Le monde, c`est tout un poème

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AUTOUR DU MONDE
Le Quotidien de la Réunion - dimanche 05/12/10
CARNETS DE VOYAGE LE PÉRIPLE PLANÉTAIRE DE DEUX RÉUNIONNAIS
Le monde, c’est tout un poème
Le titre « Ma famille mondiale : suite et fin », dimanche dernier, annonçait-il la disparition de cette chronique, comme l’ont relevé certains lecteurs ? Pas du tout : c’était
simplement la deuxième partie et dernière d’un article de nos voyageurs pays, commencé la semaine précédente. Se poursuivent donc, dans Le Quotidien et sur le site
www.reunionnaisdumonde.com., les carnets de voyage de Nirina et Rodolphe. Cette semaine, c’est Nirina qui prend la plume.
Réflexion (s) de Nirina, sur la route. Un lampion fou dans le ciel d’Osaka, au Japon. Des portes ouvertes sur l’infini, en Hollande. Un moment privilégié entre père et fille, à Saïgon, Vietnam. Ci-dessous,
grandiose nature à Koh-Phagan, Thaïlande.
Journal des aventuriers,
quelque part entre 2007 et
2010 : « Ceux qui me connaissent savent qu’il m’est difficile
d’avoir – illico presto – les mots
justes pour définir ma pensée.
Mes neurones ont tendance à
s’emballer et finissent par bousculer aléatoirement l’influx nerveux de mon cerveau.
La magie
du Voyage
J’ai alors souvent préféré me
cacher derrière, imaginant une
barrière, entre le monde extérieur et moi-même. Et dans ce
nouvel univers, j’ai rencontré la
poésie. On s’est apprivoisées et
depuis, j’apprends à appréhender la vie comme poème, rimant les joies avec les peines.
Aujourd’hui c’est donc naturellement que je m’introduis,
dans ce carnet de voyage tout
en poésies.
Partir vivre ses rêves ne plaît
pas forcement à tout le monde.
Il est parfois difficile de se sentir compris.
Il fallait donc que je l’écrive
et que j’explique qui je suis,
pour que l’on comprenne ce
que je vis.
Et puis il y a la distance
physique et morale, la mort à
laquelle chaque jour on échappe, qui nous fait réaliser à
quel point il est important de
partager ce que l’on ressent
avec les gens que l’on aime.
Enfin, il y a tout simplement
la magie du Voyage, qui me
réveille la nuit pour écrire ces
quelques mots de poésie...
I« ELLE »
Nostalgique d’un passé recomposé
Et de son futur idéalisé
Le présent ne semble pas
compter, comme irréel, infondé
Elle passe son temps à rêver
Mélancolique,
Elle s’est jetée dans les vagues lyriques
Et se noyant trop souvent
dans le dramatique
Elle s’est éprise de ces
courbes pathétiques
Rubrique réalisée en partenariat avec le site
WWW.REUNIONNAISDUMONDE.COM
Pour joindre Rodolphe et Nirina :
enlightened.paths
gmail.com
Lunatique,
Elle fait voyager ses lubies
Remontant ainsi la rivière de
ses rêves longtemps endormis
Elle s’enfuit de cette prison
dorée qu’est la société, aujourd’hui
Bien sûr son chemin leur est
incompris
Cœur serré, elle s’étouffe
dans la nuit
Se réveillant en sursaut
La poitrine comme dans un
étau
Il y a ton regard pourtant
Qui semble me crier le contraire
Même si tes mots veulent se
taire
Parce que tu dois jouer ton
rôle de père
J’ai l’impression que tu me
comprends
Que dans ta vie tu en as fait
autant
Que tu regrettes parfois d’avoir consenti à suivre les traditions
Dis-moi que j’ai raison
I« LE VOYAGE »
C’est comme un couché de
soleil
Un amalgame de couleurs attirant mon éveil
Un horizon perdu dans cette
confusion
Un océan troublé par son reflet, comme une résurrection
Correspondances
C’est comme ces étoiles filantes, improvisées
Au hasard d’un regard
Le temps d’une seconde rare
Un instantané, finissant par
me hanter
C’est comme la courbure de
l’espace temps
Déviant les itinéraires
De mille et une lumières
Jouant des tours au temps, et
le faire écouler lentement
C’est comme tous ces oiseaux
De l’aigle au plus fragile des
moineaux
Libre d’être libre, de s’envoler
vers d’autres réalités
Pénétrant la force du vent et
respirer l’air qui lui plaît ?
J’ai pour habitude de capturer des images
De mon passé et de ce qui
sera mon bref passage
Et d’en extraire des odeurs,
des sons
Pour que ce sentiment
voyage au gré de mes tourments
Il me rend certes nostalgique
N’aidant pas à guérir les
vertiges de mon cerveau
Mais au moins a-t-il le mérite d’apaiser mes maux
Je les conserve alors
comme on vénère des reliques...
Et souvent, je me surprends devant l’écran de mes
souvenirs
À me repasser les scènes de
la vie
J’y vois nos fous rires
Remède à mes diverses inappétences
J’y vois notre attrait pour la
culture, la poésie et les mots,
Solution semble-t-il pour
soulager l’existence
J’y vois notre subtil goût
pour les bonnes choses
Nourrissant les plaisirs instruits de mon ego
Je revois tout simplement
Je regrette de ne pouvoir te
l’exprimer davantage
Alors je te partage avec
l’entourage
Leur contant tes défauts
d’enfants et tes qualités d’adultes
Ainsi que les fresques de
ton personnage
Fière, je te raconte tout
simplement,
Ton héritage a façonné ma
perception
Mes idées et mes innombrables questions
Ce regard perdu dans l’errance
Cette mélancolie, aussi,
comme une évidence
Et pourtant il me manque
des morceaux de ton histoire
Ton pays, ta culture, ta vie
et tes idées noires
« Tes petits bonheurs et tes
grandes douleurs »
Pour assouvir les lacunes
de ma mémoire
Il me plaît de croire que
l’écriture est, telles les larmes
d’Andrew Wiles
Un accomplissement
C’est donc une correspondance que je te propose aujourd’hui
L’art de figer le temps et les
émotions
L’art de se souvenir, tout
simplement
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