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térieur et devint le plus jeune sous-
préfet de France. Chef de cabinet de
Pierre Cot, ministre de l'air du gouver-
nement du Front Populaire, il fit partie
de ceux qui tentèrent de venir en aide
aux Républicains espagnols.
Sous-préfet de Châteaulin, puis
nommé préfet de Chartres en 1940, il
refusa de signer à la demande de l'oc-
cupant, une déclaration accusant à
tort les tirailleurs sénégalais d'avoir
commis des exactions. Il tenta de se
suicider afin de ne pas commettre un
acte déshonorant.
Le gouvernement de Vichy le révo-
qua le 2 novembre 1940. Rejoignant
De Gaulle à Londres en 1941, il lui fit
un compte-rendu aussi précis que
possible sur la Résistance en France.
Parachuté en Provence dans la nuit
du 31 décembre 1941 au 1er janvier
1942, Jean Moulin fit un travail consi-
dérable, organisant des opérations de
parachutage et créant un bureau d'in-
formation et de presse confié à
Georges Bidault, un comité général
pour la préparation de la réforme
après la libération du territoire ainsi
qu'un organisme chargé du noyautage
de l'administration publique.
Tout ceci ne s'est pas déroulé sans
de très vifs conflits avec Henri Fres-
nay, fondateur du journal Combat qui
souhaitait garder son indépendance.
Infatigable trait d'union entre la
France libre et la Résistance inté-
rieure, Jean Moulin revint à Londres
en février 1943, investi d'une nouvelle
mission, celle de constituer un organe
politique représentatif de toutes les
tendances de la Résistance.
Mais la Gestapo et la milice pétai-
niste étaient très bien renseignées sur
les activités de la Résistance. Suite à
des trahisons, le 9 juin 1943 était ar-
rêté le général Delestraint, chef de l'ar-
mée secrète, général en retraite,
spécialiste des chars, patriote irrépro-
chable qui n'avait aucune accointance
avec Vichy.
Quelques jours plus tard, alors
qu'une partie du Conseil National de
la Résistance se réunissait à Caluire
près de Lyon, la Gestapo du sinistre
Klaus Barbie arrêta Jean Moulin et
ceux qui l'entouraient. Quelques se-
maines plus tard, il devait mourir sous
les pires tortures.
« La disparition de Jean Moulin eut
de graves conséquences, il était de
ceux qui incarnent leur tâche et qu'à
ce titre on ne remplace pas » déclara
le Général de Gaulle.
Il y a donc 70 ans demain, lundi 27
mai, que se réunissait ce parlement de
16 membres dans Paris occupé de-
puis près de trois ans, quadrillé par
l'armée nazie avec le concours des
forces de répression du régime colla-
borateur avec l'occupant que présidait
Pétain et sur les murs desquels,
comme sur ceux d'autres villes de
France, étaient apposées des affiches
bilingues annonçant l'exécution de pa-
triotes, que désormais la population
appelait des Résistants.
Même si ses participants n'en ont
alors pas eu pleinement conscience,
leur réunion était un moment histo-
rique. A son issue, naîtra sous la pré-
sidence de Jean Moulin, le Conseil
National de la Résistance (le CNR).
L'événement sera en effet de portée
considérable : toutes les forces de la
Résistance, jusque-là dispersées,
vont être désormais coordonnées, Le
CNR ouvre la voie à l'unification au
sein des FFI des différentes structures
militaires de la Résistance, il va
conduire à l'élaboration puis à la publi-
cation dix mois plus tard, en mars
1944, du Programme du Conseil Na-
tional de la Résistance.
Evènement de portée considérable
puisque, lors de sa réunion constitu-
tive, le Conseil National de la Résis-
tance, en se plaçant sous l'autorité du
Comité National Français présidé par
le Général de Gaulle, va permettre au
chef de la France Libre de s'affirmer
face à Giraud - porteur d'un pétai-
nisme sans Pétain non sans audience
auprès des Anglo-américains - comme
le seul représentant de l'ensemble de
la France combattante, tant en lutte de
Résistance sur le sol national occupé
que combattant sur tous les théâtres
d'opération d'Europe, d'Afrique, d'Asie
et du Pacifique, où s'illustraient, aux
côtés des Alliés, les Français libres.
Patriotisme, humanisme, idéaux dé-
mocratiques et aspiration à une so-
ciété solidaire, à un monde juste et en
paix, furent les valeurs qui motivèrent
l'engagement des Résistantes et des
Résistants dans le combat contre l'oc-
cupant nazi et le régime pétainiste
complice de ses crimes, combat
convergeant avec celui des Français
libres et prenant sa place dans la lutte
des peuples et des forces alliées
contre la barbarie génocidaire et liber-
ticide.
Ce furent les valeurs inspiratrices du
programme du Conseil National de la
Résistance qui dessina les contours
d'une France rénovée après sa Libé-
ration, d'une France démocratique sur
les plans politique, économique et so-
cial, d'une France solidaire; pro-
gramme qui, par la mise en place à la
Libération par le gouvernement pré-
sidé par le Général de Gaulle par le
nombre des mesures qu'il préconisait,
permit de redresser économiquement
la France, d'affirmer son indépen-
dance nationale, d'approfondir sa vie
démocratique en même temps que
des avancées formant encore au-
jourd'hui - malgré des remises en
cause accentuées ces dernières an-
nées- le socle de notre protection so-
ciale.
Soixante huit ans après la victoire du
8 Mai 1945 des peuples et des ar-
mées alliées sur la barbarie du na-
zisme et des fascismes, le monde
contemporain connaît hélas toujours
la guerre, l'oppression, le racisme, les
discriminations et épurations eth-
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