Glock1, à l’entrée « Phénoménologie », indique tout simplement (sans autre
précaution) : « Voir : « Vérificationnisme » (!) — était manifestement
inacceptable… La sorte de « scientisme » et de « positivisme » larvé, mais
académiquement officiel (accompagné d’une dose assez suspecte de curiosité
mondaine pour le « phénomène psycho-pathologique », pour le personnage
« excentrique » et le supplément d’« exotisme » qu’est censé être Wittgenstein
dans le monde universitaire), voire le « terrorisme épistémologique » qui enrobe
aujourd’hui de partout l’exploitation universitaire de ce que l’on se plaît à
présenter comme « la pensée-Wittgenstein » (sic), et tend aujourd’hui à
ensevelir la pensée même de Wittgenstein, la recouvrant des cendres d’un
« positivisme » qui ne dit pas son nom —, tout cela se trouvait manifestement
battu en brèche par l’étrange dimension spéculative que semblait devoir
recouvrer un Wittgenstein résolument lu à même le texte, apparaissant soudain
comme « phénoménologue de l’extrême » — et exposé comme personne (mais
tout de même en compagnie de quelques-uns2, assez bien assortis à ce que
Philippe Sollers appelle la « Théorie des exceptions »3…) —, exposé, donc,
comme pas un, à devoir affronter « par temps de détresse », aux confins du
dicible et de l’ineffable… la « question du Livre » ! Bref : l’ouvrage n’était
manifestement pas fait pour plaire à tout le monde. — Mais passons.
Sans aucune promotion particulière (c’est le moins que l’on puisse dire) de
la part de l’Éditeur (en dehors d’un strict « service de presse », rapidement
expédié), l’ouvrage avait pourtant bénéficié d’une très belle (et confidentielle)
recension de Jérôme de Gramont, à son initiative spontanée, dans la Revue des
Sciences Philosophiques et Théologiques (octobre-décembre 2004, pp. 839-
1Hans-Johann Glock, Dictionnaire Wittgenstein, Gallimard, Paris 2003. — Rarement la question de la
« phénoménologie » de Wittgenstein (qui préoccupa tellement celui-ci) aura été « expédiée » (méconnue) de
manière aussi symptomatiquement cavalière.
2Tels (en modes divers) : Rimbaud, Montaigne, Mallarmé, Joyce, Kierkegaard, Nietzsche, Kafka, Proust,
Bataille, Jabès, Husserl, Heidegger…
3Cf. Philippe Sollers, Théorie des exceptions, Gallimard, Paris 1986.