romaines dont les propriétés et les lois furent respectées par les nouveaux maîtres, qui
s'établirent à côté d'elles, dans les vastes domaines dépendant du fisc impérial.
Loin de vouloir imposer leurs institutions et leurs lois, les Burgondes firent rédiger deux
codes de lois destinés à régler les rapports des deux peuples entre eux et à fixer les droits et
les devoirs des sujets du nouvel empire : le premier, connu sous le nom de loi Gombette, était
applicable aux barbares; le second, qui a conservé le nom inexact de Responsa Papiani, sous
lequel il fut publié pour la première fois, était la loi des Gallo-Romains. L'un et l'autre
consacrèrent l'égalité des deux races, tout en maintenant les anciennes différences de
conditions entre hommes libres et esclaves dans les deux peuples réunis.
Seul, le clergé ne devait pas voir avec joie l'arrivée de ces barbares dont les doctrines ariennes
inquiétaient sa foi. S'il faut en croire une pieuse légende, l'évêque de Grenoble Cérat leur
aurait fait, sous la forme de controverses religieuses, une assez vive opposition : plus habiles
au maniement de l'épée qu'aux discussions théologiques, les chefs burgondes ripostèrent en
chassant de sa ville épiscopale le trop zélé prélat, qui dut aller mourir en exil à Sirnorrhe, près
d'Auch, où ses reliques devinrent un objet de vénération
.
Mieux inspirés, les Francs s'appuyèrent sur le clergé Gallo-Romain qui leur prêta un utile
concours ; aussi, lorsqu’ en 53l, après de sanglantes batailles, ils s'emparèrent des États des
Burgondes, ils furent accueillis sans opposition par les populations chrétiennes de la région.
Depuis la chute de l'empire, rien n'avait été changé dans les divisions administratives de
l'ancienne province viennoise. Sans en comprendre l'importance, les Francs, comme les
Burgondes, les avaient respectées parce qu'elles avaient été adoptées par l'autorité
ecclésiastique. Toutefois, dans chaque « civitas » ils avaient placé un représentant du pouvoir
central, le Comte, dont le nom, emprunté à la hiérarchie romaine, sera donné, vers la fin de la
deuxième race, à la circonscription qu'il est chargé d'administrer.
Après la défaite des Burgondes, Grenoble échut à Clotaire er pour passer, à la suite du partage
de 561, dans les États de Gontran. Vers cette époque, il faillit être la proie d'une invasion
lombarde qui, après avoir ravagé le Graisivaudan, était venue mettre le siège devant ses murs :
le général bourguignon Mummolus, récemment élevé par Gontran à la dignité de patrice,
accourut à son secours et extermina les envahisseurs.
Après ce grand fait, l'obscurité la plus complète enveloppe l'histoire de notre ville pendant le
vile et le Ville siècle; nous franchirons donc rapidement cette période, ne pouvant, en
l'absence de preuves, nous faire l'écho de légendes créées plusieurs siècles plus tard sur le
martyre de saint Ferjus et le passage de Charlemagne à Grenoble, où il aurait fait bâtir l'église
Saint-Vincent. Bornons-nous à indiquer quel fut le sort du « pagus » de Grenoble dans les
différents partages qui, durant le cours du Ie siècle, remanièrent si fréquemment la carte de la
Gaule.
En vertu du traité conclu à Verdun, en 843, entre les trois fils de Louis le Débonnaire,
Grenoble fit partie du nouveau royaume attribué à l'empereur Lothaire I er. A sa mort, en 855,
il échut à Charles, roi de Provence, l'un de ses trois fils : ce dernier étant mort en 863, la partie
de ses États, dans laquelle était compris le Viennois, fut attribuée à son frère l'empereur
Lothaire II, roi de Lorraine, qui mourut lui-même en 869 sans enfants légitimes. A cette
époque, le roi de France Charles le Chauve s'en empara au mépris des droits de l'empereur
Louis II et malgré l'héroïque défense de la ville de Vienne devant laquelle il dut mettre le
siège. Pour maintenir sa domination dans la région, il confia l'administration des provinces de
Lyon et de Vienne à son beau-frère le comte Boson, frère de sa seconde femme Richilde.
A la mort de Charles le Chauve (6 octobre 877), son fils Louis le Bègue lui succéda ; mais au
bout de dix-huit mois, une maladie de langueur emportait ce faible prince et plaçait la
couronne de France sur la tête de deux enfants dont l'aîné n'avait pas seize ans.
Les provinces du sud-est de la Gaule, que tourmentaient depuis longtemps déjà des idées
d'indépendance, profitèrent de l'anarchie qui suivit la mort de Louis le Bègue pour se séparer
solennellement du royaume de France. Le 15 octobre 879, vingt-trois prélats, parmi lesquels
REVILLOUD. L'Arianisme à Grenoble. — Extrait de la Revue des Alpes, Ire année, Ncs 39. — Cf.
AUVERGNE. Dissertation sur le culte de saint Cérat, 6e évêque de Grenoble, ibid. No 37.