Le Président Bordeaux, le 10 février 2012 Références à rappeler : EGT/ROD II/033674 062 Monsieur le Directeur, Par lettre du 15 juillet 2010, vous avez été informé que la Chambre régionale des comptes d’Aquitaine allait procéder au jugement des comptes de 2005 à 2008 et à l’examen de la gestion de 2005 jusqu’à la période la plus récente de l’établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole de BAZAS (EPLEFPA) que vous dirigez. A l’issue de cette vérification, l’entretien préalable avec le conseiller-rapporteur prévu par les articles L. 241-7 et R. 241-8 du code des juridictions financières a eu lieu le 4 février 2011. Je vous ai fait connaître par lettre du 31 mai 2011, les observations retenues à titre provisoire par la chambre lors de sa séance du 28 avril 2011, en vous priant d'y répondre dans le délai de deux mois. Vous avez répondu par courrier du 1er juillet 2011, enregistré à la Chambre le 7 septembre 2011. Après avoir examiné le contenu de ces réponses, la chambre a arrêté, au cours de sa séance du 13 décembre 2011, les observations définitives qui vous ont été notifiées, le 21 décembre 2011. Vous avez répondu le 25 janvier 2012, Mme Emmanuelle BERTHELOT-JAVANET ancien ordonnateur a répondu le 2 février 2012 et Mme Gisèle LAMARQUE a répondu le 27 janvier 2012. Ces réponses qui n’engagent que la responsabilité de ses auteurs sont jointes au présent rapport. En conséquence, je vous prie de bien vouloir trouver ci-après, le rapport d’observations définitives de la chambre portant notamment, après une présentation de l’établissement, sur le suivi des observations formulées lors du contrôle précédent et la fiabilité des comptes, le fonctionnement administratif et, enfin, sur la situation financière des quatre centres constituant l’établissement. Monsieur Bruno GARCIA Directeur de l’EPLEFPA DE BAZAS 2, avenue de la République 33 430 BAZAS 3, place des Grands-Hommes – CS 30059 – 33064 Bordeaux Cedex – Tél. : 05 56 56 47 00 – Fax : 05 56 56 47 77 I) L’ORGANISATION ET LES MISSIONS DE L’EPLEA L’établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole (EPLEFPA) de Bazas créé en 1964 est doté d’une composante d’enseignement initial, d’une unité de production à vocation pédagogique et d’un centre de formation professionnelle. Sa composition est donc conforme aux dispositions de l’article L. 811- 8 du code rural. Il dispose en outre d’un centre équestre. Il peut accueillir 300 élèves et dispose d’un internat mixte de 240 places. Il offre une palette diversifiée de formations préparant au baccalauréat technologique « STAV Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant », aux baccalauréats professionnels « gestion et conduite des chantiers forestiers » et « gestion et conduite d’une exploitation agricole » et au brevet de technicien supérieur « gestion forestière » également proposé par la voie de l’apprentissage au centre de formation professionnelle. L'exploitation de l’établissement, mise en place à la fin des années 60, développe aujourd’hui, sur une surface de 115 ha des missions de production, pédagogique, expérimentale et de communication. Elle comprend plusieurs types de culture, (prairies, herbe et maïs) et deux types d’élevage, l’élevage bovin d’une part avec un troupeau de 123 têtes de la race Bazadaise pour permettre la production de la viande label rouge "Bœuf de Bazas", et l’élevage avicole, d’autre part, avec une production annuelle d’environ 26 000 poulets label rouge "poulets jaunes du Sud-ouest". Le centre régional de formation forestière créé en 1967 pour mettre en œuvre des formations en bûcheronnage évolue vers la conduite d'engins mécanisés avec des stages en sylviculture mécanisée, en débardage et enfin en abattage mécanisé. Parallèlement, il accueille à partir de 1995 la formation du Brevet de Technicien Supérieur Agricole (BTSA) option Gestion Forestière. Le CFPPA dispose de formateurs et de matériels (ateliers pédagogiques, engins forestiers, poste fixe de grutage, banc hydraulique, simulateur informatique de machine d'abattage....) lui permettant d'organiser des formations diplômantes, qualifiantes et de perfectionnement dans le cadre de la formation continue. Selon les enquêtes conduites par le ministère de l’agriculture, le taux d’insertion professionnelle des élèves à Bazas est de 56 % pour les formations forestières et de 77 % pour les formations agricoles, contre un taux moyen national de 80 %, ce qui témoigne d’un accès à l’emploi plus difficile pour les élèves de l’EPLEA de Bazas. Ce constat paraît d’autant plus préoccupant que les formations forestières, notamment, y constituent une des spécialités majeures et que la filière « forêt » est une des grandes filières de production de la région Aquitaine. Dès lors, dans une optique de meilleure connaissance des possibilités du marché du travail et d’amélioration ou d’adaptation de l’offre des formations proposée, la chambre vous recommande de mettre en place un système interne de suivi des élèves ayant quitté l’établissement avec une formation. Elle note, à cet égard, que vous avez initié des concertations avec les filières professionnelles afin d’adapter l’offre de formation de l’établissement aux demandes du milieu professionnel. Enfin, l’EPLEA dispose d’un centre équestre doté d’équipements conséquents (1 Club House, 1 carrière pour saut d’obstacles, 1 carrière pour dressage, 1 manège couvert, 1 parcours de cross, 21 boxes, des selleries, des paddocks) lui permettant de proposer des formations en hypologie – équitation sous la forme d’options présentes dans différentes formations de la 2nde Générale à la Terminale. Des cours d’équitation sont également proposés en dehors des heures d’enseignement. 2 Le centre abrite 12 chevaux et l’équipe pédagogique se compose de 2 instructeurs diplômés d’Etat. L’établissement a pour projet l’ouverture à terme d’une section sportive « équitation ». L’article L. 811-1 du code rural n’assigne pas que des missions de formation et d’insertion aux établissements concourant à l'enseignement et à la formation professionnelle agricoles publics. Il prévoit également qu’ils participent à l'animation et au développement des territoires, contribuent aux activités de développement, d'expérimentation et de recherche appliquée, et participent à des actions de coopération internationale, notamment en favorisant les échanges et l'accueil d'élèves, apprentis, étudiants, stagiaires et enseignants. En l’espèce, l’EPLEA de BAZAS est engagé dans chacune de ces trois missions. Ainsi, sa participation à l’animation et au développement des territoires prend différentes formes comme le recrutement d’élèves dans la région proche, l’organisation de portes ouvertes et la participation au forum des métiers, l’implication dans les structures interprofessionnelles ou encore la participation active à différentes manifestations destinées à primer la production comme la « fête du bœuf gras ». En outre, les activités internationales de l’établissement sont nombreuses. La chambre a observé avec intérêt la signature par l’établissement d’une charte « Erasmus » prévoyant l’accueil d’étudiants et de stagiaires étrangers, des mobilités d’enseignants et des voyages d’élèves. Les actions bénéficiant aux élèves sont financées par des subventions, des participations de l’établissement et des familles. La chambre vous recommande à cet égard de présenter annuellement au conseil d’administration un bilan pédagogique et financier de ces opérations. Enfin, l’EPLEA a conduit plusieurs expérimentations (production de biocarburants, essais variétaux) au cours de la période examinée. La chambre a noté que le déroulement et les conclusions de ces expérimentations étaient régulièrement portés à la connaissance du conseil d’exploitation. II) LES SUITES LA CHAMBRE DONNEES AUX OBSERVATIONS PRECEDENTES DE Le précédent contrôle de l’établissement par la Chambre régionale des comptes d’Aquitaine, portant sur la période 2001 à 2004, avait donné lieu à un rapport d’observations définitives adressé le 31 mai 2007 à la directrice de l’établissement alors en fonction. Les suites apportées à ces observations ont fait l’objet, lors du présent contrôle, d’investigations dont les résultats sont exposés ci-après à l’exception de ceux afférents à la situation financière de l’établissement qui feront l’objet de développements au § VI. Dans l’ensemble, à l’exception de l’adoption d’une délibération autorisant la correction d’écritures anciennes et erronées dans les comptes, l’établissement n’a tenu aucun compte des recommandations précédentes. En particulier, le précédent rapport d’observations définitives indiquait que la mise à jour de l’état de l’actif et, plus généralement la connaissance et la comptabilisation de son patrimoine par l’établissement, apparaissait comme une « impérieuse nécessité ». Force est d’admettre que la situation examinée durant la période sous contrôle est demeurée inchangée. L’état de l’actif ne donne toujours pas aujourd’hui une image exhaustive et fidèle du patrimoine de l’EPLEFPA et les comptes de l’établissement se caractérisent par leur absence de fiabilité. La chambre relève ainsi l’absence de recensement des biens, l’absence de fiches d’immobilisations, la non concordance des écritures de dépréciation, la non concordance des écritures relatives aux subventions d’équipement reçues, ainsi que différences substantielles entre l’état de l’actif et le compte financier qui devraient pourtant refléter la même réalité. Des irrégularités ont été, de même, relevées dans la constatation, le suivi et la comptabilisation des opérations de TVA. 3 Ce travail d’actualisation paraît d’autant plus nécessaire à conduire que, selon les indications données par votre prédécesseur, la surface de l’établissement retenue pour le calcul de la dotation globale de fonctionnement versée par la Région Aquitaine serait inférieure à la surface réelle, faute de connaissance précise des éléments du patrimoine immobilier et conduirait à une sous-évaluation par la Région des charges de fonctionnement réellement payées par l’EPLEA. Vous indiquez avoir transmis à la région Aquitaine une demande d’actualisation de la dotation en personnels. L’ancien ordonnateur a précisé que la mise à jour de l’état de l’actif avait débuté et avait donné lieu à l’établissement d’une liste des matériels forestiers. Il a ajouté que dans le cadre du transfert des biens immobiliers de l’Etat à la Région, un recensement avait été organisé. Cependant la chambre ne peut que constater que ces initiatives, pour utiles qu’elles soient, n’ont pas permis de mettre un terme aux dysfonctionnements observés dans la mesure où ces différents chantiers n’ont pas abouti à la mise en place de fiches d’inventaire ni n’ont conduit à la passation des écritures comptables afférentes. Enfin, la région, consultée sur ce point, a signalé avoir lancé un programme de recensement des surfaces des lycées et notamment du LEGTPA de Bazas, assorti du métrage de l’exploitation. En tout état de cause, la chambre prend acte de votre engagement à procéder, avec l’appui de l’agent comptable, au recensement des biens meubles et immeubles, qu’il s’agisse des bâtiments reçus en affectation de l’Etat ou de la Région et des biens acquis (matériel, outillage et agencements), en concertation avec la Région Aquitaine. Les fiches d’inventaire devront être corrigées au regard de ce recensement et une délibération d’ajustement pourra alors être adoptée par le conseil d’administration conduisant à des écritures comptables conformes à la réalité. III) LE FONCTIONNEMENT DE L’ETABLISSEMENT 3.1) La gouvernance La période examinée a été marquée par des tensions internes liées à la fragilité de la situation financière qui ont conduit à deux incidents, d’une part l’absence d’approbation du compte financier en 2005, et d’autre part, la démission collective du conseil d’administration en 2006. De même, des dysfonctionnements et des différends observés au cours de la période contrôlée ont perturbé l’indispensable sérénité qui doit présider à la gestion de l’établissement. Par ailleurs, la période a également connu deux changements de directeur au 1er septembre 2006 et au 1er septembre 2010. Si la composition du conseil d’administration est conforme aux dispositions législatives et réglementaires du code rural et n’appelle donc pas d’observations, en revanche, les procès-verbaux de ses séances ont perdu en qualité au fil du temps. Les premières années, ces derniers détaillent les positions des différentes parties représentées sur les questions traitées et les délibérations sont expliquées. A partir de 2007, il y a peu de matière traitée et les délibérations sont listées avec la simple mention de leur adoption. Votre prédécesseur a indiqué que ce constat s’expliquait par le retour, après des années difficiles, à des séances plus sereines et à l’habitude prise de tenir des réunions explicatives préalables avec les représentants du personnel. A cet égard, un changement qualitatif a été constaté par la chambre lors de l’établissement du procès-verbal du conseil d’administration de novembre 2010. La chambre vous rappelle cependant, conformément aux prescriptions données aux chefs d’établissement par le ministère de l’Education nationale, qu’il y a lieu d’établir à la fin de chaque séance : « un procès-verbal, qui retrace les échanges de points de vue exprimés, ainsi que les délibérations et les avis adoptés » et que « Le chef d'établissement est responsable du procès verbal qui est transmis aux membres du conseil d'administration et adopté lors de la séance suivante ». 4 La chambre observe également que l’EPLE ne s’est pas doté d’un projet d’établissement. Ce document pourtant obligatoire est mentionné à l’article L. 811-8 du code rural qui dispose que « chaque EPLE établit un projet d’établissement qui définit les modalités particulières de sa contribution à la mise en œuvre des missions de l’enseignement et de la formation professionnelle… ». Si un travail d’ébauche a été présenté au conseil d’administration du 21 mars 2008, qui concernait la constitution de groupes de travail sur plusieurs ateliers (coopération internationale, insertion scolaire, implication du lycée sur le territoire, filières, communication interne/externe, exploitation et centre hippique), la réflexion ne s’est pas poursuivie et l’établissement n’est donc pas en mesure de présenter un document finalisé sur ce point. Vous précisez que le conseil d’administration de juin 2011 a délibéré sur un document définissant des axes stratégiques pour les années à venir. De même, l’obligation, pour les EPLEA, de disposer d’une comptabilité analytique (instruction comptable n° 94-100-M99 du 22 septembre 1994) n’est pas remplie à Bazas. La présence d’une activité de production et de vente milite pourtant pour l’installation et l’utilisation d’un outil analytique permettant de déterminer le coût de revient des différents produits et prestations vendus et de s’assurer de l’existence d’une rentabilité minimale. L’établissement n’a pas davantage établi de règles de répartition formalisées pour les écritures budgétaires internes, utiles notamment en cas des mises à disposition de personnels entre centres ou de partage des charges de fonctionnement. La chambre note toutefois que, pour l’exercice 2009, un tableau présentant les charges dues au LEGTPA par le CFPPA a été produit. L’établissement ne s’est pas davantage doté, hormis de succincts tableaux de trésorerie, des tableaux de bord périodiques permettant aux responsables et aux membres du conseil d’administration de suivre régulièrement et de façon détaillée la situation financière. La chambre prend acte de la volonté que vous avez exprimée de reprendre la réflexion sur ces questions. Alors même que l’avenir de l’EPLEA demeure incertain au plan financier, la chambre vous recommande de définir un plan d’actions dans le cadre du projet d’établissement reposant sur des projections budgétaires et financières à moyen terme, établies sur la base d’hypothèses et d’objectifs assignés aux différents centres au premier rang desquels le retour à l’équilibre à moyen terme. A cet effet, l’établissement d’un diagnostic fiable et partagé sur le pilotage et le développement de ces filières nécessiterait l’adoption d’une comptabilité analytique sous la forme d’un outil simple permettant de connaître les charges et les produits des ateliers et de définir une clé de répartition des consommables. La mise au point de tableaux de bord périodiques de suivi compléteraient utilement ce plan d’actions. 3.2) Les délégations de signature Durant les années 2005 à 2008, l’établissement a fonctionné sans dispositif complet de délégation de signatures en contravention avec les dispositions de l’article R. 811-26 du code rural qui dispose que le directeur de l’établissement public local peut déléguer sa signature aux directeurs de centres ou à d’autres fonctionnaires ou agents publics de l’établissement pour les actes administratifs à l’exception des marchés, contrats et conventions, et pour les actes financiers à l’exception de l’ordonnancement. Les arrêtés produits par l’établissement en faveur de six agents ne sont signés, ni de l’ordonnateur, ni des bénéficiaires. 5 Quatre arrêtés ont finalement été retrouvés à la suite de recherches dans l’établissement, l’un daté du 2 octobre 2007 et trois datés du 1er septembre 2008. La chambre s’étonne des difficultés à produire ces documents dans la mesure où une circulaire du 18 avril 2003 prévoit que le directeur établit un rapport à l'attention de son successeur dans lequel il détaille notamment les délégations qu'il a consenties. La chambre constate également que l’établissement conservait dans des conditions inadéquates les carnets de bons de commande. Certains ont disparu ou ont été détruits. L’examen de quelques carnets à souche révèle que des bons de commande ont été signés par les agents en cause à partir de septembre 2007. Ces derniers ont donc engagé des dépenses sans en avoir le pouvoir ou sans avoir reçu délégation de signature à cet effet. De surcroît, certains d’entre eux ont été signés vierges, le document ne comportant que le numéro du bon et la signature. La chambre souligne que de tels constats témoignent de négligences dans l’administration de l’établissement durant les années examinées. Elle note toutefois que vous avez régularisé la situation, le lendemain de votre prise de fonction, en consentant les délégations nécessaires à la gestion quotidienne de votre établissement. Elle vous recommande de veiller à ce que les bons de commande qui engagent les finances de l’établissement soient correctement remplis. 3.3) Les logements de fonction L’établissement dispose de 12 logements dont 11 sont habitables. Les dispositions combinées du code de l’Education et du code du domaine de l’Etat précisent que, dans les établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles, la Région attribue les concessions de logement par nécessité absolue ou utilité de service. Des agents peuvent également être logés par convention d’occupation précaire. Par ailleurs, des logements de fonction peuvent être accordés au titre d’un avantage en nature à des agents contractuels de droit privé recrutés par l’établissement. Les personnels de direction, d’administration, de gestion et d’éducation, les personnels de santé, et dans les établissements locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles, les personnels responsables d’une exploitation agricole et ceux chargés des élevages et des cultures sont logés par nécessité absolue de service qui comporte la gratuité du logement nu et des prestations accessoires soumises à un forfait. Les concessions par utilité de service ne comportent aucune prestation gratuite. Quant aux conventions d’occupation précaire, le bénéficiaire doit s’acquitter d’une redevance et les prestations accessoires sont à sa charge. La réglementation prévoit que, dans tous les cas, le chef d’établissement soumet les propositions d’attribution, assorties d’un avis du service des Domaines, à la Région qui attribue le logement par arrêté du président du conseil régional. La chambre a relevé des irrégularités dans les conditions d’attribution de ces logements et leur gestion par l’établissement. Ainsi, depuis de nombreuses années, aucun bénéficiaire de logement, quel que soit son statut, n’a acquitté les charges représentatives de ses consommations d’énergie et de fluides (eau, électricité, chauffage). Aucun relevé n’a, en effet, été effectué pour facturer les consommations individuelles et permettre le remboursement des charges dues à l’établissement qui en fait l’avance. S’agissant des agents logés par nécessité absolue de service, ils bénéficient non pas de la gratuité totale mais d’une franchise de prestations accessoires. Un forfait d’exonération est voté chaque année par le Conseil régional. Le montant des charges dépassant le forfait doit être payé par l’occupant. L’absence de relevés ou d’évaluations des consommations par logement, rend impossible l’exercice et de fait l’établissement ne s’est pas préoccupé jusqu’ici d’effectuer ces 6 calculs. La chambre prend note de votre intention de procéder désormais à un relevé des compteurs en place. Elle observe que dès janvier 2011 des états récapitulatifs des prestations accessoires et des charges remboursables à notifier aux bénéficiaires des logements de fonction ont été établis. Par ailleurs, sur la période observée, trois agents ont occupé un logement gratuit sans l’intervention de la Région et en l’absence d’un arrêté de concession signé du président du conseil régional. La chambre a également relevé qu’un agent recruté en 2004 à temps complet s’était vu accorder un logement de 87 m² en contrepartie d’un temps de travail supplémentaire de 29 heures mensuelles. Si, pour 2005, l’organisation de ces heures a été arrêtée d’accord-parties, aucun document n’a été produit pour les années ultérieures de sorte que l’absence de décompte des heures fournies pour le logement mis à sa disposition, n’a pas permis à l’établissement de s’assurer que l’occupant s’était acquitté des contreparties attendues. Enfin, l’établissement a accordé un logement, d’une superficie de 161 m² à un agent recruté par contrat à durée indéterminée sans que cet avantage en nature ne soit mentionné dans le contrat de travail. La chambre observe que non seulement les fonctions de l’intéressé au sein de l’établissement ne figurent pas parmi celles donnant accès à un logement de fonction mais encore que l’établissement n’a pas défini les contreparties ou les obligations attendues. De surcroît, des indemnités lui ont été versées sur l’ensemble de la période sans que cet avantage ne soit, non plus, prévu dans le contrat de travail. Ces irrégularités témoignent d’une gestion déficiente des contrats de travail et des concessions de logement. Pour sa part, la Région Aquitaine a précisé avoir conduit des actions permettant à l’ensemble des établissements aquitains, dont le LEGTPA de Bazas d’accéder désormais à une connaissance suffisante des logements de fonction pour un suivi plus régulier et plus efficace. Par ailleurs, la chambre prend bonne note des décisions que vous avez prises pour régulariser la situation des occupants des logements de fonction. 3.4) Les photocopieurs L’établissement dispose de quatre photocopieurs acquis par voie de crédit-bail en décembre 2006 à la suite d’un rachat d’encours. Aux termes de cette renégociation, l’établissement s’est engagé vis-à-vis d’un établissement bancaire pour une période de cinq ans (2006-2011) à payer un loyer annuel de 25 383,70 €. Les fournitures et la maintenance confiées à la société chargée de leur maintenance représentent une dépense supplémentaire de 15 000 € annuels. La chambre observe que le conseil d’administration de l’établissement a autorisé la directrice par délibération du 30 mai 2008 à prolonger le contrat avec cette société pour une période de 5 ans, soit jusqu’au 13 novembre 2013. Au total plus de 40 000 € sont déboursés chaque année pour ces quatre photocopieurs. La chambre ne peut que constater le coût exorbitant de ces contrats qui témoigne dans ce dossier de l’absence de souci d’économie dans un contexte de fragilité financière. Vous faites état, cependant, de la renégociation en 2011 du contrat de location conduisant à une diminution des coûts de 20%. 3.5) Les véhicules L’établissement dispose d’un parc automobile composé de trente véhicules dont plusieurs véhicules utilitaires (tracteurs, camions, semi-remorques) et des véhicules particuliers. 7 Or, aucune délibération sur les conditions d’attribution et d’utilisation de ces véhicules, notamment en ce qui concerne les véhicules particuliers, n’a pu être produite à la chambre. Elle prend acte de votre intention de saisir le conseil d’administration de cette question conduisant à l’établissement de règles claires sur la base desquelles un contrôle interne pourra être utilement organisé. 3.6) Les régies de recettes Sept régies de recettes ont fonctionné ou ont été créées durant la période sous revue. La chambre a constaté que la tenue des dossiers des régies souffrait d’insuffisances. En particulier, il n’a pas été possible à l’établissement de produire certaines décisions de nomination de régisseurs, deux régies fonctionnaient sans cautionnement et trois régies ont cessé de fonctionner sans que l’on puisse établir dans quelles conditions elles ont été clôturées. Enfin, aucun procès-verbal de contrôle n’a été produit par l’établissement. Les régies n’ont ainsi jamais été contrôlées par l’ordonnateur. Néanmoins, l’agent comptable a initié, en décembre 2010, de nouvelles procédures pour en sécuriser le fonctionnement et des contrôles sur pièces et sur place sont intervenus à même date. La chambre prend acte de votre volonté de renforcer le dispositif et vous rappelle que l’ordonnateur est tenu d’exercer un contrôle sur les régies conformément aux dispositions de l’instruction codificatrice du 4 mai 1998 sur les régies de recettes et d’avances des établissements publics locaux d’enseignement. Elle prend note de votre engagement à procéder à des contrôles réguliers. IV) LA LIGNE DE TRESORERIE En 2005, l’établissement a eu recours à une ligne de trésorerie contractée auprès du Crédit agricole d’un montant de 250 000 €. Elle a été renouvelée en 2006 à hauteur de 200 000 € et le conseil d’administration a décidé de réduire le montant de 50 000 € tous les six mois jusqu’à son extinction définitive en juillet 2008. Cependant le 12 décembre 2008 le conseil d’administration a autorisé le recours à une nouvelle ligne de trésorerie d’un montant de 50 000 €. La délibération n’est assortie d’aucune explication sur les raisons d’y recourir. La chambre observe qu’elle n’a cependant pas été mobilisée et vous rappelle que l’article R. 811-67 du code rural prévoit que la réalisation des emprunts autres que ceux qui sont garantis par un warrant agricole ne peut être poursuivie qu’après avis motivé du comptable supérieur du Trésor territorialement compétent et de l’exécutif de la collectivité de rattachement. V) LA SITUATION FINANCIERE Dans son rapport d’observations précité du 31 mai 2007, la chambre avait considéré préoccupante la situation financière de l’établissement et constaté des difficultés dans les quatre centres de l’établissement. Elle avait notamment relevé que les comptes consolidés à fin 2005 se signalaient par un résultat d’exploitation constamment déficitaire. Les pertes atteignaient 302 K€ et le résultat net comptable se caractérisait par un déficit de 160 K€ ne permettant pas à l’établissement de dégager une quelconque capacité d’autofinancement. 8 Les données financières de la période 2005-2009 montrent une légère amélioration de la situation plus particulièrement à partir de 2007, même si les résultats de l’exploitation agricole et dans une moindre mesure ceux du centre de formation professionnelle restent préoccupants. 5.1) Le LEGTA L’activité d’enseignement proprement dite enregistre sur quatre années une amélioration sensible de sa situation financière. Le résultat d’exploitation, qui était négatif en 2005 et 2006, redevient positif en 2007 et 2008. De fait, sur l’ensemble de la période 2005-2008, les produits ont progressé à un rythme supérieur (17 %) à celui des charges (13,8 %). En conséquence, le résultat net positif à hauteur de 8 K€ en 2005 atteint 65 K€ en 2008. L’année 2009 est, en revanche, marquée par une inversion de tendance et la réapparition d’un effet de ciseau dans l’évolution respective des produits et charges de gestion puisqu’elle se clôt avec un résultat d’exploitation négatif de 38 K€ et un résultat net déficitaire de 7 K€. Cette situation paraît être la conséquence de l’évolution des effectifs présentée dans le tableau ci-dessous. 2003/2004 289 2004/2005 274 2005/2006 268 2006/2007 277 2007/2008 245 2008/2009 258 2009/2010 231 La baisse de 20 % constatée sur la période observée s’accentue en fin de période, l’année scolaire 2009-2010 enregistrant les effectifs les plus bas depuis sept années. La chambre observe plus particulièrement que les effectifs dans l’ensemble des formations forestières sont en baisse. Ce constat paraît préoccupant compte tenu de la spécialisation de l’EPLEA dans cette filière. L’érosion des effectifs se traduit par la diminution du produit des pensions, dont une partie, de surcroît, est prélevée pour abonder le fonds académique de rémunération des personnels d’internat et la baisse des subventions notamment la dotation globale de fonctionnement versée par la Région Aquitaine. La situation de cette composante éducative demeure donc fragile. Vous précisez que l’établissement a développé un effort important sur le recrutement pour l’année scolaire 2010-2011 permettant de prévoir une augmentation de 15% de ses effectifs à la rentrée 2011. Par ailleurs, vous avez adopté une stratégie de développement des accueils extérieurs hors période scolaire qui a permis à l’établissement de dégager des ressources nouvelles à hauteur de 60 000€ en 2011. Conjuguées à une nouvelle politique en matière de récupération des charges, ces actions pourraient conduire à l’équilibre des comptes du LEGTPA. 5.2 L’exploitation La situation financière de l’exploitation agricole demeure tendue. Le contrôle précédent relevait que le résultat d’exploitation était chaque année déficitaire. Force est de constater que la période actuelle continue d’enregistrer des résultats négatifs, à l’exception de l’année 2007 au cours de laquelle une subvention de 150 000 € a été versée par la Région Aquitaine. Cependant, une amélioration relative est observée, le déficit d’exploitation diminuant de -128 K€ en 2005 à -61 K€ en 2009 de même que le résultat net comptable qui passe de -129 K€ à -52 K€. Ce résultat a été, en premier lieu, obtenu par une augmentation significative des recettes propres (+17 % sur quatre années) et notamment les ventes de produits agricoles et d’animaux, le montant des subventions étant resté équivalent sur la période. Parallèlement, les charges d’exploitation ont diminué de 17 %. Cet effort d’économie a porté sur l’ensemble des charges y compris les charges de personnel qui ont diminué de 4 %. 9 En dépit de cet ajustement, la situation de l’exploitation se révèle toujours déficitaire. Ce constat devrait conduire les responsables à envisager une stratégie de redressement à moyen terme. Dans ce cadre, la poursuite de la réduction des charges de gestion paraît constituer un préalable. Toutefois, les performances commerciales conditionneront aussi la capacité de l’établissement à renouer durablement avec une situation financière satisfaisante. Depuis 2005, l’EPLEA s’est engagé dans la diversification de sa production qui s’est révélée efficace en termes de volumes vendus sur le court terme, mais qui n’offre pas encore de visibilité, ni de garantie en terme de rentabilité minimale. Dans la définition de votre projet d’établissement, la chambre vous invite à faire apparaître la rentabilité de l’exploitation comme l’un des objectifs prioritaires assignés à ce centre. Vous considérez que les prévisions ne permettent pas d’atteindre l’équilibre même à moyen terme mais vous précisez que des réflexions sont engagées afin de limiter les coûts de production. 5.3 Le centre équestre La situation du centre équestre au cours de la période montre un certain rétablissement. Le résultat d’exploitation, négatif en 2005 et 2006, redevient positif au cours des trois exercices suivants. De même le résultat net est bénéficiaire sur l’ensemble de la période, à l’exception de l’exercice 2006. Les produits d’exploitation se sont accrus de 63 % tandis que les charges n’augmentaient que de 40 %. Ce sont essentiellement les prestations de service qui soutiennent la croissance des recettes, les subventions d’exploitation ayant diminué durant la période de 50 %. L’année 2009 marque, ici aussi, un retournement de la situation, les produits comme les charges enregistrant une diminution de respectivement 8,7 % et 3,2 %. La chambre prend acte de votre intention de mettre en place des formations pratiques du brevet professionnel en équitation, afin d’accroître la rentabilité de cet équipement. Les données des bilans de l’exploitation agricole et du centre équestre doivent être interprétées avec prudence. Le rapport d’observations définitives précédent indiquait que le centre équestre et l’exploitation agricole avaient été fusionnés en 2002 puis scindés en 2003 et maintenus ensuite comme deux services distincts. Cependant les capitaux permanents du centre équestre n’avaient pas été repris dans les écritures de ce service en 2003. Le rétablissement des écritures n’est toujours pas intervenu au 31/12/2008. Les structures des bilans de ces deux entités se caractérisent par un fonds de roulement négatif et une trésorerie négative qui culmine à fin 2009 à 350 K€ pour l’exploitation agricole et - 67 K€ pour le centre équestre. Votre attention est donc appelée sur la nécessité d’un rétablissement rapide des comptes de ces deux composantes dont les pertes affectent la santé financière précaire de l’EPLEA. Vous indiquez que l’établissement a adopté une stratégie de développement de l’activité économique du centre équestre à travers des actions d’animation du territoire. 5.4 Le CFPPA La situation financière du centre de formation professionnelle s’est redressée au cours des années 2005-2008. Contrairement à la période antérieure qui avait connu quatre années de déficit, le centre parvient désormais à dégager un résultat d’exploitation positif qui passe d’un déficit de 159 K€ en 2005 à un surplus de 167 K€ en 2009. De même, le résultat net comptable qui était négatif en 2005 (- 42 K€) culmine en 2009 à + 228 K€. Si les produits d’exploitation ont connu un tassement entre 2005 et 2008 (- 0,2%), les charges d’exploitation, en revanche, ont diminué de près de 24 %. La chambre observe en particulier une baisse de 30% de la sous-traitance et des charges de personnel contractuel (- 77 %). L’Etat a toutefois accordé en 2007 une subvention en nature 10 correspondant à la prise en charge de trois agents affectés au centre de formation professionnelle. La chambre observe qu’en 2009, sous l’effet de la tempête Klaus, le CFPPA a reçu des subventions de l’Etat et de la Région pour l’acquisition de matériels, l’organisation de formations à la sécurité de personnels civils et la mise en place d’équipes sur le terrain pour dégager les pistes, mais n’a pas négligé pour autant les efforts d’économie et d’ajustement de ses dépenses, notamment, en matière d’assurances et de contrats. Le tableau ci-dessous montre qu’à partir de 2006, le centre dégage une capacité d’autofinancement qui lui permet de faire face au remboursement de la dette et de financer à due concurrence ses investissements. CFPPA Capacité d'autofinancement en euros 2005 2006 2007 2008 2009 Résultat net comptable -42 182,20 99 833,77 114 202,45 110 918,34 227 785,14 (+) dotations aux amort. et provisions c/68 153 431,55 100 188,35 96 905,62 95 739,27 90 135,20 3 511,66 5 245,02 0,00 200,00 18 692,22 133 147,21 72 509,02 62 158,67 57 230,00 57 230,00 (-) produits des cessions d'éléments d'actif c/775 (-) quote-part des subv.d'inv.virée au résultat de l'exercice c/777 (+) Valeurs comptables des éléments d'actif cédés c/675 (=) CAF brute (-) Amortissement du capital de la dette (=) CAF nette 0,00 0,00 6 385,69 0,00 0,00 -25 409,52 122 268,08 155 335,09 149 227,61 241 998,12 7 849,10 7 896,38 9 838,01 9 941,27 13 652,92 -33 258,62 114 371,70 145 497,08 139 286,34 228 345,20 En dépit de l’embellie des comptes de résultat conduisant à une reconstitution partielle des capitaux permanents et du fonds de roulement, la capacité à renouveler le matériel reste encore limitée. Le CFPPA est à la tête d’un patrimoine important, notamment des engins de travaux forestiers et autres outillages dont la charge d’amortissement pèse sur les comptes d’exploitation. Si en 2005, le fonds de roulement apparaissait notoirement insuffisant au regard de la charge théorique de renouvellement puisque cette charge représentait 16 fois le montant du fonds de roulement disponible, en 2009, la situation s’est relativement améliorée, l’établissement ayant doublé les capitaux permanents. Cependant le coût des immobilisations à renouveler représente encore 4 fois le fonds de roulement disponible au 31 décembre 2009. La chambre note qu’une réflexion a été conduite depuis 2009 pour la mise en œuvre d’un pôle forêt en Aquitaine qui regrouperait les établissements de Bazas et de Sabres afin, selon vos indications, de développer une synergie commune en matière d’investissements et de mettre en place une politique de prêt de matériel et de formateurs entre établissements. Par ailleurs, vous indiquez qu’une stratégie d’investissement a été conduite grâce à un financement de la Région Aquitaine et à la mobilisation de fonds propres permettant d’assurer la pérennité des formations et de développer l’activité en sylviculture mécanisée. Vous ajoutez que d’autres formations sont en cours de développement permettant de limiter l’impact de la fin de l’effet tempête. En application des dispositions de l’article L. 243-5 du code des juridictions financières, le présent rapport d’observations définitives de la chambre doit faire l’objet d’une inscription à l’ordre du jour de la plus proche réunion de l’assemblée délibérante. Il doit être joint à la convocation de chacun de ses membres et doit faire l’objet d’un débat. La chambre vous serait obligée de lui faire connaître dans quelles conditions aura été réalisée cette communication. En outre, j’appelle votre attention sur le fait que ce rapport deviendra communicable à tout tiers demandeur dès qu’aura eu lieu la réunion précitée. 11 Je vous informe qu’une copie du présent rapport est transmise au préfet et au directeur régional des finances publiques d’Aquitaine et du département de la Gironde, en application de l’article R. 241-23 du code des juridictions financières. Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, à l’expression de ma considération distinguée. Franc-Gilbert BANQUEY conseiller maître à la Cour des comptes 12