3. Note d’intention
Tout commence par le titre du roman.
Avec lequel nous avons un lien personnel.
Nous avons tous les deux suivi des études supérieures ''sages'' : la traduction
pour Audrey, un cursus d’ingénieur pour moi. Puis, nous avons tout
abandonné pour nous lancer dans une formation professionnelle de
comédien. Nous n’avons jamais regretté nos choix, mais force est de constater
que nous ne sommes pas ''restés sages''.
Ensuite nous faisons la rencontre de Martin.
Martin vient de perdre son travail.
Depuis quelques années, le monde du travail est pour Audrey et moi un de nos
sujets de prédilection au théâtre. Ce monde du travail, qui de jour en jour
change, se délite, se transforme, et perd tant de gens. Cela nous pose
beaucoup de questions. Pas une journée sans que la télévision ou la radio
n’aborde le sujet. Pas une journée sans qu'un proche ne nous parle de son
boulot, en bien ou en mal.
Nous avons le sentiment d'appartenir à cette génération comprise entre celle
de nos parents, qui fût une des dernières à vivre le plein emploi et sa sécurité,
et celle de nos petits frères, que le management nomme « la génération Y » et
pour qui le travail n'est plus une valeur digne de confiance.
Nous, nous sommes entre les deux : le travail a clairement une importance, un
poids déterminant chez nous, mais pourtant dès le départ nous n'étions pas
dans la configuration de relative confiance vécue par nos parents. Rester Sage,
en toile de fond, parle sans cesse du travail, comme élément déterminant
d'une vie.
« Le plus terrible dans l'histoire, c'est que (...) perdre son emploi paraît plus
grave que perdre la vie. »
« En quelque mois, Muir t'as refusé sans raison plusieurs demandes de
congé. Il t'a fait revenir un samedi pour boucler un rapport de trente pages
qui a fini à la déchiqueteuse. Il t'a muté dans un bureau sans fenêtre. (...)
Petite baisse de moral en ce moment. Un Tranxène par jour. »
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