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La haute juridiction a
considéré que la cession
forcée des actions
acquises par Veolia
Propreté ne pouvait
constituer la réparation
d'une obligation de ne
pas faire, puisqu'une
telle cession placerait
Sita France dans une
situation plus favorable
que celle qui résulterait
d'un retour à la situation
antérieure
Pour sa defense, Veolia Proprete a invite les différentes
juridictions saisies de cette affaire a trancher des questions
d'un grand intérêt, tant sur le plan juridique que pratique
Tout d'abord, Veolia Proprete a soutenu que ni Sita
France ni Suez Environnement ne pouvaient se preva
loir d'un pacte auquel elles n'étaient pas partie Selon
Veolia Proprete, le fait que Sita, signataire des accords,
ait cede a Sita France toutes ses actions, sauf une, dans
le capital de la societe E ou que Sita ait ete ensuite
absorbée par Suez Environnement
n'autorise en rien Sita France ou Suez
Environnement a se prévaloir de ces
accords Ensuite, Veolia Proprete a
considère qu'il n'était pas possible
d'appliquer l'accord de non-acquisi
tion portant sur les actions détenues
par Monsieur O ou ses ayants droit
a toutes les actions minoritaires,
même si le préambule de l'avenant
mentionnait, de façon erronée, que
Monsieur O détenait la totalité des
actions minoritaires Enfin, Veolia
Proprete s'est oppose a la demande de
cession forcée au profit de Sita France
de la moitié des actions minoritaires
que Veolia Proprete avait acquises,
en soutenant que la violation d'une
obligation de non acquisition ne
peut être sanctionnée, en tout etat
de cause, que par le prononce de la
nullité des acquisitions intervenues,
ce qui n'était pas possible en lespece
puisque les actionnaires ramon
taires cédants n'avaient pas ete mis dans la cause par Sita
France, ou, en presence d'un préjudice avère, par l'octroi
de dommages-intérêts
Le tribunal de commerce de Nanterre puis la cour
dappel de Versailles, dans leur decision respective des
22 janvier et 27 juillet 2010, n'ont pas ete convaincus par
ces arguments En substance, ces juridictions ont estime
que Sita France était fonde a se prévaloir des accords
litigieux dans la mesure ou, d'une part, la cession par
Sita a Sita France de la quasi-totalité des actions quelle
détenait dans la societe E avait nécessairement entraîne
le transfert de ces accords a Sita France et ou, d'autre part,
des circonstances de fait attestaient de l'acceptation par
Veolia Proprete d'un tel transfert Elles ont ensuite consi-
dère que la mention erronée, dans le préambule de l'ave-
nant, de la détention par Monsieur O de la totalité des
actions minoritaires de la societe E , créait une ambiguïté
sur la portée de l'accord de non-acquisition, ce qui auto-
risait ces juridictions a rechercher l'intention commune
des parties Or, cette derniere, selon les juges, avait ete
de conclure un pacte de parite capitalistique portant sur
la totalité des actions de la societe E et non pas seule-
ment sur les actions détenues par Monsieur O ou ses
ayants droit Enfin, ces mêmes juridictions ont égale-
ment accède a la demande de Sita France en prononçant
la cession forcée a son profil de la moitié de toutes les
actions minoritaires acquises par Veolia Proprete
A ce stade de la procedure, la victoire de Sita France
semblait donc totale Le pourvoi en cassation de Veolia
Proprete allait cependant donner a cette affaire une tout
autre direction
La Cour de cassation a casse l'arrêt d'appel Elle a estime
que, même si Sita France avait bien un intérêt a agir dans
cette affaire au sens procedural, il n'en restait pas moins
qu'une cession d'actions ne pouvait pas entraîner le trans-
fert de plein droit d'un pacte d'actionnaires Par ailleurs,
la haute juridiction a considère que l'existence d'une
mention erronée dans le préambule de l'avenant n'était pas
de nature a creer une ambiguïté sur la portée des termes
clairs et précis de lengagement de non acquisition, lequel
ne faisait reference qu'aux actions de Monsieur O ou ses
ayants droit Selon la Cour de cassation, les juges du
fond avaient donc dénature la stipulation litigieuse qui
ne nécessitait aucune interprétation Enfin, donnant en
cela encore raison a Veolia Proprete, la haute juridiction
a considère que la cession forcée des actions acquises par
Veolia Proprete ne pouvait constituer la reparation d'une
obligation de ne pas faire, puisqu'une telle cession place
rail Sita France dans une situation plus favorable que
celle qui résulterait d'un retour a la situation antérieure
Par un arrêt du 22 mai 2012, la cour dappel de Versailles,
autrement composee, a suivi la position de la Cour
de cassation Elle a ainsi refuse d'étendre a toutes les
actions minoritaires de la societe E lengagement de
non-acquisition qui ne visait que les actions détenues
par Monsieur O ou ses ayants droit et a estime que la
transmission des engagements contenus dans un pacte
d'actionnaires ne pouvait intervenir de plein droit par
leffet d'une cession d'actions La Cour a également consi-
dère que ces engagements avaient ete conclus intuitu
personae, c'est-à-dire en considération de la personne
des cocontractants, et qu'en conséquence, ils n'avaient
pas pu être transmis a Suez Environnement a la suite de
l'absorption de sa filiale Sita Pour la Cour, les regles de