Critique VDE - Palace de Granby

ARTS ET CULTURE
ROUGEMONT — Ça prenait du cran.
Vraiment. Ça prenait du cran pour
présenter un grand classique en
plein été, quelque chose qui n’a rien
de drôle, qui est même dramatique,
par-dessus le marché. Mais le Théâtre
de Rougemont et son directeur artis-
tique Jean-Bernard Hébert aiment
faire les choses à leur façon et il faut
avouer que, la plupart du temps, ça
leur réussit.
Honnêtement, la région propose
un bon été de théâtre, ce qui est loin
d’avoir toujours été le cas. Mais notre
plus gros coup de cœur va à Douze
hommes en colère.
La pièce, on le sait, est une adapta-
tion du  lm de Sidney Lumet (12 Angr y
Men), sorti en 1957, d’après un scénario
de Reginald Rose et mettant en vedette
Henry Fonda. On ne discutera pas ce
matin de la qualité du texte, il est indé-
niable. Quand un  lm a été primé aussi
souvent et que la pièce qui a suivi est
présentée ici et là depuis des années,
ça ne ment pas.
Douze hommes en colère raconte
l’histoire de 12 jurés qui doivent déci-
der du sort d’un jeune homme accusé
du meurtre de son père. Au début, c’est
l’évidence, il est coupable, et il mérite la
chaise électrique. Aux yeux de 11 des
12 jurés du moins. Mais voilà, le juré no. 8
(Jacques Baril) ne croit pas à sa culpa-
bilité et il se met en tête de convaincre
chacun de ses collègues qu’il a raison. La
tâche sera excessivement ardue.
Douze hommes en colère dépeint
d’extraordinaire façon ce que la na-
ture humaine a de plus beau et de plus
laid à offrir. Qu’on parle de générosité,
de lâcheté, de grandeur d’âme ou de
méchanceté. On en apprend beaucoup
sur l’Homme pendant les trois heures
passées au Théâtre de Rougemont.
L’imposante distribution est excellente.
Mais la première étoile de la pièce est cer-
tainement Vincent Bilodeau (juré no. 3),
qui joue avec une émotion et une intensité
à jeter par terre. Très certainement une de
ses plus belles prestations en carrière.
Le juré no. 8, incarné par Jacques
Baril, émeut. Bilodeau et lui se livrent
d’ailleurs de robustes duels tout au long
de la pièce.
Une fois de temps en temps, Jean-
Bernard Hébert se paie la traite et joue
dans une de ses productions. Et il s’agit
clairement, cette année, de sa meilleure
performance. Le juré no. 4, un homme
bien éduqué et éloquent, en impose et
Hébert le rend très bien.
À 83 ans, Edgar Fruitier (juré no. 9)
est quant à lui encore très solide.
Bref, Douze homme en colère vaut
le déplacement. Mais si vous aimez le
théâtre pour vrai, la pièce EXIGE le
déplacement. Rien de moins.
Le cran récompensé
Le Théâtre de Rougemont ose et triomphe
avec Douze hommes en colère
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MICHEL
TASSÉ
CRITIQUE
L’imposante distribution est excellente. Mais la première étoile de la pièce est certainement Vincent Bilodeau (à droite),
qui joue avec une émotion et une intensité à jeter par terre.
EN BREF
Un manuscrit de Samuel
Beckett est acquis pour
1,5 million $ à Londres
LONDRES (ASSOCIATED PRESS) — Le
manuscrit du premier roman de l’écri-
vain irlandais Samuel Beckett s’est
vendu aux enchères pour près de 1 mil-
lion de livres (soit environ 1,5 million $
CAN), a indiqué hier Sotheby’s.
L’université de Reading, en
Angleterre, a acquis Murphy, écrit
en 1935-36, pour 962 500 livres, lors
de l’encan d’hier.
L’ouvrage comporte le contenu
fortement remanié du roman, de
même que des notes, des griffon-
nages et des esquisses de personna-
ges tels que James Joyce et Charlie
Chaplin.
Ses multiples révisions offrent un
aperçu du processus de création de
Samuel Beckett. L’ouvrage contient
huit versions abandonnées de la
phrase d’ouverture du roman.
Le vice-chancelier de l’université
David Bell a af rmé que l’acquisition
du manuscrit « offrira des occasions
sans précédent pour en apprendre
davantage sur l’un des plus grands
auteurs de l’histoire ».
10 LA VOIX DE L’EST - JEUDI 11 JUILLET 2013
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