Comment investir à l`étranger

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CAHIER INDUSTRIES
Les cahiers Industries sont disponibles en téléchargement sur Internet : www.industrie.gouv.fr/accueil.htm
SUPERSTOCK
COMMENT
INVESTIR
A L’ETRANGER
L
es entreprises françaises sont largement implantées hors de l’Hexagone. Les grands
groupes mais aussi les PME. Comment doivent-elles se préparer à cette démarche ?
A quelles difficultés doivent-elles s’attendre ? Quels sont les appuis institutionnels et
financiers ? Pour y voir plus clair, Industries a choisi de présenter les témoignages
d'entreprises ayant réussi leur implantation dans une sélection non exhaustive de
quatre destinations phares : l’Australie, Singapour, le Maroc et la République tchèque.
Autant de pays où les petites et moyennes entreprises peuvent raisonnablement
espérer se développer, car elles y trouvent un environnement politique et juridique
favorable, des coûts de production avantageux et des perspectives de développement
sur des marchés plus larges.
Ce dossier a été réalisé dans le courant de l’été, avant les récents événements internationaux.
Par Laurence Alary-Grall, Florence Pijaudier-Cabot et Janine Toffin-Payne.
• N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001
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CAHIER INDUSTRIES
Les entreprises
françaises sont
aujourd’hui présentes
dans 133 pays.
Présentes sur la quasi-totalité du globe,
les PME, à la suite des grands groupes,
s’implantent dans les pays développés
mais les opportunités des marchés émergents les attirent également. Tour d’hori-
es entreprises françaises prennent pied partout dans le monde. Avec 47,9 milliards d’euros, la France était, en 2000, le second pays
de l'OCDE à investir à l'étranger, derrière le
Royaume-Uni et devant les Etats-Unis. Une position
qu’elle occupe en couvrant la quasi-totalité du globe :
selon les résultats 2000 du recensement effectué tous
les deux ans par les postes d'expansion économique
(PEE), les entreprises françaises étaient présentes dans
133 pays, à travers 19 177 filiales et employaient
3,5 millions de salariés. Des implantations en augmentation de 21 % depuis la précédente enquête.
Ces investissements ne sont pas l’apanage des seuls
grands groupes : les PME de 10 à 250 salariés développent, elles aussi, une stratégie dynamique à
l’échelle mondiale. Elles représentent 32 % des implantations et 11 % des effectifs. La moitié d’entre elles a
moins de 29 salariés.
Où les entreprises préfèrent-elles s’installer ? Leurs
zones de prédilection : les pays développés. EtatsUnis, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Belgique
concentrent à eux seuls 50 % des effectifs. « L'Europe
reste la destination privilégiée, constate Bertrand de
Cordoue, sous-directeur Europe-Afrique-Moyen-Orient
à la direction des Relations économiques extérieures
D. MAILLAC/RÉA
zon et zoom sur la Chine.
L
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(DREE). Logique : l'environnement juridique y est
particulièrement rassurant. » Ainsi, les flux d'investissements directs français vers l'Union européenne ont
doublé entre 1999 et 2000 (18 M€). En tête, le
Royaume-Uni, suivi par l'Allemagne.
Les entreprises françaises anticipent l’élargissement
de l’UE. « Elles investissent en Europe centrale et orientale, à la faveur d'une plus grande stabilité politique
et de bonnes conditions d'implantation, telle l'existence d'une main-d'œuvre
qualifiée et bon marché »,
remarque Bertrand de Cordoue. La Pologne est le 7e pays
d'implantation des filiales françaises, de plus en plus nombreuses aussi en Roumanie
(49 000 personnes) et en
République tchèque (35 000).
Une progression notable est
également enregistrée en
Croatie, Slovaquie et dans les
Pays baltes.
La présence française s’affirme
aussi hors Europe. Premier
pays d'accueil : les Etats-Unis, avec 26 % des effectifs des filiales françaises. Au Japon, le nombre des
filiales françaises a doublé entre 1992 et 2000, année
pour laquelle on compte 50 nouvelles implantations.
Avec deux opérations d'envergure (achat de Newbridge par Alcatel et de Seagram par Vivendi), la
France devient le 2e investisseur étranger au Canada.
Enfin, entre 1998 et 2000, les entreprises françaises ont
accru leur présence en Australie et en Nouvelle
Zélande, où elles emploient 55 000 personnes.
Les marchés émergents (Asie, Amérique latine, MoyenOrient) représentent enfin de réelles opportunités.
Les effectifs des filiales françaises progressent de 42 %
dans ces zones. L'Amérique latine est la première
En 2000, le Japon
a accueilli
50 nouvelles
implantations
françaises.
OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
D. MAILLAC/RÉA
Les entreprises françaises sur le
CAHIER INDUSTRIES
zone d'emploi dans les pays non industrialisés avec
400 000 personnes, soit 11 % de l'effectif total. Premiers bénéficiaires : le Brésil et l'Argentine suivis du
Mexique et du Chili. La région est marquée toutefois
par une légère désaffection, du fait de la crise économique.
Dans la perspective de sa prochaine adhésion à
l'OMC, la Chine a fortement attiré les implantations
françaises dont le nombre a augmenté de 40 % par
rapport à 1998. Globalement, l'Asie rassemble 9 %
des salariés de filiales françaises à l'étranger, avec des
évolutions contrastées. Contexte politique oblige, on
enregistre un ralentissement en Malaisie, Indonésie et
aux Philippines. Singapour reste un lieu très sûr pour
les investissements étrangers. L'Inde, la Corée du Sud
et le Viêt-Nam connaissent un afflux d'investissements.
Toujours parmi les pays émergents, le Proche et
Moyen-Orient sont en forte progression (2 % des
effectifs totaux). La Turquie, notamment, a enregistré une augmentation des effectifs de 42 %. Le Liban,
de retour à la stabilité politique, constitue également
une destination attirante. L'Afrique est en diminution,
mais l'implantation française y reste tout de même
importante avec 260 000 personnes employées. Il y
a peu de nouveaux entrants dans ce continent. Les
PME en place y sont installées depuis longtemps.
Ces données soulignent la poursuite du mouvement
d’internationalisation des entreprises françaises. Pour
Bertrand de Cordoue « elles démontrent leur capacité à faire évoluer leur implantation géographique en fonction de la dynamique des marchés. Et les
PME, loin d’être en retrait, sont souvent les plus
mobiles ».
F. P.-C.
A CONSULTER
www.minefi.gouv.fr
La Chine : des potentialités
mais un marché difficile
'effet jeux Olympiques pourrait encore bien
donner des points à la Chine, qui occupe
désormais la 6e place des pays d'accueil des
investissements français dans le monde. Les
chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 330 milliards
de dollars d’investissements étrangers réalisés en 2000.
Un marché aux potentialités gigantesques (1,25 milliard d’habitants), qui prend des allures de nouvel
Eldorado pour les investisseurs du monde entier. La
répartition sectorielle des investissements correspond
à des industries à faible intensité capitalistique (textile, jouets…). Toutefois, un rééquilibrage au profit des
produits à plus haute valeur ajoutée commence à se
manifester (électronique, électroménager, automobile…), traduisant la montée en puissance de la Chine
comme sous-traitant et futur concurrent des pays
développés.
Les entreprises françaises présentes, particulièrement
dans les régions de Shanghaï et Canton, sont souvent de grands groupes aux reins solides, qui suivent une logique de consolidation de leurs implan-
SIPA
L
Des secteurs
comme
l’électronique et
l’électroménager
se développent
de plus en plus
en Chine.
Mission avec la CGPME
a Confédération générale des petites et moyennes
entreprises (CGPME) et son antenne des Yvelines (78)
participent, du 20 au 24 novembre prochain, à l’exposition
France-Chine qui se tiendra à Pékin. Cette mission permettra
de développer les liens avec les PME chinoises et de finaliser
des protocoles d’accord conclus en 2000.
Contact : CGPME 78 - Sandrine, tél. : 01 34 83 88 48.
L
• N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001
tations. Ils emploient actuellement 85 000 personnes.
Peter Hook, directeur de la communication du groupe
Accor Asie-Pacifique témoigne : « Accor est en Chine
depuis 1985. Nous avons peiné, et beaucoup investi.
Aujourd’hui, nous sommes récompensés de nos efforts,
parce qu’être fort en Chine, c’est être fort partout dans
le monde ».
Les PME/PMI s'intéressent
également au marché chinois,
notamment dans les secteurs
de la chimie, de la pharmacie, des transports et des
nouvelles technologies. Elles
s'implantent par le biais de
bureaux de représentation et
bénéficient du déploiement
rapide de structures d'accueil
qui leur sont dédiées par les collectivités territoriales
et les fédérations professionnelles chinoises. Des
opportunités pour approcher le marché chinois se
développent. Parmi elles : le portage via Partenariat
France proposé aux PME par 36 grands groupes français, les missions initiées par le réseau consulaire ou
les fédérations professionnelles françaises.
Mais attention, préviennent les experts : même si la
Chine en entrant cette année dans l’Organisation mondiale du commerce a fait le choix de plus d’ouverture,
de plus de transparence et de plus d’efficacité économique, elle reste marquée par un environnement
difficile, où les codes culturels restent très présents.
Un marché à, donc, aborder avec prudence, patience
et humilité.
F. P.-C.
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ÉTAT DES LIEUX
devant de la scène
Quel pays d’implantation ?
Investir à l’étranger, oui mais où ? Comment ? Et selon quel mode juridique ? Il
faut bien connaître les atouts et les
inconvénients du pays et adapter sa stratégie à chaque situation. Enquête dans
Réduire les coûts
de production
quatre pays : Australie, Maroc, République
tchèque et Singapour.
’identification de la zone géographique où
investir est primordiale. La plupart des entreprises décident de s’implanter dans tel ou tel
pays, en fonction d’une stratégie mondiale
ou régionale de conquête de nouveaux marchés.
Nombreuses sont les PME qui quadrillent ainsi systématiquement le monde. C’est le cas de FM
Logistic, une entreprise
de transport, trop à
l’étroit en France, qui a
créé une filiale en République tchèque pour trouver de nouveaux débouchés et une concurrence moins forte. Ou d’Imtec, un
équipementier automobile de second rang spécialisé
dans l’injection plastique et la découpe des métaux,
qui s’est, lui aussi, implanté en Tchéquie pour se rapprocher de ses clients d’Europe de l’Est (Autriche,
Hongrie, Pologne).
Certains pays constituent par ailleurs une véritable
tête de pont pour pénétrer des marchés réputés dif-
ficiles. Singapour est une des portes d’entrée privilégiée vers l’Asie, notamment du Sud-Est. De même, si
du fait de l’éloignement, l’Australie n’est pas un avantposte idéal pour pénétrer les marchés asiatiques, une
entreprise qui aura réussi en Australie bénéficiera de
préjugés favorables auprès de la clientèle asiatique.
Idem pour la Pologne, qui, du fait de sa position géographique au
cœur de l’Europe centrale
et orientale,
constitue une
intéressante
plate-forme
régionale. « La réussite d’une entreprise étrangère en
Pologne conforte souvent sa crédibilité dans les pays
voisins : Biélorussie, Ukraine, Russie », indique Jean
Mailly, directeur général d’Auchan Pologne-Russie.
Réduire ses coûts de production est un autre motif tout
aussi évident pour s’implanter à l’étranger. Exemple :
Pellenc SA, équipementier de la viti et oléiculture.
Implantée depuis une quinzaine d’années sur les principaux lieux de production vinicoles d’Europe, de
Californie et d’Australie, la PME envisage de délocaliser une partie de sa production en Asie, coûts de production obligent. Autre exemple : la République
tchèque ou encore la Pologne et le Maroc où l’écart
des salaires explique la plupart des implantations.
Mais, attention à bien faire ses calculs. A vérifier que
les coûts de formation ne seront pas trop lourds. Et
que les infrastructures du pays « tiennent la route ».
C’est notamment un des points forts de la République
tchèque, qui dispose d’une autoroute traversant tout
le pays, ce qui n’est pas le cas de ses voisins Hongrie,
Pologne, encore moins de la Roumanie.
Ne pas oublier non plus que la maîtrise de la chaîne
logistique est un élément
déterminant dans la
conquête des marchés.
Surtout quand le pays
est aussi vaste que l’Australie. Prendre soin de
respecter la parole donnée avec les distributeurs, qui ne pardonnent
aucun manquement.
« Nous sommes très bons
en France pour la fabrication industrielle mais
il faut sans doute mettre
davantage de matière
grise sur la vente et tous
les services annexes qui
constituent à eux seuls,
en dehors de la qualité des produits, 50 %
d’une démarche réussie
à l’exportation », remarque Louis-Michel Morris,
à la tête du PEE de
Sydney. D’une manière
L
Conquérir de
nouveaux marchés
Les salons
professionnels
à l’étranger
(ici, le Salon Cebit
2000 à Hanovre) :
un bon moyen
d’appréhender
un pays.
LANGROCK-LAIF/RÉA
CONSEILS
CAHIER INDUSTRIES
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OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
générale, l’environnement économique, politique
et juridique du pays pèse lourd dans les choix
d’implantation. L’Australie est un des marchés les
plus attractifs et les plus sûrs de la région AsiePacifique : un cadre politique et juridique anglosaxon particulièrement favorable, une conjoncture
qui l’est également et la présence massive de ténors
de l’économie française qui font que le stock d’investissements français est l’un des plus importants
d’Asie.
A Singapour, le gouvernement favorise activement
les investissements étrangers : ici, on crée son entreprise en trois jours, et on peut obtenir d’importantes
subventions selon le secteur et le type d’activité.
« L’économie singapourienne est capable de monter
en gamme et rebondir très rapidement suite à
un choc. Ces
atouts s’expliquent notamment par la
politique économique très
proactive du
gouvernement, qui a une vision à long terme et des
marges de manœuvre importantes, contrairement à
d’autres pays de la région », observe Didier Janci, responsable du PEE à Singapour.
Même constat pour la République tchèque : la situation politique et économique est stabilisée, la monnaie (couronne) tchèque se porte bien, l’inflation est
maîtrisée et le pouvoir d’achat augmente. Pour sa
part, la Pologne « a dû montrer patte blanche pour
gagner son ticket d’entrée dans l’Union européenne,
indique Michel Marbot, président de Danuta, leader
des pâtes alimentaires en Pologne, elle allie désor-
I. SIMON/SIPA PRESS
CAHIER INDUSTRIES
Choisir des pays
stables
Signe positif
pour investir à
l’étranger :
l’augmentation
du pouvoir
d’achat.
mais stabilité politico-économique et cadre juridique
fiable ».
Quant au Maroc, il bénéficie d’une action très forte
du gouvernement français pour encourager les PME
à investir sur place, saluant par là-même les efforts
accomplis par le pays dans la modernisation de ses
structures économiques et institutionnelles.
Encore faut-il choisir le bon moment pour s’implanter. En République tchèque, les Français arrivent quelquefois un peu tard, après les Anglais, les Hollandais
ou les Allemands. Résultat : beaucoup de places sont
déjà prises.
F. P.-C., L. A.-G. et J. T.-P
Petit guide de la première approche
Ne pas improviser son départ. Exemple : même si
l’Australie est considérée comme une destination assez facile,
il faut savoir que le taux de survie à la première année des
« small » et « medium entreprises » (nos PME) est de 33,36 %,
contre 50 % en France. Et dans le cas des franchises, ce
chiffre peut atteindre 76,5 %. La clef de la réussite : des
préparatifs très minutieux.
S’entourer de conseils. Préparez soigneusement votre
démarche depuis la France avec des partenaires tels que le
CFCE, les DRCE, les CCI, les CCE (conseillers du commerce
extérieur). Contactez également les services de l’ambassade
du pays sélectionné ; l’Economic Developpement Board
singapourien possède notamment un bureau à Paris. Avec le
CFME-Actim (devenu Ubifrance depuis le 1er octobre),
participez aux salons professionnels à l’étranger. Pour réaliser
vos études de marché, vous ne manquerez pas d’utiliser les
moyens mis à votre disposition par les PEE, spécialistes de la
première approche, ainsi que les chambres franco-étrangères
de commerce et d’industrie. A Sydney, ce dispositif, complété
par l’action d’un consultant français, BMD, permet de pallier
très efficacement les distances. N’oubliez pas de surfer sur
internet avant d’attaquer le Pacifique. Pensez aussi au
portage, toutefois réservé aux entreprises ayant déjà une
première expérience à l’international.
Partir en missions de prospection. Le moment est venu
de vous rendre sur place. Contactez les organismes qui
• N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001
peuvent vous fournir des études sectorielles approfondies
(PEE, chambres de commerce, consultants, Medef
international). Au besoin, partez avec eux dans le cadre
de voyages organisés. « Les missions de prospection ne
se résument plus à quelques déjeuners plantureux et
soirées au théâtre. Aujourd’hui, on propose des missions
de confirmation qui ont beaucoup plus d’impact », souligne
Christophe Duday, à la French Australian Chamber of
Commerce and Industry, qui développe des prestations
intéressantes pour le compte des PME françaises :
prospection, démonstration d’échantillons de produits…
Faire preuve de patience. Prévoyez au moins six mois
pour initier un courant d’affaires. Cela représente des frais, et
suppose de choisir qui vous représentera sur place. Expatrier
un salarié ? Embaucher un représentant local ? Toutes les
solutions existent, et présentent avantages et inconvénients,
selon les pays. A première vue, envoyer un Français peut
paraître plus sûr mais choisir un local peut quelquefois faciliter
les démarches. Reprendre une entreprise, s’associer à un
partenaire dans le cadre d’une « joint-venture » peut s’avérer
parfois plus judicieux que de créer sa propre entreprise.
Un cédant ou un associé polonais vous ouvrira toujours
des portes que vous n’auriez pu ouvrir seul. Autre avantage :
il vous mettra en relation avec ses clients.
Enfin, faut-il faire appel à un consultant ? La réponse
sera souvent oui.
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CAHIER INDUSTRIES
Prononcer
quelques mots
dans la langue
locale est toujours
très apprécié.
BROWN/SABA/RÉA
CONSEILS
Comment s’implanter ?
L e site
S’implanter, c’est d’abord trouver un bureau. Ou un
terrain lorsqu’il s’agit de création d’entreprise. Dans
certains pays, trouver quelques mètres carrés peut
être un véritable casse-tête, et surtout, hors de prix.
Comme à Singapour où l’immobilier est rare et cher
et où le French Business Center, pépinière d’entreprises, peut être une solution avantageuse (lire encadré p.17). Autre souci : le permis de construire, une
formalité qui, pour des raisons administratives, peut
prendre plusieurs mois comme en Tchéquie, voire
plus d’une année au Maroc où le régime foncier
s’avère très complexe du fait notamment de l’imbrication de textes récents et d’usages issus du droit
patrimonial traditionnel, basé sur le droit musulman,
ainsi que de la multitude de services gouvernementaux.
L a langue
C’est souvent la difficulté majeure. En Australie, où les
Français sont vite taxés d’arrogance, le minimum est
de se mettre à la portée des « businessmen ». Partout,
une excellente maîtrise de l’anglais est incontournable. A Singapour, où Malais, Chinois et Indiens
cohabitent, le trait d’union est la langue anglaise. En
Pologne, l’anglais est la langue commerciale la plus
couramment utilisée mais une loi impose le polonais
pour les contrats lorsque l’une des parties est polonaise. Plus généralement, il est du meilleur effet de
prononcer quelques mots dans la langue locale lors
d’une négociation. En République tchèque, la connaissance du tchèque est fortement recommandée. Le
français est l’atout n°1 au Maroc.
L es appuis
Il est souvent difficile de démarrer sans l’aide d’un avocat et d’un expert-comptable. Notamment en Australie, où selon l’esprit anglo-saxon, c’est le contrat qui
prévaut et en République tchèque où la réglementation change sans arrêt. En Pologne, c’est d’un fiscaliste dont on a besoin : le droit fiscal est très technique
et sujet à interprétations multiples. D’autant qu’il
n’existe souvent aucune jurisprudence et qu’aucune
doctrine ne prévaut. Au Maroc, il vaut mieux suivre
les conseils d’une société fiduciaire. Elles sont nombreuses et souvent de culture franco-marocaine. Elles
permettent d’éviter les pièges de l’administration
marocaine et servent d’entregent auprès des autorités locales. Ne pas oublier l’ambassade de France.
Les services des PEE peuvent apporter une aide précieuse.
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OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
Le French Business
Center
ingapour cumule les atouts pour attirer les
investisseurs étrangers : une situation
géographique stratégique, des infrastructures
de transport hors pair, le meilleur accueil
réservé aux talents étrangers, une organisation
des affaires très occidentalisée et une maind’œuvre qualifiée dans la plupart des secteurs.
Seule ombre au tableau, le coût exorbitant de
l’immobilier. Pour pallier cet inconvénient, le
réseau des CCI a mis en place, depuis six ans,
une structure d’accueil privilégiée, le French
Business Center (FBC) pour accompagner
le développement des PME françaises à
Singapour et en Asie du Sud-Est, de la phase
initiale de prospection jusqu’à leur implantation.
Au cœur de Chinatown et du quartier des
affaires, le FBC offre 1 500 m2 de bureaux
équipés… et climatisés, avec secrétariat et
salle de réunion, le tout avec une flexibilité
totale dans la durée du bail. En tant que centre
d’affaires, le FBC donne accès à son service
de consultants, à l’assistance d’experts et aux
service de l’ambassade de France, du PEE
notamment. Alexandra Bouthelier, directrice
du FBC souligne : « Notre but est de dégager
les entreprises des contraintes logistiques
de sorte qu’elles puissent se concentrer sur
les opportunités d’affaires, et la conquête
de nouveaux marchés ».
Un « cocooning » très apprécié. Ainsi MDS
Pharma Central Lab qui démarre, depuis son
bureau de représentation au FBC, l’installation
d’un laboratoire d’analyses biologiques en Asie.
Chantal Raffy, la directrice générale explique :
« Pour moi qui suis toujours entre deux avions,
le FBC est la meilleure solution : il s’occupe
de toutes mes démarches administratives, de
mes visas, de mes problèmes logistiques, de
logement ou de recrutement. Et grâce à lui, je
rencontre tous les membres de la communauté
d’affaires ». Des services qui ont eu, depuis leur
création, les faveurs de plus de cent
entreprises françaises.
Contact : www.fbcsingapore.com
BESSARD/RÉA
CAHIER INDUSTRIES
S
D. R.
Une bonne
connaissance de
la culture du pays
choisi permet
d’éviter certaines
erreurs et
maladresses.
Il est inévitable. Alors autant s’y préparer pour le maîtriser au mieux. « Les Australiens sont très conviviaux,
confie Roger Pellenc, équipementier de la viti et oléiculture. Le networking compte beaucoup : parties de
golf, séjours linguistiques d’enfants pendant les
vacances… Attention, ils vous appellent systématiquement par votre prénom, mais restent de redoutables hommes d’affaires. » Avec les Tchèques, c’est
tout aussi subtil : « Il vous faut gagner leur confiance
par l’humilité, c’est un peuple très fier. C’est aussi un
peuple qui garde toujours ses distances par rapport
aux étrangers, il faut le savoir et ne pas s’imaginer s’intégrer complètement », note Pierre-Alexis Messmer,
vice-président d’Imtec délégué aux opérations internationales. Les Polonais, eux, fonctionnent à l’affectif : « En Pologne, le réseau est roi, le non-écrit primordial et la confiance, la clé de toute relation,
explique Janus Przyklang, PDG du cabinet de conseil
Hogart. Une négociation réussie est une négociation
qui se déroule entre amis. Mais les Polonais n’obéissent pas à une logique cartésienne : ils peuvent très
bien revenir le lendemain sur tout ce qu’il ont négocié la veille… ». En Asie, la vertu cardinale est la
patience : « Les gens pressés perdent de l’argent. Il ne
faut pas espérer réaliser rapidement de super profits.
On peut réaliser une croissance très rapide, mais uniquement sur des produits nouveaux sans équivalents
locaux », résume Etienne Chenevier, directeur AsiePacifique du groupe Luzenac, un familier du continent.
Quant aux Marocains, ils sont d’un abord d’autant
plus facile que la barrière de la langue n’existe pas.
Mais ne pas trop se fier à cette proximité immédiate :
« Les Marocains ont une culture des affaires différente de la nôtre : si la plupart des expériences de
partenariat réussissent, certains projets ne résistent
pas aux différences culturelles dont l’importance est
parfois sous-estimée », prévient Michel Derrac, chef
de la mission économique et financière de Rabat.
PAGE 17
▲
• N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001
L e « choc culturel »
L e personnel
es candidats français à l’implantation en
Australie ont de la chance. A Sydney, ils
bénéficient, en aval du PEE plutôt concentré sur
l’aide à la première approche, d’un cabinet
spécialisé dans le conseil, Bruno Mascart
Distribution (BMD) qui travaille en partenariat
avec son équipe française basée à Nantes.
Ils évitent ainsi un obstacle majeur : les 18 000
kilomètres et 23 heures de vol qui séparent les
deux pays. « Nous sommes sur place, c’est
important pour les clients australiens », observe
Jean Philippe Grange, un de ses animateurs,
ancien du PEE.
L
D. R.
Comment recruter et gérer la main-d’œuvre locale ?
Sur ce plan-là, la République tchèque dispose d’un
capital en or : une main-d’œuvre d’un niveau technique élevé, remarquablement formée par les écoles
professionnelles tchèques et qui a soif d’apprendre et
de progresser. Autre atout du pays : une situation de
l’emploi encore favorable car la privatisation et la fermeture d’anciens secteurs industriels, notamment
miniers, ont laissé beaucoup d’opérateurs de production sans emploi. Revers de la médaille : rompus
depuis des années à l’obéissance passive, ils sont
paniqués par la prise de responsabilités. D’où l’importance de la stratégie de communication de l’entreprise qui s’implante. « Les forces vives sont là, elles
ne demandent qu’à être réveillées. A nous de donner
sa chance à chacun », remarque Pierre-Alexis Messmer.
Autre pays, autre histoire. A Singapour, Olivier Laurence, PDG de Mycosphère n’arrive pas à se développer autant qu’il le voudrait, bien qu’il double son
chiffre d’affaires tous les ans, parce qu’il a du mal à
trouver du personnel qualifié et stable dans son
domaine, les biotechnologies : « La main-d’œuvre
asiatique est très volatile. Elle saute de job en job, à la
recherche du salaire le plus attractif, et n’hésite pas
à changer dès lors qu’on lui propose un meilleur
contrat ». Pour certains ingénieurs chinois et indiens, qui
abondent dans le secteur des technologies
de l’information, Singapour est considéré comme une porte
d’entrée vers les EtatsUnis. Dès lors qu’ils
obtiennent leur visa,
ils émigrent sans attendre l’échéance de
leur contrat…
En Australie aussi, il
est parfois difficile de
re cru te r. Le ple in
emploi est quasi atteint dans les grandes villes comme
Sydney (moins de 5 % de chômage). Et l’agence de
recrutement, un passage obligé. Le « casual staff »
(travail intérimaire) est très développé de même que
le travail à la semaine. Patrick Poireau, président Asie
Pacifique de Sodhexo explique : « On ne peut pas
soumettre les Australiens au même stress que les Français. Ici, le travail d’équipe est plus important, la hiérarchie moins marquée, et les horaires plus souples ».
Au Maroc, le problème est totalement différent : la
main-d’œuvre existe mais la grande difficulté, c’est le
dialogue social. Des lois sur le travail obsolètes
conduisent souvent à la confrontation. Ambiance
sociale plus paisible en Pologne. « Le marché du travail est ouvert et le personnel compétent, indique Yves
Rica, président d’Altadis, filiale de la Seita, le seul
problème vient des seniors, peu enclins au changement et très attachés à leurs acquis. »
L. A.-G., F. P.-C. et J. T.-P.
BMD : un consultant
français à Sydney
Fillon Pichon
(fabricant
de mélangeurs
de peintures
industrielles), une
des entreprises
aidées par BMD.
BESSARD/RÉA
CONSEILS
CAHIER INDUSTRIES
PAGE 18
En République
tchèque, les
écoles
professionnelles
ont formé une
main-d’œuvre
très compétente.
Le cabinet offre des prestations particulièrement
utiles : étude et prospection, maîtrise des circuits
de distribution, développement des ventes,
domiciliation commerciale, implantation.
« Les dirigeants ne se déplacent que pour les
négociations finales avec leurs clients,
partenaires, distributeurs potentiels », précise
le consultant.
En dix ans, BMD a aidé cent sociétés à démarrer.
Il héberge, par exemple, France Fil, qui fabrique
des containers de vieillissement du vin en
bouteilles, et réalise pour son compte des études,
rencontre des clients et gère la chaîne logistique
(organisation des containers, dédouanement,
etc.). De même avec Fillon Pichon (mélangeurs
de peintures industrielles) pour qui les heures
de vol commençaient à peser. « Nous avons
créé Fillon Technologies Australia, une filiale
domiciliée chez nous et pour laquelle nous nous
occupons des relations avec le transitaire et les
clients ainsi que de la gestion des stocks. »
Des implantations qui peuvent à moyen ou
à long terme, déboucher sur la création de filiales
de production. C’est en tout cas le but du jeu.
Pour en savoir plus
•
« Les implantations françaises à l’étranger », Enjeux
économiques internationaux n°6 (dossiers gratuits de la DREE).
Téléchargeable sur www.commerce-exterieur.gouv.fr/publication1/.
Les guides d’implantation proposés par les postes d’expansion
•économique.
Librairie du commerce international,
10 av. d’Iéna ou BP 428-16, 75769 Paris Cedex 16,
mél : [email protected].
OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
CAHIER INDUSTRIES
C’est un des moyens les plus souples pour s’implanter et générer un courant d’affaires en Australie. Il ne
mène pas directement d’activités commerciales, il se
limite à des activités de promotion, de publicité et
d’animation des réseaux d’importation déjà en place.
La convention fiscale franco-australienne considère
qu’il s’agit d’activités annexes pour l’entreprise auquel
le bureau est rattaché. Ces dispositions légales ont
d’importantes conséquences : le bureau de représentation ne peut embaucher directement des Australiens, ni signer des contrats sur le sol australien. En
revanche, il ne peut être imposé sur les revenus générés par son activité. Pour profiter des avantages de ce
mode d’implantation, il faut donc veiller à ce que les
factures et les contrats soient adressés à la maison
mère en France. Des consultants spécialisés hébergent
des entreprises dans ce cadre.
L a filiale
Une société qui s’implante à Singapour a toutes les
chances de choisir la formule filiale (Private Limited
Company), équivalent de la SARL française. « Créer
une filiale à Singapour ? Rien de plus simple, ni de plus
rapide, confirme Etienne Chenevier de Luzenac Asia.
Le capital minimum libéré est de 2 dollars singapouriens (moins de 9 francs), et il suffit de deux actionnaires, personnes physiques, ou d’une personne
morale. Ici, une entreprise peut être à 100 % actionnaire de sa filiale. »
e rachat d’entreprise
Lexistante
En République tchèque, c’est une formule quelquefois employée par les grands groupes comme par les
PME (Bertrand Faure à Zatec en 1992, par exemple)
mais l’expérience ne se révèle pas toujours concluante
car, qui dit rachat dit souvent entreprise en difficulté,
sinon en faillite, et pour l’entreprise repreneuse, un
héritage souvent lourd à assumer (locaux et matériels vétustes, personnel mal formé…). Même constat
pour Thomson, en Pologne, qui a racheté, en 1991,
Polkolor, une fabrique polonaise de téléviseurs et de
magnétoscopes. « Il faut avoir les reins solides pour
supporter les coûts de mise à niveau technologique »,
commente Jean-Marie Julien, PDG de Thomson Polkolor. A noter, toutefois, que la multiplication des
programmes de privatisation lancés par l’Etat polonais
offre aux sociétés françaises intéressées une manne
d’entreprises à racheter.
Lsociété
a création d’une
ex nihilo
De loin la meilleure solution en République tchèque,
en Pologne, au Maroc ou à Singapour. Exemple :
Mycosphère, le laboratoire de recherche de molécules à partir des champignons et bactéries qui se
développent en milieu tropical, qu’a créé Olivier Laurence, un ancien coopérant. Celui-ci a monté sa « Sole
proprietorship » en 1996 « à une époque où l’immigration était compliquée » en désignant son épouse
singapourienne comme « local manager », et en trouvant un « sponsor », une société singapourienne, pour
le parrainer. Depuis février 2000, Mycosphère est
devenue une « Private Limited Company » et son PDG
envisage de créer une filiale en Europe pour se rapprocher de ses principaux clients.
L a joint-venture
C’est la solution que privilégient de plus en plus les
PME françaises en quête de développement en
Pologne. « Tout simplement parce qu’il est plus facile
d’aborder ce marché avec un partenaire local qui
connaît bien l’environnement économique polonais
et apporte dans la corbeille ses contacts et ses clients »,
explique Henri Wrezesinski, à la tête du bureau de
représentation de France Télécom en Pologne.
F. P.-C.
Une filiale du
groupe FM Logistic
en Pologne.
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PAGE 19
D. R.
Lreprésentation
e bureau de
CONSEILS
Quel mode juridique d’implantation ?
Elargissement de l’Europe : de
nouvelles opportunités pour les PME
François Huwart, secrétaire d’Etat au
placée en position dominante en matière d’investissements directs étrangers dans de nombreux secteurs
industriels : elle est ainsi le premier investisseur en
Pologne et en Roumanie.
Commerce extérieur, fait le point sur le
développement des entreprises françaises
à l’étranger.
Industries : Les entreprises françaises ont-elles
déjà commencé à bénéficier de l’élargissement du
marché européen ?
François Huwart : Oui, et au-delà, l’Europe, qui
étire ses frontières à l’Est jusqu’aux anciens pays de
l’Union des Républiques socialistes soviétiques, est
un facteur qui structure la stabilité, la paix et, par
conséquent, la prospérité au sein de la zone « Europe
continentale ». Partager un territoire commun, un
espace économique et commercial normalisé, une
politique économique et financière coordonnée, la
même monnaie (dans la
zone Euro), enfin une politique étrangère de sécurité
et de défense renforcée,
– l’actualité témoigne de son
intérêt fondamental –, sont
les ferments d’une spirale
vertueuse au profit de tous
les citoyens européens.
Les entreprises n’échappent
pas à la règle et tirent déjà
des dividendes d’un marché
européen élargi. L’ouverture
à l’économie de marché des
pays de l’ancien Comecon(1)
a généré de la nouvelle
richesse, créé de nouveaux
besoins, de nouveaux marchés et donc de nouveaux
flux d’échanges et d’investissements.
Depuis la chute du mur de Berlin, la physionomie
des échanges commerciaux des pays candidats a
connu de profondes mutations, leur commerce extérieur s’est fortement réorienté vers l’Union européenne. Désormais, deux tiers des importations des
Peco(2) et de l’Est proviennent des Etats membres (jusqu’à 75 % dans le cas de la Pologne).
J’ajoute que les crédits communautaires du type
« Cards » de plusieurs milliards d’euros visant à la
mise à niveau structurelle des Etats et de leurs infrastructures a très largement profité aux entreprises
européennes. S’agissant de la France, l’accès facilité
à ces nouvelles économies émergentes, se traduit par
une augmentation de 700 % de ses exportations vers
les pays candidats qui dépassent désormais les 8 milliards d’euros et génèrent un excédent commercial
croissant de plus 1,5 milliard d’euros. La France s’est
PAGE 20
“
Industries : L’Etat s’est engagé sur certaines campagnes pour promouvoir la France à l’étranger
notamment au Japon. Va-t-on poursuivre dans
cette voie compte tenu des premiers résultats,
intéressants ?
F. H. : Vous savez, le Japon, dans la pensée collective, est devenu possible pour la France le jour où
Renault a pris
le contrôle du
constructeur japonais Nissan.
Bien évidemment le partenariat France/
Japon, thème de
la campagne que
j’ai initiée au printemps dernier, existait déjà. Il convenait de le renforcer, de lui donner une valeur symbolique, on ne peut prétendre étendre sa présence
économique à l’échelle de la planète, sans être significativement actif au pays de la deuxième économie
mondiale et celui de la première richesse par habitant. Alors, bien évidemment, c’est un travail dans la
durée, les mentalités sur la terre du Soleil levant imposent ténacité, audace et persévérance. Alors, oui, nous
poursuivrons dans cette voie.
Dree et Trésor s’unissent
au sein des missions
économiques
C. WALTER
INTERVIEW
CAHIER INDUSTRIES
”
Industries : Pourquoi la création de missions
économiques et financières ? Qu’est-ce que cela
change pour les entreprises ?
F. H. : Le mouvement de construction de l’économie
mondialisée, l’interdépendance des phénomènes structurels et conjoncturels, à l’échelle des Etats ou des
régions du monde, supposait que le Minéfi accompagne ces mutations. Le rapprochement des réseaux
à l’étranger au sein d’une mission économique répondait aux grands enjeux auxquels nous devons faire
face : approfondissement des coopérations économiques et financières européennes, dans la perspective de l’élargissement, évaluation des risques macroéconomiques et financiers internationaux, analyse et
définition de nos positions sur les grandes questions
internationales enfin, accompagnement des opérateurs économiques et amélioration de la compétitivité
du site France. La Dree et le Trésor répondront à ces
défis en unissant leurs performances et leurs compétences et en offrant aux entreprises, par ce nouveau guichet unique, un service simple, cohérent et
efficace.
(1) Comecon (conseil d’assistance économique mutuel) :
organisation créée en 1949 entre les pays socialistes
d’Europe orientale, dissoute en 1991.
(2) Peco : Pays d’europe centrale et orientale.
OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
BESSARD/RÉA
S
C
Imtec
Se rapprocher de
ses clients
Fournisseur des équipementiers de 1er rang, Imtec
a trouvé sur place une main-d’œuvre qualifiée
issue d’une forte culture industrielle mécanique.
’est à la demande de ses clients (Valeo,
ArvinMeritor, TRW…) que l’équipementier
Imtec a crée une première joint-venture
en 1998 à côté de Pilsen et sa propre usine
en 1999 à Jilhava, au carrefour de la Bohême et de
la Moravie.
« Le groupe Imtec poursuit une stratégie de développement global : se rapprocher, en Europe de l’Est, en
Amérique et en Asie, de ses clients, équipementiers
automobiles de premier rang et électrotechniciens
pour devenir un fournisseur global dans l’injection de
pièces plastiques, la découpe de pièces métalliques et
tants
Population : 10,3 millions d’habi
F)
le surmoulage, explique Pierre-Alexis Messmer, direce (CZK), 1 CZK = 0,03 € (0,19
teur de l’entreprise tchèque. Dans un contexte de
Monnaie : la couronne tchèqu
: 6 050 €
concurrence mondiale exacerbée, la seule solution
PIB : 57, 3 Md€ - PIB/habitant
pour demeurer parmi les deux ou trois équipementiers
t commercial : 2,58 Md€
mondiaux de second rang est de garder le savoirTaux de chômage : 9,1 % - Défici
0 M€
faire en France et de fabriquer les produits là où sont
Investissements français : 83
les clients. » Une solution avantageuse également pour
la clientèle : frais de transport réduits, sécurité financière et réactivité que seul un grand groupe peut
offrir.
a accès à internet, dispose d’une salle spécifique et
Pourquoi Jilhava ? « Il y a un important bassin d’endu temps supplémentaire pour monter ses propres
treprises de tous secteurs ainsi qu’une forte culture
projets. « Le personnel a le sentiment d’être mis en
industrielle et mécanique dans la région.
Implantation : Jihlava
valeur par la France », se réjouit Pierre-Alexis MessAvant l’arrivée des investisseurs étranEffectif : 60 personnes
mer.
gers, la République tchèque était déjà
Siège social en France :
Pour les cadres français, l’intégration s’opère par la
capable de tout produire dans la mécaParis (75)
langue. La connaissance du tchèque est l’une des
nique », indique Pierre-Alexis Messmer
www.imtec-net.net
conditions d’embauche : il faut, soit le parler d’entrée,
qui s’est occupé du démarrage du site en
soit s’engager à le parler dans les
République tchèque. Un contexte donc très favorable
six mois. Les trois Français qui
à l’emploi industriel qui a permis à l’entreprise de
travaillent à Imtec Czech Republic
recruter soixante opérateurs, outilleurs et régleurs,
parlent tous le tchèque.
tous avec un haut niveau de qualification. « C’est de
Grâce à cette équipe ultra-perl’or pour toute entreprise étrangère », affirme le responsable français.
Un des formante, l’entreprise tchèque
Pierre-Alexis Messmer avait, quant à lui, le profil
ateliers de fabrique aujourd’hui, en un
idéal : jeune, connaissant bien la République tchèque
l’usine de temps record, des pièces d’une
et sa culture - il a été professeur d’économie en TchéJilhava créée technicité identique à celles proquie avant d’entrer à Imtec - et bien sûr parlant couen 1999. duites en France et cela, en maintenant les principes de qualité et de services enrichis
ramment le tchèque : « L’Europe centrale m’a tou(services financiers inclus dans l’offre). Fort de ce
jours fasciné. Pour moi qui suis du Jura, il n’y a pas
succès, le groupe Imtec projette de s’implanter au
eu de choc culturel, j’en ai davantage quand je vais
Mexique et en Asie du Sud-Est. Pour réussir ses
en Bretagne ! » Pour que tous apprennent rapidement
implantations, Imtec a un principe empirique : ne
à vivre ensemble, la direction d’Imtec a joué à fond
pas compter sur une aide des autorités locales qui
la carte de la communication. « Je m’efforce de proune l’accordent qu’aux grandes entreprises, mais pluver à chacun que son savoir-faire peut le faire protôt optimiser la synergie au sein de son propre groupe
gresser. Les Français ne sont pas là pour acheter le
en coopération avec ses clients stratégiques.
pays, mais pour échanger des compétences. » Les
J. T.-P.
réunions sont faites en tchèque et chaque opérateur
C
D. R.
République tchèque
• N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001
PAGE 21
Sea
Faurecia-Lecotek
Un Tchèque à la tête
d’une entreprise
française
Miroslav Bezecny a pu rapidement transformer l’usine
textile grâce à sa parfaite connaissance de la réglementation du pays.
l fait figure d’exception dans son pays : Miroslav Bezecny est un des rares Tchèques à diriger
une entreprise française, Faurecia-Lecotek, installée à Tabor, au sud de la Bohême. « J’ai été
débauché par un chasseur de têtes, explique Miroslav Bezecny, arrivé en 1995. Les Français sont de
bons managers mais, pour ce poste, ils cherchaient
quelqu’un qui présente des compétences techniques.
Je travaillais dans une grande entreprise textile
tchèque, j’avais un diplôme de forImplantation : Tabor
mation continue dans la poche, et je
Effectifs : 800 personnes
parlais la langue des clients. » Les équiSiège social en France :
pementiers français avaient un double
Boulogne (92)
intérêt à s’implanter en République
www.tabor.faurecia.com
tchèque : se rapprocher de leurs principaux clients de la « zone nord » que sont les constructeurs automobiles (BMW, Audi, Rover, Renault) ins-
I
D. R.
REPORTAGES
REPUBLIQUE TCHEQUE
Atelier de fabrication de housses de sièges
automobiles.
tallés notamment en Allemagne et réduire le coût des
salaires (moins élevés ici que dans l’Union européenne). Rachetée en mai 1992, par Bertrand Faure,
à la société tchèque KGP menacée de faillite, l’entreprise a pris un nouveau départ avec son changement de propriétaire. Miroslav Bezecny poursuit la
transformation de l’entreprise commencée par les
Français. Il fait moderniser les bâtiments, forme le
personnel, introduit les normes qualité, augmente la
productivité. « Le fait de connaître toutes les facettes
de la réglementation a évidemment facilité les choses,
reconnaît le directeur tchèque. De même que les relations avec les opérateurs, tchèques pour la plupart. »
Aujourd’hui, l’usine de Tabor fabrique housses et
repose-tête pour sièges automobiles (1 700 housses
et 6 000 repose-tête par jour) avec un score qualité
de 0,1 % défaut. Toutefois, tant que la République
tchèque ne fait pas partie de l’Union européenne, les
entrées et sorties de marchandises restent soumises
à la réglementation douanière tchèque. Ce qui freine
quelque peu le réapprovisionnement continu des
clients.
J. T.-P.
FM Logistic
Une équipe responsabilisée
adaptabilité du personnel tchèque.
orsque le prestataire logistique FM Logistic
décide, en 1996, de s’implanter à Tuchomerice, près de Prague, c’est pour créer une ligne
de transport entre Moscou et Madrid avec des
entrepôts sur le trajet (Allemagne, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Russie). Et apporter
ainsi à sa clientèle d’Europe centrale,
pour la plupart des grands groupes,
la même qualité de service qu’en
France.
Implantation : Tuchomerice
Spécialisée dans l’enEffectifs : 300 personnes
treposage, le transSiège social en France :
port et le conditionPhalsbourg (57)
nement à façon, FM
www.fmlogistic.cz
Logistic se trouvait à
l’étroit dans l’Union européenne. Le
choix de s’implanter en Europe centrale et en particulier en Tchéquie
change la donne. Aujourd’hui, onze
L
PAGE 22
Contrôle des
étiquettes en fin
de préparation
des commandes.
mille palettes arrivent quotidiennement par camions
et trains à Tuchomerice pour être ensuite acheminées en République tchèque et en Slovaquie. Une
réussite qui tient beaucoup à l’équipe et à l’implication de son directeur, Christophe de Korver, qui parle
le tchèque couramment. « Le choix de recourir à des
responsables locaux ou à des expatriés varie selon
la stratégie de l’entreprise. Ce qui est avant tout
indispensable c’est d’avoir quelqu’un
capable de communiquer aisément avec les
Tchèques », confie Christophe de Korver.
Autre atout pour la filiale française :
une main-d’oeuvre disponible (une
aciérie voisine venait de fermer), déjà
formée et stable. Les trois cents opérateurs sont tous tchèques et s’adaptent vite. « Si on fait confiance au
personnel, il faut vite lui donner des
responsabilités », recommande le directeur. Les Tchèques ont déjà pris la
relève dans l’encadrement : les Français
expatriés, huit au départ, ne sont plus
que deux.
J. T.-P.
D. R.
Atout majeur de la filiale : une bonne
OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
REPUBLIQUE TCHEQUE
Promouvoir les arômes français
clients et patience face aux tracas administratifs, la PME a introduit 60 nouvelles
liqueurs dans le pays.
ean Steiner est toujours sur la brèche. Cet ingénieur agronome suisse, rompu à la fabrication
et la commercialisation des arômes alimentaires,
partage son temps entre Metarom AS, l’unité
de production du groupe Metarom France, implantée
à Zatec près de Prague, qu’il dirige depuis 1990,
l’unité suisse de Prilly où il occupe des fonctions de
responsable commercial et le siège social du groupe
en France, à Saint-Maur-des-Fossés. Une vie qu’il a
choisi et qui lui plaît.
C’est à la demande de ses supérieurs en 1990 qu’il fait
sa valise pour Prague. « Nous voulons nous étendre
dans les pays de l’Est, tenez-vous prêt à partir en
Tchéco ! » D’accord, a-t-il répondu sans hésiter. « A
l’époque, la Tchécoslovaquie avait une image très attirante. C’était le pays du Printemps de Prague et de la
révolution de Velours », se souvient Jean Steiner. L’implantation a démarré dans la foulée du Salon de l’alimentation, Salima, qui
s’est tenu à la fin des
années 80 en Tchécoslovaquie. Le PDG raconte :
« Nous y avions un petit
stand de 2m2, mais, pour
un premier contact, c’était
très bien. Au bout de 24
heures, j’ai eu un énorme
coup de foudre pour ce
pays. Les gens étaient gentils et pleins d’espoir. J’ai
senti que je pouvais leur
apporter quelque chose,
les aider et les aimer. Ici,
les titres de directeur et
d’ingénieur ouvrent toutes les portes, aussi ai-je
pu facilement contacter
des entreprises tchèques
et me faire une idée de la
situation ». Au retour du
Salon, Jean Steiner avait
pris sa décision. Son projet
est clair : créer une entreprise
100 % tchèque. « La langue
étant particulièrement difficile,
j’ai choisi l’allemand, que
nous parlions tous, pour
communiquer », indique
le directeur de Metarom
J
• N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001
AS. Mais avant de créer l’entreprise, Jean Steiner veut
être sûr que ça marche. D’où ses efforts de démarchage auprès des clients potentiels. « Il faut choisir
les bons secteurs et les bonnes cibles. » La persévérance, l’opiniâtreté - indispensables ici - ont fait le
reste. Ainsi qu’une superbe devise : « La précision
suisse au service de la gastronomie française » ! L’ingénieur fait tilt : quatre-vingt clients se déclarent
partants avant même l’implantation de Metarom en
République tchèque.
Commencent alors les formalités administratives. Et
avec elles, les soucis. « J’ai dû prendre
contact avec les instances officielles
tchèques et obtenir leur confiance car
les arômes devaient être homologués par
l’Etat avant leur mise sur le marché. Cela
a pris entre trois mois et un an, car ici
la législation est très carrée. » Autres tracas : le permis de séjour - il n’est valable
qu’un an et il faut un ou deux jours
de démarches pour le
Implantation : Zatec
renouveler - avoir un doEffectifs : 6 personnes
micile fixe, les trois mois
Siège social en France :
d’attente pour le téléSaint-Maur-des-Fossés (94)
phone… La gestion du perwww.metarom.fr
sonnel n’est pas allée non
plus sans difficultés. « Au
début, les employés
étaient paniqués par
la liberté qu’ils
découvraient.
Ils étaient pleins
de bonne volonté
mais complètement…
perdus. “ Oui, mais je
fais comment ? ” me
demandait-on sans
arrêt. Il a fallu tout
mettre par écrit. » Quant
à la réglementation, difficile d’y voir
clair : « Le Parlement vote bien les lois
mais ce sont les instances locales qui
les interprètent, avec des différences
d’une commune à l’autre, et d’un
jour à l’autre ! » Alors ? « On finit par
apprendre la patience… »
Aujourd’hui, et sans l’appui de personne, la réussite est là. Metarom AS
importe des arômes alimentaires fabriqués
Les compositions
dans les unités françaises et espagnoles du groupe.
d’arômes entrent
Les arômes, après « packaging », sont ensuite disdans la
tribués en République tchèque, en Slovaquie et
fabrication
en Hongrie. « En dix ans, nous avons introduit 60
de jus de fruits,
nouvelles liqueurs sur le marché tchèque » se félicocktails, crèmes
cite le directeur suisse. Et les mentalités évoluent :
glacées, etc.
« A Zatec, les employés commencent à prendre des
initiatives. Ils sont heureux de travailler
D. R.
avec moi et moi avec eux ».
J. T. -P.
D. R.
Avec opiniâtreté pour dépister les bons
PAGE 23
REPORTAGES
Metarom AS
0
40
A N
MAROC
0
30
0
20
0
Gulf of Guinea
Novaprim
Une PME au cœur
d’une économie en
marche
L’entreprise, spécialiste de la sous-traitance électronique,
se développe à la croisée d’un dynamisme industriel
naissant et de certains archaïsmes locaux.
es enfants qui jouent sur des gravats. Des
chiens errants au milieu des amas de ferrailles. Partout des camions, des grues, des
pelleteuses. Et la poussière, sans cesse soulevée, qui dépose sur toute chose comme un voile de
fumée… Témara n’est qu’à quelques kilomètres de
Rabat mais on se croirait à l’autre bout du monde. On
est loin des allées fleuries de bougainvilliers de la
capitale marocaine. Les palImplantation : Massira I à Témara
miers ont laissé la place aux
Effectif : 220 personnes
échafaudages. La Médina,
Siège social en France : Polytech
rose et grouillante, aux
Montpellier (34)
entrepôts. La zone induswww. [email protected]
trielle de Massira I donne
l’impression d’une ville en développement. « Oui, les
choses bougent. Le Maroc, situé aux portes de l’Europe, s’éveille : il se bat pour son développement industriel. Le chaos qui règne ici, c’est celui d’une naissance. La naissance d’une économie », confirme
Patrick Gaillard, directeur de Novaprim, filiale électronique de Polytech France, qui fait partie depuis le
1er juillet 2001 du groupe Gespac, constructeur équipementier, leader européen de l’électronique embarquée en environnement externe. Patrick Gaillard évolue au milieu de cet environnement comme un
poisson dans l’eau. Novaprim, la PME qu’il dirige,
s’est installée au Maroc en 1994. Elle réalise de la
sous-traitance électronique et d’assemblage pour le
secteur médical et de l’électroménager et une importante activité de câblage aéronautique. D’un geste
large, généreux, Patrick Gaillard fait visiter la salle
où sont assemblées et testées les cartes électroniques
destinées aux grands groupes de l’électroménager.
Une cinquantaine de femmes lèvent un regard noir
de jais sur le visiteur. « Chez nous, 95 % du personnel est féminin. Au
Maroc, les femmes
sont très travailleuses
et représentent un
important potentiel :
elles sont intelligentes, volontaires. Et
elles ont de l’ambition », observe Patrick Gaillard.
Novaprim, comme
la plupart des entre-
D
PAGE 24
a
Royaume abidtanuts -M
Monnaie
Population : 28,7 millions d’h
oyenne sur dix ans
PIB : 35,50 Md€ + 2,9 % (m
€ - Investissem
Revenu par habitant : 1 165,66
Le personnel
de Novaprim est
à 95 % féminin.
Ici, salle de
câblage
aéronautique.
D. R.
REPORTAGES
10
prises françaises implantées au Maroc, a choisi d’assouplir le régime de travail prévu par la réglementation marocaine. Les employés sont payés 48 heures
pour un travail effectif de 45 heures, le salaire qui
leur est versé est de 25 % supérieur au salaire minimum pratiqué au Maroc, sans compter la prime mensuelle de productivité et de qualité que leur octroie
la société. Outre la Sécurité sociale, tous les salariés
bénéficieront prochainement d’une mutuelle complémentaire. Un traitement de faveur au Maroc.
« Tous nos approvisionnements proviennent de France
et tous nos produits y repartent, poursuit le chef d’entreprise. Un camion effectue la navette une fois par
semaine. » Le voilà justement, le camion. Patrick court
à sa rencontre, serre la main du chauffeur, s’enquiert
OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
Assystem
« Un peu de ténacité et
beaucoup de bagout »
L’aventure chevillée au corps, Amel Elhaïd, qui dirige
Assystem Maroc, ne se laisse pas arrêter par les tracasseries administratives.
lle est déterminée et sans complexes. Amel
Elhaïd assure la direction d’Assystem Maroc,
une entreprise née du rapprochement entre
Snecma et Assystem, leader en France des
services techniques pour l’industrie. Installée, depuis
un an, au centre-ville de Casablanca, Assystem propose ses services de bureaux d’études dans le
domaine des transports.
Difficile d’être une femme chef d’entreprise au Maroc ?
« Pas vraiment, assure Amel Elhaïd. Le Maroc est un
pays musulman, à dominante masculine, mais les
femmes y ont aussi leur place. Mes origines turco-libanaises m’ont sans doute facilité les choses, et aussi le
fait que j’ai bourlingué dans beaucoup de
Implantation : Casablanca
pays avant d’atterrir ici. » Une expérience
Effectif : 27 personnes
multicarte qui a joué en sa faveur pour son
Siège social en France :
poste d’attaché de direction au Maroc. « Ce
Paris - La Défense (75)
www.assystem.com
qui m’a plu, dans ce projet d’implantation
ici, c’est le côté grande aventure. On en parlait, à Paris, dans les couloirs d’Assystem, sans trop y
croire. Et puis c’est parti ! » A l’instar des chefs d’entreprise installés au Maroc, Amel Elhaïd souligne les
tracasseries administratives : « Tout ce qui pourrait
être facile devient compliqué, mais reste philosophe,
avec un peu de ténacité et beaucoup de bagout, on s’en
sort. Il faut aussi avoir une patience d’ange ! Taper du
poing ne sert à rien, ici tout fonctionne à l’affectif.
D’où l’avantage d’être une femme, le charme
féminin marche encore plutôt bien ».
Dans l’espace de travail (Assystem est installé dans un appartement), une vingtaine
de jeunes ingénieurs marocains s’activent
devant des micro-ordinateurs. Dans le local
de l’imprimante, un tapis de prière est
roulé dans un coin. « Au début, nous
avons eu de fortes revendications pour
un local de prière, explique la jeune
femme. J’ai été obligée d’être ferme :
Selon Amel nous sommes déjà trop à l’étroit ici ! »
Elhaïd, au Maroc Assystem va d’ailleurs déménager et
il n’est pas accroître ses effectifs de 27 à 90 pervraiment difficile sonnes. « L’entreprise entre dans une
d’être une femme phase d’expansion, nous avons besoin de
chef d’entreprise. nouveaux locaux pour investir dans un
équipement plus performant et, peut-être,
se servir de Casablanca comme tête de
pont pour la Mauritanie ou le Sénégal. »
Amel Elhaïd est prête pour une nouvelle aventure.
R.
L. A.-G. D.
E
roc
€ (0,67 F)
: le dirham (DH), 1 DH = 0,10
) - Taux de chômage : 13,7 %
ents français : 127,5 M€
du bon déroulement du voyage. Une jeune femme
l’aborde discrètement. Elle cherche du travail. « Pas
maintenant, mais passe me voir plus tard à l’usine. »
Novaprim a entamé la construction d’une nouvelle
unité. De 220 personnes, l’effectif devrait passer à
300 et plus d’ici la fin de l’année : cette jeune femme
devrait pouvoir obtenir satisfaction si elle réussit le test
d’embauche. « Le Maroc n’est pas encore sorti de tous
ses archaïsmes : si votre facture de téléphone a du
retard, on vous le coupe mais on peut discuter, l’administration des impôts fait parfois des erreurs mais
ça s’arrange. Acheter un terrain nécessite un peu
d’entêtement mais on s’en sort toujours. On ne changera pas le Maroc mais on peut faire avec… » Mektoub (c’est écrit) !
L. A.-G.
• N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001
PAGE 25
REPORTAGES
STECHT/LAIF/RÉA
MAROC
0
40
A N
MAROC
0
30
0
20
0
D. R.
REPORTAGES
10
Gu lf of Guinea
Implantation : Bouskoura
Effectif : 2 000 personnes
Siège social en France :
Saint-Genis-Pouilly (01)
www.st.com
STMicroelectronics
Une oasis dans le désert
Exemple d’une implantation réussie qui
s’inscrit dans le développement économique du Maroc.
itué à quelques encablures de l’aéroport
de Casablanca, le village de Bouskoura
s’étale sur quelques hectares de terre rouge
semés de figuiers de barbarie. Au bord de
la route, un char à bancs tiré par un âne. Les maisons
sont blanchies à la chaux, l’herbe rare. Dans ce décor,
l’usine de STMicroelectronics (ST), fabricant francoitalien de semi-conducteurs, fait figure d’oasis. L’immense bâtiment, entouré de gazon d’un vert saisissant
et parcouru d’allées fraîchement goudronnées, semble
avoir poussé là comme par magie. Avec ses 32 000
mètres carrés de salles blanches et ses 4 000 mètres
carrés de magasins, Bouskoura donne l’impression
d’un Maroc entré de plain-pied dans le 21e siècle.
Dotée de lignes de fabrication entièrement automatisées, cette usine, qui emploiera, à terme, un peu
plus de 2 000 personnes, est conçue pour assembler
et tester jusqu’à 25 millions de circuits intégrés par
jour.
« En 1997, compte tenu des résultats enregistrés, ST
qui a déjà deux usines au Maroc, une à Ain-Sebaa
et une à Bouskoura, a décidé d’investir, dans une
nouvelle unité et a signé en mars 1997 une convention d’investissement avec le gouvernement marocain pour accélérer le développement économique
S
PAGE 26
de la région », explique Mohamed Lasry, directeur
général.
Sa réussite, STMicroelectronics la doit à la disponibilité
d’une main-d’œuvre bon marché et très qualifiée :
« Environ 65 % de nos employés ont poursuivi leurs
études à un niveau de baccalauréat ou d’études
supérieures, précise le directeur général marocain.
Nous avons également bénéficié
de mesures fiscales favorables,
comme par exemple la déduction
de 50 % accordée
aux entreprises
qui exportent la
totalité de leur production ». Autres avantages liés à
l’implantation de l’entreprise au Maroc : l’exemption
des droits de douane pour les pièces détachées
et les matières premières et l’absence de TVA pour
les investissements ainsi que pour les matières premières et les services. « L’important, poursuit le chef
d’entreprise, c’est de bien choisir son lieu d’implantation. Il faut être sûr de disposer d’un potentiel de
ressources, bien évaluer le risque, en terme d’infrastructures notamment et s’entourer de conseils. Ne
pas hésiter non plus à s’adresser directement à ceux
qui décident. » Mohamed Lasry sait de quoi il parle.
Ou plutôt ce qu’il doit au soutien des autorités du
Royaume qui désirent attirer des investisseurs étrangers.
L. A.-G.
Mesures fiscales
pour les entreprises
exportatrices
OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
MAROC
DGM
Pouvoir apporter des garanties
Principale difficulté pour la PME : obtenir un prêt. L’aide est venue d’un
« tuteur », l’entreprise DLM.
’implanter au Maroc, ça se mérite. Prenez
Michaël Vergin, par exemple. Son parcours
de chef d’entreprise, s’il ne relève pas du
parcours de combattant, a tout de même
quelque chose à voir avec le courage
Implantation : Jorf Lasfar
et le saut d’obstacles.
Effectif : en cour de
Tout commence, il y a trois ans, avec
recrutement
une mission de coopérant du service
Siège social en France :
national en entreprise (CSNE), organiCraywick (59)
Tél. : 03 28 23 83 83
sée au profit de la Fédération des industries mécaniques (FIM) et d’une dizaine
de PME mécaniciennes de la région Nord - Pas-deLa formation
Calais qui cherchent à investir à l’étranger. L’une
technique
du
d’elles, Société générale de mécanique (SGM), l’empersonnel
bauche à l’issue de son CSNE et lui propose de dirigarantit la haute
ger l’implantation d’une filiale à Jorf Lasfar, près de
qualité des
Casablanca.
pièces
fournies
De ces deux années de coopération au Maroc, Michaël
par DGM.
Vergin a appris les rouages de l’économie marocaine.
SGM choisit de s’associer à Delattre Levivier Maroc
(DLM), une chaudronnerie industrielle française installée sur place depuis 1952. C’est d’ailleurs sur un terrain acheté par DLM que Delattre générale de mécanique (DGM), c’est le nom de la société nouvellement
créée, a installé ses murs. « J’ai acheté 5 000 m2 de
plus en février 2001 mais le bornage a été très long du
S
fait des lenteurs du cadastre marocain, enfin, tout devrait aboutir
d’ici la fin de l’été, si Dieu le veut. »
Inch Allah, c’est devenu un leitmotiv
dans la bouche de Michaël Vergin. Il
passe sur les tracasseries administratives imposées depuis un
an par le tribunal de commerce, les impôts ou la Sécurité sociale pour évoquer ses
difficultés à trouver un financement : « Au Maroc, il faut
apporter des garanties très
importantes pour bénéficier
d’un prêt, ce qui est difficile
quand on démarre une activité ».
Le jeune chef d’entreprise avoue
qu’il n’aurait pu s’en sortir sans l’appui
de Delattre et son soutien auprès des autorités locales.
Pas découragé pour autant, le jeune
homme apprécie les qualités du
personnel qu’il vient de recruter
: « La plupart des jeunes ont une
formation solide. Ils sont motivés, compétents et ont un profond respect de la hiérarchie.
Mais il est très difficile de leur
déléguer des responsabilités car
ils n’ont pas vraiment d’esprit
d’initiative. Il faut être très à
l’écoute ». Une qualité dont Michaël
Vergin ne manque pas.
L.A.-G.
.
D. R
DLM : « Un parrain » en or
n parrain en or, c’est ainsi que
Michaël Vergin, le jeune PDG
de Delattre mécanique générale,
décrit Jean-Claude Bouveur,
PDG de Delattre Levivier Maroc.
Voilà trente ans que l’homme
dirige cette chaudronnerie de 650 personnes, installée sur
3 hectares de terrain à Aïn Sebaâ, sur la route côtière qui
relie Casablanca à Rabat. Le Maroc, il connaît.
« Il y a deux façons d’aborder ce pays. Soit on choisit de
produire et de vendre sur le marché marocain et on s’expose
à la concurrence. Soit on délocalise sa fabrication et on
exporte sa production, sans prendre de risque. C’est la
solution que je conseille à tous ceux qui veulent s’installer
ici, car le foncier est abordable, la main-d’œuvre bon
marché, la fiscalité favorable. »
Jean-Claude Bouveur insiste également sur les progrès
accomplis dans le Royaume : « L’environnement économique
est à un niveau très proche de celui d’une province
française : les infrastructures routières et énergétiques sont
satisfaisantes, les télécommunications marchent bien, le
système de formation est plutôt bon… et politiquement le
pays est très stable ». Reste quelques goulots
d’étranglement. « Les procédures judiciaires sont longues.
Quant à la législation sociale, c’est simple, elle est quasi
inexistante. Résultat : c’est le règne de la négociation
permanente. »
U
• N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001
D. R.
Implantation : Aïn Sebaâ
Effectif : 650 personnes
Siège social en France :
La Courneuve (93)
www.delattre-levivier.fr
PAGE 27
BROWN/SABA/
RÉA
REPORTAGES
Singapour
Population : 3,8 millions d’habi
tants
Monnaie : le dollar singapour
ien (SGD),
1SGD = 0,65 € (4,25 F)
PIB : 55,07 Md€
PIB/habitant : 14 439,93 €
Taux de chômage : 3,5 %
Excédent commercial : 3,89 Md
€
Investissements français : 1,9
3 Md€
Silicomp
Véritable transfert de compétences
l’entreprise a pu obtenir des autorités
économiques singapouriennes des subventions pour ses projets de R&D.
ébastien Capelle, le directeur technique de
Silicomp Asie, spécialisé dans l'ingéniérie
des logiciels, peut avoir le sourire : depuis
cinq ans, son entreprise pousse comme un
champignon. « Au départ, en 1996, nous étions deux.
Aujourd'hui, Silicomp Singapour emploie 108 personnes, à la grande joie de nos salariés chinois pour
lesquels le huit est un chiffre magique, synonyme d’enrichissement ! » Silicomp Asie, c’est une croissance
record : + 100 % par an, avec un chiffre
Implantation : Singapour
d’affaires qui atteint 9,2 milEffectif : 100 personnes
lions de dollars singapouriens
Siège social en France :
(SGD) en 2000, et au moins
Grenoble (38)
10 pour 2001. Et des implanwww.silicomp.fr
tations sur toute l'Asie, notamment en Malaisie, avec en arrière-plan, la
Chine. Ce qui n'empêche pas Sébastien
Capelle d'afficher une certaine prudence :
pour Silicomp aussi, le retournement de
conjoncture lors de la crise asiatique de 98
fut brutal et le climat actuel, bien que por-
S
PAGE 28
A l’actif de
Silicomp,
l’installation du
balisage lumineux
de l’aéroport de
Singapour.
teur, demeure incertain. Installé au FBC durant
quelques semaines, Silicomp démarre fort : avec
Schneider, sur un vaste projet de contrôle à distance
de grues pour le port de Singapour. Mais sans aucun
appui. « Nous avons démarré avec un Singapourien,
que nous avons mis un an à dénicher. C'était la bonne
personne : il est toujours chez Silicomp ». Une fidélité
qui semble assez rare dans le métier des nouvelles
technologies en général et en Asie en particulier.
Comme tous les chefs d'entreprise, Sébastien Capelle
se heurte à un problème de recrutement, « le gouvernement singapourien en a pris conscience et délivre
aujourd'hui des permis de travail très rapidement ».
Les performances de Silicomp et sa volonté de développer sur place son savoir-faire lui ont permis de
gagner la confiance de l'Economic Development
Board singapourien qui lui accorde des subventions
de 20 à 30 %, pour ses projets de R&D. « Du moment
qu'il y a un véritable transfert de compétences, obtenir des aides de l'Etat singapourien est
assez facile. Le dialogue avec les autorités se fait dans la transparence et la
clarté. » Autre atout du pays : les procédures sont très simples et très rapides.
« Malgré la crise, Singapour reste pour
nous, la meilleure des portes d'entrée
sur le monde asiatique », conclut Sébastien Capelle.
F. P.-C.
D. R.
En développant son savoir-faire sur place,
OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
SINGAPOUR
Le talc : du papier à la peinture
Les débouchés du talc sont si étendus
terrains sont moins chers et la main-d’œuvre chinoise, qui fournit un encadrement de qualité, abondante. »
Installé à Singapour en pleine crise, Luzenac a retrouvé
une croissance de 15 %. Etienne Chenevier n’a pas ménagé ses efforts pour
Implantation :
Singapour
embaucher deux collaborateurs de quaEffectif :
lité : un Américain, spécialiste du papier
6 personnes
et, pour la logistique, un Chinois de SinSiège social en France :
gapour, spécialiste des marchés de la
Luzenac (09)
peinture. Un staff qu’il a complété en
recrutant une Chinoise pour son bureau de représentation à Pékin. Quand on lui parle de la volatilité
de la main-d’œuvre asiatique, Etienne Chenevier
remarque qu’ « il ne faut pas sous-estimer d’où viennent les gens, et ce qu’ils attendent. Mon intérêt, c’est
qu’il n’y ait pas de turn-over dans mon équipe. Et ils
le savent ».
F. P.-C.
que la création d’une filiale dédiée à la
vente n’a posé aucun problème. Reste à
installer une unité de production.
’il y a quelqu’un à Singapour qui peut prétendre connaître l’Asie, c’est bien Etienne
Chenevier, le directeur Asie-Pacifique de
Luzenac. Cet ancien d’Air Liquide a
démarré sa carrière en Mandchourie, puis à Shanghaï, avant d’être « chassé » par Luzenac, l’industriel
du talc, un produit aux débouchés insoupçonnés du
grand public : papiers, peintures, plastiques, revêtements…
Pour créer la filiale singapourienne de Luzenac,
Etienne Chenevier n’a rencontré aucune difficulté :
« Ici, on monte une société en huit jours. Et on jouit
d’une liberté économique considérable ». Autre avantage de Singapour : sa position stratégique de tête
de pont pour pénétrer le marché asiatique, et notamment la Chine. Un marché difficile. « Je travaille avec
quinze agents, dont dix à plein temps. La relation
commerciale est primordiale. Je dois sans cesse les
convaincre que mon produit est bon, aller avec eux
chez les clients, jouer sur la proximité, car la pression à la baisse des prix est forte. »
Pour cet industriel, le principal écueil à Singapour
est celui du coût des terrains. « Nous installerons sans
doute notre unité de production en Malaisie où les
Une fois le filon
extrait, le talc réduit
en poudre est trié
en fonction de ses
usages ultérieurs.
D. R.
D. R.
S
e talc est la substance minérale la plus douce
de la planète. Grâce à ses propriétés uniques
(chimiquement inerte et imperméable à l’eau ), le talc
est utilisé dans la fabrication de nombreux produits.
Dans la peinture d’abord, car il facilite son application
et évite les craquelures. Mais aussi dans le papier,
les polymères, emballages, pare-chocs de voitures,
céramique, asphalte, caoutchouc, engrais et jusque
dans les sucettes, l’huile d’olive et le savon.
Le talc est produit en plusieurs étapes :
- le minerai est d’abord « déshabillé » par
des pelleteuses pour ôter les matériaux
inutiles qui recouvrent le filon ;
- extrait sous forme de lamelles
d’aspect cristallin, il est
ensuite trié en fonction
de sa qualité et de l’usage
qui pourra en être fait ;
- il est enfin broyé et réduit
en poudre.
L
D. R.
• N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001
D. R.
Le talc en bref
PAGE 29
REPORTAGES
Groupe Luzenac
Philippines
Sea
0
0
160
0
150
170
Equator
0
140
0
11
0
Arafura Sea
Coral Sea
Australie tants - Monnaie : le dollar australien,
Population : 19 millions d’habi
ant : 13 152,54 €
PIB : 426,86 Md€ - PIB/habit
1 AUD = 0,58 € (3,80 F ) édent commercial : 56 M€
Taux de chômage : 6,6 % - Exc
Md€
Investissements français : 2,6
AMI
Amorcer un nouveau
marché
Les débuts d’une PME qui s’implante grâce à un coup de
pouce du groupe Sodexho dans le cadre d’une opération
de portage.
’est grâce à la direction Asie-Pacifique de
Sodexho, au travers d’une opération de
portage menée par Partenariat France (voir
p. 33), qu’AMI (Agro marchés internationaux) fait ses premiers pas en Australie. Cette PME
de 100 salariés est spécialisée dans les services à
l’agro-industrie et notamment la traçabilité des produits frais de la filière agricole, de la viande et de la
pêche. Le dispositif proposé par AMI vise à mettre en
place un système d’information à la source, directement auprès du producteur, avec des transmissions
via internet, fax ou centre d’appels. Ses clients : les
marchés de pêche, de gros, les mareyeurs, les industriels de l’agro-alimentaire, la grande distribution…
En cinq ans d’activité, la PME a créé six filiales en
Europe et dans le Maghreb. Pour débroussailler le
C
PAGE 30
marché australien, c’est Rodolphe Banchet, issu
du poste d’expansion économique de Casablanca, qui a été chargé par la direction d’AMI
d’effectuer une mission exploratoire et d’amorcer un courant d’affaires sur une durée de six
mois. « Pourquoi l’Australie ? Parce que c’est
un énorme marché exportateur de viande et
de poisson, où l’on est très préoccupé par la
question de la sécurité alimentaire. Et une tête
de pont pour l’Asie et le Pacifique. »
Rodolphe Banchet commence à étudier la
question depuis la France, en passant au crible
toutes les sources d’information : PEE, salons
professionnels, internet… avant de déposer
son dossier auprès de Partenariat France en
mai dernier. L’affaire est rondement menée. Le
dossier est accepté par Sodexho, et Rodolphe
atterrit fin juin à Sydney avec en poche les
coordonnées de Patrick Poireau, président
Asie-Pacifique. Avec 7 000 salariés en Australie dans le secteur de la restauration et des
services, et une joint-venture créée avec Serco
pour le secteur de la défense, Sodexho est
une entreprise qui pèse lourd en Australie.
Un « parrain » de choix pour accompagner
AMI dans ses premiers pas en terre australienne. « Sodexho a mis à ma disposition son
réseau professionnel. Mon tuteur, le directeur
des achats Asie-Pacifique, m’a mis en relation avec ses fournisseurs, ainsi qu’avec les
autorités agricoles et sanitaires locales. » Un
passeport pour le succès : en trois semaines,
Rodolphe avait déjà obtenu ses premières propositions de partenariat. « Je suis
notamment en contact avec un groupe de trente
producteurs de l’agro-industrie, qui envisage de monter un collectif d’exportation de produits frais. Et je
travaille étroitement avec les autorités locales. »
De quoi entrevoir d’excellentes perspectives sur le
marché australien, et au-delà. « Entre septembre et
décembre, nous allons décider de la forme de notre
implantation, filiale ou bureau de représentation. Si
ça marche, nous poursuivrons sur la Nouvelle Zélande,
puis sur l’Asie-Pacifique où le marché de l’exportation du poisson est considérable. »
Quant à Patrick Poireau, il est satisfait de cette première opération de portage, qui, rappelons-le, n’implique aucune relation commerciale entre « porteur »
et « porté ». « Le portage est une notion qui "colle" parfaitement à l’esprit d’ouverture du groupe Sodexho.
Nous sommes présents dans tous les pays d’Asie pour
aider les PME à
réussir. En Chine
notamment, le
portage peut se
révéler particulièrement utile
pour les PME… »
F. P.-C.
D. R.
A
ICAL/LA VIE/RÉ
BOISSEAUX-CH
0
130
0
0
12
Parmi les clients
d’AMI, les
marchés
de pêche
(ici, une criée).
OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
AUSTRALIE
Ubisoft
Muriel Juhel : « L’indépendance d’abord »
réussi à créer sur place deux filiales d’un
groupe français.
i vous n’y connaissez rien en jeux vidéo,
demandez à vos enfants : « Rayman » n’a
aucun secret pour eux. Lancé en 1995, c’est
ce jeu qui a propulsé Ubisoft, une PME
française fondé par cinq frères bretons, les Guillemot, sur la scène internationale. A Sydney, Ubisoft a
le visage de Muriel Juhel. En cinq ans, cette jeune
femme qui vient d’Ubisoft a créé la filiale australienne
et diversifié les activités du groupe Guillemot. Un ensemble qui pesait l’an dernier
Implantation :
Sydney
un chiffre d’affaires de 10 millions de dolEffectif :
lars australiens. De sacrés résultats pour la
10 personnes
jeune conseillère du Commerce extérieur,
Siège social en France :
qui a débarqué à Sydney au moment du
La Gacilly (56)
lancement de la Playstation, star des
http://fr.guillemot.com
consoles de jeux, avec seulement cinq produits à vendre. « L’Australie était à l’évidence un marché intéressant. Environ 40 % des ménages y détiennent un ordinateur multimédia. En un mois et demi
sur place, j’ai pu étudier le marché : le réseau de dis-
S
tribution, les tarifs du marketing, le cycle de vie des
produits... Et surtout, voir si la vie ici me convenait. »
Muriel découvre un petit marché, dominé par deux
grossistes distribuant les logiciels du monde entier. Et
un pays immense. Heureusement, la demande se
concentre sur une zone géographique relativement
restreinte : le croissant Sydney, Melbourne, Brisbane. L’Australie lui plaît : elle y reste.
Elle commence par changer de grossiste, forme
des vendeurs, puis crée la filiale australienne d’Ubisoft. Dans la foulée, elle en crée une autre pour le
groupe Guillemot. « Au début, j’ai songé à racheter un des distributeurs. J’aurais pu bénéficier
de leur savoir-faire et de leur équipe de
vente, mais j’ai préféré démarrer toute
seule, pour préserver mon indépendance. »
Seule, mais en s’appuyant sur
les compétences du poste
d’expansion économique de
Sydney, qui lui a livré une
étude de marché « bien construite et très précise » ainsi que
sur son cabinet d’expertise
comptable et de conseil, Price
Waterhouse.
F. P.-C.
D. R.
Séduite par le pays, la jeune femme a
Accor
« French touch » et talents locaux
formidable capacité à s’adapter à la
demande. Accor regarde maintenant vers
l’Asie.
’année 2001 restera dans l’histoire du groupe
Accor celle du dixième anniversaire de son
implantation en Australie. Une année à marquer d’une pierre blanche pour le groupe
français devenu depuis leader en Australie dans le
domaine de l’hôtellerie. Et pourtant. Dix ans plus tôt,
rien ne semblait joué d’avance. « Accor
s’est implanté à Sydney en pleine guerre
du Golfe, et au plus fort de la crise économique mondiale, se souvient Peter
Hook, directeur de la communication
chez Accor Asie-Pacifique. C’était le bon
moment : quatre ans plus tard, nous
avions quarante hôtels en Australie, et
une bonne centaine aujourd’hui, malgré
L
• N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001
Les hôtels
Novotel, Mercure,
Ibis de Darling
Harbour
à Sydney.
un mauvais passage en 1995 dû aux essais nucléaires ». La botte secrète d’Accor : conjuguer la
« French touch » et les talents locaux, et s’adapter à
la demande. L’Australie est en manque d’hôtels de
catégorie « économique » ? Accor y implantera onze
« Formule 1 » (avec des salles de bains individuelles
pour tenir compte des habitudes australiennes) et dix
« Ibis ». Aujourd’hui, le marché australien est, pour
Accor, un marché parvenu à maturité. Sa
Implantation : 100 hôtels
plus belle vitrine est sans doute la « rue
Effectif :
Accor » de Darling Harbour, à Sydney, où
10 000 personnes
s’alignent Novotel, Mercure, Ibis et Centre
Siège social en France :
de congrès du groupe, en attendant la
Paris (75)
www.aapc.com.au
création prochaine d’un Sofitel. Pour le
groupe français, c’est désormais ailleurs
que se situent les perspectives de développement : « Aux Etat-Unis, où notre
présence est encore insuffisante, et plus
que jamais, en Asie, notamment en Chine
où les jeux Olympiques nous offrent d’excellentes perspectives. Une base puissante
en Australie reste la meilleure avenue
entre l’Asie et le Pacifique ».
F. P.-C
D. R.
Le succès du groupe hôtelier tient à sa
PAGE 31
Philippines
Sea
0
0
160
0
150
170
Equator
0
140
AUSTRALIE
0
130
0
Arafura Sea
Coral Sea
Bénéteau
REPORTAGES
11
0
0
0
12
Le vent en poupe
La plaisance à voile : un créneau porteur
en Australie grâce à une clientèle aisée et
au boom des charters de croisière dans
D. R.
la région.
ADI Limited
R
sage maintenant d’accéder à de nouveaux
D. R.
Position clé
dans la défense
Ce pôle de compétences multiples envimarchés dans le monde.
uiz : qui vient en tête dans le secteur
défense en Australie ? Réponse, la France
via ADI, une société privatisée par le gouvernement australien en 1999, détenue
pour moitié par Transfield, une compagnie australienne spécialisée dans l’ingéniérie, la construction
et les infrastructures, et par l’entreprise française Thalès (ex-Thomson-CSF).
Thalès est aujourd’hui l’un des leaders mondiaux de
l’électronique militaire et civile. Le groupe intervient
également dans les technologies de l’information et
les services et développe dans le monde
Implantation :
entier, une stratégie offensive de croisSydney
sance externe. Il a aussi acquis des posiEffectif :
2 008 personnes
tions en Corée et en Australie.
Siège social en France :
Aujourd’hui, ADI Limited est la princiThalès-Paris
pale compagnie industrielle pour la
www.thalesgroup.com
défense, les technologies et les systèmes
de défense en Australie. Ses compétences sont multiples : gestion de projets, ingénierie de logiciels,
développement des systèmes de C4ISR (commande,
contrôle, communication, technologies de l’information, renseignement, surveillance et reconnaissance),
télécommunications, construction navale, systèmes
antimines… « Grâce à nos nouveaux propriétaires,
Thalès notamment, nous avons désormais à notre
disposition le capital et les technologies nécessaires
pour mieux assurer notre croissance, et accéder à de
nouveaux marchés dans le monde entier », explique
Leigh Funston, Group Manager Corporate Communications chez ADI. Un succès qui devrait attirer des
PME.
F. P.-C.
Q
PAGE 32
ushcutters bay. Des centaines de yachts à
quai, et au moins autant dans la baie. Un
jour de semaine comme les autres à Sydney, haut lieu de la navigation de plaisance
à voile. En Australie, le numéro 1 dans sa catégorie
est le français Bénéteau. Et Bénéteau, c’est Christophe Vanek.
Arrivé il y a une quinzaine d’années en Australie,
Christophe, dernier né d’une lignée de marins, (les
chantiers Vanek, à la Trinité-sur-Mer, c’est sa famille)
monte un restaurant, quelques affaires, épouse une
Australienne, et navigue.
Coupe de l’America, transats en solitaire, Withbread… le milieu de la
plaisance à voile n’a bientôt plus de secrets pour
lui.
Pendant ce temps, Bénéteau végète. Gérée par des
commerciaux peu rompus
aux habitudes du milieu
Implantation :
nautique, la filiale est
Syndey
revendue en 1995 à deux
Effectif : 16 personnes
à Sydney, 2 à Melbourne,
Australiens, Brendan et Jo
1 à Adélaïde
Hunt, déjà propriétaires
Siège social en France :
d’une affaire de revente à
Saint-Hilaire-de-Riez (85)
Melbourne, Vicsail, imméwww.vicsail.com
diatement séduits par les
produits Bénéteau. Ils engagent Christophe, dont l’entregent et le côté Frenchie dopent les ventes. « La
conjoncture était avec nous : c’est à cette époque qu’est
intervenu le boom des charters de croisière, pour lesquels les bateaux Bénéteau sont parfaits. »
De moins de 20 ventes par an, Vicsail passe à une
vitesse de croisière de 40, avec une pointe de 52
bateaux vendus l’an dernier. Dont 40 % pour les charters, et 60 % pour les particuliers. « La majeure partie de nos ventes est réalisée à Sydney, où les gens
gagnent de l’argent et le dépensent plus rapidement
qu’ailleurs. »
Christophe Vanek est satisfait, mais ne se repose pas
pour autant sur ses lauriers. « En Australie, les affaires
ne vont pas de soi. Les Français gagnent à la longue,
mais ils doivent être prêts à passer deux années
difficiles. Et savoir que dans ce “ grand Club Med ”
de 19 millions d’habitants, recruter des collaborateurs n’est pas évident. »
F. P.-C.
Christophe Vanek,
responsable de
Bénéteau Australie
depuis 1995.
OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
CAHIER INDUSTRIES
Ministère de l’Economie,
des Finances et de l’Industrie
(Minéfi)
Direction des Relations
économiques extérieures (DREE)
La Dree prépare et met en œuvre la
politique des pouvoirs publics en
matière de relations économiques
extérieures et de développement
international des entreprises.
Tél. : 01 53 18 87 64
Fax : 01 53 18 12 73
Internet : www.commerceexterieur.gouv.fr ou www.dree.org
Le Fil de l’export
Le Fil de l’export réunit 17 partenaires
des secteurs public, parapublic et privé
autour d’un guichet d’entrée unique,
consacré au soutien des entreprises
françaises à l’étranger.
Tél. : 0 825 01 15 15
Internet : www.filexport.com
Direction générale de l’Industrie,
des Technologies de l’information
et des Postes (Digitip)
Elle contribue au développement
économique de la France et à la
compétitivité internationale des
entreprises des secteurs de l’industrie,
des postes et des technologies de
l’information
Tél. : 01 47 87 17 17
Internet : www.industrie.gouv.fr
Direction du Trésor
Le Trésor participe à l’élaboration et à la
conduite de la politique économique et
financière de la France, y compris dans
sa dimension européenne et
internationale.
Tél. : 01 44 87 70 07
Fax : 01 44 87 70 05
Postes d’expansion économique
(PEE)
Implantés auprès des représentations
diplomatiques et consulaires françaises,
ils constituent les relais à l’étranger du
dispositif public d’appui au commerce
extérieur.
Internet : www.commerceexterieur.gouv.fr ou www.dree.org/pee
Directions régionales du Commerce
extérieur (DRCE)
Sous l’autorité du préfet de région, elles
• N°71 • INDUSTRIES - OCTOBRE 2001
sont le relais du dispositif d’appui au
commerce extérieur en région.
Internet : www.commerceexterieur.gouv.fr
Le médiateur des PME
à l’international
Il aide les PME qui rencontrent des
difficultés dans leurs démarches à
l’international avec le réseau public
d’appui au commerce extérieur.
Tél. : 01 53 18 82 36
Mél. : [email protected]
Autres structures
Centre français du commerce
extérieur (CFCE)
Il accompagne le développement
international des entreprises françaises
en mettant à leur disposition des
informations sur les marchés étrangers.
Tél. : 01 40 73 30 00
Fax : 01 40 73 39 79
Internet : www.cfce.fr
Agence pour la promotion
internationale des technologies
et des entreprises françaises
(CFME-Actim), devenue Ubifrance
depuis le 1er octobre dernier
Elle est chargée de réaliser et de
coordonner les actions de promotion
destinées à préparer et à favoriser le
développement international des
entreprises : foires, salons, actions
techniques, industrielles et
commerciales, volontaires internationaux
en entreprise (VIE).
Tél. : 01 44 34 50 00
Fax : 01 44 34 50 01
Internet : www.cfme-actim.com
Union des chambres de commerce
et d’industrie françaises à l’étranger
(UCCIFE)
Associations privées d’entreprises
françaises et étrangères, les CCIFE
constituent des clubs d’affaires et jouent
un rôle de lobbying auprès des autorités
locales.
Tél. : 01 55 65 39 21
Fax : 01 45 08 39 38
Internet : www.uccife.org
Comité national des conseillers du
commerce extérieur de la France
(CNCCEF)
Hommes et femmes dirigeants
d’entreprises, ils mettent bénévolement
leurs compétences au service des PME
qu’ils parrainent dans leur
développement à l’international.
Tél. : 01 53 83 92 92
Fax : 01 53 83 92 99
Internet : www.cnccef.org
Compagnie française d’assurance
pour le commerce extérieur (Coface)
La Coface est une compagnie
d’assurance privée qui garantit les
entreprises contre les risques financiers
liés à leurs échanges commerciaux et à
leurs investissements internationaux.
Tél. : 01 49 02 20 00
Fax : 01 49 02 27 41
Internet : www.coface.fr
Banque de développement des PME
(BDPME)
Elle accompagne les PME dans leurs
démarches d’internationalisation à toutes
les étapes de leurs projets.
Tél. : 01 41 79 80 00
Fax : 01 41 79 80 01
Internet : www.bdpme.fr
Représentation permanente
de la France auprès de l’Union
européenne
Cellule entreprises et coopération
Tél. : 00 322 229 84 35
Fax : 00 322 229 84 35
Internet : www.rpfrance.org
Medef international
Le Mouvement des entreprises de
France s’emploie à défendre et à
promouvoir les entreprises françaises à
travers le monde.
Tél. : 01 40 69 96 00
Internet : www.medefinternational.fr
Partenariat France
Mission : faire bénéficier les PME de
l’expérience et des réseaux de 36 grands
groupes à l’international, afin d’accélérer
et de sécuriser leur projets à l’export.
Présents sur toute la planète, les
groupes de Partenariat France proposent
d’assurer le portage des PME.
www.partenariat-france.org
A CONSULTER
Guide des appuis au développement international des
entreprises, publié par le Centre français du commerce
extérieur.
Tél. : 01 40 73 34 60, fax : 01 40 73 31 46.
Prix TTC : 25 € (164 F).
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APPUIS
Principales structures d’information
et d’appui
AIDES
CAHIER INDUSTRIES
Aides financières
Pour préparer
une implantation
L’assurance-prospection pour la garantie
des dépenses relatives à la préparation
d’une implantation hors Union européenne
Opérations visées : participation à des manifestations
professionnelles, démarche de prospection pour repérer des marchés porteurs, prospection d’un pays ou
d’une zone.
Montant : 65 % du budget annuel de prospection.
Contact : direction régionale de la Coface ou direction régionale du Commerce extérieur (DRCE).
Demande possible en ligne sur le site www.coface.fr
Le programme européen JEV
(European joint-venture)
Opération visée : création d’entreprises conjointes
transnationales entre PME européennes.
Montant : subvention ne pouvant dépasser
100 000 euros par projet.
Contact : Commission européenne - DG Entreprises,
Rudy Aernoudt.
Tél. : 00 32 2 295 39 42
Fax : 00 32 2 295 21 54
Note : ce programme est en cours de restructuration. Il devrait
pouvoir être étendu aux pays d’Europe centrale et orientale.
Pour financer
un investissement
Les contrats de plan Etat-région (CPER)
Opérations visées : selon les régions, embauche
d’un salarié export ou mise à disposition d’un volontaire international en entreprise (VIE), conseils et
investissements immatériels, implantation légère à
l’étranger, formation au commerce international…
Montant : subvention couvrant au maximum 50 %
des dépenses engagées.
Contact : DRCE ou services du conseil régional.
Le volontariat international en entreprise (VIE)
Objectif : recruter sous deux mois maximum un jeune
diplômé (tous profils), âgé de 18 à 28 ans, pour une
durée variable de 6 à 24 mois en bénéficiant d’une
exonération intégrale de charges sociales.
Contact :
• Choix d’un candidat en fonction de son profil en
ligne : www.citiweb.com
• Centre d’information sur le volontariat international
(Civi). N° Azur : 0 810 10 18 28
• Ubifrance (ex-CFME-Actim) : 01 44 34 50 00
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La provision fiscale pour investissement
(article 39 octiès du Code général des impôts)
Opération visée : implantation à l’étranger.
Montant : pour une implantation industrielle, provision fiscale équivalente à 50 % des investissements
réalisés pendant cinq années. Pour une implantation
commerciale ou de services, le montant de la provision est égal aux pertes de la filiale pendant les cinq
premières années, au prorata du taux de participation
de la société française et dans la limite de l’apport en
capital.
Une fiche technique très détaillée est disponible sur
internet :
www.minefi.gouv.fr/europe/commerce_exterieur/
developpement international/s’implanter a l’etranger
Contact : renseignements auprès de la DRCE ou de
la DREE - Sous-direction de la politique financière Bureau 2D-Investissement international.
Tél. : 01 53 18 82 08
Fax : 01 53 18 95 98
Pour le dépôt et le traitement de la demande, direction générale des Impôts - Bureau des agréments.
Tél. : 01 53 18 04 38
Fax : 01 53 18 19 46
Pour se garantir
contre les risques
La garantie des investissements inférieurs à
100 MF à l’étranger contre le risque politique
(Coface)
Durée : 10 ans maximum, exceptionnellement
15 ans.
Coût : prime variant de 0,7 à 1,1 % par an pour les
couvertures standard.
Assiette : la garantie s’applique au montant de l’investissement initial qui peut s’accroître des revenus
réinvestis jusqu’à 100 % de l’investissement initial,
des dividendes à rapatrier pour 20 % de l’investissement initial.
Contact : délégation régionale de la Coface
ou siège, Marie-Hélène Alexis, tél. : 01 49 02 20 95
Demande de formulaire sur le site www.coface.fr.
La garantie des investissements contre
le risque économique dans les pays émergents
(Fasep-Garantie)
Durée : 7 ans maximum.
Coût : prime annuelle de 1 % du concours garanti.
Concours éligibles : investissements en fonds
propres, apports en comptes courants bloqués, prêts
bancaires, participations de sociétés en capital-risque.
Quotité garantie : 50 % du concours.
Contact : délégations régionales de la BDPME, de la
Coface ou de la DRCE.
OCTOBRE 2001 - INDUSTRIES • N°71 •
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