Version 140719 Alexis Beuve Mémoire 44 Il faut garder l’esprit troupier Version 140719 3 « Il faut garder l’esprit troupier » TABLE DES MATIÈRES 1. Le guide Tactique et Stratégique en pratique 4 L’infanterie La bataille de Toulon, août 1944 Toulon : le champ de bataille 2. jouer les Alliés à Toulon Le plan de bataille allié Une partie-modèle, assaut au centre Note de conception 4 5 13 15 15 22 31 3. Jouer l’Axe À Toulon 32 Le plan de bataille de l’Axe Bilan du jeu de l’Axe 32 47 4. l’infAnterie en Action Bilan des 52 parties Toulon online Application : Open de France 2014 48 49 50 5. BAtAilles d’infAnterie 54 La sélection Praxeo La sélection de jdrommel 55 63 6. Annexes 86 Liens utiles Mémoire 44 Online 86 89 À vous de jouer... 90 Remerciements 92 © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 4 Chapitre 1 Le guide Tactique et Stratégique en pratique l’infAnterie Voici un e-book, offert par Praxeo et Day of Wonder à tous les joueurs de Mémoire 44, dont l’objectif est de revisiter l’usage de l’arme la plus fondamentale du jeu : l’Infanterie. Guide Tactique et Stratégique, proverbe numéro 1 Chapitre 3, Les armes en action, page 60, « L’infanterie ». Infanterie : arme qui a pour mission de conquérir et d’occuper le terrain. De cette définition découle le premier proverbe, le plus important de tous. 1. Il faut garder l’esprit troupier. Certes, l’infanterie a évolué au cours des siècles, et c’est entre les deux Guerres mondiales qu’une rupture majeure s’est opérée, comme l’explique Jacques « jdrommel » David : © PRAXEO 2014 – e-book offert 5 « Il faut garder l’esprit troupier » En fait, après la Première Guerre mondiale, l’infanterie n'est plus la « reine des batailles ». Si les fantassins restent numériquement les combattants les plus nombreux, ils ne sont plus seuls sur le terrain. Ils doivent désormais affronter les fantassins ennemis mais aussi les chars et les avions : il leur a donc fallu se spécialiser. Cette spécialisation se retrouve dans les divisions d’infanterie qui reçoivent de plus en plus de matériels et d'armes diverses. Suivant les nations et la modernité de leur armée, le nombre de non-combattants dans les divisions d'infanterie s'est accru pour soutenir le fantassin en première ligne. La proportion de fantassins dans une division d'infanterie en 1914 était de 80 %. En 1945, elle est tombée à 50 % dans les armées les plus modernes (Allemagne, Etats-Unis, Grande-Bretagne). Jacques « jdrommel » David Néanmoins, le fantassin reste majoritaire durant le second conflit mondial (et les suivants !) ; et s’il est un compartiment du jeu qui mérite une étude technique plus poussée, c’est bien l’usage de l’infanterie. Je vais démontrer que l’infanterie bien utilisée peut devenir l’arme la plus redoutable du champ de bataille : si l’unité d’infanterie isolée est exposée et fragile, sa force viendra du nombre, et des manœuvres. LA BATAILLE DE TOULON, AOÛT 1944 Il y a beaucoup de hasard apparent à Mémoire 44 : on se déplace avec des cartes tirées au hasard, on résout les combats avec des dés. Mais au-delà du hasard apparent, il y a une volatilité – une variance – bien réelle, parce que les parties sont courtes. Les matches s’achèvent en 5 ou 6 points seulement, ce qui laisse assez peu de place aux manœuvres, aux rebondissements, aux sacrifices de matériel pour gagner du temps, aux diversions, bref, aux retournements de situation. Et pourtant… lorsqu’une carte présente des disparités fortes et des terrains complexes, nous constatons qu’il est possible de changer le cours des choses. Et c’est le cas de Toulon, un scénario formidable de la boîte de base. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 6 La grande richesse de cette bataille provient de la topographie du champ de bataille, et du jeu du côté de l’Axe. Nous allons étudier cette carte et commencer par analyser le jeu Allié (Français), jusqu’à montrer que s’il joue bien, et sauf accident, le joueur des Alliés doit gagner toutes les batailles. C’est seulement à ce stade que commence la véritable thématique : Comment l’Infanterie allemande, peu soutenue et très mal placée dans la position initiale, en infériorité et confrontée à un plan allié soi-disant irrésistible, peut-elle changer le cours de l’histoire ? Comment articuler les unités d’Infanterie de l’Axe pour défendre solidement, puis rechercher de l’activité, du contre-jeu, des occasions de contreattaque jusqu’à la grande contre-offensive dévastatrice ? © PRAXEO 2014 – e-book offert 7 « Il faut garder l’esprit troupier » Toulon : Contexte historique e Les plans de campagne pour le Sud de la France donnaient au 2 corps français la charge de prendre les villes portuaires de Toulon et Marseille. Cherchant à exploiter les faiblesses allemandes dans cette région, le général de Lattre de Tassigny avance les dates prévues pour le débarquement des unités françaises. Une fois débarquées, il divise ses forces en deux groupes : le premier groupe, sous les ordres du général de brigade Edgar de Larminat, est constitué de deux divisions d'infanterie, de quelques tanks et du Groupe des Commandos d'Afrique ; l'autre groupe, sous les ordres du général de division Aimé de Goislard de Monsabert, consiste en une division d'infanterie, quelques tanks et une unité d'élite. Si les Allemands avaient eu plus de temps et de matériel, ils auraient pu transformer Toulon en une formidable forteresse. En l’état, les défenses existantes ne sont pas très robustes, en particulier aux abords de la ville. L'attaque française est lancée au matin du 20 août 1944. Les forces de Larminat taillent leur chemin sur la route côtière, abattant les points fortifiés allemands les uns après les autres, mais l'avancée française du nord-est est stoppée. Les unités de de Monsabert connaissent plus de succès, passant au travers d’un terrain accidenté pour encercler la ville par l'ouest et couper la route entre Toulon et Marseille. Pendant les jours qui suivent, les Allemands font retraite dans la ville. Les combats se poursuivant, les défenses allemandes perdent finalement leur cohésion et c'est le 26 août que se rend le commandement allemand encerclé. Le théâtre des opérations est fixé, les troupes sont en position, et l’Histoire est entre vos mains. À vous de jouer ! une pAge d’histoire, pAr JAcques « jdrommel »david Pour s’emparer du camp retranché de Toulon, le général de Lattre dispose des premiers éléments de trois divisions : la 3e Division d'Infanterie Algérienne (DIA) du général de Montsabert, la 9e Division d'Infanterie Coloniale (DIC) du général Magnan et la 1e Division Française Libre (DLF) du général Brosset, rebaptisée 1e Division de Marche d’Infanterie (DMI) depuis le 1er mai 1944 par ceux de l'Armée d’Afrique/ex-Vichy. Dans la nuit du 19 au 20 août, les tirailleurs algériens de la 3e DIA, traversant les massifs montagneux au nord de Toulon, débouchent sur Le Beausset, à l’ouest du camp retranché et achèvent son encerclement. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 8 Les 20 et 21 août, les troupes françaises resserrent le dispositif : les tirailleurs algériens sont à Dardennes dans les quartiers ouest de la ville, les tirailleurs sénégalais de la 9e DIC sont bloqués à Solliers Pont par plusieurs contreattaques allemandes et les Français Libres de la 1e DFL avancent difficilement dans Hyères. Les Commandos d’Afrique s'emparent du fort du Coudon. Le 22 août, l'encerclement se resserre sur la périphérie de la ville, la défense allemande extérieure s'effondre à l'est : les FFL sont au Touar et les coloniaux sont à la Valette. Les tirailleurs algériens s’emparent de la Poudrière. Le 23 août, le camp retranché de Toulon est pratiquement démantelé, les unités des trois divisions françaises entrent dans la ville en combattant. Il leur faudra nettoyer la ville quartier par quartier de tous les nids de résistance allemands. Le dernier sur la presqu’île de Saint Mandrier ne se rendra qu’au matin du 28 août. La prise de Toulon a été pratiquement l’affaire de l’infanterie … avec de nombreux combats au corps à corps, car l’appui d'artillerie était interdit aux Français pour épargner la population, et les chars n’aiment pas beaucoup les combats de rue. Les Allemands ont opposé une résistance acharnée, reposant sur de nombreux forts (la vieille ceinture défensive française de Toulon) et disposant de nombreuses pièces d'artillerie (de campagne et antichar). D’autre part la résistance allemande était exacerbée par la peur de tomber aux mains de la Résistance (à qui ils n'avaient pas fait de cadeaux) ou à celles des soldats noirs des troupes coloniales dont le mythe de cruauté demeurait vivace après la guerre de 14/18. Les troupes françaises du général de Lattre ont réussi à mener deux batailles en même temps : la bataille de Toulon et celle de Marseille et à libérer ces deux villes à J+10 tout en étant en infériorité numérique. © PRAXEO 2014 – e-book offert 9 « Il faut garder l’esprit troupier » Photos Des goumiers marocains sur une route du Var. Statistiques de match Toulon est un scénario (parmi les milliers disponibles sur le site de DOW www.memoire44.com) que je jouais assez peu avant la sortie de M44 online. C’est maintenant l’un de mes préférés car il présente assez peu de volatilité (variance), tout comme Saint-Vith, Cobra, Sword Beach ou Sidi Omar. Mais en plus, Toulon présente une caractéristique particulière : sur le papier, le match semble déséquilibré. Les statistiques donnent l’Axe gagnant à 34% seulement. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 10 Les statistiques des rapports de batailles sont sans équivoque, dont voici la synthèse des rapports de bataille sur memoire44.com au 23 juin 2014. Refuser la fatalité L’étude a pour objectif de DOUBLER1 ces rendements Je vous propose donc une étude assez complète, je l’espère, centrée sur un scénario de la boîte de base, que j’ai joué sur Mémoire 44 Online 26 fois de part et d’autres, soit 52 parties consécutives annotées. Toulon ? Un choix surprenant peut-être ; force est de reconnaître que ce n’est pas la carte préférée des joueurs : à peine 600 rapports enregistrés à date, contre 1300 pour Omaha – Première Vague d’assaut, ce dernier étant pourtant un scénario « boucherie » (ce n’est pas péjoratif, juste historique) avec un avantage écrasant de l’Axe (80% de victoires), ou encore 1800 enregistrés sur Sword Beach, 1700 à Sainte-Mère Église, et 2600 sur Pegasus Bridge ! Pourtant, Toulon présente bien des intérêts pédagogiques et ludiques. Je l’ai retenu comme champ d’application de plusieurs concepts forts exposés dans le Guide Tactique et Stratégique de Mémoire 44 : 1 Des deux côtés. Voir page 12 « La gestion du score » © PRAXEO 2014 – e-book offert 11 « Il faut garder l’esprit troupier » Une majorité d’unités d’Infanterie C’est le critère le plus important. Grâce à cette prédominance, nous allons tirer toute l’essence du proverbe numéro 1, et donc le plus important : « Il faut garder l’esprit troupier ». Ref : Guide Tactique, Chapitre 3 – Les armes en action, « Infanterie » page 60. Un terrain complexe, invitant aux manœuvres et aux parties longues, pleines d’options et de rebondissements Ref : Guide Tactique, Chapitre 6 – Les manœuvres, page 156. Un déséquilibre d’initiative, où l’Axe joue avec 4 cartes contre 6 Ref : Guide Stratégique, Chapitre 14 – Le jeu des cartes, « Les niveaux de contrainte », page 333. Des conditions de mort subite La capture de trois hex de Toulon par les Alliés, loin d’être un simple détail, enrichit vraiment la stratégie. Ref : Guide Stratégique, Chapitre 19 – Objectifs spéciaux, « Objectifs spéciaux en mort subite optionnelle », page 457. L’usage des Blindés … en petit nombre mais ô combien précieux pour le joueur des Alliés. Ref : Guide Tactique, Chapitre 3 – Les armes en action, « Blindés » page 67, et les proverbes importants 5 à 17. L’usage des Troupes d’Élite en attaque Ref : Guide Tactique, Chapitre 8 – Revue des troupes, « Unités spécialisées » page 187. Le jeu des cartes dans une partie longue La constitution d’une main d’attaque, les offensives en profondeur, la recherche d’initiative et l’élaboration d’une contre-attaque en défense. Ref : Guide Stratégique, Chapitre 14 – Le jeu des cartes page 308, les proverbes 89 à 96, et en particulier « Les offensives » page 312 et « Initiative, Réactivité, Flexibilité » page 319. La gestion du score Puisque le but de cet e-book est de booster les performances des deux camps au-delà des statistiques, nous déroulerons les deux chapitres fondamentaux du Guide Stratégique pour le jeu en compétition : Chapitre 15 – Les phases de la partie, page 344, et Chapitre 17 – Théorie des blocs, page 402. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 12 La gestion du score Dans un scénario affiché à 2 contre 1 en faveur des Alliés, en agrégeant tous les rapports de bataille, tous niveaux, nous prenons comme acquis que : En jouant de façon optimale, les alliés doivent en réalité gagner la quasitotalité des batailles. En supposant que je comprends cette carte grâce à la théorie et beaucoup de pratique, j’envisage aussi de booster les performances de l’Axe bien audelà des 34% annoncés. Concrètement : Les Alliés perdent en théorie 1 partie sur 3 ? En jouant le camp Allié, nous allons d’abord tenter de réduire leur taux de défaite à 1 sur 6. Puis vient le cœur de l’étude : L’Axe perd 2 parties sur 3 ? Nous allons tenter de contenir l’hémorragie à 1 sur 2, jusqu’à rendre l’Axe favori, par un usage optimal de sa puissante infanterie. Idéalement, nous inverserons la tendance, mais c’est ambitieux. le périmètre de l’étude Avant d’écrire la moindre ligne de cet e-book, j’ai donc joué Toulon 52 fois, sur Mémoire 44 Online. 52 parties = 26 du côté allié, 26 du côté de l’Axe 52 parties = 29 contre l’IA (Johnny), 23 fois contre un adversaire humain Dix des treize rencontres contre un joueur humain ont fait l’objet d’un match aller-retour, car trois n’avaient pas le temps pour la revanche. Ces 52 parties se sont déroulées du 15 juin au 12 décembre 2010, et si j’ai attendu si longtemps avant de publier cette étude, c’est tout simplement parce que je suis mal organisé je manque de temps. Je présenterai les résultats de ces parties plus tard, dans la conclusion. Avant toute chose, je tiens dès maintenant à remercier les joueurs qui, sans le savoir, ont participé à cet exercice thématique : TheBigEik, 7times7is49, Laverdure60 (x2), nappy-doo, Kromka, fishbone_1, jdrommel, david5272, Franck, Roger2, Code Lyoko. © PRAXEO 2014 – e-book offert 13 « Il faut garder l’esprit troupier » TOULON : LE CHAMP DE BATAILLE Toulon, campagne de Provence – Position de départ Analysons la position de départ. À première vue, que constatons-nous ? Premières impressions, côté Axe Une première impression n’est pas toujours bonne, mais elle est naturelle. Où sont les chars ? On n’a pas de char ! C’est la catastrophe. Il faut que l’artillerie tienne bon et tire tout le temps. L’infanterie est en vrac, assez mal placée, et intégralement en défense. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 14 Premières impressions, côté Allié On a plein de chars et l’adversaire n’en a pas, super ! On a des troupes d’élite, re-super ! En termes d’unités, il y a 10 Infanteries de part et d’autre, puis 4 Blindés alliés contre 1 Artillerie allemande. Un rapport de force très avantageux. Regardons maintenant de plus près la dynamique de la partie. Comment peutelle évoluer à partir de la position de départ ? Initiative Les Alliés ont 6 cartes (le maximum), l’Axe en a 4 (le minimum). Les Alliés semblent pouvoir choisir l’axe principal de leur attaque : gauche, centre ou droit. © PRAXEO 2014 – e-book offert 15 « Il faut garder l’esprit troupier » Chapitre 2 jouer les Alliés à Toulon LE PLAN DE BATAILLE ALLIÉ Fort ? Faible ? Fort ? Fort Fort Faible La position de départ suggère des idées, puis des interrogations. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 16 Analyse de la position de départ, côté Allié Le plus important : les Alliés doivent attaquer, mais souffrent de contraintes temporelles fortes. On a envie d’avancer vite et partout, ce qui est impossible. La section droite semble forte, mais elle est « en retard ». Sa mobilisation va prendre du temps. Faut-il monter à l’assaut, ou au contraire se recentrer ? La section gauche semble forte, mais est-ce vraiment le bon endroit pour privilégier un assaut en profondeur ? Les Barbelés, l’Artillerie allemande et l’avantage du terrain dont bénéficie le défenseur suscitent bien des doutes. Le centre allié commence faible. Ce n’est pas qu’une impression, c’est un fait. On aimerait bien balayer le poste avancé allemand dans les plus brefs délais. L’absence de recul incite à avancer vite, mais une confrontation hâtive entre les trois unités d’Infanterie alliées à découvert et les deux unités allemandes bien protégées semblent, à juste titre, hasardeuse et volatile. Les blindés vont jouer un rôle important à moyen terme, mais en aucun cas avant d’avoir établi un plan efficace de manœuvres et de placement des unités d’Infanterie. En conclusion : Il n’y a pas de plan de bataille préconçu côté allié. Le jeu des cartes autorise toutes les options, et donc un fort renouvellement des parties successives. © PRAXEO 2014 – e-book offert 17 « Il faut garder l’esprit troupier » Option 1 : Assaut principal à gauche Commençons par un aperçu du plan « section gauche ». En pratique, c’est le moins fréquent des trois, mais lorsque les cartes dictent leur loi, il faut s’y adapter. Il est assez évident que la section gauche va poser quelques problèmes : les barbelés et l’Artillerie vont freiner l’assaut allié et causer des pertes avant la percée. L’assaut à gauche est un plan à risque. Nous allons affronter une unité d’Artillerie allemande particulièrement meurtrière. Il reste à savoir pourquoi, et comment, il reste intéressant le cas échéant de monter à l’assaut. Le but d’une percée à gauche est unique : atteindre la « Zone d’exploitation ». prendre à revers le poste de défense avancé allemand et tout détruire en attaquant conjointement avec l’Infanterie du centre. Seulement ensuite, l’assaut principal vers Toulon pourra reprendre au centre. Phase 2 : Blindés Zone d’exploitation des blindés Phase 1 : Infanterie Phase 3 : Assaut au centre © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 18 Stratégie à gauche, en pratique Voici un exemple de position en fin de partie. Les Alliés ont privilégié le flanc gauche, essentiellement guidé par le tirage des cartes. La destruction de l’Artillerie n’est pas obligatoire, car dès que les Blindés ont atteint la zone d’exploitation, c’est toute la défense allemande qui est saturée. Sur cette carte, l’objectif d’une percée sur le flanc gauche est de faire passer un Blindé, intact de préférence, que l’on recentre de façon à prendre à revers les dernières unités défensives allemandes, qui s’avèrent souvent particulièrement tenaces face à un simple assaut frontal. © PRAXEO 2014 – e-book offert 19 « Il faut garder l’esprit troupier » L’objectif des Blindés est de percer en plaine, sur les quatre rangées d’hex en haut de la carte, quelle que soit la section, afin de ravager les lignes allemandes, prises à revers. L’expérience montre que si une unité blindée parvient à effectuer ce mouvement tournant intacte et à faire la jonction avec le centre, le centre allemand tombe très rapidement et, dans la foulée, l’assaut allié au centre devient irrésistible. Inversement, sans cette manœuvre, passer au centre est toujours difficile : les pertes alliées sont souvent supérieures aux estimations intuitives. Option 2 : Assaut principal à droite Phase 2 Zone d’exploitation des blindés Phase 1 Phase 1 Recentrage © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 20 Il y a un problème de déploiement à droite. On aimerait bien commencer la partie sur ce flanc, avec un Assaut ou un Assaut d’Infanterie, soit pour centrer les unités, soit pour avancer vite et en profondeur jusqu’à raser l’aile. Ce sont d’ailleurs deux bons plans de bataille, et le choix se fait en fonction des cartes. Le plan théorique consiste à prendre position très vite sur la section droite. Nous verrons que ce n’est pas une section faible pour l’Axe, sauf si les Alliés progressent très vite. Alors, une jonction et un assaut conjoint sur l’une des deux autres sections deviennent possibles. Application en partie réelle : jonction droite + gauche Phase 1 : progression à droite. Phase 2 : assaut sur deux sections © PRAXEO 2014 – e-book offert 21 « Il faut garder l’esprit troupier » Dans cette partie atypique, d’ailleurs sur le point de finir, l’assaut au centre n’a jamais eu lieu. Cette position de rêve (et le score 5-2 !) est offerte par une manœuvre en profondeur, brutale et rapide, sur les flancs, en commençant à droite. La section gauche a été finalement nettoyée tout en sauvant deux unités très affaiblies : c’est un coup de chance. En revanche, nettement plus valorisant : le fruit d’une percée à droite permet un touch down des blindés. Trois unités blindées sur quatre ont atteint Toulon ! C’est un carnage. Naturellement, on ne sous-estimera pas le rôle crucial que l’infanterie française a pu jouer pour en arriver là. Malgré les apparences, une attaque de blindés seuls sur cette carte est évidemment vouée à l’échec. Une fois l’assaut à découvert lancé, il faut impérativement maintenir une force de frappe maximale à l’aide d’une main solide (Chapitre 14 du Guide Tactique et Stratégique, « Le jeu des cartes »). Notez justement la main des Alliés à ce stade : c’est une main terrifiante, qui illustre que l’armée ne s’est pas précipitée sans le soutien des cartes. J’ai construit une main très forte, petit à petit, sans engager mes troupes au contact prématurément, en utilisant toutes les Reconnaissances et les Accrochages systématiquement en début de partie. Dans cette bataille, l’Axe a raté quatre médailles (les Infanteries à 1 fig et les Blindés à 2 fig). Tous les joueurs expérimentés savent protéger leurs unités affaiblies. La première façon est de les reculer, mais en jouant avec précision sur la corde sensible du timing, on peut aussi s’en servir en attaque. Score final 6-2, sans jamais attaquer ni prendre le centre. Option 3 : Assaut principal au centre L’exemple précédent a présenté une situation rare, avec la possibilité d’une attaque sur les deux flancs. Plus souvent, la première percée ne sera possible qu’à droite, et plus rarement à gauche. En comptant les médailles, il apparaît qu’il va falloir la plupart du temps attaquer à un moment ou à un autre sur la section centre. La section centre est celle où les Alliés sont les plus vulnérables en début de partie. Pourtant, c’est au centre qu’il y a le plus de perspectives pour un assaut en profondeur. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 22 Bien protégées, les deux unités défensives allemandes retranchées sur la Colline vont s’avérer plus coriaces qu’on ne pense, sans oublier que s’il a les cartes appropriées, l’Axe contre-attaquera en priorité au centre, comme nous le verrons dans le chapitre suivant « Jouer l’Axe à Toulon ». UNE PARTIE-MODÈLE, ASSAUT AU CENTRE Voici l’enchainement d’une partie riche en enseignements que les Alliés vont gagner in-extremis au centre. Phase 1 : recentrage en début de partie Score 0-1 (ce qui n’a aucune importance à ce stade) © PRAXEO 2014 – e-book offert 23 « Il faut garder l’esprit troupier » Cette bataille en cours illustre l’une des deux possibilités de déploiement de l’aile droite : le recentrage massif, motivé entre autres par la possession d’une carte Assaut au centre. L’alternative au recentrage est l’avance massive, à droite, également envisageable avec cette main. Dans les deux cas, l’important est de ne pas faire dans la demi-mesure ou le louvoiement : il faut qu’un maximum d’unités se recentre ou qu’un maximum d’unités avance à droite, car au centre comme à droite, la résistance allemande sera significative. Envoyer les unités au compte-goutte génèrerait une volatilité aussi dangereuse qu’inutile. Phase 2 : centrage, diversions et construction de la main © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 24 Score 2-1 Avec seulement deux cartes au centre en main, les Alliés poursuivent par l’activation en profondeur de la section gauche. C’est une diversion. L’intérêt est multiple : Défausser des cartes à gauche alors que la main laisse présager un assaut massif au centre (Guide Stratégique, Chapitre 14, « Le jeu des cartes ») Diversion : cristalliser la défense allemande sur une section secondaire Utiliser le potentiel offensif des Troupes d’Élite S’affranchir des contraintes de la position de départ (absence de reculs) Parallèlement, une unité de Blindés de la section gauche s’est centrée, tandis que le déploiement initial de l’aile droite avait aussi privilégié un recentrage. Il y a maintenant deux précieuses unités blindées en soutien de la poussée d’infanterie qui se prépare au centre, en prévision de jouer la carte Assaut, devenue surpuissante. Avec ces renforts et deux coups consécutifs au centre, les troupes françaises ont eu raison des unités d’Infanterie allemandes en première ligne. À ce stade, le score importe peu. Le plus important est que les Alliés ont collecté plusieurs cartes permettant de soutenir un assaut massif au centre : Assaut, Attaque et Assaut de Blindés. L’assaut allié au centre offre du contre-jeu allemand La position a l’air idéal. La défense allemande semble statique. Pourtant, il y a un piège inhérent au plan de bataille allié « au centre ». Voyons comment la bataille a évolué quelques tours plus tard. © PRAXEO 2014 – e-book offert 25 « Il faut garder l’esprit troupier » Comment réagir à une contre-attaque allemande à droite Phase 3 : contre-attaque allemande Les Alliés ont bien lancé l’assaut, à gauche et surtout au centre. Après avoir créé un bloc fort d’Infanterie dans la zone médiane (Guide Tactique et Stratégique, Chapitre 17, « Théorie des blocs » ), l’Allié enchaine maintenant avec une forte carte Assaut, au centre, où sept unités seront activées, soutenue par deux cartes Attaque en main. Mais pendant ce temps, les Allemands adoptent une défense mobile et se montrent hyperactifs sur la section droite (du point de vue du lecteur), dégarnie par le recentrage allié, où ils ont contreattaqué en supériorité numérique et déjà glané deux médailles. Score 2-3. Lorsque le score atteint la moitié des conditions de victoire, il faut être très vigilant. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 26 Suite de la partie Il faut aussi retenir de cette position l’attaque « en bon ordre » de l’infanterie française. Huit unités d’Infanterie sont sur le point de pénétrer la zone d’exploitation intactes, ou presque. L’attaque sur Toulon peut commencer. Score 2-3 Les Alliés poursuivent leur impressionnante offensive au centre, annoncent un Assaut d’Infanterie, et peuvent encore soutenir l’offensive assez longtemps (la main est excellente – elle a été construite en se débarrassant au début des cartes de flanc). Pourtant, l’Axe continue d’exercer une forte pression à droite, dont il a pris le contrôle total, convoitant une quatrième médaille. © PRAXEO 2014 – e-book offert 27 « Il faut garder l’esprit troupier » On voit bien deux médailles à portée de fusils pour les Alliés et une pour l’Axe, ce qui n’offre qu’une perspective de 4-4 : pas terrible en fait, malgré la suprématie matérielle alliée et la pression au centre. Notez que c’est Johnny, l’IA, qui joue comme ça ! Et c’est juste une excellente stratégie avec les Allemands, comme nous le verrons lorsque nous changerons de camp. L’assaut final sur Toulon Score 2-3 (> 3-3 à la fin du tour) Une étape intermédiaire : les Alliés poursuivent au centre et surtout, attaquent en bon ordre. Mais les médailles tombent lentement. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 28 Fin de partie : un problème de timing Score 3-5 Les Alliés ont bien construit leur assaut au centre, et ce ne sont pas moins de quatre unités d’Infanterie en pleine forme, bien soutenues à gauche, qui parviennent aux portes de Toulon. Malheureusement, grâce à leur défense mobile, les Allemands mènent maintenant 3-5. Ils sont à un point du match ! Les Alliés ont bien géré la dimension spatiale, mais point de vue timing, une autre dimension stratégique (Guide Stratégique, Chapitre 12), ils sont handicapés, clairement en retard, et c’est sur la dimension matérielle que le résultat s’en ressent. D’ailleurs, il est très difficile de voir comment ils vont pouvoir cueillir les trois dernières médailles avant que l’Axe ne récupère la figurine française isolée en haut de la section droite. Alors, comment gagner ? © PRAXEO 2014 – e-book offert 29 « Il faut garder l’esprit troupier » Solution : victoire par mort subite ! Score : victoire alliée par mort subite Il est impossible de capturer trois médailles en un round. Le seul moyen de gagner consiste à exploiter les conditions spéciales de victoire : gain par mort subite en capturant trois hex de Toulon. L’un est déjà acquis, le deuxième est offert ; il ne reste qu’à nettoyer l’hex central au bord de la carte en combat rapproché (l’Embuscade a déjà été défaussée), suivi d’une Prise de Terrain. Tactiquement, 2x deux attaques au contact à 2 dés contre 2 fig. d’infanterie sans recul offrent 89% de chances de victoire. Et ça passe. Il était moins une ! © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 30 Conclusion Que peut-on retenir de cette partie ? L’assaut au centre se prépare, tant sur le plan matériel (centrage d’unité) qu’avec la main de cartes, qu’il faut construire patiemment. L’infanterie doit avancer massivement, en bon ordre, et créer un bloc fort. La résistance allemande génère des problèmes de timing, notamment parce que l’assaut allié au centre prend du temps et laisse à l’adversaire de réelles perspectives de contre-attaque à droite. Principes-clé de la stratégie alliée à Toulon Voici les règles d’or de la stratégie alliée à Toulon, transposables à de nombreuses batailles. Ne jamais commencer la partie au centre. Le centre nécessite des renforts préalables. Déployer au plus vite des unités à droite, en les recentrant et/ou en les avançant et prendre très vite trois des quatre cases sécurisées (Forêts, Collines). Jouer à gauche dès le premier tour si possible, et aussi longtemps que possible, avant tout pour temporiser et prendre le temps de polariser une main très forte pour l’assaut principal, à droite tant que possible, au centre dès que possible (mais pas trop tôt). La section gauche ne sera pas souvent la section de l’attaque principale. Pendant ce temps, construire une main qui permette de soutenir un assaut en profondeur. Gardez les bonnes cartes ! On peut se permettre de temporiser, et même d’être mené au score jusqu’à trois médailles. Une bonne position et une main d’attaque solide valent bien trois médailles (les trois premières en tout cas). © PRAXEO 2014 – e-book offert 31 « Il faut garder l’esprit troupier » Bilan du jeu allié Les statistiques de partie donnent les alliés vainqueurs à 66%. En appliquant ces principes, j’affiche 25 victoires en 26 parties (la moitié jouées contre l’IA, l’autre moitié contre des joueurs online). La seule défaite avec les Alliés s’est produite contre fishbone_1. Performance des Alliés au bout de 26 parties : 96%, à comparer aux 66% théoriques. Objectif atteint. Le Général de Lattre de Tassigny, vainqueur à Toulon NOTE DE CONCEPTION Il peut sembler surprenant que presque toutes les captures d’écran de l’étude online présentent un affrontement contre Johnny, l’IA développée par Yann Corno et son équipe informatique de Days Of Wonder, au demeurant d’un bon niveau. Que le lecteur n’y voit une quelconque vanité : « Regardez comme je suis plus fort que l’IA ! » mais une simple raison pragmatique : la moitié des parties de l’étude, 26 sur 52, a bien été jouée contre des joueurs humains avec exactement les mêmes résultats, croyez-moi. Mais prendre des notes et capturer des écrans en prévision de cet e-book a pris beaucoup de temps, une bonne minute à chaque tour en réalité, ce qui aurait été gênant et ennuyeux pour des adversaires humains. Johnny, lui, est très patient… © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 32 Chapitre 3 Jouer l’Axe À Toulon LE PLAN DE BATAILLE de l’Axe J’ai évoqué en introduction une thématique sur l’usage de l’Infanterie et la jouabilité d’un scénario déséquilibré. L’objet de cet article est donc centré sur la stratégie de l’Axe. Ce qui précède permet seulement de comprendre les objectifs des Alliés, et leur stratégie optimale. Nous connaissons maintenant leurs forces (les flancs au début, le centre en milieu de partie), mais aussi leurs faiblesses : le timing, et le coût, en médailles, de la progression dans ce terrain complexe. Voyons maintenant la stratégie de l’Axe, bien plus surprenante, et qui justifie le choix de ce scénario pour ce premier opus du Guide Tactique et Stratégique « en pratique ». Pour commencer, voici une démonstration de l’objectif ultime, atteint contre l’un des tous meilleurs joueurs online. © PRAXEO 2014 – e-book offert 33 « Il faut garder l’esprit troupier » Après l’ouverture : une position idéale (et rare) en milieu de partie Il y a un véritable intérêt à attaquer. C’est rentable ! Après avoir vu la stratégie des Alliés, cette position semble tout simplement surréaliste, impossible, d’autant que la main de l’Axe est parfaite, alors qu’il n’a que quatre cartes et a pu se permettre d’attaquer à gauche et au centre, tout en contenant avec succès le flanc droit. Il est vrai que mon adversaire (fort joueur) n’a pas peut-être pas eu de très bons tirages ; mais même dans ce cas, il reste assez difficile d’obtenir une telle position avec une armée supposée jouer intégralement en défense ! Score 2-0 © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 34 Voyons quelques principes fondamentaux pour bien jouer le camp de l’Axe. Toulon n’est pas une bataille rangée, ce n’est pas une ligne de front statique attaque/défense. Le terrain favorise les manœuvres, permettant à des unités qui avancent de trouver plusieurs abris pour temporiser et se regrouper. Avec l’Axe, même en défense, il faut donc avancer quelque part. Le joueur qui prend les Forêts et laisse l’adversaire en plaine et sur les Collines obtiendra un avantage. Il n’y a pas de raison de laisser cet avantage aux Alliés. La plupart du temps, l’Axe a la possibilité de construire une main et une position de contre-attaque, soit sur son flanc gauche, soit au centre. La section droite allemande est un « bloc faible ». Le flanc droit allemand est un bloc faible En application du chapitre 17 du Guide Stratégique, « Théorie des blocs », cette section faible peut être gérée de deux façons : Soit intégralement sacrifiée : n’y jouer que des cartes Sections, pour nettoyer la main, et conserver en main les précieuses Cartes Tactiques qui pourront mieux servir ailleurs (sauf Tir d’Artillerie et Combat Rapproché). Soit rendue hyperproductive : rechercher l’échange, essayer d’obtenir un score local 2-1 sur ce flanc (faisable), sinon 2-2 (plus réaliste) ou 1-1 (rare). En revanche, il ne faut pas la renforcer avec d’autres unités. Dans tous les cas, on jouera les cartes Section à droite aussi vite que possible. © PRAXEO 2014 – e-book offert 35 « Il faut garder l’esprit troupier » Cette tactique sert plusieurs objectifs simultanément : Concentrer et polariser progressivement la main sur une section forte (gauche ou centre, selon le tirage) avant de passer à l’assaut (ref. Chapitre 14, « Le jeu des cartes »). Afficher de la résistance à droite et tenter d’y maintenir un équilibre au score, avant de s’affaiblir, ou même de disparaître, ce qui est souvent le destin d’une section faible (ref. Chapitre 17, « Théorie des blocs »). La première motivation – polarisation d’une main de contre-attaque – est plus importante que la seconde. Cela n’a d’ailleurs pas bien d’importance car les deux motivations ne s’opposent pas : elles se complètent merveilleusement, et la question n’est pas de choisir, mais plutôt de ne jamais déroger à cette règle. Transformer le flanc gauche ou le centre en bloc fort C’est une nécessité. Ensuite, on peut convertir le bloc fort en médailles, avec un avantage au score. Cela se fait à l’aide des cartes, par la constitution d’une main polarisée sur la section-cible, afin de pouvoir soutenir une contre-attaque en profondeur, et dans le temps. Pour cela, voici le combo idéal : ou « Un Assaut et un Assaut d’infanterie, rien que ça ! » dirons certains. Et je répondrai que cette simple combinaison suffit pour rendre l’Axe favori, à l’échelle de la partie toute entière. Nous allons voir comment. Ce combo n’est pas si difficile à construire. Nous finirons bien, la plupart du temps, par piocher un Assaut (à gauche ou au centre). © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 36 Pour accélérer la construction de la main, il faut jouer toutes les Reconnaissances possibles, puis les Accrochages, le Tir d’Artillerie, la Reconnaissance en force ; bref, faire tourner la main et le deck, se défausser de toutes les cartes qui n’ont pas vocation à soutenir un assaut en profondeur à gauche ou au centre, jusqu’à piocher un Assaut gauche ou centre, qui dicte la stratégie. En 26 parties jouées avec l’Axe, j’ai pu réunir une carte Assaut bien soutenue plus de trois fois sur quatre. En complément, l’Assaut d’Infanterie constitue le combo idéal pour lancer la contre-offensive, mais des cartes alternatives font presque aussi bien l’affaire : Attaque, Action Héroïque, Assaut, Ordre du QG. Nous prenons donc comme acquis qu’en milieu de partie, l’Axe a pu piocher une carte Assaut (ou équivalent), à gauche ou au centre. À ce moment, il doit entièrement polariser sa main sur cette section, et y faire affluer des unités supplémentaires : il va pouvoir y lancer une puissante contre-attaque. Quelques principes importants justifient ce plan : Le terrain accidenté favorise les manœuvres d’infanterie. L’infanterie est forte et résistante (4 figs + protection du terrain), à condition de progresser en groupe de quatre unités ou plus. Il s’agit de transformer les unités isolées (et mal placées dans la position initiale) en bloc fort. Bien placée en Forêt, et tant qu’elle parvient à contenir la poussée des blindés français en plaine, l’infanterie allemande conserve l’avantage. Avancer va prendre du temps (dimension temporelle) et coûter des médailles (dimension matérielle), mais aussi augmenter les perspectives de gain de l’Axe par un jeu actif et agressif. Naturellement, la défense statique en ligne de front est passive et vouée à l’échec. © PRAXEO 2014 – e-book offert 37 « Il faut garder l’esprit troupier » La contre-offensive principale au centre Bloc fort Main polarisée au centre Score 3-1. Un peu plus tôt dans la partie, j’ai pioché une carte Assaut au centre que j’ai décidé de conserver précieusement pour un irrésistible combat au contact. Quelques cartes Sections et surtout un Assaut d’Infanterie permettent de prendre position au centre dans des conditions idéales. Voici le combo : l’Assaut d’Infanterie vient d’être joué pour avancer de trois cases et prendre position, plutôt que pour attaquer sans bénéficier du terrain. La riposte alliée sur ce mouvement s’en retrouve très limitée (même si l’Attaque Aérienne va piquer un peu), et la ligne de front est presque intacte pour aborder les combats meurtriers au contact qui vont suivre, en jouant Assaut au prochain tour. Pendant ce temps, les Alliés ont adapté leur plan à leurs cartes. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 38 1/ Ouverture sur le flanc gauche Allié (section droite) Bien qu’irrésistible (un Blindé a atteint les quatre rangées fatidiques), la poussée française à droite n’est pas rentable. L’Axe a exploité activement sa section faible qu’il a bien transformé en bloc hyperproductif, et ce bloc a pu engendrer des « médailles sanglantes », ici un échange 1-1, ce qui est satisfaisant sur une section faible. 2/ Tentative de percée au centre Afin de mettre la pression sur l’Axe, l’Allié a poursuivi par l’assaut au centre. Malheureusement, il n’avait pas prévu le plan allemand, dont la rapidité d’exécution a été foudroyante. Les français avancés doivent maintenant combattre en infériorité numérique et ont déjà lâché deux médailles sèches sur la section. 3/ Sauvetage de médaille L’Axe a profité de l’Assaut d’Infanterie non seulement pour avancer des troupes fraiches de trois cases, mais aussi pour relever les troupes affaiblies : ici une figurine isolée qui s’est repliée dans Toulon, échappant à un sort funeste. © PRAXEO 2014 – e-book offert 39 « Il faut garder l’esprit troupier » Score 4-1 Lorsqu’un tour plus tard, l’Axe reprend le trait, la carte Assaut s’avère redoutable en attaque. Une unité d’Élite française a déjà été détruite, une autre unité alliée est prise à parti. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 40 Un plan qui se déroule sans accroc Verrou Bloc fort Verrou Bloc faible protégé Main idéale Score 5-1 ! Deux ou trois tours plus tard, la combat a généré des pertes de part et d’autres, et l’Allié a enfin activé son flanc droit. Mais il est déjà trop tard. L’Axe économise les médailles en retraitant les unités affaiblies, tout en maintenant une forte cohésion et une pression sur le front central, où une médaille supplémentaire a été cueillie. Les flancs sont verrouillés. Cohésion de la main, jeu de la carte Au lieu de s’essouffler, la main de l’Axe polarisée au centre se renforce, grâce à une Reconnaissance jouée au centre au tour précédent. Rien d’anormal à ça, même avec une « pauvre » main de quatre cartes. © PRAXEO 2014 – e-book offert 41 « Il faut garder l’esprit troupier » Important : en prévision que l’Action Héroïque ne serait pas décisive (victoire finale), je temporise avec une Attaque pour replier les unités affaiblies. Le coup de grâce Deux ou trois tours plus tard, les Alliés ont avancé, attaqué, encerclé, mais la défense – autrement mieux organisée que dans la position de départ – a tenu. Le Blindé de la section droite a bien effectué le mouvement tournant pour venir prendre la défense en tenaille. Standard, mais sans résultat probant. Le moment décisif pour jouer l’Action Héroïque est maintenant arrivé. Avec deux unités alliées très affaiblies et au contact, la victoire est désormais inévitable. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 42 Conclusion La contre-attaque allemande au centre fonctionne merveilleusement. Tout est dit. Cette partie est bien sûr une best practice. Tout s’est plutôt bien passé : le fameux combo Assaut + Assaut d’Infanterie est arrivé assez tôt ; et alors, comme annoncé, l’Axe devient favori). La partie eût été plus disputée le combo s’était constitué plus tard, ce qui est fréquent, ou même jamais, ce qui est rare. La bataille de Toulon (en bas à gauche) et la libération de Marseille (plus à l’ouest, hors carte), s’inscrivent dans une campagne d’envergure. © PRAXEO 2014 – e-book offert 43 « Il faut garder l’esprit troupier » La contre-offensive principale à gauche Dans cette partie, la carte Assaut à Gauche n’est pas venue, mais l’accumulation de plusieurs cartes à gauche (déjà jouées, et deux encore en main), s’y est substituée. Un Assaut d’Infanterie au centre a permis au préalable de : Créer un petit bloc fort au centre pour renforcer la position avancée et verrouiller la section. Excentrer plusieurs unités sur le flanc gauche, en avançant de trois cases pour prendre position sur des cases-clés, en forêt. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 44 Bilan : l’aile gauche est verrouillée par la création d’un bloc fort de quatre unités complètes placées en terrain protégé. L’aile droite tient bon, malgré des pertes. Le centre, en défense, tient bon, mais n’a pas d’avenir. Score 1-0 Le score est avantageux, mais la partie est loin d’être gagnée. Il reste cinq médailles à conquérir ; où sont-elles ? Les blocs forts sont constitués, il faut maintenant les convertir en cash. Quelques rounds plus tard… Score 5-3 © PRAXEO 2014 – e-book offert 45 « Il faut garder l’esprit troupier » L’aile droite tient toujours malgré les assauts répétés. Le score est à l’avantage de l’Axe sur ce flanc. Le centre a souffert et finalement cédé. Et bien sûr, les Allemands ont lancé les hostilités à gauche. Deux médailles gagnées contre une perdue. Peu importe que les cartes furent « faibles » (Accrochage et Reconnaissance) : l’Infanterie évolue en terrain couvert. La Reconnaissance a justement permis de renforcer la main, la « pauvre » main de quatre cartes, qui sont maintenant ultra-puissantes, au moment des combats rapprochés. La victoire semble à portée de main… © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 46 Pas si vite ! Les Alliés ont de fortes cartes, et mettent la pression sur les trois sections. L’offensive de l’aile gauche finit par s’essouffler (quelques jets de dés malheureux, c’est le jeu), le centre s’effondre sans pouvoir terminer les unités ennemies affaiblies, et l’aile droite a finalement cédé. Notez que l’IA joue très bien ce scénario côté allié. Score 5-5 L’Infiltration permet de finir la partie. Score final 6-5 Variante Voici un autre exemple de partie avec une contre-offensive principale de l’axe à gauche, cette fois-ci sans constitution d’un bloc fort de défense au centre. © PRAXEO 2014 – e-book offert 47 « Il faut garder l’esprit troupier » Score 5-5 Un simple Accrochage à gauche ne laissera aucune chance à l’unité française affaiblie, qui apporte l’ultime médaille. Score final 6-5 BilAn du Jeu de l’AxE Les statistiques donnent l’Axe vainqueur à 34%. En appliquant ces principes, j’affiche finalement 17 victoires et 9 défaites en 26 parties, soit presque deux tiers des batailles gagnées. Seulement 9 défaites, la moitié de ce que prédisent les statistiques, qui se répartissent en 6 défaites contre l’IA (qui joue très bien), et 3 seulement contre des joueurs humains : Roger2, jdrommel et nappy-doo. Performance de l’Axe au bout de 26 parties : 65%, à comparer aux 34% théoriques. Objectif atteint. Oublions les chiffres maintenant. Que peut-on retenir de ces 52 parties ? L’infanterie allemande de Toulon est très puissante si elle est bien manœuvrée et si elle peut trouver de l’activité et un contre-jeu : patience, regroupement et contreattaque en masse sur une section-cible. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 48 Chapitre 4 L’infanterie en action Une étude sur l’Infanterie en défense, à Toulon par exemple, à qui l’on ne donne en théorie qu’une chance sur trois de réussir, révèle qu’on peut changer le cours de l’histoire ; il n’y a pas de fatalité (au jeu du moins). Cette étude a montré, j’espère, que : L’infanterie est une arme puissante On progresse beaucoup avec Mémoire 44 Online Il faut garder l’esprit troupier… … et lire le Guide Tactique et Stratégique © PRAXEO 2014 – e-book offert 49 « Il faut garder l’esprit troupier » BILAN DES 52 PARTIES TOULON ONLINE Praxeo joue les alliés (cote 2:1) 26 parties. 13 contre l’IA, 13 contre des joueurs. 25 Victoires, 1 défaite. Praxeo joue L’axe (cote 1:2) 26 parties. 13 contre l’IA, 13 contre des joueurs. 17 victoires, 9 défaites. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 50 APPLICATION : OPEN DE FRANCE 2014 Cette étude du bon usage de l’Infanterie est restée jusque là théorique. Voyons maintenant un exemple d’application en compétition. Juno Beach, La Cassine, débarquement à Bernières 13504 Voici un magnifique scénario concocté par Jacques « jdrommel » David pour l’Open de France 2014, qui s’est déroulé à Bénouville, à quelques pas de Pegasus Bridge. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’infanterie y est à l’honneur, des deux côtés. Je suis enthousiaste à l’idée de jouer cette carte… des deux côtés ! © PRAXEO 2014 – e-book offert 51 « Il faut garder l’esprit troupier » Qui est mon adversaire ? Oups… Doctor Schizzo, c’est l’un des plus forts joueurs de toute la communauté M44. On se connaît bien, mais on ne s’est encore jamais affrontés. Ce scénario est équilibré, en fait très dur de part et d’autre. Les rapports de batailles enregistrés sur memoire44.com donnent 50% : 50% (à date), mais ils sont peu nombreux pour être probants. À l’usage, les Alliés (Canadiens) semblent légèrement favoris ; autour de 60:40, je pense. Ajoutons que dans les conditions du tournoi, obtenir la médaille-objectif rapporte des points supplémentaires. L’objectif est donc clair. Toutes les analyses d’avant-match convergent : les Canadiens doivent passer à gauche ou au centre-gauche. Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? Toulon ? La première partie, où je joue l’Axe, se termine sur la plage. Les combats sont tendus, la victoire à portée de main des deux côtés, mais c’est mon adversaire qui donne le coup fatal : victoire alliée 6-5. Franchement un beau match. Changeons de côté. Je prends les Alliés. Voici la position finale du match retour. Score final 6-3 © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 52 Les analyses d’avant-match convergeaient aussi sur la capture de la médailleobjectif par le biais d’une Infiltration. Et qu’est-ce que je fais quand c’est mon adversaire qui l’a, la carte Infiltration ? Eh bien par exemple, un assaut bien préparé, et des troupes qui avancent avec cohésion. C’est comme à Toulon avec l’Axe, mais avec des perspectives de gain bien supérieures. À la fin, ce ne sont pas une mais six unités d’Infanterie, parfaitement intactes, qui parviennent en bon ordre à l’objectif. Pour les sceptiques, le hasard n’y est pour rien. Si j’ai eu un précieux Assaut d’Infanterie, j’ai dû encaisser des Infiltrations et Fusillades de mon adversaire. Doctor Schizzo m’a fait part à la fin d’une réflexion qu’il a eu en cours de match, lorsque mes troupes se sont mises en position au niveau de la digue : – J’avais la main pour te faire très mal… et puis tout s’est accéléré. La Fusillade dévastatrice qu’il préparait s’est avérée injouable lorsque j’ai joué l’Assaut d’Infanterie (au centre), amenant six unités au contact des Allemands pour engager prématurément (du point de vue adverse) les combats au corps à corps. Ensuite, il a fallu un certain temps pour réduire les bunkers et mettre les unités affaiblies à l’abri, avant d’atteindre la position finale et la sixième médaille. Voici la position finale idéale de toute bataille d’infanterie, atteignable même contre un joueur très fort. © PRAXEO 2014 – e-book offert 53 « Il faut garder l’esprit troupier » Juin 1944 Juin 2014 « La Maison des Canadiens » - Queen’s Own Rifle La plage de Juno Beach, à Bernières. À droite, le Devoir de Mémoire avec Jacques « jdrommel » David , perché sur le bunker « La Cassine » © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 54 Chapitre 5 BataiLLes d’infanterie J’espère que cette étude vous a donné envie de jouer avec l’infanterie et, oserais-je dire, de redécouvrir l’infanterie. Oui mais, avec quels scénarios ? Dans la Boîte de Base de Mémoire 44, Toulon me semble tenir le haut du pavé. Les nombreuses extensions qui ont suivi n’ont cessé d’enrichir le jeu avec toutes sortes d’unités et de capacités spéciales ; et c’est exactement ce qu’on leur demandait ! Alors en conséquence, il n’est pas étonnant que les joueurs trouvent progressivement que l’infanterie puisse avoir un peu moins de « saveur » que des Troupes Spécialisées, qu’un Tigre, un Destroyer, des Avions et autres Funnies de Hobart. Pour renouer avec « l’esprit troupier » qui m’est si cher, je me suis donc tourné vers les Scénarios du Front. Et force est de reconnaître que malgré l’immense richesse de la base de données du Front, les joueurs-concepteurs, eux aussi, ont poussé très loin dans la direction des cartes riches en unités, notamment en Blindés et autres Parachutistes – ce qui est déjà remarquable –, mais qu’il est difficile de trouver de bons scénarios qui mettent le simple fantassin à l’honneur. Si l’étude de Toulon et la présentation du Débarquement de Bernières dit La Cassine sont résolument tournées vers le jeu en compétition, il est temps maintenant de découvrir, ou redécouvrir, les scénarios dont la vocation est le plaisir du jeu et de l’Histoire. Vous ne les jouerez que mieux, maintenant dotés des bons outils pour bien manœuvrer l’infanterie. La sélection Praxeo Mes sept scénarios d’infanterie préférés, parmi lesquels j’inclus bien sûr Toulon et La Cassine, déjà présentés. Il s’avère que six cartes parmi sept sont signées jdrommel, Toulon étant une conception de Richard Borg. La sélection jdrommel De la part du plus célèbre concepteur, après Richard Borg, la sélection de jdrommel est par nature une mine thématique, ludique et historique. © PRAXEO 2014 – e-book offert 55 « Il faut garder l’esprit troupier » LA SÉLECTION PRAXEO France – 5 avril 1945, Le Mont Froid (attaque française) [5/6 – 6] 6974 Les deux unités d’Artillerie Lourde ne dénatureront pas l’esprit troupier des deux scénarios du Mont Froid (celui-ci et le suivant), puisqu’il s’agit d’attaques nocturnes. Très peu d’unités, des troupes de simples fantassins, mais une thématique forte, puisque la prise en tenaille « haute et basse » de l’assaillant permet toutes les manœuvres. Pas d’attaque frontale : il faut procéder séquentiellement. Polariser la main plusieurs fois et concentrer le feu sur plusieurs sections successivement, car les médailles territoriales sont définitives. Les règles nocturnes incitent à aller vite, des deux côtés, avant que l’Artillerie ennemie ne se réveille, avec pour conséquence : Un perpétuel dilemme pour l’assaillant français : profiter de l’attaque nocturne pour progresser vite, ou bien prendre le temps de polariser la main pour bâtir des attaques puissantes. Pour l’Axe, faut-il préciser qu’une défense statique ressemblerait à un stand de tir de fête foraine ? Une défense mobile est requise. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 56 Contexte historique e En décembre 1944, la 27 division d'infanterie alpine (française) fut recréée à partir de la division alpine FFI. Les bataillons de chasseurs alpins étaient issus de plusieurs groupes de maquisards qui avaient pris part à la libération de la plus grande partie du territoire national souvent dans des combats obscurs ou plus connus (le Vercors). Cette grande unité fut déployée dans les Alpes face à un ennemi coriace constitué par la 5. Gebirgsjäger Division et e des troupes italiennes fidèles à Mussolini (Divisione Folgore). Au début avril 1945, le 11 BCA reçut la mission de prendre le Mont-Froid qui culmine à plus de 2900 mètres. Sur la crête du Mont-Froid, les défenseurs allemands avaient renforcé d'anciennes casemates françaises en trois « blocs » : le Bloc Ouest, le Bloc Centre (constitué par des tranchées) et le Bloc Est. Le 5 e avril, la 4 compagnie du capitaine Branche se lança à l'assaut des blocs en profitant de la nuit. Au matin le Bloc Centre tombait entre les mains françaises et fut suivi du Bloc Ouest en début d'après-midi. Le Bloc Est ne fut pris que le lendemain matin. Toute la crête du MontFroid était alors entre les mains des chasseurs alpins français malgré les tirs d'artillerie allemands qui continuaient à pilonner la zone. Le Colonel Le Ray commandait trois bataillons en Maurienne : le 11e BCA en charge de l’assaut sur le Mont Froid, pendant que le 15e BCA attaquait la pointe du Cugne. Le 6e BCA restait en réserve en cas de coup dur. En savoir plus sur le site historique de Laurent Demouzon : Mémoire des Alpins. © PRAXEO 2014 – e-book offert 57 « Il faut garder l’esprit troupier » France – 12 avril 1945, Le Mont Froid (attaque allemande) [6/5 – 6] 6991 Avec « la revanche », simulant la contre-attaque allemande lancée quelques jours plus tard, jdrommel nous offre une véritable mini-campagne thématique du plus haut intérêt. La contre-attaque est nocturne également. Contexte historique Avril 1945, la guerre en Europe était sur le point de se terminer. Pourtant dans les HautesAlpes, les troupes françaises et allemandes continuaient de se battre sur des sommets perdus. Le 6 mai 1945, la crête du Mont-froid avait été prise d'assaut par les chasseurs alpins e français du 11 BCA, issus de la Résistance. Depuis les compagnies de chasseurs se succédaient pour tenir la crête à plus de 2900 mètres d'altitude dans le froid glacial et la neige et sous le feu persistant de l'artillerie ennemie. À leur tour, dans la nuit du 11 au 12 avril, les chasseurs de montagne allemands du 100.Gebirgsjäger Regiment se lancèrent à l'assaut des positions françaises. Utilisant des lance-flammes pour réduire le Bloc Est, les Allemands s'emparèrent des positions les unes après les autres et reprirent toute la crête du Mont-froid après un combat aussi violent que meurtrier. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 58 France – 18 juillet 1944, Bataille du Mont Gargan [5/5 – 6] 10912 Oui, il y a un Blindé, un Mortier, un Commandant Héroïque et toutes les unités françaises sont des troupes de la Résistance, mais je vous l’assure : « l’esprit troupier » est bien là ! Du côté de l’Axe, il s’agit de monter à l’assaut d’une position bien défendue avec de simples troupes d’Infanterie, et un peu de soutien fourni par le Blindé. La thématique est respectée. Le côté français n’est pas favori (de peu), mais il y a beaucoup de choses à faire : recentrage, contre-attaque. Un plan comparable à l’étude de Toulon. Ce scénario fut l’un des chefs d’œuvres que jdrommel conçut pour l’Open de France 2013. C’est d’après moi le meilleur de cette édition, et aussi l’un des meilleurs des six Opens de France réunis. La bataille est asymétrique et nécessite un aller-retour pour en saisir toute la saveur. Je l’ai rejouée plusieurs fois avec autant de plaisir. Pour les résultats : Il faut garder l’esprit troupier donne tous les éléments pour gagner des deux côtés. © PRAXEO 2014 – e-book offert 59 « Il faut garder l’esprit troupier » Contexte historique Le 14 juillet 1944, un important parachutage d'armes destinées à la Résistance fut effectué par 36 forteresses volantes B-17 près de la commune de Sussac. Les Allemands réagirent rapidement en envoyant des forces importantes pour empêcher les maquisards de récupérer les containers parachutés. Georges Guinguoin, emblématique chef FTP et "1er maquisard de France", déploya sa brigade autour du Mont Gargan pour interdire le passage. La bataille dura du 17 au 24 juillet. Les troupes allemandes, composées d'une partie de la colonne Jesser, de miliciens français et d'unités de garnisons, attaquèrent le Mont Gargan le 18 juillet à partir du village de Surdoux. Face à des troupes supérieures en nombre et lourdement armées, les maquisards de Guinguoin durent peu à peu céder du terrain et abandonner la chapelle du Mont Gargan qui fut détruite. Mais les Allemands avaient subi des pertes trois fois supérieures aux maquisards et ne purent jamais éradiquer la Résistance dans la région. Georges Guinguoin, « Premier Maquisard de France » © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 60 Russie – 24 novembre 1941, Contre-attaque à Sverchkovo [5/6 – 6] 5519 Alors, cette fois-ci on diverge un peu, mais pas trop : un peu de Blindés et d’Artillerie de part et d’autre, et une aile gauche soviétique composée d’unités de Cavalerie. Mais quelle merveille ! quelle jouabilité ! quel match ! Sverchkovo fut l’une des batailles de l’Open de France 2009, et d’après moi la meilleure de toutes. Une partie complètement asymétrique, un thème fort. L’infanterie reste omniprésente de part et d’autre. Elle est invitée à toutes les audaces et à beaucoup de mobilité en attaque (URSS) comme en défense (Axe). Contexte historique L'Opération Typhon battait son plein, et malgré le froid et la neige, les troupes allemandes avançaient vers Moscou. Le 23 novembre, Klin et Solnechnogorsk étaient tombées et les Russes étaient dans une situation catastrophique. Sur le front de Moscou, un commissaire politique aurait dit : "La Russie est immense mais nous ne pouvons reculer nulle part car e Moscou est derrière nous". Le Général Joukov ordonna alors au commandant de la 16 Armée, le Général Rokossovski, de contre-attaquer pour reprendre Solnechnogorsk. Montée à la va-vite avec des éléments disparates dont trois divisions de cavalerie, cette contree attaque allait échouer dans un bain de sang. Seul le 240 Régiment d'Infanterie allemand subit le choc de l'offensive et fut mis en déroute localement. L'avance allemande vers Moscou en fut ralentie, mais pas stoppée... du moins, pas encore ! © PRAXEO 2014 – e-book offert 61 « Il faut garder l’esprit troupier » Crète – 28 mai 1941, La route de Sphakia [6/5 – 6*] 6230 Je vous présente un scénario qui fait partie incontestablement de mon Top 5, toutes catégories confondues. La route de Sphakia est la dernière bataille d’une série de douze sur l’Opération Merkur, l’invasion aéroportée de la Crète en 1941, par jdrommel, déjà mise à l’honneur dans le Guide Tactique et Stratégique (Chapitre 7 – Revue des troupes, « Parachutistes » pages 191-196). Nous sommes dans la phase d’exploitation de la campagne et les Parachutistes ont laissé la place à des troupes de ligne. Le soutien d’un Blindé et d’une Artillerie de part et d’autre n’enlève rien à la philosophie de cette confrontation : il s’agit bien d’une bataille d’infanterie. La carte est très asymétrique et, comme à Toulon, les possibilités d’assaut et de contre-offensive sont multiples, ce qui offre un beau renouvellement des parties. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 62 Le faible nombre d’unités nécessite de les mobiliser toutes. Pas question ici de reculer des unités affaiblies, on va plutôt essayer de profiter du potentiel de combat qui reste intact, jusqu’au dernier homme s’il le faut. Objectifs spéciaux Les règles spécifiques du scénario imposent au joueur de l’Axe de sortir au moins une unité par la zone d’Exit. Un objectif territorial obligatoire est souvent le gage d’une partie plus riche en manœuvres, moins « boucherie ». Voir le Guide Tactique et Stratégique – Chapitre 19, Objectifs spéciaux. À ce titre, La route de Sphakia tient toutes ses promesses. Contexte historique La bataille de Crète est perdue pour les Alliés, la retraite de la "Creforce" est en cours vers les ports de la côte sud de l'île, notamment celui de Sphakia. Les chasseurs de montagne du Général Ringel sont lancées à la poursuite. Mais dans la région montagneuse de Stilos, l'arrière-garde néo-zélandaise a établi un solide bouchon constitué d'infanterie, d'artillerie et de quelques chars. Les Allemands vont être bloqués et subir des pertes dans un premier temps avant d'opérer un mouvement de contournement par la montagne. Pris à revers, les Néo-Zélandais n'ont plus qu'à se replier vers Sphakia pour évacuer définitivement la Crète. © PRAXEO 2014 – e-book offert 63 « Il faut garder l’esprit troupier » LA SÉLECTION DE JDROMMEL Belgique – 23 mai 1940, Combats de rue à Thulin [5/5 - 5] 4576 Cette bataille évoque une échelle sub-tactique. Combat d’infanterie contre infanterie. Le scénario est antérieur aux règles de Combat Urbain de l’extension Battle Map M#3, dont les cartes spéciales ne sont pas utilisées. Par contre les règles aériennes de l’Air Pack sont en vigueur, ce qui ne gâche rien. L’attaque de l’Axe sera difficile à cause du terrain, mais son Artillerie et potentiellement les Avions obligeront les Français à adopter une défense mobile. Comme à Toulon, la carte Assaut d’Infanterie, bien utilisée, devient la plus puissante du deck, offrant un potentiel offensif très supérieur à toute Action Héroïque, Ordre du QG ou Attaque Frontale. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 64 Contexte historique Pour échapper à l'encerclement qui les menace entre Maubeuge et Mons et se repliant vers l'ouest, des éléments de la 43° DI française s'emparent du petit village belge de Thulin en y chassant les Allemands de l'Aufklärungs Abteilung.269 (bataillon de reconnaissance). La réaction allemande va être rapide, l'oberst Von Tschüdi, commandant l'IR.469, ordonne de reprendre Thulin le jour même. Appuyés par les canons de l'ArtRgt.59, les fantassins du I/IR.469 et de l'IR.490 s'avancent vers Thulin. La défense française sera vive, mais submergés par le nombre, à bout de munitions et définitivement encerclés, les combattants français doivent se rendre en fin de journée. Thulin a été repris. Crédits ecpad, Ministère de la Défense – En savoir plus © PRAXEO 2014 – e-book offert 65 « Il faut garder l’esprit troupier » France,– 12 juin 1940, Combats en Picardie, acte 2 [5/5 - 6] 9029 À nouveau un scénario dont la mise en scène ressemble à un « film d’action ». La présence d’unités d’Élite françaises, (le 9e Zouaves, en haut de la carte), ne changera pas la nature de cette bataille de fantassins. Au-delà d’un accrochage sur deux fronts et des objectifs territoriaux, le Français a tout à gagner en faisant traverser la cartes à ses Zouaves pour rejoindre les cases Exit. En plus de la bataille, ce scénario met donc en scène une course aux objectifs, rendue passionnante par l’application des règles d’Attaque Nocturne. Pour l’anecdote, la petite ville de Crépy-en-Valois (60) accueille maintenant tous les ans un Festival des Jeux, où Mémoire 44 est dignement représenté par Franck « Franok » Tailleur. Praxeo y était en 2011, avec une jeune délégation d’animateurs : voir l’article. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 66 Contexte historique Dans l'Oise, le 12 juin, la ligne Chauvineau était tenue par la 3° DLI à la hauteur d'OrmoyVillers. Les troupes allemandes de la 6. Armee, arrivant de l'est par Soissons, étaient à Crépyen-Valois et se préparaient à attaquer vers le sud et Paris. Au nord et pratiquement encerclée, la 87° Division d'Infanterie d'Afrique se repliait du front de la Somme vers l'Oise. e Voyant sa retraite coupée, l'ordre fut donné au 9 régiment de Zouaves, une unité solide, de percer le front ennemi pour permettre à la division de rejoindre les lignes françaises. e Pendant que les combats faisaient rage à Ormoy-Villers, le 9 Zouaves était accroché dans Crépy-en-Valois par un ennemi supérieur en nombre. Finalement, les Zouaves purent traverser les lignes ennemies de nuit, par petits groupes, en luttant baïonnette au canon. Crédits photo Picardie 1939 - 1945, articles de Frédéric Gondron © PRAXEO 2014 – e-book offert 67 « Il faut garder l’esprit troupier » France, 18 juin 1940, Saint Germain sur Meuse [6/5 - 6] 8016 Voilà un scénario bien difficile, même angoissant. La rivière est guéable, ce qui permet des manœuvres. À première vue, l’exercice consiste à bâtir une attaque efficace avec les troupes de l’Axe. L’élégance consiste à capturer la médaille, qui n’est malheureusement pas obligatoire. Le côté français reste pour moi une grande inconnue. Pour éviter le syndrome de la ligne de front et de la défense statique, je pourrais être tenté de renforcer le flanc droit d’une unité pour tenter de prendre l’initiative sur cette section. Contexte historique e e Au matin du 18 juin 1940, les "Marsouins" du 3 bataillon du 21 RIC arrivèrent près du village de Saint-Germain-sur-Meuse, complètement épuisés. Depuis une semaine, ils se repliaient suivant les ordres reçus, combattant le jour et marchant la nuit. Ils n'avaient plus rien à manger depuis 48 heures et disposaient seulement des munitions de leurs seules cartouchières. Soudain, l'ennemi arriva, débouchant des lisières du bois d'Ourches. Sur des positions hâtivement aménagées, les soldats coloniaux résistèrent toute la journée sous le feu de l'artillerie et des mortiers allemands, empêchant l'infanterie ennemie de traverser la Meuse. Le 19 juin au matin, submergés par le nombre, les quelques survivants, à bout de force et de munitions, furent faits prisonniers par l'ennemi. Ils avaient tenu jusqu'au bout. © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 68 Somalie Britannique, 11-18 août 1940, Bataille de Tug Argan [6/5 - 6] 13871 Il est logique de trouver des scénarios d’infanterie au début du conflit mondial, mais aussi sur les fronts « secondaires ». Aucune région du monde n’échappant à la culture encyclopédique de jdrommel, cette sélection thématique nous amène à voyager un peu, ici au Somaliland, la Somalie Britannique. Dans la position initiale, les troupes britanniques de la moitié gauche du plateau sont trop avancées. Leur recul salutaire fera perdre du temps et surtout de la cohésion aux troupes italiennes. Ce n’est que plus tard et mieux préparé qu’on réfléchira à remonter au front, sur une section guidée par les cartes, pour engager l’ennemi avec le bénéfice d’une initiative qui fait cruellement défaut en début de partie. En infériorité chronique à 8 contre 12, les Britanniques doivent construire une main de contre-attaque et maîtriser le timing de la partie. © PRAXEO 2014 – e-book offert 69 « Il faut garder l’esprit troupier » Contexte historique Les forces italiennes en Afrique orientale attaquèrent le Somaliland britannique à l'aube du 3 août 1940. Pour capturer Berbera, capitale du Somaliland, les Italiens lancèrent trois colonnes dont la principale passait par Hargeisa. Les Britanniques avaient établi leur principale position de défense sur une série de collines surplombant l'oued Tug Argan. La XVe brigade italienne attaqua Tug Argan dès le 11 août et fut repoussée. Le 12, les Italiens s'emparèrent de Mill Hill mais les Britanniques résistaient fermement sur les autres positions. Finalement, le 15 août ils s'emparèrent de la position principale, Observation Hill. Le Cpt Wilson, du Somaliland Camel Corps, y gagna une Victoria Cross à titre posthume pour avoir défendu sa position jusqu'au bout (en fait gravement blessé, il fut fait prisonnier par les Italiens). Du 16 au 19 août, la Royal Navy évacua les troupes britanniques par le port de Berbera : le Somaliland était entre les mains italiennes… pour quelques mois seulement. Troupes d’invasion italiennes du Somaliland britannique Crédits Comando Supremo – Italy at War © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 70 Cyrénaïque, 27 juin 1942, Combat de nuit à Minquar Kaïm [5/6 – 6*] 4723 C’est le jeu néo-zélandais qui attire toute notre attention dans cette bataille ! En plus de mettre l’infanterie à l’honneur, ce scénario ne manque pas d’originalité pour relater un thème fort, où le BCF doit franchir les lignes ennemies après la chute de Tobruk : il y une clause de mort subite sur la capture du QG de Rommel (historique), et des règles d’Attaque Nocturnes « inversées » – la nuit tombe ! Cette carte présente un grand intérêt ludique. Dix unités d’Infanterie britannique attaquent à découvert neuf unités de l’Axe autrement plus puissantes : il y a des Blindés, de l’Élite, des Italiens qui reculent de trois cases… Seule la nuit permettrait donc de renverser la vapeur, comme ce fut le cas dans la bataille historique. © PRAXEO 2014 – e-book offert 71 « Il faut garder l’esprit troupier » Contexte historique Après la chute de Tobrouk, les forces germano-italiennes, sous le commandement du tout nouveau Maréchal Rommel, s'élancent à la poursuite des troupes britanniques en plein repli en Égypte. Dès le 25 juin, les premières unités de la Panzer-Armee "Afrika" atteignent les défenses de Marsa Matrouh. En deux jours de bataille, la fortune sourira encore aux soldats de Rommel et les troupes du Gal Ritchie recevront une fois de plus l'ordre de retraite vers El nd Alamein. Mais la 2 New Zealand Division, isolée à Minquar Kaïm, à une trentaine de kilomètres au Sud de Marsa Matrouh, est obligée de percer les lignes ennemies pour se sauver vers l'est. Elle le fera dans la nuit du 27 au 28 juin en s'ouvrant un passage à la baïonnette et à la grenade dans un combat sans quartier. Ce sont les fantassins du I/104.Schützen Rgt (21. Panzerdivision) qui subiront le gros de l'assaut. Le QG de campagne de Rommel et la division italienne "Littorio" seront aussi pris dans ce combat de nuit. Finalement, malgré des pertes importantes, la division néo-zélandaise parviendra à rejoindre El Alamein. Crédits Kiwi Veteran (Nouvelle Zélande) © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 72 France, 19 août 1942, Dieppe - Green Beach [4/6 – 6] 2317 Pour reconstituer cette tragique épopée que fut l’Opération Jubilee, ici dans le secteur « Green Beach », il suffit d’un peu d’infanterie de part et d’autre (les chars alliés prévus pour soutenir cet assaut ont déjà été détruits sur la plage principale de Dieppe), d’un Destroyer, et de quelques règles spécifiques. Pour pimenter le volet ludique, la médaille de la Station Radar est définitive pour les Alliés, les falaises sont escarpées, et les Règles Aériennes sont en vigueur. Le plan de bataille allié n’est pas simple : la rivière Scie n’est traversable que par le pont, ce qui pose un problème chronique sur la section gauche : d’ailleurs, ce débarquement était prévu cent mètres plus à gauche, du bon côté de la rivière. En aucun cas le joueur des Alliés ne peut envisager de gagner la partie sans jamais investir à gauche, mais pour les fantassins, le pont est le seul plan car il faut débarquer sans attendre. Je pense que la section gauche est la place du destroyer en début de partie, afin de disposer d’un usage utile des cartes Sections à cet endroit. © PRAXEO 2014 – e-book offert 73 « Il faut garder l’esprit troupier » Du côté de l’Axe, avec sept unités d’Infanterie, l’avantage du terrain mais en forte infériorité numérique, cette bataille est aussi un exercice de style, un exercice d’ailleurs difficile. En conclusion : une carte asymétrique, deux camps sous pression, des parties formidables en perspective. Contexte historique e Opération "Jubilee". Alors que la force principale de la 2 DI canadienne débarque sur la plage de Dieppe, le South Saskatchevan Regiment débarque face à Pourville dès 04h50 du matin. Son objectif : s'emparer de Pourville, de la ferme des quatre vents et détruire la station radar sur la falaise. Débarqués du mauvais côté de la Scie, les Saskatchevans doivent franchir la rivière sur un pont qui reste sous le feu des mitrailleuses allemandes. A 05h50, débarquent à leur tour les Camerons Highlanders dont la mission est de s'emparer d'un terrain d'aviation entre Pourville et Arques-la-Bataille. Mais les chars qui devaient les appuyer pour cette action n'ont pas rejoint (ils ont été détruits sur la plage de Dieppe). Les Camerons doivent renoncer à leur objectif. Il en est de même pour les Saskatchevans car la station radar est inaccessible, trop bien défendue par les troupes du 571ème IR allemand. Les survivants des deux bataillons canadiens doivent se replier et rembarquer sous le feu ennemi dès 10h30. Dans le fiasco complet de "Jubilee", le seul succès a été la destruction par le Commando n°4 de la batterie côtière "Hess" à Varengeville. L'opération aura été un échec sanglant du point de vue tactique, mais elle apportera beaucoup d'enseignements aux Alliés sur la préparation et la conduite d'un débarquement et elle sera la clé du succès de l'opération "Overlord", le 06 juin 1944. Source Wikipedia © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 74 Tunisie, 20 avril 1943, Takrouna - acte 1 (nocturne) [6/6 – 6] 13629 Jdrommel nous emmène à nouveau sur un front « secondaire » pour parfaire notre culture du Devoir de Mémoire. Il semble évident j’espère, après la lecture de Il faut garder l’esprit troupier, que les troupes des deux camps sont mal placées dans la position de départ. Les Néo-zélandais ont toute latitude d’adapter leur plan aux cartes, un peu comme à Toulon du côté de l’Axe : j’attendrais donc de piocher une carte Assaut sur n’importe laquelle des trois sections avant d’y concentrer mes troupes, puis d’y lancer une charge impressionnante, gardant si possible l’Assaut en main jusqu’au moment des corps à corps : un plan corroboré par le contexte historique page suivante. Côté italien, nous n’avons que de l’infanterie mais je vois déjà quatre, si ce n’est cinq unités très mobiles, permettant plusieurs plans, et pourquoi pas même une contre-offensive sur une section si le cas se présente. Vous savez que ces circonstances s’anticipent et se provoquent. © PRAXEO 2014 – e-book offert 75 « Il faut garder l’esprit troupier » Contexte historique e En avril 1943, la 2 division d'infanterie néo-zélandaise attaquait le village de Takrouna en Tunisie. Ce village situé au sommet d'une colline était tenue par les troupes italiennes du e général Messe. Dans la nuit du 19 au 20 avril, le 28 bataillon Maori monta à l'assaut du village. Mais à cause des mines et du tir ennemi, l'attaque piétinait et les blessés s'accumulaient. Ce fut à ce moment-là que le sergent Haane Manahi, entrainant les hommes de sa section derrière lui, attaqua l'ennemi au corps à corps puis continuant d'avancer, permit la prise du village. Pour ce fait d'armes, son général le proposa pour la Victoria Cross mais il ne reçut finalement que la Distinguished Conduct Medal. Crédits War Art, Peter McIntyre, NZ Troops moving up at Takrouna © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 76 Tunisie, 11 mai 1943, Takrouna - acte 2 (nocturne) [5/6 – 6] 8638 La suite du scénario précédent. Tous deux méritent un jeu en mini-campagne. Cette fois, l’Axe est attaqué par les Forces Françaises Libres. Avec deux Artilleries contre deux Artilleries, tout le reste étant de l’infanterie de ligne, on est toujours dans le sujet : « une variation sur le même thème ». Contexte historique Au début mai 1943, les combats en Tunisie touchaient à leur fin mais dans le réduit du e Djebel Zaghouan, les troupes de l'Axe résistaient encore farouchement. La 1 DFL était en ligne face à la crête des Djebillat tenue par les grenadiers de la 90.Leichte Division. Le 11 mai er au matin, appuyés par l'artillerie du 1 RA, les Bataillons de Marche 4 et 5 passaient à l'attaque pour s'emparer de la ligne de crête, le BM.4 face aux blockhaus de la cote 136 ouest et le BM.5 face à ceux de la cote 150. Les combats furent violents et les pertes élevées de part et d'autre mais les objectifs des Français Libres furent conquis dans la matinée. Le 14 mai 1943 la campagne de Tunisie se termina, toute l'Afrique du Nord était aux mains des Alliés. © PRAXEO 2014 – e-book offert 77 « Il faut garder l’esprit troupier » France, 4 octobre 1943, Corse - Col de Teghime [5/5 – 5/7*] 2190 Les premières villes françaises libérées ne sont pas en Normandie : elles sont en Corse ! La libération de Bastia simulée par ce scénario signé jdrommel (comme tous les autres) constitue le dernier assaut de la campagne. Quelle carte ! Précisons qu’il s’agit d’un scénario nocturne : l’infanterie est la clé de voute de l’attaque comme de la défense, les Artilleries ne fourniront qu’un soutien tactique en milieu de partie si les corps à corps sont déjà engagés. Pour l’intérêt historique (voir ici), et ludique, deux médailles objectif (sur quatre) sont obligatoires pour les Français. Des parties passionnantes et renouvelées en perspective. À jouer d’urgence… Paul Colonna d’Istria © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 78 Contexte historique Octobre 1943 - Refluant de Sardaigne, les troupes allemandes remontent sur Bastia pour évacuer la Corse. Pour mener à bien cette évacuation, les Allemands ont pris position sur les cols qui donnent accès à Bastia. Les troupes françaises, récemment débarquées et er composées de Tabors marocains, du 1 RTM et du Bataillon de Choc, doivent s'emparer du col de Teghime, clef de voûte de la défense allemande. Pour cette opération, les soldats du Gal Henri Martin seront soutenus par l'artillerie des forces italiennes en Corse, alliées depuis la mi-septembre. Le 2 octobre, c'est l'attaque finale sur le col de Teghime et le Monte Secco. Le 4 octobre, les troupes françaises entrent dans Bastia, la Corse est libérée. Résistants corses et goumiers Marocains progressent ensemble vers Bastia Crédits Lycée Lyautey (Casablanca) © PRAXEO 2014 – e-book offert 79 « Il faut garder l’esprit troupier » La campagne Bortaï, Abyssinie 1941 Un campagne originale de jdrommel sur un front méconnu (oublié ?) : la campagne de la Bortaï, opposant les forces congo-belges aux Italiens, en Abyssinie (Éthiopie), est constituée de sept confrontations d’infanterie successives. Campagne Bortaï (1/7) – 11 mars 1941, La prise d’Asosa [5/6 - 5] 10452 © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 80 Histoire Le 10 mai 1940, l’Allemagne nazie attaquait la Belgique qui allait succomber deux semaines plus tard. Dès le 18 mai, le Gouverneur général Ryckmans plaçait le Congo aux cotés des Alliés qui continuaient le combat. L’ennemi le plus proche étant les troupes italiennes de l’Afrique orientale, un bataillon de la Force Publique congolaise fut envoyé en février 1941 combattre les Italiens en Abyssinie. Sous le commandement du général Gilliaert, la Force Publique congolaise, composée de soldats belges et de soldats de la colonie, participa à plusieurs combats pour arriver enfin à la victoire de Saïo en juillet 1941 avec la reddition de l’armée italienne du général Gazzera. Inspiré par les récits de Philippe Brousmiche dans son livre Bortaï, cette campagne Mémoire 44 retrace les combats de la Force Publique congolaise, principalement du XIe bataillon, contre les forces italiennes d’Abyssinie. Les batailles d’Asosa, de Gambela, de la rivière Bortaï, du col de Mogi et la victoire finale de Saïo sont des combats généralement méconnus du grand public, sur un théâtre d’opérations souvent oublié de la mémoire collective et qui a pourtant joué un rôle important dans la Seconde Guerre mondiale. En espérant que cette campagne Mémoire 44 fasse ressortir de l’oubli les combattants (amis comme ennemis d’alors) de ce front oublié, et notamment ceux de la Force Publique congolaise qui, selon la devise du XIe bataillon, ont fait leur devoir simplement, « comme il se doit ! » Jacques « jdrommel » David Voir la page des campagnes de jdrommel, et aussi le blog historique Inspiration d’Afrique, richement documenté sur la campagne d’Abyssinie, par le petit-fils du colonel Edmond Van der Meersch. © PRAXEO 2014 – e-book offert 81 « Il faut garder l’esprit troupier » Source Wikipedia © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 82 Gambela 10465 Bataille de la Bortaï (1/3) 10536 Bataille de la Bortaï (2/3) 10585 Bataille de la Bortaï (3/3) 10590 Le col de Mogi 10590 La chute de Saïo 10591 © PRAXEO 2014 – e-book offert 83 « Il faut garder l’esprit troupier » Le Pacifique Bien sûr, lorsqu’on évoque l’infanterie, on pense rapidement à l’Armée Impériale Japonaise et à ses capacités redoutables. Mais là n’est pas le sujet de l’étude, puisqu’une unité d’Infanterie de ligne japonaise est déjà plus puissante qu’une unité d’Élite de toute autre nation. Que pensez-vous, en revanche, des batailles du Pacifique qui opposeraient l’infanterie japonaise à l’infanterie américaine ? Voilà une thématique originale ! Terminés les Blindés lance-flamme, les Artilleries et les Troupes Spécialisées : il va falloir affronter l’Armée Impériale avec de simples fantassins. Opération « Toenails », juin - août 1943 Campagne des îles Salomon Une campagne traite ce thème particulier : la reconquête des îles Salomon, à nouveau signée par jdrommel. Débarquement à Rendova 8770 La route de Munda 9064 Enogai Point 9089 Bataille de Kelley Hill 9415 © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 84 Raid sur Zanana Beach 9471 Bataille de Bairoko 9134 Ilangana 9482 Bartley Ridge 9510 Retraite dans la jungle 9521 L’aérodrome de Munda 9541 Le terrain est toujours complexe, les scénarios successifs riches et variés. Les fantassins américains bénéficient progressivement de précieux soutiens : quelques Blindés et des Troupes du Génie. Contrairement aux puissantes Troupes Spécialisées, le Génie rentre justement et pleinement dans le cadre de cette étude sur l’infanterie. Étude qui s’achève ici. © PRAXEO 2014 – e-book offert 85 « Il faut garder l’esprit troupier » Source Wikipedia Voir aussi les splendides photos de Desworld.net © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 86 Chapitre 6 Annexes LIENS UTILES & BIBLIOGRAHIE Un complément aux liens ludiques et historiques que vous avez trouvés au fil de la lecture de Il faut garder l’esprit troupier. Days of Wonder & Mémoire 44 La home page de Mémoire 44 Mémoire 44 online Pour rejouer Toulon 52 fois Le Guide Tactique et Stratégique Et sur le Blog Praxeo Praxeo – DOW, © 2011 La campagne Vercors Infanterie allemande contre Résistance française Le dernier scénario en particulier est passionnant © PRAXEO 2014 – e-book offert 87 « Il faut garder l’esprit troupier » La campagne d’Audie Murphy Soldat de la 3e Division d’Infanterie US Extension Battle Map #3, Sword of Stalingrad Avec les Cartes de Combat urbain, pour de gigantesques batailles d’infanterie (entre autres) à Stalingrad La Fédération Française de Mémoire 44 le blog Praxeo Home page, dernières news 500 pages d’articles ludiques, depuis 2003 Nombreux téléchargements, dont trois e-books La page des Jeux de Société Avec tous les articles et goodies sur Mémoire 44, mais aussi les Aventuriers du Rail et bien d’autres Mes coverages de l’Open de France de Mémoire 44 2009, 2011, 2012 © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 88 L’indispensable Simulateur Tactique Il calcule tout en quelques clics : les pertes, les ripostes, le minimax, les médailles, les Percées de Blindés, etc. La collection Praxeo, depuis 1997 Manuels d'initiation et de perfectionnement aux plus beaux jeux du monde : 16 traités ludiques disponibles Pour aller plus loin : la grande saga Stratégies Cette vaste étude a été conçue avant Le Guide Tactique et Stratégique, dont il est une application. Sélection Jacques « jdrommel » david La page perso de jdrommel sur Mémoire44.com Un trésor de jeu et d’histoire Les Divisions d’Infanterie Françaises de 1940 On s’aperçoit que les divisions d’infanterie forment le gros des troupes de l’Armée Française à cette époque. Et contrairement à ce que pensent la plupart des gens, elles se sont bien battues, même si la campagne a été perdue. Bibliographie : 2e Guerre Mondiale Thématique N°17 sur le GI américain, le soldat italien et le Tommy britannique. N°18 sur le Ländser allemand, le Heitai japonais et le Frontovik soviétique. © PRAXEO 2014 – e-book offert 89 « Il faut garder l’esprit troupier » MEMOIR '44 ONLINE Vous êtes à la recherche de nouveaux partenaires de jeu ? Confiant dans vos talents de tacticien et de stratège, vous souhaitez affronter les plus grands ? Ou au contraire, débutant, vous souhaitez faire vos premiers pas sur le champ de bataille sous les conseils de compagnons de jeux bienveillants ? 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Garot Alexis Beuve Alexis Beuve Alexis Beuve 608 pages couleur 768 pages couleur 166 pages couleur 256 pages couleur Mémoire 44 Backgammon « Le Magriel » Le Guide Tactique et Stratégique © JL Marchand, Bruxelles Alexis Beuve © Days Of Wonder Traduction Alexis Beuve Deux tomes. 572 pages 512 pages couleur *** Cliquez sur les couvertures pour découvrir les ouvrages *** © PRAXEO 2014 – e-book offert Mémoire 44 92 REMERCIEMENTS Les joueurs online Je remercie à nouveau les joueurs online qui, sans le savoir, ont participé à cet exercice thématique sur la bataille de Toulon : TheBigEik, Laverdure60, Roger2, david5272, nappy-doo, Kromka, fishbone_1, jdrommel, Franck, Code Lyoko, 7times7is49. Jacques « jdrommel » David Pour sa contribution à ce projet, ses témoignages historiques sur l’infanterie, la bataille de Toulon, et tous ses scénarios présentés dans ce livre. L’équipe de DAYS OF WONDER Éric Hautemont, Antoine Prono et Adrien Martinot, qui ont accompagné ce projet. Yann Corno et toute l’équipe informatique de Mémoire 44 online. La Fédération Française de Mémoire 44 Pour l’engagement de l’équipe et l’Open de France. Les relecteurs Alexandre Figuière, Jacques David, Jesse Rasmussen © PRAXEO 2014 – e-book offert