!Je n’ai pas d’origines Algériennes, pas plus
d’origines pied-noir, aucun membre de ma
famille n’a participé à la guerre d’Algérie. On
ne m’a pas (ou si peu) expliqué cette guerre
lorsque j’étais adolescente, au collège ou au
lycée. Elle se confondait vaguement avec ce
qu’on a nommé, jusqu’à récemment encore,
les «"évènements d’Algérie"» et me semblait
une histoire lointaine, presque irréelle.
Pour toutes ces raisons, rien ne me destinait a
priori à plonger dans l’histoire de la France et
de l’Algérie, dans les histoires de ces
nombreux Algériens venus en «"métropole"»
pour participer, en plein élan triomphal des
Trente Glorieuses, à la reconstruction d’une
nation meurtrie par la guerre.
Rien - si ce n’est que je suis Française.
Rien – si ce n’est que le hasard est entré en
jeu : il y a quelques années, j’ai découvert le
portefeuille d’Amer M., perdu je ne sais
pourquoi dans ma boîte aux lettres.
Genèse
« Nul ne meurt si pauvre, dit Pascal, qu’il ne laisse quelque chose. Il laisse aussi des souvenirs dont
chacun de nous sera convoqué à se reconnaître - ou pas - comme l’héritier. »
Georges Didi-Huberman, Blancs Soucis