THEATRE DU BOCAGE
JE VIS
SOUS
L'OEIL
DU
CHIEN
de Jeanne Benameur
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THEATRE DU BOCAGE
JE VIS SOUS L'OEIL DU CHIEN
De Jeanne Benameur
mise en scène: Angélique Orvain
Interprétation : Claude Lalu
lumières : Manuel Bouchard
Univers sonore : Arnold Courset Pintout
Costumes : Anaïs Lalu
Administration : Bruno Auger
Un homme, professeur de philosophie, découvre dans la chambre
de son père, récemment décédé, un revolver chargé.
Son monde « ferme et tranquille » s'effondre. L'arme engendre
une pulsion soudaine.
Tuer ! Un chien ? Un homme ? Il cherche des réponses à sa
barbarie nouvelle, cette part d'ombre.
A la manière d'un polar, jeanne Benameur nous entraîne dans un
dédale résonne sa parole à la fois violente et poétique. Nous
cherchons à recomposer ce thriller – pour comprendre.
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Genèse
par Claude LALU
Les racines d'un spectacle sont bien souvent la rencontre avec un
texte.
Au fil de la lecture vous ressentez la justesse de l'écho d'une
sensation enfouie en vous, que vous n'aviez pas encore formulée.
Voila que les mots d'une (ou d'un) autre, le souffle de son écriture,
vous émeuvent.
Vous avez alors envie de vous en emparer, pour les partager.
Il peut nous arriver à tous un jour, quelques heures, une fraction
de seconde, d'être à cheval entre notre raison et nos pulsions;
dans ces moments le vertige nous fait vaciller et apparaît une
part de nous même jusqu'alors inconnue...ou repoussée.
Cette part d'ombre souvent niée, nourrie d'instincts primaires, de
défense et de défiance, nous avons mis toute notre intelligence,
notre culture à la maquiller.
Qu'un événement majeur remette en cause ce que nous avons mis
une vie à échafauder et le château de carte s’effondre, le masque
tombe.
Épouvanté par le gouffre sous nos pieds nous allons tout tenter
pour rester en surface et découvrir au moment ultime, peut-être
au réveil, que cet abîme n'est que notre vision du monde à travers
le filtre de nos certitudes.
S'échapper du moule, se débarrasser de ses oripeaux et accepter
enfin, face à l'autre, d'être nu.
J'ai lu "Je vis sous l'oeil du chien"dès sa parution chez Acte-Sud en
2013 alors que, au sein de la Cie, Manuel Bouchard mettait en
scène son adaptation "les demeurées"de Jeanne Benameur. La
cohérence de la poursuite du compagnonnage avec cette auteure
s'est imposée d'elle même.
J'ai souhaité aborder ce texte en compagnie d'un regard d'une
autre génération que la mienne. J'ai privilégié le regard neuf à
l'expérience, une façon de se provoquer soit-même, de se donner
un coup de pouce, de pied, salutaire.
Quelques mois auparavant j'avais é très intéressé par la 1ère
mise en scène d'Angélique Orvain sur un texte de Claudine Galéa
"Au bord". En lisant "je vis..." j'ai créé des pont avec son travail.
Voilà comment est née cette collaboration
L'écriture de Jeanne Benameur est, dans ce texte, très
fragmentaire. Pour dévoiler le fil rouge du récit, on passe par des
ellipses qui bousculent le temps, les rythmes et la chronologie.
Apparaissent alors dans le chaos, les éléments d'un puzzle qui,
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peu à peu, composent une image floue le cauchemar côtoie la
réalité. Lorsque la brume se dissipe, l'espoir renaît.
En artisan, passeur de la parole des poètes, j'aime ce texte, une
matière noble qui vibre au rythme de l'écriture haletante, de la
pagination des silences.
Le corps accompagne et quelquefois précède l'image mentale.
On court on halète, on tombe, on se relève, on hésite ,on attend,et
on court encore
L'espace est le seul ancrage au réel, pourtant,selon l'angle de
lumière, il se transforme d'un instant à l'autre au gré de la course
labyrinthique de notre conscience, de notre « dedans »
De terrain vague il devient la rue,l'appartement, le métro, la
chambre du père, etc... puis retour au terrain vague.
Images stroboscopiques dérivées du réel.
Les sons du quotidien sont distordus, ils nous accompagnent ou
nous précèdent dans ce dédale aux échos cauchemardesques.
Le corps aussi, à l'instar de l'espace et de l'univers sonore, se
métamorphose, mutant il est le chien, puis autre vertige, la greffe
du revolver au bout du bras, prend.
Seule la présence, la chaleur, d'autres corps peut apaiser; des
vivants pour échapper au trouble.
Le corps devient l'autre écriture haletante de ce duel intime
l'on marche sur une crête pour parler de « libre arbitre ».
L'humour et l'auto dérision sont en embuscade et révèlent la
lucidité qui éloigne la perte de raison, la folie. L'auteure a pris soin
de laisser la porte ouverte, surtout ne pas la refermer.
La matière texte prise à bras le corps dégage une parole
palpitante qui du défi conduit à un deal, promesse d'espoir.
Claude LALU
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Résumé
Un homme, professeur de philosophie [entre deux âges] découvre
un revolver dans le tiroir de la table de nuit de son père, dont le
décès soudain l'affecte particulièrement.
L'image du père s'affaisse.
Le monde FERME ET TRANQUILLE, tel qu'il a su le nommer, s'écroule.
L'HOMME AU CARTABLE va faire l'expérience de LA RAGE.
Poussé par un instinct nouveau, vif et violent, le revolver dans la
poche, il suit dans le métro un garçon et son chien. Arrivés dans
un terrain vague, il ouvre le feu sur le chien qui s'écroule.
Au retour chez lui, il vient chercher des réponses à la barbarie
nouvelle qui a conduit son geste.
Dans un monologue dense, un dédale se mêle une parole à la
fois violente et poétique, nous cherchons avec lui à recomposer
l'histoire – pour comprendre.
Note d'intention
Jeanne Benameur explore la PART D'OMBRE inscrite en chacun de
nous. L'HOMME AU CARTABLE, courtois et bienveillant, se transforme
en barbare, parce que son monde ferme et tranquille s'est écroulé.
Vaquant entre désir de violence et ferme certitude de pouvoir
choisir ce qui est bon pour l'autre, il se trouve livré à un instinct
bestial, luttant de toute sa raison pour y échapper. Mais les mots
n'ont plus d'emprise quand c'est le corps entier qui flaire, qui
halète, qui aboie...
Ce monologue fulgurant aux allures fantastiques raconte
l'impuissance de la raison face au réveil de la rage...
Jeanne Benameur nous parle de la métamorphose. Entre l'homme
et la bête, combien de mots ?
Un thriller. Un polar. Une reconstitution.
Dans l'intimité de son espace personnel l'homme parle. Mais les
mots ont perdu leur impact sur le réel. Il faut revivre. La langue de
Jeanne Benameur est fragmentée, le texte est un dédale le
temps n'a plus d'emprise. Les effluves du passé remontent à la
surface, venant éclairer un présent que l'on préférerait oublier. En
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