L’épargne des classes moyennes
au Cameroun
Une économie en marge du système
bancaire
Notes de l’Ifri
Mars 2017
Yves MINTOOGUE
Programme
Afrique
subsaharienne
LIfri est, en France, le principal centre indépendant de recherche,
dinformation et de débat sur les grandes questions internationales. Créé
en 1979 par Thierry de Montbrial, lIfri est une association reconnue
dutilité publique (loi de 1901). Il nest soumis à aucune tutelle
administrative, définit librement ses activités et publie régulièrement ses
travaux.
LIfri associe, au travers de ses études et de ses débats, dans une démarche
interdisciplinaire, décideurs politiques et experts à léchelle internationale.
Avec son antenne de Bruxelles (Ifri-Bruxelles), lIfri simpose comme un
des rares think tanks français à se positionner au cœur même du débat
européen.
Les opinions exprimées dans ce texte nengagent que la responsabilité de lauteur.
Cette note a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre l’Institut français
des relations internationales (Ifri), l’Association du notariat francophone (ANF),
lAssociation ELAN-CDC et le Conseil supérieur du notariat (CSN).
ISBN : 978-2-36567-640-3
© Tous droits réservés, Ifri, 2017
Couverture : © Ammonite/Shutterstock.com
Comment citer cette publication :
Yves Mintoogue, « Lépargne des classes moyennes au Cameroun. Une économie
en marge du système bancaire », Notes de lIfri, Ifri, mars 2017.
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Auteur
Yves Mintoogue est jeune chercheur en science politique à luniversité
Paris 1 Panthéon-Sorbonne et au Centre européen de sociologie et de
science politique (CESSP). Il a été membre du groupe de recherche « Les
Classes moyennes en Afrique » de LAM/Science Po Bordeaux de 2011 à
2013. Cest dans ce cadre quil a mené, en 2012, lenquête sur laquelle
sappuie cette note. Lauréat de la Bourse « Mondialisation et Études
culturelles » du Centre Pompidou en 2013, il a travaillé au service
« Recherche et Mondialisation » de cette institution. Il a aussi été lauréat
de la Bourse doctorale de la Fondation Martine Aublet (Musée du Quai
Branly) pour lannée académique 2013-2014. Sa thèse en cours porte sur
les mobilisations populaires et la créativité politique durant la lutte
dindépendance au Cameroun (1945-1960).
Sommaire
INTRODUCTION .................................................................................... 4
LA CRISE ÉCONOMIQUE ET LE RETOUR DE LA CROISSANCE :
UN RETOUR DES CLASSES MOYENNES ? .............................................. 9
Les années 1980 et 1990 : crise et classement social ....................... 9
Le retour de la croissance : embellies et fragilis pour les classes
moyennes ................................................................................................ 10
LES CLASSES MOYENNES CAMEROUNAISES :
ÉMENTS DE REPÉRAGE ................................................................... 13
Des classes moyennes diplômées et pluriactives ................................ 13
Des revenus variés, un sentiment prégnant de vulrabilité
et dinsatisfaction ................................................................................... 16
UNE ÉPARGNE DIVERSIFIÉE, SOUVENT EN DEHORS DES CIRCUITS
DE LÉCONOMIE DE MARCHÉ .............................................................. 20
La défiance des classes moyennes à légard de loffre bancaire......... 20
Lattractivi croissante des établissements de microfinance ............ 23
Les tontines : un système dépargne et de crédit informel
et innovant .............................................................................................. 25
CONCLUSION ...................................................................................... 28
Introduction
Au Cameroun, laction gouvernementale dans les domaines économique et
social est rythmée par le thème de la « lutte contre la pauvreté ». Cette
dernière est présentée comme la priorité absolue depuis le tournant des
années 2000 qui a vu le pays retrouver le chemin de la croissance, après
plus dune décennie de crise économique. En 2003, ladoption dun
« document de stratégie pour la réduction de la pauvreté » visant à obtenir
lélection du pays à la très convoitée « initiative PPTE1 » a été présentée par
les thuriféraires du régime comme la preuve de sa détermination à réduire
sensiblement la pauvreté au moyen dune croissance économique quon
annonçait forte et de lamélioration de la gouvernance. Entre-temps, le
refrain incantatoire de « lÉmergence en 2035 » est venu sajouter à celui
des « Grandes Ambitions », nouveau slogan préféré du régime de
Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
La relance économique ne sest toutefois pas encore traduite par un
relèvement important du pouvoir dachat de la majorité de la population du
pays. Depuis le début des années 2000, le pourcentage de personnes vivant
en dessous du seuil de pauvreté a baissé de 2,7 %, passant de 40,2 % en
2001 à 37,5 % en 20142. Mais le nombre de pauvres en valeur absolue, lui, a
augmenté, passant de 6,2 millions en 2001 à 8,1 millions en 2014, du fait
dune forte croissance mographique (2,6 % par an) combinée au faible
recul de lincidence de la pauvreté.
Du reste, cest uniquement en milieu urbain que la pauvreté a reculé
au Cameroun ces deux dernières décennies, daprès les statistiques
officielles. Et cest dans les deux villes prises en compte dans le cadre de
cette étude que son recul a été le plus significatif. À Douala, elle serait
passée de 49 % en 1996 à 10,9 % en 2001 pour tomber à 5,5 % en 2007 ;
à Yaoundé, elle serait passée de 37,3 % en 1996 à 13,3 % en 2001 et à 5,9 %
en 20073. Ce phénomène urbain semble avoir pour corollaire un
1. Une initiative lane en 1996 par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque
mondiale, visant l’annulation ou la réduction de la dette des pays les plus pauvres.
2. Voir Institut national de la statistique (INS), Quatrième Enquête camerounaise auprès des
nages (ECAM 4), Yaoun, 2014, p. 15-19. Ces évaluations sont à relativiser, dans la mesure
le seuil de pauvremotaire utilisé dans le cadre de ces enquêtes est un seuil unique en milieu
rural et en milieu urbain, alors que le coût de la vie est bien plus éle en ville.
3. Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), août 2009, p. 35. Ces données
proviennent des « Enquêtes camerounaises auprès desnages » (ECAM), menées par l’INS,
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