SANTÉ Et si c`était le bon moment

DSSC Service cantonal
de la santé publique
www.vs.ch/sante www.promotionsantevalais.ch
PARTENARIAT
www.addiction-valais.ch
SANTÉ
20 JEUDI 21 MAI 2015 LE NOUVELLISTE
LE SAVIEZ-VOUS?
20,6% 28%
des fumeuses ont
entre 20 et 34 ans
15 à 20%
des femmes
enceintes fument
dont 10%
tout au long
de leur grossesse
Source: Monitoring tabac 2014
des femmes
fument en Suisse
GROSSESSE SANS TABAC C’est une période propice pour renoncer à la cigarette. Pour de nombreuses fumeuses, le challenge peut
être de taille et mieux vaut alors être soutenue.
Et si c’était le bon moment...
LYSIANE FELLAY
A l’annonce d’une grossesse, la
plupart des fumeuses se ques-
tionnent sur leur tabagisme. Si la
majorité des femmes arrive à ré-
duire sa consommation, moins
de la moitié parvient à arrêter de
fumer. La grossesse peut être un
moment idéal pour décrocher
de la cigarette. «C’est une période
où la motivation de la femme est
énorme. Elle n’est plus toute seule
en jeu et cela peut lui provoquer un
réel déclic», souligne Daniela
Sintado, sage-femme et coprési-
dente de la section Valais ro-
mand de la Fédération suisse des
sages-femmes. Certaines fem-
mes pourront arrêter facile-
ment, alors que pour d’autres, la
tâche sera plus difficile. «Elles
peuvent se sentir poussées dans
une démarche qu’elles n’ont pas eu
le temps de mûrir et qu’elles ont de
la difficulté à s’approprier, tout
en voulant le meilleur pour leur
bébé», souligne la doctoresse
Arlette Closuit-Jenzer, médecin
interniste, tabacologue et méde-
cin de référence du CIPRET-
Valais (Centre d’information
pour la prévention du taba-
gisme). A cela s’ajoute le senti-
ment d’être jugée par son entou-
rage, ce qui favorise la culpabili-
té. Or arrêter de fumer peut
prendre du temps et nécessiter
plusieurs tentatives. Toutefois, à
n’importe quel stade de la gros-
sesse, le sevrage est bénéfique
pour la mère et l’enfant. Il n’est
donc jamais trop tard pour agir.
Une campagne de prévention du
CIPRET va d’ailleurs débuter
prochainement en Valais pour
encourager les femmes encein-
tes à arrêter de fumer.
Trouver du soutien
Lorsqu’une femme enceinte
souhaite se défaire de la ciga-
rette, il est important pour elle
d’avoir des encouragements de
son entourage et, selon ses be-
soins, de pouvoir trouver de
l’aide auprès de professionnels.
Les programmes d’aide à l’arrêt
du tabac chez les femmes en-
ceintes ont fait leurs preuves.
«Avec un soutien professionnel, on
a quatre fois plus de chance
de réussir», note Daniela Sin -
tado. La femme concernée peut
demander un entretien à son
médecin traitant, à une sage-
femme, à un tabacologue ou en-
core auprès du CIPRET. «La
femme enceinte peut alors être en-
tendue sur les différents mouve-
ments qui l’habitent. Elle peut
exprimer ses motivations et parler
de la culpabilité, des résistances
qu’elle rencontre face à la démar-
che de désaccoutumance au tabac»,
précise la doctoresse Closuit-
Jenzer. Cet échange permet de
répondre aux questions prati-
ques, de donner des informa-
tions sur les bénéfices d’un se-
vrage tout en cassant des a prio-
ri. L’entretien sert aussi à valori-
ser les efforts déjà fournis tout
en respectant le rythme de la
personne et sa liberté de choisir
ses objectifs.
La cigarette et moi
«La consultation permet d’identi-
fier les contextes émotionnels et les
situations qui appellent une ciga-
rette. Pour chaque fumeuse, les dif-
férents aspects de sa dépendance
sont pris en compte en les intégrant
dans le quotidien de leur grossesse.
Nous essayons de trouver des stra-
tégies concrètes. Par exemple, cer-
taines femmes aiment fumer en té-
léphonant. Tenir le téléphone dans
la main occupée habituellement
par la cigarette, rester dans un es-
pace où on ne fume pas, permet de
modifier le rituel. Effectuer une
marche, manger un fruit ou se bros-
ser les dents tout de suite après les
repas atténue souvent l’envie de fu-
mer», explique la doctoresse. La
cigarette est liée aux habitudes et
aux gestes à la maison. Les sages-
femmes peuvent être d’une aide
précieuse car elles assurent des
suivis de grossesse ou suivi après
l’accouchement à domicile. Un
lien de confiance se tisse et la
femme peut plus facilement par-
ler de ses difficultés. Lors de forte
dépendance physique, les substi-
tuts nicotiniques peuvent être
pris pendant la grossesse, en
privilégiant d’abord les formes
rapides (gommes, inhaler, pas-
tilles ou comprimés). La ciga-
rette élec tronique a une toxicité
inférieure à celle de la cigarette
classique. Mais, en l’état actuel
des connaissances et des normes
de sécurité, son usage n’est pas
recommandé pour les femmes
enceintes. Il ne faut jamais laisser
une e-cigarette, ni les e-liquides à
la portée d’un enfant. Des intoxi-
cations et même des décès ont
été annoncés. Rappelons encore
qu’il faut éviter de fumer en pré-
sence d’enfants. Enfin, les fem-
mes qui ont réussi leur sevrage
pendant la grossesse devraient
poursuivre leur effort après la
naissance. «Elles ont fait le plus
dur. La dépendance physique est
derrière elles. C’est dommage de ne
pas en profiter. Il faut qu’elles trou-
vent des stratégies pour modifier
leurs habitudes», encourage Da -
niela Sintado. }
L’idéal serait d’arrêter de fumer avant la grossesse. «La
femme tombera enceinte plus facilement si elle ne fume
plus. Le délai de conception est raccourci», explique la
doctoresse Arlette Closuit-Jenzer, médecin interniste, ta-
bacologue et médecin référent du CIPRET. En effet, le ta-
bagisme chez la femme, comme chez l’homme, influe
négativement sur la procréation. L’homme bénéficie
doublement d’un arrêt du tabac qui améliore à la fois la
fonction érectile et le pouvoir fécondant des spermato-
zoïdes. En renonçant à la cigarette, la femme a deux fois
moins de risque de faire une grossesse extra-utérine
(développement de l’œuf hors de l’utérus, le plus souvent
dans la trompe). De plus, en arrêtant de fumer avant la
grossesse, la femme peut disposer, sur conseil médical,
d’un plus grand choix d’aides pharmacologiques. Elle
peut bénéficier de la varénicline (sur ordonnance), une
molécule qui soulage les symptômes de manque tout en
réduisant le plaisir lié au tabac. Le bupropion (sur ordon-
nance) diminue l’envie de fumer et le risque de prise de
poids. De plus, il existe de nombreuses formes de subs-
tituts nicotiniques qui peuvent atténuer les symptômes
de sevrage. Enfin, en s’y prenant à ce moment-là, la
femme pourra prendre plus de temps pour mûrir sa dé-
marche et arrêter la cigarette en douceur. }
AVANT LA GROSSESSE ARRÊTER LA CIGARETTE POUR FAVORISER LA CONCEPTION
Lundi 18 mai, l’émission
«L’antidote – Docteur, J’ai
des ressources en moi»
sera diffusée sur Canal9
à 18 h 30, 19 h 30, etc., puis à 20 h samedi
et dimanche soir suivants.
Retrouvez l’ensemble
des articles sur ce sujet
sante.lenouvelliste.ch
DOSSIER COMPLET+
SANS TABAC
Les bénéfices
pour la santé
De nombreuses substances
de la fumée peuvent affecter
le développement du fœtus et
le déroulement de la grossesse.
L’arrêt de la cigarette a une influence
positive sur la santé de la mère
et de l’enfant. Petit tour d’horizon
des avantages.
MOINS DE COMPLICATIONS Il y a
moins de risques de saignements,
de mauvaise position ou de dé-
collement du placenta. Les risques
de fausses couches diminuent.
MENER SA GROSSESSE À TERME
La femme a moins de risque de
rupture prématurée des membra-
nes et d’accouchement prématuré.
LE BÉBÉ Il aura moins de risque
d’avoir un trop faible poids à sa
naissance et sera moins vulnéra-
ble. Le taux de malformations des
doigts ou labio-palatine (bec-de-
lièvre) diminue. Il y a aussi moins
de risques de mortalité périnatale
et de mort subite du nourrisson.
ALLAITEMENT La production de
lait de la maman sera meilleure.
LES BÉNÉFICES SE PROLONGENT
L’enfant sera moins sujet aux
maladies respiratoires (bronchite,
asthme). Il aura moins de risque
de souffrir d’obésité ou de dia-
bète.
}
z
«Avec un soutien
professionnel, la femme a
quatre fois plus de chance
de réussir à arrêter.»
DANIELA SINTADO SAGE-FEMME
POUR ALLER + LOIN...
Vous souhaitez avoir plus
d’infos, cliquez…
Des conseils, des astuces, du soutien:
www.stop-tabac.ch
Campagne de prévention du
tabagisme et infos sous:
www.cipretvalais.ch
Vous pouvez également trouver un
soutien téléphonique au 0848 000 181.
Les sages-femmes du Valais romand
www.sage-femme-valaisromand.ch
ou 079 578 92 29
jh