielle française installée sur place depuis 1952. C’est d’ailleurs sur un terrain acheté par DLM que Delattre générale de mécanique (DGM), c’est le nom de la société nouvellement créée, a installé ses murs. « J’ai acheté 5 000 m2 de plus en février 2001 mais le bornage a été très long du S fait des lenteurs du cadastre marocain, enfin, tout devrait aboutir d’ici la fin de l’été, si Dieu le veut. » Inch Allah, c’est devenu un leitmotiv dans la bouche de Michaël Vergin. Il passe sur les tracasseries administratives imposées depuis un an par le tribunal de commerce, les impôts ou la Sécurité sociale pour évoquer ses difficultés à trouver un financement : « Au Maroc, il faut apporter des garanties très importantes pour bénéficier d’un prêt, ce qui est difficile quand on démarre une activité ». Le jeune chef d’entreprise avoue qu’il n’aurait pu s’en sortir sans l’appui de Delattre et son soutien auprès des autorités locales. Pas découragé pour autant, le jeune homme apprécie les qualités du personnel qu’il vient de recruter : « La plupart des jeunes ont une formation solide. Ils sont motivés, compétents et ont un profond respect de la hiérarchie. Mais il est très difficile de leur déléguer des responsabilités car ils n’ont pas vraiment d’esprit d’initiative. Il faut être très à l’écoute ». Une qualité dont Michaël Vergin ne manque pas. L.A.-G. . D. R DLM : « Un parrain » en or n parrain en or, c’est ainsi que Michaël Vergin, le jeune PDG de Delattre mécanique générale, décrit Jean-Claude Bouveur, PDG de Delattre Levivier Maroc. Voilà trente ans que l’homme dirige cette chaudronnerie de 650 personnes, installée sur 3 hectares de terrain à Aïn Sebaâ, sur la route côtière qui relie Casablanca à Rabat. Le Maroc, il connaît. « Il y a deux façons d’aborder ce pays. Soit on choisit de produire et de vendre sur le marché marocain et on s’expose à la concurrence. Soit on délocalise sa fabrication et on exporte sa production, sans prendre de risque. C’est la solution que je conseille à tous ceux qui veulent s’installer ici, car le foncier est abordable, la main-d’œuvre bon marché, la fiscalité favorable. » Jean-Claude Bouveur insiste également sur les progrès accomplis dans le Royaume : « L’environnement économique est à un niveau très proche de celui d’une province française : les infrastructures routières et énergétiques sont satisfaisantes, les télécommunications marchent bien, le système de formation est plutôt bon… et politiquement le pays est très stable ». Reste quelques goulots d’étranglement. « Les procédures judiciaires sont longues. Quant à la législation sociale, c’est simple, elle est quasi inexistante. Résultat : c’est le règne de la négociation permanente. » U • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 D. R. Implantation : Aïn Sebaâ Effectif : 650 personnes Siège social en France : La Courneuve (93) www.delattre-levivier.fr PAGE 27 BROWN/SABA/ RÉA REPORTAGES Singapour Population : 3,8 millions d’habi tants Monnaie : le dollar singapour ien (SGD), 1SGD = 0,65 € (4,25 F) PIB : 55,07 Md€ PIB/habitant : 14 439,93 € Taux de chômage : 3,5 % Excédent commercial : 3,89 Md € Investissements français : 1,9 3 Md€ Silicomp Véritable transfert de compétences l’entreprise a pu obtenir des autorités économiques singapouriennes des subventions pour ses projets de R&D. ébastien Capelle, le directeur technique de Silicomp Asie, spécialisé dans l'ingéniérie des logiciels, peut avoir le sourire : depuis cinq ans, son entreprise pousse comme un champignon. « Au départ, en 1996, nous étions deux. Aujourd'hui, Silicomp Singapour emploie 108 personnes, à la grande joie de nos salariés chinois pour lesquels le huit est un chiffre magique, synonyme d’enrichissement ! » Silicomp Asie, c’est une croissance record : + 100 % par an, avec un chiffre Implantation : Singapour d’affaires qui atteint 9,2 milEffectif : 100 personnes lions de dollars singapouriens Siège social en France : (SGD) en 2000, et au moins Grenoble (38) 10 pour 2001. Et des implanwww.silicomp.fr tations sur toute l'Asie, notamment en Malaisie, avec en arrière-plan, la Chine. Ce qui n'empêche pas Sébastien Capelle d'afficher une certaine prudence : pour Silicomp aussi, le retournement de conjoncture lors de la crise asiatique de 98 fut brutal et le climat actuel, bien que por- S PAGE 28 A l’actif de Silicomp, l’installation du balisage lumineux de l’aéroport de Singapour. teur, demeure incertain. Installé au FBC durant quelques semaines, Silicomp démarre fort : avec Schneider, sur un vaste projet de contrôle à distance de grues pour le port de Singapour. Mais sans aucun appui. « Nous avons démarré avec un Singapourien, que nous avons mis un an à dénicher. C'était la bonne personne : il est toujours chez Silicomp ». Une fidélité qui semble assez rare dans le métier des nouvelles technologies en général et en Asie en particulier. Comme tous les chefs d'entreprise, Sébastien Capelle se heurte à un problème de recrutement, « le gouvernement singapourien en a pris conscience et délivre aujourd'hui des permis de travail très rapidement ». Les performances de Silicomp et sa volonté de développer sur place son savoir-faire lui ont permis de gagner la confiance de l'Economic Development Board singapourien qui lui accorde des subventions de 20 à 30 %, pour ses projets de R&D. « Du moment qu'il y a un véritable transfert de compétences, obtenir des aides de l'Etat singapourien est assez facile. Le dialogue avec les autorités se fait dans la transparence et la clarté. » Autre atout du pays : les procédures sont très simples et très rapides. « Malgré la crise, Singapour reste pour nous, la meilleure des portes d'entrée sur le monde asiatique », conclut Sébastien Capelle. F. P.-C. D. R. En développant son savoir-faire sur place, OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 • SINGAPOUR Le talc : du papier à la peinture Les débouchés du talc sont si étendus terrains sont moins chers et la main-d’œuvre chinoise, qui fournit un encadrement de qualité, abondante. » Installé à Singapour en pleine crise, Luzenac a retrouvé une croissance de 15 %. Etienne Chenevier n’a pas ménagé ses efforts pour Implantation : Singapour embaucher deux collaborateurs de quaEffectif : lité : un Américain, spécialiste du papier 6 personnes et, pour la logistique, un Chinois de SinSiège social en France : gapour, spécialiste des marchés de la Luzenac (09) peinture. Un staff qu’il a complété en recrutant une Chinoise pour son bureau de représentation à Pékin. Quand on lui parle de la volatilité de la main-d’œuvre asiatique, Etienne Chenevier remarque qu’ « il ne faut pas sous-estimer d’où viennent les gens, et ce qu’ils attendent. Mon intérêt, c’est qu’il n’y ait pas de turn-over dans mon équipe. Et ils le savent ». F. P.-C. que la création d’une filiale dédiée à la vente n’a posé aucun problème. Reste à installer une unité de production. ’il y a quelqu’un à Singapour qui peut prétendre connaître l’Asie, c’est bien Etienne Chenevier, le directeur Asie-Pacifique de Luzenac. Cet ancien d’Air Liquide a démarré sa carrière en Mandchourie, puis à Shanghaï, avant d’être « chassé » par Luzenac, l’industriel du talc, un produit aux débouchés insoupçonnés du grand public : papiers, peintures, plastiques, revêtements… Pour créer la filiale singapourienne de Luzenac, Etienne Chenevier n’a rencontré aucune difficulté : « Ici, on monte une société en huit jours. Et on jouit d’une liberté économique considérable ». Autre avantage de Singapour : sa position stratégique de tête de pont pour pénétrer le marché asiatique, et notamment la Chine. Un marché difficile. « Je travaille avec quinze agents, dont dix à plein temps. La relation commerciale est primordiale. Je dois sans cesse les convaincre que mon produit est bon, aller avec eux chez les clients, jouer sur la proximité, car la pression à la baisse des prix est forte. » Pour cet industriel, le principal écueil à Singapour est celui du coût des terrains. « Nous installerons sans doute notre unité de production en Malaisie où les Une fois le filon extrait, le talc réduit en poudre est trié en fonction de ses usages ultérieurs. D. R. D. R. S e talc est la substance minérale la plus douce de la planète. Grâce à ses propriétés uniques (chimiquement inerte et imperméable à l’eau ), le talc est utilisé dans la fabrication de nombreux produits. Dans la peinture d’abord, car il facilite son application et évite les craquelures. Mais aussi dans le papier, les polymères, emballages, pare-chocs de voitures, céramique, asphalte, caoutchouc, engrais et jusque dans les sucettes, l’huile d’olive et le savon. Le talc est produit en plusieurs étapes : - le minerai est d’abord « déshabillé » par des pelleteuses pour ôter les matériaux inutiles qui recouvrent le filon ; - extrait sous forme de lamelles d’aspect cristallin, il est ensuite trié en fonction de sa qualité et de l’usage qui pourra en être fait ; - il est enfin broyé et réduit en poudre. L D. R. • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 D. R. Le talc en bref PAGE 29 REPORTAGES Groupe Luzenac Philippines Sea 0 0 160 0 150 170 Equator 0 140 0 11 0 Arafura Sea Coral Sea Australie tants - Monnaie : le dollar australien, Population : 19 millions d’habi ant : 13 152,54 € PIB : 426,86 Md€ - PIB/habit 1 AUD = 0,58 € (3,80 F ) édent commercial : 56 M€ Taux de chômage : 6,6 % - Exc Md€ Investissements français : 2,6 AMI Amorcer un nouveau marché Les débuts d’une PME qui s’implante grâce à un coup de pouce du groupe Sodexho dans le cadre d’une opération de portage. ’est grâce à la direction Asie-Pacifique de Sodexho, au travers d’une opération de portage menée par Partenariat France (voir p. 33), qu’AMI (Agro marchés internationaux) fait ses premiers pas en Australie. Cette PME de 100 salariés est spécialisée dans les services à l’agro-industrie et notamment la traçabilité des produits frais de la filière agricole, de la viande et de la pêche. Le dispositif proposé par AMI vise à mettre en place un système d’information à la source, directement auprès du producteur, avec des transmissions via internet, fax ou centre d’appels. Ses clients : les marchés de pêche, de gros, les mareyeurs, les industriels de l’agro-alimentaire, la grande distribution… En cinq ans d’activité, la PME a créé six filiales en Europe et dans le Maghreb. Pour débroussailler le C PAGE 30 marché australien, c’est Rodolphe Banchet, issu du poste d’expansion économique de Casablanca, qui a été chargé par la direction d’AMI d’effectuer une mission exploratoire et d’amorcer un courant d’affaires sur une durée de six mois. « Pourquoi l’Australie ? Parce que c’est un énorme marché exportateur de viande et de poisson, où l’on est très préoccupé par la question de la sécurité alimentaire. Et une tête de pont pour l’Asie et le Pacifique. » Rodolphe Banchet commence à étudier la question depuis la France, en passant au crible toutes les sources d’information : PEE, salons professionnels, internet… avant de déposer son dossier auprès de Partenariat France en mai dernier. L’affaire est rondement menée. Le dossier est accepté par Sodexho, et Rodolphe atterrit fin juin à Sydney avec en poche les coordonnées de Patrick Poireau, président Asie-Pacifique. Avec 7 000 salariés en Australie dans le secteur de la restauration et des services, et une joint-venture créée avec Serco pour le secteur de la défense, Sodexho est une entreprise qui pèse lourd en Australie. Un « parrain » de choix pour accompagner AMI dans ses premiers pas en terre australienne. « Sodexho a mis à ma disposition son réseau professionnel. Mon tuteur, le directeur des achats Asie-Pacifique, m’a mis en relation avec ses fournisseurs, ainsi qu’avec les autorités agricoles et sanitaires locales. » Un passeport pour le succès : en trois semaines, Rodolphe avait déjà obtenu ses premières propositions de partenariat. « Je suis notamment en contact avec un groupe de trente producteurs de l’agro-industrie, qui envisage de monter un collectif d’exportation de produits frais. Et je travaille étroitement avec les autorités locales. » De quoi entrevoir d’excellentes perspectives sur le marché australien, et au-delà. « Entre septembre et décembre, nous allons décider de la forme de notre implantation, filiale ou bureau de représentation. Si ça marche, nous poursuivrons sur la Nouvelle Zélande, puis sur l’Asie-Pacifique où le marché de l’exportation du poisson est considérable. » Quant à Patrick Poireau, il est satisfait de cette première opération de portage, qui, rappelons-le, n’implique aucune relation commerciale entre « porteur » et « porté ». « Le portage est une notion qui "colle" parfaitement à l’esprit d’ouverture du groupe Sodexho. Nous sommes présents dans tous les pays d’Asie pour aider les PME à réussir. En Chine notamment, le portage peut se révéler particulièrement utile pour les PME… » F. P.-C. D. R. A ICAL/LA VIE/RÉ BOISSEAUX-CH 0 130 0 0 12 Parmi les clients d’AMI, les marchés de pêche (ici, une criée). OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 • AUSTRALIE Ubisoft Muriel Juhel : « L’indépendance d’abord » réussi à créer sur place deux filiales d’un groupe français. i vous n’y connaissez rien en jeux vidéo, demandez à vos enfants : « Rayman » n’a aucun secret pour eux. Lancé en 1995, c’est ce jeu qui a propulsé Ubisoft, une PME française fondé par cinq frères bretons, les Guillemot, sur la scène internationale. A Sydney, Ubisoft a le visage de Muriel Juhel. En cinq ans, cette jeune femme qui vient d’Ubisoft a créé la filiale australienne et diversifié les activités du groupe Guillemot. Un ensemble qui pesait l’an dernier Implantation : Sydney un chiffre d’affaires de 10 millions de dolEffectif : lars australiens. De sacrés résultats pour la 10 personnes jeune conseillère du Commerce extérieur, Siège social en France : qui a débarqué à Sydney au moment du La Gacilly (56) lancement de la Playstation, star des http://fr.guillemot.com consoles de jeux, avec seulement cinq produits à vendre. « L’Australie était à l’évidence un marché intéressant. Environ 40 % des ménages y détiennent un ordinateur multimédia. En un mois et demi sur place, j’ai pu étudier le marché : le réseau de dis- S tribution, les tarifs du marketing, le cycle de vie des produits... Et surtout, voir si la vie ici me convenait. » Muriel découvre un petit marché, dominé par deux grossistes distribuant les logiciels du monde entier. Et un pays immense. Heureusement, la demande se concentre sur une zone géographique relativement restreinte : le croissant Sydney, Melbourne, Brisbane. L’Australie lui plaît : elle y reste. Elle commence par changer de grossiste, forme des vendeurs, puis crée la filiale australienne d’Ubisoft. Dans la foulée, elle en crée une autre pour le groupe Guillemot. « Au début, j’ai songé à racheter un des distributeurs. J’aurais pu bénéficier de leur savoir-faire et de leur équipe de vente, mais j’ai préféré démarrer toute seule, pour préserver mon indépendance. » Seule, mais en s’appuyant sur les compétences du poste d’expansion économique de Sydney, qui lui a livré une étude de marché « bien construite et très précise » ainsi que sur son cabinet d’expertise comptable et de conseil, Price Waterhouse. F. P.-C. D. R. Séduite par le pays, la jeune femme a Accor « French touch » et talents locaux formidable capacité à s’adapter à la demande. Accor regarde maintenant vers l’Asie. ’année 2001 restera dans l’histoire du groupe Accor celle du dixième anniversaire de son implantation en Australie. Une année à marquer d’une pierre blanche pour le groupe français devenu depuis leader en Australie dans le domaine de l’hôtellerie. Et pourtant. Dix ans plus tôt, rien ne semblait joué d’avance. « Accor s’est implanté à Sydney en pleine guerre du Golfe, et au plus fort de la crise économique mondiale, se souvient Peter Hook, directeur de la communication chez Accor Asie-Pacifique. C’était le bon moment : quatre ans plus tard, nous avions quarante hôtels en Australie, et une bonne centaine aujourd’hui, malgré L • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 Les hôtels Novotel, Mercure, Ibis de Darling Harbour à Sydney. un mauvais passage en 1995 dû aux essais nucléaires ». La botte secrète d’Accor : conjuguer la « French touch » et les talents locaux, et s’adapter à la demande. L’Australie est en manque d’hôtels de catégorie « économique » ? Accor y implantera onze « Formule 1 » (avec des salles de bains individuelles pour tenir compte des habitudes australiennes) et dix « Ibis ». Aujourd’hui, le marché australien est, pour Accor, un marché parvenu à maturité. Sa Implantation : 100 hôtels plus belle vitrine est sans doute la « rue Effectif : Accor » de Darling Harbour, à Sydney, où 10 000 personnes s’alignent Novotel, Mercure, Ibis et Centre Siège social en France : de congrès du groupe, en attendant la Paris (75) www.aapc.com.au création prochaine d’un Sofitel. Pour le groupe français, c’est désormais ailleurs que se situent les perspectives de développement : « Aux Etat-Unis, où notre présence est encore insuffisante, et plus que jamais, en Asie, notamment en Chine où les jeux Olympiques nous offrent d’excellentes perspectives. Une base puissante en Australie reste la meilleure avenue entre l’Asie et le Pacifique ». F. P.-C D. R. Le succès du groupe hôtelier tient à sa PAGE 31 Philippines Sea 0 0 160 0 150 170 Equator 0 140 AUSTRALIE 0 130 0 Arafura Sea Coral Sea Bénéteau REPORTAGES 11 0 0 0 12 Le vent en poupe La plaisance à voile : un créneau porteur en Australie grâce à une clientèle aisée et au boom des charters de croisière dans D. R. la région. ADI Limited R sage maintenant d’accéder à de nouveaux D. R. Position clé dans la défense Ce pôle de compétences multiples envimarchés dans le monde. uiz : qui vient en tête dans le secteur défense en Australie ? Réponse, la France via ADI, une société privatisée par le gouvernement australien en 1999, détenue pour moitié par Transfield, une compagnie australienne spécialisée dans l’ingéniérie, la construction et les infrastructures, et par l’entreprise française Thalès (ex-Thomson-CSF). Thalès est aujourd’hui l’un des leaders mondiaux de l’électronique militaire et civile. Le groupe intervient également dans les technologies de l’information et les services et développe dans le monde Implantation : entier, une stratégie offensive de croisSydney sance externe. Il a aussi acquis des posiEffectif : 2 008 personnes tions en Corée et en Australie. Siège social en France : Aujourd’hui, ADI Limited est la princiThalès-Paris pale compagnie industrielle pour la www.thalesgroup.com défense, les technologies et les systèmes de défense en Australie. Ses compétences sont multiples : gestion de projets, ingénierie de logiciels, développement des systèmes de C4ISR (commande, contrôle, communication, technologies de l’information, renseignement, surveillance et reconnaissance), télécommunications, construction navale, systèmes antimines… « Grâce à nos nouveaux propriétaires, Thalès notamment, nous avons désormais à notre disposition le capital et les technologies nécessaires pour mieux assurer notre croissance, et accéder à de nouveaux marchés dans le monde entier », explique Leigh Funston, Group Manager Corporate Communications chez ADI. Un succès qui devrait attirer des PME. F. P.-C. Q PAGE 32 ushcutters bay. Des centaines de yachts à quai, et au moins autant dans la baie. Un jour de semaine comme les autres à Sydney, haut lieu de la navigation de plaisance à voile. En Australie, le numéro 1 dans sa catégorie est le français Bénéteau. Et Bénéteau, c’est Christophe Vanek. Arrivé il y a une quinzaine d’années en Australie, Christophe, dernier né d’une lignée de marins, (les chantiers Vanek, à la Trinité-sur-Mer, c’est sa famille) monte un restaurant, quelques affaires, épouse une Australienne, et navigue. Coupe de l’America, transats en solitaire, Withbread… le milieu de la plaisance à voile n’a bientôt plus de secrets pour lui. Pendant ce temps, Bénéteau végète. Gérée par des commerciaux peu rompus aux habitudes du milieu Implantation : nautique, la filiale est Syndey revendue en 1995 à deux Effectif : 16 personnes à Sydney, 2 à Melbourne, Australiens, Brendan et Jo 1 à Adélaïde Hunt, déjà propriétaires Siège social en France : d’une affaire de revente à Saint-Hilaire-de-Riez (85) Melbourne, Vicsail, imméwww.vicsail.com diatement séduits par les produits Bénéteau. Ils engagent Christophe, dont l’entregent et le côté Frenchie dopent les ventes. « La conjoncture était avec nous : c’est à cette époque qu’est intervenu le boom des charters de croisière, pour lesquels les bateaux Bénéteau sont parfaits. » De moins de 20 ventes par an, Vicsail passe à une vitesse de croisière de 40, avec une pointe de 52 bateaux vendus l’an dernier. Dont 40 % pour les charters, et 60 % pour les particuliers. « La majeure partie de nos ventes est réalisée à Sydney, où les gens gagnent de l’argent et le dépensent plus rapidement qu’ailleurs. » Christophe Vanek est satisfait, mais ne se repose pas pour autant sur ses lauriers. « En Australie, les affaires ne vont pas de soi. Les Français gagnent à la longue, mais ils doivent être prêts à passer deux années difficiles. Et savoir que dans ce “ grand Club Med ” de 19 millions d’habitants, recruter des collaborateurs n’est pas évident. » F. P.-C. Christophe Vanek, responsable de Bénéteau Australie depuis 1995. OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 • CAHIER INDUSTRIES Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie (Minéfi) Direction des Relations économiques extérieures (DREE) La Dree prépare et met en œuvre la politique des pouvoirs publics en matière de relations économiques extérieures et de développement international des entreprises. Tél. : 01 53 18 87 64 Fax : 01 53 18 12 73 Internet : www.commerceexterieur.gouv.fr ou www.dree.org Le Fil de l’export Le Fil de l’export réunit 17 partenaires des secteurs public, parapublic et privé autour d’un guichet d’entrée unique, consacré au soutien des entreprises françaises à l’étranger. Tél. : 0 825 01 15 15 Internet : www.filexport.com Direction générale de l’Industrie, des Technologies de l’information et des Postes (Digitip) Elle contribue au développement économique de la France et à la compétitivité internationale des entreprises des secteurs de l’industrie, des postes et des technologies de l’information Tél. : 01 47 87 17 17 Internet : www.industrie.gouv.fr Direction du Trésor Le Trésor participe à l’élaboration et à la conduite de la politique économique et financière de la France, y compris dans sa dimension européenne et internationale. Tél. : 01 44 87 70 07 Fax : 01 44 87 70 05 Postes d’expansion économique (PEE) Implantés auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises, ils constituent les relais à l’étranger du dispositif public d’appui au commerce extérieur. Internet : www.commerceexterieur.gouv.fr ou www.dree.org/pee Directions régionales du Commerce extérieur (DRCE) Sous l’autorité du préfet de région, elles • N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001 sont le relais du dispositif d’appui au commerce extérieur en région. Internet : www.commerceexterieur.gouv.fr Le médiateur des PME à l’international Il aide les PME qui rencontrent des difficultés dans leurs démarches à l’international avec le réseau public d’appui au commerce extérieur. Tél. : 01 53 18 82 36 Mél. : [email protected] Autres structures Centre français du commerce extérieur (CFCE) Il accompagne le développement international des entreprises françaises en mettant à leur disposition des informations sur les marchés étrangers. Tél. : 01 40 73 30 00 Fax : 01 40 73 39 79 Internet : www.cfce.fr Agence pour la promotion internationale des technologies et des entreprises françaises (CFME-Actim), devenue Ubifrance depuis le 1er octobre dernier Elle est chargée de réaliser et de coordonner les actions de promotion destinées à préparer et à favoriser le développement international des entreprises : foires, salons, actions techniques, industrielles et commerciales, volontaires internationaux en entreprise (VIE). Tél. : 01 44 34 50 00 Fax : 01 44 34 50 01 Internet : www.cfme-actim.com Union des chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger (UCCIFE) Associations privées d’entreprises françaises et étrangères, les CCIFE constituent des clubs d’affaires et jouent un rôle de lobbying auprès des autorités locales. Tél. : 01 55 65 39 21 Fax : 01 45 08 39 38 Internet : www.uccife.org Comité national des conseillers du commerce extérieur de la France (CNCCEF) Hommes et femmes dirigeants d’entreprises, ils mettent bénévolement leurs compétences au service des PME qu’ils parrainent dans leur développement à l’international. Tél. : 01 53 83 92 92 Fax : 01 53 83 92 99 Internet : www.cnccef.org Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) La Coface est une compagnie d’assurance privée qui garantit les entreprises contre les risques financiers liés à leurs échanges commerciaux et à leurs investissements internationaux. Tél. : 01 49 02 20 00 Fax : 01 49 02 27 41 Internet : www.coface.fr Banque de développement des PME (BDPME) Elle accompagne les PME dans leurs démarches d’internationalisation à toutes les étapes de leurs projets. Tél. : 01 41 79 80 00 Fax : 01 41 79 80 01 Internet : www.bdpme.fr Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne Cellule entreprises et coopération Tél. : 00 322 229 84 35 Fax : 00 322 229 84 35 Internet : www.rpfrance.org Medef international Le Mouvement des entreprises de France s’emploie à défendre et à promouvoir les entreprises françaises à travers le monde. Tél. : 01 40 69 96 00 Internet : www.medefinternational.fr Partenariat France Mission : faire bénéficier les PME de l’expérience et des réseaux de 36 grands groupes à l’international, afin d’accélérer et de sécuriser leur projets à l’export. Présents sur toute la planète, les groupes de Partenariat France proposent d’assurer le portage des PME. www.partenariat-france.org A CONSULTER Guide des appuis au développement international des entreprises, publié par le Centre français du commerce extérieur. Tél. : 01 40 73 34 60, fax : 01 40 73 31 46. Prix TTC : 25 € (164 F). PAGE 33 APPUIS Principales structures d’information et d’appui AIDES CAHIER INDUSTRIES Aides financières Pour préparer une implantation L’assurance-prospection pour la garantie des dépenses relatives à la préparation d’une implantation hors Union européenne Opérations visées : participation à des manifestations professionnelles, démarche de prospection pour repérer des marchés porteurs, prospection d’un pays ou d’une zone. Montant : 65 % du budget annuel de prospection. Contact : direction régionale de la Coface ou direction régionale du Commerce extérieur (DRCE). Demande possible en ligne sur le site www.coface.fr Le programme européen JEV (European joint-venture) Opération visée : création d’entreprises conjointes transnationales entre PME européennes. Montant : subvention ne pouvant dépasser 100 000 euros par projet. Contact : Commission européenne - DG Entreprises, Rudy Aernoudt. Tél. : 00 32 2 295 39 42 Fax : 00 32 2 295 21 54 Note : ce programme est en cours de restructuration. Il devrait pouvoir être étendu aux pays d’Europe centrale et orientale. Pour financer un investissement Les contrats de plan Etat-région (CPER) Opérations visées : selon les régions, embauche d’un salarié export ou mise à disposition d’un volontaire international en entreprise (VIE), conseils et investissements immatériels, implantation légère à l’étranger, formation au commerce international… Montant : subvention couvrant au maximum 50 % des dépenses engagées. Contact : DRCE ou services du conseil régional. Le volontariat international en entreprise (VIE) Objectif : recruter sous deux mois maximum un jeune diplômé (tous profils), âgé de 18 à 28 ans, pour une durée variable de 6 à 24 mois en bénéficiant d’une exonération intégrale de charges sociales. Contact : • Choix d’un candidat en fonction de son profil en ligne : www.citiweb.com • Centre d’information sur le volontariat international (Civi). N° Azur : 0 810 10 18 28 • Ubifrance (ex-CFME-Actim) : 01 44 34 50 00 PAGE 34 La provision fiscale pour investissement (article 39 octiès du Code général des impôts) Opération visée : implantation à l’étranger. Montant : pour une implantation industrielle, provision fiscale équivalente à 50 % des investissements réalisés pendant cinq années. Pour une implantation commerciale ou de services, le montant de la provision est égal aux pertes de la filiale pendant les cinq premières années, au prorata du taux de participation de la société française et dans la limite de l’apport en capital. Une fiche technique très détaillée est disponible sur internet : www.minefi.gouv.fr/europe/commerce_exterieur/ developpement international/s’implanter a l’etranger Contact : renseignements auprès de la DRCE ou de la DREE - Sous-direction de la politique financière Bureau 2D-Investissement international. Tél. : 01 53 18 82 08 Fax : 01 53 18 95 98 Pour le dépôt et le traitement de la demande, direction générale des Impôts - Bureau des agréments. Tél. : 01 53 18 04 38 Fax : 01 53 18 19 46 Pour se garantir contre les risques La garantie des investissements inférieurs à 100 MF à l’étranger contre le risque politique (Coface) Durée : 10 ans maximum, exceptionnellement 15 ans. Coût : prime variant de 0,7 à 1,1 % par an pour les couvertures standard. Assiette : la garantie s’applique au montant de l’investissement initial qui peut s’accroître des revenus réinvestis jusqu’à 100 % de l’investissement initial, des dividendes à rapatrier pour 20 % de l’investissement initial. Contact : délégation régionale de la Coface ou siège, Marie-Hélène Alexis, tél. : 01 49 02 20 95 Demande de formulaire sur le site www.coface.fr. La garantie des investissements contre le risque économique dans les pays émergents (Fasep-Garantie) Durée : 7 ans maximum. Coût : prime annuelle de 1 % du concours garanti. Concours éligibles : investissements en fonds propres, apports en comptes courants bloqués, prêts bancaires, participations de sociétés en capital-risque. Quotité garantie : 50 % du concours. Contact : délégations régionales de la BDPME, de la Coface ou de la DRCE. OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •